Une vie de petite fille tout à fait agréable hormis un détail : Une mètre absente. Décédée en me donnant la vie et je vivais donc avec mon père qui ne se remettait pas encore de cette disparition. Le plus difficile était de me regarder car je possédais le même visage. Les sourcils peu ordinaires, un sourire très communicatif, le bon fond envers les personnes dans le besoin. Difficile de juger puisque je ne l'avais jamais connu. Mon père était toujours distant envers moi et je m'y faisais.. Les livres et mon imagination se trouvaient les grandes occupations pour persister à croire que cette vie était celle de toutes les jeunes filles. Nous avions peu d'argent car mon père avait perdu son emploi pendant mon adolescence. Je tentais de posséder de  bonnes notes à l'école pour ne pas terminer dans cette situation mais malgré tous les efforts du monde, impossible pour ma part d'aller à l'université. Je n'avais pas obtenu de bourses durant la dernière année au lycée parce que cela devenait mouvementé à la maison avec mon père et donc, les universités ne m'avaient pas retenu. La seule année où il fallait être la meilleure, j'avais échoué..

Ma plus grande passion m'avait donné un travail à la patinoire de la ville dès la fin du lycée. Depuis mes dix ans, je patinais pour m'échapper du quotidien et cela fonctionnait à merveille. Impression de voler, faire qu'une personne avec la glace et partir loin de cet endroit. Le patron de la patinoire me connaissait depuis tout ce temps et mon amour des patins ne lui avait pas échappé. Cependant, le revenu ne demeurait pas assez pour aider la famille alors, je chantais le soir où on voulait de moi. Mon père n'appréciait pas cette activité parce qu'il s'imaginait encore maman à travers ma voix mais je m'en moquais. Il nous fallait de l'argent donc je ne le laissais pas dicter mes occupations.




Je n'avais pas senti mes doigts pendant l'écriture de cette lettre. Servait-elle à quelque chose ? Il y avait plus de chance qu'il ne la lise pas puisque je possédais aucune adresse réelle à inscrire sur l'enveloppe. L'espoir que ses parents lui transmettent malgré que je ne les avais jamais rencontré. Un soupire avant d'installer le papier dans la boite aux lettres et partir. Je n'avais plus rien à perdre. Ces derniers jours ont été les pires de toutes ma vie..

« Cher déserteur,                                                      
Où es-tu ? Je t'ai cherché dans toute la ville mais aucun signe. Cela fait huit semaines et trois jours que je souhaite revoir ton visage. Explique-moi ce qui se passe car je cherche un geste qui aurait pu te heurter mais rien ne me vient. Ma respiration se fait rare sans toi pour me donner envie de continuer. Il faut que je te parle et que tu me fasses sourire pour oublier cette existence. Ne me laisse pas seule avec lui s'il te plaît.. Je dois te dire quelque chose.

Avec tout mon amour,
Lizz. (12 mars 2012) »



Vivre pour seulement croire que l'avenir pourrait être meilleur. Se remémorer chaque part de bonheur du quotidien. Contempler les enfants s'amuser sur la glace. Manger ce muffin au chocolat tous les matins que je partageais autrefois avec Casey. Composer en pleine nature dans l'espoir de faire ressentir une émotion. Profiter de mes amis en imaginant que cela serait la dernière fois que je les verrais.. Je ne devais pas penser au retour à la maison dans la peur d'être frappé par mon père. Il ne fallait pas se souvenir de cette nuit où j'avais perdu un être par sa faute. Ne garder que les bonnes séquences de ce film qui ne se terminait pas. Les scènes tournaient en boucle sans savoir comment le réalisateur voyait la suite.

Je n'ai pas l'âme d'une meneuse. Ma détermination ne demeure pas être célèbre demain. Être une personne ordinaire qui se fond dans ce monde comme quatre-vingt dix neuf pour cent de la  population.