M'évader était la seule chose que j'étais capable de faire. Je n'avais qu'à enfiler une paire de chaussons et d'ajuster le volume de la musique. Je fermais doucement les yeux et je laissais mon corps m'emporter. Danser jusqu'à voir son monde devenir meilleur, devenir plus beau. C'est ce que j'essayais constamment de faire. Rester dans un monde parfait, imaginaire, sans aucun problème. Malgré tout, il fallait redescendre, revenir dans le monde réel. La seule raison qui me pousse à remercier mes parents est de m'avoir fait découvrir cet art. Sinon, je ne m'en serais jamais sortie, jamais.

Bonheur. Mot contenant sept lettres signifiant un état durable de plénitude ou de satisfaction en tenant compte de l'absence de souffrance, de stress, d'inquiétude et de trouble. Atteindre le bonheur n'est pas toujours possible. Enfin, surtout avec une famille de dérangé comme la mienne. Toujours en train de se crier dessus, à se menacer. Enfin, notre vie n'a pas toujours été comme ça. Enfin, je n'en avais sûrement jamais pris conscience avant.

Ça s'est produit dans les Hamptons, à New-York. Je n'avais que dix ans et je jouais en compagnie d'une amie que j'avais rencontrée durant les vacances scolaires. Il devait être vingt heures lorsque mon père était arrivé dans la cuisine en hurlant des choses incompréhensibles à ma mère. «Ils ne l'ont pas encore retrouvé...» C'est alors que j'entendis ma mère éclater en sanglot. Ça faisait trois jours que nous n'avions plus aucune nouvelle de ma soeur. Elle était beaucoup plus âgée que moi dans ce temps. «Il faut partir à sa recherche chéri, on doit la retrouver.» Je m'étais avancée doucement dans la cuisine sur la pointe des pieds. Personne ne m'informait de rien dans cette maison. Il me trouvait trop jeune, pas assez mature. «Ils croient qu'elle s'est peut-être fait enlevée... Ils imaginent le pire, tu sais que ce n'est pas la première fois qu'elle nous fait ce genre de coup.» J'avais vu ma mère hocher la tête. Ma soeur reviendrait, elle revenait toujours. Toujours. J'observais la scène les yeux ronds, sans rien dire. C'était l'une des rares fois que je voyais mes parents s'inquiéter autant sur les fugues de la plus vieille. Comme j'étais une gamine curieuse, je fis ma jeune enfant insouciante en entrant dans la cuisine. «Qu'est-ce qu'il se passe maman ? Pourquoi tu pleures..» J'avais fais une de ces mous. Personne n'aimait voir ses parents tristes, même moi à cet âge je détestait ça. Je m'étais avancée vers elle pour l'enlacer tendrement. «Elle revient toujours maman. Elle va revenir encore une fois. Elle ne peut pas nous laisser comme ça.» Je lui fis un joli sourire et partit, la laissant ainsi seule avec mon père. C'est deux jours plus tard que les choses se compliquèrent davantage. La police de la ville avait retrouvée ma soeur. Loin d'ici, loin des Hamptons. Ils l'avaient retrouvée dans un quartier miteux du côté de Brooklynn, dans une ruelle dégueulasse et défraichie. Mary-Ann avait fait une overdose, trop de choses en même temps, trop de substances différentes en trop grande quantité. Mes parents ne savaient rien des activités nocturnes de ma soeur, même moi je n'en savais rien. Lorsque les policiers avaient sonné à la porte d'entrée, ma mère avait éclaté en sanglot et le visage de mon père s'était rapidement décomposé. Il s'était levé machinalement de sa chaise et s'était dirigé vers la porte d'entré. Moi et ma mère l'avions entendu pousser un soupir avant d'ouvrir la porte aux officiers. «Monsieur Kennedy, je suis désolé de vous apprendre la mort de ...» Mes yeux s'étaient embués de larmes. C'était impossible, elle était si forte, si puissante. J'avais fermé mes yeux, laissant entrer la noirceur en moi. Il n'y avait plus rien du tout, plus rien.

Nous avons déménagé un bout de temps à Manhattan. Mes parents n'étaient plus que l'ombre d'eux-mêmes. Ils avaient vendus la maison dans les Hamptons pour effacer de leur mémoire ce qui s'était produit. S'ils avaient pu, ils seraient partis de New-York le lendemain même. Mon père essayait de se faire transférer dans sa ville natale, un coin perdu dans le Maine. Ma mère m'avait inscrit dans une école privée strictement réservée pour fille, espérant que je ne tombe pas dans les mêmes supplices que Mary. Elle me manquait terriblement, ma grande soeur. Celle qui me conseillait sur mes vêtements, qui m'aidait pour les devoirs, qui me disait si les garçons que je trouvais mignons me convenaient. Bref, c'était simplement la grande soeur parfaite pour moi. Je suis devenue plus mature que les autres à mon âge. Porter des robes à fleurs ne m'intéressaient plus, jouer au bord de la piscine à la petite sirène non plus. J'avais radicalement grandit en seulement quelques minutes. Je n'avais plus jamais pleuré depuis. Une murale de pierre entourait ma personne, me protégeant des rumeurs mesquines ou des gens qui me voulaient simplement du mal. J'avais seize ans maintenant, un bel avenir devant moi dans la grosse pomme. Tout a dérapé encore une fois, à cause de moi cette fois.

Pari, un simple pari. Comment réagir lorsqu'on se fait manipuler d'une telle façon, d'une telle manière ? Le studio de danse dans lequel ma mère m'avait transféré était parfait. Ma professeur était tellement douée, tellement splendide, elle enseignait divinement bien. Je montai sur pointes lentement, levant les bras en cinquième position. Mon regard se perdit sur un point quelconque au dessus du miroir. Parfait. Le soliste au piano jouait bien, comme une doux ruisseau qui laissait écouler son eau lentement. Pointes, demi-pointes, ouverture, développé sur pointes, descente en cinquième, tour en attitude. Je bougeai tous les membres de mon corps, cambrant le dos légèrement, bougeant la tête tranquillement, déplaçant mes bras comme il le fallait. À la fin de la chorégraphie, je ferme les yeux en passant ma main sur mon front. Paisible, parfait. Elle me faisait oublier tout, tout ce qui s'était déroulé dans ma vie jusqu'à présent. En ouvrant les yeux, je l'aperçus au pas de la porte du studio. Après mon cours privé, il y avait celui de Hip-Hop. Pour tout dire, l'école de danse offrait plusieurs discipline, tout aussi différente les unes que les autres. Mon coeur se mit à battre plus rapidement. Personne ne m'avait vraiment observé de cette manière. Que dire, que faire ? J'aurais pu ne pas lui parler, j'aurais du ne pas lui parler. Enfin, ne pas lui répondre puisque c'était lui qui m'avait interpellé en premier. «Wow... tu danses tellement bien!» J'haussai les épaules légèrement et lui fit un petit sourire. Je me dirigeai vers le devant du miroir pour y prendre mon sac et partir de ce studio le plus vite possible avant que les autres arrivent. J'enlevai mes pointes et remis mes doc martens à mes pieds. Je détachai mes cheveux pour les laisser flotter librement sur mes épaules lorsque je me rendis compte que le gars que je ne connaissais aucunement se trouvait derrière moi. «Il y a une fête ce soir, j'aimerais bien que tu viennes.» J'arquai légèrement un sourcil avant de me retourner. «C'est près d'ici, tu n'as qu'à me rejoindre en bas du studio.. Je t'attendrai.» Sans prononcer un mot de plus, j'acquiesce d'un signe de tête avant de partir du studio en faisant claquer mes bottes sur le parquet. C'est là que les ennuis commencèrent.

J'étais rarement allée dans les genres de fêtes où tout le monde couche avec tout le monde et ainsi de suite. Pas mon genre, pas assez dévergondée. Je ne voulais pas être comme ma soeur en fait, pas du tout. Je ne voulais pas finir ma vie morte d'une overdose avec des MTS ou des trucs du genre. Je voulais être simple, parfaite pour mes parents. Il avait changé ma vie d'une manière que je ne l'aurais jamais cru. J'étais allée à cette soirée et nous avions fini la nuit ensemble, évidemment. On s'était revu par la suite et finalement, on a décidé de se mettre ensemble. Il disait m'aimer, il me le prouvait à tous les jours. Preuves d'affections, petits cadeaux, surprises, bref, c'était un jeune homme plutôt affectueux. Malgré tout, j'essayais de ne pas sombrer dans ce monde stupide de l'amour, ce monde qui allait me dévorer toute crue. Je me suis laisser allée au jeu. «Est-ce que tu m'aimes Nat'?» La question tant redoutée. Je ne pouvais pas supporter ça, pas depuis la mort de ma soeur. C'était beaucoup trop dur. «Tu connais déjà la réponse alors pourquoi tu la demandes?» Il m'avait fait un bref sourire. Je savais ce qu'il voulait entendre. Quelques jours plus tard, j'étais arrivée un peu plus tôt qu'à l'habitude. Il était encore avec ses amis, quoi de plus normal pour un mec. Je m'apprêtai à cogner à la porte lorsque j'entendis quelques bribes de conversation.«Ton pari se termine demain mon vieux ! Dire que t'as réussis, j'y crois pas.» J'entendis une fille rire et puis une autre. «Elle est super canon en plus, j'aurais bien aimer me la taper moi aussi.» J'eus un hoquet de surprise. Non mais, quel taré. C'est à ce moment qu'il se décida à ouvrir la porte. Il prononça un horrible fuck en m'apercevant et passa une main dans ses cheveux. «Tu me prends pour une quoi ? Espèce de salaud !» Faible, telle était le mot. «Je suis désolé Nat', je te jure que ce n'est pas ce que tu crois...» «Je te déteste, va te faire foutre !» J'avais craché ces mots avec une telle force que quelques larmes se mirent à couler de mes yeux. Faible, je n'étais qu'une faible. Je tournai les talons et me dirigeai dans les rues sombres de New-York.

Une semaine après, nous déménagions. Dans la petite ville perdue de mon père. Pour tout dire, j'en étais presque satisfaite, au moins là-bas, personne ne me connaissait même s'ils connaissaient sûrement tous mon père. Quelle merde, vraiment. Je devais l'oublier, du moins essayer au plus haut point. Il le fallait, pour mon propre bien être.

merci beaucoup

merci beaucoup (:

merci beaucoup

Elisabeth. Joli prénom. (:
Bienvenue parmi nous.

Bienvenue :D.
Natalya. J'aime ce prénom ~~ ! & Bon choix de vava *w*

Kaya Scodelario, je la kiffe ! J'adore les gifs que tu as mis dans ta fiche en tout cas !
Vive le Canada, j'adore ce pays quoi !
Bienvenue.

Of course.