Dans la tête de la rousse, comme un petit tambour, encore léger pour le moment, mais il cognait. La vision n'était plus très bonne, c'était l'alcool qui commençait à prendre un petit effet. Ce n'était pas agréable cette sensation, mais Sheila n'en prêta pas attention, avec le temps elle commençait à avoir l'habitude. Elle se demanda si cet effet prenait à Jay, enfin elle posa le verre vide sur le bar et laissa le barman le prendre. Elle regarda Jay boire cul sec son verre de vodka et puis elle lui souriait. Ensuite, il lui posa une drôle de question, que faisait-elle là, ici à Arrowsic ? A vrai dire elle ne c'était jamais posée cette question. Pourquoi elle n'était jamais partie de cette ville ? Aucune idée.

« Rien, je vis ma vie. J'ai jamais pu partir, j'ai pas assez de fric sinon je me casserais d'ici. Et toi, t'es né ici ? »

Je souriais à Jay puis posa mes yeux sur une bande de jeunes saoulent en face de nous, elles étaient pathétiques mais faisaient tellement penser à elle-même. D'ailleurs elle ne voulait pas encore recommander un verre, enfin pas tout de suite, peut-être après la réponse de Jay à sa question. Ils faisaient vraiment connaissance ? C'était vite dit, mais c'était agréable.

« C'est quoi ton plan pour le reste de ta soirée ? »

Arrowsic, la foutue ville où Sheila vivait depuis sa naissance. Elle n'est jamais allée ailleurs, les vacances étaient ici aussi. Si elle pourrait revenir en arrière, elle se serait cassé avec Abbey à New York, peut-être que rien de tout ce qu'il c'est passé serait arrivé, la relation des deux sœurs ne se seraient pas détériorée et puet-être que Sheila ne serait pas devenue la célèbre droguée dépressive de ses années d'adolescente. Enfin, ce n'était pas le sujet, mais Arrowsic ne lui a portait que la poisse depuis qu'elle est toute petite, la naissance d'une vie qu'elle n'aurait pas souhaitait et pourtant au final elle est devenue mannequin, bientôt elle sera connu et elle le sait. Elle voudrait tellement aller vivre à Los Angeles ou à Paris, des belles villes dont tout le monde rêvent d'y vivre.

« Tu peux partir même à ton âge. Ma sœur est partie à New York quand elle était jeune, t'as cas te trouver une autre école et basta Arrowsic. Enfin, je dis ça mais je dis rien hein. »

Sur cette phrase, Sheila se retourna, fixant les gens qui se trouvaient dans le bâtiment. Elle ne savait pas encore sur qui porter son regard, mais elle souhaitait trouver. Puis elle sourit, chose que Jay ne comprendra peut-être pas, mais il n'avait pas l'air d'avoir remarqué qu'elle ne faisait plus attention à lui et avait changé de regard sur une autre personne, du moins sur deux autres personnes. Mais elle l'écoutait tout de même d'une oreille, connaissant désormais son lieu de naissance: l'Écosse. Elle ne connaissait pas, elle n'y était jamais allé, elle ne pouvait donc pas juger en disant si c'est bien ou naze, mais s'il a déménagé et tout quitté pour venir vivre ici, on peut croire que c'est pire qu'à chier. Enfin bon, elle se stoppa, le passé est le passé, pas besoin d'en reparler.

Avec un petit sourire, elle se retourna, trouvant Jay la tête contre la paume de sa main. Il commençait à être dans le mal, il ne semblait pas trop tenir l'alcool. Quoique avec tout ce qu'il avait bu ce soir, il avait de quoi ne pas tenir. Ensuite, Sheila lui demanda ce qu'il comptait faire du reste de sa nuit, il n'en savait rien encore. Alors, avec un petit sourire au coin elle lui répondit.

« Bin moi je crois qu'il y a deux charmantes dames qui souhaiteraient passer un peu de temps avec toi. » Dit-elle en rigolant. « Elles ne te quittent pas du regard. »

Elle lui montra ensuite du doigts les deux dames, deux femmes mures de la quarantaine sans doute, deux blondes un peu ridés, habillée comme des gamines de 20 ans, faisant des clins d'œil au jeune Jay ce qui fit rire de bon cœur Sheila.

Sheila lui parlait de quitter la ville, c'est ce qu'il voulait elle lui donna juste une petite idée, après elle n'avait aucune idée de la vie avec ses parents, d'ailleurs elle ne voulait pas se lancer là-dessus, les parents en général elle ne voulait plus en entendre parler. Les saletés de relation papa et maman, c'est trop pour elle, elle déteste tout ça. D'ailleurs, elle ne pense pas que plus tard elle aura des enfants, elle ne sait même pas comment elle fera pour les élever, ça sera surement une mauvaise mère comme sa sienne, comme on dit telle mère telle fille. Enfin bon, elle regarda Jay sans plus d'insistance, il ne voulait pas répondre, qu'il ne réponde pas. Il voulait attendre sa majorité c'est peut-être pas une mauvaise idée, mais c'était sa vie à lui et Sheila ne devait pas se mêler de cela. Aussi après un bref silence, il le cassa en blaguant sur son éventuel départ. Une phrase qui fit sourire la rouquine, s'il partait qu'allait-elle faire sans lui ? Mourir d'ennui disait-il. Peut-être, peut-être pas.

« Oui surement, tant pis, je trouverais bien un autre jeune homme pour me tenir compagnie dans des bars comme celui là. »

Elle souriait. Elle ne connaissait le garçon depuis une ou deux heures facile maintenant, elle l'aimait bien. Même s'il ne parlait pas beaucoup et qu'ils ne se connaissaient pas en profondeur, elle aimait bien, justement ne pas parler c'est pas si mal que ça. Elle n'avait pas envie de lui raconter tous ces malheurs comme elle a l'habitude de faire avec ses amis, elle voulait juste oublier pendant une nuit sa vie qu'elle trouve parfois merdique sur les bords, mais pas de quoi se plaindre, il y a toujours pire.

Revenons sur les deux vieilles qui avaient un peu beaucoup aimé le garçon. Toujours amusée par cette situation pourtant assez gênante, c'était surement les verres en trop qui prenait la place dans le cerveau de la demoiselle. Elle lui montra donc les deux femmes, deux vieilles bimbos. En les regardant, elle pensait et espérait qu'elle ne deviendrait pas comme ça quand elle aura 20 ans de plus. Rien que cette idée lui donna froid dans le dos... Jay n'avait pas l'air enchanté d'attirer les deux femmes, en même temps c'était compréhensible. Il lui demanda de le sortir de cette situation, de l'aider parce qu'il n'avait nullement envie de se faire draguer par deux vieilles femmes. Sheila s'arrêta de rire pour ne pas blesser le garçon et regarda à nouveau les vieilles femmes.

« Euh, bin je sais pas moi. »

Avec tous les verres que Sheila s'était pris et la tête qui commençait à tourner dure de réfléchir à une solution radicale pour montrer aux deux femmes qu'elles devaient aller de faire foutre. Aussitôt les deux femmes tournèrent les yeux, un regard assez dégoutée, peut-être jalouses d'avoir compris que Jay n'avait pas envie de passer la fin de soirée avec elles. Pourquoi ? Parce que la cerveau de Sheila ne pouvait plus réfléchir et la seule solution qui est venue à elle était de poser ses lèvres contre les siennes. Ouais, l'embrasser quoi. Une fois que celles-ci sortirent du champs de vision de Sheila elle recula.

« Voilà, plus de vieilles. De rien. » Dit-elle fière.

Sheila se sentait un peu à l'étroit, plus les minutes passaient, plus elle sentait qu'il faisait chaud et que les autres se rapprochaient. Bien sur ce n'était qu'une impression, une fois qu'on a bu trop d'alcool il y a des effets, Sheila les connaissaient, mais c'était toujours bizarre. Pour ne pas montrer qu'elle n'en pouvait plus d'être dans cet endroit pourri, elle se concentra sur Jay, elle resta près de lui. Il parlait encore de son éventuel départ, disant que si il partait elle allait surement se retrouver toute seule dans ce genre de soirée. C'était pas faux, sans Jay elle serait surement en train de dormir dans son lit plutôt qu'être ici à boire. En plaisantant, elle lui répondit qu'elle se trouverait bien un petit jeune avec qui traîner, elle en n'était pas persuadée parce que les jeunes ne sont pas nombreux ici. Il lui répondit par la suite qu'elle ne risquait de trouver qu'un vieux papi avide d'alcool, cette remarque fit rire Sheila. Ce n'était pas faux non plus si on ne focalisait sur la moyenne d'âge de ce pub.

« Ne t'inquiètes pas pour moi. Ou sinon, une fois que tu sera près à partir, tu m'emmènera dans tes valises. » Dit-elle en souriant.

Elle savait bien que c'était impossible, mais c'était une remarque pour pouvoir continuer à rêver qu'un jour elle partirait d'ici. Elle pouvait continuer de rêver car ce n'était pas demain la veille. En regardant Jay, elle vit qu'il commençait peu à peu à devenir rouge. C'était l'effet de l'alcool, il fait chaud et la chaleur augmente. Il commanda par la suite une vodka, ce qui n'allait rien arranger. Enfin, elle tourna la tête pour regarder les deux femmes dans le fond de la salle, surement en train de fantasmer ou de se faire des plans. Rien que de penser à ça, elle avait envie de vomir.

Les deux femmes semblaient être très sure d'elle et encore plus quand Jay se retourna pour les regarder pourtant dégouté. Il lui demanda de le sortir de cette merde parce qu'il n'avait pas envie d'être le fantasme des deux femmes qui ne semblait pas lui plaire, tu m'étonnes! Pour le sortir de cette situation elle eut l'idée la plus ridicule surement, mais elle posa tout de même ses lèvres contre les siennes. C'était un bisou, ou du moins un bon bisou parce que Jay n'avait pas l'air de vouloir la repousser. D'accord, peut-être que la langue n'était pas obligatoire, mais quand elle fait les choses, elle les fait bien. En se reculant, elle ne s'excusa pas, c'était ce que voulait Jay non ? En tout cas, elle était satisfaite, les deux vieilles étaient partie et Jay tranquille. Avec son sourire au coin, il lui dit que la solution était radicale, que veux tu, c'était du Sheila tout craché. Suite à ça, Jay avait l'air d'être vraiment dans le mal, essayant de toute ses forces de se retenir au tabouret, il manqua de se ramasser. Les yeux fermés, les mains contre la tête, Sheila commença à s'inquiéter, elle espérait que c'était l'alcool qui faisait cet effet et non elle. Elle prit le bras de Jay pour le retenir, elle semblait dans un meilleur état que lui, elle pouvait donc l'aider.

« Jay ?! Tu veux que je te ramène chez toi ? »

Il n'eut pas le temps de répondre qu'elle se leva, essayant de retenir Jay, il n'arrivait plus à marcher droit, et elle non plus. Elle espérait qu'elle pourrait le ramener à pied parce que dans cet état elle ne pourra surement pas conduire, heureusement qu'elle habitait à deux pas de là. Jay ne répondait pas, alors elle lui donna une gifle histoire de le faire réagir, sans méchanceté.

« T'habite ou ? »