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Maëlle Anna Wiles
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NOM(S): Wiles. PRÉNOM(S): Maëlle Anna AGE: 22 ans ORIGINE: américaine STATUT CIVIL: en couple MÉTIER OU ÉTUDES: photographe GROUPE: filthy youth AVATAR: Amanda Hendrick

6 years ago

« Un garçon de 18 ans ! »
« Où avais-tu la tête ?! »

Les bras croisés contre ma poitrine, je fixai mes parents avec une lueur féroce dans les yeux. Comment avaient-ils appris pour Raphaël ? Je n'en avais pas la moindre idée. Ils avaient toujours été comme ça. Toujours à vouloir tout contrôler de ma vie, toujours à s'assurer que je faisais les choses 'bien'. C'était typique d'une famille comme la nôtre, une famille fortunée, qui se pensait forcément au dessus de tout et de tout le monde et pour laquelle les conventions et convenances avaient bien plus d'importance que le reste. Ajoutons à cela que j'étais leur unique fille, et que, par conséquent, chacun de mes gestes leur semblait d'une importance capitale. Véritable amour, ou simple envie de tout contrôler ? Je n'aurais su dire ce qui les motivait. Quoi qu'il en soit, ils étaient - sans aucun doute - plus déterminés que jamais à faire de moi cette fille 'parfaite' dont ils avaient envie.

« C'est qu'un ami. », rétorquai-je, pour me défendre, bien que ma cause soit pourtant déjà perdue.
« Un ami qui n'a pas ton âge et qui peut t'entrainer dans je ne sais quoi », répondit mon père, en pointant un doigt accusateur sur moi.

A ses mots, je ne pus m'empêcher de lever les yeux au ciel. Dieu, que leur discours me semblait... ennuyeux. C'était toujours la même chose. Si, jusqu'à présent, j'avais toujours su garder le silence, et toujours su me soumettre à leurs volontés, à présent, les choses étaient différentes. Et ça n'avait rien à voir avec la crise d'adolescence. Je voulais simplement avoir le contrôle de ma vie, et la mener comme bon me semblait, avec les gens qui me semblaient appropriés, que cela leur plaise ou non.

« Je t'interdis de revoir ce garçon, tu m'entends ? » ajouta-t-il alors, en secouant le fameux doigt qu'il avait pointé sur moi comme pour me menacer.

Le fixant sans sourciller, je serrai la mâchoire. L'envie de l'envoyer balader me vint un instant à l'esprit – je songeai à leur dire qu'ils pouvaient toujours aller se faire voir et que rien ne m'empêcherai de voir Raph'. Au lieu de ça, je ravalai ma fierté, hochai la tête, et répondis :

« Oui, papa. Je ne le verrai plus. »

Il cessa de me pointer du doigt de la sorte, se trouvant visiblement idiot. Oui, en réalité, il ne s'était pas attendu à ce que je cède si facilement. Ce dont il ne se doutait pas, c'était que si d'apparence, j'abdiquai, en réalité, il en irait autrement, car je comptais bien revoir Raph', que cela leur convienne ou pas. Remontant dans ma chambre, je fermai la porte de celle-ci, avant de m'emparer du bloc notes qui trônait sur ma table de chevet et qui m'était fort utile lorsque j'avais besoin de coucher sur le papier ce qui me pesait sur le coeur.

Ils ne réussiront pas à nous séparer.

4 years ago

Malgré les efforts mis en oeuvre par mes parents pour nous séparer, ces derniers ne parvinrent pas à le faire. Trop attachés l'un à l'autre pour oser s'éloigner, Raph' et moi avions même fini par tomber amoureux l'un de l'autre, délaissant cette amitié – pourtant déjà très forte – qui nous unissait pour faire place à quelque chose de cent fois plus beau, mille fois plus fort et plus puissant. Un amour comme jamais, je n'aurais pu l'imaginer. A ses côtés, la vie me semblait plus belle. A ses côtés, j'avais moi même l'impression d'être plus belle, d'être meilleure. Parce qu'il avait le don de réveiller le meilleur de ce qui résidait encore en moi, parce qu'il avait le don de me transcender, de faire de moi la plus belle femme au monde. Notre amour fut si beau, que j'en arrivais même parfois à nous imaginer un avenir, à nous voir vieillir ensemble, l'un à côté de l'autre sans que jamais, quiconque ne s'interpose entre nous. C'était sans compter sur le passé tourmenté de Raphaël.

« Je vais partir pour Sidney… aujourd'hui. », m'annonça-t-il un jour, brutalement et ce, sans que je ne m'y sois préparé. Lorsque sa phrase parvint jusqu'à mes oreilles, je crus avoir mal compris, ce pourquoi je lui demandai :
« Quoi ? Comment ça ? »

Avant même qu'il ne m'ait répondu, il s'empara de mes mains avant de m'attirer contre lui. Dans ses bras, je pouvais sentir son coeur battre à tout rompre, sous le coup de l'émotion, tandis que le mien semblait s'être éteint. Il venait de se briser. Immobile, j'essayais de trouver un sens à ses mots. Il partait. Aujourd'hui. Je ne comprenais pas. Pourquoi ? Pourquoi partait-il ? Il ne m'aimait plus ? J'avais pourtant été persuadée que notre amour serait toujours plus fort que tout alors... Pourquoi fallait-il qu'il décide de mettre notre amour de côté ? Pourquoi faisait-il ça maintenant ? J'étais anéantie par la douleur et par la colère qui m'habitaient. Agacée de n'obtenir aucune réponse de sa part, je reculai, séparant nos deux corps, et l'obligeant à relâcher mes mains.

« Dis-moi ! Tu t’en vas ? Tu me laisse ? Pourquoi ?! »

Sur la fin de mes mots, ma voix s'étaient presque brisée. Rapidement, les larmes que j'aurais voulu retenir gagnèrent mes joues, sans que je sois capable d'y faire quoi que ce soit. J'avais mal. Tellement mal. Je n'imaginais pas ma vie sans lui. Parce que ma vie, avant lui, n'avait eu aucun sens, et que celle-ci avait vraiment trouvé de son intérêt que deux ans plus tôt, lorsque je l'avais rencontré. Sans lui, je le savais, je ne serai plus rien.

« Maëlle, s’il te plaît… Il faut que… il faut que j’y aille, je… », commença-t-il alors, pour me réconforter, avant de s'approcher de moi d'un air visiblement hésitant et de poser sa main dans le bas de mon dos, rapprochant de nouveau mon corps au sien. Blottie dans ses bras, je me laissais aller aux sanglots qui parcouraient mon corps tout entier. Il allait partir. Il devait partir. Et que je le veuille ou non, il partirait. Même s'il briserait mon coeur en le faisant.
« Je sais Raph… je sais… Tu dois y aller… », dis-je alors, pour lui montrer que je comprenais sa décision, bien que je sois incapable de l'accepter réellement.

Il déposa son menton sur le haut de ma tête, avant de me répondre :

« J’ai besoin de savoir… de savoir ce qu’il s’est passé, tu comprends ? De savoir ce qu’est devenu Alice… et… Si je ne le fait pas maintenant je ne le ferai jamais… »

Il avait raison. C'était quelque chose d'important pour lui, je le savais pertinemment. Ce qui était arrivé avec sa soeur ne cessait de le tourmenter et ce, depuis des années déjà, maintenant. Lever le voile sur ce qui était arrivé à cette dernière serait le seul moyen, pour lui, d'envisager un avenir plus serein, un avenir dans lequel il n'aurait pas le poids de la culpabilité qu'il avait eue à porter jusqu'à présent. Se reculant légèrement, et séparant quelque peu nos deux corps, il posa ses deux mains sur mes joues trempées par les larmes avant de coller son front au mien. Un instant, je restai silencieuse, savourant son souffle chaud contre mes lèvres, la douceur de ses mains sur ma peau, et la tendresse de son geste. Tout autant de choses auxquelles il me faudrait renoncer à présent. Une chose que je n'étais pas certaine de pouvoir faire.

« J’aimerai tellement venir avec toi… », murmurai-je alors, en espérant égoïstement que, peut-être, cette simple phrase finirait par le décider à rester.
« Je reviendrai, je te le promet…. »
« Quand ? »

Il effleura mes lèvres avec tendresse et je retins alors mon souffle, comme si celui-ci aurait pu le faire partir plus tôt que prévu. Mes yeux plongés dans les siens, je les baissai cependant, lorsqu'il me répondit :

« Je ne sais pas Maé… Je ne sais pas combien de temps il me faudra… Je ferai au plus vite, je te promets… »

Passant mes mains autour de son cou, je le serrai un peu plus contre moi, avant de lui promettre, intérieurement :

Peu importe le temps qu'il faudra, je t'attendrai

3 years ago

Ma promesse, je l'avais tenue. Je l'avais attendu. Pendant plus d'un an, j'avais espéré, attendu, prié, pour recevoir ne serait-ce qu'un signe de vie de sa part, pour le voir de nouveau franchir le seuil de la porte de mon appartement qu'il aurait pu ouvrir avec cette clé que je lui avais laissée. Pendant un an, je laissai ma vie de côté, la mettant entre parenthèses, me concentrant exclusivement sur mes études de photographie et sur ce petit boulot d'appoint que je m'étais trouvé dans une librairie. Ca ne payait pas beaucoup, mais c'était toujours ça. Si mes parents m'aidaient financièrement, dans mes études, j'avais cependant ma fierté, et je refusai catégoriquement qu'ils aient à me payer mon loyer ou à m'entretenir, et c'était pour cette raison, d'ailleurs, que j'avais décidé de travailler. C'était peut-être aussi parce que travailler m'évitait de trop penser, de trop cogiter et de trop souffrir. Le peu de temps où j'étais au travail, j'en oubliais ainsi combien il m'était insupportable de vivre sans lui et combien la douleur de son absence pouvait m'anéantir. Loin de lui, je n'étais plus que l'ombre de moi-même. Ainsi, pendant près d'un an je vivais presque déconnectée du monde qui m'entourait, ne répondant aux coups de fil et aux visites que l'on me rendait simplement dans l'espoir d'entendre ou de voir Raph'. Après son départ, il était devenu une véritable obsession si bien que, bon nombre de mes proches m'avaient bien souvent répété, « Il faut que tu passes à autre chose, Maëlle. Il ne reviendra pas. » Je refusais de me faire à cette idée. Il reviendrait. Bien sûr qu'il reviendrait ! Il m'en avait fait la promesse. Et puis, après une année d'absence, je m'étais finalement dit que son retour serait imminent, et j'avais attendu celui-ci avec encore plus d'impatience, persuadée qu'il se ferait sous peu. Après tout, ne m'avait-il pas promis de revenir le plus rapidement possible ?

Oui, j'en étais devenue complètement différente. A vrai dire, s'il était revenu à cette époque là, il ne m'aurait peut-être pas reconnue. Dans un monde à part, j'en oubliais la réalité, prenant parfois même des risques inconsidérés dans que je le veuille vraiment. Le plus gros de tous fut certainement ce jour où je traversai la route sans regarder, tout simplement trop tourmentée pour oser y songer. Les répercussions de ce geste ne se firent pas attendre...

Une douleur lancinante me traversa le corps entier, et en particulier le côté gauche de celui-ci, côté que la voiture qui m'avait renversée avait heurté. Allongée sur le sol, je pouvais entendre les gens crier, se précipiter sur mon corps endolori en demandant au reste des passants d'appeler les secours. J'avais mal. Très mal. Un homme s'approcha de moi. Grand, brun, il s'agenouilla près de moi, avant de vérifier mon pouls.

« Mademoiselle ? Vous m'entendez ? »

Ma tête ayant heurté le sol, j'avais un mal de crâne impossible, et entendre cet homme hurler n'arrangea pas l'affaire. Grimaçant, je tentai de me relever, tout en répondant :

« Ou-ui, j'vous entends. Pas la peine d'hurler comme ça. »

Il me sembla entendre un rire, bien que je n'en sois pas bien certaine. Agitant mon pied valide pour pouvoir me redresser, le jeune homme se remit à crier illico :

« NON ! Il ne faut surtout pas bouger ! »

De nouveau, je grimaçai, agacée par cette douleur qui revenait dès lors qu'un bruit se faisait plus fort qu'un autre.

« Je vais bien. »
« Non. »
« J'vous assure, je peux me lever, je- AIE ! », hurlai-je alors lorsque, en voulant me relever, une douleur me saisit au niveau des côtes et de la jambe.
« Vous avez une côte brisée. Et je pense que votre jambe est cassée aussi. »

Un rire nerveux s'échappa d'entre mes lèvres.

« Quoi ? Vous êtes médecin ? »
« Tout à fait. »

Je posai mon regard sur lui, croisant pour la première fois ses prunelles d'un bleu azur.

« Sérieusement ? »

Un sourire se dessina sur ses lèvres. Passant une main sur mon front, et dégageant une mèche de mes cheveux, il me répondit alors :

« Sérieusement. »
« Wow. »

C'était tout ce que je trouvai à répondre. Et puis, de toute façon, nous fûmes vite interrompus par les secours qui arrivèrent et qui se chargèrent de moi. Une fois le douloureux transport dans l'ambulance passé, je m'étais retrouvée à l'hôpital où, après avoir passé quelques radios, j'avais eu droit à un plâtre à la jambe, ainsi que des bandages au torse. Génial.

Le bruit de coups se firent entendre à la porte, et un homme entra dans la pièce. Mon 'sauveur'. Le fameux médecin avec lequel j'avais parlé en attendant les secours.

« Ca va ? » me demanda-t-il simplement, sans même se soucier de savoir si sa présence me gênait ou non.
« Ca va... » répondis-je alors, en désignant d'un léger signe de tête mon joli plâtre. Esquissant un léger sourire, je lui avais alors demandé, « Qu'est-ce que vous faites ici ? Les médecins n'ont-ils pas un emploi du temps surchargé ? »

Il sourit.

« J'suis pas vraiment médecin, en fait. Je vais le devenir. Très bientôt. »
« Oh, je vois. Ainsi les étudiants en médecine ont du temps devant eux. »
« Pas vraiment, non. Mais... Je voulais m'assurer que tout allait bien. »

Je souris de nouveau.

« Tout va bien », lui assurais-je alors.
« Vous en êtes sûre ? »
« Certaine ! Je me porte comme un charme ! Et avec la morphine que vos collègues m'ont administré, je ne tarderai certainement pas à raconter n'importe quoi alors... Je pense que je ne pourrais pas mieux me porter ! »
« Quand vous avez traversé la route... » ajouta-t-il après un léger silence, et une brève hésitation. « Vous aviez l'air ailleurs. Comme si... Comme si ça n'allait déjà pas. »

Oh. Il me demandait sérieusement si j'allais bien mentalement ? Je devais avouer que j'étais comme légèrement mal à l'aise. Comment devais-je prendre cette question.

« Je réfléchissais, j'avais la tête ailleurs. », lui expliquai-je alors. Et, devant sa mine perplexe, j'ajoutai presque malgré moi, sans qu'il ne m'ait rien demandé, et sans que je comprenne vraiment ce qui m'y poussait, « Je sors d'une rupture plutôt douloureuse. J'ai tendance à avoir la tête ailleurs, ces temps-ci. »

« Vous vous en remettrez, » m'assura-t-il. « Je suis certain que d'ici quelques semaines, votre petit ami se mordra les doigts pour vous avoir perdue ! »

Je souris, plus par politesse que pour autre chose. A vrai dire, je n'étais pas aussi convaincue que lui de ce qu'il avançait. Si Raphaël avait vraiment regretté notre rupture, il serait probablement rentré plus tôt. Je réalisai à présent qu'il ne reviendrait pas. Pas maintenant, pas après tout ce temps. C'était, du moins, ce qui me semblait le plus évident. Et cette simple pensée me fendait le coeur. J'en eus un instant les larmes aux yeux.

« Faut pas pleurer. », ajouta-t-il, tout sourire, tandis que de nouveau, je lui adressai un sourire forcé. Un instant, il sembla mal à l'aise. Après une hésitation, il me tendit une pochette noire, dans laquelle se trouvait les clichés que j'avais pris pour un cours, avant de me préciser, « Vous les aviez perdu, pendant l'accident. J'me suis permis de jeter un coup d'oeil... » avoua-t-il, gêné. « Enfin, je dois dire que... Vos clichés son magnifiques. Du grand art. »

Je levai les yeux au ciel, comme pour lui montrer qu'il en faisait trop lorsqu'il m'affirma penser sincèrement ce qu'il disait. Après un nouveau silence, il m'annonça qu'il devait reprendre son service – il travaillait en pédiatrie – et qu'il repasserait probablement après celui-ci pour voir comment je m'en sortais.

« Reposez-vous bien, Maëlle. »
« Comment savez vous que je m'appelle - »
« Votre dossier, au pied de votre lit », m'expliqua-t-il, sans même que j'aie eu le temps de terminer ma question. Alors qu'il se tournait de nouveau vers la porte, la main posée sur la poignée de celle-ci, je l'interpellais :
« Attendez ! C'est quoi, votre nom, à vous ? »

Ma question le fit sourire très largement.

« James. »

J'hochai alors la tête, en signe de compréhension lorsque, quittant la pièce, il ajouta :

« C'était un plaisir de faire votre connaissance. »


C'était ainsi que tout avait commencé entre James et moi. Après quelques jours passés à l'hôpital pendant lesquels il était venu, au moment de ses pauses, m'apporter un café ou une petite douceur, nous nous connaissions mieux, et à ma sortie de celui-ci, j'avais même accepté le rendez-vous qu'il m'avait proposé. L'aimais-je ? Non. Absolument pas. Cependant, il était plutôt agréable, il me faisait oublier, pendant quelques instants, la douleur de l'absence de Raph'. Sans oublier ce dernier, j'avais rapidement su faire une place dans ma vie, comme dans mon coeur, à cet homme qui me regardait avec les mêmes yeux que lui et pour lequel je finis par me prendre d'affection. James était un homme bien. Trois années s'écoulèrent ainsi, trois années d'un amour où la raison primait sur la passion et où le fantôme d'un autre continuait à m'obséder, sans que James n'en ait jamais vraiment conscience. Après quelques temps, nous avions fini par emménager ensemble, ne nous croisant que très peu, avec les gardes qu'il avait à faire. Ma vie, à ses côtés, redevint presque normale, et j'en vins finalement à vouloir mettre Raph' et mes sentiments pour lui de côté, persuadée qu'il me fallait cesser de ressasser le passé. Cependant, cela me fut impossible, en partie à cause du fait que je n'avais aucune nouvelle de lui, qu'il ne m'avait donné aucun signe de vie, et que cela m'inquiétait. Une angoisse, sourde, m'habita ainsi pendant plus de trois ans, sans que je sois capable de l'apaiser. Pour cela, il n'aurait fallu qu'une seule chose : que je vois Raph' pour m'assurer qu'il allait bien. Après cela alors, peut-être que j'aurais pu lâcher prise. A condition, bien sûr, qu'il le veuille.

Il est temps de tourner la page, ou d'essayer, du moins.

Nowadays

« Oui ? », demandai-je, décrochant mon téléphone.
« Bon sang, Maëlle, t'es passée où ? Ca fait une demie heure qu'on t'attend ! »

Je grimaçai légèrement. Oui, j'étais en retard. Très en retard, même. Effectivement, j'aurais dû être à l'hôpital pour la séance photo que j'avais promis à James depuis plus d'une demie heure déjà, mais je n'avais pas pu me libérer à temps. En même temps, je n'y étais pour rien : Je n'étais pas la responsable des horaires d'ouverture et de fermeture de la librairie.

« J'suis désolée, James... Lila n'était pas là pour me remplacer... Don m'a demandé de rester. », expliquai-je alors, tandis que de ma main libre, je refermai la porte de notre appartement à clé. « Ecoute, je pars, là, je me dépêche. »
« Non, c'est pas la peine. »
« Mais je- »
« Ecoute, les enfants jouent. Ils peuvent bien attendre quelques minutes de plus. Prends ton temps. Et sois prudente sur la route. »

J'esquissai un sourire à ses mots. Cette envie de me protéger, ce soin avec lequel il me traitait me faisait toujours sourire. Mieux encore, il me touchait. Il me faisait me sentir importante, et aimée... Tout autant de choses que je n'avais pas ressentie depuis... lui. Raphaël.

« T'en fais pas. Bon, à tout de suite. »
« Je t'aime. »
« Moi aussi. »

Rares étaient les fois où je lui disais moi-même « Je t'aime », probablement parce que ces mots m'effrayaient, à présent. Les dire, c'était prendre un risque : celui de voir toute notre histoire s'écrouler du jour au lendemain, de briser tout ce qu'il nous avait fallu tant d'années à construire. Je n'y étais pas prête. J'avais déjà vécu ça, à vrai dire, quatre ans plus tôt, et à ce jour, je n'étais pas prête à assumer ça une nouvelle fois.

Descendant les escaliers de notre immeuble, je sortis dans la rue que je devais remonter afin de récupérer ma voiture, garée à la hâte, un peu plus loin. Alors que je marchai, mon appareil photo sous le bras, mon téléphone dans une main, il me sembla voir un visage qui m'était familier. Sur le coup, mon coeur manqua un battement, et je ralentis mon allure. Je secouai finalement la tête. Non. C'était impossible. Raphaël était parti. Et pourtant... Quand son regard croisa le mien, lui aussi s'arrêta. Debout l'un en face de l'autre, nous nous regardâmes un instant, silencieux. Il n'avait pas changé. Même après quatre années. Et ma réaction, face à lui, n'avait pas changée non plus. Quand ses yeux plongèrent dans les miens, je sentis les battements de mon coeur s'accélérer, prêt à bondir de ma poitrine tant il était heureux que Raph' se trouve en face de moi à cet instant. Si ça n'avait tenu qu'à moi, je crois, à vrai dire, que j'aurais pu être capable de lui sauter dans les bras, et de l'embrasser sur le champ. Si j'avais écouté mon coeur, c'est probablement ce que j'aurais fait. Parce que ces quatre dernières années sans lui avaient été un enfer. Parce qu'en partant pour l'Autralie, il avait emmené un morceau de mon coeur avec lui, morceau sans lequel il m'avait été impossible d'avancer. Parce qu'en partant, il avait brisé quelque chose en moi, me changeant à jamais. Quand il était parti, ma vie avait perdu tout son sens. Se doutait-il de tout cela ? Savait-il combien il avait été dur pour moi, non pas seulement de vivre sans lui, mais aussi de ne pas avoir la moindre nouvelle, et d'envisager de refaire ma vie, alors que j'avais pourtant l'espoir secret qu'il finisse par me revenir ? Longtemps, j'avais espéré cet instant. Mieux encore : j'en avais rêvé. Et dans mes rêves, je me jetai toujours dans ses bras. Sauf qu'au lieu de ça, j'écoutais ma tête, j'écoutais cette petite voix qui me rappelait tout le mal que son départ m'avait causé, toute la souffrance que celui-ci avait occasionné. Il m'avait abandonnée. Il m'avait laissée sans nouvelles, pendant quatre ans, m'avait laissée m'inquiéter pour lui, m'avait laissée mettre quelques années de ma vie entre parenthèses simplement parce que, au début, j'avais encore eu l'espoir, aussi infime soit-il, qu'il puisse me revenir, et que son amour pour moi n'ait jamais vraiment cessé.

« Raph’ tu.. tu es revenu... » dis-je alors, dans un souffle, incapable d'ajouter quoi que ce soit, tant je ne réalisai pas encore réellement ce qui était en train de se passer. Le revoir, maintenant, était inespéré. J'avais sincèrement fini par me faire à l'idée que jamais, il ne reviendrait, et que jamais, nos routes ne viendraient à se recroiser. Et à vrai dire, cette idée m'avait fait mal. Elle m'avait bien longtemps fait souffrir, jusqu'à ce que James entre dans ma vie, et qu'il me fasse oublier le passé pour me concentrer sur l'avenir. Un avenir beaucoup moins prometteur que celui que j'aurais voulu avoir avec Raph', mais qui me suffisait néanmoins à ne pas penser à ce dernier, et à profiter de ce que la vie m'offrait aujourd'hui. Chose que je n'avais pas toujours été en mesure de faire, surtout après son départ en Australie.

Debout face à lui, une foule de sentiments contradictoires me traversa : un mélange de joie, d'amour et de rancoeur, qui me mettait sens dessus dessous et qui ravageait mon coeur.

« Oui… je… je suis revenu en effet… depuis quelques jours. », m'expliqua-t-il alors, dans un souffle, également.

J'eus envie de sourire. Cependant, je me retins. J'attendis un instant qu'il continue, qu'il ajoute quelque chose, mais il n'en fit rien. Et je n'en fis rien non plus. Probablement parce que je ne savais pas quoi dire, probablement parce que je craignais de dire une bêtise, ou encore de laisser entrevoir dans mes gestes, dans le son de ma voix, ou que sais-je encore, les sentiments que j'éprouvais toujours à son égard, sentiments qui me rendaient plus vulnérable que jamais. Pourquoi fallait-il qu'il revienne maintenant ? Qu'attendait-il ? Que je lui saute dans les bras, qu'on reprenne notre histoire là où elle s'était arrêtée ? Les choses étaient plus compliquées que ça, et en un sens, j'étais persuadée qu'il en était conscient. Savait-il que j'avais refait ma vie ? A en juger par la petite lueur d'espoir qui illuminait son regard, j'en déduis que non. Parler de James maintenant aurait été inapproprié. Tout comme il aurait été inapproprié pour Raph' et moi de nous attarder plus longtemps dans cette rue. Car, après tout, James m'attendait. Je me pinçai les lèvres à cette simple pensée. Bon sang, si j'avais su qu'il reviendrait et que son retour me mettrait dans tous mes états... Trouvant la force de m'éloigner de lui – bien que ce fusse à contrecœur – j'ajoutai alors :

« Bon, hé bien… on… on se recroisera alors… je pense… » Je détournai alors le regard, préférant ne pas avoir à affronter le sien et à y lire un quelconque sentiment négatif. Sans un mot de plus, je m'éloignai alors de lui, reprenant la route qui me séparait encore de James.

Moi c'est Mélody, je vis en France, j'ai 19 ans et je suis étudiante à la fac. J'ai découvert le fo' par un partenariat y'a quelques temps, mais je ne m'y suis pas inscrite n'ayant jusqu'à présent pas trouvé de scéna à jouer (oui parce que je manque cruellement d'imagination et que je n'invente que très rarement mes propres persos), jusqu'à ce matin. Je remercie d'ailleurs Raph' pour celui-ci ! .