Sujet: Il parait que le hasard fait bien les choses - Riley Lun 18 Avr - 22:22
La solitude ne dérangeait pas beaucoup Elizabeth ; même s'il valait mieux pour elle qu'elle se tienne le plus loin possible d'elle ; elle qui avait hanté ses nuits, remué ses peurs. La Solitude. Eli l'appréciait à petite dose, et devenait folle lorsqu'elle y est confrontée trop longtemps. La Solitude, cette absence de quelque chose qui remplit ses journées, sa vie, pouvait bien la faire déjanter. Aujourd'hui, par ces heures pluvieuses, ce temps frisquet et ce ciel gris, Eli se promenait avec sa Solitude, presque main dans la main, respirant cette odeur particulière des jours esseulés, et elle se décida à entrer chez Muffy's. Elle ne savait pas trop ce que c'était, ne prenait pas la peine de lire les cartes du restaurant qui sont postées devant lorsqu'il y en a. Elle s'était demandé d'où venait ce nom, Muffy, muffin, oui, ça lui rappelait surtout ces petits gâteaux moelleux et aériens. Ses préférés étaient à la framboise et au chocolat blanc, une pointe d'acidité dans un chocolat crémeux et doux ; d'ailleurs, ça faisait longtemps qu'elle n'en avait pas mangé. Plus d'un an, depuis que son frère lui en avait jeté à la figure. Depuis qu'il la traite de misérable ; qu'il la considère comme telle. Elle avait aujourd'hui une incapacité de choisir ces muffins-là, se mettant à pleurer déplorablement. Quelle belle analyse de la personnalité et de la psychologie pouvait-on faire à partir des habitudes alimentaires et de leurs changements. Dis moi ce que tu manges et je te dirais qui tu es. Elle pénétra ainsi chez Muffy's, ambiance cosy comme on dit, c'était plutôt sympa, plutôt chaleureux, accueillant. Pas de ces restaurants qui se veulent « in » et qui sont tellement modernes et sans personnalité qu'on croirait manger dans un catalogue de Ikea. Eli s'installa au bar, ne restant aucune grande faim, juste l'envie de flâner quelque peu.
« Bonsoir, vous voulez quelque chose peut-être ? - Euhm... Je vais prendre le... cocktail de la maison. C'est composé de quoi, en fait ? - Crème de Whisky, lait, sucre, café. Je suis sûr que ça vous plaira. - Ah oui ? - Ca plait toujours, c'est à la fois doux et corsé. »
Elle goûta alors son verre, qui en effet, était plutôt bon. Elle afficha un sourire de satisfaction au barmaid qui s'en alla servir un autre client. A côté d'elle était installée une jeune femme, une jeune brune, qui avait l'air assez occupée, le téléphone à la main. Elizabeth était une personne certes très curieuse, mais elle respectait les affaires personnelles. Cependant, lorsqu'on est seul, à un bar, et qu'une jeune femme parle tout juste à côté de vous, il est difficile de faire la sourde oreille. Elle n'était pas à la recherche de ragots, elle ignorait même qui était cette demoiselle ; mais elle écoutait sa conversation. Ah, elle a une fille... Ah, elle décale son rendez vous, elle annule... à cause de sa fille. En fait, cette discussion-ci faisait fleurir dans l'esprit d'Elizabeth une idée qu'elle avait auparavant enterré. Travailler. Elle savait que ses parents n'étaient pas bien riches, qu'ils avaient travaillé et travaillaient encore pour vivre. Elle n'était pas issue d'une famille très riche, très renommée, non, juste d'une histoire d'amour qui a valu deux enfants. Ce couple là devait avoir de l'amour à revendre, tellement que les deux frère et soeur débordaient eux-même d'amour. Ethan et Elizabeth avaient été élevé modestement, une de ces familles cliché de la classe moyenne, rien de bien alarmant, rien de bien intéressant. Leur parents avaient évidemment préparé l'argent nécessaire, lorsque le jour serait venu, pour que leurs deux enfants aillent à l'université, à la faculté, qu'ils puissent devenir ce qu'ils souhaitent, et ne soient pas handicapés par une somme d'argent. Mais Elizabeth sentait qu'il lui fallait gagner quelques sous par elle-même, et souhaitait rembourser cette somme – qui est à ses yeux conséquente, à ses parents. Alors pourquoi pas s'aventurer dans quelques petits jobs, par-ci par-là, si elle trouvait. « Hey... Je ne veux pas paraître indiscrète, mais j'ai écouté ta conversation au téléphone et je comprendrais totalement si tu ne veux pas savoir quoique se soit, mais je cherche actuellement des petits boulots, donc je pourrais garder ta fille si ça peut t'aider. Je m'entends bien avec les enfants généralement, donc voilà. C'est juste une proposition. »
Sujet: Re: Il parait que le hasard fait bien les choses - Riley Mer 20 Avr - 2:45
Le hasard est une partie de ma vie.
Elizabeth & Riley ♥
Je sortais de la fac en soufflant. Ça commençait à me fatiguer cette routine et en plus j'étais sortie en avance, donc pas moyen d'aller directement récupérer ma fille et de rentrer à la maison après. Et puis ça ne lui faisait pas de mal de voir d'autres personnes qu'Enzo ou moi. Même si j'avais l'impression que le fait qu'elle sache où je dormais la nuit, que j'aimais Enzo, que c'était mon amoureux et que ça avait l'air de plutôt bien lui convenir, jouer avec des enfants de son âge c'était tout aussi bien. Certes, il arrivait par moment que je prenne une poupée et que je me mette à jouer avec la petite, mais j'avais passé l'âge et la fin de l'année approchait, les examens aussi par la même occasion et on les profs redoublaient de devoirs, alors en ce moment, je l'abandonnais un petit peu. Je soupirais et passais une main dans mes cheveux. Je me dirigeais vers un bar, dans le but de prendre un verre, pour après aller chercher la petite et rentrer à la maison. J'évitais d'aller boire un café avec des gens après les cours, surtout avec des hommes. J'avoue que j'avais pas géré, j'aurais pus lui dire la vérité d'entré, mais j'avais mentis à demi-mots. J'avais effectivement bu un verre avec des filles, mais c'était avant le cours. Enfin bref, tout ça c'est du passé.
Je rentrais dans le café désert et m'installais au comptoir. Je commandais un café en même temps que mon téléphone sonnait. Ah bah tiens. C'était Enzo. Je décrochais rapidement, un grand sourire sur le visage. Une grande jeune femme brune rentra dans le bar et s'installa à côté de moi. C'était quoi cette manie qu'ont les gens de rentrer et de s'installer à côté de vous, alors qu'il y a de la place partout ? Je soupirais et reportais mon attention sur la conversation. Ah ? Un dîner en tête à tête ? Tentant, mais je n'avais personne pour la petite. Je déclinais, lui expliquant. Heureusement, il comprenait et me proposa une autre date. Cette fois je dus annulée clairement. J'avais rendez-vous chez le médecin avec Kayla pour faire sa mise à jour au niveau de ses vaccins. On se décida finalement d'en discuter ce soir à la maison et je raccrochais lâchant un soupir.
J'aimais tellement ma petite fille, mais parfois c'était juste horriblement pesant d'être maman. Là où une autre fille, aurait dit oui tout de suite à son compagnon pour aller manger avec lui, juste tout les deux, j'étais obligée de voir si j'avais quelqu'un pour me garder mon enfant. Si c'était le cas, tant mieux, mais si ce n'était pas le cas, comme aujourd'hui et bien on était obligé d'annuler ce qu'on avait prévu. Je soupirais et remerciais le serveur d'un sourire quand il déposa ma tasse devant mon nez. Je souris et pris une gorgée, me brûlant la langue, mais j'aimais ça. La demoiselle à mes côtés éleva la voix et je fus surprise qu'elle s'adresse à moi. Même si je n'aimais pas tellement son attitude, écouter les conversations des gens, je trouvais ça impolie, mais ça ne m'empêchait pas d'écouter ce qui se passait au table autour de moi, je lui souris doucement, pour lui monter qu'il n'y avait aucun mal. Je haussais un sourcil à sa demande. Qui aurait put me demander de garder ma fille, d'un coup comme ça spontanément, sans me connaître ou la connaître ? Déjà avec les quelques amies que j'avais ici c'était assez dur, puisqu'elle disait souvent non, parce que ça leur bouffait une soirée ou quelque chose comme ça. Enfin bref, je me tournais vers elle et la regardais dans les yeux.
Riley ♣ Hmm … Je sais pas trop … C'est pas contre toi, mais j'ai dus mal à laisser ma fille à n'importe qui. Écoute, voilà mon adresse et mon numéro de portable. Je te les laisse et ça serait bien que dans une semaine, tu viennes faire un essai, histoire que tu vois un peu la petite comment ça va et tout. Ça te va ?
Je rangeais mon stylo et mon petit carnet, que j'avais sortis afin de noter mon numéro et l'adresse de la maison. Je ne m'attendais pas spécialement à une réponse affirmative d'emblée. J'avais énormément de mal à confier ma fille à garder à des gens que je ne connaissais pas ou très peu. J'avais une totale confiance en Enzo, et je savais qu'avec lui il ne lui arriverait rien. Ça me rassurait, mais j'aimais bien sortir juste avec lui. Aller au restaurant, boire un verre sans que la petite soit avec nous. Se faire une soirée au cinéma ou quelque chose comme ça. Sauf que j'avais ce problème de confiance et que je n'arrivais pas à laisser la petite à n'importe qui. Mais la jeune femme ne semblait pas méchante, ou quoi que soit. Peut-être même que Kayla l'adorera, qui sait. Je lui lançais un petit sourire. Peut-être que c'était une étudiante qui cherchait désespérément un boulot pour pouvoir garder un toit sur la tête, se nourrir et continuer ses études. Après tout j'étais bien dans ce cas là. Même si Enzo travaillait et ramenait de l'argent, je refusais de devenir dépendante de lui. Puis Kayla n'était pas sa fille biologique, c'était à moi de l'entretenir, pas à lui. J'acceptais déjà plus ou moins le fait qu'il paye les courses qui nous concernait tout les trois, mais Kayla était ma fille et ses problèmes étaient les miens aussi. Je secouais la tête et reportais mon regard sur la jolie jeune femme face à moi.
Riley ♣ Au fait, je suis Riley et ma fille c'est Kayla. Elle a quatre ans et elle est pas spécialement chiante. La meilleure amie de mon compagnon l'a gardé y a quelques semaines et elle l'a adoré.
J'avais oublié ce détail. Je souris au souvenir de cette soirée qui avait plutôt bien commencé, pour partir en couille et finalement se finir merveilleusement bien. Je crois même avoir dormi avec Enzo cette nuit-là, je ne sais plus. Enfin bref. Je ne savais pas trop quoi dire de plus à la demoiselle, parce que de toute manière, si ça ne collait pas avec la petite, je ne la prendre comme nounou si ça ne passait pas entre elles deux. Je soupirais et passais une main dans mes cheveux. Me retournant, j'attrapais ma tasse de café et la vidais de quelques gorgées.
Dernière édition par Riley J. Hoober le Jeu 21 Avr - 13:45, édité 2 fois
Sujet: Re: Il parait que le hasard fait bien les choses - Riley Jeu 21 Avr - 13:01
Elizabeth ne s'attendait pas à des exclamations et des remerciements comme « oh, tu es une inconnue dont je ne connais pas le nom, dont je ne connais rien du tout en fait, qui boit son cocktail toute seule dans un bar presque vide, mais oui, ne t'inquiète pas, je vais te confier ma fille ». Non, évidemment, elle ne s'attendait pas à ça ; et trouvait l'hésitation de la jeune maman tout à fait normale. Elle se contenta d'acquiescer à ce qu'elle disait, et prit le papier où elle avait tout juste écrit ses coordonnées ; qu'elle rangea ensuite dans un petit carnet qui lui servait pour prendre de diverses notes. Eli se contenta de répondre simplement : « Oui, biensur. » Puis la jeune femme se présenta, elle, Riley, et sa fille qui avait quatre ans, Kayla. Riley lui fit évoqua alors quelques éléments sur sa fille, et ça a permis à Eli de se rassurer, même si elle n'avait pas toujours le travail en question. Elle appréciait les enfants, elle en voudrait mais c'était un plan pour le futur, un futur relativement lointain à vrai dire, mais elle les aimait surtout calmes. Elle savait bien que les enfants pleuraient et hurlaient parfois, mais certains plus que d'autres, et ceux qui fondaient en larmes dans les supermarchés lui étaient insupportables. « Je suis Elizabeth, et je suis étudiante actuellement.... Hum, je sais pas vraiment comment me présenter, je veux pas rentrer dans les clichés et te dire que j'ai gardé plein d'enfants et qu'ils m'ont tous adorés et que je cuisine très bien. J'ai gardé quelques enfants, oui, dans le genre petits cousins et leurs amis, pour rendre service, mais c'est tout. Et je sais cuisiner, mais voilà, c'est pas avec moi qu'elle aura des plats dignes d'un grand chef. Enfin, je te téléphonerai si jamais tu es toujours intéressée, et que ce que je viens de te dire ne te donne pas envie de fuir. » Elizabeth était quelqu'un de très honnête, sans doute trop parfois, ce qui lui a souvent attiré des ennuis. Mais c'était comme ça, elle n'était pas faite pour mentir aux autres, pour leur faire croire des idioties, même si cela pouvait s'avérer bénéfique au final. C'était une personne très franche, et voulait qu'on le soit en retour avec elle. Donc elle trouvait ça normal de ne pas se vanter auprès de Riley ; car elles parlaient de sa fille, de la vie de sa fille, si on peut dire. «Tu m'as l'air jeune. Enfin, j'ai vingt trois ans moi, mais oui, et j'ai l'impression que t'as à peu près le même âge. Et je trouve ça impressionnant. Je suis pas en train de te juger, je trouve ça vraiment impressionnant d'être si responsable en étant si jeune avec une enfant. » Elizabeth lui disait ça parce que c'était ce qui lui passait par la tête, et elle avait un ton de regret, presque. Elle ne pouvait s'empêcher de se comparer à Riley, en supposant qu'elles avaient toutes les deux le même âge. Riley avait du tomber enceinte tôt, et déjà, seule la décision de garder son enfant en étant si jeune était quelque chose de courageux, mais qui demandait aussi beaucoup d'investissement par la suite. Cet investissement, elle semblait le fournir très bien. Puis elle paraissait être dans une relation plutôt stable avec son « compagnon ». Et à côté, Elizabeth... C'était tellement dérisoire. Elle se disait souvent qu'elle finirait avec un chat, comme ces femmes qui sont trop obnubilées par leur carrière et qui n'ont pas laissé place à une quelconque vie sentimentale. Elle voulait certes réussir professionnellement, et là c'était surtout son ego qui parlait pour elle ; mais Eli avait toujours voulu être heureuse, sentimentalement parlant. Mais rien ne s'était présenté à elle. Enfin, elle ne s'ouvrait à personne, et attendait naïvement qu'une météorite tombe sur Terre et transforme toute sa vie. Eli était encore dans les erreurs et les espoirs déchus de la jeunesse, à vouloir vivre trop vite, à vouloir croire trop vite, à aimer trop vite. Et son incapacité à réaliser ses désirs amoureux mettait un frein à tous ses projets. Ouais, Eli était encore une adolescente bien trop naïve qui se voulait forte.
Sujet: Re: Il parait que le hasard fait bien les choses - Riley Ven 22 Avr - 0:32
Le hasard est une partie de ma vie.
Elizabeth & Riley ♥
En rentrant dans ce bar, je m'attendais pas tellement à trouver une jeune femme qui me proposait, presque d'emblée, de garder ma fille. Certes, je voulais d'abord voir si ça passait bien entre elles deux ou non, mais de ce côté là, je ne me faisais pas tellement de soucis. Même si ce n'était pas l'amour fou dès le premier regard, j'aimerais quand même que la petite ne soit pas trop chiante, mais ça ce n'était pas le cas, du moins avec moi. J'écoutais la demoiselle me raconter ce qu'elle ne me dirait pas. Quelque part, je l'en remerciais. Les filles qui disent que les enfants les adorent et tout ça, ne m'intéressaient pas. Elle avait déjà gardé ses petits cousins et des amis à eux, très bien. Au moins, elle savait à peu près à quoi s'attendre avec un enfant en bas-âge et c'était mieux ainsi. De toute façon, il était clair et net que je n'aurais pas pris quelqu'un qui avait un minimum d'expérience avec les enfants. Parce que Kayla était ma fille, que je ne voulais pas qu'il lui arrive des problèmes ou un accident à cause de l'inattention de sa nounou, alors que j'étais tranquillement en train de manger avec Enzo ou en train de bosser un après-midi chez quelqu'un. Je lui souris, pour la rassurer.
Riley ♣ Je pense que je serais toujours intéressée, donc tu m'appelles dans la semaine et on voit un après-midi pour que tu viennes la garder. Quand exactement, je ne sais pas. Si Enzo bosse pas, il peut la garder mais je connais pas encore ses horaires. Enfin, tu m'appelles et si je l'ai sous la main, je lui demanderais et on verra. De toute manière, je préfère largement que tu me dises que tu as gardé tes petits cousins et des amis à eux, sans me mentir ou quoi. Parce que les filles qui sortent des trucs dans le genre « Les enfants m'adorent, je les adore, bref tout l'monde s'aime et c'est merveilleux », c'est généralement avec elle qu'il y a des problèmes. Au moins, tu es honnête et j'apprécie. Puis t'en fais pas, généralement je lui prépare son repas avant le nôtre et elle mange avant nous, donc elle aura toujours quelque chose de près et s'il est trop tôt, j'mets ça au frigo.
Autant qu'elle sache tout maintenant, parce qu'elle avait l'air d'être une jeune femme sérieuse et j'étais persuadée que ça allait passer avec la petite. Pourquoi, je ne sais pas, mais je le sentais. Je finis mon café et demandais un verre d'eau. Sale habitude que j'avais prise à force de boire des trucs chauds. Je n'aimais pas rester sur le goût de la caféine. Pas que je n'aimais pas ça, mais ça me dérangeait quelque peu. Enfin bref. Le serveur me ramena ma bouteille et ma verre, emmenant ma tasse désormais vide. Quand Élisabeth me parla, je le relevais la tête dans sa direction. Bien sûr mon jeune âge ne lui avait pas échappé et je tentais un petit sourire en coin dans sa direction. Je n'étais pas plus mature qu'une autre fille. J'étais seulement une maman, certes un peu poule sur les bords, mais j'aimais ma fille. Je n'avais pas eu le choix. J'avais toujours été une fille responsable, assumant totalement mes actes et l'arrivée de Kayla m'avait juste fait prendre conscience qu'à présent, mes choix pourraient avoir une influence sur ma fille. Si je changeais de ville, ça pourrait la perturber parce qu'elle perdrait ses repères. Si je m'installais dans une relation avec un homme, elle aurait une présence masculine à ses côtés. Un beau-père, en quelque sorte. C'était ce qui était en train de se passer avec Enzo. Il était mon compagnon et le beau-père de la petite. Kayla devait être trop petite pour comprendre ça, et il y a des chances qu'elle le voit comme un père, n'ayant jamais eu de présence masculine à ses côtés. Mais un jour, elle lui fera savoir qu'il n'est pas son père et à ce moment-là, je ne donne pas de sa peau. Surtout, si elle a le même caractère que moi. Je tournais la tête vers elle et lui souris.
Riley ♣ J'ai vingt ans … Si tu calcule bien, j'ai eu Kayla à seize ans. Disons que de mes frères et soeurs, j'ai toujours été la plus responsable, sauf quand je suis tombée enceinte. Enfin, maintenant elle est là et je ne regrette rien. J'pense même que si c'était à refaire, je le referais sans hésiter. Puis mon compagnon l'a complètement accepté, même si c'est pas sa fille, alors on va dire que j'ai pas à me plaindre. J'aurais jamais pus avorter. Même si Kayla n'était pas du tout désirée, même si je n'étais pas avec son père et qu'on ne s'aimait pas, c'était mon bébé et je l'aimais déjà plus que tout.
En repensant à tout ça, mon cœur se serra douloureusement. Ma famille me manquait un peu plus chaque jours. Ils étaient tous dans cette ville, j'avais revu ma soeur, mon père, ma mère et mon frère, mais j'avais fuis. Parce que j'étais lâche, idiote et que je n'étais pas prête. J'avais changé en quatre ans. J'étais encore plus réfléchie qu'avant, encore plus calme. Bon sur ce coup là, j'avais plus agit comme une gamine pourrie gâtée qui refusait de voir ses parents parce qu'ils ne lui avaient pas acheté le dernier sac à la mode, mais j'avais pris peur. La vérité devra éclater un jour, mais pas aujourd'hui. Peut-être dans un mois ou dans deux, mais pas maintenant. En voyant la tête de ma voisine, je passais mon bras dans son dos.
Riley ♣ Hey déprime pas ! T'as encore toute la vie devant toi. T'as vingt-trois ans, t'es pas moche comme une sardine, t'es encore jeune, un jour tu trouveras quelqu'un qui t'aime. Tu sais comment j'ai rencontré Enzo ? Je fuyais la ville à cause de ma grossesse, par peur de la réaction de ma famille. Je lui ais foncé dedans, alors qu'il arrivait ici pour je ne sais quelle raison, mais il venait de perdre sa femme. Il m'a fait tomber et avant qu'il ait pu faire quoi que se soit, j'étais déjà repartie en courant. On c'est revu quatre ans plus tard, dans un parc. Il m'est tombé dessus par hasard et quand on m'a jeté de chez moi, il a pas hésité à nous prendre la petite et moi. Un jour, tu trouveras quelqu'un. La seule chose que je peux te dire, c'est de sortir, voir du monde, aller aux soirées étudiantes. Puis même si tu tombe sur des gens qui cherchent qu'à tirer leurs coups, essaie une fois, même si ça a pas l'air d'être ton genre. Ça s'trouve quelque part dans c'bled paumé, y a quelqu'un qui t'aimera. Enfin bref, changeons de sujet, niveau relation sentimental, je suis nulle. Ça fait longtemps que tu es là ? Enfin, j'veux dire que tu vis à Arrowsic ?
Elle était jeune, elle n'avait pas d'enfants et elle était plutôt jolie. Elle était encore étudiante donc, elle avait encore largement de quoi profiter. Je me doutais bien qu'elle n'était pas du genre à coucher à droite à gauche, mais elle me faisait à ma soeur. Extrêmement naïve sur les bords, qui croyait au grand amour, au coup d'foudre et à toute ses conneries. Je souris une nouvelle fois et pressais son épaule, doucement.
Riley ♣ Tu me fais penser à ma petite soeur …
Un sourire nostalgique étira mes lèvres. Ouais, ils me manquaient tous autant qu'ils étaient.
Sujet: Re: Il parait que le hasard fait bien les choses - Riley Dim 24 Avr - 21:47
Elizabeth écoutait attentivement Riley, autant lorsqu'elle lui parlait du babysitting pour lequel elle s'était proposée, du déroulement des soirées, que lorsqu'elle lui évoqua quelques éléments personnels. Elle était donc encore plus jeune que ce qu'Eli n'imaginait, elle n'avait même pas l'âge pour acheter de l'alcool légalement, et elle était déjà mère d'une fille de quatre ans. L'avortement... C'est vrai, beaucoup de jeunes filles, ou même de femmes étaient incapables de le faire. Beaucoup ne jurent que par ça, et le jour où elles se retrouvent, elles sont à la fois paniquée et attendrie par cet être humain qui pousse dans leur utérus. Que de poésie que la nature humaine, mais il faut dire les choses telles qu'elles sont. Mais la maternité est une si belle chose, n'est-ce pas ? Si belle, si on n'évoque pas les malheurs de la peau pendant la grossesse et l'accouchement qui est quand même quelque chose d'effrayant ; si belle de savoir qu'on porte en soi un être humain, qui est une part de nous. C'était une belle chose, mais pas pour Elizabeth. Pas maintenant. Elle faisait partie de ces femmes qui fonderont une famille une fois la trentaine passée. On ne pouvait pas désirer une famille, un foyer stable à vingt-trois ans lorsqu'on faisait médecine. Elle adressa un léger sourire à sa voisine lorsqu'elle mit sa main dans son dos. Avait-elle l'air si désespérée en disant tout ça ? « Je sais, je sais, mais si on regarde le nombre de filles qui finissent leurs jours seules, c'est assez inquiétant ; qui dit que je serais pas l'une d'entre elle hein ? Je déconne, je suis pas si pessimiste que ça. C'est juste... » Elizabeth marqua un instant de répit. Elle n'était pas une fille facile, dans tous les sens du terme : elle comptait ses coups d'un soir sur une main, et encore, il restait des doigts ; elle était de ces filles qui explosent facilement, et peu d'hommes lui plaisaient vraiment. Puis surtout, elle s'arrêta dans sa phrase pour réfléchir, et pour trier dans sa tête les informations qu'elle pouvait dire et ceux qu'elle devait taire. Elle était une personne ouverte, sociable, généreuse, mais lorsque les choses abordées la concernait elle, elle, sa petite personne, sa vie personnelle, elle devenait une véritable coquille cadenassée dont le code changeait tous les soirs. Elle était incapable de mettre des mots sur ses sentiments, se contentant de les ressentir intensément. Elle vivait les choses avec passion, avec intensité, jusqu'à s'en brûler, mais elle était tout bonnement incapable de le dire ; pas de son propre gré, pas en étant sereine. Elle ne savait pas s'asseoir sur un canapé et dire « Je t'aime » comme ça, comme quelque chose de simple et fluide. Oh non, Elizabeth ne disait pas ça. Lorsqu'elle était vraiment touchée, elle se taisait. Vous savez, comme si le silence exprimait mieux ses émotions que n'importe quelle phrase niaise, que n'importe quel vers de poème à l'eau de rose, que n'importe quelle métaphore ridicule et insensée. Ou sinon, c'était juste la peur de voir que les choses se concrétisent. Les pensées étaient siennes, personne ne pénétrait dans son esprit, alors qu'une fois, une parole prononcée, il n'y avait pas de retour en arrière. C'était peut-être ça, qui l'empêche de s'exprimer. Elle était plutôt lâche Elizabeth. « C'est juste que je suis quelqu'un de difficile. Mais bon, oui, changeons de sujet, je suis nulle aussi. Je suis pas là depuis longtemps, six mois, un truc comme ça. Je sais pas si je vais rester ici longtemps, je veux dire, j'ai pas de famille ici, je sais même pas comment j'ai décidé de venir là. Je crois que j'ai pris une carte et que j'ai choisi au pif. J'habitais au Canada avant, près de Toronto. Je vais y retourner j'imagine, un jour, bientôt... Après ce que tu m'as, ta rencontre avec Enzo, tu vis ici depuis longtemps, non ? » Tout comme Riley, sa famille lui manquait aussi. Elle envisageait bien sur de retourner là bas, elle avait l'intention de vivre au Canada de toute façon, mais ça serait bien après, une fois que tout se sera arrangé. « Ah oui ? Pourquoi ? »
Sujet: Re: Il parait que le hasard fait bien les choses - Riley Ven 29 Avr - 3:29
Le hasard est une partie de ma vie.
Elizabeth & Riley ♥
Elizabeth était super attentive à ce que je lui disais. Qu'importe le sujet, elle m'écoutait. Que je lui parle de l'organisation de soirées, enfin surtout du repas que je préparais à l'avance, ou quand je lui avais parlé de la petite elle avait toujours été attentive. Peut-être qu'elle faisait de m'écouter, mon frère le faisait assez souvent et on avait plus l'impression de parler dans le vide qu'autre chose, mais bon. Je lâchais un petit soupir et bus une gorgée de mon verre d'eau. À chaque fois que je pensais à ma famille, une boule grossissait dans mon ventre et j'angoissais à l'idée d'une prochaine confrontation. Mes parents vivaient toujours dans la même maison qu'auparavant, ça n'avait pas changé. Ma chambre était toujours telle qu'elle était avant mon départ. Je l'avais vue depuis la fenêtre de la cabane, quand Enzo m'avait emmené au restaurant pour la première fois. Si ma soeur avait semblé heureuse de me voir, ce n'était pas le cas de Tom, mon frère. On avait toujours été proche et petite, je l'avais suivi dans toutes ses bêtises. Comment réagirait-il quand ils verraient qu'à même pas vingt-et-un ans, l'âge légal pour consommer de l'alcool, j'étais déjà maman d'une fillette de quatre ans ? On m'aurait proposée l'avortement ou l'adoption, mais je n'avais pas pus avorter et Kayla avait failli être abandonné. Au dernier moment, je m'étais ravisée et je l'avais gardé avec moi. Je ne pouvais pas faire ça à mon bébé et aujourd'hui je ne regrettais pas mes gestes et si c'était à refaire, je le referais sans hésiter. Je levais les yeux au ciel, un sourire en coin sur le visage.
Riley ♣ Mais arrête, tu vas trouver quelqu'un un jour, qui t'aimera énormément.
Je disais ça parce que j'avais Enzo dans ma vie, qu'on s'aimait, qu'il avait complètement adopté Kayla même si elle n'était pas sa fille biologique et qu'il était là. Tout les jours. Je souris et passais une main dans mes cheveux, terminant mon verre d'eau rapidement. J'écoutais la jeune femme continuer de me raconter sa vie. Apparemment elle venait d'assez loin et elle était venue là un peu par hasard. Un peu comme moi pour NY. J'avais pris une carte, posé mon doigt au hasard dessus et c'était tombé sur cette ville de la côté Est. J'avais accouché là-bas, j'avais élevé la petite et j'étais revenue à la maison, essentiellement pour elle. Je voulais que mes parents la connaissent, qu'ils sachent qu'elle existait et peut-être qu'un jour son père la verra et qu'il l'acceptera. Je fermais les yeux un bref instant et les rouvris pour les poser sur Eli.
Riley ♣ Tu as ta famille de là-haut, non ? C'est un peu plus compliqué que ça. Je suis née ici et j'y suis restée jusqu'à mes seize ans, l'année où je suis tombée enceinte. Par peur que mes parents apprennent que j'avais été engrossé et qu'ils me rejettent ainsi que mon frère et ma soeur, j'ai préféré partir en laissant un petit mot derrière moi. J'ai vécu quatre ans à New-York et je suis revenue il y a vraiment très peu de temps ici, pour que la petite connaisse son père et que ma famille sache son existence.
Ma plus grande angoisse était que ma famille me rejette moi et la petite. Ça, je ne pourrais pas l'accepter. Je ne pourrais pas les perdre définitivement. Même si j'étais partie quatre ans loin d'eux, je restais toujours leurs petites filles. J'espérais qu'Enzo m'accompagnera ce jour-là, même si ce n'est pas réellement ses histoires mais plus les miennes, j'aurais besoin de son soutins et de la savoir à côté de moi pour traverser tout ça. Parce que j'étais rongée par la peur, parce que je mourais d'angoisse vis-à-vis de leurs réactions, parce qu'ils me manquaient et que je ne sais pas s'ils ont changés ou s'ils sont toujours égaux à eux-mêmes. En quatre ans, les gens changent, évoluent ou régressent. Je l'avais vue au restaurant et Tom m'avait regardé si froidement que ça m'avait fait peur sur notre avenir au sein de ma propre famille à Kayla et moi. Papa penserait peut-être qu'Enzo serait le père de la petite, s'il vient bien évidemment, et je pense qu'il voudra le tuer avant même de tout savoir. Nom de dieu, j'étais devenue maman à seize ans ! Là où la plupart des filles commencent à sortir et à faire la fête, à s'intéresser plus sérieusement aux garçons, je restais chez moi, évitant les fêtes justement, les garçons -qui s'intéresseraient à une fille en cloque ?- et l'alcool pour que mon bébé se développe normalement. Je n'avais pas envie de mettre au monde un enfant qui aurait été malade par ma faute. J'étais jeune et je ne l'aurais pas supporté. J'aurais craqué et j'aurais probablement fait la plus grosse erreur de ma vie en abandonnant Kayla si je n'avais pas pus m'en occuper. Elle serait peut-être tombée chez des gens bien qui l'auraient aimés, lui auront offert un foyer stable, et pas une mère encore à la fac qui vivait de son job de serveuse et légèrement au crochet de son copain, mais elle aurait put connaître le pire des enfers, aussi. Possibilité non négligeable. Finalement j'avais eu raison de la garder avec moi.
Riley ♣ Je sais pas. Tu es un peu comme elle. Vous avez un peu la même vision des choses et elle se voyait pas devenir maman avant trente ans, avant d'être mariée. Elle croyait encore à son conte de fée de petite fille quand j'ai quitté la maison. Peut-être qu'elle a changé maintenant, je sais pas. Ça fait quatre ans que je l'ai pas revue.
Nous n'avions jamais été très proche toutes les deux, mais quand son corps avait commencé à changer, elle était venue me voir moi, me demander des conseils, parce qu'elle avait honte d'en parler avec maman. J'avais essayé de la raisonner mais rien à faire, elle était trop butée. Finalement, peu de temps après, je quittais le foyer familial pour NY. Un sourire mélancolique étira mes lèvres et une larme tomba de mon yeux, dévalant ma joue.
Sujet: Re: Il parait que le hasard fait bien les choses - Riley Jeu 5 Mai - 19:10
« Oui, oui, j'ai toute ma famille là-bas. Enfin, toute ma famille, voilà, on est six à tout casser, mes parents... et quelques cousins, quelques oncles, quelques tantes, on est pas bien nombreux. Je sais pas vraiment pourquoi je suis venue ici, enfin, généralement, on choisit plutôt New York, Los Angeles, Seattle, des trucs comme ça. »
Volontairement, enfin, après une légère hésitation, sa famille se limitait à ses parents, ses cousins et des oncles. Après tout, qu'est-ce que la jeune fille pouvait avoir à faire de savoir si elle était fille unique ou si elle était issue d'une douzaine de gosses ? Non, elle n'en avait rien à faire, absolument rien à faire, et si ça pouvait aider Elizabeth à se libérer l'esprit que de se considérer comme fille unique, alors elle dirait qu'elle était fille unique. Ça ne changeait rien. Elle était une de celles qui haïssait profondément le mensonge ; elle préférait de loin qu'on lui dise la vérité, aussi blessante soit-elle. Mais ça, ce n'était pas un mensonge ; ce n'était pas comme si elle lui avait clairement demandé si elle avait un frère ou une soeur ; non, Eli oubliait juste de l'évoquer.
« Donc, Enzo n'est pas le père de Kayla. Tes parents ont bien réagi en te revoyant venir avec une petite fille de quatre ans ? »
L'auberge se remplissait petit à petit, le calme du départ se brisait au fur et à mesure, Elizabeth devait hausser légèrement la voix, mais l'ambiance restait néanmoins très tranquille. Elle écoutait avec son habituelle attention Riley, qui lui expliquait brièvement pourquoi elle semblait lui rappeler sa petite soeur. Ça la fit sourire, sans véritablement raison. Enfin si, vous savez, c'est ce genre de comparaison qui vous arrache un léger sourire, parce que ça vous touche un point, vous sentez que c'est vous, mais en même temps, ce n'est pas si simple.
« Les contes de fées... Je crois que j'aurais été encore plus naïve si ma mère me lisait ça chaque soir. Elle n'a jamais vraiment aimé ces livres à l'eau de rose dont on ne peut tirer aucune morale, aucune leçon, et qui ne sont absolument pas vrais, et du coup, le soir, elle me fredonnait une chanson à la place. C'est pas plus mal je trouve... Je ferais ça avec mes enfants. »
Sa mère n'était pas une grande chanteuse, mais elle chantait suffisamment bien pour qu'on puisse l'écouter sans avoir envie de se jeter par la fenêtre. Elle lui chantait souvent Hey Jude des Beatles. ou Dust in the wind de Kansas, vous savez, ces vieilles chansons qu'on n'oublie pas. Et aujourd'hui, lorsqu'elle avait envie de retomber en enfance, de se remémorer que les choses étaient si fragiles, si simples et si belles, et que désormais elles ne sont plus ; que tout s'effondre à la moindre erreur et que réussir à dessiner un canard ne nous procure plus autant de fierté ni de joie, qu'on semblait être dans une drame romantique, où le ton était ironique, que les sentiments et les amours inavouées sont véritablement problématiques et dont la fin est fatale. Prenons dix filles, sur ces dix filles-là, combien ne sont-elles pas préoccupées par leur copain trop distant, trop infidèle, ou désespérément seule ou brisée d'une relation passée ? Tout cela était ridicule.
Sujet: Re: Il parait que le hasard fait bien les choses - Riley Sam 14 Mai - 22:23
Le hasard est une partie de ma vie.
Elizabeth & Riley ♥
Je hochais la tête à ce qu'elle me dit. Nos familles nous manquaient à toutes les deux. Pourquoi est-ce qu'elle était venue ici, je n'en savais rien. Peut-être qu'au fond d'elle-même, elle cherchait un endroit calme où elle pourrait faire sa vie tranquille, sans que personne ne vienne la faire chier. J'avais connu New-York et je préférais mille fois plus la vie tranquille de cette ville à la mégalopole. C'était en partie pour ça que j'étais revenu ici. Pour ça et pour Kayla, qu'elle puisse au moins connaître une petite partie de sa famille. Au moins qu'elle sache qu'elle avait des grands-parents, un oncle et une tante. Je ne sais pas s'ils l'accepteront un jour, au fond de moi j'espérais que si. Mais si l'un deux disait que la petite était une erreur, je pense que je craquerais. Certes Kayla n'avait pas été demandé ou je n'avais pas couché avec son père pour l'avoir et quand j'avais vu que ce foutu test de grossesse était positif j'avais paniqué et j'étais partie, mais je le referais cent fois, sans jamais hésiter une seule seconde.
Riley Ils ne le savent pas encore. En fait, je suis revenue il y a quelques mois et j'ai peur d'aller les voir pour le moment. Je sais que mon frère m'en veut énormément d'être parti sans rien lui avoir dit, parce qu'on était vachement proche tous les deux, et il a jamais eu de bonnes relations avec les autres. On est un peu à part et je sais pas comment il va réagir. Mais qu'il va être assez violent dans ses mots. Mes parents seront peut-être heureux de me voir et ma soeur aussi, sûrement.
Je haussais négligemment. Je ne savais pas trop quand aller les voir pour leur parler de tout ça. Demain, peut-être. Dans trois jours ? Dans un mois ? Dans un an ? Je n'en savais rien. En fait, j'essayais de repousser l'échéance le plus loin possible, parce que je n'étais qu'une lâche. Plutôt que de prendre le taureau par les cornes et aller les affronter en face à face, j'attendais patiemment qu'il se produise quelque chose pour les revoir par hasard. Ça c'était déjà produit une fois, mais j'avais eu tellement peur que j'étais partie en courant du restaurant, sans me retourner, fuyant carrément ma soeur, mon frère et mes parents. Je soupirais et dis à la brune à côté de moi qu'elle me faisait penser à Lula, un peu à cause de sa vision des choses. L'endroit où nous étions commençait peu à peu à se remplir et je dû légèrement élever la voix pour lui répondre.
Riley Beaucoup trop …
Un léger sourire flotta sur mes lèvres, alors que les souvenirs revenaient. Bien sûr, ils vivaient toujours ici, mais je ne savais pas comment ils allaient. Peut-être que papa et maman ont totalement changé après mon départ. Peut-être que Lula n'est plus cette petite fille que j'avais laissé qui commençait à peine à entrer dans l'adolescence. Je ne savais rien d'eux. La seule chose dont j'étais certaine était que Thomas me détestait à présent. Or, je n'avais jamais voulu le laisser tomber, mais les parents m'auraient probablement obligés d'avorter ou de la faire adopter et je ne voulais pas; Kayla était ma fille et même si je ne l'avais jamais désiré, je l'aimais. Même si son père était un connard fini, je le remerciais parce que, grâce à lui, j'avais eu le plus beau cadeau au monde. Je finis mon verre d'eau quand mon téléphone sonna. Intriguée, je fronçais les sourcils et commençais à fouiller à l'intérieur de mon sac. Je trouvais ce que je cherchais et ma gorge se noua quand je vis le nom d'Enzo sur l'écran. Soit il voulait savoir où j'étais, soit il y avait un problème avec la petite. Je priais pour que se soit la première solution et d'une vois tremblante, je décrochais. Il m'expliqua la situation rapidement. J'arrivais à entendre Kayla qui pleurait derrière lui et apparemment il n'arrivait pas à la calmer. Je passais une main dans mes cheveux, en soufflant. Je lui promis d'arriver le plus vite possible et je raccrochais aussitôt. Je fourrais mon téléphone dans mon sac et me tournais vers la jeune femme à mes côtés, lui lançant un regard d'excuse.
Riley Je suis désolée, mais je vais devoir te laisser. La petite n'arrête pas de pleurer et Enzo n'arrive pas à la calmer. Il a tout essayé, mais rien à faire. Bref, tu as mon numéro et l'adresse, passes dans la semaine et on verra ensemble, ça te va ?
Je lui lançais un petit sourire et ramassais mes affaires, laissant un peu d'argent pour payer mon café. Je souris un peu plus à Élisabeth et lui fit la bise avant de sortir du café. Je pris le chemin de la maison, tranquillement. J'aurais aimé continuer à discuter un peu plus longtemps avec elle, mais Kayla avait l'air d'être particulièrement chiante aujourd'hui. Je haussais les épaules dans le vide. Après tout, elle avait bien le droit d'avoir ses humeurs elle aussi. Je soupirais et me pressais un peu plus, en sentant mon téléphone vibrer dans la poche arrière de mon jean.