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| Sujet: ADRIEN&TONIA ♦ tequila on the rocks Dim 26 Juin - 19:44 | |
| tequila on the rocks Une de mes éternelles clopes au bec, je sortis par la porte arrière du Pete’s, où je travaillais depuis maintenant 2 semaines. L’endroit était toujours aussi sale, toujours aussi dégoûtant et rassemblait toujours les mêmes pervers. Pete, le patron, semblait aux anges depuis que j’étais là : ses éternels piliers de comptoir restaient plus tard pour regarder « la petite » ou attendre la fin de son service pour lui proposer de la ramener chez elle. Ah, je crois que s’il en avait eu les moyens, Pete aurait triplé ma paie juste parce que je triplais son chiffre d’affaires. Je ne comptais plus les mains aux fesses et les propositions indécentes par des gars à l’âge encore plus indécent. J’avais arrêté de me soucier de tout cela. Au début, c’est sûr, ça m’avait rappelé des mauvais souvenirs. « Fais ce qu’il voudra et t’auras tous les shootings que tu voudras, ma belle. » La voix de mon agent résonnait encore dans ma tête alors qu’il me traînait à la soirée où le big boss d’IMG se trouvait. En gros, fais la pute et tu resteras au top. Sur le coup, j’avais dit non, j’avais claqué la porte au mannequinat et à la débauche du milieu. Si coucher avec un mec ne m’avait jamais dérangée (au contraire), vendre mon corps était une chose qui me dégoûtait. Aujourd’hui, maintenant que j’étais rentrée au bercail et que je m’ennuyais ferme, je me disais que j’avais fait une belle connerie en refusant. Sauf qu’il n’y aurait plus de retour en arrière.
« Hey ma jolie, je te ramène ? Tu vas pas rentrer à pied toute seule à cette heure-ci… Allez viens, je t’emmène. » Encore un. Je le regardai de haut en bas et, sans le vouloir, je sentis ma lèvres supérieure esquisser une grimace de dégoût. Parfois je disais oui à des clients. Soit parce qu’ils étaient mignons, soit parce que je n’avais pas envie de rentrer chez moi à pied à 3 heures du matin. Parfois ils n’essayaient pas de me sauter, parfois si. Dans ces cas-là, je ne faisais rien. Je les laissais faire et j’attendais que ça passe. En secret, j’espérais qu’ils arriveraient à me donner un peu de plaisir, juste un peu. Juste assez pour sentir que j’étais encore vivante. Mais souvent, je sortais de leur voiture en réajustant ma jupe et je me disais que c’était une perte de temps. Celui-là, je ne comptais pas lui dire oui. C’est là que la voix de Pete retentit. « Laisse la petite tranquille, Kevin. T’as trop bu. » Je souris à Pete pour le remercier. Il n’avait pas besoin de plus. Au fond, il m’aimait bien et même s’il me protégeait pour continuer à avoir de la clientèle, je savais qu’il le faisait aussi parce qu’il avait pitié de moi. Il avait bien compris que j’étais carrément paumée et que je n’avais pas besoin qu’un quarantenaire alcoolique essaie de me sauter. Je pris le chemin du retour. Le plus long, parce que je n’avais pas envie de rentrer chez moi, dans cette petite maison parfaite de petite famille parfaite. Mes parents étaient juste deux imbéciles qui m’avaient trop couvée quand j’étais gosse. Et je savais très bien que le fait que je les envoie chier quand j’avais commencé le mannequinat leur restait en travers de la gorge. Aujourd’hui, ils ne savaient plus trop bien comment me regarder, comment s’adresser à moi. Mais avec le temps, ils reprenaient leurs vieilles habitudes et me surprotégeaient. « Tu ne devrais pas travailler là, c’est très mal fréquenté ». « Tu sais, tu peux reprendre tes études, on n’a pas dépensé l’argent qu’on avait mis de côté pour toi ». Et blablabla. La plupart du temps, je les laissais parler. Mais parfois je me mettais à hurler. Ils avaient peur que je me barre à nouveau, alors ils ne disaient rien.
J’avais à peine fait trois cents mètres que je passais devant le Muffy’s, le nouveau bar à la mode à Arrowsic. Des basses vibraient à travers les fenêtres et l’ambiance avait l’air plutôt bonne. Je décidai de finir ma clope et d’aller y faire un tour. J’avais une tête de déterrée et je portais encore la mini-jupe réglementaire chez Pete. Je ne renvoyais pas la meilleure image de moi, mais après tout, depuis que ma carrière de mannequin s’était écrasée comme l’avion de Lost, je ne ressemblais plus à rien. Appuyée contre le mur à côté de la porte, je tirais coup après coup sur ma cigarette en regardant les gens entrer et sortir. Un couple de jeunes passa et le mec me reluqua sans trop de discrétion. La fille me lança un regard noir et me traita de pétasse. Elle était bourrée, ou droguée. Je l’ignorai. Ca ne lui plut pas vraiment. « Arrête de draguer mon mec, pétasse, sinon… » Je ne la laissai pas finir. « Sinon quoi ? Ton mec, si je l’avais voulu, il serait déjà dans mon lit. Heureusement pour toi, les petits blonds c’est pas mon genre. » Elle me toisa et s’en alla en traînant son mec derrière elle comme un petit caniche. Les gens de cette ville seraient décidément toujours des énigmes pour moi. |
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