Sujet: map of the problematique ■ ella&nohl Mer 21 Sep - 0:04
Map of the problematique.
« Ça sert à rien, j'y comprends rien ! » Refermant avec mauvaise humeur son ouvrage d'Harper Lee, qu'il essayait vainement de commenter pour son cours de littérature depuis une demi heure sans aucun autre résultat qu'une foule de ratures et de gribouillis sur sa feuille, Nohlan se leva de table et fit quelques pas jusqu'à la fenêtre. Ses mains croisées derrière sa nuque, il soupira longuement avant de se tourner vers Ella avec un sourire d'excuse. « Désolé, je sais que j'abuse. C'est pas parce que je n'arrive pas à me concentrer que je dois te déconcentrer en plein boulot... Je vais me servir un verre d'eau, t'en veux ? » Une nouvelle grimace penaude plus tard, il filait vers l'évier et se servait dans les placards comme s'il avait été chez lui. Il faut dire qu'avec Ella, ils se connaissaient et se côtoyaient depuis tellement longtemps que dans sa maison, il aurait pu s'y retrouver les yeux fermés ! Alors c'était normal que sa cuisine n'aie aucun secret pour lui, vu le nombre de soirées qu'ils avaient passé à étudier ensemble, sur cette même table, depuis tant d'années... C'était d'ailleurs une des rares choses dans sa vie qu'il considérait comme immuable, leur amitié. Car elle était celle qui 'avait toujours été là'. Celle qui savait tout de lui, qui savait le calmer quand il déraillait, lui faire entendre raison quand il s'entêtait, le conseiller avec brio, le faire rire quand il aurait dû pleurer. Ella, c'était un peu la sœur qu'il aurait rêvé d'avoir, ou plutôt, celle qu'il s'était choisie quand la sienne s'était fait la malle. Et ce choix, il ne le regrettait absolument pas. Il savait qu'elle, elle ne s'en irait jamais et ne pourrait jamais le laisser tomber. Tout comme il serait toujours derrière elle, prêt à tout lâcher pour lui venir en aide, et même à l'aider à jeter un cadavre à la mer s'il le fallait. Car cette fille là, elle valait tout l'or du monde. Revenant s'asseoir à côté d'elle avec son eau, il se massa vaguement le menton, jouant à faire passer son stylo entre ses doigts de l'autre main, To kill a Mockingbird finalement réouvert. Mais malgré ses efforts, les mots continuaient de se coller entre eux, les phrases de se mélanger, et il savait pertinemment qu'il ne ressortirait rien de ce texte dans cet état d'esprit maussade. Refermant à nouveau le livre, plus calmement, se servant de son stylo noir comme marque page, il recula sa chaise et croisa ses bras sur sa poitrine. Sur son visage trônait l'air de celui qui sait que tant qu'il n'aura pas mis des mots sur sa frustration, il lui sera impossible de penser correctement, mais qui est trop fier pour avouer qu'il a besoin de parler, et trop prévenant pour risquer de déranger son amie en pleine séance de travail. Pourtant, après plusieurs minutes d'hésitation où il avait contemplé avec beaucoup de soin les dalles du carrelage, il finit par lever ses yeux bleus vers elle. Et dans un souffle, comme s'il lui était impossible de le dire autrement au risque de s'en écorcher la bouche, les deux mots qui rongeaient ses neurones depuis deux jours sortirent, comme crachés. « Evalee revient. » Puis, prenant à peine le temps d'avaler sa salive, il haussa soudainement le ton, énervé par le fait même que son retour l'énerve. Cercle drôlement vicieux. « Ou peut être même qu'elle est déjà revenue, j'en sais rien... Comment je pourrais être serein, hein ? » Un soupir agacé fendit l'air alors que son regard plein de rancune la fuyait. Il s'était promis de ne pas en faire un drame, de s'en foutre, d'arrêter de ressasser, et ne pas y arriver le rendait dingue...
DOUBLE-COMPTE : Carlie. MESSAGES : 8680 ARRIVÉE : 07/09/2011 LOCALISATION : Dans le pays où on ne grandit jamais.
Sujet: Re: map of the problematique ■ ella&nohl Mer 21 Sep - 14:42
Le dialogue est-il le chemin de la vérité ? C'était la dissertation de philosophie. Celle sur laquelle j'étais en train de travailler. Un sujet bien vaste. Mais, intéressant. « Ça sert à rien, j'y comprends rien ! » Je relevais les yeux vers Nolhan. J'avais bien remarqué. Ça faisait une demi-heure au moins qu'il barrait tout ce qu'il notait. Ayant refermé son ouvrage, il se dirigea vers la fenêtre. Je le sentais anxieux. Tendu. Je savais que ce n'était pas la littérature qui lui faisait cet effet. Je le connaissais trop bien pour qu'on me fasse croire ça. Les mains derrière sa nuque, il souffla. « Désolé, je sais que j'abuse. C'est pas parce que je n'arrive pas à me concentrer que je dois te déconcentrer en plein boulot... Je vais me servir un verre d'eau, t'en veux ? » Il avait un sourire d'excuse sur le visage. Je souriais aussi. Chaleureusement. Il pouvait bien me déconcentrer. Ce n'était pas un problème. Pas quand il s'agissait de lui. « C'est rien t'en fais pas. Je veux bien, s'il te plaît. » Je lui souriais à nouveau. Je n'aimais pas le voir comme ça. Nolhan, c'est un peu mon petit frère. On se fréquente depuis si longtemps. Nous avons passé des heures l'un chez l'autre à travailler d'arrache pied. Nous nous sommes toujours serrés les coudes. Il a toujours été là pour moi. Et inversement. Il est capable de m'écouter parler pendant des heures. Il me soutient sans broncher. Il est là depuis le début et il reste. Ce garçon, c'est celui qui peut m'appeler à toute heure. Du jour et de la nuit. Je serais toujours là. Alors, oui, ce n'est pas parce que ma chevelure blonde cache mes yeux que je ne vois pas qu'il va mal aujourd'hui. Je le sens. J'attends simplement qu'il m'en parle. Ou le moment propice. Je bus un peu d'eau tout en le remerciant avec un sourire.
J’avais toujours le nez dans ma philosophie. Pourtant, je voyais son petit manège. Livre ouvert. Livre fermé. Chaise reculée. Regard ailleurs. Il était tracassé. Je savais qu’il voulait parler. C’est pour ça que je n’étais absolument plus concentrée. Trop curieuse pour me poser les questions existentielles de ce sujet philosophique. Trop inquiète, qu’il ait des problèmes. Trop attentive à ses gestes pour écrire. « Evalee revient. » Il avait craché ces mots. Comme si sa langue était en feu. Il avait craché ces mots. Avec la violence d’un coup dans l’abdomen. Je le regardais interloquée. C’était bien la dernière nouvelle à laquelle je m’attendais. Tout comme lui, certainement. « Ou peut être même qu'elle est déjà revenue, j'en sais rien... Comment je pourrais être serein, hein ? » Il ne pouvait pas. Je n’aurais pas pu non plus. Evalee, c’était sa grande sœur. Celle qui lui avait appris le sentiment d’abandon. La boxe ou son frère. Elle avait choisi. Elle avait laissé au brunet un goût amer dans la bouche. Je m’étais toujours dit que si Nolhan avait grandi si vite c’était en partie dû à ça. Ashton avait quitté la maison mais, moi je savais qu’il reviendrait. Lui, il avait dû grandir sans. Tenter de faire une croix sur celle qui était son héroïne. En même temps, j’essayais de la comprendre. Qu’aurais-je fait à sa place ? Natation synchronisée ou mon frère ? Aurais-je pu faire le même choix qu’elle ? Je n’en savais rien. Et elle avait probablement ses raisons. Mais, ça ne changeait rien à ce que ressentait Nolhan. Il avait trop souffert dans cette histoire. Et ce n’était pas fini. Je n'aime pas le voir si mal. Je sais déjà que je serais là. S'il a besoin. Je me lève de ma chaise. Je m’approche doucement de lui. Je me mets derrière lui. Avant de l’encercler avec mes bras. Je sais qu’il me voit venir. Avec mes questions. Mes sourires. Ma douceur. Tous mes petits trucs qu’il connaît par cœur. Pour aborder les sujets qui fâchent. « Tu vas la revoir ? » Je suppose que sa première réponse sera non. Pourquoi je pose cette question si je connais la réponse ? Pour l’emmener à réfléchir. Peut-être que sa sœur à des choses à lui dire. Des choses qui pourront l’aider. Il faudrait qu’il laisse une infime chance à sa sœur. Il l’aime. C’est évident. Il ne pourra jamais cessé de l’aimer.
Sujet: Re: map of the problematique ■ ella&nohl Lun 26 Sep - 5:07
Il l'avait dit. C'était sorti de sa bouche comme un coup de feu, à demi accidentel. Il s'était efforcé de garder ça pour lui, de ne pas donner d'importance à cette information qui, il l'aurait dit avec conviction, n'avait aucune importance pour lui, car si celle qui avait été sa sœur un jour avait eu de l'importance aujourd'hui elle n'en avait plus, mais c'était sorti. Il avait fallu que ça sorte. Contre sa volonté même. Il avait fallu qu'il lui dise qu'elle revenait. Qu'elle était la cause de ses tourments. Qu'il montre qu'il ne s'en fichait pas et se rende compte par la même occasion que même s'il avait prétendu longtemps le contraire, c'était vrai. Il n'arrivait pas à en avoir complètement rien à faire. Pourtant, son indifférence était bien tout ce qu'elle aurait mérité de sa part ! Mais non. Il fallait qu'il souffre. Ou plutôt, qu'elle continue de le faire souffrir en réapparaissant dans cette ville, qu'elle avait quitté en même temps que lui. Mais pour combien de temps, hein ? Elle était partie une fois, pourquoi pas deux ? Et puis pourquoi diable revenait-elle ? Car ce n'était certainement pas pour lui. N'est-ce pas ? Et si elle cherchait à le voir... « Tu vas la revoir ? » Lui demanda Ella, en écho avec ses pensées. « Non ! » S'empressa-t-il de répondre, avec force et rancœur, l'agressant presque de son négativisme avant de se forcer à baisser d'un ton et à se radoucir. « Bien sûr que non. » Reprit-il, alors qu'au fond de lui, l'évidence était plus vacillante. Il savait qu'elle viendrait forcément voir leur mère, et que leurs chemins se croiseraient inévitablement à un moment où un autre, mais en tous cas, ce ne serait pas lui qui irait la chercher. Comme si elle méritait ce geste de sa part ! Elle ne méritait déjà même plus que son cœur batte aussi fort à l'idée de la revoir. « De toute façon, elle n'est certainement pas revenue pour moi... » Ajouta-t-il avec une moue rancunière, essayant de feindre, encore, celui qui s'en fout royalement alors que c'est aussi évident qu'une baleine sous un caillou qu'il en est attristé. « Et puis, j'ai déjà passé la moitié de ma vie sans elle, alors ça peut très bien continuer comme ça. » Lui, aussi peu convaincu que convaincant ? Sans rire. C'était flagrant qu'il était tiraillé intérieurement. Qu'il se débattait contre son amour persistant pour elle, qu'il avait enterré si profondément et depuis si longtemps qu'il ne savait plus comment l'aimer, tout simplement. Il ne put s'empêcher de penser qu'en la laissant revenir, peut être que comme un engrenage, elle reprendrait naturellement sa place dans son cœur, et les sentiments reprendraient naturellement leur place. Mais et s'il se remettait à l'aimer comme avant et que soudain, elle décidait de repartir ? Comment ferait-il pour encaisser une deuxième fois son abandon, hein ? Comment ? Non, il ne pouvait pas subir ça. Vivre ce calvaire une fois était suffisant. Deux serait nettement de trop. Relevant les yeux vers Ella, alors qu'il avait commencé à se ronger les ongles, il enleva ses doigts de sa bouche d'un geste agacé et soutint son regard. Il savait exactement ce qu'elle pensait. D'ailleurs, il comprenait totalement son point de vue. Mais accepter de la revoir, c'était trop dur ! C'était trop risqué ! Il avait déjà pleuré assez de larmes sur sa fuite pour se ré-exposer à cette douleur suffocante qu'avait été son absence. « Je sais que tu penses que j'ai tort. Mais imagine un peu que je la laisse revenir et qu'elle en vienne à repartir ? En huit ans je ne me suis jamais complètement remis de son départ ! Comment pourrais-je supporter ça encore une fois ? Je n'ai plus confiance en elle, je suis sûr qu'elle ne revient pas pour toujours ! Et moins que ça, c'est trop peu pour moi. » Ses mains allèrent se croiser derrière sa nuque alors qu'il se mordait la lèvre. Il avait l'air de celui qui sait qu'il ne prend pas la bonne décision mais n'en voit pas de meilleure. Celui qui se sait condamner à souffrir quoi qu'il fasse...
DOUBLE-COMPTE : Carlie. MESSAGES : 8680 ARRIVÉE : 07/09/2011 LOCALISATION : Dans le pays où on ne grandit jamais.
Sujet: Re: map of the problematique ■ ella&nohl Mar 27 Sep - 20:26
Comme si la scène avait été programmée Nohlan lâcha un « Non ! ». La rancoeur se faisait sentir. Ce petit mot était tellement agressif qu'il laissait entrevoir mille et un sentiments. Je ne bronchais pas. Je savais que sa colère n'était pas dirigée contre moi. Mon ami se força à se radoucir. Il n'était pas obligé. Je pouvais comprendre son énervement. Supporter ses humeurs. On ne peut pas être toujours au mieux de sa forme. « Bien sûr que non. » Je hochais la tête positivement. Oui, il n'avait pas accepté son retour. C'était une évidence. Mais, je me demandais s'il avait bien le choix. De la revoir. Arrowsic est petit. Il finirait forcément par croiser les prunelles d'Evalee. De son gré ou non. En tout cas, il ne semblait pas prêt à lui laisser une chance. « De toute façon, elle n'est certainement pas revenue pour moi... » Il avait ajouté ça en essayant de jouer celui qui s'en fout. Il pensait vraiment que je ne voyais pas sa tristesse ? Je le connaissais depuis le bac à sable. « Tu sais pourquoi elle revient au moins ? Et arrête de faire comme si ça n'avait pas d'importance Nohlan. Ça se voit comme le nez au milieu de la figure, que cette histoire te rend malade. » J'avais dit tout ça avec douceur tout en sachant que ça ne lui plairait pas forcément. Je voulais simplement qu'il ne fasse pas semblant. Qu'il ne se force pas. À cacher ses émotions. Ce n'était que moi. Il pouvait se permettre d'hurler, de pleurer, de se confier. Il n'avait pas à jouer avec ce qu'il ressentait. « Et puis, j'ai déjà passé la moitié de ma vie sans elle, alors ça peut très bien continuer comme ça. » S'il voulait me convaincre c'était raté. Ça crevait les yeux qu'il ne pouvait pas continuer comme ça. Pas maintenant qu'il savait qu'elle était de retour. C'était comme si tout ce qu'il avait dû taire jusqu'à présent devait sortir à présent. Un trop plein d'amour. Un trop plein de douleur. Une absence insupportable. Je comprenais ce que pouvait ressentir No. Du moins, j'essayais de comprendre même si je ne ressentais pas sa douleur. J'aurais aimé pouvoir la partager. Prendre un peu de sa peine pour que sa vie soit plus légère. Ça fait mal, de voir un ami souffrir autant sans pouvoir lui venir en aide. C'est dur de se sentir aussi impuissante.
Arrêtant de se ronger les ongles, il leva les yeux sur moi. Il affrontait mon regard. Je savais qu’il lisait en moi comme dans un livre ouvert. Un regard et il savait tout. Baisser les yeux ? Pourquoi faire ? Je ne voulais pas lui cacher ce que je pensais. De toute façon je n’y arriverais pas. Avec ou sans regard. Quand on connaît quelqu’un depuis si longtemps, il y a des choses comme ça qui ne s’expliquent pas. « Je sais que tu penses que j'ai tort. Mais imagine un peu que je la laisse revenir et qu'elle en vienne à repartir ? En huit ans je ne me suis jamais complètement remis de son départ ! Comment pourrais-je supporter ça encore une fois ? Je n'ai plus confiance en elle, je suis sûr qu'elle ne revient pas pour toujours ! Et moins que ça, c'est trop peu pour moi. »Les mains croisées derrière sa nuque, en mordant sa lèvre, il affichait une expression que je n'aimais pas beaucoup. J'avais l'impression qu'il souffrait préalablement de tout ça. L'infâme sensation qu'il était attiré vers le bas quoiqu'il fasse. J'avais envie de le prendre dans mes bras. De lui dire qu'il ne souffrirait pas. Mais, je ne pouvais pas. Parce que c'était un mensonge. Je baissais les yeux. Impuissante. Je comprenais parfaitement qu'il ait peur. J'aurais probablement réagi de la même manière. Comment pouvait-il être certain qu'elle ne recommence pas ? Comment pouvait-il lui pardonner toutes les larmes qu'il avait versées pour elle ? Comment s'en remettrait-il si elle repartait ? Je soufflais un grand coup. « Je ne pense pas que tu ais tort...enfin, pas vraiment. Mais, tu ne crois pas que tu seras obligé de lui parler tôt ou tard ? Et puis, elle a peut-être des choses à te révéler. Peut-être avait-elle d'autres raisons de partir ? Et tu veux vraiment savoir si elle va rester, non ? C'est elle qui a la réponse, c'est à elle que tu dois demander. Je suis sûre qu'il y a plein de choses que tu aimerais savoir. Ça ne veut pas dire que tu dois tout pardonner, que tu dois faire un pas vers elle ou même que tu dois lui refaire confiance mais, je pense qu'il faudrait que tu lui parles... et pourquoi pas qu'elle sache ce que tu as vécu, sans elle. » Après tout, Evalee savait certainement qu'elle avait fait souffrir son frère mais, savait-elle à quel point ? Si elle entendait les mots sortir de la bouche de Nohlan. Si elle voyait les expressions sur son visage. Si elle ressentait les sentiments de son frère, peut-être que ça aiderait ? Je n'en savais rien mais, pour moi, Nohlan devait la revoir.
Dernière édition par Ella B. Clarke le Dim 9 Oct - 20:44, édité 2 fois
Sujet: Re: map of the problematique ■ ella&nohl Sam 8 Oct - 20:16
Lèvre mordue, tête penchée sur le côté et regard essayant d'éviter celui sondeur de son amie de toujours pour qu'elle ne puisse pas y lire toute sa peine, Nohlan essayait, en vain, de rester calme. De jouer les durs, comme si le fait qu'il puisse souffrir lui paraissait ridicule. De cacher les plaies encore à vif laissées par Evalee, alors que le mot retour avait jeté une poignée de sel sur celles-ci qui suintaient plus que jamais. Comment aurait-il pu la laisser regarder ça ? Lui imposer ses tourments ? La dernière chose qu'il voulait était qu'Ella ait pitié de lui, qu'elle s'inquiète, qu'elle soit forcée de le consoler... C'était à lui d'avoir assez de force pour eux d'eux, pas l'inverse ! Cette vision est peut être légèrement machiste sur les bords mais oui, en tant qu'homme, il estimait devoir être le pilier. Ne jamais flancher. Pouvoir la soutenir en toutes circonstances. Et se rendre compte qu'il en était actuellement incapable et qu'elle essayait de le relever lui paraissait... Pathétique ! Il se trouvait complètement pathétique ! Et plus que tout, il détestait ce sentiment, même s'il avait en effet plus que jamais besoin d'elle à ce croisement de sa vie où il était plus que perdue. Surtout que comme boussole, elle était assez géniale. « Tu sais pourquoi elle revient au moins ? Et arrête de faire comme si ça n'avait pas d'importance Nohlan. Ça se voit comme le nez au milieu de la figure, que cette histoire te rend malade. » Sa canine se déplanta de sa lèvre pour laisser passer un soupir. Non, il n'en savait fichtrement rien ! En fait, il ne savait même pas s'il avait réellement envie de savoir. Il ne savait même plus rien. Il n'arrivait plus à penser de manière cohérente depuis que sa mère lui avait dit "Ella est de retour!", et qu'il avait répondu "La blague !", et que non, ça n'avait pas été qu'une simple blague... Ella avait raison. Tout ceci le perturbait bien plus qu'il ne voulait bien le montrer ou tout simplement l'affirmer. Et si Ella était réellement entrée dans sa tête, bien qu'elle se débrouillait déjà plus que bien pour deviner ce qui se tramait à l'intérieur, elle aurait pu voir à quel point ses pensées étaient désordonnées, s'entrechoquant contre les parois de son crâne à lui en donner la migraine, plus contradictoires les unes que les autres. Un mot revenait souvent : soeur. Mot qu'il avait pourtant essayé très fort de rayer de son vocabulaire. Mais Ella semblait mieux savoir que lui ce qu'il était sensé vouloir savoir. Et le pire était sûrement qu'elle était loin d'avoir tort. « Je ne pense pas que tu aies tort...enfin, pas vraiment. Mais, tu ne crois pas que tu seras obligé de lui parler tôt ou tard ? Et puis, elle a peut-être des choses à te révéler. Peut-être avait-elle d'autres raisons de partir ? Et tu veux vraiment savoir si elle va rester, non ? C'est elle qui a la réponse, c'est à elle que tu dois demander. Je suis sûre qu'il y a plein de choses que tu aimerais savoir. Ça ne veut pas dire que tu dois tout pardonner, que tu dois faire un pas vers elle ou même que tu dois lui refaire confiance mais, je pense qu'il faudrait que tu lui parles... et pourquoi pas qu'elle sache ce que tu as vécu, sans elle. » Il l'avait écouté avec une moue bancale, les sourcils à demi froncés, la bouche un peu tordue sur le côté, l'air à la fois pensif et atterré. Expression qui se transforma en un air purement blasé lorsqu'un autre soupir dépassa ses lèvres et qu'il souffla : « Tu crois pas qu'il est un peu tard pour ça ? » Il posait la question, mais au fond de lui, il en était déjà intimement persuadé. Evalee revenait sur le tard. Les choses auraient été bien plus faciles si elle n'avait pas autant tardé... Mais non. Huit ans les séparaient désormais, alors, les choses seraient compliquées, un point c'est tout. Car ces huit ans étaient la clé du problème. Huit ans de douleur accumulée. Et passer au travers de ce nœud de rancœur, d'espoirs déçus et de mauvaises décisions lui paraissait actuellement impossible, point de vue qu'il exposa avec un calme résigné. « J'ai refusé de la voir pendant huit ans avec pour prétexte que je ne voulais rien avoir à faire avec elle si elle ne refaisait pas pas complètement surface. Certes, maintenant, c'est le cas... Mais elle a mis huit ans à revenir ! Comment est-ce qu'on pardonne à quelqu'un huit ans d'absence ? Comment est-ce qu'on laisse revenir quelqu'un qui a choisi sa carrière plutôt que son frère ? » Il n'avait sincèrement pas la moindre idée. Il ne s'en sentait pas capable. S'ils se voyaient, il était sûr que rien de bon ne ressortirait de leur conversation, et que cela ne ferait que les éloigner davantage, car il avait trop de colère à son encontre pour pouvoir passer outre, et surtout, il ne se sentait pas l'âme de pardonner. Ou plutôt, il avait abandonné l'idée d'un jour avoir l'occasion de renouer avec elle depuis des années. « Je sais que je me contredis, et que ce serait être aussi sans cœur qu'elle l'a été de refuser de la voir et de lui parler, alors que je déteste ce genre d'égoïsme et que je lui en veux tellement de l'avoir été. Mais peut être qu'au fond, moi aussi, à force d'être en colère, mon cœur s'est changé en pierre... Je ne suis même pas heureux qu'elle soit revenue ! J'ai prié pour ça et maintenant que j'ai été exaucé, je crache dessus. Quelle genre de personne ferait ça ? » Machinalement, il recommença à se mordiller la lèvre. C'était idiot à dire, mais il s'était juré de ne jamais faire subir à quiconque ce qu'il avait vécu, de ne jamais abandonner quiconque, de toujours être présent pour ceux qui comptaient... Il n'aurait certes jamais imaginé appliquer cette règle d'or à Evalee, mais il fallait croire qu'elle avait encore assez de valeur à ses yeux pour qu'il culpabilise d'avance d'entorser sa plus ancienne et plus chère règle de bonne conduite.
Dernière édition par Nohlan A. Gallagher le Lun 31 Oct - 21:55, édité 1 fois
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Sujet: Re: map of the problematique ■ ella&nohl Lun 10 Oct - 21:15
Je n’avais aucune réponse à ses questions. Ça devait être le bordel dans sa tête. Je ne savais pas vraiment comment l’aider. Y avait-il une méthode particulière à adopter ? Je n’en étais pas certain. Je faisais au mieux. Je me disais que lui faire accepter ce fouillis de sentiment, ça serait une bonne chose. Il fallait qu’il accepte qu’Evalee ait encore une importance pour lui. Il fallait qu’il se trouve ce dont il avait vraiment besoin. Enfin, je crois. Une nouvelle fois, même si Nohlan était un ami d’enfance, je ne pouvais pas lui dicter sa conduite. Pas dans une telle situation. Mais, je le conseillais. « Tu crois pas qu'il est un peu tard pour ça ? » Son air blasé. La façon dont il avait soufflé ça. Tout me laissait entendre qu’il en était intimement persuadé. C’est vrai que l’absence d’Evalee était intolérablement longue. Mais, il n’était pas trop tard. Du moins, pas à mes yeux. Il serait trop tard si l’un des deux était au fond d’une tombe. Ce que je ne souhaitais absolument pas. Mais, pour un frère et une sœur il n’était jamais trop tard. Bien sûr, il y avait peu de chance pour qu’ils se retrouvent comme avant. Pour ne pas dire aucune. Mais, il n’était pas trop tard pour se parler. Pour se livrer. J’en avais la certitude. Je faisais donc un signe négatif de la tête. En passant ma main dans mes cheveux. Sourire désolé sur les lèvres. « C’est vrai que ça arrive sur le tard. Mais, je ne pense pas que ce soit trop tard. » Je laissais une main glisser sur son épaule. Je me sentais impuissante. Il était à un tournent improbable -et important- de sa vie. Il était perdu. Il ne savait plus comment réagir et j’avais peur de ne pas lui être d’une aide précieuse. Puis, mon ami m’expliqua avec un calme olympien, son point de vue. Je l’écoutais attentivement. « J'ai refusé de la voir pendant huit ans avec pour prétexte que je ne voulais rien avoir à faire avec elle si elle ne refaisait pas complètement surface. Certes, maintenant, c'est le cas... Mais elle a mis huit ans à revenir ! Comment est-ce qu'on pardonne à quelqu'un huit ans d'absence ? Comment est-ce qu'on laisse revenir quelqu'un qui a choisi sa carrière plutôt que son frère ? » Je comprenais ce qu'il voulait dire. C’est vrai qu’elle avait mis bien du temps. C’est vrai que c’était impardonnable. C’est vrai qu’il ne pouvait la laisser revenir comme ça. C’est vrai que Nohlan avait toutes les raisons du monde pour la haïr. Oui mais, elle était tout de même revenue. C’était sa sœur. Il serait forcé de la croiser. Et puis, je continuais à penser qu’il n’était pas obliger de pardonner. Mais, il devait au moins lui expliquer. Même si leur conversation virait au cauchemar, au moins, il aurait vidé son sac. Je ne dis pas qu’il se sentirait mieux. Je n’en savais rien. Mais, ça fera toujours un poids en moins. Enfin, je commençais à me perdre moi-même dans cette histoire. Je ne savais plus vraiment dans quel sens le conseiller. Même si quelque chose au fond de moi me disait qu’il était préférable qu’il affronte sa sœur. Oui, enfin, c’était certainement plus facile à dire qu’à faire. Je ne pouvais pas lui balancer ça comme ça. Il était suffisamment mal comme ça. Et puis, il devait certainement renoué avec l’idée de la revoir. De la croiser à nouveau. Il avait tenté de faire une croix dessus. Il avait certainement cru qu’il ne reverrait jamais les prunelles de sa sœur. Oui, je crois qu’il fallait déjà qu’il passe par l’acceptation. « Je sais que je me contredis, et que ce serait être aussi sans cœur qu'elle l'a été de refuser de la voir et de lui parler, alors que je déteste ce genre d'égoïsme et que je lui en veux tellement de l'avoir été. Mais peut être qu'au fond, moi aussi, à force d'être en colère, mon cœur s'est changé en pierre... Je ne suis même pas heureux qu'elle soit revenue ! J'ai prié pour ça et maintenant que j'ai été exaucé, je crache dessus. Quelle genre de personne ferait ça ? » Il se mordait la lèvre. Encore. Je le regardais droit dans les yeux. Comment mon Nohlan pouvait-il dire une telle chose ? Il avait un cœur énorme. Il était extraordinaire. Et puis, j’avais la certitude qu’il finirait pas lui parler. À sa sœur. « Et comment tu pourrais être heureux, hein ? Après ce que tu as vécu pendant huit ans, c’est normal. Tu réagis comme un être humain et personne ne peut t’en vouloir pour ça. Mais, ne me dis pas que t’as un cœur de pierre de Nohlan, il déborde d’amour. Même pour elle. Soit honnête, malgré la rancœur, malgré la peine qu’elle t’a fait, malgré les années, tu l’aimes toujours ta grande sœur. Je me trompe ? » Je savais pertinemment que j’avais raison. Ça crevait les yeux qu’il n’avait jamais cessé de l’aimer. Que le haine n’avait pas tuer son amour. Qu’il avait besoin d’elle. Ça crevait les yeux qu’il n’avait jamais réussi à faire une croix sur elle. Je déposais un baiser sur sa joue. « Tu finiras par lui reparler. Même si pour le moment ça te sembles improbable. » J’en étais certaine. C’était son comportement qui me le faisait dire. Il semblait culpabiliser. Il ne pouvait s’empêcher de se tenir à ses principes, à ses valeurs. Et puis, il en avait certainement besoin. De lui parler. Huit ans de silence… ça ne pouvait plus durer.