this is where we're meant to be
Je vais commencer l'histoire d'Axelle par ses 13 ans, car avant cela, il serait bien inutile de vous en faire part puisqu'elle a vécu une enfance comme les autres, une enfance banale et presque futile en compagnie d'une grande dame qui ne pouvait l'exprimer. La mère de cette timide enfant, qui fut ma soeur à une époque, n'a jamais entendu la voix de sa fille, puisque la nature ne lui permettait pas. Parler était tout aussi difficile et elle s'exprimait la plupart du temps que par des grognements. Si elle ne pouvait démontrer son amour en parole, on le voyait dans son regard, un regard touchant, pur et rempli de tendresse. C'était une grande femme remplie d'amour qui éleva du mieux qu'elle put sa seule et unique fille, avec toute la tendresse que son coeur meurtri possédait. La petite vécue une enfance paisible, ma soeur étant quelque de très ordonnée, structuré, mais surtout extrêmement paisible, ne supportait pas les débordements et les courses de la maison. Elle préférait de loin que sa petite fille joue en dessous d'un arbre plutôt que de courir les champs en compagnie de petits morveux répugnants. Une mère exemplaire, une bonne chrétienne, on pouvait tout lui envier et rien lui reprocher ça non, mais sa fille lui donna bien du fil à retordre. Au premier abords, elle paraissait timide et réservé alors qu'au fond, elle était une mauvaise fille remplie d'insolence et qui n'avait aucune reconnaissance pour la femme qui c'était donnée corps et âme pour lui donner tout ce dont elle avait besoin. Ah, une enfant bien difficile....Je plains ma pauvre soeur.[/i]

Si tante Martine vous a décrit maman, c'est parce qu'elle a peur de la description que j'en ferais moi-même. Je peux consentir à cette description même si elle me représente qu'un centième de la réalité, de ma réalité en compagnie d'une femme méchante et cruelle qui me faisait payer de ne pouvoir entendre et parler alors qu'elle était condamnée à vivre sous silence. Elle pouvait peut-être paraître pour une mère forte sous ses silences, mais elle n'avait rien de fort, rien de grand ni de noble et pourtant je l'aimais plus que tout au monde. À la mort de mon père, nous étions toutes seules et comme une enfant, elle s'appuya sur moi de toutes ses forces pour éviter de couler. Mais moi dans tout ça, je crois qu'elle s'en moquait bien me laissant couler lentement à sa place en m'isolant de tous. Lorsque je lui déplaisais, ses colères étaient terribles. Elle me secouait de avec force et même si elle ne parlait pas, sa colère me transperçait comme un coup de poignard. Quand elle était dans ''un bon jour'', elle me pinçait, me faisait des jambettes et m'interdisait de sortir avec d'autres enfants. Sa cruauté devenait sa seule source de distraction et elle adorait me faire payer des erreurs que ni elle ni moi,n'avions commises. Il est alors bien difficile d'expliquer pourquoi je l'aimais, mais c'était ainsi et même si elle est morte depuis plus d'un an, je l'aime toujours et je lui en veux pas, du moins la plupart du temps. Ce n'est que plus tard que je compris que ce qu'elle me faisait subir était mal, mais il était trop tard pour se venger.. Ceux qui croient qu'elle était une bonne mère sont dans un déni réconfortant et qui les empêchent de douter. Ma famille maternel voit ma mère comme une sainte et moi comme le démon et c'est eux qui depuis des années, ont fermés les yeux sur mon malheur. Je ne leur ai jamais rien dit, car ils ne m'auraient pas cru et encore aujourd'hui personne n'aurait gober cette histoire qui est pourtant mon histoire.

Vous comprendrez alors que mon enfance a été semée d'embûche et je dois dire que mon adolescence a été tout aussi complexe.

Comment se développer normalement entre une mère sourde-muette complètement folle et cruelle et une tonne d'adolescent hormonal quand on a encore rien vu et rien fait. Si j'avais seulement été moins timide, moins naïve, il ne m'aurait pas traité de folle, de prude et une tonne d'autres méchancetés qui me faisaient pleurer chaque soir en rentrant ce qui énervait ma chère maman qui devenait encore plus sournoise et méchante. Ce qu'il ne comprenait pas c'est qu'à chaque soir, je devais faire le souper, le ménage et prendre soin d'une femme qui ne m'aimait pas. Je n'avais pas le temps de sortir, flirter et de profiter de la vie, alors comment pouvait-il me traiter de gamine, quand j'avais pleuré, souffert, vécu mille fois plus qu'eux.
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-Eh Axelle tu viens jouer ? Je les regardais avec peur et anxiété. C'était la première fois qu'on me parlait dans cette école et même si j'étais là depuis 3 ans...Je n'osais pas lever les yeux et marmonna quelques mots à peine audibles:Non..non je dois rentrer, ma mère est toute seule à la maison et je..Il me regardait avec dégoût et haine, le même regard que ma mère posait sur moi. Il me trouvait différente, je détestais être différente, il savait que je n'étais pas comme eux alors que j'aurais donné mer et monde pour l'être. Si seulement ils avaient compris que je ne voulais pas être ainsi, mais qu'ils en avaient décidé autrement. On ne choisit jamais de rester seule au monde.. -Axelle t'es qu'une petite garce. Tu nous allumes puis tu t'en vas. Je ne savais même pas qu'elles étaient mes tords dans cette histoire. Je ne les avais même pas regardé en face alors comment osaient-ils me remettre le tout au visage. Je ne dis rien de plus incapable de prononcer un mot. Tout restait flou dans ma tête et les mots s'étranglaient dans un silence de tombe. -Tu as avalé ta langue ma mignonne où tu es devenues comme ta mère...Quoi que celle-là était bien bonne au lit... S'en était trop, les larmes coulaient sur mes joues même si je ne voulais pas leur montrer que leurs paroles me touchaient, qu'elle me réduisait en mille miettes je dois dire. Les horreurs sortant de leurs bouches me détruisaient petit à petit et je devenais de plus en plus et à chaque jour, une ombre fantomatique et de moins en moins un être humain. Je courus vers chez moi la peur au ventre, les larmes coulant comme des milliers de petites perles translucides.

Et ce fut la même chose à chaque jours, de chaque mois et de chaque années.

Si vous pensiez que ces messieurs étaient de vrais tyrans, attendez de voir mes pires ennemis:les autres filles.

Elles m'ont toujours détesté pour ma candeur, ma timidité, mes résultats scolaires, mais surtout pour ma différence. Ce genre de fille n'aime pas les autres petites filles qui ne sont ni blondes, ni délurés et encore moins extraverties. Ce manque de ressemblance à leur groupe les rapportent à leurs propres différences qui les font pleurer le soir alors qu'elles voudraient tant être totalement elle-même. Je me suis donc tenue loin d'elles les regardant et les enviant sans vouloir pourtant prendre leur place. Je ne pense pas pouvoir même affirmer avoir eu une vraie amie durant ma courte existence et parfois, j'aimerais bien avoir une personne sur qui compter.
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Le jour de sa mort, il pleuvait, une pluie monotone et triste tout comme son existence. J'aurais pu ne pas pleurer, j'aurais pu me réjouir de sa mort, mais peut-être parce qu'elle s'était enlevée elle-même la vie et cette mort brutale me touchait que des larmes sincères coulaient sur mes joues. Je savais qu'elle m'aimait, ça, j'en avais la conviction profonde. Seulement, elle m'aimait mal et n'avait jamais su comment me le prouver. Je crois que cette mort était sa manière de me libérer. Elle n'a pas laissé de lettre, elle en avait tout simplement assez et avait décidé d'en finir, voilà en quoi la logique de ma chère maman constituait. Les funérailles, la famille en pleure et moi, muette, incapable de parler à ces gens que je ne connais même pas. J'ai passé, encore une fois, pour la mauvaise fille, pour celle qui n'a de reconnaissance pour personne. Le comble de l'horreur fut qu'ils restèrent tous à la maison pour 7 jours et nuits comme de coutume dans la famille. Après cette semaine infernale, pour la première fois de ma vie, je me trouvais seule, indépendante et libre.

Je compris alors que je pouvais être tout ce que je voulais être. Je vendis la maison qui était remplie de mauvais souvenir, mais partir pour l'université me semblait trop vitre, trop loin alors que je voulais tout de même étudier. Je pris donc un appartement ici et m'inscrivis à l'université la plus proche pour y faire l'aller retour tous les jours. Pour la première fois de ma vie, je faisais les choix, c'est moi qui choisi d'étudier la littérature, ma passion depuis l'enfance et qui décida de rester. Moi et personne d'autre.

Voilà maintenant un an que je vis pour de vraie. Je dois dire que je suis toujours la même fille réservée, mais une audace et un grand sourire sont venus se rajouter à ma personnalité et je peux enfin dire que je suis heureuse. Tous les soirs, je m'arrête pour parler à ma mère, je lui raconte ma vie, mes angoisses et mes peurs et j'ai l'impression que c'est seulement de cette manière que nous sommes proches elle et moi..