nom : Thorton. Plus banal, on fait difficilement. En même temps, inutile de se leurrer : la famille Thorton est franchement banale, alors why not ? Ҩ prénom : romy alice. Il paraît qu'à la base, sa mère voulait en faire un prénom composé. Romy-Alice, mais très vite, l'Alice est tombé dans l'oubli et la jeune fille ne se fait guère appeler que Romy. Ҩ âge : 25 ans. Mais elle s'y fait pas vraiment, et se rajeunit souvent, histoire de. Ҩ origines Anglo-irlandaises. Ҩ statut civil : célibataire. C'est fou ce qu'un statut civil dit peu de choses. Si elle pouvait, Romy serait en couple avec la terre entière. Surtout sa moitié féminine. Ҩ occupation : elle s'occupe de construire des meubles, dans l'atelier familial qui ne fait que ça depuis des générations. Mais à côté, elle enseigne la boxe. Ҩ avatar : Jessica Stam Ҩ crédits : wereallalright | retrotrend.

Mail numéro 1. Ca va aller Romy, faut pas t'en faire. Les premiers jours, c'est très dur. Puis tu vas voir, la douleur va devenir plus petite. Tu ne penseras plus à elle chaque jour. Faut que tu te bouges Romy, faut que tu sortes. Rester ici à tourner en rond avec ton père qui fait qu'en parler, c'est pas bon ma belle. C'était ta mère, c'est sûr, mais vous étiez loin d'être fusionnelles, vous deux. Elle t'a jamais bien compris. Mais ça va aller. Tu vas voir, quand t'auras vingt ans, et plus quinze, tu penseras à elle avec un sourire, comme de bons souvenirs. C'est sûr ma jolie, ma grande soeur me le dit tout le temps, le temps passe et efface les douleurs, je te promets. En attendant, tourne pas en rond. T'arrives même plus à écouter ce que t'apprend ton père, t'arrives plus à suivre en cours et lui il ne sait plus combien de pieds a une chaise. Si tu partais Romy ? Si tu me rejoignais ? Le Maine, on s'en lasse à la fin. Viens me voir à Londres, tu verras c'est incroyable. Incroyable. Ca va te changer les idées, et puis ça me fera du bien à moi de te revoir, d'être là pour toi. Toutes ces fois où j'ai rien pu faire. T'inquiète ma belle, on fait ça. Tu viens, on se met la tête à l'envers et tu repars du bon pied. Logique.

Mail numéro 2. Romy, je... je suis désolée que ça se soit fini comme ça. Vraiment. J'ai pas su comment réagir, j'ai complètement déconné et je sais pas pourquoi j'ai invité Tim à la maison après. Ta position était suffisamment désagréable comme ça, j'imagine que ça a pas du arranger les choses. Écoute Romy, j'me trouve franchement conne quand je repense à ce que j'ai fait. J'aurais du t'écouter au lieu de te laisser t'en aller. T'es pas n'importe qui, je sais pas pourquoi j'ai flippé comme ça. Tu sais je suis pas... je suis pas homophobe ou quoi que ce soit hein. C'est juste que je pensais qu'on était sur la même longueur d'ondes, tu vois ? Tu savais que j'étais avec Tim, tout ça. Je pouvais pas deviner que toi... T'as toujours été une amie pour moi Romy, j'ai pas vu venir le changement. Ce soir-là, c'était pour déconner, avec toi et Giulia. Quand on resté toutes les deux et que tu m'as déballé tout ça, je m'y attendais pas. Même si c'est moi qui l'avais cherché, je suppose. Et après... j'sais pas pourquoi j'ai été si atroce avec toi, j'ai du avoir peur ou que sais-je. Tu vas peut-être plus vouloir me répondre, j'te connais. Mais je m'excuse Romy, t'es une fille super, j'étais censée te remonter le moral... et voilà. Je me sens mal. Désolée pour les horreurs que j'ai dites. C'est vrai que t'es naïve ma belle Romy, depuis toute petite, mais c'était pas une raison pour mes grossièretés. J'aimerais que tu m'écrives, ou que tu m'appelles, qu'on en parle au moins.

Mail numéro 3. Bordel Romy t'es bien assise dans ta chaise ? J'ai pleuré ! Oui, carrément. J'suis pas une grande sensible et tu sais qu'il en faut pour me faire verser une larme. Mais alors pleurer de bonheur ! C'est peut-être pas une première, mais quand même. Change pas, t'es merveilleuse ♥ C'est normal que tu m'aies fait la tête, je te dis, je m'attendais à ce que ça dure trois plombes. Je suis tellement contente de savoir que tout ça ne te pose plus souci et que tu me pardonnes, tu n'imagines même pas. Est-ce grâce à cette fille dont tu parle, Eli ? Je veux que tu me racontes. Reviens à Londres, on recommence à zéro. Bon je sais que c'est un peu un fantasme, moi je suis qu'une collégienne fauchée et toi une étudiante fauchée qui doit travailler avec son père. C'est pas demain qu'on ira à New York hein ? Tant pis. Heureusement qu'Internet est avec nous. Tu sais à propos de ce que tu dis, que je suis la plus mature de nous deux et bla bla bla. J'en suis pas sûre ma jolie. Je t'ai toujours imaginé comme une enfant, mais je pense que tu le seras toujours et c'est pas ça qui va t'empêcher d'être mature et intelligente. Tu verras. Bref. Tu es sûr de toi alors ? Tu vas juste continuer l'entreprise familiale ? Si je peux appeler ça une entreprise, sans être méchante. Tu abandonnes ton rêve de sportive de haut niveau ma belle ?

Mail numéro 4. Ca me tue ça. Ca va faire un an que je ma casse la tête pour recoller les pots cassés avec Tim et toi tu papillonnes. mouahaha. C'est même plus du papillonnage là ma jolie, c'est du butinage frénétique. Mais franchement, juste un truc : tu vas te casser les dents un jour ma belle. Je sais que t'as un optimisme à toute épreuve, et une naïveté dramatique. Je sais que tu crois en l'homme, et surtout en la femme. Je sais qu'il suffit de tailler un morceau de bois ou de frapper sur ton punching ball pour aller mieux, je te soupçonne même de le faire dès que tu penses à ta mère ou à tous tes butinages. Mais un jour ça te suffira plus et tu seras bien embêtée. C'est quoi cette idée de prendre encore plus de cours de boxe ? Quatre heures par semaine ça me paraît largement suffisant, tu veux pas avoir des épaules de nageur non plus ? Tu devrais surtout économiser pour qu'on parte à New York toutes les deux au lieu de tout claquer dans ces cours. Enfin bon, t'es grande hein. Mais tu me manques. T'auras beau me dire le contraire, je peux pas croire que les gens chez toi changent aussi vite que ça. Y a peut-être un touriste paumé tous les ans, mais globalement tu dois pas voir grand monde à part les bonnes vieilles têtes blondes de maternelle. Et celles-là, je les connais. Pas franchement décapantes. Tu mérites autre chose ma jolie, t'es faite pour les grandes villes. Enfin, la part de toi qui sourit souvent, qui fait des pas de danse dans la rue et qui veux rencontrer des gens. Parce que la part de toi qui aime passer une journée entière à trafiquer un meuble ou à te raconter des histoires, moins.

Réponse à un mail. Voilà, ça fait longtemps qu'on ne s'est pas vu maintenant, mais tant pis, je ne peux pas te l'annoncer en face en face : je vais rester ici, pour un temps du moins. Je sais que j'ai 23 ans, que je pourrais voler de mes propres ailes, tout ça. Mais toi, ma grande déracinée, tu te rends pas compte de tout le courage qu'il faudrait que j'ai. J'ai réfléchi, je reste. Un peu par désir, un peu par lâcheté. Il y a ces deux filles que j'ai rencontrées et qui veulent que je leur donne des cours de boxe. Je trouve ça génial. J'ai tout mon univers ici. Mais tu sais quoi ? Je vais venir à Londres te rendre visite, c'est d'accord ? Tu ne me parles même plus de Tim. Est-ce que c'est à cause de ma frasque d'adolescente, t'es gênée tout ça, ou bien il se passe quelque chose ? Raconte-moi vite tout, et que tu le fasses ou non, je débarque dans deux semaines. Et après, je t'emporte ailleurs. New York, peut-être pas. Mais si tu venais faire le tour de l'Europe avec moi ? Et après, après seulement, je reviendrais ici. Là où y a mes amis -qui tiennent certes sur les doigts d'une main-, ces filles si jolies, ces gens si intrigants, mon père toujours plus tête-en-l'air que moi, et toute ma vie. Allons voir si ils font vraiment des bons croissants à Paris, et puis je reviendrais chez moi. Ca te va ?

Le tour d'Europe s'est éternisé, mais voilà qu'il y a deux mois de cela, Romy est arrivée, sac à dos accroché derrière elle et sourire toujours rayonnant au visage. Elle a couru jusqu'à l'atelier de son père, et a passé la journée à l'aider. Bref, elle était revenue.