Danny était partis tôt le matin. En ce moment, il ne comprenait pas pourquoi mais les maisons semblaient toutes avoir besoin d’un plombier. C’était par période et il le savait très bien mais il ne serait pas contre quelques grasses matinées supplémentaires. Le lendemain, il était certain de l’avoir vu que c’était dimanche mais lundi l’enfer recommençait. Enfin bon, Danny aimait son travail et c’était ce qui importait. Prenant sa voiture, il alla chez le premier client de la liste que son patron lui avait fourni. Une histoire d’évier apparemment enfin bon, il verrait sur place. Et voilà comment sa journée avait commencée. Plutôt de bonne humeur d’ailleurs, il devait aller retrouver un ami au bar pour déjeuner à midi avant de repartir dans sa tournée. Ce qui était bien dans cette petite ville c’était que d’une manière ou d’une autre tout le monde se connaissait et Danny connaissait vraiment tout le monde vu qu’il avait au moins été une fois dans toutes les maisons de la ville réparer quelque chose. Tout le monde le connaissait vu qu’en plus il vivait ici depuis longtemps et que sa famille avait toujours été appréciée. Tous les habitants avaient essayé de le soutenir pour la mort de sa grand-mère mais ils avaient vite compris que ce n’était pas le moment. Et pourtant, sans le savoir ils avaient un pu aidé le jeune homme au fond. Mais trop fier, il ne l’avouerait jamais. Danny ne comptait pas quitter cette petite ville. S’il avait voulu le faire, il savait qu’il aurait dû le faire bien plus jeune mais maintenant, son avenir était ici en tant que plombier et croyez-le ou non, ce n’est pas si mal payé qu’on peut le penser. Tous ces gens avec leurs rêves de fous ! Danny avait toujours gardé les pieds sur terre pour la simple et bonne raison qu’on ne lui avait jamais permis d’avoir des illusions dans sa vie. Sa mère avait fait le travail. Enfin, une journée comme les autres sans trop de problèmes. On reste prendre le café chez l’un, on laisse traîner son regard sur l’adolescente chez l’autre, on drague l’étudiante venue passer le week-end en ville, juste l’ordre normal des choses. Ce qui énervait le plus Danny lors de ces longues journées c’était qu’il était tellement crevé lorsqu’il rentrait vers neuf heures après être passé au magasin qu’il n’avait même plus la force d’aller au bar ramener une fille dans son lit. Pour le plus grand plaisir de sa colocataire d’ailleurs mais après tout, il faisait ce qu’il voulait.

En rentrant ce soir-là, il ne la vit pas dans le salon. Danny ne s’en préoccupa pas le moins du monde et s’enferma dans sa chambre pour se reposer un peu. Il prit ensuite ses affaires et partit dans la salle de bain qui semblait vide vu qu’il n’y avait aucun bruit d’eau dans l’appartement. Il mangerait plus tard, pour l’instant, la douche en premier. Une fois complètement propre, il enfila son boxer et le bas de son pyjama avant de jeter sa serviette dans sa chambre et d’aller dans la cuisine. Il alluma la lumière et prépara son sandwich avant d’allumer celle du salon. Un grognement provint alors du canapé au milieu de la pièce et Danny fit alors attention à ce qui s’y trouvait. Sa colocataire était entourée d’une couverture et dormait à moitié sur le canapé. Le jeune homme regarda la télé éteinte et trouva cela vraiment louche. Il y avait quelqu’un dans sa chambre ou quoi ? Sybil était du genre à croire aux fantômes alors elle pouvait encore lui inventer une histoire pas possible. Il s’assit tranquillement dans le fauteuil n’éteignant pas la lumière et commença à manger son sandwich. Quand il vit que la jeune femme semblait avoir émergée et qu’elle se redressait sur le canapé, il lui dit : « Ben alors Sybil ! Ton lit n’est plus assez confortable ? Tu préfères le canapé ? C’est pas que ça me gêne mais si j’ai besoin de regarder la télé et toi de dormir ça va pas le faire. » Dit-il un petit sourire aux lèvres. Il était très content de la situation parce que c’était une manière de plus de l’enquiquiner. « Ou alors il y a une bête féroce dans ta chambre et tu as trop peur … » Il rit en prenant une bouchée de son sandwich.

Faire de la vie de Sybil un enfer était devenu le jeu le plus amusant que Danny ait trouvé depuis quelques temps. Il adorait la voir enrager mais il savait qu’au fond, ce n’était que pour la taquiner et puis, il devait avouer qu’elle le lui rendait plutôt bien. Leur colocation était tout sauf tranquille et il leur arrivait d’avoir la visite des voisins leur demandant de baisser d’un ton. Il y avait les disputes, puis les filles avec qui Danny couchait et là en général c’était le pire, elles filaient bien vite après avoir vu Sybil qui leur disait certainement des choses fort sympathiques. Enfin, ils s’y étaient certainement tous les deux habitués (en tout cas Danny oui) et c’était comme cela qu’ils fonctionnaient. En la voyant allongée sur le canapé à cette heure là dans le noir à essayer de dormir, franchement, Danny ne comprenait pas vraiment ce qu’il se passait. Elle qui adorait son espace et sa chambre dans laquelle elle essayait de cacher tout ce qu’elle faisait, elle ne pouvait pas dormir de son plein gré dans le salon. Ce à quoi elle n’avait pas pensé cependant était que Danny lui aussi occupait ce salon et qu’il adorait se mettre devant la télé quand il n’avait rien de mieux à faire le soir et justement, ce soir il n’avait rien à faire. Donc il l’avait réveillée et sans le faire exprès pour une fois. Seulement, elle semblait d’une mauvaise humeur peu descriptible ce qui pouvait aussi se comprendre. Danny détestait être réveillé surtout quand il se couchait à des heures pas possibles ce qui arrivait plus souvent qu’il ne le faudrait certainement. Enfin, il gérait sa vie comme il l’entendait maintenant qu’il était complètement seul, il n’y avait personne pour lui dire ce qu’il devait faire ou non. D’ailleurs, il ne comprenait pas pourquoi sa mère s’acharnait tant à lui envoyer des lettres et des photos tous les mois. Le jeune homme pensait avoir été assez clair quelques années plus tôt et franchement, il ne se voyait pas se remettre à parler à sa mère qui avait refais sa vie ailleurs. Il fallait bien couper le cordon maintenant et peu importait les demi-frères et demi-sœurs qu’il avait, ils ne pourraient pas débarquer dans sa vie vu qu’il n’en connaissait aucun. Mais bon, il ne faut jamais dire jamais, des mauvaises surprises de ce genre, il y en a beaucoup dans le monde et Danny n’avait jamais eu de chance alors ce genre de choses pouvaient lui tomber dessus. Cette personne serait une inconsciente cependant pour la simple et bonne raison qu’il était à peine capable de s’occuper de lui-même alors s’occuper des autres, c’était un peu trop lui demander. Comme prévu, Sybil réagit au quart de tour à ses propos. « Fais pas comme si t'avais pas reçu la lettre de copropriété concernant cette désinsectisation, ça fait genre deux semaines qu'elle a été envoyé... Ma chambre est condamnée pour une semaine, c'est pas nouveau et donc je dors ici. Et si tu veux regarder la télévision, tu as toujours ton ordinateur dans ta chambre. » La lettre de la copropriété ! Il l’avait complètement oubliée celle-là ! Depuis quand Sybil croyait qu’il accordait de l’importance à ce genre de choses ? Il avait dû la lire et voyant que cela ne le concernait pas, il avait dû la jeter et faire la même chose dans son esprit. Alors elle se retrouvait virée de sa chambre ? La situation était super comique quand même maintenant que Danny y pensait. Enfin, vu le cran d’énervement de Sybil, il valait mieux ne pas insister là dessus cependant, il ne put s’empêcher de dire : « Tu sais très bien que je n’accorde pas d’importance aux lettres de la copropriété quand elles ne me concernent pas c’est à dire à peu près tout le temps. » Lui dit-il avec un petit sourire avant de manger un morceau de son sandwich. Oui, il avait faim après cette soirée de travail et il était grand temps de manger.

Il n’avait pas pu s’empêcher de la taquiner un peu et vu le regard noir qu’elle lançait, elle ne semblait pas partager la plaisanterie. Elle lui jeta un regard éclair avant de dire : « Oh ça va là, me fais pas chier, laisse moi dormir, c'est déjà assez chiant comme situation comme ça, j'ai pas besoin que t'en rajoute plus... » Danny se promit de se rappeler de ne jamais les réveiller pour ne plus subir une colère pareille. Cependant, le jeune homme avait un cœur et au fond, un peu de gentillesse et une petite idée germa dans son esprit. Se tournant vers sa colocataire, il lui dit : « Ne me remercie pas trop vite, j’ai une idée de géni ! Tu n’as pas ton lit mais moi je l’ai alors pourquoi tu viendrais pas dormir avec moi ? Promis, je te mange pas. » Dit-il en riant. S’il se faisait crier dessus là, ce ne serait pas surprenant, Sybil était têtue mais bon, il espérait qu’elle ne ferait pas trop d’histoire, avoir les voisins qui viennent se plaindre c’est mauvais.