Sujet: A terrible tango to dance my dear (ezékiel) Mar 15 Nov - 5:29
Avant d'arriver ici, avant de me jeter dans la fosse au lion, portant ma croix avec résignation, je me suis promis une chose, de ne pas pleurer. Pleurer venait à dire que j'abandonnais et abandonner me faisait reculer, me laissant loin de mes rêves et me retrouvant alors seule avec moi-même et ma faiblesse. Mais malgré tout, les larmes virent à mes yeux aussi rapidement que les méchancetés et les bassesses commencèrent. Sang et larmes se mélangeaient dans un duo complexe et les feuilles volaient au rythme de mes mains agitées. Je ne pouvais parler, la classe devant moi devenait flou, les élèves de lointain mirage tortueux qui comme des ombres, pesaient sur mon esprit capitulant et plus les minutes passaient d'un son lourd et sec, plus je ne savais quoi dire et quoi faire. Rien aurait été une solution pratique, mais lâche et dans mon cas, mon agissement tenait déjà plutôt de la none action que de l'action même. Avez-vous déjà eu l'impression d'agoniser, morte sur place devant ceux qui n'attendent que votre décapitation et si c'est en directe, le sang et les pleurs ne sont que plus grisantes. Je les voyais bien à travers le rideau de mes larmes naissantes, qu'ils aimaient me voir souffrir, que leur unique plaisirs se constituait de mes pathétiques défaites. Que voulez-vous que je dise, je suis de nature une sorte de perdante aux yeux de ces gens. Ma réserve peut passer pour bien des choses pour ceux à qui l'éloquence est un acquis naturel, mais lorsqu'on vit dans le silence toute sa vie, en compagnie d'une mère qui pousse parfois de vague grognement silencieux, on ne peut maîtriser l'art du langage. Parler devant un si grand rassemblement de gens devenait aussi difficile à maîtriser qu'un avion en plein crash. Mon souffle se faisait rare et de légères gouttes de sueur perlaient sur le dos de mes mains qui se tordaient dans d'étranges acrobaties.
Il y a à peine 2 ans, le seul fait de poser mon pied sur les dalles du lycée McDonell me donnait le vertige et me liquéfiait. Maintenant, je suis une adulte, j'ai des rêves des ambitions, des espoirs totalement à l'opposés de ceux qui ont guidé mon adolescence. Je devrais être une autre personne, une femme mature et confiante, mais c'est dans ce genre de moment que je dois me faire à l'idée : je suis toujours pathétiquement la même. Coincée dans une carapace d'acier qui me bloque des autres, mais me protège en même temps. La décision vient alors entre devenir vulnérable, mais ne plus avoir ce pois ou rester protéger et continuer à porter le fardeau terrible. Vous comprendrez que devant un tel attroupement hormonal, je gardais obstinément la carapace sur mon dos, tentant de me fondre en elle, pour n'être alors plus qu'une toute petite roche intouchable. À leur âge, j'étais derrière la classe, priant pour ne pas être vue. Tout faire pour ne pas être remarquée. À un certain moment, la perspective de ne plus aller à l'école était venue à moi comme la seule solution possible, mais lorsque j'essayai de le faire comprendre à ma mère, j'eus le droit à un silence totale suivi d'une gifle. Le sujet ne fut plus jamais abordé et jusqu'à sa mort je lui fis entrevoir le rêve d'avoir une fille médecin alors que la seule vue du sang me transformait en fantôme translucide. À 17 ans n'allez pas croire que j'étais si hors norme et comme toutes les filles et les garçons de mon âge, je restais une adolescente avec tout ce qu'implique ce statut. Seulement, j'ai compris à un moment précis que tous mes idéaux ne me serviraient pas, que même si je pensais connaître le monde s'en était plutôt le contraire et que celui-ci avait beaucoup à m'apprendre et non l'inverse. Si maintenant je me retrouvais là, c'était grâce à un cheminement personnel incroyable. N'étant même pas capable de donner ma présence au professeur il y a quelques mois, je russisais maintenant à poser des questions et à faire des exposés devant mes compagnons. J'étais, du moins je le croyais, un être plus confiant, à la limite, ma gêne était de moins en moins un obstacle, mais c'est lorsque tout va bien qu'on nous ramène à l'ordre..
Et maintenant, si a un moment ou à un autre je m'étais sentie prête en rentrant dans cette classe, j'avais maintenant fait un bon en arrière considérable et je n'étais plus qu'une petite souris nerveuse sous l'emprise du cruel matou.
Je pourrais facilement mentir en disant que je tenus le coup une dizaine de minutes, mais dès qu'ils commencèrent à tenter de me piéger par toutes sortes de questions pointilleuses avant même le début de mon exposé, j'eus un blocage qui m'empêcha de livrer un quelconque message pertinent ou non. Il s'en fallut de très peu et j'étais déjà à l'extérieur les larmes coulant sur mes joues de par cette humiliation cruelle et non nécessaire. Ce n'était peut-être qu'un jeu de gamin inoffensif, mais j'avais été la cible du jeu de leurs frères et soeurs et de devoir revivre cette situation qui était déjà pénible à l'époque me donnait le sentiment de n'être à nouveau qu'une moins que rien.
Les cris cacophoniques se mélangeaient dans mon cerveau tétanisé d'angoisse. Une porte claqua, un écho se fit retentir de le corridor humide, les fenêtres craquaient et mes pas sec et rapides résonnaient sur le carrelage défraîchit. J'avais dû mal à reprendre mon souffle et quand je pus enfin retrouver une respiration normal, accoté contre un vieux distributeur à soda et une fontaine usée, quand enfin je pus me calmer et repasser toute la scène dans mon esprit, on vint vers moi. Au premier abord, la silhouette rendue flou par mes larmes me semblait être celle d'un enseignant et je restais là, en essayant de trouver une explication qui rendrait l'humiliation moindre, mais lorsque la forme flou se rapprocha, je compris qu'elle se situait encore entre l'homme et l'enfant. N'osant même pas penser que le supplice irait jusqu'à m'envoyer un représentant pour continuer en dehors du champ de bataille, j'eus le coeur en chamade quand je compris qu'il ne bifurquait nullement, s'en allant tout droit vers moi.
Pour mon grand bonheur, la cloche se fit entendre et une masse humaine me coupa de mon bourreau et me permis de refaire le chemin de la classe en tout anonymat pour reprendre cartable et papier et présenter mes excuses au professeur. Lorsque ce fut fait, je pris la direction de la sortie heureuse de n'avoir croisé aucun élève du groupe de tyran et presque jusqu'à la sortie,je n'eus aucune anicroche. Je dis bien presque puisque je fonçai directement dans un des élèves les plus ''actifs'' du cours faisant voler notre et rédaction sur le plancher encore humide en tentant de sortir plus vite de l'édifice maudit.
Merde
Je ne voulais même pas le regarder tâchant de l'oublier, mais il restait obstinément là et il ne me restait plus qu'à attendre la première attaque ou à fuir ce qui était impossible puisque toutes mes notes se trouvaient toujours sur le sol en désordre affligeant.
Sujet: Re: A terrible tango to dance my dear (ezékiel) Dim 20 Nov - 23:09
Nouveau jour, nouveau jeu, nouvelle règle. Ne pas s'enfermer dans une routine. Ne pas mourir à petit feu. Demain je ne serais pas ce que j'ai été aujourd'hui. Ne pas être prévisible, déchiffrable, malléable. Être une énigme, un mystère. Ne pas prévoir de quoi sera fait l'avenir, s'émerveiller devant les surprises de la vie. Dieu merci, elle en est remplie. Il y a des gens qui pensent que le monde m'indiffère. Ils se trompent. Je suis fasciné par le monde et par ce qu'il a à nous offrir. Je vénère toute les petits hasards de l'existence qui viennent briser nos habitudes. J'aime le spectaculaire, l'inimaginable, l'invisible qui devient visible. J'aime ce qui éveille mon esprit. Elle est peut-être là, la triste réalité. Ces choses là sont devenues de plus en plus rare avec l'âge. Je me rappelle du temps béni de mon enfance, où la vue d'une araignée tissant sa toile me captivait pendant des heures, où la simple perspective de voir la neige tomber réussissait à remplir mon cœur de joie. Mais on se lasse de tout. Je me suis lassé de ça. Il m'en faut plus et il y a des jours où je me dis que Aroswic n'a plus rien à m'offrir. Tout ce qui se passe me semble mâché et remâché. Plus rien de nouveau ne vient égailler mes journées. Ce monde est morne et je voudrais en découvrir un autre où les couleurs me sembleraient plus belles, plus vives, qu'est ce que j'en sais moi, plus vrais tout simplement. Mais les gens ne comprennent pas ça. Ils ne me comprennent pas. Ils ne voient qu'un petit fouteur de merde méchant et arrogant. Ils n'ont peut-être pas tord. C'est peut-être ce que je suis devenu. Après tout qu'elle importance ? Je prends ce qu'il y a à prendre. Schéma simpliste et hédoniste. Vivre pour son propre plaisir. Je suis égoïste avec splendeur, égoïste avec passion. Je me sers des autres avec délice pour obtenir ce que je veux. Un peu de distraction. Cela me rend-t-il méchant ? Parfois. Pas tout le temps. Je peux aussi me montrer plus qu'aimable. Après tout je ne vous manipule pas, je ne fais que me servir de ce que vous êtes. Ceux qui me détestent, détestent leur propre faiblesse. C'est en soi un mystère à mes yeux. Je les blesse parce que mon regard leur importe. Alors que tout ce qu'ils disent, glisse sur moi comme la pluie. Le jour où ils seront comme moi, où ils vivront pour eux même et pour ce qui leur importe sans ce soucier des autres, alors je n'aurais plus prise sur eux. Ce sera en soi une petite révolution. Une nouvelle surprise. Je ne m'en plaindrai pas. Tout est bon à prendre dans la transformation. Mais ce jour n'est pas encore arrivé et en l'attendant je continue mes petites provocations, curieux de voir jusqu'où on me laissera aller, curieux des conséquences.
Aujourd'hui mon nouveau jeu s'appelle Axelle. Jolie petite blonde qui pourrait être pétillante si elle ne ressemblait pas tant à un animal pris dans les phares d'une voiture. Son arrivée dans notre cours de littérature est mon petit miracle de la semaine. J'adore les stagiaires parce qu'avec eux tout reste à découvrir. Le cul coincé entre deux chaises, ils oscillent entre l'adolescence et l'âge adulte. La société les voudrait grand quand nous, pauvres petits lycéens, ne les voyons que comme nos semblables. Elle peut-être plus que n'importe quel autre. Sa démarche, ses manières, ses grands yeux effarouchés rivés sur le sol pour ne pas croiser les notre. Tout en elle la désigne comme une proie facile. Parce qu'elle est effrayée avant même que la partie commence, parce qu'elle ressemble à ces gamines qui veulent grandir trop vite et se mettent le rouge à lèvres de leur mère. C'est exactement ça, l'image que j'ai d'elle : ma sœur à six ans paradant dans la maison, une jupe de ma mère comme robe et le visage barbouillé de maquillage criard. Axelle est comme une enfant jetée dans la fosse aux lions. Pendant qu'elle avance vers l'estrade, je la regarde, fasciné. Elle commence à parler les yeux rivés sur ses feuilles, les mains légèrement tremblantes. Le menton calé dans ma paume je laisse un sourire fleurir sur mes lèvres. Parce qu'elle est tout ce que je n'ai jamais été : fragile, innocente peut-être. Négligemment je lève le bras. Elle capte mon geste du coin de l'œil et je suis sur qu'elle se raidi à la perspective de devoir me donner la parole. Le lapin qui sait que le loup le guette. Toute la classe, en réalité, est fixée sur moi. Ils sont si habitués à me voir dormir sur ma table qu'ils savent qu'une intervention de ma part est un spectacle en soi. Certains l'attendent avec impatience, d'autre la redoute méfiant, mon prof par exemple. Je commence en douceur, une simple question, un détail, une remarque. Mais déjà elle s'embrouille, bafouille, essaye de garder le file de son discours. Trop tard. Les fauves sont lâchés. A la suite d'autres prennent la relève. Petites contrefaçons de moi-même. Il se repaissent de sa fragilité devant le regard vaguement scandalisé mais néanmoins fasciné et amusé du premier rang. Moi je mène la danse. Relance le débat. Dirige les questions. En réalité leurs petites singeries m'indiffèrent. Ils ne sont que des pâles copies sans envergure qui pensent gagner des points en achevant un animal déjà blessé. La popularité m'importe peu. Celle qui m'intéresse c'est Axelle. Ces réactions, cette peur qui s'empare d'elle. Ce n'est pas du sadisme, pas tout à fait. Je suis fasciné par ce qu'elle est, par cette sensibilité à fleur de peau que je ne comprends pas. J'aimerais saisir, me placer dans sa tête et voir les mécanismes qui déclenchent cette soudaine terreur. Les larmes qui viennent border ses pupilles sonnent la fin de la partie. Je me tais, la regarde se débattre encore quelques instants et puis, prendre la fuite. L'enseignant me jette un regard noir. « j'espère que vous êtes fière de vous. Ezékiel tu viendras me voir à la fin de l'heure. » Je hausse les épaules. « William, va voir si elle va bien. » Au fond de moi je me sens un peu coupable. Le jeu à dépassé ma pensée. Elle ne méritait pas ça. Mais ce qui est fait, est fait. Et j'assume mes actes. Tout comme l'enseignant je sais que je suis responsable de cette petite mise à mort ordinaire. La sonnerie retenti et j'attends sagement mon sermon personnel. Les yeux aussi inexpressifs qu'un poisson mort j'écoute les reproches, les accusations, je ne réagis pas, attends juste qu'on me donne l'autorisation de foutre le camp. Ça finit par arriver. J'attrape mon sac et vais me noyer dans la foule des lycéens qui parcoure le couloir.
Les mains enfoncées dans les poches, je ne regarde pas vraiment où je vais, je repense à ce qui s'est passé il y a quelques minutes. Bizarre que ça me tracasse de la sorte moi qui d'habitude ne ressens rien ou presque. C'est ce que je suis entrain de me dire quand je percute quelqu'un. Les papiers volent dans tout les sens, recouvrant petit à petit le sol. Je baisse les yeux, surpris malgré moi. Et là, devant moi je reconnais la petit blonde. Elle m'a reconnu aussi. Elle détourne le visage. Ne pas me regarder, surtout ne pas me regarder. À l'heure actuelle, elle me déteste n'est ce pas ? Elle s'agite parterre, tentant de ramasser ce qui lui appartient. Je finis par l'imiter, accroupis dans le couloir, bloquant à moitié le passage des élèves qui grognent dans mon dos, j'attrape tout ce qui passe à ma portée. Une fois tout récupéré, nous nous relevons tout les deux. Elle est bien obligé de me faire face. Distraitement je commence à feuilleter les papiers qui encombrent mes bras. Toutes les notes si bien rédigées qu'elle avait préparé pour ne pas que son cours soit un fiasco. C'est dommage. Elle attend que je les lui redonne, n'osant peut-être pas me les réclamer. Étrange de se dire qu'un petit lycéen comme moi puisse être si impressionnant. Je finis par relever la tête de ma lecture. Avec un demi-sourire. « ça faisait longtemps que je n'avais pas assisté à un cour aussi intéressant. » stricte vérité. La moitié de ce qui se passe dans les salles de classe m'ennuie. Mais aujourd'hui ce fut presque instructif, pas vraiment du point de vu littérature mais enfin... Sauf que ce n'est peut-être pas la chose à dire. Elle me voit comme le diable personnifié et moi je me sens coupable. « vous voulez boire un café? » invitation plus que déplacée, mais je n'ai jamais été doué en excuse. Les feuilles toujours dans mes mains, je ne suis pas décidé à lui les rendre. Je veux qu'elle accepte. Paradoxale, je sais. Lui montrer que je suis un être complexe peut-être. Lui faire oublier sa mésaventure. Je peux être de charmante compagnie si je fais preuve d'un peu de volonté.
Sujet: Re: A terrible tango to dance my dear (ezékiel) Ven 25 Nov - 19:02
Je regardais mes doigts, je regardais mes pieds, puis encore mes doigts, mes pieds, mes doigts, mes pieds jusqu'à confondre les deux extrémités de mon corps engourdies par les émotions qui chamboulait mon coeur habituée aux tranquillités. Comme un animal à la rencontre des phares d'une voiture, je restais figer, incapable de faire le moindre mouvement, ne parlant pas, les yeux fixe et apeuré. Ne pas faire face à la situation était sans doute lâche. Ne pas émettre un son de protestation lorsqu'il s'empara du reste de mon travail l'étais encore plus, mais un lien hypnotique me poussait à voir jusqu'où il y irait. Habituellement, ce genre de questionnement ne me venaient pas naturellement, mais ce jeune homme avec quelque chose de mystique. Sur ses quelques feuilles de papier c'était retrouvé toute ma dévotion et mon amour pour la matière que j'avais voulu faire voir aux étudiants. J'aurais voulu qu'ils apprennent, que pour une fois le cours ne soit pas donnés par un vieux monsieur blasé, ennuyeux et grinchant. Le faire découvrir des choses, les faire rire, soupirer et bailler s'il le voulait. Mon but n'étant pas de les emmerder, mais qu'ils m'apprennent autant que je pouvais le faire et je crois que dans toute cette grotesque histoire, ce qui me faisait le plus de peine était le fait que j'aurais vraiment aimé donner ce cours. Il m'avait enlevé cette chance et c'est beaucoup plus pour cette raison que j'étais rancunières. Dans un sens, cela m'aurait permis de prouver à moi-même et aux autres ma capacité et j'ose le dire un certain talent.
Ils avaient placé un doute immense en moi alors qu'auparavant, jamais je n'avais douté. Je n'aurais jamais crus que ma place ne se trouvait pas devant des étudiants, mais un doute irritable venait changer la donne. Depuis que je suis toute petite je veux devenir enseignante. Je rêvais de faire connaître et malgré ma gêne, j'étais douée. C'était moi qui avait enseigné le langage des signes à ma mère alors qu'elle avait refusé de l'apprendre toute sa vie. Si je ne suis pas capable de donner un cours sur la tragédie, une matière simple et digne d'un certain intérêt, comment ferais-je pour être à la tête d'une centaine de cerveau avide de connaissance et plus critique que quiconque. Comment pourrais-je atteindre un but tragiquement loin ...Si loin qu'il devenait flou. Leur petit jeux m'avait bien remis à ma place et je me sentais encore plus petite et misérable. Une poussière entre le vent, une miette d'humanité, une chose bien inutile. Mon rêve s'éloignait me ramenant à une réalité consternante à laquelle je me passerais bien de temps en temps.
Je détestais voir son regard baladeur sur mes notes, je sentais son regard profond se promener sur chaque ligne s'arrêtant à chaque virgule et cela me faisait le même effet que si son chaste regard aurait été tourné vers moi. Je le sentais scrutateur j'oserais même critique et je n'aimais pas que ce petit écervelé qui s'était amusé à mes dépend touche le fruit d'un travail trop acharné et méticuleux. D'un autre point de vue, il verrait alors que je n'étais pas une petite sotte, que si'l m'en avait laissé l'occasion j'aurais eu des choses intéressantes à dire. Même si son avis ne comptait guère, une partie de moi aurait voulu le savoir et c'est peut-être pour cette raison que mes plaintes furent plutôt tardives. J'allais réclamer mon bien perdu lorsqu'il prit la parole me rendant de nouveau muette de stupéfaction, mais aussi de haine. En quoi avais-je été si amusante. Je ne comprendrais jamais cette persécution visé sur le corps professoral et qui est encore plus aberrant lorsque celui-ci porte la croix damner du sexe féminin. Le respect semble une chose éloignée, un concept vague qui nuit à l'amusement, la moquerie et la légèreté de ces étudiants grotesques. Oui grotesques de par leurs comportements imbéciles et outranciers. Je ne peux me résoudre à comprendre, mais une chose est sûre : après avoir poussé la petite souris à bout, elle finit par sortir ses crocs et c'est lorsque le ridicule de la situation s'intensifia par la demande d'un café que je me mis en colère, À l'habitude j'aurais fuis...Je serais partie loin de la source de mes malheurs, mais cette fois-ci j'éprouvais l'irrésistible envie de me défendre, envie qui ne me venait que très rarement.
Oui bien sûr...Je vais prendre un café avec vous pour que vous puissiez m'expliquer la raison de vos frasques en classe. Ensuite nous irons au cinéma ou vous pourrez me dire en quoi le fait de terroriser une jeune stagiaire est amusant et pour finir nous irons dans un motel crasseux pour que je puisse entendre vos arguments à propos de la nécessité vital d'être un gros con comme vous l'êtes.
Surprise moi-même du ton, mais surtout de la phrase qui venait de sortir de ma bouche, je rougis et pris mes feuilles tentant de me sortir de cette immonde situation et lorsque j'étais sur le point de quitter, je me rendis compte que la dernière feuille de mon travail se trouvait sous la chaussure du jeune garçon. Exprès ou pas, il me fallait cette feuille, mais malheureusement la force qui m'avait envahi quelques secondes auparavant étaient disparues et c'est avec maladresse et gêne que je tentai de récupérer le précieux papier.
Eee...je me suis emportée, mais...je vous en prie redonnez-moi la feuille sous votre pied que je puisse sortir d'ici. Ma voix était à peine audible et les larmes commençaient à me brouiller la vue. Embêter, je les chassais d'un coup de main tentant de ne pas paraître pour une lâche devant le jeune garçon. Puis tout recommença, je regardais mes doigts, je regardais mes pieds, puis encore mes doigts, mes pieds, mes doigts, mes pieds jusqu'à confondre les deux extrémités de mon corps engourdi...
Sujet: Re: A terrible tango to dance my dear (ezékiel) Dim 27 Nov - 22:06
Je n'ai jamais compris pourquoi les gens aimaient tellement les chats. Toute ces exclamations admiratives à chaque fois qu'un être humain croise un félin. Regardes comme il est mignon. Un chat ce n'est pas mignon. C'est un animal paresseux, sournois, sadique. Un chat ça dort, ça mange et ça chasse. Pour le plaisir. Il poursuit sa proie et une fois qu'il la tient entre ses croc, il s'amuse avec, lui laissant espérer une chance de survit. Le chat est un monstre despotique qui arrive l'exploit de nous arracher notre sympathie. Ça doit être à cause des poiles. Parce qu'à ma manière je suis un chat. Mais je ne crois pas pour autant qu'elle me trouve mignon. Peut-être parce que c'est elle la souris. Elle a l'air terrifié. Perdu comme si elle attendait sa mise à mort. Ses yeux vacillent d'un point à un autre sans savoir à quoi se raccrocher. Je ne l'aide pas vraiment. Et puis soudain un sursaut de courage. Comme une vague qui enfle. Ça parcourt son corps de toutes parts avant d'exploser dans l'antre de sa bouche. « Oui bien sûr...Je vais prendre un café avec vous pour que vous puissiez m'expliquer la raison de vos frasques en classe. Ensuite nous irons au cinéma ou vous pourrez me dire en quoi le fait de terroriser une jeune stagiaire est amusant et pour finir nous irons dans un motel crasseux pour que je puisse entendre vos arguments à propos de la nécessité vital d'être un gros con comme vous l'êtes. » J'hausse les sourcils surpris. Ainsi donc la petite souris serait mordre ? Intéressant. Dommage pour elle que ses petites dents pointues ne soient pas assez longues. J'ai la peau dure. Et les reproches m'indiffèrent. Un autre que moi aurait peut-être pris la tangente, la queue entre les jambes. Cas classique de lâcheté caractérisée. Le lion se sent fort jusqu'à ce que l'agneau se mette à rugir. Sauf que la lâcheté ne fait pas partit de la longue, très longue liste de mes défauts. Un chat. Qui s'amuse avec sa proie. La résistance ne rend le jeu que plus intéressant. La proie plus intrigante.
Mais déjà la vague vient s'écraser sur la dune. Sa colère retombe comme un soufflet. Sans pour autant disparaître. Je ne suis pas dupe. Elle me méprise. Et moi ça m'amuse. Le rouge lui monte aux joues. Je trouve cette couleur charmante. Envi de lui tapoter la tête. C'est bien ma fille. Tu deviens grande. Un jour tu t'y habitueras. Tu sauras rugir comme une lionne. Sois patiente. Je retiens mon geste. Même moi je sais où sont les limites. Pas parce que ça réaction m'inquiète. Mais parce que ça mettrait fin au jeu. Je la laisse récupérer les feuille qui trônent dans mes mains. Je manque de réflexes. J'aurais du l'empêcher. C'est sa clef de sortie. Je vais devoir trouver autre chose pour la retenir. Ça ne va pas être facile. Mettre en branle mes neurones diminuer pour trouver une excuse. Exercice difficile. Je n'ai plus l'habitude. « Eee...je me suis emportée, mais...je vous en prie redonnez-moi la feuille sous votre pied que je puisse sortir d'ici. » Je l'écoute bafouiller des excuses. Me demande pourquoi elle le fait. Sa colère était légitime. Plus que ça même. A croire que la politesse ne fait pas de bien à l'égo. Pauvre petite fille qui s'aplatit devant moi parce qu'on l'a bien éduquée. j'imagine sa fierté écrasée un peu plus à chaque année qui passe. S'excuser, s'aligner, apprendre à ne pas faire de vague. Ça doit être usant. Difficile aussi de se regarder dans une glace. L'estime de soi s'envole à force de concession. Un jour elle se laissera marcher dessus sans s'en rendre compte. C'est peut-être déjà le cas. Je ressens un pincement au cœur. Ça signifie au moins que j'en ai un. Nouvelle envie. La prendre par les épaules, la secouer un peu, lui faire ouvrir les yeux. Je me contente d'esquisser un nouveau sourire. Mes yeux se baissent vers ce qu'elle me désigne. Jolie métaphore. La pureté dominée. Une feuille vagabonde est venue se glisser sous ma chaussure. Blancheur éblouissante du papier qui contraste avec le noir de mes baskets. Étrange que je l'ai remarqué. Je dois être d'humeur poète à rechercher la symbolique. Peut-être que son cours ma plus touché que ce que je pensais. Que ce qu'elle pensait. Sauf qu'elle nous a parlé de la tragédie pas de la poésie. Enfin c'est aussi mon domaine. Les destins celés, l'avenir irrévocable, la chute. La mort pour finir. Je suis un héros tragique à ma façon. Je ne pouvais pas être autre chose qu'un gros con comme elle le dit si bien. C'était écrit. La mort viendra elle aussi, en son heure. Je ne me fais pas trop de soucis pour ça. C'est peut-être ce que je devrais lui répondre. Pas sur que ça la touche. Pas sur qu'elle comprenne ma logique. Pas sur d'avoir envie d'être comparé à Antigone. J'ai trop de respect pour elle. Antigone héroïne de mon enfance. Rebelle par excellence. Je n'atteins pas son niveau. Autant laisser mes connaissance littéraire de côté. Je m'en voudrais de lui montrer que je ne suis pas si con que ça. Que moi aussi je sais lire. Et que même parfois ça ne me déplait pas. Il ne faudrait pas briser l'image qu'elle a de moi. Ça serait cruel. Lui enlever ses certitudes. Je suis le méchant. Je suis stupide. Le monde est simple. Elle a besoin de le croire. Alors tans pis, je vais jouer mon rôle. Je serais intelligent une autre fois. Peut-être. « Oula ! Je suis impressionné ! Me comprendre si bien en si peu de temps. C'est pas littérature que vous auriez du faire, c'est psycho. Je vois rien à rajouter... à part peut-être que je ne parle pas au cinéma. Et que les motels miteux c'est vraiment pas mon genre. Je préfère les toilettes de bar, les jardins publics, ce genre de truc... Vous voyez... »
Tout en parlant, je me penche. Lève le pieds. Attrape la dernière feuille qui traine parterre. En me redressant, je croise son regard, la fixe légèrement moqueur, un demi sourire toujours plaqué sur mes lèvres. Je la contourne tranquillement et, une fois côte à côte, je me penche vers elle. « cela étant vous pourriez être surprise de tout ce qu'il y a à dire sur l'art d'être un gros con. Ça pourrait même vous intéresser qui sait ?! » sur ces mots je me mets à avancer. Sans même la regarder, je sais qu'elle s'est retournée pour me fixer. Médusée peut-être. Mon culot en laisse un certain nombre sans voix. Distraitement je lève le bras en agitant le papier toujours au bout de ma main. Suffisant pour qu'elle me suive ? J'en sais rien. Je prends le risque. Elle avait l'air d'y tenir. Et puis la machine à café est dans cette direction...
Sujet: Re: A terrible tango to dance my dear (ezékiel) Mar 6 Déc - 5:58
Le stupide de la situation rendait celle-ci tellement grotesque que j'avais du mal à croire que cela était réelle et pourtant je devais me rendre à la conclusion : la femme mature que j'étais ce faisait complètement ridiculiser par un gamin et de plus, elle le suivait dans ses folies dans le seul et unique but de récupérer un morceaux vaguement important de papier. Un millième d'un arbre abattu cruellement pour le plaisirs de ce petit con, mais si il y avait plus...Brrr Cette seule idée me donnait mal au cœur et pourtant c'était bel et bien moi qui le suivait, honteuse, à travers les corridors mal entretenus. Mes frasques me semblaient bien imbéciles et ma gêne devenait caricature à la suite des événement précédent, mais je m'égare. Je vous raconte les péripéties avec le début....Mon but n'étant pas de vous laisser sur votre faim, mais de m'expliquer tâchant ainsi de garder un semblant de dignité quelconque.
Je ne sais pas ce qui m'a pris. À cette instant, mon être entier sembla provenir d'une autre planète. Mes actions et mes paroles étaient différentes. Le ton brusque que j'avais utilisé m'avait surpris, car il ne pouvait venir de moi et pourtant j'avais bel et bien prononcé ces mots. Un moment étrange, une brèche dans l'espace temps ou chacun pouvait sortir de lui-même ou tout simplement pour une dès premières fois de ma vie, un vrai de vrai emportement avec tout ce que cela impliquait. Il réussissait à me mettre hors de moi comme personne et je le considérais tout aussi responsable de mon caractère pour cela. Prendre sur moi aurait été la solution, devenir mature un modèle de femme forte qui à passé outre ses problèmes de jeunesse pour devenir une femme accomplie dans tous les sens du terme. À la place de cette femme que je ne connaissais pas, puisque je ne n'avais jamais même osé dans mes rêves les plus médiocres lui ressembler, se trouvait une copie flou d'une moi qui jadis marchait plus droit. Si j'avais été ce genre de femmes, celles que mes tantes qualifieraient d'extraordinaires, je n'aurais pas agi comme une lycéenne. Moi je me devais sagesse étant confrontée à un enfant du moins au terme légal.. Si c'était le cas, le dictionnaire nous apprendra que je dois sans équivoque être la plus mature, lui jeter un regard autoritaire (ce que je fis ) et tout en levant mon doigt, lui faire un sermon. Bon je ne fis pas de sermon et le coup du regard fut un désastre puisqu'il ne vit même pas que je le regardai d'une manière différente. Bravo Axelle tu es la meilleure !!! Mais j'arrête de me plaindre et de geindre, de toute manière si je continue, ils devront me langer et me donner de la purée, car mon degré de maturité frôle la catastrophe mondiale. Priant le Saint Patron des causes désespérés qui est aussi celui des femmes de plus de 40 ans, je lui demanda que sa grâce divine m'empêche d'être complètement ridicule.
«Oula ! Je suis impressionné ! Me comprendre si bien en si peu de temps. C'est pas littérature que vous auriez du faire, c'est psycho. Je vois rien à rajouter... à part peut-être que je ne parle pas au cinéma. Et que les motels miteux c'est vraiment pas mon genre. Je préfère les toilettes de bar, les jardins publics, ce genre de truc... Vous voyez... »
Ses paroles tentaient désespérément de venir jusqu'à mes oreilles, mais la force m'avait abandonné, laissant place à une résignation méprisable. Stoïque, il me fallut quelques secondes avant d’analyser ce qu'il venait de dire et dans mon regard bovin, s'alluma une petite flamme de colère qui me permis de m'enfoncer dans son jeu et par le fait même lui donner exactement ce qu'il cherchait : une distraction. Malheureusement ma gêne chronique m'empêcha de répondre quoi que ce soi....Je n'osais même plus respirer de peur de déranger les ampoules nus et froides accrochées précairement au plafond. Je ne savais plus quoi dire ni quoi faire. Un brouillard de confusion pris la place de toutes idées censées ou rationnelles et je ne dis que quelques mots dans un dernier souffle d'abandon, car aussi lâche soit-il, j'abandonnais. De toute manière, je n'étais même pas une adversaire de taille contre lui. Une minuscule fourmi contre un géant assoiffé de déshonneur. Nonn....non je ne vois pas.
Baissant la tête comme une condamné à mort, je ne pouvais même plus me résoudre à le regarder dans les yeux. . Je détestais être en sa compagnie, car je me sentais ridicule, je détestais me sentir ridicule, mais ne pouvant pas dire pourquoi. Peut-être n'avais-je même pas de raison, peut-être était-ce parce qu'être ridicule ça ne se fait pas voilà tout, que les gens méprisent ce sentiment, car c'est le seul état qui ramène à une honnêteté complète et vraie. En étant ridicule on ne peut être que soi et être soi-même est un fardeau aussi lourd que de prétendre ne pas l'être. C'est dans cet optique que je voulais m'éloigner, car qui voudrait vraiment être moi. C'est vrai...J'étais et je suis toujours le genre de fille si futile qu'on oubli sans vraiment y avoir pensée. Je m'éclipse comme le vent...Si je ne suis pas médiocre, je suis moyenne, je suis effacée, farouche et inutile à ce monde, je suis encore pire: je suis invisible. Je n'éblouis pas par ma gloire, je n'apporte rien au monde par mon génie grandiose et je ne fais pleurer personne de ma cruauté légendaire. En fait, je crois que je ne suis à l'origine d'aucun sentiments. Les gens qui me parlent sont entourés d'une étrange tiédeur. La tiédeur qui découle de la discutions en compagnie d'un être probablement aussi intéressant qu'un mur blanc et froid. J'en suis venue à la question si c'était la réserve ou ma nature même qui me faisait devenir aussi morne, mais je me suis rendue compte que ma nature était la réserve, donc j'étais futile de nature, un grain de sable gris parmi des milliers de pierres multicolores. Le ridicule n'en devenait plus intense et pour que personne ne le sache, pour que personne ne voit l'évidence je partais. Inutile de faire quoi que ce soit, je pars toujours...
Et c'est ce que j'aurais fait si il n'avait pas eu cette satanée feuille entre ses griffés coupantes. Alors contrainte à une soumission farcesque, je fis ce que je ne fais pas. Je commis une incartade à mon modèle pourtant inviolable. Peut-être pour me prouver que je n'étais pas si grise que ça. Peut-être pour me défendre et protester ou tout simplement que j'avais le sens de l'humour après tout et que j'étais capable de recevoir quelques tartes à la crème sans broncher. Mais cela, je ne le saurais probablement pas. Il n'y a rien de plus complexe que les bas fond de son propre être. Toujours en colère je marmonna quelques mots intelligible avant de le suivre comme une petit souris qui court après le dernier morceau de fromage et dans mon cas un morceau de moi-même qui s'écrivait lentement.
Je....Cela ne m'intéresse pas monsieur...Tout ce qui vient de vous ne m'intéresse pas....Et je vous le redemande une dernière fois....Rendez-moi cette feuille.
Comment expliquer qu'un petit bout de papier puisse me faire suivre le diable et ce le sourire en coin. M'étais-je convertis ? Je crains que non...Je ne faisais que tomber, sans même broncher, dans le piège qui m'attendais joliment.
HJ: je suis désolée de ma lenteur, mais je suis dans une grosse période d'examen