Poussant la porte du Jack's lounge avec un sourire, Nels laissa son regard se poser sur ceux qui étaient déjà présents, peut-être à la recherche de celui qu'il avait rencontré ici par hasard et qui n'avait pas quitté sa tête depuis? Probablement. Il accueillit quelques tapes dans le dos de ceux qu'il connaissait avec un sourire, leur rendant la pareille avant de discuter ici et là avec quelques connaissances, sans pourtant être des amis proches. Ce qui était bien avec Nels, c'est que vous aviez toujours l'impression de compter beaucoup pour lui - et c'était sûrement le cas - même si vous ne le connaissiez que très peu puisqu'il avait le chic pour parler de tout et n'importe quoi sans jamais faire de distinction entre ceux qu'il connaissait depuis toujours et ceux qui ne faisaient partie de sa vie que depuis quelques jours, quelques semaines ou voire même quelques mois. Tant pis pour ceux qui pourraient croire et crier à l'injustice, Nels était comme ça. Il parlait à tout le monde, il rigolait avec tout le monde et n'hésitait pas à aller vers les autres. À quoi bon s'empêcher de vivre? La vibration de son téléphone, au fond de sa poche, suffit à lui tirer un sourire qui se résorba bien vite lorsqu'il y vit le nom de sa mère. Merde. Regagnant la porte afin de parvenir à entendre ce qu'elle avait de si important à lui dire, il poussa un profond soupir avant de poser l'appareil contre son oreille. « Hey! » fit-il simplement en s'éloignant davantage afin d'étouffer le bruit du bar provoqué par la porte qui passait son temps à s'ouvrir des suites des allées et venues des clients. « Nels! J'ai essayé de t'appeler plein de fois, j'ai laissé des messages. Où étais-tu? » Le jeune homme poussa un soupir en haussant les épaules. « Maman ... Tu as appelé dix fois dans les deux dernières minutes? Je suis pas un robot et je n'ai pas pris mes messages. » expliqua-t-il, blasé de toujours devoir expliquer ce qu'il faisait malgré l'âge adulte auquel il était parvenu depuis plusieurs années déjà. « Ces deux derniers jours. Et tu ne m'as jamais répondue. » « J'avais autre chose à faire. » « J'aimerais savoir quel jour de la semaine te conviendrait mieux pour un repas à la maison. Ça fait longtemps et ton père et moi aimerions beaucoup avoir de tes nouvelles et voir comment tu vas. » « Vous n'avez qu'à passer. » « Tu préfères jeudi ou vendredi? » demanda-t-elle comme s'il n'avait rien dit. « Mercredi. » Un silence poignant déchira l'espace entre la mère et le fils jusqu'à ce qu'un acquiescement se fasse entendre à l'autre bout du fil. « Très bien. Va pour mercredi, alors. Margaret et sa fille seront là également ... » « J'ai quelque chose de prévu toute la semaine et celle d'après aussi. On se reparle, je t'entends mal! » laissa échapper Nels avant de couper la communication et de glisser son téléphone dans la poche de son jeans sans prendre la peine de répondre une nouvelle fois lorsque, il le savait bien, sa mère chercha à le recontacter.

Il poussa la porte du bar en maugréant, visiblement un peu plus de mauvaise humeur que lorsqu'il y était entré la première fois. Toutefois, lorsqu'il vit que Blazhe était derrière le bar, il se détendit légèrement et un sourire revint éclairer son visage jusqu'à ce qu'il prenne place sur l'un des tabourets vides. Il avait besoin d'un verre. Il en avait marre de toutes ces discussions qui ne menaient jamais à rien et maugréa avant de récupérer son téléphone et de l'éteindre carrément pour faire taire cette vibration continue qui laissait présager qu'elle n'allait pas abandonner de sitôt. « Blazhe! » laissa-t-il échapper en levant légèrement la main pour attirer son attention, un sourire au coin des lèvres. « Si tu mélanges de la vodka et du whisky, c'est plus fort que lorsque tu prends chacun des deux breuvages séparément ou pas? » blagua-t-il alors qu'il savait pertinemment que sa question n'avait aucun sens. Après tout, quiconque ayant fait un peu de math ou ayant une quelconque logique n'était pas sans savoir que la teneur en alcool resterait la même et Nels rigola avant de poursuivre. « J'ai besoin de quelque chose de fort, s'il te plaît. » précisa-t-il avant de s'installer plus confortablement sur son tabouret.