this is where we're meant to be

Le doute.Tout le monde doute, fronçit les sourcils en quête d'une vérité inexistente. On se permet le doute, pour nous rassurer tout au fond de nous quand plus rien ne va, que malgré nos soupçons, il y aura toujours du bon en tous ceux que l'on aime et que l'on chérit. Qu'ils nous fassent mal, qu'ils nous fassent la guerre ou qu'ils nous élèvent très haut dans le ciel à un point tel qu'on se sent comme l'Unique, qu'importe quand il s'agit de nos proches, on ne doute plus, on s'inquiète, on éprouve le chagrin, peut-être même un peu de rage mais jamais on ne doute, ô jamais...J'aurais pu douter de mon père à une époque, celle où je venais à peine d'apprendre à marcher, et à parler du même coup! Mon père n'était jamais là, jamais à la maison et d'aussi loin que je me souvienne, il ne m'a pas vraiment élevé. C'était un soldat, un sergent même, qui est mort très peu de temps après mon cinquième anniversaire. Il avait laissé à ma mère le sale boulot. Trois petits gars, un peu turbulent, qui attiraient parfois les emmerdes, confiés aux soins judicieux de ma très chère mère... Selon ses dires, j'étais le plus sage de la famille, celui qui aimait lire et réfléchir seul dans un coin. Celui aussi qui se faisait cogner par ses grands frères parce que je n'étais en rien comme eux.Parce que j'étais différent et pas forcément l'idéal masculin selon leurs stéréotypes mais je m'en fichais déjà à l'époque, je construisais ma vie comme je l'entendais et puis ma mère, était fière de moi et ça, ça dépassait largement toutes les fois où j'ai dû me battre avec mes satanés frères pour me défendre de leur injustice, de leur stupidité et de leur malhonnêteté! Mais au fond, bien qu'il m'aie été difficile de l'avouer à l'époque, nous formions une famille avec un équilibre des plus parfaits. Je n'aurais, pour ma part, jamais souhaiter une autre vie, exempt la mort de mon père bien sûr.

Puis vint l'adolescence, et ses années de folie.... qui ne furent point miennes. Vivre à Arrowsic ce n'est pas non plus comme le fait de vivre à Indianapolis, ou à NYC, ou à Houston... c'est une petite ville tranquille.. les gens y font leur connerie, mais en moins grand nombre et mis je n'étais pas de ceux-là, je ne l'ai jamais été. Dévier dans la mauvaise voie ne m'a jamais vraiment charmé, c'est un fait. J'étais quelqu'un de bien, de studieux, quelqu'un de droit, de sociable.. tout le monde m'appréciait, j'avais un charisme époustouflant... Mais quand je terminai le lycée, tout ce à quoi j'aspirais s'envola aussitôt. Je perdis le goût à la vie, j'avais perdu le goût d'aller à la fac, de faire quelque chose de mes jours encore très jeunes... C'est à ce moment que ma mère sortit une boite. Une boite rouge avec une reliure dorée et vieillie. C'était la boite qui contenait tout ce que mon père adorait par dessus tout. Il y avait là un casque de sergent de l'US army, des photos de mes frères et moi, sa bague d'honneur qu'il a reçu lors de la guerre d'irak et une foule de petites choses. « Peut-être devais-tu t'engager dans l'armée, sucre d'orge.. Peut-être que comme ton père, c'est la voie qui t'ira le mieux... » susurra ma mère tout doucement, comme pour éviter de me brusquer. Elle avait l'habitude de faire attention, avec mes autres frères qui réagissaient au quart de tour. Mais j'étais serein, je l'avais toujours été surtout avec elle qui représentait tout pour moi. Je la respecterais jusqu'à mort, c'était ma dictature personnelle. Ma mère avait cette façon de parler doucement de choses qui la torturaient tout autant que cela nous torturais, mais elle gardait son calme, ravalait ses larmes et faisait preuve d'un courage qui se passait de mots. À cet instant, je lui avais pris la main. Je devais avoir dix-huit ans quand je lui fis la promesse que je m'engagerai dans l'armée si jamais je ne trouve pas ce qui rythmera ma vie...

« LIAM CLOVERFIELD!Viens ici tout de suite ou sinon... » J'arquai un sourcil, tâchant avec difficulté de camoufler un sourire narcissique. Un petit brin de femme posa ses mains sur ses hanches, consternée visiblement, l'air renfrogné. Quand je l'entendis grogner, je portai un poing à mes lèvres, me retenant de hurler de rire. Ce n'était pas le moment, j'allais avoir ma fête. « Ou sinon quoi ma chérie? » demandais-je en lui faisant mes yeux de chat errant. Mais la belle ne flancha point et garda bien en tête qu'elle était dans une colère monstre, ce qui ne fit que raviver mon hilarité générale. Mais à son regard noir de jais, je me ravisai, me rappelant à quel point une femme pouvait être cruelle quand elle le souhaitait du fond de son âme. Mais qui était cette divine créature qui faisait valser mon coeur ? C'était ma petite amie, depuis un an. Un an de pur bonheur, un an de conflits qui se terminaient toujours par une soirée enflammée, un an de moments clés, que je me souviendrai sans doute toute ma vie. Nous nous étions rencontrés par hasard, dans une brocante pas très loin de la maison familiale... Elle était à Arrowsic pour rendre visite une vieille tante. C'était la première fois qu'elle visitait la région et elle comptait s'y installer pour l'été, pour aider un peu sa tante à faire le jardin et une foule de petites choses ci et là pour donner un coup de pouce à cette pauvre femme qui était devenue veuve il y a très peu de temps. J'ai toujours été un peu timide, surtout vis à vis les demoiselles. Mais ce jour-là, la conversation avait été coulante,naturelle, comme si je l'avais rencontré il y a un siècle de ça.. Le courant était tout de suite passé entre nous. Numéros de portable échangés, nous nous étions revus la semaine suivante, et l'autre d'après.. jusqu'à ce que tout ceci ne se change en un baiser qui scellait nos destinées. Puis il y a eut la maison près de l'eau, celle que mon père avait acheté avant sa mort pour que nous puissions y vivre une fois grand. C'est là que nous emménagions, elle et moi, prêts à se construire une vie à deux [....] « Je t'ai déjà dit de ne pas mettre des vêtements rouges lorsque je fais une lessive des vêtements pâles. T'as bousillé ma chemise fétiche!» Et oui cette montagne pour un rien, j'en avais l'habitude, et je l'aimais vraiment pour ça, elle était tellement sexy et sensuelle quand elle se fâchait, je n'y pouvais rien.. « Je t'en achèterai une autre » elle tira la langue, puis poussa un profond soupir d'agaçement « c'est le seul souvenir que j'ai de ma mère, c'était SA chemise, Liam.. Roh tu m'énerves arrête de faire cette mine, on dirait que t'es sur le point d'exploser de rire .. » je fis mine de changer le ton de la conversation en lui arrachant un doux baiser de ses lèvres vermeilles. Elle ferma les yeux, et s'en délecta un instant avant de rager lorsqu'elle me vit partir dans ma vieille camionnette « Tu vas où comme ça? » la portière grinça lorsque je l'ouvris de ma poigne de fer « Te chercher une nouvelle chemise, et du pain. Je t'aime! » elle baissa les bras en signe de découragement sans aucun doute... « Je t'aime aussi, idiot... » dit-elle , un mince sourire se dessinant sur ses lèvres, l'illuminant de surcroît.

On était amoureux l'un de l'autre. Plusieurs habitants d'Arrowsic se plaisaient à dire que nous étions faits pour être ensemble, que nous étions tous deux des âmes soeurs qui s'étaient retrouvées rapidement. Nous étions jeunes, certes, mais ça ne nous empêchait pas d'avoir des projets de grandeur. Je voulais me marier avec elle, et être le père de ses gosses. Fonder une famille, vivre au bord de l'eau avec la femme la plus belle qu'il m'aie été donné de voir, voilà mon seul but dans la vie, mon objectif à long terme.. Mais hélas, je ne pus goûter à ce bonheur plus longtemps. Pour une raison qu'elle a refusé de me donner, elle partit sans demander son reste... Pas parce qu'elle ne m'aimait pas, m'avait-elle hurlé alors que des larmes de rage ruisselaient le long de mes joues empourprées de jalousie, mais parce qu'il " le fallait " .. Alors à dix-neuf ans, je me retrouvais à la case départ. À celle où je n'étais qu'un homme en quête d'une vie parfaite. Une vie que l'on m'avait sauvagement arraché... C'est d'ailleurs dans l'année suivante que je pris la décision de m'enrôler dans l'armée américaine. Au début, c'était juste pour me changer les idées, pas pour suivre les traces de mon paternel. Mais je fus pris d'une passion pour mon pays, d'une passion sans borne que je n'avais pu assouvir pour la femme que j'avais jadis aimé. Cela fait maintenant quatre ans que je suis au sein de l'US army, j'ai gravi les échelons, et on m'envoie parfois faire des missions de plusieurs mois à l'étranger, ce qui est loin de me déplaire. Plus je suis loin, moins je pense à mes échecs et mieux je me porte. Soit.