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 Encore toi - Ella

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MessageSujet: Encore toi - Ella    Encore toi - Ella  EmptyLun 20 Fév - 22:25

« La jalousie. Faire semblant de ne pas s'intéresser. Se duper soi-même. Cacher son mal pour mieux l'ignorer. »

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Tout s'enchaînait. Tout s'enchaînait avec une telle tragédie, une chose entraînant une autre, tout semblait parfait. Parce que c'est propre la tragédie, et puis surtout, c'est reposant la tragédie, parce qu'on sait qu'il n'y a plus d'espoir, le sale espoir ; qu'on est pris, qu'on est pris comme un rat, avec tout le ciel sur notre dos... Elle aurait pu être une de ces héroïnes tragiques et magnifiques qui acceptent leur sort sans broncher, parce qu'elles savent qu'elles n'y peuvent rien. Mais rien n'y faisait, Elizabeth était de ces héros aux allures fragiles et abîmées, ces héros qui n'en étaient pas ; qui se battaient pour un avenir incertain, et dont la chute se flaire dès les premières lignes du roman. Mais le problème avec Elizabeth était qu'il y avait toujours une chute à attendre, même lorsqu'elle en avait déjà passé trente-six. Il y avait toujours des obstacles, même lorsqu'ils n'étaient pas réel. Le nouveau, le tout bel obstacle qu'elle venait d'inventer, échafaudé avec amour de son esprit détraqué : Ella. La haie qui se trouvait sur son chemin portait le nom d'Ella, elle avait les yeux clairs, les cheveux clairs, la peau claire, elle était aussi innocente que son physique l'indiquait. Et c'était bien ça, le plus irritant. Dieu ne sait pourquoi, mais cette jeune fille avait trouvé un nouveau passe-temps, celui de coller aux putains de basques de son frère. Elizabeth se demandait sincèrement ce qu'elle lui voulait, ce qu'elle pouvait lui trouver, et pourquoi elle s'acharnait à se montrer si agréable face à un psychiatre si désagréable ? Bien sûr, Elizabeth lui avait été présentée comme la femme de ce psychiatre grognon. D'abord, ce n'était qu'une adolescente quelconque à ses yeux, puis progressivement, elle avait touché un point sensible, devenant la petite soeur qu'elle était il y a des années de ça, années qui paraissaient désormais bien lointaines. Faisant ainsi surgir une jalousie fulminante. Et pour une énième fois, pour une putain d'énième fois, elle voyait une petite blonde, aussi belle qu'un ange, aussi douce que du cachemire débarquer là, apparaissant entre les portes coulissantes, allumant chez Elizabeth une haine terrible. Elle avait l'impression de la voir partout, et la goutte qui avait fait déborder le vase, était de la voir chez Ethan. Alors qu'elle se torturait l'esprit à chaque fois qu'elle décidait d'y mettre les pieds, se répétant sans cesse qu'elle ne pouvait pas s'y rendre comme si de rien n'était, Ella, elle, semblait frapper à sa porte avec spontanéité et naturel. C'était tellement injuste, et ça devenait insupportable. Quelques jours auparavant, elle s'était prise cette grosse claque dans la gueule : elle s'était présentée devant la porte d'Ethan, sans raison particulière si ce n'était qu'elle voulait le voir, et derrière la silhouette de son frère, lorsqu'il ouvrit la porte, elle était là. Cette même fille, là, juste derrière. Sourire aimable qu'on s'échange par politesse, alors qu'elle n'avait qu'une seule envie, l'étriper. Lui arracher ce sourire trop sincère.

« Qu'est-ce que tu fais là... ? » lui demanda-t-elle, réticente, comme si elle sentait qu'une bombe était sur le point d'exploser, et que cela pouvait arriver selon la parole qu'elle prononçait. Mais elle avait tellement de mal à se montrer enthousiaste avec Ella. Elle s'était glissée dans la vie d'Ethan, et dans celle d'Elizabeth par la même occasion, d'un coup, comme ça, et elle était envahissante. Elle avait pris la place qu'elle occupait auparavant, retrouvant Ethan quand elle le voulait, quand elle le souhaitait, lui arrachant ses cigarettes de ses lèvres, lui piquant ses paquets dans ses poches. Qu'est-ce qu'elle en avait à foutre qu'il crève avec un cancer des poumons ou un cancer du foie, si ce n'est les deux à la fois ? Elle n'avait aucun droit, aucun mot à dire, c'était Elizabeth la soeur légitime. Mais ils s'étaient tous les deux embringués dans une situation tellement folle et improbable, que tout ce qui touchait à la légitimité... « Qu'est-ce que tu veux à Ethan, encore ? Je veux dire, pourquoi est-ce que t'es toujours là hein ? T'es partout Ella, et je sais pas ce que tu veux, il a quoi... dix ans de plus que toi, alors... Je comprends pas. »
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Ella B. Clarke-Jarvis
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MessageSujet: Re: Encore toi - Ella    Encore toi - Ella  EmptyMar 21 Fév - 1:50

Je regardais Ross avait un grand sourire. J'étais venue pour un simple vaccin. C'était le truc que je vérifiais toujours bien que ce ne soit pas agréable. Je trouvais ça drôlement con d'attraper une maladie pour laquelle il y avait un vaccin. Et puis ça faisait une occasion de voir Ross. Même si je n'avais pas besoin d'excuse pour ça. Je le connaissais depuis que j'étais haute comme trois pommes. Je n'avais jamais vu d'autres médecins que lui. Alors, forcément, avec le temps, nous avions passé le stade du médecin et de son patient. « Et voilà jeune fille ! » Je descendais de la table d'occultation avec un beau sourire. « Je viendrais te voir Dimanche si je ne suis pas de garde. » Ross venait me voir aussi souvent que possible lors de mes compétitions. Et j'aimais savoir qu'il était là. Pour m'encourager. « J'espère que tu ne seras pas de garde alors. » Et je l'espérais sincèrement. Bien évidemment, je l'avais tutoyé sans m'en rendre compte. Je passais souvent du « tu » au « vous » avec Ross et il ne me faisait pas la moindre remarque. C'était vraiment un homme extraordinaire. Et un médecin exceptionnel.

Et quitte à zoner dans l'hôpital, autant passer voir Ethan. Il était psychiatre ici. Je pouvais bien lui faire un petit coucou. Bon, peut-être pas lui piquer son paquet de cigarette au passage. Il m'en voudrait probablement énormément. Je zonais dans les couloirs afin de retrouver le dit bureau.

Toutefois, plutôt que de croiser Ethan, je tombais sur sa femme. Elizabeth. Elle avait un physique de j'admirais. Une brune magnifique. Avec des yeux d'un bleu à vous faire dire Amen. Je le voyais comme une femme avec beaucoup d'assurance. Sûre de ses valeurs. Une femme à qui on ne marche pas sur les pieds. Peut-être que je me trompais. Je ne la connaissais pas plus que ça. Je ne me fiais qu'aux apparences. Enfin, je lui adressais un sourire sincère et poli. « Qu'est-ce que tu fais là... ? » Elle n’avait pas vraiment l’air enchanté de me voir ici. « Qu'est-ce que tu veux à Ethan, encore ? Je veux dire, pourquoi est-ce que t'es toujours là hein ? T'es partout Ella, et je sais pas ce que tu veux, il a quoi... dix ans de plus que toi, alors... Je comprends pas. » Je la regardais un peu perplexe.

En fait, j'avais cru me faire des idées. J'avais l'impression qu'elle était jalouse. C'était totalement ridicule. J'avais Mattia. J'avais dix ans d'écart avec Ethan... Elle l'avait dit elle-même ! Il était marié ! Qu'est-ce qui pouvait bien l'amener à penser une chose pareille ? Je n'avais pas osé penser un seul instant embrasser Ethan. Avait-elle si peu confiance en son mari ? Pourtant, c'était quelqu'un de bien. Là où beaucoup aurait passé leur chemin, lui il m'avait aidé. Et je lui devais beaucoup. Alors, elle ne comprenait pas mais, moi non plus. « À la base j'étais venue pour un vaccin et je me suis simplement dit que je pourrais passer voir Ethan par la même occasion. » Autant être sincère. Je n'avais pas de raison de lui mentir. Je gardais un ton tout à fait neutre. Pourquoi je sentais que ça allait être ma fête ? Une femme jalouse, ce n'était jamais bon signe. Et pour les calmer. Ouais, j'avais suffisamment d'exemple à l'appui pour comprendre que j'aurais bien du mal à y parvenir. « Mais, je t'avoue que je ne te suis pas là... » Je ne lâchais pas son regard. Pour qu'elle comprenne que vraiment, j'étais à côté de la plaque. Que je ne voyais pas vraiment ce qu'elle me reprochait. « Tu ne penses tout de même pas que je veux te piquer ton mari ? » Je n'avais pas l'intention d'étaler mes arguments. Elle devait probablement les connaître. Et puis, je voulais être certaine qu'il agissait bien de ça. Évidemment, elle en avait peut-être tout simplement marre de me croiser un peu trop souvent. Mais, j'avais du mal à croire que ça puisse être ça. Enfin, peut-être que je faisais de fausses interprétations. Peut-être qu'elle n'était pas jalouse. C'était à elle de me le dire. Ou au pire, de me le faire comprendre.


Dernière édition par Ella B. Clarke le Mar 21 Fév - 22:22, édité 1 fois
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MessageSujet: Re: Encore toi - Ella    Encore toi - Ella  EmptyMar 21 Fév - 13:25

Qu'est-ce qu'elle pouvait agaçante. Elle se tenait là, devant elle, et elle lui répondait au tac au tac, parce qu'elle n'avait rien à cacher. Elle n'avait pas de grands plans manipulateurs, elle était juste une lycéenne qui était venu se faire vacciner. « Mais je t'avoue que je ne te suis pas là... » Elle n'était pas la seule, c'était sûr. Elizabeth passait là pour une espèce de femme paranoïaque, le genre à fouiller dans les historiques de son mari, à renifler son col de chemise pour voir s'il n'y a pas quelques notes de parfum féminin, à se ronger les sangs lorsqu'il déclare aller faire une petite course de santé dans le parc d'à côté, profitant ainsi de son absence pour retourner toutes ses affaires sans dessus dessous, et interpréter de façon absurde quelques notes de travail quelconques. Voilà le genre de femme qu'elle devait être aux yeux d'Ella, et elle en avait conscience. Elle aurait cependant bien aimé être de ces femmes-là, mais elle n'en n'était rien. Elle aurait aimé être insupportable et excessivement jalouse, et avoir le droit d'embrasser Ethan sans ressortir le moindre remord ou dégoût. Mais les choses avaient été décidées autrement, faisant d'Elizabeth une femme à la fois insupportable, excessivement jalouse, et liée par le sang à ce foutu psychiatre.

Incapable de soutenir le regard d'Ella, parce qu'elle se savait en tort, elle détourna la tête. Elle était parfaitement consciente de la situation plus que risible dans laquelle elle était, et pourtant, elle ne pouvait s'empêcher de remuer le couteau dans la plaie, au lieu de lui faire quelques plates excuses et de retourner travailler. Un large sourire nerveux et sarcastique étira ses lèvres lorsqu'Ella lui posa la question tant attendue. Piquer son mari... c'était tellement grossier. Comme si Elizabeth se battrait pour retenir un homme qui ne veut qu'une chose : partir. Elle s'était toujours dite qu'elle ne ferait pas partie de ces femmes faibles qui supplient leur mari de revenir, se jugeant trop forte, trop fière. Et elle aurait sans doute laissé partir n'importe quel homme, préférant se manger la misère pendant des mois, plutôt que d'érafler son ego. Mais Ethan n'était pas n'importe quel homme, et si un jour il venait à prendre la décision de partir – comme elle l'avait fait il y a quelques mois de ça, elle l'aurait sûrement supplié à genoux, à plat ventre, les yeux gonflés de larmes et la respiration coupée ; non pas pour que son mari reste, mais pour que son frère ne parte pas. « Si c'est ça que tu veux, je te dirais, vas y, va le séduire, fais toi plaisir. Je suis pas jalouse Ella, j'ai pas peur que tu me.... ''pique mon mari''. » Qu'elle y aille, qu'elle le lui pique, mais qu'elle arrête de jouer le rôle de la petite sœur adorable et sainte. Qu'elle éveille le démon en elle, qu'elle fasse sa dévergondée, qu'elle y aille bordel ! Savoir qu'elle n'était qu'une amante qui s'accrochait désespérément à lui l'aurait sans doute moins irritée. « C'est autre chose. » grinça-t-elle entre ses dents, dans un moment de faiblesse. Mais elle se reprit, ne pouvant tolérer qu'une adolescente puisse la mettre dans des états pareils. « Puis de toute façon, pourquoi est-ce que tu tiens tant à Ethan ? T'as une dette envers lui, tu lui voues un culte ? » Elle était censée représenter ces médecins de demain, ambitieux et avec la réussite aux bouts des doigts, médecins confiants et en lesquels on peut faire confiance ; qui ont leur sourire aussi blanc que leur blouse immaculée. Après tout, on faisait plus confiance à ces médecins parfaits dignes des affiches préventives (vous voulez un sourire parfait ? Je peux vous l'offrir avec 2 ans de bagues invisibles, qui changeront votre quotidien !) qu'un médecin aussi malade que son patient, dont l'esprit est encore plus détraqué que le schizophrène d'à côté. Ainsi, étaler ses états d'âmes en plein milieu de l'hôpital ne la rendait pas bien fière, et elle adressa à Ella un regard, suivi d'un geste vague, qui lui demandait de sortir.
Une fois à l'extérieur, Eli se retourna vers la jeune fille, et elle aurait tant voulu lui dire qu'elle était désolée, désolée d'être minable et incapable de dompter sa colère, désolée de l'embarquer dans une histoire où elle n'avait rien à faire, désolée de vouloir la forcer à porter le rôle du coupable alors qu'elle n'était qu'une simple passante dans la scène de crime. Mais il y avait un fossé entre ce qu'elle pouvait ressentir, et ce qui sortait vraiment de sa bouche. Un fossé immense entre la réalité et le songe. En fait, les choses avaient pris une telle tournure depuis des mois, qu'Elizabeth avait l'impression de baigner et de vivre dans ce fossé, incapable d'atteindre le rivage de la réalité, incapable de s'enliser dans le fantasme. Agonie par l'eau, noyade forcée ou volontaire, douloureuse et lente. Au lieu de nager, elle préférait agiter ses bras bêtement et s'asphyxier sous ses propres vagues. « Qu'est-ce que tu faisais chez lui la dernière fois ? »
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MessageSujet: Re: Encore toi - Ella    Encore toi - Ella  EmptyMar 21 Fév - 22:21

Elizabeth était étrange tout de même. Je ne comprenais pas pourquoi, elle faisait preuve d’une jalousie excessive. Ethan n’était certainement pas le genre d’homme à aller voir ailleurs. Encore moins avec une adolescente. Et ce ton. Cette façon qu’elle avait de me parler. Non franchement. Je ne savais plus sur quel pied danser. Je ne savais plus quoi penser. Ni quoi dire. Un sourire étrange s’afficha sur ses lèvres alors qu’elle détournait les yeux. A croire que j’étais vraiment à côté de la plaque. Qu’il ne s’agissait pas de jalousie quelconque. Mais, si ce n’était pas ça ? Qu’est-ce que ça pouvait bien être alors. J’avais l’impression qu’on ne se comprenait pas. C’était comme si elle parlait le chinois et moi le russe. Je ne savais pas ce qu’elle attendait de moi. « Si c'est ça que tu veux, je te dirais, vas y, va le séduire, fais toi plaisir. Je suis pas jalouse Ella, j'ai pas peur que tu me.... ''pique mon mari''. » Ouh. Alors là non. Ce n’était pas du tout ça que je voulais. Et comment faisait-elle pour en parler avec autant détachement ? Bordel, j'avais dû louper un épisode. A moins qu'Elizabeth soit complètement détraquée. Ou qu'elle soit du genre reine castratrice qui ne redoute aucune ennemie ? En tout cas, ce qu'elle me disait ne me rassurait pas franchement. Je n'étais même plus sûre qu'elle pense ça. Attention on rembobine. Ouais, non. Rien à faire j'étais perdue. J'avais l'impression d'être le témoin de ma propre vie. De regarder. De laisser parler. Et de ne pas pouvoir agir. « C'est autre chose. » Ah bon ? Alors, c'était quoi le problème ? De toute évidence, il fallait qu'elle m'explique. « Puis de toute façon, pourquoi est-ce que tu tiens tant à Ethan ? T'as une dette envers lui, tu lui voues un culte ? » J'avais presque envie de rire. Si je ne redoutais pas sa colère, je l'aurais probablement fait. Vouer un culte ? Ah non quand même pas. Je ne vouais de culte à personne. Même si je m'attachais à tout le monde. En revanche, avec son histoire de dette, elle n'était pas si loin de la vérité. Enfin son regard ainsi que son geste me firent comprendre qu'il valait mieux qu'on parle dehors. S'exposer au milieu de l'hôpital, ce n'était pas ce qu'il y avait de plus recommandé. Alors, très bien. Je lui répondrais à l'extérieur.

Elle se retourna vers moi. « Je n'ai pas envie d'une aventure quelconque avec Ethan. Ni rien de tout ça. » Et dans tout ça, j'entendais toutes les histoires saugrenues qui impliquaient sexe, sentiments et bien plus encore. Je ne voulais pas d'une relation différente avec Ethan. J'aimais apprendre à le découvrir. Tenté de le faire positiver un peu. Piquer ses cigarettes. Non, je ne voulais pas que ça change. Et je ne pense pas que notre était malsaine. Ni pour Elizabeth et Ethan ni pour Ethan et moi. « Et si ce n'est pas de la... jalousie, de quoi s'agit-il ? » Ouais, c'était surtout ça qu'il fallait qu'elle m'explique. Parce que je ne voyais pas. Ce n'était pas elle que j'allais voir aussi souvent. Ce n'était pas elle que je risquais d'importuner. J'observais son visage tout en haussant les épaules. « J'apprécie la présence d'Ethan, j'aime passer du temps avec lui. » Et c'était vrai. Ce n'était pas parce qu'il m'avait aidée un soir que je tenais autant à lui. C'est parce que j'avais découvert un homme bien. Agréable. Même s'il voulait faire croire le contraire. Je ne le voyais pas comme quelqu'un de ronchon. Juste un peu pessimiste. Et moi, j'étais curieuse de le connaître toujours plus. Mais, il n'y avait rien de mal à ça. Enfin, à mes yeux, il n'y avait rien de mal à ça. Peut-être que la jolie brune voyait les choses autrement ?

Peut-être. Je n'en savais rien. Toujours est-il qu'elle reprit la parole. Pour d'autres questions. A croire qu'elle avait prévu de me faire vivre un interrogatoire. Mais, si ça pouvait la rassurer, pourquoi pas ? Mais, je n'étais pas certaine du résultat. Et au fond, j'aurais voulu fuir cette galère. « Qu'est-ce que tu faisais chez lui la dernière fois ? » Euh. Eh bah j'allais le voir. Que dire d'autre ? Je ne cherchais pas vraiment de raisons pour le voir. Je lui demandais s'il était libre. Je passais tout simplement. Enfin qu'attendait-elle que je réponde ? Je lui souriais gentiment. Parce que je n'avais pas de raisons de ne pas le faire. De changer mes habitudes. Et parce que malgré tout, elle la présence d'Elizabeth ne m'était pas désagréable. « J'avais simplement envie de passer le voir... j'aurais dû avoir une raison particulière ? » Franchement, j'étais du genre à voir les gens par envie. Me cacher derrière des excuses, très peu pour moi. Dès que j'avais un instant de libre, j'étais fourrée chez quelqu'un. Et l'autre jour, c'était chez Ethan. Je n'avais pas de raisons particulières de le faire.
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MessageSujet: Re: Encore toi - Ella    Encore toi - Ella  EmptyJeu 23 Fév - 22:36

Elle était à côté de la plaque, c'était le cas de le dire. Enfin, lorsqu'on y réfléchissait un peu mieux, elle ne l'était pas totalement. Pas tant que ça, au final. Elle n'était pas une de ces grandes reines froides et sûres d'elles, qui ne craignent aucune ennemie, même si Elizabeth restait une personne confiante, consciente de ses propres capacités et sans réel problème de confiance en soi. Détraquée, un peu, sans doute. Jalouse ? Certainement. Alors Ella avait bien compris le problème, mais elle se trompait dans l'interprétation. « Je n'ai pas envie d'une aventure quelconque avec Ethan. Ni rien de tout ça. » C'était naïf, c'était franc, et tellement irritant. Elle avait le culot de lui balancer des vérités dans la face comme ça, sans aucune crainte. Elle était l'incarnation de ce qu'une soeur devrait être : fraîche, simple, sans pensées malsaines. Elle n'avait pas envie d'Ethan, parce qu'elle avait dix sept ans, parce qu'elle était mineure, qu'elle avait autre chose à faire que de s'intéresser à un psychiatre aussi détraqué que ses pires patients, parce qu'à cet âge, elle avait d'autres centres d'intérêts. Dans sa bouche, c'était innocent, c'étaient de simples mots placés les uns après les autres, ayant pour unique but de nier tout ce qu'Elizabeth semblait l'accuser. Ces mêmes mots, lorsqu'ils traversèrent l'oreille d'Eli, et arrivèrent jusqu'à son cerveau, étaient tels un casse tête chinois. Avoir envie d'une aventure quelconque... il lui aurait suffit d'avoir envie. Elle aurait envie d'une relation quelconque, elle aurait pu l'avoir. Il lui aurait suffit d'avoir cette petite impulsion, pour avoir l'homme tout entier. Et Elizabeth l'avait, cette putain d'impulsion, et elle pouvait s'étouffer avec cette impulsion, attendre le déluge, attendre la main de Dieu, elle n'allait jamais avoir ce dont elle avait le plus envie. Et Ella n'était pas apte à comprendre. Personne ne l'était. Non pas parce qu'Elizabeth et Ethan étaient de pauvres victimes, trop originales, trop atypiques pour être comprises, mais tout simplement parce que la chose en elle même leur était incompréhensible. Ce n'était pas de la simple jalousie, c'était plus. C'était le désir d'être une autre personne ne serait-ce que pour quelques instants, et en l'occurrence, Ella. Pouvoir se glisser dans sa peau et savourer quelques instants de plaisirs simples avec Ethan. Avoir un esprit clair et ordonné, et ne pas avoir l'impression que sa tête soit une véritable caverne d'homme préhistorique. Elle aurait tant donné pour être cette adolescente là, pour lui parler sans reproche, pour le toucher sans culpabilité. Parce qu'elle aussi, elle aurait aimé pouvoir se dire, j'apprécie la présence d'Ethan, j'aime passer du temps avec lui, sans que ça ne sonne de façon incestueuse. Pourtant, cette sensation d'être minable lui était propre ; aux yeux de leur famille, de leurs amis, ils étaient le frère et la soeur parfaits, relation géniale et solide, merveilleuse, et tout plein de qualificatifs mélioratifs. Aux yeux de tous ces inconnus d'Arrowsic, ils étaient le petit couple de médecins tout juste arrivé, qui s'étaient sans doute marié trop tôt, et avait découvert que la vie à deux n'était peut-être pas faite pour eux, mais qui, dans le fond, s'aimait quand même. De n'importe quel point de vue, ils étaient parfaitement sain. Il n'avait rien de mal à quant à adorer son frère, il n'y avait rien de mal quant à rater sa vie de couple.

« Et ça t'arrive souvent ? J'essaie de me préparer psychologiquement tu vois, essayer d'anticiper les fois où je risque de te voir lorsque j'irai chez lui. » Chez lui... elle avait tellement l'habitude de dire ''chez nous'' lorsqu'ils étaient encore au Canada, chez nous, chez nos parents, mais pas ''chez lui''. Elle s'était toujours dit qu'ils auraient pu prendre un appartement ensemble, étant donné qu'ils s'étaient lancés dans les mêmes études, et qu'Elizabeth avait, de surcroît, choisi la même école. Elle n'avait jamais envisagé de cohabiter avec des amis, et encore moins des inconnus, pour la simple et bonne raison qu'elle ne l'aurait pas supporté. C'est pourquoi elle se voyait vivre quelques années avec son frère, le temps de finir ses études, et de voir partir Ethan avec une fille dans les bras. Mais les choses ne s'étaient réalisées comme prévues. Et aujourd'hui qu'ils avaient quitté le cocon familial, ils étaient dans deux appartements différents, bien éloignés l'un de l'autre, et elle devait faire face à la sonnerie à chaque fois qu'elle se rendait chez lui. Supplice que de devoir appuyer sur ce bouton, d'entendre cette sonnerie abominable. Elle semblait perdre toute sa valeur, et avoir autant d'importance que le pompier qui venait lui vendre des calendriers avec des flammes et de la fumée dessus, ou la voisine d'à côté qui exigeait un peu de silence.
Puis le ton neutre d'Ella... la simplicité de ses mots, de ses phrases, cette franchise, ce temps inexistant qu'il y avait entre ses questions et ses réponses, preuve d'une sincérité sans pareille... Eli aurait préféré qu'elle s'emporte, qu'elle lui hurle dessus, qu'elle la traite de vieille fille possessive et folle, mais rien de ça. Dans l'histoire, Elizabeth était la seule à se ridiculiser. Elles avaient sept ans d'écart, et Eli semblait être la moins mature. « Tu peux pas comprendre... t'as pas la moindre idée de ce que c'est, de ce que ça peut être. Et tu me fais chier putain... » Et elle se sentait faiblir, devenir pitoyablement fébrile. Elle passa ses mains sur son visage, envoyant balader ses quelques mèches brunes vers l'arrière. « Comment tu l'as connu, en fait ? »
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MessageSujet: Re: Encore toi - Ella    Encore toi - Ella  EmptySam 25 Fév - 22:49

Elizabeth avait vraiment l’air de m’en vouloir. Et je ne comprenais vraiment pas pourquoi. Je ne voyais pas où elle venait en venir avec moi. C’était fou. De se poser autant de questions et de trouver si peu de réponses. J’avais l’impression qu’elle avait une haine profonde envers moi. Pourtant, je n’avais jamais voulu ça. J’avais beau être sincère. Lui dire que je ne voulais pas coucher avec Ethan. J’avais beau tout faire pour la rassurer. Pour qu’elle cesse d’être aussi agacée de me voir. Mais, rien n’y faisait. « Et ça t'arrive souvent ? J'essaie de me préparer psychologiquement tu vois, essayer d'anticiper les fois où je risque de te voir lorsque j'irai chez lui. » Non vraiment rien. Mais, bordel qu’est-ce que j’avais bien pu faire ? Ou ne pas faire ? Et c’était tellement étrange. L’entendre dire chez lui alors qu’ils étaient ensemble. Je ne comprenais pas vraiment pourquoi ils vivaient séparément. Ils avaient l’air de tenir l’un à l’autre à l’autre. Il suffisait de voir l’attitude d’Elizabeth. Si elle ne tenait pas à son mari, elle n’aurait pas réagi comme ça. Enfin, c’est ce que je pensais. J’avais peut-être tors. De toute façon, dans cette histoire j’avais l’impression d’avancer à l’aveuglette. D’être ignorante de tout. Y compris des chefs d’accusation qu’elle me portait.
Enfin est-ce que ça m’arrivait souvent ? Pas tous les jours. Mais, assez fréquemment oui. Est-ce que c’était si grave ? Est-ce que je l'insupportais à ce point ? Après tout, rien ne l’obligeait à me parler. Ni à me saluer. Elle me perdait royalement. « Assez souvent, oui. Et je peux savoir pourquoi ça t’énerves autant ? » J’avais aussi mes questions. Mais, je n’étais pas certaine qu’elle y réponde. Parce que même si je préférais lui parler en toute sincérité, rien ne l’obligeait à en faire autant. Mais, si elle pouvait éclairer ma lanterne, ça serait vraiment bien.

Et quand je lui demandais de quoi il s’agissait. Puisqu’elle prétendait que ce n’était pas de la jalousie. Elle sembla s’emporter davantage. Comme si je l’avais plongé dans des pensées qu’elle préférait ignorer. Comme si ce sujet la déstabilisait particulièrement. Enfin, je me trompais sûrement. Même s’il était évident qu’elle s’emportait. « Tu peux pas comprendre... t'as pas la moindre idée de ce que c'est, de ce que ça peut être. Et tu me fais chier putain... » Non c’est sûr que si elle ne m’expliquait pas, je ne pouvais pas comprendre. Et pourtant, elle n’avait pas l’air de vouloir m’expliquer. Elle n’avait même pas l’air de vouloir que je comprenne. Je la faisais chier, je ne savais même pas pourquoi. Bordel, plus les secondes passaient, plus je m’embrouillais. Je le regardais passer ses mains sur son visage. Je n’avais vraiment pas la moindre idée de quoi il s’agissait là, elle avait raison. Et je restais silencieuse. Parce que je ne pouvais rien dire. Je ne pouvais rien demander. Parce que j’avais la sensation que chaque parole l’énerverait un peu plus.

Je la regardais passer ses mains sur son visage. Elle avait vraiment l’air accablée. La situation avait l’air de la rendre complètement dingue. Pourtant, elle la maîtrisait mieux que moi. Parce qu’elle savait ce qu’elle me reprochait. Évidemment, j’avais compris qu’elle me trouvait trop présente. Envahissante. Qu’elle avait la sensation que je m’imposais. Mais, il n’y avait pas que ça. Et le reste, je ne parvenais pas à savoir de quoi il s’agissait. « Comment tu l'as connu, en fait ? » voulait-elle vraiment le savoir ? Ou avait-elle l’intention de rebondir là-dessus pour me reprocher je ne sais quoi ? Je n’en savais rien. Et à vrai dire, ça m’angoissait un peu. Elizabeth commençait à m’angoisser. Et puis, je n’étais pas certaine que ça l’aide à comprendre. Ou que ça l'avance à quoique ce soit.
Enfin, je n’en savais rien. Peut-être qu’une nouvelle fois, je me trompais. Alors avec un petit sourire en repensant à ce soir-là, je me décidais à lui dire. « Disons pour faire simple qu’il m’est venu en aide là où beaucoup aurait passé leur chemin. Il a écarté des mecs assez lourds qui me suivaient d’un peu trop près dans une ruelle sombre. » Bon je n’allais pas lui sortir tous les détails. De toute façon, ce peu d’information disait l’essentiel. Du moins, l’essentiel de notre rencontre avec Ethan. Après pourquoi je m’étais attaché à lui… c’était une autre histoire. Et là, elle ne me comprendrait vraiment pas.

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MessageSujet: Re: Encore toi - Ella    Encore toi - Ella  EmptyMar 28 Fév - 17:05

Rien ne l'obligeait à la saluer, à lui parler, ni même à la regarder. Elle pourrait se glisser dans l'appartement, se servir à un verre et s'affaler sur le canapé si moelleux, et si confortable, en laissant tranquilles Ella et Ethan, puisqu'ils ne faisaient rien de mal, qu'ils n'étaient pas en train de comploter contre elle, ou contre les Etats Unis, avec cachée dans le parking une bombe artisanale. Ils discutaient. Comme deux personnes lambdas, ils discutaient. Et c'était déjà trop. A court de raison – comme si elle en avait déjà eu une qui était valable dès le début, alors plutôt à court de mensonges, et refusant de perdre la face devant une fille pareille, elle se contenta de lui lancer un regard hautain et meurtrier. Maquiller la panique sous du mépris, cacher le silence derrière une attitude qui se voulait supérieure. Lui faire croire qu'elle n'avait pas à se justifier, surtout pas auprès d'elle, qu'elle n'en valait pas la peine, alors qu'en vérité, elle était juste incapable de trouver des mots à placer. Elle avait beau fouiller dans son esprit à la recherche de réponses blessantes, de mensonges tout cuits tout beau prêts à être balancés à la figure du premier venu, tout paraissait trop fade, trop idiot, pas assez construit. Elizabeth subissait ça comme un pitoyable échec, au bord de l'implosion. Elle se mettait elle-même dans des situations improbables – pourquoi user de l'aide de quelqu'un quand on réussit si bien en étant seule ? - enfonçait le clou de sa propre main, et luttait avec un mal de chien pour s'échapper.

Et puis l'histoire de leur rencontre... Comme c'était beau, une ruelle sombre, quelques jeunes trop lourds, une fille blonde, un inconnu à la dégaine héroïque qui passe et sauve la demoiselle. Non vraiment, sérieusement, Ethan ? Une partie d'elle se disait tant mieux pour Ella, heureusement qu'il était là, et elle était presque contente de constater qu'il restait toujours un peu le même. Et une autre partie d'elle brûlait sous la jalousie, histoire venue rajouter de l'huile sur le feu. Grand frère protecteur qui ne laisse jamais sa soeur en danger, surtout pas entre les doigts boudinés de pseudo-gros-durs. De mieux en mieux. Heurtée, elle lui afficha une moue presque admirative, et bien cynique. « Ah, ça m'étonne pas, du Ethan tout craché ça. C'est un peu... le grand frère parfait, celui qui vole à ton secours, celui qui ne te laissera jamais tomber au détour d'une ruelle trop sombre. » Exposer le problème au grand jour pour mieux le nier. Ne pas cacher les choses comme un voleur au risque de se faire prendre la main dans le sac. Il fallait se montrer sûr de soi, pour ne pas éveiller le doute chez les autres ; mais au fond, quel doute ? Personne n'y pensait, parce que c'était trop tordu, trop malsain, trop. Pourquoi se justifier de quelque chose que personne ne soupçonne ? Parce qu'elle était comme ça Elizabeth, labyrinthe de pensées et d'avis dans lequel tout le monde s'y perdait, elle y compris. Vouloir le bonheur et se foutre une corde autour du cou en même temps. Être prête à faire des concessions et désirer l'absolution. « C'est un peu ça non ? Il doit te voir comme sa soeur, tu sais la fille qu'on adore et qu'on protège ; celle qui semble avoir 10 ans toute sa vie... Ouais, il doit sans doute te voir comme ça, de façon innocente. Je comprends vraiment pas pourquoi je me fais des histoires autour de vous deux. Vraiment. » Souvenir légèrement teinté de nostalgie. Elizabeth débitait là que des vérités, tournées avec une pointe de cynisme, un sourire qui se voulait à moitié moqueur, à moitié désolé. Montrer à Ella qu'elle était aussi déboussolée qu'elle, qu'au final, il n'y avait pas de quoi faire tout un plat, alors que toute la cause du problème était là, étalée sous un nez. La mettre tellement en évidence pour qu'elle paraisse inenvisageable.
« Tu dois lui être reconnaissante j'imagine. Mais qu'est-ce qui t'a plu chez lui ? Enfin, je veux dire, pourquoi est-ce que tu t'es autant attachée à lui ? » lui demanda-t-elle, avec une voix qui se voulait compréhensive et tendre. Elle refusait catégoriquement de lui faire des excuses, trop orgueilleuse pour ça, même si elle les méritait bien amplement. A la place, elle avait troqué son air de suffisance contre un peu de douceur. Quitte à la voir traîner dans les parages de façon régulière, autant la connaître le mieux possible.
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MessageSujet: Re: Encore toi - Ella    Encore toi - Ella  EmptyJeu 1 Mar - 21:01

Elle me lança un regard à vous glacer le sang. Elle prenait son air hautain. Comme si elle n’avait pas besoin de se justifier. Comme si ça n’en valait pas la peine. Comme si je n’en valais pas la peine. Elisabeth avait un côté étrange. Dans son comportement. Quelque chose que je n’arrivais pas à cerner. Ou peut-être que je ne pensais pas ça parce que je n’arrivais pas à la suivre. Peut-être que j’étais la seule à penser ça. Peut-être que c’était moi qui étais étrange. Pas l’inverse. Je n’en savais rien. Quoiqu’il en soit, elle donnait l’impression d’être supérieure. Ou du moins de se sentir supérieure.

Néanmoins, je laissais tout ça de côté. Je préférais ne pas chercher trop loin. Me dire que je me faisais des idées. Je préférais répondre à ses questions. Lui raconter ma rencontre avec Ethan. Et elle afficha une moue que je n’essayais pas de déchiffrer. De toute façon c’était fait. Et j’étais vraiment ravie qu’Ethan ait été présent, ce fameux soir. J’étais vraiment heureuse de l’avoir rencontrer. « Ah, ça m'étonne pas, du Ethan tout craché ça. C'est un peu... le grand frère parfait, celui qui vole à ton secours, celui qui ne te laissera jamais tomber au détour d'une ruelle trop sombre. » Peut-être un peu. Mais, je n’avais jamais imaginé les choses sous cet angle. Mais, elle avait sûrement raison. Il agissait peut-être un peu comme un grand frère. Encore que, je n’en étais pas certaine. Il était vraiment adorable. Enfin, je le trouvais adorable. Même quand il ronchonnait. Mais, non. Je n’avais pas cette vision-là du grand frère. Peut-être parce que j’étais aveuglé par le modèle d’Ashton. Elizabeth avait peut-être un tout autre exemple. Un tout autre modèle. Et c’était peut-être pour ça qu’elle voyait le grand frère. J’étais perdue dans mes pensées. Mais, sa voix m’en sorti rapidement. « C'est un peu ça non ? Il doit te voir comme sa sœur, tu sais la fille qu'on adore et qu'on protège ; celle qui semble avoir 10 ans toute sa vie... Ouais, il doit sans doute te voir comme ça, de façon innocente. Je comprends vraiment pas pourquoi je me fais des histoires autour de vous deux. Vraiment. » Son sourire me montrait qu’elle était un peu paumée. Même si je n’arrivais pas à le déchiffrer. De plus, même si ce n’était pas des excuses, elle s’était adoucie. Ça n’en avait pas la forme mais, ça avait le fond. Enfin, à mes yeux. « C’est peut-être un peu ça… mais, je t’avouerais que je n’avais jamais vu les choses cet angle. Je ne suis pas certaine qu’il me voit vraiment comme ça. Mais, du moment qu’il ne se met pas à agir comme mon grand frère, Ashton, ça me va. » Je lui souriais. J’étais plus détendue. J’espérais qu’elle ne prendrait pas mal ces paroles. Et c’est vrai que tant qu’Ethan ne devenait pas un Ashton numéro trois, ça m’allait. Ashton numéro deux, c’était déjà pris par Blazhe. Bien qu’il n’égalait pas mon frère. Enfin, j’enchaînais. « Mais, tu n’as pas besoin de te faire des histoires, promis. Et tu as un frère toi ? » Je demandais par curiosité. Tant qu’on en parlait, autant lui demander.

Elle était vraiment devenue plus douce. Ça s’entendait au son de sa voix. Et c’était vraiment agréable. Je ne pouvais pas lâcher mon sourire dans ce cas-là. « Tu dois lui être reconnaissante j'imagine. Mais qu'est-ce qui t'a plu chez lui ? Enfin, je veux dire, pourquoi est-ce que tu t'es autant attachée à lui ? » Qu’est-ce qui m’avait permis de m’attacher ? Je ne savais pas trop. Il y avait tout un tas de raisons. A commencer par le fait que je lui étais vraiment reconnaissante. Je ne pouvais m’empêcher de m’attacher aux gens. J’étais incapable de me dire qu’une personne puisse être mauvaise. Alors, dans ces circonstances ? Encore moins. Je ne voyais chez Ethan qu’un homme bon. Avec un métier remarquable. C’est vrai, après tout, il dédiait sa vie aux autres. Et puis même s’il jouait les grincheux, ce n’était que pour cacher qu’il était. Enfin, ouais. Je voyais les choses comme ça. Alors c’était certainement un concours de circonstances qui avait que je m’étais attachée à lui. « Je lui suis vraiment reconnaissante, en effet. Et je ne pouvais pas le laisser partir comme ça. Je crois que c’est ma curiosité qui m’a poussé à vouloir en savoir plus sur lui. » Je faisais un petit sourire. C’était con tout ça. Mais, c’était une belle rencontre. Enfin je poursuivais. « Et Ethan est quelqu’un de remarquable. Il est très secret et c’est assez frustrant parce que je suis affreusement curieuse. Enfin bref, il se donne des airs d’ours comme ça. Mais, il est adorable. Je suis certaine que ce n’est pas quelqu’un de mauvais. Comment quelqu’un qui dédie sa vie aux autres pourrait être mauvais ? Je ne dis pas qu’il a que des qualités… tout le monde a des défauts et heureusement. Mais, il a des qualités vraiment appréciables même si je n’ai jamais vu quelqu’un fumer autant. » Et je m’arrêtais là. J’avais peut-être beaucoup parlé. Je ne savais pas si elle m’avait suivi. Et puis elle devait savoir tout ça. J’en étais certaine. Elle n’avait pas besoin de moi pour le remarquer.


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MessageSujet: Re: Encore toi - Ella    Encore toi - Ella  EmptySam 3 Mar - 19:03

Léger sourire lorsqu'elle évoqua son véritable frère. Elle ne savait pas vraiment si elle souriait parce qu'elle voyait qu'Ella fonçait dans le poteau, croyant naïvement qu'elle avait rangé sa jalousie, alors que c'était l'essence même du problème ; ou si elle souriait parce qu'elle éprouvait un semblant de sympathie. Car qu'on se le dise, Elizabeth la trouvait sympathique, trop sympathique même, et c'était justement cette qualité qui était irritante. Elle ne comprenait pas comment elle faisait, restant muette devant sa furie inexpliquée, son air hautain pitoyable, faisant ainsi preuve d'une maturité remarquable. A sa place, Elizabeth lui aurait déjà balancé quelques vérités à la gueule, craché un peu de venin en plus, et serait partie depuis un bon bout de temps ; la patience devant une telle bêtise n'étant pas une de ses qualités. Mais Ella n'était pas comme elle, plus calme que jamais, plus sincère que jamais. Elle tentait de comprendre les raisons du problème au lieu de l'éviter, se justifier au lieu de s'en aller. Et Elizabeth se sentait relativement minable à côté d'une adolescente de sept ans sa cadette, elle qui avait toujours eu un tempérament sanguin, bouillonnante au moindre détail, démarrant au quart de tour.
Question qui la refroidit directement. Tu as un frère ? Tout un système se mit en place automatiquement dans sa tête, les deux choix qui s'offraient à elle, et les conséquences qui suivaient. Si elle disait oui, Ella lui demanderait sans doute des informations supplémentaires, et là, un nouveau choix s'offrait à elle : lui dire la vérité en omettant les renseignements cruciaux évidemment, et lui faire un portrait d'Ethan, ou alors inventer des caractéristiques totalement différentes. Si elle répondait par la négation... ce serait la réponse à donner, en fait. Un simple ''non'', et on n'en entendait plus parler. Mais c'était au delà de ses forces de dire qu'elle n'avait pas de frère tant ce dernier occupait une place privilégiée dans sa vie. Alors on allait feinter, et accompagner le tout d'un joli sourire, parce que ça passe toujours mieux en souriant. « J'avais un frère » souffla-t-elle, presque nostalgique. Ce n'était pas vraiment un mensonge, en fin de compte. Ethan n'était plus le frère qu'elle avait connu, elle l'avait en quelque sorte perdu depuis plus d'un an. C'était la réplique parfaite. Ella allait le croire mort, et serait trop gênée pour lui en parler de nouveau. « Enfin, il est comment ton frère Ashton ? »

Puis elle entamait son petit monologue racontant sa rencontre et ce qui avait titillé sa curiosité. Énumération de bonnes qualités qu'elle attribuait à Ethan. C'était presque touchant de la voir entretenir une image si sainte et lisse, alors qu'elle, elle ne l'avait plus, depuis bien longtemps désormais. C'était presque avec regrets qu'elle constatait ça ; faisant avec plus d'aisance la liste des défauts qu'elle lui reprochait, plutôt que celle de ses remarquables qualités. Et lorsqu'elle s'essayait à l'exercice, un exemple lui venait automatiquement à l'esprit, venant prouver par a b que cette qualité n'était sans doute pas pour lui. Vision terne et détruite d'un grand frère autrefois idéal. Elle était vraiment touchante Ella, c'était horrible de se montrer sous un si mauvais jour avec une fille comme elle. « C'est vraiment un ours. » lui affirma-t-elle en souriant. Presque sincère Elizabeth dans son rire. Elle haussa brièvement les épaules avant d'ajouter : « Mais non, c'est pas quelqu'un de mauvais, il est juste... » elle ne savait pas vraiment ce qu'il était, en fait. Parce que lorsqu'elle essayait de lui trouver quelques qualités, ce n'était qu'une succession des pires saloperies qu'il lui avait faites qui lui venait. C'était désolant, elle l'aimait à en crever et elle était incapable de dire ce qui lui plaisait chez lui, ne trouvant que des raisons pour le détester. « Enfin, tu vois, tu l'as plutôt bien cerné. J'essaie de lui arracher ses clopes du bec quand je peux depuis des années, mais voilà, il est têtu, il a pas envie d'arrêter, donc c'est pas moi qui vais changer les choses. Il pourra se sentir coupable si je chope un cancer à sa place. » Elle croyait piéger Ella (piéger ? Quel piège y avait-il en fin de compte, et un piège pour obtenir quoi ?) mais elle était faible, se laissant enfermer dans la cage en même temps. Elle redevenait presque douce et sincère. « Après, te fais pas d'idées sur les médecins ou ceux qui veulent le devenir, tous ne sont pas des saints et âmes généreuses hein. On se demande vraiment ce que certains foutent tant ils ont rien à faire de la personne qu'ils ont en face. » lui dit-elle, sur un ton de rigolade, et un peu désolé aussi sur la fin. Rien de bien sérieux. Enfin, si c'était tout vrai, certains n'avaient rien à faire en tant que médecin, étant de véritables goujats, mais ce n'était un secret pour personne. Puis les choses étaient comme elles étaient, à part en rire, qu'y avait-il à faire ?
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MessageSujet: Re: Encore toi - Ella    Encore toi - Ella  EmptyDim 4 Mar - 17:17

J’étais peut-être naïve de croire qu’Elizabeth avait ravalé sa jalousie. Mais, j’y croyais. Il suffisait de voir son sourire. Elle ne m’aurait pas souri tout à l’heure. Alors, ce n’était peut-être rien. Mais, elle passait beaucoup moins pour une furie. Et c’était déjà pas mal. Je me permettais même de lui demander si elle avait un frère. Et en fait je ne m’attendais pas à sa réponse. « J'avais un frère » avait-elle soufflé. Avec une nostalgie qui remplaçait son sourire. C’était le genre de phrase que je ne m’attendais pas à entendre. Et tout ce que je pouvais faire c’était lui dire « Désolée. » sans connaitre l’histoire. Perdre Ashton, je savais que je ne pourrais pas supporter. Il était trop important pour moi. La vie sans lui n’était pas pareille. Elle était amère. Et même lui en vouloir pour l’autre jour était un effort de titan. Parce que c’était mon modèle. Alors j’imaginais qu’Elizabeth devait vraiment souffrir. Que la plaie devait être profonde. J’étais gênée pour elle. Gênée d’avoir été indiscrète.

Je pensais que le sujet allait s’arrêter là. Qu’elle ne voudrait plus entendre parler de frère. Et pourtant, elle m’interrogea sur Ashton. « Enfin, il est comment ton frère Ashton ? » Ashton… c’était un con. Un adorable con maladroit, protecteur, toujours là pour moi. Un con avec un sourire qui illumine votre journée. Un con sur qui compter, à qui je pouvais tout confier. Ashton. J’avais un paquet de choses à dire sur lui. Et tous ses défauts devenaient des qualités quand j’y pensais. Il avait la place de modèle. Il était le plus important. Même quand il me décevait. Même quand il me blessait. Il restait le numéro un. « Ash… il est terriblement exigeant. Il voudrait à tout prix que je fasse tout ce qui dise. Il refuse que je fasse ce qu’il faisait à mon âge. Il est terriblement protecteur et…jaloux. Mais, en dépit de tout ça, il est extraordinaire. Il est toujours là pour m’écouter. Je peux tout lui dire. Il est le plus important pour moi. C’est un peu comme un modèle à suivre. » Oui c’était un peu ça. Le grand frère trop protecteur. Celui qui voudrait que sa petite sœur reste sienne pour l’éternité. Celui qui refuse de me voir grandir.

Enfin, je lui faisais un grand discours sur Ethan. Je lui listais ses qualités, en gros. Je lui livrais sincèrement ce que je pensais de lui. « C'est vraiment un ours. Affirma-t-elle avec un petit rire. Peut-être un peu. Mais, ça ne l’empêchait pas d’avoir tout un tas de qualités. Et j’étais certaine qu’il pouvait être un peu moins "ours". Il suffisait qu’il le décide. Enfin, elle haussa les épaules. « Mais non, c'est pas quelqu'un de mauvais, il est juste... » Il est juste ? Je ne savais pas ce qu’elle voulait dire. Mais, c’était certain que ce n’était pas quelqu’un de mauvais. Je ne pouvais pas dire le contraire. Pas quand je repensais à notre rencontre. Et puis même. Il ne l’était pas. Voilà tout. « Enfin, tu vois, tu l'as plutôt bien cerné. J'essaie de lui arracher ses clopes du bec quand je peux depuis des années, mais voilà, il est têtu, il a pas envie d'arrêter, donc c'est pas moi qui vais changer les choses. Il pourra se sentir coupable si je chope un cancer à sa place. » Je lui souriais. Ouais, lui arracher les clopes du bec, c’était dur. Il était vraiment têtu. Et il n’avait rien à faire de sa propre santé. Mais, c’est vrai qu’elle courrait des risques aussi. « C’est vrai qu’il est têtu mais, tu devrais persévérer, non ? » Après tout, il l’aimait. C’était sans doute elle qui avait le plus d’influence. En tout cas, moi, je m’acharnais. En vain, je le savais. « Après, te fais pas d'idées sur les médecins ou ceux qui veulent le devenir, tous ne sont pas des saints et âmes généreuses hein. On se demande vraiment ce que certains foutent tant ils ont rien à faire de la personne qu'ils ont en face. » Je lui souriais à nouveau. Je préférais la voir comme ça. Elle semblait tellement plus calme. Ça lui allait tellement mieux. Et elle avait raison, tous les médecins n’étaient pas saints. Mais, ça se sentait non ? Quand quelqu’un ne tournait pas rond ? Quand sa seule motivation n’était d’autre que l’argent. Enfin, c’était mon avis. « C’est vrai ouais, mais, Ethan ne fait pas parti de cela je crois. » Non vraiment pas.

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MessageSujet: Re: Encore toi - Ella    Encore toi - Ella  EmptyJeu 8 Mar - 20:50

Désolée... C'était la seule chose qu'elle pouvait lui dire. Désolée, disait-on, à n'importe qui, n'importe quand, dans n'importe quelle situation, lorsque rien d'autre ne venait. Mécanisme ancré si profondément qu'il ne faisait plus effet ; on disait désolée à une femme en deuil comme on la saluait. Désolée que tu aies perdu ton frère, j'espère que tu pourras faire le deuil et passer à autre chose. Et comment faisait-on lorsqu'on avait réellement perdu son frère, mais que son fantôme dansait encore devant nos yeux ? Qu'il avait la capacité de nous poursuivre physiquement et de nous hanter jusque dans nos rêves ? C'était se condamner à une période de deuil interminable, porter du noir tous les jours, en broyer tous les soirs.
Puis elle l'écouta dresser le portrait de son frère Asthon, qui n'allait pas sans lui rappeler le sien. Exigeant, protecteur, jaloux, mais le genre de frère qui est toujours là pour sa cadette ; celui qui a fait quelques erreurs durant son adolescence et qui souhaite par dessus tout que la prunelle de ses yeux ne marche pas dans ses pas. C'était le cas d'Ethan autrefois, veillant à son bonheur comme un avare compte ses pièces d'or. Et aujourd'hui, en apparence, c'était peut-être le cas encore... on pouvait facilement se faire tromper, mais c'était plus de l'égoïsme qu'autre chose. Des deux côtés. Comportement insupportable et jaloux, encouragé par la peur de perdre l'autre, la peur de se retrouver misérable et devoir supplier l'autre jusqu'à s'en casser les rotules. L'égoïste envie de ne pas se priver de ce qui pourrait nous rendre heureux, tout en sachant que cette même personne nous condamne à un quotidien apocalyptique. Mais Ella avait donc un frère, ce n'était pas une pauvre fille unique en quête de l'amour fraternel qu'elle n'avait jamais pu avoir. Elle avait un frère aîné qu'elle adorait visiblement, dont elle ne pourrait se passer malgré son caractère trop protecteur qui devait sans doute se montrer étouffant parfois ; alors qu'elle reste auprès de lui, qu'elle lui laisse son frère à Elizabeth bon sang. Parce qu'elle était apparemment bien placée pour comprendre ce que c'était, la crainte de perdre une adorable enflure. Elle l'avait dit, en quelque sorte. Il avait suffit d'écouter ses éloges et son attachement, pour comprendre qu'elle serait détruite si elle perdait son frère. Alors putain, elle pouvait comprendre non ? Elle pouvait se rendre compte de la jalousie qui tenaillait Elizabeth... si seulement elle savait qu'il était son frère. Ella aurait sans doute pu comprendre, si elle avait eu toutes les cartes en main.

« C'est vrai qu'il est têtu, mais tu devrais persévérer non ? » Ils avaient pratiquement vécu toute leur vie ensemble, semblant de vie de couple sous un toit commun dès leur plus jeune âge. Habitués à se voir dans des situations ridicules, à se chamailler pour des bêtises. Elle n'avait jamais cessé de lui arracher les cigarettes des doigts, des lèvres, de ce que vous voudrez, mais il recommençait ; encore et toujours, comme si c'était réellement nécessaire à sa survie, alors que ça ne faisait qu'accélérer sa destruction. Alors après dix ans de vaine tentative, Elizabeth s'était résignée. Elle continuait à écraser ses mégots dès qu'elle pouvait, plus par mécanisme qu'autre chose. Il n'était pas prêt d'arrêter, il aspirait autant de nicotine que de dioxygène, et personne n'étant capable de faire peser la balance d'un côté plutôt que de l'autre. Elle se contenta de hausser les épaules, encore une fois. Elle aurait pu lui dire à quel point cela était vain, mais la conversation semblait presque prendre une tournure amicale, alors elle s'était arrêtée. Elizabeth voyait la distance qui s'était établie – et renforcée par son comportement puéril, se rétrécir dangereusement. Bientôt, elles avaient peut-être toutes se rendre chez Ethan, dîner de façon conviviale et éventuellement jouer au Trivial Poursuit. Non, il fallait impérativement que ce fossé reste entre elles. Qu'Elizabeth soit toujours la femme froide et hautaine auprès d'Ella. Elle ne pouvait pas se permettre une faiblesse pareille et sympathiser avec elle, elle qui lui volait inconsciemment le rôle qui lui était désigné. Elle se décida alors à abréger tout ce manège ridicule, aussi bien dans le commencement que dans la fin. Début catastrophique en cris, et fin où l'on n'attend plus qu'une embrassade affectueuse entre les deux jeunes femmes. « Il faut que je retourne à... » lui dit-elle finalement, en indiquant par un léger mouvement de tête le bâtiment duquel elles étaient sorties. Elizabeth esquissa alors quelques pas en direction de la porte, avant de se retourner, prête à agripper le poignet de l'adolescente. « Je veux plus te revoir chez Ethan. Tu te démerdes, tu te fais ce que tu veux, mais je veux plus te croiser là-bas. » Sinon quoi ? Sinon elle lui cassera sa gueule d'ange, ébouriffera ses cheveux soyeux pour les transformer en paille ? Peu convaincante Elizabeth.



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