JANUARY, THE THIRD, 2007. △ J'avais eu besoin de changer de tête, de montrer aux autres que je n'étais pas celle qu'ils pensaient. La nature m'avait bien gâtée, c'est vrai, j'étais plutôt jolie, même à douze ans. Mon mauvais caractère se remarquait assez vite, surtout avec mon visage. On ne pouvait pas dire que mes expressions faciales me donnaient un air angélique, loin de là. J'avais ce petit sourire en coin, sadique, il était tellement naturel que je n'y faisais plus attention. «
Alors, dis-moi pourquoi tu as fais cela, Teddy-Rose. » Je soupiras. «
Teddy. » Elle soupira. «
Bien. Teddy, dis-moi pourquoi tu t'es teint les cheveux en blond ? C'était pour une raison sociale, personnelle ou autre ? » Je détestais cette femme. Ses lunettes rondes, son air rigide et sa voix aigüe me donnait des envie de vomir. Elle s'évertuait sans cesse à savoir ce qu'il se passait dans mon esprit, en même temps, mes parents la payait pour ça, mais ne pouvait-elle pas faire semblant, avoir son fric et me laisser tranquille ? «
Je l'ai fais parce que je voulais sortir avec un mec de mon école. » FAUX. Elle haussa un sourcil. Plus rien ne la choquait avec moi. «
Je sais que tu mens. Les coins de ta bouche ont tressaillis et tes narines ce sont dilatées. Tu mens et en plus, cela te rend triste. » Foutues micro-expressions. Il fallait que mon père ait engagé une psychologue spécialisé dans les micro-expressions. J'aurais encore préféré parler à Tim Roth, le mec de Lie to me. Je ne répondis pas. Son regard m'indiquait de répondre, ce que je ne fis pas.
Cours toujours, vieille bique. Au bout de dix minutes de regards échangés, je me levais de la chaise, pris mon sac et sortit du cabinet, sans dire un mot, j'avais besoin de parler à quelqu'un que je connaissais et qui ne m'analyserait pas.
SEPTEMBER, THE TWENTY-SIXTH, 2009. △ Il fallait que je le vois. Il était tellement beau et sexy. Il venait d'avoir dix-huit ans. J'entrais dans le bar et pris place au comptoir, attendant qu'il se pointe. «
Je pourrais avoir de la Vodka, s'il vous plaît ? » Inutile d'essayer à quatorze ans. Quoi qu'on était à Los Angeles, on ne sait jamais. «
Vous avez quel âge ? » Je lui fis un petit sourire et passa ma main dans mes cheveux. «
J'ai seize ans, ça ne se voit pas ? » Il tiqua. C'était un jeune barmaid, il s'en fichait de servir les mineures. Il soupira et finit par me servir ma Vodka.
Naïf. Puis,
il entra. Je suivis toute sa trajectoire jusqu'à ce qu'il vienne s'assoir sur le tabouret à côté de moi. Je sirotai mon verre et me racla la gorge. «
Oh, Ethan ! Je n'savais pas que tu fréquentais ce bar, toi aussi. »
Allez mon coco, tombe à mes pieds. Il me fit un sourire avant de jeter un coup d’œil à mon verre. «
Tout les jours. C'est de la Vodka que je vois dans ton verre ? Tu serais pas un peu jeune ? » Il prit un air amusé. Bordel. «
Jeune ? Bien-sûr que non. Je suis plus vieille que tu ne le penses. » Il rit, puis me regarda, de haut en bas. Je portais une jupe en cuir, avec des collants troués et un corset rouge. Et je vis la lueur que j’espérais dans ses yeux. «
Pas mal la tenue. Ta mère ne dit rien ? » ; «
Ma mère croit encore que je porte des culottes Hello Kitty et que je m'endors à 21h30, alors que je suis à des fêtes. » ; «
Oh, tu vas à des fêtes toi ? Laisse-moi deviner .. vous jouez au jeu de la bouteille et buvez du Champomy ? » J'aime ce mec. «
Tu sauras que le simple jeu de la bouteille peut te conduire à faire des choses pas très légales, ni très catholiques. » Je posais ma main sur son genoux, un sourire charmeur aux lèvres. Comment en étais-je arrivé là ? Aucune idée, j'avais toujours été comme ça. Ethan sourit et me montra les toilettes d'un signe de tête. Pas très romantique. Néanmoins, je ne fis rien apparaître et partie en direction des toilettes, suivie de près par Ethan.
Bingo.
APRIL, THE SEVENTEENTH, 2011. △ Arrowsic. Trou du cul du monde. Coin paumé dans le Maine. Comment mes parents avaient-ils pu me faire ça ? On avaient déménagés un an auparavant, quelques jours après mon escapade dans les toilettes avec Ethan. Je leur en voulais. Ils m'avaient éloignés de tout ceux que j'aimais. Surtout qu'ici, il n'y avait rien à faire, si j'essayais de rentrer dans un bar et de boire de l'alcool, on me disait clairement non, qu'ils ne servaient pas d'alcool au mineur. C'était la première fois que des personnes connaissaient vraiment mon âge. Ni alcool, ni fête. Amazing. Toutefois, il restait quelque chose que j'aimais : les hommes. Un particulièrement. William. William, William, pourquoi es-tu William ? La question qui valait des millions. Vingt-deux ans, étudiant en médecine, spécialité anatomie, riche, il avait tout pour plaire. Je lui plaisais également et j'étais assez pratique pour ses devoirs sur l'anatomie. Il était un des rares habitants de cette ville à penser que j'avais vraiment dix-huit ans. Je l'aimais beaucoup, un peu trop peut-être, mais il était mature et brillant, il avait ce que les autres n'avaient pas. Il était tout ce que j'aimais. Comparé à lui, les petits gosses de seize, dix-sept ans ne faisaient pas le poids. J'avais toujours eu le begin pour les plus vieux que moi. Anomalie ? Non. Je cherchais simplement la maturité et la simplicité. Je ne voulais pas de crises de jalousies parce que machin avait dit à truc que bidul m'avait fait un bisou sur la joue. C'était puéril. Puis même, le concept ; je t'aime, tu veux sortir avec moi et être ma petite-amie ? Était .. puéril et débile. Tu m'expliques comment tu fais pour m'aimer alors qu'on se connaît depuis deux jours, abruti ? Les gens de nos jours. «
J'ai besoin de toi, encore. » Je lui fis un sourire. «
Ah oui et pourquoi ? » Je me mordis la lèvre. «
Si ça te dérange, on arrête. » ; «
Non, c'est bon. Vas-y, fais de moi ce que tu veux. » Soumise ? Jamais. Seulement, j'aimais faire plaisir aux autres et les aider -ou pas-, surtout Will. Surtout pour ses 'devoirs'. «
Il faut que je fasse un compte rendu sur l'appareil génital féminin. » Il fit une pause. «
Externe et interne. » Stop. Bien que tout le monde le pensait à Los Angeles, je n'ai jamais eu de rapport sexuel à proprement parlé. Je veux dire .. je ne suis jamais allé plus loin que les préliminaires. Il m'observait, attendant que je réponde. «
Hum .. et tu as besoin qu'on fasse quelque chose de spécial pour ça ? » Il haussa les épaules. «
En fait, tu veux qu'on couche ensemble pour le plaisir ? » Il détourna la regard. «
Non, c'est pour mon devoir, je t'ai dis. »
Menteur. Le plus petit violon, pour le plus grand pipot du monde. Je savais que de toute manière, que ce soit pour son devoir ou pas, j'allais céder. J'étais une adolescente, j'avais des hormones. Des besoins.
APRIL, THE SIXTH, 2012. △ «
Je suis à la recherche d’une jeune femme MAJEURE, acceptant de poser nue pour un nouveau projet de peinture. Les séances se dérouleraient les week-ends selon vos disponibilités. Merci de m’appeler au 00458298301. Fernando Gautier-Perez. » Cette annonce ne cessait de m'apparaître à l'esprit. Elle était affiché devant la Mairie et je la voyais chaque jour depuis une semaine. Une semaine. Cela correspondait au moment où William m'avait largué comme une vieille chaussette.
Quel con. Le pire dans tout ça, c'est que ça m'affectait. Il est clair que d'habitude, je n'aurais pas réagis comme ça mais cette fois-ci il y avait eu quelque chose qu'il n'y avait pas eu avant. Ma première fois. Pourquoi fallait-il que ça change une fille, sérieusement ? J'aimerais savoir qui nous a fait fonctionner ainsi, histoire qu'il goûte à mon poing.
Débile. Une fois de plus, je me rendis devant la mairie, restant plantée devant l'annonce. Décide-toi, Ted. Soit tu le fais, soit tu le fais pas. J'en mourrais d'envie. Je connaissais Fernando, enfin, je l'avais vu. Bordel qu'il était sexy. J'avais toujours rêvé de me faire peindre nue par un homme sexy, comme dans Titanic, lorsque Rose dévoile son corps à Jack pour qu'il la dessine. Et après ça, vous savez tous et toutes ce qu'il se passe. Imaginons que la même chose se produise entre Fernando et moi ? Qui sait. De plus, ça pourrait m'aider à oublier l'autre imbécile d'interne en médecine. Je sortis mon portable de la poche et composa le numéro. «
Oui bonjour, je suis tombée sur votre annonce affichée à la mairie et je dois dire que cela m’intéresse beaucoup, j'ai toujours rêvé de me faire peindre dénudée. » ; «
Vous êtes majeur ? » Non. «
Oui. » ; «
Génial. On pourrait se retrouver samedi ? » Oh mon Dieu. «
Oui, ce serait parfait. J'ai hâte. » Je raccrochais et me mit à hurler dans la rue. Maintenant, je devais faire en sorte que papa et maman ne l'apprennent pas, sinon, bonjour les ennuis. Surtout que dans une petite ville comme celle-ci, tout ce sait.