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 Chaque personne qu’on s’autorise à aimer, est quelqu’un qu’on prend le risque de perdre | Ella

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Mattia Jarvis
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MessageSujet: Chaque personne qu’on s’autorise à aimer, est quelqu’un qu’on prend le risque de perdre | Ella   Chaque personne qu’on s’autorise à aimer, est quelqu’un qu’on prend le risque de perdre | Ella EmptyDim 3 Juin - 14:29

« Chaque personne qu’on s’autorise à aimer, est quelqu’un qu’on prend le risque de perdre »

Ella B. Clarke & Mattia Jarvis


Raquette en mains, Mattia était au fond du cours, prêt à servir. Il lança la balle de tennis, bien haute, bien devant lui, le long de sa jambe, et son bras droit se cassa dans son dos avant de balayer d'un coup rapide la balle, et de l'envoyer valser là où elle devait aller. Sur le bord gauche, touchant la ligne. Son adversaire d'un jour -coéquipier en tant normal- fut surpris, et eut du mal à relancer la balle. Elle fit un haut vol. Comme les débutants quand ils commencent à jouer. Mattia la récupéra, et d'un lift croisé magnifique, il eut le point. Echange bref. Mais échange gagnant. 40-15 pour lui. Un sourire s'élargit pendant deux secondes sur son visage. « bien joué Matt'! » Il leva la main, histoire de remercier Joey; il avait tellement le souffle court que le dire haut et fort était difficile. Repartant chercher une autre balle, histoire de servir de nouveau, il aperçut alors sur le côté, une jeune fille passer. Elle ne fut pas si difficile à reconnaître.

Un bref coup d'oeil sur une horde de filles et Mattia était certain de reconnaître Ella parmi toutes ces filles. Elle, seule, avait cette classe de sportive qu'il admirait tant. Elle, seule, avait cette gentillesse qui se dégageait d'elle. Elle, seule, était si reconnaissable.

Reportant son attention sur son match d'entrainement, Mattia arriva derrière la ligne de fond de cours qu'il épousseta d'un revers de son pied. Il regarda les deux balles qu'il avait en mains, et en balança une derrière lui. Elle ne lui plaisait pas; trop molle. Lançant la balle bien haute, il sauta, et la tapa en pleine extension. Encore une fois, il visa le côté gauche, sur la ligne. Encore une fois, Joey fut surpris. Mais cette fois, il la relança sans difficulté, l'envoyant au fond du cours, là où Mattia se trouvait. Ils échangèrent ainsi trois ou quatre coups supplémentaires, et finalement, Mattia décida de casser le jeu; il profita d'une balle courte pour s'avancer vers le filet, et il prit la balle, très tôt, dans une volée. PAF. Trop rapide, Joey ne put pas l'attraper. Un sourire sur les lèvres, Mattia lâcha un « Alors! Cours Jo'! ». Joey sourit à son tour, et répondit « je sors de blessure, rappelle-toi! » Oui. C'était vrai, mais c'était plus que beau de réussir des coups comme ça. « petite pause Matt'? ». Mattia balança la balle qu'il avait dans sa poche, et hocha la tête. Une petite pause s'imposait; il avait le souffle court après cet échange. Et puis, Ted n'était pas là. Il les avait abandonné pour répondre à un coup de téléphone. C'était l'occasion où jamais de s'arrêter un instant.

Machinalement, Mattia se retourna vers l'endroit où il avait vu apparaître Ella. Elle n'était plus là. Evidemment. Il ressentit un petit pincement au coeur. Avec ce qui s'était passé pour lui ces derniers temps, il s'était de plus en plus senti mal pour Ella. Il habitait maintenant dans une famille; les Anderson. Sympas, bien que bizarres, Mattia avait un peu de mal à se faire à cette vie de famille. Ils étaient trop "sympas" avec lui. Ils lui demandaient sans cesse si ça allait, lui demandant si ils ne pouvaient pas faire quelque chose pour les stigmates qui marquaient encore un peu son visage, lui demandant ce qu'il voulait manger, et etc.. Et à côté de ça, ils étaient un peu trop autoritaire. Et lui, il se montrait toujours aussi agressif, manquait toujours les cours, complètement perdu. Mais malgré tout cela, il savait qu'Ella n'y était pour rien. Et de plus en plus, Mattia s'en voulait.
Il posa sa raquette, attrapa sa bouteille d'eau et but une grande gorgée. C'est là qu'il l'aperçut; à l'autre bout du terrain. Il lâcha sa bouteille et attrapa de nouveau sa raquette, stupide habitude. Dans un souffle, il murmura un « je reviens » à l'intention de Joey. Et il se mit à courir, sortant du terrain de tennis. Trouvant encore la force d'aller vers elle, il la vit marcher, lui tournant le dos. « Ella » la héla-t-il. D'un pas de course, il arriva à sa hauteur. Lui frôlant le bras pour lui signaler sa présence, il lui demanda. « Ella... Ca va? »
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Ella B. Clarke-Jarvis
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MessageSujet: Re: Chaque personne qu’on s’autorise à aimer, est quelqu’un qu’on prend le risque de perdre | Ella   Chaque personne qu’on s’autorise à aimer, est quelqu’un qu’on prend le risque de perdre | Ella EmptyDim 3 Juin - 18:52

Combien de temps pouvais-je encore leur cacher ? Pas longtemps. Il fallait que je leur dise. Que j’étais enceinte. Il fallait que je leur dise qu’ils allaient être grands-parents. Il fallait que je prenne les choses en mains. Que j’arrête de traîner dans la rue toute la journée. Toute la soirée. Leur laissant croire que j’étais à la piscine. Alors que je ne pouvais plus y mettre les pieds. Il fallait que je coupe ma mère dans ses illusions. Que je lui dise que ce n’était pas ma rupture avec Mattia qui me faisait grossir. Et que si je pleurais si souvent ce n’était parce que j’avais perdu l’homme de ma vie. Il fallait que je trouve le courage d’affronter leur regard. Mais, visiblement, ce n’était pas aujourd’hui. Sans le moindre doute, ce n’était pas demain non plus.

Je traînais mon sac de piscine. Pour illustrer mon mensonge aux yeux de mes parents. Et je marchais n’importe où. C’était ce que je faisais le mieux en ce moment. N’allant plus dans les cours où il y avait Mattia. Fuyant le monde. Agissant de telle manière à ce que je me déteste moi-même. Je traînais jusqu’au terrain de tennis. Sans vraiment le vouloir. J’étais trop nulle en orientation pour choisir une destination. Je devais m’en prendre à un truc genre le karma. J’avais un milliard de fois plus de chances de le croiser ici. Lui. Celui dont j’avais soigneusement foutu la vie en l’air. Livrant ses secrets sans même en avoir eu connaissance. Je savais que j’aurais dû faire demi-tour. Partir en courant. Me sauver avant de le croiser. Mais j’avançais. M’autorisant même un regard sur le terrain. Ça faisait mal. De le voir rire avec une autre. Ça me faisait mal de le voir avec une autre. Même si elle n’était probablement qu’une joueuse. C’était douloureux. C’était un coup sur le cœur. Un coup qui me faisait baisser la tête. Fallait que je me barre. Fallait que j’avance. Fallait que je bouge. Que je parte loin. Que j’arrête de me faire culpabiliser plus que je le faisais en temps normal. Putain mais, si seulement. Si seulement je n’avais pas été si stupide.

Je marchais tête baissée. Pressant de plus en plus le pas. C’était idiot. Il ne m’avait probablement pas vu. Trop occupé avec l’autre. Il n’avait certainement pas remarqué que j’étais passée pas loin. Il n’y avait aucune chance pour ça. Aucune. Ça ne servait à rien de se presser. Et pourtant, sa voix arriva jusqu’à mes oreilles. Sa voix je l’aurais reconnu entre tous les murmures. « Ella ». Non. Non. Ce n’était pas possible. Je devais avoir une hallucination. Il ne prononçait pas mon nom. J’étais simplement en train de devenir complètement folle. Bonne à enfermer. Je m’arrêtais. Mais, qu’est-ce que tu fous Ella ? Tu crois vraiment à tes conneries. Mattia ne t’aime plus. Et il refait sa vie. Maintenant que tu l’as détruit. Quand est-ce que ça rentrera dans ta cervelle ? Il me frôla le bras. Et comme une idiote je sursautais. Ne m’attendant pas à quelconque contact. Ne m’attendant même pas à ce qu’il vienne jusqu’à moi. « Ella... Ca va? ». Ok. Elle est où la caméra caché ? C’était quoi la farce là ? Ce n’était franchement pas drôle. Fallait qu’on m’explique. Ma vie n’était suffisamment un chantier comme ça ? Maintenant il fallait que Mattia me pose des questions pièges ? Je relevais les yeux vers lui. Observant alors son visage abîmé. Remarquant sa raquette dans la main. « ça va et toi ? » MENTEUSE ! Comme si ça allait. En même temps, lui dire la vérité ne changerait pas grand-chose. «T’es pas en train de jouer ? ». Dans mes souvenirs, Mattia ne quittait pas l’entraînement comme ça. Surtout avec Ted comme coach. En même temps, là, je ne l’avais pas vu. C’était peut-être un entraînement comme ça. Non-officiel quoi.

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MessageSujet: Re: Chaque personne qu’on s’autorise à aimer, est quelqu’un qu’on prend le risque de perdre | Ella   Chaque personne qu’on s’autorise à aimer, est quelqu’un qu’on prend le risque de perdre | Ella EmptyLun 4 Juin - 10:01

Un frisson parcourut l'échine de Mattia. Le contact de sa main sur le bras de la jeune fille, aussi minime soit-il, eut pour effet de lui rappeler tout leurs bons moments passés ensemble. Les plus joyeux. Ceux qu'il regrettait tant. Les yeux rivés sur elle, il enleva la main de son bras, préférant laisser de l'espace entre eux. Il optait plus pour une attitude de tranquillité; il ne voulait pas s'immiscer près d'elle comme il l'avait tant fait avant. Il lui demanda si ça allait. Elle posa son regard sur lui, et Mattia se souvient des restes de blessure qu'il avait. Mais quel idiot! Jamais il n'aurait dû venir la voir; il n'aurait pas dû s'approcher d'elle, lui parler. Elle allait voir tout ça, et la connaissant, si elle savait toute l'histoire, elle culpabiliserait. Il avala sa salive, baissant un peu le regard. Peut-être qu'après tout, elle ne savait rien. Peut-être que pour elle, il vivait toujours tranquillement chez sa mère et son beau-père. Ouais, peut-être qu'elle pensait ça. Ce serait bien. Ce serait mieux. Son regard ainsi baissé, Mattia remarqua qu'il avait les yeux posés sur le ventre de la jeune fille. Jeune femme. Lycéenne. Future maman. Tant de mots existaient maintenant pour décrire son état. Il devinait malgré tout que le bébé était encore là. Elle ne l'avait pas fait expulser de son ventre. Ni en éternuant fortement. Ni en demandant l'aide d'un médecin. Bien qu'elle portait un T-shirt ample, il ne pouvait voir l'état de son bidon. Il pouvait aisément observer ses seins un peu plus gonflées. Les seins d'une femme enceinte gonflent, non? Il lui semblait avoir entendu ça, un jour. Peut-être était-ce la prof fossile qui leur avait fait les cours de parenting. En tout cas, là, elle semblait en avoir plus, des seins. Un bonnet en plus peut-être...

« ça va et toi ? » Aussitôt, il arrêta sa contemplation, et reporta son regard sur le visage de la jeune fille. Ca allait vraiment? Probablement pas. Elle avait son sac de piscine sur le dos. Elle n'aurait jamais du se retrouver ici, près des terrains de tennis. Le chemin entre sa maison et la piscine ne comprenait pas les terrains. «T’es pas en train de jouer ? ». Mattia reporta son attention sur les terrains de tennis. Joey était toujours là. Les autres aussi. Mais pas Ted. Tant mieux. Avec un petit sourire, Mattia répondit. « non. » Se trouvant ainsi débile de répondre un « non » alors qu'il tenait en mains sa raquette, et qu'il venait de jouer, il se reprit « enfin si, mais on profite que Ted soit au téléphone pour se pauser un peu. » Discussion banale. En fait, Mattia ne savait pas quoi lui dire. Comme elle sans doute. Cette histoire les avait bien éloigné; à tel point que le tennisman avait l'impression de n'être plus qu'un étranger près d'Ella. Un type qui lui tapait la discussion, juste comme ça. Histoire de passer le temps. Histoire de parler de tout et de rien.

Il souffla un petit coup, et commença à tourner sa raquette dans sa main gauche. Il vit alors, de nouveau la lanière de son sac sur son épaule. En le pointant du doigt, Mattia lui demanda alors. « Tu t'es encore perdue, non? La piscine n'est pas de ce côté-là.. » Il eut un léger sourire. Tout petit. Tout léger. Il lui rappelait son mauvais sens de l'orientation, sans se douter un seul instant qu'avec un ventre quelque peu grossissant, la jeune fille ne pouvait plus de montrer en maillot de bains. Lui, ce qu'il se souvenait là, c'était leur premier baiser échangé sur le plage, le jour même où il lui avait demandé de l'accompagner là-bas. Ce même jour où elle lui avait avoué avoir un sens de l'orientation des plus merdiques..
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MessageSujet: Re: Chaque personne qu’on s’autorise à aimer, est quelqu’un qu’on prend le risque de perdre | Ella   Chaque personne qu’on s’autorise à aimer, est quelqu’un qu’on prend le risque de perdre | Ella EmptyLun 4 Juin - 21:44

Il avait baissé les yeux. Je savais qu’il regardait mon ventre. Qu’il avait compris. Oui, ce bébé était encore là. Non, il ne partirait pas. Oui, j’allais avoir cet enfant. Je n’avais même plus de choix à faire. A quelques jours du troisième mois. Sans Avoir pris rendez-vous. C’était tout décidé. Même si je n’avais pas encore le courage d’assumer ce choix. J’allais le faire. Enfin, je ne pouvais m’empêcher d’être gêné. Avant ce n’était pas mon ventre que Mattia regardait. Avant, il ne me regardait pas comme ça. Et je me sentais encore plus grosse. Je me sentais encore mal. Et plus coupable. Je n’aimais pas lui balancer la preuve comme ça. Lui imposer cette vision. Je savais qu’il ne voulait pas être au courant de mon choix. Et maintenant il l’était. En fait, j’aurais vraiment dû partir en courant. J’enchaînais les boulettes avec lui. Je ne savais plus m’y prendre. Avais-je su m’y prendre ? Je ne lui faisais que du mal. Certainement plus que ce qu’il m’avait fait. Certainement que le poids de ses mots n’étaient rien. Comparé aux coups qu’il avait reçu. Comparé à tout ce que je lui imposais. Sans même le vouloir. Quelle idiote.

Et qu’est-ce que je faisais là ? Au lieu de trouver une excuse pour partir ? Je lui répondais. Je lui mentais. Prétendant que ça allait. Alors que ça crevait les yeux que non. Je m’informais sur son entraînement. Au lieu de lui foutre la paix. Pourtant, il me fit un petit sourire. Sans animosité. « non. ». Alors qu’il avait joué avec cette fille ? Et qu’il avait sa raquette ? Il s’empressa de rectifier. « enfin si, mais on profite que Ted soit au téléphone pour se pauser un peu. ». Ouais forcément. Quand le chat n’est pas là, les souris dansent. Et puis Ted ne les ménageaient pas. Il fallait que ses joueurs soient les meilleurs. J’avais aussi une coach comme ça, il y a peu. Je hochais la tête sans rien dire. C’était ridicule. Nous étions là. Sans savoir quoi se dire. Je ne savais même pas comment je pouvais lui parler. De quoi je pouvais lui parler. J’avais tellement peur de dire un mot de trop. De faire un geste de trop. De perdre le peu qu’il nous restait. J’avais peur de briser cet instant. Parce que mine de rien, mon cœur s’emballait encore en le voyant. Parce que les beaux souvenirs revenaient. Ils se mélangeaient aux regrets. Mais, ça me prouvait qu’on avait existé. Que je n’avais pas bêtement rêvé tout ça. Qu’un jour, on avait pu être heureux. Avant que je foute tout en l’air.

Il souffla. Tourna sa raquette dans la main gauche. Oui. C’était vraiment comme si nous n’avions rien à nous dire. Une pièce de Ionesco à nous deux. Il pointa mon sac du doigt. Je l’avais presque oublié celui-ci. Le poids de mon mensonge. « Tu t'es encore perdue, non? La piscine n'est pas de ce côté-là.. ». Il eut un léger rire. J’affichais un sourire. Un sourire triste. Presque désespéré. Cette fois, c’était lui le naïf. C’était un peu comme les rôles inversés. Mattia sociable, qui va vers les autres et qui ne réfléchit pas à ses questions. Et moi,… en colère je contre le monde entier. A commencer par moi-même. Je me souvenais de cette dispute avec Stef. J’arrête Stef. J’ai besoin d’une pause. Mila s’en sortira sans moi. Elle s’en fout je t’assure. J’ai décidé d’aller en fac de lettres. J’en ai assez du sport. J’en peux plus. Je suis à bout. Je prends plus de plaisir. Oui, je sais ce que je fais. Ne t’énerve pas. Je sais que je te déçois. Je suis désolée. Tu parles ! Je ne savais pas ce que je faisais. Et je n’allais pas en fac de lettres l’année prochaine. Je n’allais pas en fac tout court. Mais, je ne pouvais lui dire. Je ne pouvais lui avouer que j’étais enceinte. En plus, elle aurait été capable de me pousser à avorter. Enfin, je reportais mon intention sur Mattia. Il n’avait pas tout as fait tort dans le fond. Je m’étais perdue aujourd’hui. « De façon simplifier, c’est ça oui. Je me suis encore perdue. » Je lui accordais un bref sourire. Il n’avait pas envie de savoir les détails. Je m’en persuadée. Parce que ça concernait le bébé. Et qu’il en avait rien à foutre du bébé.

Quelque part je me demandais. S’il avait dit ça, au hasard. Se souvenant simplement de ce détail. Ou si comme moi, il avait toute suite pensé à notre premier baiser. Au moment que j’aimerais tant retrouver. Souvent quand je ne suis pas en cours, je vais à la plage. Et j’y repense constamment. J’aurais tant aimé en vivre plus des comme ça. Je me souvenais du moindre détail. De son défi. De sa chute. De la température de l’eau. Et de la chaleur de son corps frissonnant. Je me souvenais de son souffle. Et de chacun des mots qu’il avait dits. On pense que tout ça est insignifiant. Que c’est une belle journée qu’on oubliera comme les autres. Mais, la réalité c’est que chaque journée avec Mattia, je pouvais en citer la moindre seconde.

Je regardais le terrain. Sa petite camarade se retrouvait seule. À l’attendre. « Je crois que t’es attendu, si tu veux, je peux attendre que tu termines l’entraînement… enfin comme tu veux quoi. » Ouais. C’était vraiment tout comme il voulait. Je n’allais le forcer à rien. Et je n’allais pas m’enfuir en courant. Il n’avait pas l’air d’avoir envie de me tuer cette fois. Alors, s’il voulait qu’on parle. Après l’entraînement ça serait probablement mieux. Je n’aurais pas à surveiller le retour de Ted. Prendre le risque d’entamer une vraie conversation sans pouvoir la terminer. Mais, une nouvelle fois, c’était à sa guise.

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MessageSujet: Re: Chaque personne qu’on s’autorise à aimer, est quelqu’un qu’on prend le risque de perdre | Ella   Chaque personne qu’on s’autorise à aimer, est quelqu’un qu’on prend le risque de perdre | Ella EmptyMar 5 Juin - 11:57

Le sourire qu'elle affichait fit quelque peu plaisir à Mattia. Il voyait ainsi qu'elle ne se laissait pas abattre. Ne se rendant même pas compte que ce sourire était peut-être un peu forcé, le jeune homme attendait qu'elle lui réponde. La réponse ne tarda pas. « De façon simplifier, c’est ça oui. Je me suis encore perdue. » Elle lui fit encore un bref petit sourire, et la bouche de Mattia s'étira à son tour. Mais cette fois, il se rendit compte que quelque chose clochait. Qu'elle n'était pas vraiment dans son état normal. Et dans son esprit, leur première journée ensemble s'évapora. Bien trop occupé maintenant à se demander pourquoi elle restait plantée là. Si vraiment elle devait aller à la piscine, ne devait-elle pas se dépêcher plutôt que de rester là, devant lui? Son regard tourna vers le terrain, et lui-même posa ses yeux là-bas, croyant que Ted était revenu.

« Je crois que t’es attendu, si tu veux, je peux attendre que tu termines l’entraînement… enfin comme tu veux quoi. » Nan, Ted n'était pas là. Mais elle, elle lui demandait d'attendre. Reposant son regard vers Ella, Mattia lâcha un « oui, je veux bien. ». Ses yeux scrutèrent la jeune fille. Pourquoi n'allait-elle pas à la piscine? Elle n'en revenait sans doute pas; ses beaux cheveux étaient secs. C'était quoi le problème alors? Elle lui mentait? Elle n'allait pas nager? « Je.. j'en ai pour un quart d'heure, grand max! » ajouta-t-il, avant de reculer, regardant toujours la jeune fille. Une fois qu'il était sûr qu'elle allait rester, il se retourna, et se mit à courir jusqu'aux terrains de tennis. Le coeur battant la chamade. Ella voulait bien discuter avec lui.

Arrivé sur le court, il attrapa quelques balles, et allait rejoindre le fond du court quand Ted refit son apparition. Parfait. Le chat venait de rentrer; il n'avait pas vu les souris danser. Ted leur proposa de faire quelques services, histoire de bien réussir ce coup. Le coup le plus important presque. Si tu ne réussis pas ton service correctement, celui d'en face en profite. Il peut gifler la balle; et toi, tu cours après sans rien pouvoir faire. Alors que si tu tapes fort, si tu réussis un beau service; fort, droit, rapide, il se trouve en échec, et tu peux gagner ce point. Mattia se mit alors à s'entrainer dessus, pensant sans cesse à elle. Il lançait la balle, bien haute, bien devant lui. Ella. il cassait la raquette dans son dos. Ella enceinte. Il frappait la balle en extension. Ella à la piscine. Elle l'obnubilait. Résultat; ses services étaient plus mous, moins rapides. « Mattia! Qu'est-ce tu fous? T'as vu ces services? Même ma grand-mère fait les même! » peut-être pas. Il ne fallait pas exagérer non plus. Désolé Ted, mais je n'ai pas la tête à jouer. Il avait envie de le lui hurler, de lui dire qu'enfin, il comprenait. Il venait de comprendre.
Mais énervé de se faire un peu secouer de la sorte, Mattia se reconcentra et balança une balle majestueuse. Évidemment, il s'empressa de croiser le regard surpris de Ted qui lui accorda un sourire. Il sourit à son tour, et refit la même balle une seconde fois. « bon allez, on s'arrête là. Mattia, je veux te voir ce soir, à 18h au lycée. » Un rendez-vous? Surpris, Mattia hocha la tête, incapable de savoir pourquoi il voulait absolument le voir. Mais qu'importe. Il s'en fichait; d'un regard plus lointain, il s'aperçut qu'Ella était toujours présente.

S'étant dépêché de remballer ses affaires, Mattia arriva près d'elle, même pas trois minutes plus tard, son gros sac de tennis sur le dos. Il lui fit un petit sourire, avant de déposer à ses pieds le sac. La gorge un peu enrouée par l'émotion, Mattia lui demanda alors. « tu le gardes le.. » Il s'arrêta, incapable de dire le mot bébé. « Tu n'as pas avorté, et tu n'avorteras pas » lâcha-t-il enfin, constatant tout ce que tout cela voulait dire. C'était évident maintenant. Ca l'avait frappé de plein fouet lorsqu'il avait tapé une balle. Ella n'allait pas à la piscine. Ella n'en revenait pas. Ella faisait simplement semblant d'y aller. Ella essayait juste de montrer que sa vie n'avait pas changé; juste à ses parents. Ils n'étaient pas encore au courant. Bizarre. Dans un sens, Mattia avait toujours pensé qu'Ella disait tout à sa mère. De ses bonnes notes, à ses premiers baisers. Il imaginait que madame Clarke était au courant depuis un long moment déjà; peut-être même pensait-il -sans aucune preuve- que c'était eux qui l'avaient dit à son beau-père. Mais non. Apparemment, ils n'en savaient toujours rien. Seul Ashton savait. Et en attendant ce truc grandissait dans son ventre de plus en plus. Il faisait quoi maintenant? Peut-être plusieurs centimètres. Peut-être même dix centimètres..
La gorge serrée, il demanda alors « c'est ça? ». Il se voyait pas père. Il ne la voyait pas mère. Mais le truc était bien là, au creux du ventre d'Ella, et il était certain, maintenant, qu'elle ne le laissera personne faire en sorte de faire évacuer ce truc de son ventre.
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MessageSujet: Re: Chaque personne qu’on s’autorise à aimer, est quelqu’un qu’on prend le risque de perdre | Ella   Chaque personne qu’on s’autorise à aimer, est quelqu’un qu’on prend le risque de perdre | Ella EmptyMer 6 Juin - 17:41

Mattia posa son regard sur le terrain. Pour vérifier que son coach n’était pas de retour. Avant de reporter son attention sur moi. Et de me répondre. « oui, je veux bien. ». Ok. Pas de soucis. Je hochais la tête positivement. Comme s’il n’y avait aucuns soucis. Comme si tout allait bien. Comme si tout était normal. Alors, qu’en fait, cette situation n’avait rien de normal. Mais, bon. « Je.. j'en ai pour un quart d'heure, grand max! ». Il reculait, vérifiant que je restais bien. Je lui faisais un petit signe de la main alors qu’il partait en courant. Mais, qu’est-ce que tu fous Ella ? J’aurais jamais dû lui dire ça. J’aurais dû partir. De plus, en quinze minutes, il avait le temps de changer d’humeur. De m’en vouloir. Quelle idiote.

J’allais m’asseoir sur le banc. Préférant me perdre dans ma musique que de l’observer jouer. Parce que ça me rappellerait trop de souvenir. Parce que je ne supporterais pas le regard de Ted. Ce type me détestait j’en étais certaine. Vous ne vous rendez pas compte ? J’avais détourné son poulain du tennis. Alors, oui, je préférais patienter sagement. Sans l’admirer. Sans me dire qu’avant c’était mon petit ami. Qu’avant je faisais tout pour venir le voir. Aux entrainements. Aux compétitions. Le passé me manquait. Mais, ça c’était une évidence pour tout le monde.

Plus tard, Mattia arriva près de moi. Le sac sur l’épaule. Je rangeais ma musique. Et surtout je me levais. Qu’allais-je faire maintenant ? De quoi allions-nous parler ? Pouvions-nous être honnêtes l’un envers l’autre sans nous fusiller. J’avais la trouille. Comme d’habitude. J’avais la trouille de tout de toute façon. D’avorter. De le perdre. Et de lui parler. Dans ma vie, je n’avais le courage de rien. Même pas de m’excuser pour tout ce qu’il traversait par ma faute. Il posa son sac à ses pieds. « tu le gardes le.. ». Le bébé ? Je le regardais, surprise. Je ne pensais pas qu’il allait aborder le sujet. Je croyais qu’il ne voulait même pas savoir ça. Et il m’en parlait ? « Tu n'as pas avorté, et tu n'avorteras pas ». Par réflexe, je posais ma main sur mon ventre. Parce que j’avais tant de fois songé à cette idée. Et systématiquement j’avais posé ma main sur mon ventre. Comme pour dire à ce gosse, t’es vraiment là ? Tu veux vraiment y rester ? Tu sais ce que ça implique pour moi ? Je mettais constamment ma main sur mon ventre. Comme pour lier un lien avec lui. Et avoir une véritable raison de ne pas le faire. Autre que la trouille je veux dire. « c'est ça? ». Sa gorgée était nouée. Je le savais. Et ça s’entendait. Je me plongeais dans ses yeux. Je n’avais pas peur de lui dire. La question venait de lui. Et je ne voulais surtout pas avoir à lui mentir.« Oui, c’est ça. Je n’ai pas avorté. Je garde le bébé. ». J’avais repris ça sous toutes les formes. Mais je ne m’étais pas justifiée. Parce que je n’avais pas à le faire. C’était mon choix. Je l’assumais. Et de toute façon, légalement, plus personne ne pouvait délocaliser ce petit être. J’aurais pu tout de même dire à Mattia que j’étais désolée. Parce qu’il ne voulait pas être père. Parce que j’avais détruit sa vie. Pour tout un tas de raisons. Mais, je me souvenais de son « Arrête d'être désolé. Arrête d'être désolé. ARRETEEE! ». Quand je lui avais annoncé. Alors, je n’allais pas retenter l’expérience.

Je baissais les yeux. Et maintenant ? Où ça nous menait ? De quoi allions nous parler ? « Tu veux vraiment qu’on en parle ? ». Je relevais les yeux vers lui. Plus timide. Moins sûre qu’en lui disant que je gardais le bébé. « Et quand je dis parler… vraiment parler, pas reproduire le cours de sciences… ». Je remettais une mèche de cheveux derrière mon oreille. Mais, qu’est-ce que tu fous Ella ? De toute façon il n’y avait pas de bonnes choses à dire. Il risquait de partir au quart de tour.

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MessageSujet: Re: Chaque personne qu’on s’autorise à aimer, est quelqu’un qu’on prend le risque de perdre | Ella   Chaque personne qu’on s’autorise à aimer, est quelqu’un qu’on prend le risque de perdre | Ella EmptyJeu 7 Juin - 10:18

Le temps qu'il dise cela, la main d'Ella se posa sur son ventre. Ses yeux rivés dessus, Mattia comprenait que, effectivement, il n'avait pas tord. Le bébé était là. Et bien là. Il n'était pas prêt de s'en aller. « Oui, c’est ça. Je n’ai pas avorté. Je garde le bébé. ». Alors, c'était bien ça. Elle allait le garder. Le garder. Il allait grandir encore. Quand viendrait le moment, il sortirait en faisant terriblement souffrir Ella. Elle en pleurerait. Elle en hurlerait. Et lui, là, il hurlerait à son tour. Cruel moment qu'était la naissance d'un petit être vivant. Ses yeux toujours fixés sur le ventre, un peu arrondi, de la jeune fille, Mattia ne répondit rien. Il était perdu dans ses pensées, dans tout un tas de pensées.

Et il se sentait mal. « Tu veux vraiment qu’on en parle ? ». Il posa son regard enfin sur elle. Le sien était rempli de timidité. Il ne fallait pas. Il ne fallait pas qu'elle se sente aussi mal en sa présence. Il faut dire qu'il n'avait pas été si tendre avec elle ces derniers temps. « Et quand je dis parler… vraiment parler, pas reproduire le cours de sciences… ». Ne pas reproduire le cours de sciences et l'horreur qu'ils s'étaient dites ce jour-là. Ouais, ça serait mieux de discuter, tout en restant calme. Mais pour dire quoi? Haussant les épaules, Mattia ajouta alors. « je sais pas ». Il ne savait pas du tout si il avait envie d'en parler. D'entendre Ella parler de ce petit truc. Enfouissant ses mains dans les poches de son short, le jeune homme fit quelque pas. Il essayait d'imaginer Ella dans pas longtemps. Il la voyait se lever en pleine nuit pour nourrir le bébé. Il l'imaginait pleurer parce que le petit ne cessait pas de gémir. C'était ça que Mattia voyait; tout les moments difficiles qu'elle allait devoir traverser. Seule. Il ne se sentait pas capable maintenant de se retrouver père. Il ferait un bien piètre parent.
Bougeant sans cesse, les mains dans ses poches de son short, il s'arrêta. Se retournant, il regarda la jeune fille, toujours présente. L'air désolé, il ouvrit la bouche. « je suis désolé Ella. » Lui qui jusque-là s'énervait en entendant la jeune fille se désoler, réagissait maintenant de la même façon. Le monde était à l'envers. Dire qu'il était désolé, c'était un peu lui écorcher la bouche. Ce mot, c'était le mot qu'il détestait. Ce mot lui piquait la gorge, chaque fois qu'il le disait. Mais là, pour une fois, il ne s'en voulait pas dire ça; si quelqu'un dans ce bas-monde pouvait bien avoir le droit à une excuse, c'était bien elle. Pour tout ce qu'il lui avait fait subir, et pour tout ce qu'il lui ferait encore subir. « tu devras te débrouiller toute seule » lui lâcha-t-il. Ce n'était pas méchant. Il s'en voulait terriblement de ne pas pouvoir l'aider. De passer du bon temps. De semer sa petite graine. De la laisser gérer les conséquences toute seule. De la laisser élever ce bébé toute seule. « je ne peux toujours pas être son.. être son père » ajouta-t-il, en levant doucement les épaules.

Si jamais il devenait père, il en serait un très mauvais; il le savait. Il pouvait très bien devenir un père comme celui qu'il avait eu; un père génial qui s'occuperait de son fils jusqu'à son dernier souffle. Mais il pouvait également devenir un père horrible, à l'image de son beau-père. Et ça, évidemment, il ne pouvait pas se le permettre.

Voulant éviter de parler de ça, il finit par se retourner vers la jeune fille. Encore une fois, ses yeux se posèrent sur le petit ventre arrondie de la jeune fille, cachée sous un vêtement plus ample. Il reposa son regard vers elle, et lui demanda alors « Tu l'as dit à tes parents? » Il voulait savoir. Il fallait absolument qu'elle le leur dise; et d'après ce qu'il avait cru comprendre, elle ne l'avait encore pas fait. Ses parents ignoraient qu'ils allaient être grands-parents. Il en était certain.
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MessageSujet: Re: Chaque personne qu’on s’autorise à aimer, est quelqu’un qu’on prend le risque de perdre | Ella   Chaque personne qu’on s’autorise à aimer, est quelqu’un qu’on prend le risque de perdre | Ella EmptyVen 8 Juin - 19:53

J’avais tellement peur. Que ça recommence. Qu’on se crie dessus. Ce n’était pas ce que je voulais. Ce n’était pas ce que je cherchais. On s’était déjà fait assez de mal. Et de nous deux, c’était moi qui en avais le plus causé. Je serais incapable de lever le ton en ayant conscience de ça. En sachant qu’il s’était pris des coups par ma faute. En sachant qu’il n’était plus chez lui par ma faute. Je me sentais trop responsable de ce que lui arrivait. Je ne pouvais pas mener cette bataille. Alors, je lui demandais. S’il voulait vraiment qu’on parle de ça. Même si je ne savais pas ce qu’on pouvait dire là-dessus. Le choix était fait. Et on ne pouvait pas revenir dessus. Mais, peut-être en avait-il besoin. Je ne pouvais pas lui refuser. « je sais pas ». J’acquiesçais. Avant de regarder mes pieds. Je n’étais pas à mon aise et lui non plus. C’était dingue. De s’être aimés autant. Et de l’aimer encore pour ma part. Et de ne pas être foutu d’avoir une conversation normal. De ne pas pouvoir m’approcher de lui. Il y avait cette distance réglementaire entre nous. Que ce soit en acte. Ou en parole. C’était comme si l’expression de nos sentiments allait nous assassiner. Comme si le moindre contact allait nous électrocuter. Mais, j’imagine que c’est de ça dont parlait toutes ces filles. Toutes celles que j’avais entendues sans vraiment les écouter. Et qui pleuraient parce que rien n’était plus comme avant. Je les trouvais ridicule. Avant. Maintenant, c’était moi que je trouvais ridicule. De ne pas les avoir comprises. Parce qu’elle avait raison. Même avec le temps, Mattia ne redeviendrait jamais l’ami qu’il avait été avant qu’on sorte ensemble. Tout comme il y avait peu de chance qu’il de vienne le meilleur ami qu’il était durant notre relation. Et je n’osais même pas parler de redevenir mon petit ami. Parce que la vie était loin d’être utopique. Et c’était comme dans l’ordre des choses. Mais, n’empêche que moi, je sais pas. Je sais pas si je m’y ferais à son absence. Si j’arrivais à vivre sans lui. Loin de lui. A ne pas craquer en le voyant avec une autre. A résister à l’envie de le prendre dans mes bras quand il est face à moi. Je sais pas si un jour je me relèverais de l’amour que je lui porte. C’est ce que dise toutes les filles je sais. Mais, elles s’accordent toutes à dire qu’on reste toujours un peu amoureuse de son premier amour. Et moi, c’était Mattia mon premier amour. Et j’étais bien loin du un peu. Je l’aimais.

Et puis il ouvrit la bouche. Me sortant radicalement de mes pensées. Me faisant relever les yeux. « je suis désolé Ella. ». Je n’en croyais pas mes oreilles. Je fronçais les sourcils. Mattia ne s’excusait pas. Et quand il y était forcé, ça lui écorchait la gorge. Je le savais. J’étais certaine de ça. J’avais dû mal entendre. Il n’avait pas dit ça. Il ne s’était pas excusé. Et puis pourquoi devrait-il le faire ? Ce n’était pas à lui de le faire. J’étais complètement perdue. Persuadée d’avoir mal compris. J’allais lui demander pourquoi. Il devança ma question. « tu devras te débrouiller toute seule ». Ce n’était pas dit méchamment. Et je le savais. Que j’allais être seule avec ce bébé. Que j’allais le croiser avec de jolies filles. Que j’allais le voir réussir sa carrière. Et boire des bières. Je savais qu’à aucun moment cet enfant n’interviendrait dans sa vie. Et que je ne serais qu’un fantôme du passé. Je savais tout ça. Avec ou sans l’enfant, cette situation aurait été la même. J’aurais été seule. D’une autre manière peut-être. Mais, je l’aurais été. « je ne peux toujours pas être son.. être son père ». Je me contentais de le regarder dans les yeux. Je ne lui demandais pas ça. Je ne lui demandais rien du tout. Cet enfant n’aurait pas de père. Ce n’était pas le seul dans ce cas. Et un jour. Dans très longtemps. Épuisée d’être seule. Peut-être que laisserais quelqu’un prendre cette place. Du moins, tenter. Peut-être. Si j’en avais le courage. Mais, il n’avait pas à être désolé pour ça. J’en avais conscience, voilà tout. Et je ne pouvais pas revenir en arrière. Peut-être que ce bébé, même sans Mattia, sera la plus belle chose qui me soit arrivé dans ma vie. Ma fierté. Et peut-être que je lui exploserais la tête contre un mur. Parce qu’il représenterait toutes mes désillusions. Mes déceptions. Enfin, je le regardais dans les yeux. « Ce n’est pas toi qui devrait être désolé. Et tu n’as pas à l’être pour si peu. ». Ce n’est pas toi qui devrais être désolé. Façon subtile de dire que je l’étais. Pour si peu. Ce n’était pas rien. Mais à côté des coups qu’il avait reçus ? Du fait d’être séparé de sa mère ? Ce n’était qu’un grain de riz dans la balance. C’était sans importance. Je ne voulais pas qu’il s’en veuille. Il n’y avait pas de raisons. Et je débrouillerais seule.

Il se retourna vers moi. Posant ses yeux sur mon t-shirt ample. Sur mon ventre arrondi. « Tu l'as dit à tes parents? ». Absolument pas. Non. Mais, j’allais le faire. Je ne savais pas quand. Je ne savais pas comment j’allais m’y prendre non plus. Mais j’allais leur dit. Il faut dire qu’à la base, ils ne devaient rien savoir. A la base, je devais avorter. « Non pas encore. Et je t’en prie, ne leur dit pas. Je le ferais… c’est juste que j’ai pas trouvé le courage de le faire encore. J’ai peur qu’ils m’en veuillent plus que de raison. ». Notamment ma mère. Elle ne supporterait pas que je prenne le même chemin qu’elle. Parce que nous n’étions plus à la même époque. Et que bon… elle jugeait souvent qu’elle aurait pu faire mieux de sa vie. Mieux que de mettre au monde Ashton. Mieux que de l’élever. Alors, elle allait forcément s’énerver. Et sa colère serait pire que celle de Mattia. « Ils ne devaient pas savoir au début. J’avais pris rendez-vous… et l’attente était tellement longue… suffisamment longue pour que mon ventre commence à s’arrondir. Que je sache qu’il est là. Et je me suis défilée, j’ai pas pu, parce que ce n’était plus un mauvais rêve. Et enfin, ça n’a jamais été le bon moment pour leur dire. Mais, j’y viendrais. De toute façon, bientôt la réalité leur sautera aux yeux. Si ce n’est pas déjà fait. ». Non, ce n’était pas des bêtises. J’avais réellement pris rendez-vous pour avorter. Après avoir vu Ashton. Et j’étais censée avorter il y a une ou deux semaines. Je ne sais plus. Je n’avais pas eu le courage c’est tout. En tout cas, j’espérais qu’il n’allait pas leur dire à ma place.

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MessageSujet: Re: Chaque personne qu’on s’autorise à aimer, est quelqu’un qu’on prend le risque de perdre | Ella   Chaque personne qu’on s’autorise à aimer, est quelqu’un qu’on prend le risque de perdre | Ella EmptyDim 10 Juin - 10:39

S'excuser, c'était l'une des plus dures choses que Mattia devait faire. Ce n'était jamais de guettée de coeur qu'il osait sortir ces trois mots de sa bouche. Et, au vue de la tête de son ex-petite amie, les personnes de son entourage le savaient. Ella se mit à froncer les sourcils, mais ça ne l'arrêta pas pour autant. Il en était aujourd'hui conscient; il avait quelque peu gâché la vie d'Ella pour avoir passé du bon temps avec elle. Ce qu'il refusait de croire jusqu'à maintenant, c'était peu à peu offert à lui comme une réalité. Oui; ils avaient bien été deux pour faire ce bébé. Elle. Et lui. C'était déjà un bon point. En plus, il était passé du stade « je ne peux pas », au stade « je ne veux pas ». le résultat est le même: il ne s'occuperait pas de son bébé. Mais au moins, là, il disait qu'il ne pouvait pas parce qu'il ne le voulait pas. Faible Nuance. Mais nuance importante à ses petits yeux d'adolescent.

Enfin, la jeune fille la regarda dans les yeux et lâcha un « Ce n’est pas toi qui devrait être désolé. Et tu n’as pas à l’être pour si peu. ». Pour si peu? Elle déconnait là? Il hocha la tête; sa manière à lui de dire « non, non ». Non, il pouvait l'être. Montrant son mécontentement par un signe, il n'ajouta rien oralement. Préférant lui demander si elle l'avait dit à ses parents.

Sa réaction ne tarda pas. Et Mattia gardait les yeux rivés sur son ventre. Comme si le truc dedans réussissait à capter son regard, et l'obnubilait tel, qu'il ne pouvait plus le lâcher. Il le défiait presque. Le défiait pour un duel absolu. Toi ou moi. Comme il l'avait toujours dis; c'était Mattia ou le bébé. « Non pas encore. Et je t’en prie, ne leur dit pas. Je le ferais… c’est juste que j’ai pas trouvé le courage de le faire encore. J’ai peur qu’ils m’en veuillent plus que de raison. ». Mattia releva la tête vers Ella. Fronçant les sourcils. Leur dire? Jamais, il ne ferait ça. Un enfoiré n'avait pas réussi à tenir sa langue, des rumeurs avaient circulé, et son beau-père s'était acharné. Alors, non, il ne ferait jamais ça. Qu'on lui coupe la langue si il parlait à ses parents. Il vous en donne l'autorisation. « Ils ne devaient pas savoir au début. J’avais pris rendez-vous… et l’attente était tellement longue… suffisamment longue pour que mon ventre commence à s’arrondir. Que je sache qu’il est là. Et je me suis défilée, j’ai pas pu, parce que ce n’était plus un mauvais rêve. Et enfin, ça n’a jamais été le bon moment pour leur dire. Mais, j’y viendrais. De toute façon, bientôt la réalité leur sautera aux yeux. Si ce n’est pas déjà fait. ». Prendre rendez-vous. Ca voulait dire quoi? Ces deux-mots étaient synonymes d'avortement? Ella avait voulu avorter. Le temps était passé, son ventre s'était arrondi, et elle avait eu de plus en plus de mal à y aller. C'était un cauchemar. Un véritable cauchemar. Encore une fois, à cause du temps, à cause d'un manque de rendez-vous, tout avait basculé. Peut-être que si à l'hôpital, ils avaient eu plus de personnel, plus de rendez-vous disponibles, Ella n'aurait pas attendu. Elle y serait allée, se serait installée sur une petite table. On lui aurait donné une petite pilule magique, et pof, le bébé s'en serait allé. Aussi facilement qu'il était venu...

Une folle envie d'enlacer la jeune fille se fraya un chemin dans son cerveau. Ses muscles tressaillirent. Son corps commença à se mouvoir. Mais malgré cette folle envie, il ne réussit qu'à bouger de quelques centimètres, avant de fourrer ses mains dans ses poches. Incapable de la toucher. Incapable de la serrer dans ses bras. Parce que oui, il l'avait aimé. Oui, il l'aimait peut-être encore. Mais il ne pouvait pas s'approcher si près de ce gamin. Or ce gamin était en elle; il ne pouvait donc pas se permettre d'être si près d'elle.

Remuant légèrement les jambes, il heurta avec son pied son sac de tennis. Il jeta un bref coup d'oeil dessus, avant de reposer son regard sur Ella. « Ne tarde pas. » lui dit-il. Ne tarde pas à les prévenir. Parce que tu vas grossir. Parce que bientôt on te comparera avec une baleine. Parce qu'aussi des rumeurs circulaient. Malgré toutes les précautions qu'avaient pris Teddy pour noyer ce poisson dans un lot d'infamie qu'elle avait inventé. Il soupira un petit coup, avant de sortir une de ses mains de son short, et de la passer dans ses cheveux. Tic. « Ma mère et mon beau-père sont au courant. » lâcha-t-il alors. Puis, il ajouta aussi rapidement « Je n'avais rien dit, évidemment. Mais tu sais, il y a des rumeurs qui circulent en ce moment.. » Dont la leur. « Ils l'ont su comme ça» -par ils, Mattia voulait surtout dire il.

Il s'arrêta un instant, refourrant sa main dans la poche de son short. D'un geste nerveux, il tapota avec son pied dans son gros sac. Parce que oui, Mattia était nerveux. Nerveux de se retrouver en compagnie d'Ella, essayant de rester calme, tranquille, doux et sympathique. « ça sera toujours mieux pour tes parents de l'apprendre de ta bouche, plutôt que par quelqu'un d'autre. » Simple constatation. Haussant les épaules, il ouvrit encore une fois sa bouche « tu n'as qu'à demander à Ashton d'être là. » Ashton. Mattia savait qu'il était au courant. Une de ses oreilles et son ventre s'en souvenaient encore. Tout comme ses narines qui avaient du supporter cette odeur nauséabonde d'alcool tout le temps de leur 'entrevue'. Peut-être qu'il pourrait être là quand Ella l'annoncerait à ses parents. Peut-être. Ca pourrait calmer ses parents. Et leur rappeler qu'eux aussi, jeunes -le tennisman ne savait pas exactement à quel âge-, ils avaient eu un enfant.
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MessageSujet: Re: Chaque personne qu’on s’autorise à aimer, est quelqu’un qu’on prend le risque de perdre | Ella   Chaque personne qu’on s’autorise à aimer, est quelqu’un qu’on prend le risque de perdre | Ella EmptyLun 11 Juin - 23:11

Mattia n’avait pas à être désolé. Parce qu’inconsciemment, j’avais fait bien pire. Parce qu’inconsciemment, je l’avais mis en danger. Alors, je ne comprenais pas qu’il s’excuse. Lui qui avait tant de mal à en faire d’habitude. Et lui ne comprenait pas que je réagisse comme ça. Il fit un signe négatif de la tête. Sans rien ajouter toutefois. Mais, je savais qu’il n’était pas d’accord. Sans parler, il savait me montrer son mécontentement. Je baissais les yeux. Il serait plus simple d’admettre que nous avions tous les deux torts. Mais, ce n’était pas ce que me soufflait ma conscience. Je me sentais plus coupable qu’il ne l’était dans mon esprit.

Puis, Mattia me demanda si je l’avais dit à mes parents. Je lui expliquais que non. Et qu’au début, je n’aurais pas eu à le faire. J’aurais voulu ne jamais avoir à leur dire. Pour ça, il aurait fallu ne pas tomber enceinte évidemment. Mais, je sais pas. J’aurais aimé qu’ils puissent l’ignorer encore longtemps. Or, ça crevait les yeux. S’ils ne s’en doutaient pas déjà, ça n’allait pas tarder. Et je savais que je devais le faire. Mais j’espérais que Mattia ne voulait pas le faire à ma place. Il fallait qu’il me laisse le temps. Je pouvais lui promettre de leur avouer s’il fallait. Mais, je ne voulais pas qu’ils l’apprennent de la bouche de quelqu’un d’autre. Mais, Mattia avait froncé les sourcils. En fait, je crois qu’il n’avait jamais eu l’intention de leur dire. Et qu’il ne le ferait jamais. Et à ce moment précis j’avais envie de me jeter dans ses bras. De pleurer dans ses bras. De lui dire combien il me manquait. Que j’avais besoin de lui. Pas pour le bébé. Mais pour être heureuse simplement. J’avais envie d’avoir un contact physique avec lui. Une preuve qu’il existe. Peut-être parce qu’en fronçant les sourcils, il m’avait rappelé qui il était. Il venait de me rappeler qu’il était trop bien pour s’abaisser à ce genre de vengeance. Parce que durant deux petites secondes, j’avais vu la réaction qu’il aurait eu dans le passé. Un entendant une telle absurdité sortir de ma bouche. Évidemment, je ne faisais rien. Je ne bougeais pas. Je restais stoïque. Voilà tout.

Mattia donna un léger coup dans son sac. Avant de me regarder de nouveau. « Ne tarde pas. ». Je hochais la tête. Je savais que ne devais pas laisser le temps choisir pour moi cette fois. Que je devais leur dire avant qu’ils ne soient obligés de le voir. Ou que les rumeurs aillent jusqu’à leurs oreilles. Je savais tout ça. Mais, j’avais peur. Peur de ressentir cette solitude une fois de plus. Parce que je savais que j’allais les perdre. Ils n’allaient pas accepter. J’en étais certaine. « Ma mère et mon beau-père sont au courant. ». Je baissais les yeux. Culpabilisant directement. Parce que je le savais. Et je savais surtout ce que ça lui avait coûté. Parce que j’avais conscience de tout ça. « Je n'avais rien dit, évidemment. Mais tu sais, il y a des rumeurs qui circulent en ce moment.. ». Oui. Les rumeurs circulaient. Je ne les écoutais pas. Mais, je savais. Je m’en doutais. C’était Arrowsic. Le marmot de la dix venait de perdre sa dent de lait ? Tout le monde le savait. C’était le problème essentiel d’Arrowsic. Le manque d’intimité. Les rumeurs. « Ils l'ont su comme ça». Je mordais ma lèvre inférieure, nerveuse. J’aurais tellement voulu lui éviter ça.

Le silence avait prit place. Mattia tapotait dans son sac. Nul doute qu’il était nerveux. Et moi, aussi. Je ne savais pas quoi répondre. J’avais tellement honte. « ça sera toujours mieux pour tes parents de l'apprendre de ta bouche, plutôt que par quelqu'un d'autre. ». Je relevais les yeux vers lui. Il haussait vaguement les épaules. Je soufflais. « Je sais… mais, ils vont tellement m’en vouloir. » La deuxième partie de la phrase n’était qu’un murmure inaudible. Quelque chose plus pour moi que pour lui. Je savais que ma mère allait m’en vouloir. Que mon père allait se blottir dans le silence. Je les connaissais. Et même si je me disais que je me faisais des films, au fond, je savais que j’avais raison. « tu n'as qu'à demander à Ashton d'être là. ». Aussitôt, je faisais un non de la tête. Je ne pouvais engager mon frère là-dedans. Pas plus qu’il ne l’était déjà. Je ne voulais pas qu’il me défende face à maman. Je ne voulais pas que pour moi, il encaisse toutes ses méchancetés. Je ne voulais pas le faire souffrir lui aussi. Et il y avait d’autres raisons. « Ashton a perdu un bébé… je peux pas lui demander d’être là pour ça. C’est lui qui aurait dû être papa. Et puis… il a d’autres chats à fouetter, je veux pas blesser quelqu’un d’autre dans cette histoire. ». Au sens figuré comme au sens propre. Là, c’était le cœur de mon frère qui risquait d’être blessé. Mais, Mattia était aussi blessé physiquement. En conclusion, partout où je passais, je mettais les gens dans la merde. Mes proches surtout.

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MessageSujet: Re: Chaque personne qu’on s’autorise à aimer, est quelqu’un qu’on prend le risque de perdre | Ella   Chaque personne qu’on s’autorise à aimer, est quelqu’un qu’on prend le risque de perdre | Ella EmptyVen 15 Juin - 18:57

Il avait beau la regarder, Ella, il avait du mal à croire ce qu'elle venait de lui demander. Ne rien dire à ses parents. C'était plus qu'évident qu'il ne dirait rien. Il serait capable de se taire, de fermer sa bouche à double tour, et de jeter la clef par dessus une rivière. Jamais, jamais, il ne s'abaisserait à une telle vengeance. Parce que oui, il lui en voulait d'être tombée enceinte. Comme si le fait d'attendre un bébé dans son ventre faisait d'elle la seule fautive. Il était capable de faire beaucoup de choses. Pendant un moment, il avait failli lancer une rumeur. Dire qu'Ella avait couché avec un autre type. Qu'elle était enceinte de cet autre type. C'était tellement simple pour lui que de rejeter toute la faute sur une seule personne. Ça le mettait à l'abri d'une tempête. Oui. Sauf qu'il n'était pas comme ça. Cette solution était trop facile. Mais deux interventions avaient fait en sorte que mattia renonce à cette idée.
Teddy et Ashton. L'un et l'autre avaient réussi à lui ouvrir les yeux. L'un en le menaçant, l'autre en prenant le parti d'Ella. Sans que ça paraisse, en le faisant quelque peu culpabilisé, ils lui avaient permis d'ouvrir les yeux. Enfouissant sa vengeance au fond de sa mémoire, Mattia avait décrété que non, ça n'en valait pas la peine; elle n'était pas la seule fautive. 50 / 50. 50 pour elle. 50 pour lui. Et même si ses parents étaient aujourd'hui au courant, il n'avait guère envie d'aller sonner à la porte, de leur faire un petit sourire, et de leur dire « bonjour, votre fille est enceinte. » Non, très peu pour lui.

Et tapotant son sac avec son pied, il lui parla de son cas à lui. De ses parents au courant. De cette putain de rumeur que son beau-père avait entendu autour d'une bière. Arrowsic. La ville le plus pourrie du Maine. La ville où on avait l'impression que tout les habitants étaient de la même famille. Radio Arrowsic. « Je sais… mais, ils vont tellement m’en vouloir. » Ouais. Il n'y a pas de doute là-dessus. Surtout qu'Ella n'était pas du genre à faire des conneries. Elle était bonne à l'école. Bonne à la natation. Elle s'efforçait d'être la meilleure dans tout les domaines. Pas de doute que la voir avec un bébé dans le ventre allait remuer ses parents. Mais c'était sans doute mieux qu'ils l'apprennent par sa voix, que par quelqu'un d'autre. Surtout qu'il ne savait pas si son beau-père allait se la fermer longtemps..
Le regard rivé sur elle, il lui proposa de le faire avec Ashton. Ella répondit de suite, en hochant la tête. Non. Il fronça les sourcils, ne comprenant pas pourquoi. Ashton était au courant, il ne voyait pas pourquoi elle ne voulait pas de lui à ses côtés. « Ashton a perdu un bébé… je peux pas lui demander d’être là pour ça. C’est lui qui aurait dû être papa. » Ashton, papa?? Ouvrant légèrement la bouche, Mattia comprit alors tout. Pourquoi Ashton prenait cette histoire à coeur. Pourquoi il buvait un peu trop que la normale. Il avait perdu sa femme. Mais il avait aussi perdu un enfant. Fausse couche sans doute. «  Et puis… il a d’autres chats à fouetter, je veux pas blesser quelqu’un d’autre dans cette histoire. ». Il hocha la tête, sans trop savoir quoi dire. Sans vraiment prêter attention à sa dernière phrase, Mattia pensait à Ashton.

Il avait trouvé sa réaction un peu trop poussée. Ok, il avait mis enceinte sa soeur. Ok, l'avenir de sa soeur était mis entre parenthèses. Ok, il tenait beaucoup à elle. Mais le fait qu'il boive, et que son poing rencontre son ventre si vite avaient fait comprendre à Mattia que quelque chose d'autre clochait. Il le devinait seulement maintenant. Plus de femme. Plus de gosse. Plus de gosse qu'il avait désiré

Posant son regard sur la jeune fille, il murmura alors un « je savais pas » Il était même loin de s'en douter. Fourrant ses mains dans les poches de son short, Mattia regarda Ella sans rien pouvoir dire. Incapable de rajouter quelques mots. Incapable de combler le malaise qui existait, et qui se creusait chaque jour de plus en plus entre eux. Et à la regarder ainsi, Mattia se rappela combien il l'avait aimé. Il l'avait bien aimé depuis un cours de littérature à laquelle la jeune fille répondait à toutes les questions, et au cours duquel, Mattia s'ennuyait ferme. N'ayant rien de mieux à faire, il avait observé la jeune fille, au début, juste pour se moquer d'elle. Parce que c'était une intello. Et puis, au fur et à mesure, il avait remarqué qu'elle avait du charme. Que sa façon de répondre au prof lui plaisait. Que le sourire qu'elle arborait le faisait craquer. Alors, il s'était rapproché d'elle. Juste comme ça. Juste comme deux copains. Jusqu'à ce jour où ils avaient séché ensemble.. Ce jour-là, ce n'était il y a pas si longtemps que cela. Mais ça lui paraissait être une éternité. « ne t'éternise pas » lâcha-t-il. Il avait peur qu'elle ne dise rien, et qu'au final, son beau-père, après s'être bien bourré, aurait été voir ses parents. Sait-on jamais avec cet endoiré.. « Je.. Si jamais tu as besoin de quoique ce soit Ella, tu peux m'appeler » Cette phrase, il la lâcha presque sans s'en rendre compte. Inconsciemment. Mais au final, il ne la regrettait pas. Il avait beau dire ne plus l'aimer, ne pas vouloir de ce gosse, elle n'en restait pas moins à ses yeux celle qui avait le plus compté.
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MessageSujet: Re: Chaque personne qu’on s’autorise à aimer, est quelqu’un qu’on prend le risque de perdre | Ella   Chaque personne qu’on s’autorise à aimer, est quelqu’un qu’on prend le risque de perdre | Ella EmptyVen 15 Juin - 23:06

Mattia semblait choqué. Pour Ashton. Et c’est vrai qu’il ne savait pas. C’est vrai que personne ne savait. Mon frère avait échappé aux rumeurs. Pour tout le monde Lou s’était barrée. Et pour tout le monde, c’était bien fait pour lui. C’était ce que les gens disaient. Mais, je connaissais la réalité. Je savais ce qu’il avait réellement perdu. Et ce qui c’était passé entre Lou et lui. En y pensant, c’était à croire que les enfants étaient le flingue du couple. « je savais pas ». Je le regardais. En faisant un faible signe de la tête. C’était évident qu’il ne savait pas. « J’étais la seule à savoir que son ex-femme était enceinte… ». Pour lui expliquer pourquoi il ne savait pas. Pourquoi il n’avait aucune chance d’entendre cette histoire. Même l’élan d’une rumeur. Mes parents mêmes l’ignoraient. Ils auraient dû être grands-parents. Par Ashton. Mais, ils ne le savaient pas. Ils ne savaient même pas que Lou et Ash s’étaient disputés à ce sujet. Ils étaient toujours en dehors de tout. Du plus important dans nos vies. Peut-être parce que mon frère et moi on se suffisait. Et puis, les choses étaient comme ça.

Le silence prenait place. Un silence gênant. Parce que malgré tous nos efforts nous ne pouvions pas parler normalement. Sans gêne. Devenir de simple ami. Ça serait absurde de prétendre l’inverse. Parce qu’il y a encore peu je pouvais me blottir dans ses bras. Lui conter mes histoires. Lui ouvrir mon monde. Et surtout, j’avais placé mon cœur entre ses mains. Je lui avais donné tout mon amour. Et même mon innocence. Alors, on ne pouvait pas prétendre à une amitié. Parce que je verrais toujours dans ses yeux les souvenirs de ce que nous étions. Ce qui est parti à des années lumières de sa vie. Qui me manque tant. Et qui surtout s’est brisé bien trop vite. Laissant en moi un gouffre immense. Que le temps ne pourra jamais combler. Tous les remèdes du monde ni feront rien. Nous ne serons jamais amis. Parce que je l’aimerais aussi longtemps que je vivrais. C’est con de dire ça à dix-sept ans. Mais quand on est enceinte, ça l’est beaucoup moins. Parce qu’il faut beaucoup d’amour pour accepter de porter l’enfant d’un homme qui n’est plus à nos côtés. Parce que si ça n’avait pas été son fils, j’aurais agi différemment. Peut-être pas avorté. J’aurais peut-être plus penché pour l’adoption. Même si ça aurait fait mal aussi. Mais, je peux vous assurer que j’aimerais toujours Mattia. Et que par conséquent, nous sommes destinés à nous perdre. Alors que je le voudrais inlassablement à mes côtés.

Sa voix me sortit de toutes mes pensées. M’offrant un léger sursaut. « ne t'éternise pas ». Je le regardais à nouveau. Ça avait l’air vraiment important pour lui. A croire qu’il craignait que quelqu’un ne le dise pour moi. Et comme ça lui était arrivé, je ne pouvais que comprendre. « Promis. ».ça me faisait mal de lui promettre quelque chose. Parce que ça voulait dire que je nouais encore des liens avec lui. Que je lui donnais ma parole. Alors que j’étais censé faire ma vie sans lui. Sans penser à lui. Et m’enfoncer. Parce qu’il comptait trop. Parce que se défaire d’un homme comme lui c’était tout simplement, impossible. « Je.. Si jamais tu as besoin de quoique ce soit Ella, tu peux m'appeler ». Je le regardais surprise. Ah ouais ? Comment j’étais censée l’oublier ? Après avoir entendu ça ? C’était impossible. Il ne pouvait pas être si gentil et croire que je pourrais passer à autre chose. Ou peut-être disait-il ça parce qu’il savait ? Que je n’oserais jamais ? Que je ne pourrais pas lui infliger quoique ce soit d’autre. Que je voulais limiter les dégâts. « Je… j’y manquerais pas… ». Si j’étais à l’agonie. Sur le point de mourir. Peut-être que j’aurais l’égoïsme de lui imposer ça. Autrement, je préférais l’épargner. « Je peux te poser une question indiscrète ? Si tu veux je comprendrais hein… ». Je ne voulais pas qu’il prenne mal mes questions. Alors du coup, je préférais être prudente. Je ne voulais pas le braquer à nouveau.

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MessageSujet: Re: Chaque personne qu’on s’autorise à aimer, est quelqu’un qu’on prend le risque de perdre | Ella   Chaque personne qu’on s’autorise à aimer, est quelqu’un qu’on prend le risque de perdre | Ella EmptyVen 15 Juin - 23:54

Les yeux rivés sur lui, elle ajouta « J’étais la seule à savoir que son ex-femme était enceinte… ». La seule. Ça signifiait que même ses parents ne savaient pas. Que ce petit truc dans le ventre de son ex-femme n'était plus de ce monde, et que peu de personnes étaient au courant qu'il avait, un jour, existé. C'était cruel de penser ça. De penser que ce foetus rendait malheureux deux adultes par son absence, et que de l'autre côté, un autre foetus rendait malheureux deux jeunes par sa présence. La vie est injuste. Le gamin dans Ella vivait, tandis que l'autre gamin n'était plus là. Celui qui n'était pas désiré existait, celui qui était désiré n'existait plus. Vie dégueulasse.

Un silence s'installa entre eux, Mattia étant incapable d'ouvrir la bouche, et d'ajouter autre chose sur ce qu'il venait d'apprendre. Peut-être qu'il aurait du en profiter pour parler d'Ashton, de son hypothétique problème avec l'alcool -parce que Mattia en était sûr, il buvait plus que de raison-. Mais il ne fit rien; avec un embryon dans le ventre, elle avait d'autres chats à fouetter que de s'occuper de son frère. Même s'il avait besoin d'aide.
Alors, au lieu de ça, il lui demanda de ne pas tarder à parler de sa grossesse à ses parents. Juste au cas où McCawley irait les voir. Elle le lui promis. Comme avant. Comme quand il lui demandait « tu m'appelles ce soir? » avant de se quitter, et qu'avec un petit sourire taquin, elle répondait « promis ». Comme au bon vieux temps. Et ça, ça le faisait sourire. Et comme au bon vieux temps, il lui annonça qu'elle pouvait l'appeler, justement, si elle avait besoin de quoique ce soit. Il n'était pas un monstre. Il se rendait bien compte du mal qui lui faisait. Impossible pour lui de relâcher la pression, de se tourner vers elle, et de lui promettre tout pour leur enfant. Mais au moins, il était capable de lui faire cette promesse; être là si elle avait besoin. Il mettrait un droit de véto, si le jour de l'accouchement, elle lui demandait d'être là. Evidemment qu'il ne viendrait pas. Il ne pourrait pas lui tenir la main pendant qu'elle s'étouffe, essoufflée, criant, hurlant, lui serrant la main trop fortement, tentant d'expulser hors de son vagin un extra-terrestre tout bleu, et blanc. Il risquerait de vomir. Ou de tomber dans les pommes. Mais si jamais, elle avait besoin de lui pour aller faire des courses, porter un pack d'eau, faire des exercices de mathématiques, il serait là. Il répondrait présent. Comme un ami.

« Je… j’y manquerais pas… ». Le tennisman sourit. Le message était passé. Même si il doutait que la jeune fille vienne sonner à sa porte. Pas par fierté, ou par orgueuil. Mais la connaissant, elle voudrait se débrouiller toute seule. Comme elle le faisait toujours. Les gens la connaissant avaient toujours l'impression qu'elle gérait tout sans l'aide de personne; de ses études, à sa vie sentimentale en passant par son sport. Il l'avait toujours admiré pour ça. Pour cette façon d'être la meilleure partout. L'observant toujours, il la vit ouvrir de nouveau la bouche. « Je peux te poser une question indiscrète ? Si tu veux pas je comprendrais hein… ». Il eut un léger sourire, haussant les épaules. Elle voulait lui poser une question indiscrète? Elle pouvait largement! Elle en avait plus que le droit. « bien sûr que tu peux. » Cette jeune fille là l'avait vu sous toutes ses coutures, connaissait son corps entier, l'avait vu nu plusieurs incalculables fois. Et pour Mattia, poser des questions indiscrètes, c'était posé des questions sur les relations sexuels des gens. Amusé de la voir aussi gênée pour lui poser une question soit disant indiscrète, le tennisman retrouva petit à petit sa bonne humeur. Se retrouvant dans ses petits sabots. Même en compagnie d'Ella « qu'est-ce que tu veux savoir?  » Un sourire vers elle, et une bétise traversa son esprit. Parce qu'il était Mattia Jarvis, il lâcha finalement cette connerie qu'il avait en tête. « tu veux savoir quelle position je préfère? » Poser cette question, c'était un peu comme renoué avec le passé. Il retrouvait, le temps de quelques secondes, la complicité qu'il avait eu avec Ella, cette complicité qui aujourd'hui lui manquait tant. Le temps d'un rire, d'une connerie, il se revoyait avec elle, les yeux rieurs. Comme avant. « Je pensais que tu savais.. » termina-t-il en riant légèrement, les yeux posés sur elle.
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MessageSujet: Re: Chaque personne qu’on s’autorise à aimer, est quelqu’un qu’on prend le risque de perdre | Ella   Chaque personne qu’on s’autorise à aimer, est quelqu’un qu’on prend le risque de perdre | Ella EmptyDim 17 Juin - 18:20

J’avais quelques questions en tête. Des questions indiscrètes. D’un sujet que je n’avais jamais abordé avec Mattia. De ceux qu’on avait tus. Qui n’étaient pas des sujets à l’époque. Mais, qui maintenant prenaient un tout autre sens. Et j’avais encore peur. Qu’il réagisse. Et c’était dingue. La façon dont je m’accrochais à lui. A lui faire toujours le moins de mal possible. A culpabiliser toutes les deux secondes. A aller contre le sens du vent, juste pour pas qu’il ne me déteste. C’était dingue, cette façon d’agir. Alors qu’entre nous s’installait un monde. Un univers infranchissable. Alors qu’entre nous, il n’y aurait plus d’amitié. Il afficha un léger sourire. Haussa les épaules. Comme si je n’avais pas à me gêner. Comme si je pouvais le faire tout naturellement. Il n’avait sans doute pas compris sur quel terrain je voulais aller. Autrement, il ne sourirait pas. J’en étais certainement. « bien sûr que tu peux. ». Et je me sentais encore plus mal à l’aise. Parce qu’il souriait. Il retrouvait une bonne humeur. Et que j’allais tout mettre à plat. Il était loin d’imaginer ce qui se passait dans ma tête. Magnifique qui pro quo. Du moins, ça l’aurait été si je n’avais pas capté. Qu’il était littéralement à côté de la plaque. « qu'est-ce que tu veux savoir? ». J’admirais son sourire. J’aurais pu lui réponse là. Poser ma question. Mais j’admirais son sourire. Et il enchaîna, avec une bêtise. Comme avant. « tu veux savoir quelle position je préfère? ». Je rougissais. Comme avant. Comme la première fois qu’il avait posé ses yeux sur moi. Comme à notre premier baiser. Comme la première fois qu’il m’avait vu nue. Ou encore son premier je t’aime. Comme lorsqu’il me faisait un compliment. Je rougissais. Avant de rire. De rire franchement. Comme nous avions pu le faire avant. Quand nous partagions un bon moment. C’était les résidus du passé. Le souvenir du cœur qui revenait au galop. Le passé qui faisait une piqûre de rappel que les anticorps peinaient à combattre. C’était nous. Dans ce rire. Dans sa bêtise. C’était nous. Il m’avait ramené à la vie. « Je pensais que tu savais.. ». Son rire sonnait comme une douce mélodie à mes oreilles. J’avais un petit sourire idiot. Et des pommettes toutes rougis. Des yeux d’enfants. Posés sur un corps que je désirais. Que je parcourais dans ma mémoire. Sur un corps que je connaissais.

Je remettais une mèche de cheveux derrière mon oreille. Le regardant dans les yeux. Oubliant complètement le bébé. Et toute la gêne qu’il y avait pu avoir. « Ce n’était pas vraiment ça… mais, tu peux toujours me la dire. ». Je faisais un de ses sourires qu’il était seul à avoir vu. Un sourire légèrement coquin. Un sourire comme à la soirée caritative. Ce n’était pas pour le draguer. Je n’avais pas oublié notre histoire. Non, c’était naturel. Comme avant. « En réalité… je crois que j’hésiterais entre deux… si je devais dire quel est ta position favorite. ». Je riais légèrement. Il était bien le seul à m’entendre parler comme ça. Pour tout le monde, j’étais trop prude. Pour parler de sexe. Pour en regarder. Ou même pour envisager le sexe. Ce n’était pas pour rien que le bébé choquait. Tout le monde me croyait vierge. Et enfin bon. Peu importe. Il fallait que j’en vienne au vrai sujet. « En fait, c’était un peu plus sérieux comme sujet… la cicatrice que tu as… c’est ton beau-père qui te l’as faite ? » Voilà. Là tout de suite. C’était moins drôle. Et là, je baissais les yeux. Me rappelant la seule fois où j’avais vu cet homme. Et la colère que ça avait provoqué chez Mattia.


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MessageSujet: Re: Chaque personne qu’on s’autorise à aimer, est quelqu’un qu’on prend le risque de perdre | Ella   Chaque personne qu’on s’autorise à aimer, est quelqu’un qu’on prend le risque de perdre | Ella EmptyDim 17 Juin - 19:37

Dès qu'il lui eut dit sa connerie, Ella se mit à rougir. Cette façon que ses joues avaient de rosir l'avait littéralement fait craquer il y a quelques mois. Elle rougissait pour un rien. Quand il la regardait. Quand il l'embrassait. Quand il s'approchait d'elle. Quand il lui disait « je t'aime ». Il craquait complètement en voyant ses joues se rosir. Et le pire, c'était quand, comme là, elle rougissait tout en riant. Pendant ce rire qu'ils partageaient, les deux jeunes renouaient avec leur passé commun, se souvenant de moments incroyables passés ensemble. Les yeux dans les yeux, la jeune fille réussit à lâcher un « Ce n’était pas vraiment ça… mais, tu peux toujours me la dire. ». Mattia rit. Non, il ne le lui ferait pas ce bonheur. Ce bonheur de lui rappeler les positions -voire la- qu'il préférait. Parce qu'au fond de lui, il se doutait qu'Ella s'en rappelait. Derrière ses yeux rieurs, il aperçut un sourire qu'il connaissait tant. Un sourire coquin. Le genre de sourire qu'il était le seul à connaître. Personne d'autre n'y avait eu le droit; il en était certain. « En réalité… je crois que j’hésiterais entre deux… si je devais dire quel est ta position favorite. ». Ils rirent ensemble. Mattia n'y répondit pas; son rire l'en empêchant. Sans que ça paraisse, ça faisait du bien de faire marcher leurs zygomatiques de cette façon, de se rappeler tout cela. L'un avec l'autre. De ses bons moments.

Et puis, le visage d'Ella se ferma un peu. Elle baissa les yeux, et Mattia comprit que c'était du sérieux, ce qu'elle voulait lui demander. Alors, lui aussi, se tut, arrêtant de rire. Regardant la jeune fille, il se demandait bien ce qui lui passait en tête. Et puis, elle ouvrit la bouche.

« En fait, c’était un peu plus sérieux comme sujet… la cicatrice que tu as… c’est ton beau-père qui te l’as faite ? » Aussitôt, il cessa de sourire. Préférant se mordre la lèvre, il baissa les yeux un instant. Alors Ella savait. Jusqu'à maintenant, il avait fait comme si rien n'avait changé. Alors que tout avait changé dans sa vie; son avenir, et son présent. Sa maison n'était plus la même. Son avenir était incertain. Et de gamin il devenait adulte en peu de temps. Les yeux dans le vide, il essayait de trouver les mots, les bons. Il aurait pu nier, et faire comme il faisait tout le temps. Dire que tout ça c'était des conneries. Dire que son beau-père ne l'avait jamais frappé. Prétendre que c'était l'amour fou entre eux. Mais aucun de ces mots ne sortirent. Il était bien trop fatiguée à se défendre pour le nier. Et puis surtout, ce n'était pas n'importe qui qui lui demandait ça. C'était Ella. Et après le mal qu'il lui avait fait, il pouvait bien lui dire la vérité. Parce que c'était elle. Parce qu'elle avait énormément compté pour lui. Parce que c'était l'une de ses personnes qu'il aimait le plus. « Ouais. » lâcha-t-il comme unique mot. Ayant sorti ses mains de ses poches, il commença à jouer avec. Se tordant quelques doigts. Se mordant les lèvres. Parler de tout ça, pour la première fois, devant elle, le rendait nerveux. Il bougea un peu. Apercevant le banc où Ella était assise avant, il s'y approcha, monta dessus, et s'assit sur le dossier. « C'était au tout début qu'il était marié avec ma mère. » Avalant sa salive avec difficulté, il posa son regard sur le sol. « Et c'était pour m'apprendre à ne pas jouer avec le feu. » dit-il en lâchant un rictus. Rictus. Rire nerveux. Parce qu'il le haïssait tellement. Parce que ce jour-là, il l'avait marqué au fer rouge. Mattia s'en souvenait encore, comme si ça s'était passé hier. Ca datait pourtant d'il y a six ans. Il avait allumé une bougie. Il l'avait surpris. Il avait crié. Hurlé. Qu'il aurait pu mettre le feu. Qu'il aurait pu se faire mal. Il se souvenait avoir heurter le sol avec son dos sous sa violence. Il revoyait encore son visage furieux, brandissant le fer à repasser. Il se souvenait de l'air frais quand le monstre avait soulevé son T-shirt, et de l'horrible douleur qu'il avait ressenti dès l'instant où il avait posté l'objet de ses supplices sur son ventre. L'impression de brûler vif. L'odeur de sa peau brûlée. Son cri. Ses larmes. Et sa colère à lui. Tu aurai pu te faire mal! Il avait eu le culot de lui dire ça! Lui qui le brûlait. Lui qui le faisait souffrir. Lui qui le marquait à jamais.
Plus il y repensait, plus les jambes de Mattia bougeaient sur le banc. La nervosité. Relevant les yeux vers Ella, il arrêta de se mordre les lèvres. « t'y es pour rien dans ce qui est arrivé Ella. Ok? » Parce qu'il se doutait bien qu'elle culpabilisait. Ella était comme ça; elle culpabilisait tout le temps. Là, en sachant tout ce qui s'était passé, elle devait sûrement croire que tout était de sa faute. Alors que non. Elle n'y était pour rien. Rien du tout
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MessageSujet: Re: Chaque personne qu’on s’autorise à aimer, est quelqu’un qu’on prend le risque de perdre | Ella   Chaque personne qu’on s’autorise à aimer, est quelqu’un qu’on prend le risque de perdre | Ella EmptyDim 17 Juin - 23:43

C’était une brève parenthèse un moment de douceur. Le gâteau au chocolat pour une femme au régime. Le Hamburger bien gras pour celui qui a du cholestérol. Et le droit de regarder le film pour un enfant. C’était ma confiserie. Mon moment de bonheur. Celui où mon cœur se soulevait. Se faisant plus léger. Pour me laisser respirer. Le but n’était pas que Mattia réponde. Le but, il n’y en avait même pas. Mais, ça nous avait permis de renouer avec le passé. De me rappeler que nous avions existé. Que je n’avais pas rêvé ses gestes. Que si le goût de ses lèvres me revenait encore c’est parce que je n’avais rien gouté d’aussi délicieux. Je n’avais pas rêvé ma vie avec lui. Pour une fois, je l’avais vécu. Et c’était pour ça. Que c’était si difficile. Sans lui, la vie quittait mon corps. Trouvant monotonie. Et passivité. Le problème, c’est que quand on a gouté à la vie, on ne peut pas y renoncer. Le problème c’est quand on aime, même si ça fait mal, on aime encore plus. Je savais que ses souvenirs allaient faire couler mes larmes. Mais pour deux secondes de bonheur. Deux secondes de nous. J’étais prête à tout.

Cependant, mon visage changea. Parce que malgré tout, il fallait qu’on parle. De choses sérieuses. Beaucoup moins drôle. Je me sentais mal. D’aborder ce sujet. Mais, c’était nécessaire. Enfin, pour moi ça l’était. Et lui en me voyant cessa de rire. En m’entendant il cessa de sourire. Se mordant la lèvre. Pourquoi j’avais fait ça ? J’inspirais un grand coup. Je ne voulais pas remuer le couteau dans la plaie. Mais c’était clairement ce que je faisais. Il aurait sans doute préféré que je ne sache jamais. Que personne ne sache jamais. Et là ma culpabilité me revenait dans la gueule. Mon ventre se tordait dans tous les sens. Combien de coup avait-il reçu au cours de sa vie ? Certainement suffisamment pour porter plainte. Pour pouvoir s’éloigner de lui. Mais, il c’était tu. Il avait encaissé. En silence. Il avait reçu les coups. Et protégé cet homme. Ce n’était pas pour qu’une petite conne fiche tout par terre. Alors pourquoi avais-je abordé ce sujet ? Je m’en mordais les doigts. Je n’osais plus le regarder. « Ouais. ». La cicatrice c’était bien lui. Ça rendait les choses réelles. Ça me remettait les idées en place. Le pourquoi il ne voulait qu’on aille chez lui. Pourquoi il ne parlait de son beau-père. Et pourquoi il se battait si souvent. J’avais été aveugle à tout ça. Je n’avais pas soupçonné ça. Même en voyant les bleus. Je n’avais pas cru qu’il me mentait. Pour protéger ce monstre sans cœur. Mais surtout pour se protéger. Lui et son avenir. Lui et sa mère. Il se mit sur le dossier du banc. Celui où j’étais précédemment. « C'était au tout début qu'il était marié avec ma mère. ». Alors ce n’était pas récent ? Je veux dire, il c’était montré violent dès le début ? Il subissait ça depuis combien de temps ? J’avais mal pour lui. Et je me sentais mal à l’aise. Bien loin de notre parenthèse. « Et c'était pour m'apprendre à ne pas jouer avec le feu. ». Je relevais la tête. N’en croyant pas mes oreilles. Ne pas jouer avec le feu ? Alors que ce qu’il avait sur le ventre ressemblait à une brûlure ? Il ne l’avait pas…Je n’en revenais pas. Ce type était un monstre. Et je ne savais quoi dire. Quoi faire. Je n’avais rien soupçonné bordel de merde. Je me sentais idiote. Et… j’avais envie de tuer cet homme. Parce que la vérité c’est que c’était quelque chose que je ne comprenais. Que je ne cautionnais pas. Et là, mon ventre se tordait. En imaginant les coups qu’il avait reçu quand ce type avait su.

Je tournais dans tous le sens. Laissant mon sac tomber de mon épaule. Je passais ma main dans mes cheveux. Je me mordais la lèvre inférieure. Je luttais contre les sentiments partagés. D’un côté Mattia n’était plus avec cet homme. Et de l’autre j’avais détruit sa vie. Rien n’était tout blanc. Rien n’était tout noir. Mais, je ne savais même plus ce qui était le pire. « t'y es pour rien dans ce qui est arrivé Ella. Ok? ». Je riais. Pour me moquer de moi-même. Un rire ironique. Qui sort plus de la gêne que de l’envie. « Pour rien ? Je serais pas tombé enceinte tu ne serais pas chez ces gens, il t’aurait pas frappé comme ça et t’aurais pu conserver toutes les raisons qui font que t’as jamais parlé de ça à personne. S’il avait pas su tu ne souffrirais pas autant et tu serais sans doute mieux malgré les coups. Et dans tous les cas j’ai merdé, j’ai même pas su voir le mal qu’il te faisait, je te croyais comme un idiote sans même voir plus loin que le bout de mon nez… ». Et dans ma tête c’était pire. Dans ma tête je m’accablais deux fois. Je passais nerveusement ma main dans mes cheveux. Mordais ma lèvre inférieure. Je sentais mes yeux qui me brûlaient. Et ce ventre qui s‘agitait. Cette gorge qui se nouait. Si j’avais agi différemment, les choses auraient été différentes. Je ne pouvais m’empêcher d’avoir des remords. Parce que si j’avais su, j’aurais certainement avorté. Pour le protéger. Pour ça, j’étais prête à tout. Même à ne jamais me retrouver.


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Mattia Jarvis
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MessageSujet: Re: Chaque personne qu’on s’autorise à aimer, est quelqu’un qu’on prend le risque de perdre | Ella   Chaque personne qu’on s’autorise à aimer, est quelqu’un qu’on prend le risque de perdre | Ella EmptyLun 18 Juin - 18:18

Assis sur ce banc, Mattia se sentait nerveux. Parce que c'était la première fois qu'il parlait de ça. Avant, il se taisait, préférant passer pour le gamin bagarreur -ce qu'il était vraiment- que pour un gamin battu. Il fallait qu'il se protège. Lui et sa mère. Et c'était seulement ça qui comptait à ses yeux; quitte à rester avec le monstre. Aujourd'hui, il aurait dû être heureux. Il n'avait pas peur en rentrant chez les Andersson. Il ne risquait pas de se prendre un coup pour une connerie faite. Il n'avait pas envie de jeter toutes les bouteilles d'alcool dehors, à ses risques et péril. Mais il y avait une chose qui restait pareille, qu'il soit chez lui, ou chez les Andersson; sa peur. Il avait toujours peur. Il ressentait toujours une boule au ventre dès qu'il pensait à sa mère. Maintenant qu'il n'était plus là-bas, avec eux, il avait peur que son beau-père passe ses nerfs sur elle. Qu'il la frappe. Parce qu'au fil du temps passé avec lui, il avait compris que ce n'était pas lui le problème. Il n'était pas le fautif. Il ne faisait rien de mal. Ce n'était pas parce qu'il se bagarrait souvent, ce n'était pas parce qu'il réagissait au quart de tour, ce n'était pas parce qu'il n'aimait pas l'autorité que son beau-père réagissait ainsi. Il était strict. Ok. Mais ce n'était pas ça le soucis. C'était juste quand ce dernier défilait les bières que la situation se gâtait. A croire qu'il ne tenait pas l'alcool. Que l'alcool le rendait encore plus violent. A croire qu'il était fou.

Et là, penser que sa mère était seule avec lui l'effrayait. Surtout que dans l'état où elle était, bourrée aux antidépresseurs, anxiolytiques, et autres, elle paraissait stone toute la journée. Impossible pour elle de réaliser tout ce qui se passait. Et ça, c'était pire que tout. Alors, Mattia continuait de nier. Prétendant que tout va bien. Inventant même quelques histoires pour pouvoir revenir chez lui. Dans sa famille. Il n'avait qu'une envie; rentrer dormir sous le même toit que lui.
N'empêche que là, avouer pour la première fois cette histoire lui faisait du bien. Il réussissait à mettre quelques mots dessus, racontant en vitesse comment cette brûlure sur son corps était apparue. Il évitait de trop en dire; même si parler le soulageait quelque peu, il n'avait pas envie de choquer Ella. Pas dans son état.

Alors que lui restait assis sur le banc, à bouger ses jambes sans cesse, elle, elle se mit à tourner, laissant tomber son sac, passant sa main dans ses cheveux, se mordant les lèvres. Et quand, il lui dit qu'elle n'y était pour rien, elle lâcha un rire. Un rire pas drôle. « Pour rien ? Je serais pas tombé enceinte tu ne serais pas chez ces gens, il t’aurait pas frappé comme ça et t’aurais pu conserver toutes les raisons qui font que t’as jamais parlé de ça à personne. S’il avait pas su tu ne souffrirais pas autant et tu serais sans doute mieux malgré les coups. Et dans tous les cas j’ai merdé, j’ai même pas su voir le mal qu’il te faisait, je te croyais comme un idiote sans même voir plus loin que le bout de mon nez… ». Voilà. C'était dit. Voilà. Elle culpabilisait. Il s'en était douté. Il connaissait trop Ella pour ne pas savoir. Il passa sa main devant sa bouche, et regarda la jeune fille, ne sachant pas trop quoi lui dire. Qu'effectivement, il serait mieux chez lui? Peut-être. Sûrement même; il faisait tout pour y retourner. Mais au fond de lui, ne plus être là-bas le soulageait. Il pouvait au moins dormir tranquille. Le tennisman était tiraillé entre deux sorts. Celui de sa tranquillité à lui. Ou celui de la tranquillité de sa mère.
Posant sa main sur sa jambe, il se mordit la lèvre, et jeta un petit regard vers Ella. Elle passait sa main dans ses cheveux. Elle évitait son regard. Elle se mordait aussi sa lèvre. Elle évitait de pleurer. Bougeant légèrement, il se pencha et réussit à attraper le bras de la jeune fille. « Assieds-toi. » Doucement, il la tira à côté de lui, sur le banc. Il aurait bien aimé se lever, et la prendre dans ses bras. La serrer tellement fort qu'elle s'en serait étouffée. Lui souffler à l'oreille que ce n'était rien. Lui sécher les larmes qui n'allaient pas tarder à couler. Mais ça, il en était encore incapable. Ils avaient fait des progrès; ils réussissaient à se parler. Il ne voulait pas tout gâcher. « T'y es pour rien Ella. C'est pas de ta faute. De toute façon, j'suis sûr qu'un jour ou l'autre, ça se serait su. » En disant ses mots, il pensa à Ethan et sa femme, Elizabeth. Les deux étaient proches. Les deux se doutaient que quelque chose clochait, et les deux essayaient de le faire parler, à leur manière. « Et puis s'il n'avait pas appris pour toi, et le bébé, il m'aurait pas frappé. Mais il aurait trouvé une autre excuse, un autre jour. » Il posa sa main sur le bord du banc, gardant un léger contact avec Ella. « T'as pas à tant vouloir d'avoir rien vu; je ne voulais pas que ça se sache. Je faisais tout pour le cacher. Et je te rassure, tous les bleus que j'arborais n'étaient pas tous de lui!» finit-il par dire, en souriant. « Certains étaient vraiment des blessures de guerre! » Il s'interrompit un instant, arrêtant de sourire, et regardant la jeune fille. Il repensa à sa situation. A sa façon de tout vouloir cacher pour ne pas être séparé de sa mère. « Je ne suis pas maso non plus, hein! -lâcha-t-il en riant légèrement, histoire de dédramatiser la situation- En fait, j'ai peur pour ma mère. J'aime pas savoir qu'elle est seule avec lui en ce moment. C'est pour ça que je fais tout pour retourner chez moi. Que je dis rien. Même si je suis conscient qu'être chez les Andersson c'est mieux pour moi. .» Pour lui. Mais pas pour elle. Et c'était bien pour ça le problème.
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MessageSujet: Re: Chaque personne qu’on s’autorise à aimer, est quelqu’un qu’on prend le risque de perdre | Ella   Chaque personne qu’on s’autorise à aimer, est quelqu’un qu’on prend le risque de perdre | Ella EmptyMar 19 Juin - 19:27

Je devenais folle. Tout ça n’était pas vraiment réel. Pas avant qu’on en parle. Et maintenant c’était chose faite. Maintenant la culpabilité que j’avais tenté de chasser appuyait sur mon cerveau. Je me sentais monstrueuse. Et je ne comprenais pas comment Mattia faisait pour ne pas m’en coller une. Pour ne pas me détester. Sa vie lui avait glissé entre les doigts par ma faute. Parce que s’il n’en avait jamais parlé c’est qu’il avait le choix. Qu’il avait des raisons d’y rester. Et j’étais intervenue dans l’histoire. Sans même le vouloir. Comment pourrait-il me pardonner ça ? Il avait le choix de ne rien dire. Qu’est-ce que j’avais fait ? Bordel de merde. Comment j’avais osé ? En se penchant, il attrapa mon bras. Je le regardais. Surprise. Me foutant bien de la sensation qui avait parcouru mon corps quand il m’avait touché. « Assieds-toi. ». Je le regardais sans comprendre. Je n’aurais pas bougé. S’il ne m’avait pas doucement attiré vers lui. M’en voulait-il si peu ? J’avais foutu sa vie en l’air. Sans moi, son beau-père n’aurait pas fait ça. Et même si je n’étais pas pour qu’il reste avec ce monstre, je me sentais coupable. Coupable d’avoir dû lui imposé une vie. De mettre son avenir en danger. Mattia ne serait pas resté pour rien. Et moi je lui avais ce qui n’était pas rien.

Je n’en pouvais plus. Il fallait que je lâche tout. Que je craque. J’accumulais bien trop de chose. Je culpabilisais. J’avais mal pour Mattia. Je m’en voulais. Je me détestais. Et tout un tas d’autres choses. Je n’en pouvais plus. Alors, je faisais ce que je faisais le mieux. La seule chose que je sache faire d’ailleurs. C’est-à-dire pleurer. « T'y es pour rien Ella. C'est pas de ta faute. De toute façon, j'suis sûr qu'un jour ou l'autre, ça se serait su. ». Peut-être. Peut-être pas. C’était bien là problème. Je n’étais pas sûre que les choses auraient finis par se savoir. Parce que les habitants avaient trop de respect pour son beau-père. Parce qu’ils auraient pu suspecter. Y songer. Mais, ils n’auraient pas eu de preuve comme ça sous les yeux. Je regardais le visage abimé de Mattia. Ils n’auraient pas eu de quoi déclencher leur imagination. Aucune matière pour croire aux mensonges de Mattia. « Et puis s'il n'avait pas appris pour toi, et le bébé, il m'aurait pas frappé. Mais il aurait trouvé une autre excuse, un autre jour. ». Ah oui ? Et quelle excuse ? Et puis peut-être que ça ne serait jamais arrivé. Parce qu’avant que ce jour arrive, Mattia aurait pris son avenir en main. Peut-être qu’il aurait pu s’en sortir. Avant que ce jour arrive. « Mais ça n’aurait pas été au moment là et peut-être que ça n’aurait pas mis ton avenir en danger et puis peut-être que ça ne serait jamais arrivé. Et j’ai jamais voulu te mettre en danger comme ça… ». Le mettre en danger. Je n’en aurais jamais parlé à qui que ce soit. Je ne l’aurais même pas avoué à Mattia. Si j’avais su. Qu’il allait se faire frapper. Que cette saloperie allait s’acharner sur lui. Je tentais vainement d’essuyer mes larmes. « T'as pas à tant vouloir d'avoir rien vu; je ne voulais pas que ça se sache. Je faisais tout pour le cacher. Et je te rassure, tous les bleus que j'arborais n'étaient pas tous de lui!». Il fit un sourire avant de compléter. « Certains étaient vraiment des blessures de guerre! ». Je le regardais les yeux remplis de larmes. J’aurais dû lui poser des questions. Je n’aurais pas dû faire comme si ce n’était rien. Parce qu’il m’en aurait peut-être voulu. Il aurait certainement boudé. Il se serait énervé. Mais, au moins j’aurais su. Et techniquement ça n’aurait pas changé grand-chose. Mais, j’aurais pu agir en conséquence. Et non pas aussi naïvement. Sans voir toutes les conséquences de mes actes. De mes aveux. « J’aurais dû le comprendre, quand je suis venue chez toi et que tu t’es énervé… et puis, j’aurais dû savoir. Tu ne pouvais pas te battre aussi souvent. J’avais tout devant les yeux… et j’ai rien fait. ». Et je pleurais un peu plus. Passant encore et encore le revers de ma main sur les yeux. Mais rien ne les arrêtait. C’est un peu comme quand quelqu’un meurt. Et que chacun de ses proches se rappellent tout ce qu’ils n’ont pas fait pour cette personne. Tout ce qu’ils n’ont pas vécu. C’est un peu ce moment des remords dans le deuil. Sauf, que là, ce n’est pas un deuil. Mais la réaction est la même. Je regrette de n’avoir rien fait. Au lieu de me résonner. Je regrette de n’avoir rien fait pour lui. Et j’oublie qu’un jour on s’est aimé. Et que peut-être cet amour lui a apporté quelque chose.

Je n’en pouvais plus. Je ne comprenais pourquoi il était si gentil avec moi ? Et comment il faisait ? « Je ne suis pas maso non plus, hein! ». Il ria légèrement. Pour apaiser un peu. Mais je me doutais bien qu’il avait ses raisons. « En fait, j'ai peur pour ma mère. J'aime pas savoir qu'elle est seule avec lui en ce moment. C'est pour ça que je fais tout pour retourner chez moi. Que je dis rien. Même si je suis conscient qu'être chez les Andersson c'est mieux pour moi. .». Tout s’expliquait. Il ne pouvait pas laisser sa mère avec un homme comme ça. Avec un monstre comme ça. Et je n’aurais pas pu non plus. Je ne pouvais que le comprendre. C’est aux parents de veiller sur les enfants. Mais, parfois, il arrive que ce soit l’inverse. Et voilà ce que ça donne. Je me mordais la lèvre inférieure. Au point de me faire saigner. Je l’avais éloigné de sa mère. Quelle idiote. « Ouais… c’est mieux pour toi… mais, pas pour elle et comme depuis le début tu t’efforces de la protéger… je… c’est normal. Tu ne peux pas te détacher d’elle comme ça en disant simplement j’ai fait tout ce que j’ai pu pour la protéger…et je suis vraiment désolée, j’aurais jamais dû de mettre dans cette situation… ». Là je comprendrais Mattia. S’il venait à me détester. Et à ne plus jamais m’adresser un regard.

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MessageSujet: Re: Chaque personne qu’on s’autorise à aimer, est quelqu’un qu’on prend le risque de perdre | Ella   Chaque personne qu’on s’autorise à aimer, est quelqu’un qu’on prend le risque de perdre | Ella EmptyMer 20 Juin - 16:07

Se retrouver assis à côté d'Ella le mettait mal à l'aise. Même si c'était lui qui lui avait demandé de s'asseoir ici, il avait du mal à la regarder. Il la sentait déboussolée, complètement perdue. Ses mots ne lui seraient d'aucune aide; aucun réconfort par la parole n'était possible. Comment pouvait-il lui assurer qu'il allait bien? Il avait l'impression qu'elle n'allait jamais l'écouter. Mais il allait tenter.« Mais ça n’aurait pas été au moment là et peut-être que ça n’aurait pas mis ton avenir en danger et puis peut-être que ça ne serait jamais arrivé. Et j’ai jamais voulu te mettre en danger comme ça… ». Le mettre en danger. Comme si elle l'avait mis en danger. Au contraire, elle l'avait peut-être sorti du danger. Peut-être l'avait-elle protéger. En mettant en danger sa mère. Mais tout ça, elle ne pouvait pas le savoir. Il s'était tué à le cacher.

A chaque fois qu'il sentait son regard sur lui, il essayait de ne pas le voir. Ses pleurs, ses larmes, il aurait aimé les effacer d'un revers de sa main, les faire disparaître en un claquement de doigts. Malheureusement, il ne s'appelait pas Harry Potter, et écoutait, sans rien pouvoir faire, ni dire, les larmes de la jeune fille couler. « J’aurais dû le comprendre, quand je suis venue chez toi et que tu t’es énervé… et puis, j’aurais dû savoir. Tu ne pouvais pas te battre aussi souvent. J’avais tout devant les yeux… et j’ai rien fait. ». Et il l'entendit pleurer. Encore un peu plus. Il s'imaginait qu'à travers ses larmes, elle revoyait certains détails. Des détails lui échappant à l'époque, mais qui maintenant prenaient tout leur sens. Lui-même se souvenait d'une fois. Ce jour-là, Ella tenait absolument à faire l'amour. Elle s'était montée entreprenante comme jamais; et Mattia, lui, se sentait mal. Cacher sa brûlure lui était impossible, mais il arborait deux bleus sur son ventre. De peur d'attiser sa curiosité, il avait tout fait pour ne pas coucher avec elle. D'un regard de chien battu, il avait prétendu être fatigué par son entrainement. Ted n'était pas du genre à les laisser moisir deux minutes sur place; mais cette explication n'avait pas suffit à Ella. Se rapprochant de lui, lui faisant son plus beau sourire, passant ses mains sur son corps, lui murmurant des mots doux. Personne n'aurait jamais imaginé ella dans cet état-là. Personne, sauf lui. Il avait dû faire un énorme effort pour ne pas tomber dans la tentation. Cette tentation. Comment dire « non » à une fille comme elle? Comment ne pas vouloir se rapprocher d'elle? Il avait feinté une maladie. Prétendant qu'il se sentait fiévreux, tout en repoussant doucement ses mains. D'un regarde triste il avait affronté le sien, déçu. Refoulant par la même occasion ses hormones qui en voulaient tant..

Mattia lui expliqua, enfin, pour sa mère. Il l'entendit faire de son mieux pour ne pas pleurer. Aussitôt qu'il termina sa phrase, il se maudit. « Ouais… c’est mieux pour toi… mais, pas pour elle et comme depuis le début tu t’efforces de la protéger… je… c’est normal. Tu ne peux pas te détacher d’elle comme ça en disant simplement j’ai fait tout ce que j’ai pu pour la protéger…et je suis vraiment désolée, j’aurais jamais dû de mettre dans cette situation… ». Pourquoi avait-il fallu qu'il lui parler d'elle? Pourquoi avait-il fallu qu'il lâche ce morceau? Elle pleurait. Elle se détestait encore plus. Elle s'en voulait doublement. Il aurait mieux fait de se taire, de garder ça pour lui, comme il l'avait fait jusqu'à maintenant. Mais non, il avait voulu se lâcher, cracher le morceau, emmêlant l'esprit d'Ella, et la rendant encore plus responsable. Plus coupable. Il hocha la tête, soupirant un petit coup. Mais quel idiot! Quel idiot! Et elle, elle continuait de s'excuser. Encore et encore. Comme d'habitude. Se relevant du banc, il se mit debout face à Ella. Pour la première fois, il la regarda pleurer. Découvrant ses joues rouges, ses yeux embués. Inspirant un coup, il ferma les yeux un instant, et lui demanda alors « s'il te plait, arrête de t'excuser. » Il en avait marre de l'entendre s'excuser, surtout pour des trucs pour laquelle elle n'était pas 100% responsable. La faute là était partagée. Alors qu'importe ce qu'elle pensait, qu'importe ce qu'il avait pensé jusqu'à maintenant, il y avait 50/50. 50A. Il posa ses mains sur ses genoux, et essayant de capter son regard lui lâcha alors quelques mots « J'veux pas que tu dises ça. Ca m'a emmerdé que tu sois tombée enceinte, et je flippais oui. Parce que je me vois mal être père à mon âge. Parce que je ne veux pas rater ma carrière, et aussi parce que j'avais peur qu'il le découvre. Mais Ella, c'est pas de ta faute. J'ai tout fait pour pas que ça se sache; je voulais même que tu dises que le père était quelqu'un d'autre. Mais maintenant, c'est fait Ella. Et t'as pas à tant vouloir, c'est pas toi qui a été le voir pour lui balancer tout. T'es restée à ta place, t'as rien dit. » Il s'arrêta un instant, se décidant, enfin, à passer sa main sur l'une des joues d'Ella. Même s'il lui en avait voulu -et même s'il lui en voulait encore un peu d'être tombée enceinte-, il ne pouvait pas nier qu'Ella n'avait rien fait pour balancer cette histoire. Elle était restée muette. Muette et dans son coin. Tout comme Teddy, elle avait tenté de le protéger, à sa manière, sans savoir. Pendant que l'une balançait une rumeur sur elle pour faire taire tout le reste, l'autre se murait dans un silence. L'exact opposé; pourtant elles avaient le même but. Cacher une grossesse. Se pinçant les lèvres, Mattia reposa sa main sur le genou de la jeune fille. Ce simple contact lui rappelait ce qu'ils avaient vécu. « oublie ce que je t'ai dit sur ma mère. Ca, c'est pas ton problème, c'est juste le mien. » C'était son soucis à lui, pas le sien. Tout comme le fait que, peut-être, il ne devrait plus vivre chez les anderson. Peut-être que d'ici peu, il serait envoyé à Portland dans un foyer pour mineurs, et là où il devrait dire adieu au tennis. Ca aussi, c'était son problème. Ca aussi, Ella n'y était pour rien. « Tu n'pouvais pas deviner Ella. Personne ne l'avait vu venir. Alors, je t'en prie, arrête de pleurer. Regarde-moi, là, je vais bien. » De sa main, il toucha son menton pour lui relever la tête. Histoire qu'elle s'aperçoive qu'il aille bien. Il avait certes encore quelques stigmates, mais physiquement, il allait bien. Il lui fit un petit sourire, pour confirmer ses dires. Parce que oui, physiquement, Mattia allait bien. Il n'avait quasiment plus rien. Le temps avait estompé ses blessures, il faisait son effet. Même si pour le reste, il lui faudrait encore bien plus de temps..

Soupirant un coup, Mattia lui fit un petit sourire, tout en secouant doucement l'un de ses genoux. « On devrait peut-être arrêter d'en parler» lâcha-t-il. Pas parce qu'il n'en avait pas envie. Mais juste parce que ça leur faisait mal. A lui. Et à elle.
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MessageSujet: Re: Chaque personne qu’on s’autorise à aimer, est quelqu’un qu’on prend le risque de perdre | Ella   Chaque personne qu’on s’autorise à aimer, est quelqu’un qu’on prend le risque de perdre | Ella EmptyVen 22 Juin - 23:19

Je pleurais comme une madeleine. Ne trouvant rien de mieux que de m’excuser. Parce que j’étais vraiment désolée. Et que je n’avais pas d’autres mots. Pour exprimer ça. Et même s’il avait horreur de m’entendre dire ça, c’était sorti tout seul. Comme ça. Sans que je ne réfléchisse. J’avais besoin qu’il le sache. Il se leva du banc. Se mettant face à moi. Affrontant rivière de larmes. Et regard vide. J’avais honte. J’avais envie de me cacher sous terre. De mettre un masque. Pour ne pas lui montrer tout ça. Et pourtant. J’avais beau essayé de fuir son regard. Je ne m’en détachais pas. J’avais beau essayé d’arrêter de pleurer, je n’y arrivais pas. « s'il te plait, arrête de t'excuser. ». Je hochais la tête. J’allais essayer. Mais, ça ne changeait pas que je l’étais. Et il le savait. Qu’au fond ça ne changeait rien. Et surtout que j’avais du mal à ne pas l’exprimer à voix haute. Il savait. Parce que j’étais toujours désolée de tout. De rougir. De rater quelque chose. De faire une erreur. D’énerver quelqu’un. J’étais toujours désolée pour tout. Et je comprenais que ça l’énerve. Surtout quand la technique voulait que la faute soit partagée. La technique. Mentalement, j’étais plus coupable pour lui. Il n’y était pas pour grand-chose. C’est moi qui l’avais enfoncé. Parce qu’il avait eu le malheur de me mettre enceinte. Voilà. C’était son tort. Son seul unique. Contre ma montagne.

Il posa ses mains sur mes genoux. Mon cœur s’emballa. Mon corps frissonna. Je passais une main dans les cheveux, gênée. Faisant mine d’essuyer les larmes. Qui semblait ne pouvoir s’arrêter. « J'veux pas que tu dises ça. Ca m'a emmerdé que tu sois tombée enceinte, et je flippais oui. Parce que je me vois mal être père à mon âge. Parce que je ne veux pas rater ma carrière, et aussi parce que j'avais peur qu'il le découvre. Mais Ella, c'est pas de ta faute. J'ai tout fait pour pas que ça se sache; je voulais même que tu dises que le père était quelqu'un d'autre. Mais maintenant, c'est fait Ella. Et t'as pas à tant vouloir, c'est pas toi qui a été le voir pour lui balancer tout. T'es restée à ta place, t'as rien dit. ». Ouais. Je comprenais qu’il n’en veuille pas. Et qu’il flippait. J’avais perdu ma carrière. Et l’homme de ma vie. En sachant que ce n’était que le début. Je ne m’imaginais pas non plus être maman à cet âge. Et pourtant. Je n’avais pas le choix. Mais, j’aurais pas dû lui dire. J’aurais dû faire quelque chose pour l’aider. Comprendre que s’il n’en voulait pas c’est aussi parce qu’il ne pouvait pas. Les larmes coulaient un peu plus en pensant à ça. Silencieusement toujours. Mais plus abondamment. Mattia posa sa main sur l’un de mes joues. Séchant mes larmes. Je ne pouvais m’empêcher de ma calmer. Le cœur paniqué. Affolé par ce contact. Mais, tout en étant rassuré par ce geste.

Il retira sa main de ma joue. Pour la remettre sur mon genou. Inutile de vous décrire souvenirs et réactions.« oublie ce que je t'ai dit sur ma mère. Ca, c'est pas ton problème, c'est juste le mien. ». Je bougeais la tête. De gauche à droite. Je n’arriverais pas à oublier. Et je me sentais coupable. « Je veux pas que tu restes seul face à ça, si je peux t’aider, de n’importe quelle manière, je serais là. ». Et j’étais sérieuse. Je ne voulais pas l’abandonner comme ça. Je ne voulais pas oublier. Et de toute façon, je n’y arriverais pas. Je me sentais responsable. Je n’allais pas lui dire OK. Vas-y. Débrouille-toi. Non, je ne pouvais pas. Ce n’était pas moi. Et malgré tous les petits bouts de moi qui partaient, ça restait. Cette manie de s’effacer pour les autres. « Tu n'pouvais pas deviner Ella. Personne ne l'avait vu venir. Alors, je t'en prie, arrête de pleurer. Regarde-moi, là, je vais bien. ». Il prit mon menton. Pour me faire relever la tête. Pour que je constate qu’il aille bien. Et c’est vrai. Physiquement, il s’en remettait. Malgré les marques restantes. Il allait de mieux en mieux. Mais, ce n’était que le physique. Et son sourire n’allait pas me convaincre. Je n’allais pas croire qu’il allait parfaitement bien. Mais je séchais mes larmes. Luttant pour qu’elles ne coulent pas à nouveau. « J’aurais tellement voulu… ». Tellement voulu quoi ? Le comprendre ? Le deviner ? Ne pas tomber enceinte ? Tout ça c’était une évidence. J’aurais tellement voulu être la fille qu’il désirait. J’aurais tellement voulu qu’on y arrive. J’aurais tellement voulu avoir le courage. Et j’aurais tellement voulu être capable d’autre chose que de pleurer.

Il soupira légèrement. Avant de m’offrir un léger sourire. Bougeant doucement mon genou. Je posais ma main sur la sienne. Sans geste équivoque. Naturellement. Sans même penser au passé. Simplement lui montrer que j’étais là aussi. Que je n’étais pas en sucre. Que j’allais bien aussi. Enfin, à ma manière quoi. « On devrait peut-être arrêter d'en parler». Je hochais la tête. Positivement. C’était peut-être préférable. J’allais redevenir une fontaine autrement. « Je crois que c’est mieux ouais… ». Je soufflais légèrement. Avant de le regarder. Avec un maigre sourire. « Et le tennis, ça donne quoi ? ». à part l’entraînement d’aujourd’hui, évidemment.

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Mattia Jarvis
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MessageSujet: Re: Chaque personne qu’on s’autorise à aimer, est quelqu’un qu’on prend le risque de perdre | Ella   Chaque personne qu’on s’autorise à aimer, est quelqu’un qu’on prend le risque de perdre | Ella EmptyJeu 28 Juin - 11:25

La voir pleurer de la sorte le mettait plus que mal à l'aise. Son corps tout entier était secoué de spasmes, ses joues s'inondaient, et malgré tous les mots qui sortaient de sa bouche, il avait l'impression qu'aucun allait l'apaiser. Alors, petit à petit, sans renouer avec le passé, un contact physique les rapprocha. Dès que sa main se posa sur son genou, il ne reçut aucun choc électrique; comme quoi, renier le contact ne servait à rien. En la touchant, ils n'étaient pas morts. La jeune fille, parcourue par ses sanglots, trouvait le moyen, par moment de dire quelques mots. « J’aurais tellement voulu… ». Tellement voulu comprendre. Tellement voulu ouvrir les yeux. Tellement voulu ne pas tomber enceinte. Tellement voulu ne pas pouvoir garder ce bébé. Mattia ne prit pas la peine de demander la suite de sa phrase; il le savait. Il était capable de deviner les mots se cachant derrière ses points de suspension.

Pour arrêter ce flot de larmes, il lui montra même à quel point il allait bien. Sourire à l'appui. Un sourire qui cachait pas mal de souvenirs mauvais. Même si physiquement et mentalement, il allait plutôt bien, il gardait toujours des séquelles sur lui. La nuit parfois, il lui arrivait de se réveiller, en sursaut. Soit parce que dans son rêve, il revoyait les traits du visage furieux du monstre. Soit parce qu'il repensait à une connerie faite, et aux conséquences qu'elle pourrait avoir. Et ça, ce n'était que la nuit. Parce que le jour, c'était pareil; il y pensait. Ne serait-ce rien qu'en voyant l'horrible brûlure qui ornait son ventre. Il sentait encore dessus l'air frais s'infiltrer sur sa peau au moment où il avait soulevé son T-shirt. Sa peau devenue vieille, fripée, boursouflée, d'un autre beige. Stigmates d'une autre vie. Celle de la fin de l'insouciance, et du début du malheur.
Mais tout ça, il préférait arrêter d'en parler, cesser de le raconter, stopper ce flot de paroles. Se taire, c'était beaucoup plus agréable. Les souvenirs étaient là pour ne pas oublier; la parole était là pour se libérer. Même si parler pour la première fois lui avait fait du bien, continuer à le faire ne lui plaisait pas. Ca remuait trop Ella. Ce n'était pas bon pour le bébé. Et lui-même n'était peut-être pas assez prêt pour cela. Il fallait peut-être attendre un peu. Il faut toujours attendre..

La main d'Ella se posa sur la sienne. Opinant, la jeune fille ouvrit la bouche.« Je crois que c’est mieux ouais… ». Ouais, c'était mieux. Durant les quelques secondes où ils se turent, Mattia savoura cet instant. Ses mains sur ses genoux. Ses mains fines sur les siennes. L'un en face de l'autre. Ce contact, cette proximité avaient disparu en même temps qu'un truc était apparu. Mais ça lui faisait du bien, de revoir que finalement, malgré tout, ils arrivaient à se voir sans se cracher dessus. Elle souffla légèrement, avant de reposer son regard sur lui, et d'ouvrir de nouveau la bouche. « Et le tennis, ça donne quoi ? ». Un sourire apparut sur le visage du jeune homme. S'il y avait bien une chose sur cette planète capable de le faire cesser de penser à son malheur, c'était bien ce sport.

Alors, le regard rivé vers Ella, il lui répondit. « Parfaitement bien. Je gère comme un Dieu. Mes services ont rarement été aussi bons. Bien hauts, bien forts, bien liftés. » Parce que ces courbatures, stigmates du monstre, qu'il avait en bougeant sur le terrain étaient limités dans les services. Autant utiliser ses faiblesses et en faire des forces. Alors, ses services, même avec un oeil encore secoué, avaient repris du poil de la bête. Avant chaque engagement, il savait où placer la balle, et il accompagnait tellement bien que la balle arrivait là où il le désirait. Quasiment à chaque fois. La vraie raison de cette explosion, c'était sans doute ce poids en moins. Maintenant, il pouvait s'exprimer librement.
Son sourire toujours présent sur ses lèvres, Mattia regarda la jeune fille. Il faillit lui demander et toi? La nat' synchro'?. Par habitude. Heureusement, il se tut à temps; il ne fit pas cette gaffe cruelle. Ne trouvant rien d'autre à dire, Mattia finit par lâcher alors un « Je vais devoir m'en aller. Ils m'attendent. » Les Andersson avaient beau être très gentils, ils étaient du genre un peu chiants sur l'heure. Chez eux, l'heure était l'heure. Il aurait dû rentrer directement après l'entrainement; il allait en entendre parler. « Tu peux m'envoyer un sms, ou m'appeler si ça ne va pas, Ella. » J'essayerai de répondre. D'être là pour toi.


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MessageSujet: Re: Chaque personne qu’on s’autorise à aimer, est quelqu’un qu’on prend le risque de perdre | Ella   Chaque personne qu’on s’autorise à aimer, est quelqu’un qu’on prend le risque de perdre | Ella EmptyVen 29 Juin - 23:57

Il fallait qu’on parle d’autres choses. Qu’on arrête ça. Lui de se brûler les lèvres avec ses souvenirs. Et moi de l’empoisonner avec mes larmes. Il fallait qu’on stoppe ça. Parce que je ne n’étais pas assez forte. Pour retenir mes larmes. Et l’écouter simplement. Parce que je culpabiliser trop. Alors, je lui parle du tennis. Parce qu’il y joue encore. Parce que ça me fait du bien. De savoir qu’il n’a pas tout perdu. Et que c’est encore sa raison de sourire. Il me suffit de regarder son doux visage pour le comprendre. Malgré les marques de coup, il sourit. Il est craquant quand il fait ça. Quand une lueur d’ambition. D’espoir. De vie. Anime ses yeux. Et que son sourire est aussi beau que celui d’un enfant. J’aimerais lui parler de tennis toute la journée. Pour voir ce beau sourire constamment. Et quelque part, ça me rappelait qu’avant, je pouvais aborder le même sourire que lui. Quand je le voyais. Et quand je nageais. « Parfaitement bien. Je gère comme un Dieu. Mes services ont rarement été aussi bons. Bien hauts, bien forts, bien liftés. ». Le tennis lui permettait vraiment de tenir. Et je ne doutais pas qu’il mettait tout dedans. Que c’était pour cette raison qu’il jouait encore mieux. Parce qu’il n’y avait plus que ça. C’était réellement sa seule raison de vivre maintenant. Avant il y avait des à côté. Maintenant, non. Bien sûr, je ne pouvais pas en être certaine. Peut-être que je disais une connerie. Mais à sa place, j’aurais tout donné dans la natation synchronisée. Et sur un point de vue sportif, nous étions pareils. C’était bien le seul point d’ailleurs. Je lui faisais un sourire. « Parfait alors. ». J’étais contente pour lui. J’espérais sincèrement qu’il allait aller loin. Qu’il allait pousser sa carrière. « Je vais devoir m'en aller. Ils m'attendent. ». Je sortais de mes pensées. Hochant la tête. J’imaginais bien ouais. Et quelque part je devais en faire autant. Quoique… mes parents se moquent de l’heure. Je rentrerais bien plus tard. Enfin, peu importe. « Ok, pas de soucis. ». Je lui fais un maigre sourire. C’est déjà bien qu’il soit resté. Pour qu’on parle. C’est déjà bien qu’on ne se soit pas énervé. Même si j’ai encore chialé. « Tu peux m'envoyer un sms, ou m'appeler si ça ne va pas, Ella. ». Je le regardais. Sans un mot. Avec un sourire. Pour lui faire comprendre que oui. Avec l’idée la plus certaine que je ne le ferais pas. Et je sais qu’il s’en doute. Je sais qu’il en a conscience.

Je le regardais partir. Mon coeur se serrait dans ma poitrine. Ça fait toujours mal de le voir partir. Ça me rappelle ce fameux jour, devant le cinéma. J’ai horreur de le voir partir. Et je crois que je préfère partir avant la fin. De peur de souffrir. Je le regardais partir. Tout en sachant qu’une fois sa silhouette disparue, j’allais me perdre dans les rues d’Arrowsic. Trouvant au hasard ma maison. Et restant dans ma chambre. Jusqu’au souper. Il me manque. C’est ignoble. J’ai l’impression d’avoir neuf ans. Et d’attendre toute la semaine le retour de mon grand frère. Sauf que là, c’est long. Tellement long. Et encore plus douloureux.

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