Vous savez, moi je ne crois pas qu'il y ait de bonne ou de mauvaise situation. Moi, si je dois résumer ma vie aujourd'hui avec vous, je dirais que c'est d'abord des rencontres. Des gens qui m'ont tendu la main, peut-être à un moment où je ne pouvais pas, où j'étais seul chez moi. Et c'est curieux de se dire que les hasards, les rencontres forgent une destinée...

- Franchement ça t'arrive de la boucler, des fois ? - Rarement, mais c'est pas de ma faute, pour une fois. - Ah ouais et pourquoi ça ? - Tu vois les gens là ? Ce sont eux qui m'ont dit : Jaxson, raconte nous ton histoire, qui tu es ce que tu aimes, tu détestes. - Oh, mon dieu, ils ne savent pas dans quoi ils s'embarquent les pauvres. - Hey, c'est pas sympa, ça. Pour la peine, je te désinvites de mon Facebook, Twitter ET Tumblr. - Je prends ce que je peux, et c'est déjà un bon début, si tu pouvais aussi te désinviter de ma vie ... - Arrête de te la jouer comme ça, je sais que tu m'aimes et que tu serais perdu si j'étais pas là. - Si ca peut t'aider à t'endormir la nuit ... Je préférerais que ca t'empêche de parler aussi, mais même en dormant, t'es génétiquement incapable de la boucler. - Comment tu sais ça, tu viens m'espionner, et voir comme je suis trop mignon quand je dors ? - ... - Enfin, tu me distrais de mon but là, avec tes airs grognons. Je suis là pour raconter une histoire.

Honnêtement, mon histoire n'est pas si intéressante que je pourrais le laisser croire, non vraiment même si je suis moi-même quelqu'un d'absolument génial. Faut juste que le monde commence à s'en apercevoir. Mais, passons, ce n'est pas le thème de la question ? Mon enfance, je vais la résumer en un mot : Arrowsic. Puisqu'au final, cela en dit assez long sur le fait que je n'ai pas eu l'enfance la plus extravagante au monde, pas quand on grandit dans un patelin si petit que tout le monde connaît tout le monde. Je veux dire fils unique d'une institutrice et d'un garagiste, j'étais l'exemple type famille moyenne. Pas le genre à vivre dans un luxe flamboyant ou au contraire dans une misère totale. Bref, en gros ma vie, c'était juste, ma famille, mes potes et quelques bêtises d'enfant parsemant le tout. Comme la fois, où je me suis glissée dans le jardin de plusieurs de mes voisins pour former un front de libération des nains de jardin, ou quand j'ai trouvé ça drôle d'essayer de voir si la teinture de ma mère irait à mon chien. Très normal, en somme.

Le premier évènement qui a marqué mon existence et pas vraiment dans le sens du positif. J'avais treize ans, j'entrais tout juste dans l'âge ingrat. Je pensais que je pourrais faire partie de l'équipe de football, que je réussirais à approcher la plus belle fille du lycée et qu'elle tomberait folle amoureuse de moi. Mais non mes préoccupations très terre à terre, ont été quelques peu percutés par une réalité qui pour la première fois, me faisait perdre ce sourire que j'arborais en permanence. Ma mère avait été à l'hôpital pour un simple examen de routine, suite à un rhume qui ne se guérissait pas et les médecins avaient commencé à employer un jargon barbare, inadéquate. Métastases. Et je n'avais pas besoin que mon père me dise l'ampleur de ce que cela signifiait, il suffisait de voir ses yeux rougis par des larmes pour comprendre, que ce mot, n'était rien de plus qu'un mot qui allait profondément me faire mal. Alors, franchement même si je me suis retrouvé rapidement, à n'être qu'une ombre à qui on ne prête pas attention au collège, j'en ai pas fait un drame. J'avais juste besoin de me concentrer sur ma mère et le peu de temps qu'il me restait auprès d'elle. Mais je n'aime pas vraiment sombrer dans le mélo, je préfère que les gens me voient comme quelqu'un de positif plutôt que de me la jouer bad boy mélodramatique alors je m'arrêterais là, je dirais juste qu'elle a eu quelques beaux mois, que son départ a été la chose la plus dure que mon père et moi ayons a affronté, mais que c'est ce qui nous a bizarrement réellement rapproché.

Après ça, il m'a juste fallu apprendre une nouvelle routine. Apprendre à contrôler les crises d'angoisse et cuisiner, car mon père était incapable de faire autre chose qu'un toast et encore même ceux là était carbonisés, les trois quarts du temps. Et puis, je n'avais pas envie non plus d'être celui qu'on regarde avec pitié, le pauvre petit qui vient juste de perdre sa mère, alors j'ai appris à faire semblant de sourire même quand les larmes vous brûlent, j'ai appris à multiplier les facéties pour faire rire mon monde. J'ai accepté que mes différents béguins n'aboutiraient nulle part mais que je pouvais mixer de la prose à volonté dessus. J'ai appris à fonctionner avec une légère différence, mais avec tout autant d'efficacité. J'étais devenu si doué à gérer les crises en les passant par une boutade que lorsque je me suis aperçu à seize ans que je n'étais pas non plus indifférents aux garçons que j'ai pris le parti de le dire à mon père avec une blague " Pourquoi se limitait à ne pas avoir aucune fille, je pourrais aussi bien élargir mon cercle à ne pas avoir aucun garçon " Il ne m'a probablement pas pris au sérieux ce jour-là, mais il a fini par intégrer la donnée et l'accepter, parce qu'il n'y avait plus que nous maintenant. Alors, pourquoi se déchirer pour une chose aussi futile.

Bon, on va faire un bref résumé des faits jusqu'à maintenant, parce que franchement, je l'ai déjà dit, les choses sur moi : Pas de quoi, en faire le prochain film de l'année.

- J'ai perdu ma virginité à dix-sept ans avec une fille du nom de Mackenzie, sur la banquette arrière d'une voiture, après un bal de fin d'année trop arrosés

- J'ai dû laisser mes amis partir pour des universités aux quatre coins du pays, en décidant de rester tout près de mon père. Il reste ma seule famille et je ne me voyais pas partir à des milliers de kilomètres.

- J'ai dû attendre mon entrée à l'université, il y a un peu plus d'un an pour avoir une véritable expérience avec un garçon.

- Je me suis fait de nouveaux amis, de nouveaux ennemis et j'ai enfin eu le droit à quelques rencards déci delà, comme quoi mon charme commence à faire effet.

- Et maintenant j'attaque ma deuxième année universitaire, avec pour but de devenir médecin, parce que c'est surement un truc débile du genre que j'essaye de compenser pour la perte de ma mère, en me promettant de soigner d'autres personnes comme elle. Enfin surement selon le psy du coin.

- Je suis incapable de me taire, surtout quand je suis stressé. Je suis radicalement le roi du monologue nerveux. Et cela m'a mit dans plus d'une situation inconfortable. Les gens ont souvent tendance à me regarder bizarrement, mais ce n'est pas comme ci, je n'y étais pas habitué.

- Bref ... Je suis une vraie machine à mot, sauf quand il s'agit de parler de moi, je veux dire du vrai moi ... Là, je suis plus difficile à épingler et ce n'est pas si grave, parce qu'au final peu de gens s'en rendent vraiment compte. Je veux dire que je ne parle jamais de moi, parce que je suis assez doué pour faire diversion avec ma répartie spirituel et mon humour qui laisse à désirer.