Aédan ne savait pas vraiment pourquoi mais les mots passaient la barrière de ses lèvres sans qu’elle ne puisse les stopper. Se confier sur son passé, ses craintes, elle ne l’avait jamais fait. Pourtant, ce soir, elle s’ouvrait un peu, avouant à Braxton sa peur de l’attachement. Elle voulait montrer aux autres qu’elle n’avait aucune envie de se lier à quelqu’un, qu’elle était beaucoup mieux seule. Mais ça, ce n’était qu’une carapace. Certes, elle n’arrivait pas à donner sa confiance mais c’était surtout par peur d’être trahie à nouveau. La jeune femme s’était totalement offerte à son ex petit ami. Sans aucune méfiance, elle s’était attachée à lui jusqu’à en tomber amoureuse un peu trop rapidement. Elle était jeune et tellement naïve. Ce bel homme s’intéressait à elle, c’était presque exceptionnel. Pourtant, il n’était pas celui qu’elle avait espéré et petit à petit, son château de princesse s’était écroulé. Aédan avait tellement peur que tout se reproduise, que la personne à qui elle s’attacherait de nouveau lui fasse mal. La brune préférait se faire passer pour une fille sans cœur, n’ouvrant les cuisses que pour le plaisir. Pas d’amour ni de tendresse. Et au fond, ça lui manquait terriblement. Ce soir, Braxton lui offrait tout ce qu’elle avait fui pendant de nombreuses années. Malheureusement, elle y prenait goût. Ses mains qui la caressaient tendrement, ses lèvres qui l’embrassaient un peu trop doucement. C’était tellement bon. Beaucoup trop agréable. Malgré leur conversation un peu triste, il continuait de la serrer contre lui. Cet homme la troublait, il la passionnait. Elle avait su qu’il y avait quelque chose de particulier en lui et il venait juste de lui confirmer. Elle se sentait de plus en plus proche de lui.

Émue alors qu’il lui parlait de sa femme, Aédan ne put s’empêcher d’être quelque peu jalouse. La femme de Braxton avait réussi à le changer, à le rendre meilleur et amoureux. La brune n’avait pas réussi elle. L’homme qu’elle avait aimé n’était qu’un salaud et l’avait fait souffrir… Elle aurait aimé qu’il ouvre les yeux et qu’il ne lui fasse pas subir tout ça. Mais c’était le passé. Peut-être qu’elle aussi trouverait un homme bon pour elle. « C’est beau de changer par amour… » Mordillant sa lèvre, son regard tendre ne quittait pas celui de Braxton. « En effet tu joues au salaud… mais je préfère l’homme que je vois maintenant. » Cet homme, c’était sûrement le vrai Braxton. Celui qu’il cachait aux autres, qu’il lui avait caché la première fois. Il était différent. Mais tellement agréable. Et parfaitement attachant. Ses paroles s’infiltrèrent en elle et lui gonflèrent le cœur. Ça faisait tellement longtemps qu’un homme ne lui avait pas dit de telles choses, peut-être même qu’aucun ne l’avait fait d’ailleurs. Elle ne se souvenait plus. il fallait dire qu’elle avait repoussé énormément de garçons. « Je pensais ne pas le mériter… » Fermant un instant les yeux, la belle inspira profondément. Elle ne voulait pas pleurer devant lui mais elle avait des difficultés à garder sa carapace en sa présence. Ses mains qui caressaient son visage l’apaisaient et la troublaient tout autant. Elle se sentait bien mais ses barrières s’effondraient et ça lui faisait peur. Pourtant, ce soir, elle n’allait pas fuir. Non, elle se laissait même emprisonner dans son étreinte puissante et rassurante. Sa douceur lui arracha un frisson de bien-être. Ces moments qu’elle avait repoussés, Aédan les appréciait. Peut-être était-ce grâce à lui tout simplement. Cet homme qui lui ressemblait un peu trop. Fermant ses yeux pour apprécier ses paroles, la jeune femme redressa un peu le visage pour l’embrasser tendrement. « Je ne pars pas. Coincée ou pas… je ne serai pas partie… J’suis trop bien là. » Elle n’avait aucune envie de quitter cette chaleur qui l’apaisait si facilement. « Tu es plus efficace que tous les antidépresseurs que j’ai pu prendre… » Une confession peut-être glauque mais réelle. La jeune femme avait pris bon nombre de cachets et vu un psychologue, rien ne semblait aussi efficace que la présence de Braxton. « Si j’avais su, je t’aurais sauté dans les bras bien avant… » Doucement, elle fit galoper ses doigts dans le dos de son amant du soir et finit par l’entourer pour le serrer tout contre elle. « J’aurais aimé rencontrer un homme comme toi… capable de… changer pour la femme qu’il aime… » Aédan fit un petit sourire à Braxton qui en disait long. Ce sourire était triste. Peut-être même qu’il pourrait remarquer l’humidité de ses yeux. Elle était déçue de son passé, triste d’avoir vécu cette histoire. Trop gamine, elle avait été aveugle. Elle regrette, évidemment. Mais toute femme rêve de rencontrer son prince charmant et celle de Braxton avait eu cette chance. Aédan était triste pour elle, pour lui au fond, puisqu’il était celui qui restait seul. Remontant ses bras dans sa nuque, la jeune femme le força à nicher son visage tout contre cou. Elle respira pleinement son odeur pour tenter de calmer les larmes qui menaçaient à nouveau de couler. La vie était injuste. Ils étaient tous les deux détruits. L’un par la perte d’un être aimé, l’autre par des coups. « Qu’est-ce qu’on a fait pour mériter de souffrir.. ? » La voix de la jeune femme se brisa en un sanglot et elle resserra ses bras autour de lui. Elle n’avait pas honte de craquer. Pas devant lui. Puis au fond, ça lui faisait du bien. Elle se lâchait, se libérait. Son cœur se serra mais ça lui fit du bien. Pour une fois, elle ne pleurait pas seule dans son lit mais dans les bras de quelqu’un. Et ce quelqu’un semblait la comprendre mieux que quiconque.

Aédan se sentait bien dans ses bras. Malgré la peur ressentie plus tôt, elle était restée et ne regrettait pas son choix. Ce qu’elle ressentait à l’instant la troublait et lui faisait du bien en même temps. A l’aise et surtout apaisée malgré la tristesse qui envahissait son esprit lorsqu’il se mit à parler de lui et de sa femme décédée. Leurs carapaces tombaient doucement dévoilant leur véritable identité à l’autre. Elle n’avait plus peur de lui montrer ses faiblesses même si elle ne le connaissait que très peu. Il y avait ce feeling, cette alchimie particulière. Malgré le jeu qu’ils avaient établi, cette séduction, Aédan avait su qu’il y avait quelque chose de plus entre eux. Quelque chose de fort. Avant lui, peu d’homme avaient pu la caresser de la sorte. Elle ne restait jamais dans leur bras trop longtemps. Celui qui avait le malheur de s’essayer à trop de tendresse se faisait repousser violemment. Ce soir, Aédan laissait Braxton effleurer sa peau, l’embrasser, la caresser plus intensément et ça lui faisait réellement du bien. Elle appréciait la chaleur de ses doigts sur ses courbes, ça la rassurait. Ce soir, elle n’allait pas fuir, au contraire, elle se rapprochait encore plus de lui, collant leurs peaux au maximum. C’était aussi bon que troublant. Si ses caresses la confortaient, ses mots en faisaient tout autant. Beaucoup avaient essayé de lui apporter un soutien mais la plupart du temps, leurs mots ne la touchaient pas. Braxton faisait partie des rares exceptions qui réussissaient à se faufiler en elle. Ses paroles la touchaient réellement et elle ne put que lui rendre son sourire. Ils semblaient tristes mais leurs sourires étaient sincères, c’était une évidence. « J’aimerais penser autrement… Mais c’est dur. » Les rencontres qu’elle avait pu faire ne l’avaient pas aidée. Aujourd’hui, finalement, peut-être que le mauvais sort s’inversait.

Ses mots sortaient plus facilement même si elle n’avait pas encore réellement expliqué la vérité sur sa situation. C’était dur et, au fond, elle ressentait cette même peur que Braxton. Elle ne voulait pas qu’il ait pitié d’elle ou qu’il change de comportement en apprenant ce qu’elle avait eu. Elle aimait leur relation ainsi, elle voulait que ça continue. Doucement, ses doigts le caressaient, découvrant à nouveau ses formes, sa peau chaude et si douce. « J’en ai pris beaucoup… je risque de venir souvent chez toi, tu prends ce risque ? » Elle avait cessé de prendre des médicaments mais il fut un temps où elle était presque shootée 24 heures sur 24. Elle était ravie que tout ça soit terminé et préférait se battre si la dépression pointait encore le bout de son nez plutôt que retomber dans la médication. Puis si se battre voulait dire « rejoindre Braxton chez lui », Aédan avait encore plus envie de combattre. A deux, ils seraient sûrement plus forts, c’était évident. C’en était même un peu trop troublant. Mais qu’importe. Elle se sentait réellement bien et n’avait aucune envie de le laisser partir. La brunette ne savait pas vraiment ce qu’ils étaient l’un pour l’autre et au fond, ça lui importait peu. Pourquoi catégoriser et mettre un terme sur leur relation si spéciale. Ils étaient Braxton et Aédan, présents l’un pour l’autre et c’était amplement suffisant.

A ses mots, son cœur loupa un battement. Son murmure dans le creux de son cou la rendit toute chose. « T’occuper de moi.. ? » Sa voix était faible, troublée à nouveau et surtout, heureuse. Ses bras s’enroulèrent franchement autour du corps de son amant du soir et elle le serra fortement. Si elle avait pu, elle l’aurait étouffé sous son étreinte tant ce qu’elle venait d’entendre lui faisait du bien. « Je te laisserai t’occuper de moi à une seule condition… » Le forçant à se redresser, elle prit son visage en coupe et caressa ses joues. Un instant, le temps sembla s’arrêter alors que leurs regards s’accrochaient l’un à l’autre. Elle savait que sa vie venait de basculer. Elle n’était plus réellement seule. Il était là pour elle. Cet inconnu aux yeux si bleus. Il était là pour elle. « Laisse-moi m’occuper de toi en retour… » Et elle voulait être là pour lui. Obligatoirement. « C’est non négociable… » Doucement, elle attira son visage vers le sien pour l’embrasser longuement, fortement. Ses lèvres pressées contre les siennes, Aédan sourit puis murmura. « C’est dingue mais… j’ai besoin de toi… Aide-moi à passer au travers de tout ça… » Elle reprenait ses mots. Aédan savait qu’elle réussirait avec lui, elle en était sûre. Et pour cela, il fallait qu’elle lui avoue tout. Qu’elle lui raconte son histoire. Devait-elle le faire dès ce soir ? Après tout, il lui avait bien confié la raison de son malheur. Ne devait-elle pas en faire autant ? Elle avait réellement envie de lui dire mais ses mots semblaient bloqués. C’était plus dur qu’il n’y paraissait. « J’ai… » Aédan rigola nerveusement et caressa le dos de Braxton de façon distraite. « C’est… » Un nouveau rire passa la barrière de ses lèvres. « Oh, ça m’énerve. Moi non plus j’ai pas envie que tu aies pitié si je te dis… j’ai envie qu’on continue à être comme on est toi et moi, mais je sais aussi que je dois te le dire… Je veux vraiment. » Lèvres pincées, la belle finit par sourire timidement. « Avant… je ne laissais personne me toucher… me caresser… Ça fait longtemps qu’un homme n’avait pas fait tout ce que tu me fais là… ça fait presque 8 ans… » Huit ans. Le dire à voix haute lui faisait tout drôle. Huit ans que personne ne lui avait donné de réelle affection. « Au fond, j’ai jamais été caressée sincèrement. » Un rire triste s’échappa. Blake avait été sa seule réelle relation. Du moins, de son côté. Lui n’avait été qu’un profiteur. Il ne l’avait pas aimé, même pas appréciée. « Tu m’apprécies toi ? j’veux dire… Vraiment ? » C’était con, et peut-être même trop tôt pour le demander mais Aédan avait besoin qu’il lui dise, sincèrement…