DOUBLE-COMPTE : Carlie. MESSAGES : 8680 ARRIVÉE : 07/09/2011 LOCALISATION : Dans le pays où on ne grandit jamais.
Sujet: Ne t’enfuis pas, et si tu le fais je t’en prie, emmène moi. Ҩ Ven 12 Avr - 21:24
Je déposais doucement Lleyton dans son lit. Il s’était enfin endormi et là, je croisais simplement les doigts pour qu’il ne réveille pas. Sinon j’allais en avoir pour la nuit pour le faire fermer les yeux à nouveau. Je le bordais avant de quitter sa chambre sur la pointe des pieds, vérifiant que la veilleuse était bien allumée. Une fois la porte fermée, je poussais un soupir de soulagement. Bébé dort, c’était parfait. Il n’était pas trop tard. La soirée s’annonçait calme. Et ça faisait bien longtemps bien longtemps que je n’avais pas eu une soirée tranquille. J’aimais mon fils, oh ça oui. Mais, être maman c’était un boulot fatiguant. D’autant plus ces derniers temps, je ne pouvais pas compter sur Ashton, il était encore à l’hôpital. Et pas non plus sur Mattia, il était loin d’avoir le moral depuis sa blessure. J’étais un peu seule ces derniers temps. Seule avec Lleyton. Mais, pas seulement. J’étais un peu seule quoique je fasse. Et c’était un peu épuisant, autant le dire.
Je me dirigeais vers ma chambre, notre chambre. Celle de Mattia et moi. Il était sur le lit, envoyant des messages. J’embrassais sa joue à défaut de pouvoir avoir ses lèvres. « Lleyton dors, on va avoir une soirée tranquille… ». Ouais, ça n’avait pas l’air de lui faire grand effet. Je m’asseyais à côté de lui. Sur le lit. Pas un regard rien. Notre relation ressemblait à cela ces derniers temps. Des disputes. Des blancs. Pas un regard. Il ne me parlait pas vraiment. Il ne me touchait pas non plus. Il ne s’occupait pas de son fils. Et je n’arrivais même pas à lui en vouloir pour tout ça. Son rêve était brisé c’était normal qu’il aille mal. Et puis je lui affichais mon bonheur aussi. Parce que lui ne pouvait plus jouer au tennis. Et moi grâce à lui j’avais repris la natation synchronisée. Quelque part, il devait m’en vouloir. C’était sans doute normal. Oui, la situation était vraiment difficile à vivre. Mais, elle n’avait sans doute rien d’anormal. Il fallait que je m’y fasse. Que je lui laisse le temps. Que je sois patiente. Oui voilà, le problème venait de moi. J’en demandais trop. J’étais trop exigeante. Pas assez compatissante. Était-ce utile de dire je culpabilisais ? Je culpabilisais de tout, de lui parler par peur de le brusquer. De le désirer même en silence. Je culpabilisais de ne pas être à la hauteur.
Je ne savais plus quoi dire, ni comment agir. Je ne faisais rien. J’attendais qu’il fasse quelque chose. N’importe quoi. N’importe quoi sauf ça en fait. Je le vis se lever du lit. Toujours sans un regard. Je le vis s’appuyer sur ses béquilles. Et surtout, je le vis attraper sa veste. « Tu sors ? Encore ? ». Mon visage se décomposa. Ma voix était triste, hésitante. Je ne voulais pas le croire. Il passait ses soirées je ne sais où. Avec je ne sais qui. A boire et boire encore si ce n’était rien de plus. « Mattia, je t’en prie, reste ici… ». Ma voix était suppliante. Je ne voulais pas le voir partir. Le voir revenir saoul une nouvelle fois. Je savais que ça n’allait pas lui plaire d’entendre ça. Mais j’avais besoin de lui. « Tu ne crois pas… que tu sors un peu trop… j’…j’ai besoin de toi. ». J’essayais de dire les choses le plus calmement possible, le plus gentiment possible mais… j’avais la sensation que j’allais l’énerver.
Sujet: Re: Ne t’enfuis pas, et si tu le fais je t’en prie, emmène moi. Ҩ Dim 14 Avr - 19:35
Ca n'allait toujours pas. Ca n'irait jamais mieux. Plus le temps passait, plus sa jambe ne se pliait pas correctement, et plus Mattia se disait que ça allait mal finir. Encore plus mal, que maintenant. L'avenir n'était plus qu'un brouillard épais dans lequel on ne voyait pas à un mètre devant. C'était flou; comme si il n'avait plus d'avenir. Il n'en avait plus de toute façon. Il avait suffit pour cela d'une blessure; une chute au plus mauvais moment, et sa rotule s'était explosée en mille morceaux. Même si les docteurs, les kinés essayaient de lui faire comprendre qu'il pourrait facilement remarcher correctement, ça ne lui suffisait pas. Lui, il voulait courir. Pas marcher. Les sportifs ne peuvent pas atteindre le top de leur sport en marchant. Il faut courir. Il faut pouvoir cracher ses poumons après des kilomètres et des kilomètres de course. Il ne suffit pas de marcher, petits pas par petits pas pour arriver le plus vite, le plus haut, tout en étant le plus fort. Le mythe de la tortue et du lièvre est un mensonge. Il faut être un lièvre.
Le tennisman était allongé sur leur lit, quand Ella rentra dans la chambre. Sa rentrée le coupa quelque peu dans les sms qu'il envoyait, mais il ne prêta pas plus attention que cela à la jeune fille. Elle s'était pourtant approchée de lui, et bientôt il sentit un bisou venir se coller sur sa joue. « Lleyton dors, on va avoir une soirée tranquille… ». Ouais, tant mieux, Lleyton dort. Le petit le fatiguait; dormir était une chose qu'il ne pouvait apparemment pas se permettre, et ça ennuyait fortement ses parents. Ces temps-ci, Mattia ne le supportait même plus. Plus il était fatigué, plus il pleurait, moins il dormait, et plus Mattia le trouvait emmerdant. Oui, emmerdant. Alors, du coup, il le fuyait, un peu comme la peste, préférant passer son temps dehors. La réalité, c'était aussi autre chose; il n'avait pas envie que son fils le voit comme ça; comme un type incapable d'aller au bout de ses rêves. Alors, évidemment, il fuyait, encore et encore, passant ses soirées dehors dès qu'Ella pouvait s'occuper de lui -ou quelqu'un d'autre. Il ne l'avait jamais encore amené avec lui à une soirée, mais l'idée lui était déjà venue en tête, un soir où Ella avait du aller voir quelqu'un -Neela, ou quelqu'un d'autre-... Les yeux rivés vers l'écran de son téléphone, il envoyait des sms à Kavi. Lui, il le comprenait: ou du moins, tentait de le comprendre. Et d'ailleurs, il ne tarda pas à l'inviter à une autre soirée. Parfait! Sans un regard pour Ella, sur le lit à ses côtés, il se leva le plus rapidement possible, remontant quelque peu son attèle, et cherchant à tâtons ses béquilles. Il attrapa alors sa veste, et alors qu'il allait dire un petit mot à Ella, celle-ci le coupa net. « Tu sors ? Encore ? ». Ouais, ça se voit non? Ses yeux se posèrent un instant sur Ella. Son visage s'était décomposé; elle était triste qu'il parte. Mais il n'en avait rien à faire. Il ne ressentait même pas un petit pincement au coeur pour elle. Non, rien. Juste une envie de plus en plus pressante de se barrer. « Mattia, je t’en prie, reste ici… ». Elle le suppliait. Il détourna le regard, et commença alors à marcher -béquiller?- vers la porte de la chambre. Qu'elle le supplie, il s'en fichait! Il voulait juste sortir; respirer! « Tu ne crois pas… que tu sors un peu trop… j’…j’ai besoin de toi. ». Quoi? Elle était sérieuse là? Elle avait besoin de lui? Il sortait juste quelques heures! Il n'allait pas loin, il ne se barrait pas à l'autre bout du monde bon sang !!
Se retournant vers elle, toujours sur le lit, il prit alors la parole, quelque peu exaspéré par ses propos. « Ella, je me casse juste quelques heures.. Je ne barre pas de la maison. » Il l'observa un instant. Il repensa à ce qu'elle venait de dire tu sors un peu trop. Qu'est-ce que ça lui faisait de toute façon? Il était là quand elle avait besoin de lui non? Ca n'avait pas à l'emmerder si il se barrait d'ici, qu'il buvait un peu beaucoup, qu'il fumait, et qu'il revenait complètement HS. Elle n'avait rien à dire; c'était sa vie. Secouant alors doucement la tête, le regard rivé toujours sur elle, il rajouta d'une voix sèche. « Et non, je ne trouve pas que je sorte de trop.. » Il fit une pause de quelques secondes, avant de reprendre la parole. « C'est bon? T'as fini de me fliquer, ou tu veux encore faire une remarque? »
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Sujet: Re: Ne t’enfuis pas, et si tu le fais je t’en prie, emmène moi. Ҩ Lun 15 Avr - 20:51
Je savais que j’en avais trop dit. J’aurais dû me taire. Le laisser filer. Mais c’était plus fort que moi. J’avais tellement ce manque en moi. Ce manque de lui. Pas physiquement. Pas sexuellement. Ce manque de lui, de sa personne. Tout le problème était dans le fait que nous n’existions plus pour lui. Notre relation était réduite au néant. Et ce soir, j’avais bêtement espéré pouvoir le retrouver. Pouvoir retrouver un peu d’espoir. Voir un peu de lumière sur ce tableau bien noir. « Ella, je me casse juste quelques heures.. Je ne barre pas de la maison. ». Quelques heures. Oui quelques heures. Mais ajoutés aux autres nombreuses quelques où il n’était pas là. Ajouté au temps qu’il décuve. Ajouté à… son absence. Tout ça c’était trop. Tout ça c’était juste… douloureux. Juste… ouais ce n’était rien que ça. Il n’y avait pas de quoi en faire tout une montagne. Si seulement… si seulement.
Je me levais doucement du lit alors que lui secouait la tête. Avant de planté son regard dans le mien. Son regard magnifique mais dans lequel je ne voyais plus une once d’amour. Ni pour moi. Ni pour Lleyton. Ni pour rien du tout. Son regard dans lequel il n’y avait que colère et mépris. M’aimait-il encore ? Comment pouvais-je en douter ? Un accident ne pouvait pas tout changé. Un genou brisé ne pouvait pas briser l’amour. J’essayais de m’en convaincre. Mais depuis cet accident, il y avait tant qui c’était brisé en lui. Bien plus que sa rotule. Bien plus que son rêve. « Et non, je ne trouve pas que je sorte de trop.. ». Non évidemment, à ses yeux il ne devait même pas sortir assez. Je croissais les bras sur ma poitrine, tellement mal à l’aise. Mes ongles se plantaient dans mes bras pour m’éviter de pleurer. Mais, c’était tellement dur. « C'est bon? T'as fini de me fliquer, ou tu veux encore faire une remarque? ». De le fliquer ? Mais… ce n’était en rien ce que je faisais. Je… c’était juste un constat. Juste une supplique de pouvoir un moment passé du temps avec l’homme que j’aime.
Je m’approchais doucement de lui. J’avais les larmes aux yeux mais, là, même mes ongles ne pouvaient pas les retenir. « Mattia je suis désolée, je ne voulais pas que tu penses ça… ». Non vraiment pas. Je ne voulais pas qu’il le prenne mal mais c’était déjà trop tard. Les larmes roulaient sur mes joues. J’étais à bout de la situation. A bout de moi-même. De ne savoir comment agir. De vouloir l’aider. Et de sans cesse me planter. « Je… j’espérais juste que tu… restes avec moi… que… ». Les larmes noyaient mes joues, mais à quoi ça servait de parler ? De lui dire ce que je voulais ? Ce que je ressentais ? Il n’en avait que faire ! Et je devrais rester à ma place au lieu d’être aussi idiote ! J’étais vraiment conne, conne comme personne. Je me détestais. « Je suis juste… désolée…». Et là, c’était pire, je ne voyais plus rien tant je pleurais. Je m’étouffais dans mes sanglots.
Sujet: Re: Ne t’enfuis pas, et si tu le fais je t’en prie, emmène moi. Ҩ Jeu 18 Avr - 19:51
La liberté, Mattia l'aimait. Il détestait se sentir oppressé par quelque chose, ou quelqu'un. Il aimait avoir l'esprit libre, ses rêves bouillonnant partant dans tous les sens dans sa petite tête. Il haissait savoir que quelqu'un observait chacun de ses faits et gestes, pour lui en faire un compte-rendu plus tard. Il préférait cent fois se sentir libre, plutôt que fliquer de la sorte. Et ce que faisait Ella, à ce moment-là, c'était du fliquage à ses yeux. Elle constatait qu'il passait trop de temps dehors. Franchement, elle ferait mieux de repenser au temps qu'elle même passait dehors; ils étaient sans doute à égalité. Il avait quand même le droit de sortir non? Le fait d'être son petit ami, ou d'être le papa de Lleyton ne l'empêchaient pas, jusqu'à maintenant, d'être un chien qui reste chez lui tranquillement, non?
Commençant à être de mauvaise humeur par ses propos, il essaya d'être le plus agréable possible avec Ella. Tentant de lui expliquer assez calmement la situation, il la vit se relever de ce lit, et de s'approcher de lui. Ses yeux restaient toujours fixés sur elle. Elle avait beau tout faire pour essayer de dire les choses gentiment elle aussi, il n'entendait que des reproches. T'es jamais là. Tu sors tout le temps. Son regard rivé sur elle, il l'observa avancer doucement vers lui. Elle avait les larmes aux yeux; elle allait pleurer d'ici peu de temps. Il connaissait assez Ella pour savoir comment elle allait réagir, pour savoir que d'ici peu, elle serait à ramasser à la petite cuillère. Mais peut-être pour la première -ou deuxième- fois de sa vie, il ne ressentait rien à la voir avec ses yeux embués. Il n'avait aucun pincement au coeur, aucune envie de la prendre dans ses bras. « Mattia je suis désolée, je ne voulais pas que tu penses ça… ». Elle était désolée. Elle était toujours désolée.. Elle ne pouvait pas passer une semaine sans dire ce mot. Non vraiment pas. Ce mot, c'était son mot à elle. Elle devait souffrir de désolépathie. « Je… j’espérais juste que tu… restes avec moi… que… ». Ca y est, les larmes coulaient le long de ses yeux, ses yeux se désembuaient, ses joues étaient de véritables torrents. « Je suis juste… désolée…». DESOLE! Encore ce mot, encore cette réflexion! Ouvrant de grands yeux, Mattia ne put s'empêcher d'ouvrir sa bouche une fois de plus. Cette fois, c'était la fois de trop. Qu'importe qu'elle pleure, qu'importe qu'elle aille mal, qu'importe tout ça! Elle n'avait pas à être désolée; elle n'était responsable de rien dans cette situation.
Alors, il se mit à hurler. Ses mots sortaient tout seuls. Il n'en pouvait plus de l'entendre s'excuser de la sorte. « Mais Ella, arrête! Arrête! Arrête!!! » Ses mains tendues devant lui, il les bougeait dès qu'il disait ce mot. Arrête. « Arrête de t'excuser comme ça! Arrête de pleurer tout le temps! Arrête tout ça! » Il s'arrêta une seconde, pour reprendre son souffle, avant de recommencer à hurler après elle. « C'est quoi ton problème? Tu voudrais que je sois toujours le petit ami parfait qui reste à côté de sa chérie les soirs? Je peux pas Ella! Je peux pas; j'ai besoin de sortir. Tu peux comprendre ça non? Ca n'a rien à voir avec toi, rien à voir avec tes pleurs, avec tes je suis désolée insupportables, t'y es pour rien! » Il passa une de ses mains sur sa figure, reprenant la parole, cette fois d'un ton de voix plus doux. « arrête.. Arrête vraiment.. » Il n'avait plus envie de le redire. Mais il ne voulait plus l'entendre dire ces mots.
HJ / t'as faillit avoir la réponse pour Margot de Rafe XD
DOUBLE-COMPTE : Carlie. MESSAGES : 8680 ARRIVÉE : 07/09/2011 LOCALISATION : Dans le pays où on ne grandit jamais.
Sujet: Re: Ne t’enfuis pas, et si tu le fais je t’en prie, emmène moi. Ҩ Sam 20 Avr - 23:24
Je voyais la bouche de Mattia s’entrouvrir. Les mots allaient sortir. J’allais le regretter une fois de plus. Je devrais juste apprendre à me taire. Rester à ma place. « Mais Ella, arrête! Arrête! Arrête!!! ». Je sursautais au milieu de mes sanglots. Il hurlait. Le mouvement de ses mains me faisait peur. Et là c’est moi qui avais juste envie de lui demander de partir. De me laisser. D’aller faire la fête. Aller baiser je ne sais qui. Fumer je ne sais quoi. J’avais envie de lui dire de partir. D’oublier ce que j’avais pu dire. Qu’il me laisse m’écouler seule. Je n’avais pas besoin de le pousser à bout. De le pousser à me frapper. « Arrête de t'excuser comme ça! Arrête de pleurer tout le temps! Arrête tout ça! ». Et qu’est-ce que je pouvais faire d’autre ? Plus il hurlait, plus il disait des trucs comme ça plus je pleurais. Mon ventre se tordait de douleur. Je cherchais ma respiration. Que faire d’autre quand notre vie s’écroule ? J’allais faire comme lui ? Boire ? Fumer, aller voir ailleurs ? Je n’avais pas la tête à faire la fête en sentant son amour glisser entre mes doigts. Comment ne pas m’excuser ? J’étais fautive de quelque chose pour qu’il me déteste tant. Et ce soir j’étais au moins fautive de l’avoir énervé.
Lui, il s’était arrêter un seconde pour reprendre son souffle. Moi je n’y parvenais pas. Pourtant j’en rêvais. De laisser mon cœur respirer. De retrouver un semblant de stabilité. « C'est quoi ton problème? Tu voudrais que je sois toujours le petit ami parfait qui reste à côté de sa chérie les soirs? Je peux pas Ella! Je peux pas; j'ai besoin de sortir. Tu peux comprendre ça non? Ça n'a rien à voir avec toi, rien à voir avec tes pleurs, avec tes je suis désolée insupportables, t'y es pour rien! ». Pas tous les soirs. Juste un soir. Un soir perdu au milieu de toutes ses absences ? Je pouvais comprendre qu’il veuille sortir. Qu’il en est besoin. Et jusqu’à présent je n’avais rien dit. Mais lui, comprenait-il à quel point je pouvais me sentir mal ? La culpabilité qu’il faisait naître chez moi ? Je me sentais coupable de ne pas être assez digne d’intérêt ? Coupable de lui pourrir la vie. Je n’y étais pour rien qu’il veuille sortir, qu’il sorte. Oui, peut-être. Encore que je n’en étais pas certaine. Mais si je n’étais coupable de rien, si je n’avais aucune raison de me sentir si mal, pourquoi me repoussait-il ? Pourquoi nous en étions là ? Ou alors, c’est moi qui délirais ? J’étais complètement folle. J’avais tors sur toute la ligne. Il n’en avait pas rien à foutre de moi ? Si seulement…
Il passa ses mains sur son visage. Moi je cachais mon visage entre mes mains. Laissant mes longs cheveux blonds me définir. Les larmes ne cessant pas. « Arrête.. Arrête vraiment.. ». Sa voix était plus douce. Mais elle n’était pas plus douce parce qu’il voulait m’apaiser. Non, il en avait juste marre. J’inspirais un grand coup. Tentant de sécher mes larmes. « Pars, va t'amuser. Je suis désolée de ce que je t’ai dit, pars et t’oublie ce que je t’ai dit… ». Je lui tournais le dos alors que sans m’en rendre compte, je m’étais encore excusée. Tout ce qui habitait mon esprit c’était cette douleur. Ces larmes qui ne s’arrêtaient pas. Et quitte à passer encore une nuit seule, je préférais pleurer seule.
Sujet: Re: Ne t’enfuis pas, et si tu le fais je t’en prie, emmène moi. Ҩ Lun 22 Avr - 19:55
Ella l'énervait. A quoi cela servait qu'elle ne cesse de s'excuser? Etait-elle responsable de tout ce qu'il vivait? Non. Elle était tout comme lui une victime. Elle ne pouvait rien faire d'autres que d'assumer ce rôle ingrat de copine d'un jeune homme brisé. Mais ses excuses l'énervaient au plus profond de lui-même. Et puis, qu'est-ce que c'était au fond des excuses? Aux yeux de Mattia, ça n'avait jamais été que des mots que l'on disait, sans forcément en avoir envie, mais juste pour faire plaisir à quelqu'un. On s'excuse parce qu'un parent nous le demande. On dit qu'on est désolé à un prof. Mais souvent, on n'est pas vraiment désolé. On le fait juste, même si ça nous arrache la bouche, pour ne pas énerver encore plus la personne devant nous. Mais ce qui énervait Mattia, justement, c'était ses mots lancés comme ça, au hasard. Surtout qu'Ella n'avait en rien à s'excuser. Ce n'était pas elle qui lui avait donné une rotule en plastique. Ce n'était pas elle qui avait gâché sa vie. Elle n'était qu'une témoin de son rêve brisé. Elle n'en était pas la coupable. A la limite, la seule chose dont elle était coupable, c'était de réussir à vivre son rêve quand celui de celui qu'elle aimait était devenu un cauchemar. Intérieurement, Mattia était jaloux d'elle. Elle avait mis sa vie de nageuse de côté pendant plusieurs mois, et parce qu'il le lui avait en partie dit de reprendre, elle avait repris. Il ne savait pas à l'époque que sa vie allait tourner court; et aujourd'hui, il ressentait un pincement au coeur en la voyant partir s'entrainer alors que lui, il galérait à descendre les escaliers avec ses béquilles.
Passant sa main sur son visage, il tentait de se calmer. Ella n'y était pour rien dans tout ça. Il voulait juste vivre sa vie de merde du mieux qu'il le pouvait. Et pour ça, il voulait -devait- sortir. Il était un peu plus calme maintenant qu'il avait hurlé après elle. Mais moins d'une seconde plus tard, son calme s'était envolé. Encore une fois, elle avait dit ses mots. « Pars, va t'amuser. Je suis désolée de ce que je t’ai dit, pars et t’oublie ce que je t’ai dit… ». Encore ses mots. Toujours ses mots. Il n'en pouvait plus. Il ne les supportait plus. Il en avait marre. Il se retourna alors vers elle, jeta ses béquilles, et vit son dos. Elle s'était retournée, sans doute encore et encore en pleurs. Elle ne savait faire que ça; pleurer et s'excuser. Tout d'un coup possédé, comme n'étant plus responsable de ses propres actes, Mattia s'élança vers sa petite amie, sa main agrippant son bras et la forçant à se retourner. Et là, il ne se sentit plus. Hurlant, il lui balança un « Je t'ai dis d'arrêter! ». Son regard était devenu glacial, et sa main ne lâchait plus son bras. Pire. Son autre main s'agrippa sur son épaule, et d'un coup, d'un seul, il la poussa de toutes ses forces. La poussa tellement fort, et la lâchant pour qu'elle tombe. Lui hurlant dessus encore une fois « Mais écoute-moi, et arrête!! ». Et la laissant choir là.. Au sol.. Le souffle court, le regard rivé vers elle, il l'observa, sa petite amie, couchée, en pleurs, et sans doute appeurée. Il n'était qu'un monstre; un monstre de plus sur cette terre. Il ne méritait pas de l'avoir. Il ne la méritait en rien. Tremblant, il recula d'un pas, ressentant alors une douleur lancinante sur sa jambe. bien fait. Ses yeux posés sur Ella, il ne s'approcha pas d'elle. Il n'alla pas la voir. Il n'osait pas aller la voir; il n'était qu'un monstre.
DOUBLE-COMPTE : Carlie. MESSAGES : 8680 ARRIVÉE : 07/09/2011 LOCALISATION : Dans le pays où on ne grandit jamais.
Sujet: Re: Ne t’enfuis pas, et si tu le fais je t’en prie, emmène moi. Ҩ Mar 23 Avr - 23:37
J’attendais qu’il parte. J’attendais qu’il me laisse seule. Dans ce lit glacial. Bien trop grand pour y être seule. J’attendais qu’il parte. Pour pleurer tant que je le pouvais. Pour me noyer dans mes larmes. Seule avec mes idées noires et ma douleur. Nos envies s’étaient finalement accordées. Je voulais qu’il parte. Il ne désirait pas rester. Tout était parfait finalement.
Et pourtant sa main m’agrippa soudainement le bras. Avec force. Avec colère. Comme si ses mains voulaient broyer mon bras. Le réduire en miettes. J’étais contrainte de me retourner. D’affronter son regard. D’affronter sa folie. Sa haine. Son mépris. Il ne semblait même plus répondre de lui-même. Plus je tentais de récupérer mon bras plus son emprise était douloureuse. « Je t'ai dit d'arrêter! ». Il hurlait si fort qu’il aurait pu faire saigner mes tympans. Il hurlait à en perdre la voix. Il hurlait tout son malheur. Il hurlait sans penser à mon cœur qui saignait. Sans penser au fait que mes muscles tremblaient. Sans même se soucier de mes yeux noyés. A ce moment, une gifle n’aurait été qu’une formalité.
Et pourtant, Mattia fit bien pire. Son autre main agrippa mon épaule. Par pour me prendre dans ses bras. Pas pour me rassurer. Mais, pour m’envoyer valser. Suffisamment fort pour que je tombe sur le sol. Pour que je me sente écrasée. Humiliée. Au plus bas. Je me noyais dans le torrent de mes sanglots. Ne respirant plus correctement. J’étais incapable de me relever. Le corps tremblant.
Mais ça ne le suffisait pas de me voir plus bas que terre. Que mon cœur se brise en moi. Que ce geste me revienne comme une douloureuse trahison. Que ce geste me déchire de l’intérieur. Non, il fallait qu’il hurle. « Mais écoute-moi, et arrête!! ». Et je sentais son regard bloqué sur moi. Tout mon corps était tétanisé à l’idée qu’il recommence. Qu’est-ce que j’avais fait ? A part dire désolé ? Quel crime impardonnable avais-je commis pour qu’il me déteste ? Pour qu’il en arrive là ? Je l’ignorais. Mais, entre deux sanglots je me promettais une chose. Plus jamais je ne m’excuserais. Malgré toute ma culpabilité. Jamais plus je ne demanderais pardon. Parce qu’à trop tenté d’essuyer ses torts, on finit par essuyer les coups. Alors à quoi bon ? Je le vis reculer d’un pas. Alors que je me recroquevillais sur moi-même. Position Fœtus.
J’aurais pu rester ainsi, dans la peur et dans les pleurs, pendant des heures. Peut-être des jours. Des semaines même. J’aurais pu ne pas bouger. J’aurais voulu ne pas bouger. Et très honnêtement je ne pensais pas avoir la force de le faire. Mais les cris de Lleyton se firent entendre dans le baby phone. Ce n’était pas les cris de Lleyton à son réveil. C’était les cris de Lleyton quand il avait peur. C’était les cris qu’il faisait quand il entendait un chien aboyer. Quand il entendait Ashton hurler après les joueurs de basket. Quand une assiette tombait. Il nous avait entendus. Et ça c’était peut-être la pire chose dans cette dispute. Notre bébé nous entendait nous déchirer. Qu’importe qu’il ne soit pas bien âgé. C’est dans la petite enfance que les traumas se forment le plus facilement. Parce qu’on ne peut pas les exprimer.
Je me relevais donc. En m’appuyant à tout ce que je trouvais. Le lit. Le mur. La commode. Après il suffisait de mettre un pied devant l’autre. Après il suffisait de marcher. En boitant. De passer devant Mattia. Inspirer un grand coup, pour ne pas s’écrouler. Ne pas baisser les yeux. Pour ne pas risquer un autre coup. Et je venais de faire tout ça. Sans un mot ni un regard pour Mattia. Seulement avec détermination pour Lleyton. Parce que ma force c’était lui. Parce que je n’avais plus que lui quand Mattia se perdait dans les décombres de la nuit. De la débauche. Du cauchemar.
Je m’approchais du berceau, tendrement. Prenant mon bébé dans les bras. Lui disant de se calmer. Que ce n’était rien. J’étais là maintenant. J’allais rester près de lui. J’allais dormir avec lui sur le canapé, dans sa chambre. Il n’avait rien à craindre. Je le disais autant pour lui que pour moi. Je n’avais rien à craindre. Lleyton n’avait rien à craindre. Ce geste n’était rien. Mattia n’avait pas voulu être violent… oui mais il l’avait été.
Sujet: Re: Ne t’enfuis pas, et si tu le fais je t’en prie, emmène moi. Ҩ Jeu 25 Avr - 19:37
Le souffle court, il restait là, debout, face à elle, couchée au sol. Ses yeux ne cessaient de la fixer. Elle pleurait. Elle avait peur. Elle frissonnait. Elle était tétanisée. Elle avait mal. Mais malgré tout ce qu'il voyait, tout le malheur qu'il lisait dans ses yeux clairs, il n'arrivait pas à faire un pas vers elle. Ce geste l'avait tétanisé. Il avait déjà une fois hurlé plus fort que la normale sur Ella, mais jamais, il n'avait été capable de la pousser aussi violemment. A part aujourd'hui. Qu'est-ce qu'elle avait fait de mal au juste? Lui dire qu'elle était désolée pour son état? Lui dire qu'elle voulait absolument qu'il reste ici ce soir? C'était ça sa plus grosse connerie? C'était ça qui l'avait conduit à agir ainsi? C'était juste pour ça qu'il s'était montré si violent? Tétanisé par ce geste, Mattia était incapable de faire un pas devant l'autre. Il avait reculé, une fois. Il avait ressenti cette vilaine douleur dans sa jambe. Mais c'était bien fait. Si il méritait quelque chose, c'était bien de souffrir. Comme quoi, parfois, il y avait une justice. Les méchants souffraient. Les vilains étaient rappelés à l'ordre. Il venait de faire souffrir Ella, il venait de la faire pleurer, il venait de l'effrayer, il pouvait au moins souffrir.
Ne bougeant pas, crispé, il n'arriva pas à faire un pas. L'endroit où Ella était tombée restait inaccessible. Le mètre qui les séparait lui semblait être interminable. Une fourmi aurait eu presque plus de force que lui à ce moment-là. Et le pire, c'est que quand son regard croisa celui de la jeune fille, de cette magnifique femme qu'il avait comme petite amie, recroquevillée en position foetus, il ne lui adressa aucun sourire, aucun regard de désolation. Sa tête restait fermée, comme tout son corps. Le temps s'était arrêté. Sa colère restait toujours marquée. Mais sa force avait disparu. Lâche, et immature, il se laissait aller.
Combien de temps étaient-ils restés comme ça? Lui debout à la regarder sans rien faire? Et elle à pleurer recroquevillée en chien de fusil? Il n'en avait aucune idée. Seuls les pleurs effrayés de leur fils le sortit de sa torpeur. Et encore. Là aussi, il ne bougea pas. Mais c'était pour une toute autre raison; il pouvait bouger, mais il ne voulait pas. Il n'avait pas envie de sortir de cette pièce où il avait fait tant de mal à Ella, de faire comme si de rien était, et d'aller serrer dans ses bras leur fils, pour lui dire Ne pleure pas, c'est rien. Non. Il ne pouvait pas. Alors,il resta là. Toujours debout. Toujours immobile. Toujours dans son coin. Ses yeux ne regardaient plus la jeune femme. Il ne la vit pas se relever avec difficulté. Il ne la vit pas marcher en boitant. Il ne la vit pas passer à ses côtés en ayant peur. Il avait baissé la tête, et regardait le parquet, sa tête perdue dans ses pensées. Qu'est-ce qui lui avait pris? Qui était-il pour faire ça? Qui était-il vraiment pour être aussi violent? Qu'est-ce que ça allait devenir? Serait-il à partir de maintenant? Serait-il un homme incapable de contrôler ces sautes d'humeur? Qu'allait-il devenir d'Ella? Qu'allait-il devenir de Lleyton? Deviendrait-il le même père qu'il avait eu comme beau-père? Serait-il capable de reproduire le même schéma désastreux? Non. Il voulait ressembler à son père. Être un papa qui félicite son fils quand il rate une passe de foot. Être un papa qui pousse son fils à toujours aller plus loin. Être un papa qui rit de voir les grimaces de son fils. Il voulait être ce genre de père. Mais entre vouloir et être, la différence était énorme.
Quand enfin les pleurs de Lleyton se calmèrent, soignés par les mots d'Ella, Mattia reprit conscience avec la réalité. En colère par son propre comportement, il attrapa sa béquille posée au sol, et la balança le plus loin possible, de toutes ses forces, dans la chambre. Puis, il fit un pas, puis deux, souffrant terriblement. Mais la douleur qu'il ressentait n'était rien face à celle d'ELla, alors, il continua à marcher, grimaçant à chaque pas, et décidant de sortir comme ça. Sans béquilles. Sans ses aides qu'il ne devrait jamais avoir. Et en pensant très fortement à la femme qu'il aimait. Son ELla