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 I'm just having an allergic reaction to the universe ∞ NORINE&QUINN.

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MessageSujet: I'm just having an allergic reaction to the universe ∞ NORINE&QUINN.   I'm just having an allergic reaction to the universe ∞ NORINE&QUINN. EmptyVen 5 Oct - 23:51


    I'M JUST HAVING AN ALLERGIC
    REACTION TO THE UNIVERSE
    NORINE&QUINN

    Ce n’était pas une journée comme les autres. Je me sentais différente. J’avais l’impression que ce que je faisais était différent. J’avais l’impression d’être vraiment comme une super héroïne, une personne exceptionnelle, presque un cadeau tombé du ciel. C’était exactement cet effet-là que cela me faisait… Être l’institutrice, même pour une journée, d’un gamin qui n’avait jamais eu l’occasion d’aller à l’école et qui avait toujours rêvé de faire parti d’un groupe-classe, de suivre des cours et d’avoir des notes, c’était presque magique. Pour lui comme pour moi. Après tout, il n’était qu’un enfant qui avait toujours rêvé d’être comme les autres... Il s’appelait Colton. Il avait sept ans. Il était hospitalisé depuis qu’il était tout jeune. Il était accompagné d’un médecin pour s’assurer que tout allait bien. Je ne savais pas ce qu’il avait, je ne connaissais rien de sa maladie et je n’avais même pas voulu savoir quoi que ce soit à propos de cela. Tout ce qui comptait en cet instant précis était les yeux avides et intéressés qu’il posait sur moi. Ce regard qui voulait dire j’aimerais tellement en savoir plus, si seulement je pouvais revenir demain et s’il vous plait, faîtes que cette journée ne s’arrête jamais. J’étais presque sûre que j’étais aussi heureuse que lui. C’était fort probable.
    Sa situation me touchait tellement. Je trouvais cela injuste. Un enfant n’avait pas le droit d’être malade à se point. Les gamins n’avaient pas le droit d’être privés d’enfance, d’être condamnés à rester sur un lit d’hôpital. J’étais la première à m’exaspérer de leurs bêtises, cependant, je préférais largement les voir faire les pires horreurs dans mon dos plutôt que de les savoir dans une chambre blanc et impersonnelle, ne sachant pas s’ils allaient un jour passer le cap de la vingtaine d’années. Cela me faisait mal. Cela me faisait constater qu’au final j’avais de la chance. Beaucoup trop de chance. J’en aurais bien donné à ces enfants-là, parce qu’au fond je ne la méritais pas forcément, moi, Quinn Hepburn-Wilde.
    Je balayai la salle du regard, un petit sourire satisfait sur les lèvres, tandis que les élèves se préparaient pour sortir en récréation (provocant également un immense brouhaha dans la salle, mais mes oreilles avaient fini par être habituées). Certains d’entre eux ne faisaient même pas attention à être discret en observant Colton du coin de l’œil, et je levai les yeux au ciel en me frayant un chemin parmi eux. Je me penchai au dessus de la table du petit, lui faisant un grand sourire.
    « Ca t’a plu ? » lui demandai-je d’une voix douce.
    Il hocha timidement la tête, et je ne pus m’empêcher de lui donner une légère pression sur le bras. Je relevai la tête vers son médecin en lui faisant un petit sourire.
    J’aurais tellement aimé faire plus que de lui donner de simples cours, à cet enfant. Après tout, je n’étais pas la meilleure maîtresse de cette école, bien au contraire. Je n’en faisais qu’à ma tête, je faisais des expériences en travaux pratiques artistiques avec ma classe, je partais souvent complètement ailleurs dans mes cours et je n’avais pas été l’exemple même de la normalité pour Colton.
    « Tim et Hazel, vous voulez montrer à Colton les dessins que vous avez fait la semaine dernière en cours artistiques ? » lançai-je en me redressant, la tête tournée vers les concernés qui nous observaient du coin de l’œil depuis tout à l’heure.
    Ils ne me laissèrent pas le temps de me répéter. Aussitôt dit, ils coururent presque chercher au fond de la classe lesdits dessins pour occuper tout le temps de la récréation notre petit malade. Il valait mieux qu’il ne quitte pas la classe. Qu’il ne bouge pas. Qu’il ne fasse pas trop d’effort. Ce n’était peut-être pas tout à fait une récréation comme les autres, cependant, je me dis que le faire parler avec d’autres élèves, même à l’intérieur, était toujours mieux que rien.
    Et puis, c’était également un moyen pour moi de parler avec celle qui l’accompagnait. Je l’admirais, sincèrement. J’aurais bien été incapable d’être médecin et de voir d’autres Colton. Lentement, je me glissai à côté d’elle, m’asseyant sur une chaise vide.
    « On m’a raconté que vous aviez appelé le directeur pour permettre à Colton de passer une journée parmi nous. » dis-je pour engager la conversation.
    Je n’avais pas tellement eu mon mot à dire dans tout cela mais j’avais accueilli l’enfant avec plaisir. A vrai dire, j’avais surtout eu peur de ne pas être à la hauteur… Par qu’autant le dire tout de suite, j’étais passée maître en l’art de faire n’importe quoi.
    « Ca fait longtemps que vous vous occupez de lui ? »
    Au fond, j’admirais également son geste. Parce qu’elle s’était battu pour le rêve de quelqu’un d’autre. Chose que j’étais bien incapable de faire. Au fond, j’étais institutrice, mais je n’avais jamais été extrêmement à l’aise avec les enfants. Je les considérais plus comme des créatures appartenant à un autre monde, complètement différent et incompréhensible du mien, et je me contentais d’essayer de ne pas trop m’étonner quand ils faisaient quelque chose d’étrange et/ou improbable.
    Je n’étais pas un exemple de normalité. Je l’avais toujours dit.
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MessageSujet: Re: I'm just having an allergic reaction to the universe ∞ NORINE&QUINN.   I'm just having an allergic reaction to the universe ∞ NORINE&QUINN. EmptyLun 8 Oct - 20:09


Flashback, quelques jours plus tôt
Les yeux plongés sur le petit garçon endormi, Norine s'affairait autour de lui. Il était tellement épuisé d'avoir pleuré que sa fatigue l'avait ramené dans les bras de Morphée en très peu de temps. C'était pas plus mal. Avec tous les examens qu'ils lui avaient fait subir ce matin, toutes les épreuves qu'il avait eu à passer, dormir semblait être le meilleur de tout les remèdes. Surtout que là, ils venaient, encore une fois, de lui briser son plus grand rêve. Ce petit ange pensait enfin que ce serait possible. Qu'il allait pouvoir, enfin, aller à l'école. Il rêvait de ce jour depuis ses six ans. Sa maladie qui lui bouffait lentement les os avait été décelé la veille de la rentrée. Il avait aujourd'hui sept ans, et n'avait jamais connu l'école, bien trop occupé à se battre pour vivre.
Tout en rangeant la poche à côté de lui, Norine pestait. La vie était dégueulasse. Vraiment dégueulasse. Ce gamin rêvait d'une chose pourtant parfaitement accessible; aller à l'école, voir des enfants en bonne santé, et s'amuser avec eux. Il rêvait de mener une vie normale. Pas une vie cloitrée derrière des murs blancs à l'hôpital. Tout en rangeant son stéthoscope dans sa poche, elle fut coupée dans ses pensées par la mère du petit Colton. Les yeux remplis de larmes, rivés sur lui, elle semblait sur le point de s'effondrer à son tour. « Je voudrais tellement qu'il puisse un jour... » Elle laissa sa phrase en suspens; sa voix s'était perdue. Elle avait peur de le perdre, peur de ne pas le voir réaliser son rêve. La jeune interne lui fit un petit sourire de réconfort, et sortit de la chambre, ne sachant quoi dire, quoi faire. Qu'importe ce qu'elle dirait, elle savait que sa mère s'en ficherait. Du moins, pas maintenant, pas après tout ce qu'ils avaient osé dire sur son fils et sa maladie. Convaincue, Norine se rendit près du docteur qui s'occupait de l'état de santé du gamin. Ils se sentaient peut-être impuissants pour éviter la propagation de sa maladie, mais ils pourraient au moins, lui permettre de réaliser son rêve. « Docteur, il faut qu'il aille à l'école. Pas longtemps, juste une journée. Je suis sûre que ça lui fera le plus grand bien.. »

C'est comme ça que tout avait commencé. Que la jeune Norine se retrouvait à l'âge de vingt-quatre ans de nouveau sur les bancs de l'école. Ca la faisait presque marrer de se retrouver là. Elle n'avait jamais eu l'habitude d'aller à l'école. A Hawaii, ils allaient souvent dehors, profiter du beau temps. Ce n'était pas rare de voir les enfants filer avec leur professeur faire cours dans le parc, ou même dans la cour de l'école. Elle concevait qu'ici, le froid ne laisserait jamais miss Hepburn-Wilde décider de le faire. Elle aurait face à elle des glaçons, incapables de bouger le moindre petit doigt, et avec des neurones congelés. C'est pourquoi elle était presque aussi excitée que Colton d'être là, dans cette école. Et lui semblait être aux anges. Tout le monde pouvait deviner le large sourire cachée derrière le masque qu'il était contraint de porter. Un minimum de protection pour ce petit bonhomme fragile.

Elle revint à la réalité lorsqu'elle entendit le brouhaha des enfants sortant de la classe. C'était déjà l'heure de la récréation; elle avait oublié à quel point un enfant sain avait le peu d'attention identique à un enfant malade. Elle avait l'impression que cela faisait seulement quelques minutes qu'elle avait posé ses fesses juste à côté de Colton. « Ca t’a plu ? » Une douce voix s'élevait. Un sourire sur le visage, la maitresse était là, juste à côté d'eux, debout devant le bureau du petit. Elle était très souriante, très agréable. Elle devait faire des carnages dans les petits coeurs de ses élèves. D'ailleurs les petits yeux bleus de Colton dévoraient la professeur des écoles, ce qui faisait sourire le docteur. Norine était persuadée que demain, après-demain, et après-après-demain, le petit gars parlera de « sa maitresse ». Si à la Saint Valentin il voudrait lui envoyer des roses, elle ne serait même pas surprise. Il était d'ailleurs tout timide face à elle, et n'osait pas répondre franchement. Il se contenta de hocher la tête positivement à sa question.

Sur ce, elle interpella deux élèves -Tim et Hazel- pour montrer à Colton les dessins qu'ils avaient fait la semaine dernière. Colton allait adorer; il aimait dessiner, et était ravi quand la 'maitresse' qui venait lui faire cours lui proposait de s'exprimer de cette façon. Ca le libérait. Ce lui permettait au moins de faire une activité comme tout le monde. « Reste-là Colton, ils vont te l'apporter. Tu pourras leur raconter comment tu as fait ton dernier dessin. » Elle lui fit un petit sourire, et le gamin semblait le lui rendre. Il avait une imagination débordante, et pour le dessin dont elle parlait, il avait rusé d'imagination encore une fois. Monsieur avait été piqué des seringues, et s'était amusé à dessiner avec. Personne n'avait râlé. Tout le monde s'était exclamé devant le travail fini.. Après lui avoir murmuré ces mots, elle remarqua que Quinn s'était installée à côté d'elle. Elle lui fit un petit sourire avant que celle-ci n'entame la discussion. « On m’a raconté que vous aviez appelé le directeur pour permettre à Colton de passer une journée parmi nous. » Là, Norine lui fit un petit signe de tête positif -à croire que Colton déteignait sur elle-, et ne put s'empêcher de sourire d'avantage en jetant un coup d'oeil à son petit protégé de la journée. Il rayonnait.

« Ca fait longtemps que vous vous occupez de lui ? » Elle reposa aussitôt son regard vers la jeune femme, oubliant le petit un instant. « Pas vraiment non. » C'était bizarre, mais elle s'était attachée à ce petit bout; elle qui, théoriquement, ne devrait jamais être proche des patients. Elle connaissait même quelqu'un qui s'était fait virer d'un service pour avoir trop sympathisé avec les malades.. Mais parfois, on fait des rencontres qui nous bouleversent. Colton en faisait parti. Malade, ruiné par ce cancer qui le rongeait, et qui aujourd'hui encore ne le lâchait pas, il faisait tout pour se battre. C'était un exemple de courage. Elle sortait souvent du service, le coeur plus léger, se maudissant de penser à Rafe. Il était mort; il fallait faire comme ces gamins, avancer coûte que coûte dans la vie.. « Je ne suis à Arrowsic que depuis Août. » Elle s'interrompit un instant avant d'ajouter en riant. « Vous avez dû le remarquer, j'ai un accent. » Les gens lui faisaient souvent cette réflexion. Il paraît que les Hawaiiens ont un drôle d'accent. Foutaises! Ce sont ceux d'ici qui en ont un..

Plutôt que de parler d'elle, la jeune femme jeta un rapide coup d'oeil à Colton, avant d'ajouter presque aussitôt. « Colton rêvait de pouvoir aller à l'école. Ca m'a surprise, c'est assez rare comme rêve. Ils veulent plus rencontrer Justin Bieber ou Dwyane Wade.. Pour une fois qu'on peut réaliser leurs rêves facilement.. » Elle sourit. Elle avait même pris sur un jour de congé pour venir ici, se ressourcer à l'école. De toute façon, qu'avait-elle d'autre à faire?


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MessageSujet: Re: I'm just having an allergic reaction to the universe ∞ NORINE&QUINN.   I'm just having an allergic reaction to the universe ∞ NORINE&QUINN. EmptyMar 9 Oct - 20:57


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    REACTION TO THE UNIVERSE
    NORINE&QUINN

    C’était touchant. Extrêmement touchant. Peut-être même un peu trop, mais je refusais de me laisser penser une chose pareille. Le petit Colton n’avait pas besoin de pitié, non. Il avait besoin d’espoir.
    Je faisais partie de ces personnes qui croyaient qu’en se cachant la vérité elle n’existerait pas, je faisais partie de ces personnes qui préféraient ne pas voir la cruelle réalité en pensant que cela soulagerait leur conscience. Cela avait toujours été le cas, pour moi. Je n’aimais pas voir des personnes comme Colton, des personnes qui n’avaient rien demandé et qui pourtant voyaient leur vie bouleversée. Maladie, conflits politiques dans certains pays, famine dans d’autres et même guerre parfois, venant déchirer des existences. Toute la misère du monde me faisait tellement de mal… Je redescendais à chaque fois de mon petit nuage, me fracassant sur le sol de la Terre après une longue chute douloureuse. En grandissant à Arrowsic, j’avais été dans une bulle. Mes parents avaient pris grand soin de me laisser à l’intérieur, de me donner une belle existence pour que j’en oublie presque le reste. Mes problèmes avaient été futiles, je m’en étais fait pour un rien, et au final, je me sentais ridicule. J’étais ridicule. Mais ce qui me rassurait, quelque part, c’était que je n’étais pas la seule à l’être, qu’au final, la plus grande partie de la population favorisée préférait se voiler la face comme moi pour ne pas avoir à se faire du mal à elle aussi. Ce qui me rassurait également était qu’avec le petit Colton dans ma classe, j’avais compris un tas de choses. Ca m’avait aidé à ouvrir les yeux. Je m’étais surprise à ne pas avoir pitié de lui, non, mais à avoir envie de l’aider.
    J’avais été littéralement de voir sa petite bouille s’éclairer quand j’avais mentionné les dessins. La personne qui se trouvait avec lui sembla approuver mon choix pour l’occuper le temps de la récréation, et, aussitôt, mes élèves se précipitèrent pour tout préparer. D’autres vinrent même se glisser avec eux pour participer, et cela ne fit qu’agrandir mon sourire. Oui, parfois j’avais envie de les prendre par les pieds dans le gymnase et de les laisser là tout un week-end pour leur faire la leçon, mais là, je devais avouer qu’ils assuraient. Certainement mieux que moi. Mais ils avaient l’avantage de l’insouciance.
    Je profitai de cet instant pour me glisser à côté de la dénommée Norine afin d’engager la conversation. Après tout, depuis le matin, nous n’avions pas eu le temps de discuter. Pas vraiment en tout cas. Je commençai par lui confesser que mon directeur m’avait appris que cela avait été elle qui s’était démenée pour que nous acceptions Colton en cours, et je glissai également une question pour savoir si cela faisait longtemps qu’elle s’occupait du petit.
    « Pas vraiment non. »
    Je levai les sourcils, légèrement surprise. Dans mon esprit, j’avais été persuadée que Norine demoiselle s’occupait de Colton depuis qu’il était malade – allait savoir pourquoi – ce qui l’avait poussé à réaliser un de ses rêves. Norine reprit.
    « Je ne suis à Arrowsic que depuis Août. » dit-elle en marquant une pause. « Vous avez dû le remarquer, j'ai un accent. »
    Je souris à cette phrase. Son accent s’entendait, bien entendu. J’avais également deviné qu’elle n’était pas d’ici ; en étant née ici, je savais qui avait toujours habité à Arrowsic et qui était de passage. Cependant, je me rendis compte que ma question avait été stupide. Je ne l’avais jamais croisé auparavant. Peut-être s’était-elle installée quand j’étais en Californie avec ma famille ; ce qui expliquerait pourquoi je ne l’avais pas vu débarquer.
    « Vous avez un accent, oui. » confirmai-je en hochant la tête, amusée. « Mais je ne le reconnais pas. Vous venez de quel coin du globe ? De l’Europe ? »
    Si elle me répondait que oui, j’allais très certainement faire un petit cri hystérique. Donc ma conscience priait pour qu’elle vienne d’un endroit complètement autre, sinon je risquais bien de faire peur à tous mes élèves, Norine y comprit. Ce n’était pas de ma faute. J’adorais l’Europe. A un tel point que j’avais appris le Français, l’Espagnol, le Russe (bon, d’accord, il n’y avait qu’un tout petit bout de Russie en Europe mais quand même !) et que j’avais tenté tant bien que mal à me mettre à l’Italien. On me disait folle. Je répondais juste que j’étais très intéressée.
    Le regard de Norine se reporta sur Colton, entouré de ses camarades et qui semblait être très occupé.
    « Colton rêvait de pouvoir aller à l'école. Ca m'a surprise, c'est assez rare comme rêve. Ils veulent plus rencontrer Justin Bieber ou Dwyane Wade... Pour une fois qu'on peut réaliser leurs rêves facilement... »
    J’esquissai un petit sourire en coin alors que mon regard était toujours posé sur Colton. Si cela n’avait tenu qu’à moi, j’aurais très certainement demandé à ce qu’on me le laisse pour toute la semaine. Au fond, cela ne me dérangeait pas, au contraire. Mais il y avait des règles. Une sécurité à respecter. Il était trop faible pour supporter quatre jours de classe. Pourtant, ce n’était pas la volonté et l’envie qui lui manquaient. Je l’aurais bien remplacé avec deux trois de mes élèves qui n’en fichaient pas une…
    « Il rêve d’une vie comme les autres. Ca peut se comprendre. » dis-je lentement. « Vous savez, si jamais il veut, je peux toujours venir lui donner des cours de temps en temps. Ce n’est pas comme l’école, mais si ça peut aider… »
    J’étais instit, après tout. J’avais tendance à oublier mes propres devoirs envers mes élèves, et le cas de Colton m’avait bien rappelé à l’ordre. Je tournai la tête vers Norine, et j’haussai les épaules.
    « Ce n’est pas grand-chose. » dis-je. « En tout cas, j’admire beaucoup votre investissement dans cette mission suicide avec l’administration. »
    Je lui fis un petit sourire. Je la comprenais, sur le fond. J’étais toujours la première à aller taper du poing sur la table quand quelque chose ne m’allait pas, et je pensais que cela avait été à peu près son cas. Elle avait forcé l’administration à accepter que Colton aille à l’école pendant une journée, et elle avait réussi.
    Le combat de toute une vie ; Norine avait gagné une bataille.
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MessageSujet: Re: I'm just having an allergic reaction to the universe ∞ NORINE&QUINN.   I'm just having an allergic reaction to the universe ∞ NORINE&QUINN. EmptySam 13 Oct - 16:42

Jusqu'à présent, Norine n'avait jamais pensé que s'occuper d'enfants malades pourrait lui plaire. Évidement, si jamais elle avait le choix entre assister à une opération à coeur ouvert, et aller examiner un petit bonhomme, son choix serait vite fait; elle ferait tout ce qui est en son pouvoir, jouerait des coudes et des mains, pour se faire une petite place dans le bloc opératoire. Elle exaltait lorsqu'elle voyait quelque chose d'hors du commun. Elle était au comble de l'orgasme quand elle pouvait voir ça de ses propres yeux, et non pas derrière une vitre un étage plus haut. Elle voulait être là, au plus près, en plein milieu. Elle voulait mettre ses mains là où un coeur était en danger. Elle voulait que ses mains soient divines et permettent à un homme couché sur la table, fatigué par tant d'années de malformations, de revivre. Elle voulait sentir le coeur de quelqu'un battre de nouveau dans ses mains. Elle voulait tout ça.
Les enfants ne lui permettaient pas souvent de voir de telles choses, de ressentir autant d'exaltation. Mais les enfants lui permettaient d'aller mieux, psychologiquement parlant. Avec leurs petits sourires édentés, leurs rires fusant à vive allure, ils vivaient avec ce que la vie leur avait pourri l'existence. Mais ils étaient heureux. Ils ne se plaignaient pas. Ils ne râlaient pas. Ils se contentaient de dire à chacun de ses passages Je veux des pâtes à manger. C'était ça, leurs soucis. Je veux des pâtes. Je veux des crayons de couleur. Je veux peindre. Elle, elle ne voulait rien de tout ça. Elle se fichait des éléments les plus basiques de la vie. Elle, elle voulait Rafe. Elle voulait son homme. Elle voulait trouver un moyen de ramener les morts à la vie. Elle voulait le voir sortir de son cercueil dans ce cimetière militaire à Hawaii. Elle voulait l'imaginer prendre l'avion pour la rejoindre. Elle voulait le serrer dans ses bras. Elle voulait sentir son coeur battre contre sa poitrine. Elle voulait ça. Elle voulait l'impossible.

C'était pour ça que les enfants la rendaient plus heureuse. D'un petit coup de main, ou d'un petit coup de fil, elle réussissait à leur redonner le sourire. Rien qu'en demandant à la cantine des pâtes. Rien qu'en allant chercher des feuilles et des crayons trois mètres plus loin. Les adultes sont toujours plus difficiles à faire sourire. A croire que le temps effaçait les sourires. A force de vivre, on oublie le bonheur.

Maintenant que Colton était avec d'autres enfants, et qu'il semblait heureux, Norine pouvait tranquillement discuter avec Quinn. Discuter avec quelqu'un d'autre qu'une personne de l'hôpital, c'était génial. Surtout que la demoiselle avait à peu près le même âge qu'elle. Alors, Quinn entama la discussion. Elle semblait même surprise de savoir que Norine ne s'occupait pas du petit garçon depuis longtemps. Mais au moins, elle avait remarqué qu'elle n'était pas d'ici. « Vous avez un accent, oui. » Norine se mit à sourire, tout aussi amusée qu'elle. Avec un accent pareil, on ne pouvait pas passer inaperçue. Même si pour elle, elle n'avait aucun accent; c'était ceux d'ici, du Maine qui en avait un énorme. « Mais je ne le reconnais pas. Vous venez de quel coin du globe ? De l’Europe ? » L'Europe. Tout près de là où Rafe était mort. Non, elle ne mettrait jamais les pieds là-bas. Elle ne mettrait jamais les pieds ailleurs que sur le continent américain, ou le continent australien.

Elle hocha alors doucement la tête, un grand sourire sur les lèvres. « Non, du tout ! Je viens quand même d'Amérique. Je suis née à Hawaii. » Hawaii, c'était mieux que n'importe quel autre endroit sur terre. C'était le Paradis, un coin d'utopie sur cette terre monstrueuse. Des îles, du surf, des randonnées partout, du poulet huli Huli, des volcans à visiter, des plages à perte de vue. Pour rien au monde, Norine n'aurait pensé un jour, quitter son île. Mais les choses de la vie font souvent qu'on ne fait pas toujours ce que l'on veut. La preuve; elle avait été contrainte et forcée de venir ici dans le Maine. Au moins, elle avait toujours l'océan ici..

Et puis, Norine lui parla du rêve de Colton. Elle-même n'aurait jamais émis ce souhait, petite. Aussi étrange que cela puisse être, elle avait été toute heureuse de connaître le rêve de ce gamin; au moins, ils pouvaient en réaliser un. C'était exultant de savoir ça, de savoir qu'au moins un gamin dans ce service déprimant pouvait voir son rêve se réaliser. « Il rêve d’une vie comme les autres. Ca peut se comprendre. » Oui. Et combien de gamins rêveraient en apprenant que Colton n'allait pas à l'école? « Vous savez, si jamais il veut, je peux toujours venir lui donner des cours de temps en temps. Ce n’est pas comme l’école, mais si ça peut aider… » Reportant son attention sur l'institutrice, Norine se mit à sourire. Cette idée serait géniale. Il pourrait avoir une professeur, une prof de l'extérieur. Il l'avait vu en classe, il savait qu'elle avait d'autres gamins, et savoir qu'il faisait les même cours que les écoliers sains ne pourrait que lui faire plaisir. « Ce n’est pas grand-chose. » Norine la regarda un instant. Pas grand chose? Elle ferait un gamin plus qu'heureux! « En tout cas, j’admire beaucoup votre investissement dans cette mission suicide avec l’administration. »
Elle souriait. Norine aussi. Elle se permit alors de répondre « Je suis sûre qu'il adorerait! Vous pourriez venir une fois par semaine, ou même une fois toutes les deux semaines. Même si ce n'est pour pas longtemps, il serait tout heureux! » Elle souriait, ravie de voir que pour Quinn, accepter ce gamin dans sa classe n'avait pas été fait juste pour ne pas énerver le directeur de l'école. Au moins, elle avait pleinement conscience de l'enjeu. « Oh, je commence à m'y habituer. Je crois que partout où on passe, les gens de l'administration sont comme ça.. » fit-elle en riant doucement. « Je vous remercie aussi d'avoir accepté qu'il vienne dans votre classe. Ca doit être un peu stressant.. » Elle l'observa alors un instant. Il était toujours entouré par tous les autres gamins, et rigolait tout en discutant avec eux.

« Vous êtes du coin? Je veux dire.. Vous habitez ici depuis longtemps? » demanda-t-elle alors à Quinn, tout en reposant son regard vers elle. Elle ne connaissait que des gens de l'hôpital, et pour une fois qu'elle pouvait rencontrer une vraie de vraie personne étant née dans le Maine, y ayant grandi, et y vivant, elle n'allait pas se priver.. En tout cas, si elle n'habitait pas ici depuis longtemps, elle avait facilement réussi à chopper leur accent..
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MessageSujet: Re: I'm just having an allergic reaction to the universe ∞ NORINE&QUINN.   I'm just having an allergic reaction to the universe ∞ NORINE&QUINN. EmptyMar 16 Oct - 18:01


    I'M JUST HAVING AN ALLERGIC
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    NORINE&QUINN

    On me demandait souvent pourquoi j’étais devenue institutrice. On me le demandait même pour des milliards de raisons différentes... Après tout, j’étais ce qu’on appelait plus communément une surdouée. Au cours de ma scolarité, j’avais sauté deux classes, j’avais toujours eu des bonnes notes sans réellement chercher à les décrocher et j’avais une mémoire auditive incroyable. J’entendais quelque chose, je l’enregistrais. C’était aussi simple que cela. Alors, bien entendu, tout le monde m’avait promis un très grand avenir… Et tout le monde était tombé de très haut quand finalement je m’étais orientée dans le supérieur – à l’âge de quinze ans puisque je suis d’octobre – pour faire des études afin de finir institutrice. Non, pas professeure à l’université. Non, pas enseignante au lycée. Simplement maîtresse d’école pour apprendre aux enfants à conjuguer correctement le verbe être et à ne plus manger la colle liquide. Cela a très certainement été la plus grande déception de mes parents, d’ailleurs. Ils m’avaient tellement imaginé chirurgienne comme mon paternel, trader, PDG d’une entreprise quelconque ou présidente… Puis j’étais devenue instit. Personne n’avait réellement compris pourquoi. Le pire dans tout cela était que je n’adorais pas non plus les enfants. Ils me poussaient souvent à bout. J’avais du mal à les comprendre. J’avais l’impression qu’il y avait un monde entre eux et moi. Pourtant, j’étais encore là, je serais toujours là.
    La raison véritable raison, au fond, était que j’aimais ça. Vraiment. J’adorais les voir faire des bêtises, j’adorais m’énerver après eux, j’adorais voir leurs visages poupins me regarder avec de grands yeux quand ils ne comprenaient pas une chose que j’essayais de leur expliquer. La relation entre un élève et une maîtresse était quelque chose d’unique. Quelque part, j’étais comme leur deuxième maman… Et même si j’avais du mal à m’occuper de moi-même, j’avais l’impression de ne pas trop mal me débrouiller avec ma classe. Ce n’était pas forcément tout à fait le cas… Mais je faisais avec. Eux aussi. La direction aussi. C’était tout ce qui comptait.
    Je discutai donc avec Norine alors que mes élèves prenaient soin de notre petit protégé. Elle avait emménagé il y a peu à Arrowsic ; automatiquement, une foule de questions vint déferler dans mon esprit. Qu’est ce qu’elle venait faire ici ? C’était le genre d’endroit qu’on fuyait comme la peste. La plupart des jeunes d’ici profitaient d’avoir leur diplôme de fin de lycée pour s’enfuir enfin dans d’autres endroits un peu moins perdus. Ils y avaient les autres, ceux comme moi, qui s’étaient résigné à rester puisqu’ils étaient un peu trop perdus pour tenter leur chance ailleurs. Alors je lui demandais pour commencer d’où elle venait, en évoquant l’Europe.
    « Non, du tout ! Je viens quand même d'Amérique. Je suis née à Hawaii. »
    Raté, Quinn ! Cependant, c’était quand même un lieu qui avait le don de me faire rêver. J’esquissai un petit sourire en hochant la tête, montrant mon léger enthousiasme ; Hawaii ! C’était bien l’endroit où je voulais terminer mes jours. Je n’y étais jamais allée, cependant, vu tout ce que j’avais pu voir ou entendre à propos de cet endroit me laissait… Songeuse. Dans les nuages. Complètement ailleurs.
    « Hawaii, ça fait rêver… » dis-je pour conclure.
    Cela faisait rêver, oui. Mais des personnes rêvaient de choses encore plus simples qu’un billet d’avion vers une destination paradisiaque. Certaines personnes, comme Colton, rêvaient simplement de vivre une journée normale d’une personne normale.
    Nous revînmes très vite sur ce sujet là. J’allai même jusqu’à proposer à Norine de passer de temps en temps à l’hôpital pour donner quelques cours à Colton, juste pour qu’il ait l’impression de continuer à faire parti du groupe classe. Je n’avais jamais fait cela, auparavant. J’avais toujours pris un soin tout particulier d’éviter le centre pédiatrique de tout hôpital où je pouvais me retrouver pour des raisons diverses.
    Leurs histoires me faisaient trop mal. Cependant, il y avait toujours un début à tout.
    « Je suis sûre qu'il adorerait ! Vous pourriez venir une fois par semaine, ou même une fois toutes les deux semaines. Même si ce n'est pour pas longtemps, il serait tout heureux ! »
    Je me mis à sourire. Oh, oui. Il serait heureux. Mais quelque part, moi aussi. Je ne répondis rien. Parce que sa simple réaction me donnait légèrement confiance en moi. Sa réaction m’avait fait plaisir. Et puis, elle avait eu mon numéro de portable avec l'administration, donc nous pourrions en reparler prochainement. Norine enchaina sur ce sujet-là d'ailleurs, qui se révélait être un véritable parcours du combattant.
    « Oh, je commence à m'y habituer. Je crois que partout où on passe, les gens de l'administration sont comme ça… Je vous remercie aussi d'avoir accepté qu'il vienne dans votre classe. Ca doit être un peu stressant... »
    J’hochai la tête. Je connaissais ça… Tellement bien, d’ailleurs.
    « Ne m’en parlez pas… J’ai souvent envie de tous leur arracher les yeux. Ici, ils sont absolument horribles. » dis-je en roulant des yeux. « Et il n’y a vraiment pas de problème. Je me suis sentie extrêmement stressée parce que j’avais peur de faire quelque chose de travers mais j’ai l’impression que ça s’est pas trop mal passé… »
    C’était vrai. Après tout, je n’avais jamais vraiment eu de visiteur dans ma classe. J’avais toujours eu à donner des cours à mes élèves et uniquement mes élèves. Je n’avais jamais eu d’avis extérieur sur mon travail, je n’avais jamais été inspectée. Les seuls avis que j’avais pu avoir étaient ceux de mes collègues, qui s’occupaient des classes supérieures et qui avaient mes anciens élèves, qui me disaient généralement qu’ils avaient de bonnes connaissances. Là, autant dire que je m’étais sentie légèrement angoissée à l’idée d’être observée par un étranger qui n’avait pas l’habitude de participer à une classe.
    En plus, Colton méritait d’avoir un bon cours. Vraiment.
    « Vous êtes du coin ? Je veux dire… Vous habitez ici depuis longtemps ? »
    Norine me tira de mes rêveries. Je lui lançai un petit regard en coin, amusée. Je n’avais pas l’habitude d’entendre cette question. Ici, tout le monde me connaissait, comme je connaissais tout le monde. Il était très rare de passer inaperçu dans un aussi petit village. La plupart des habitants m’avaient vu dans mes couches.
    « Je suis née ici. » répondis-je en poussant un petit soupir.
    Ce n’était pas le coin idéal, mais bon. On s’y faisait vite.
    « J’ai passé ma vie ici. Mes parents aussi. Je suis presque sûre que mes grands-parents sont aussi nés à Arrowsic… » ajoutai-je en souriant. « Je connais le village comme ma poche. Si jamais vous avez besoin d’une visite guidée, un jour… »
    Je ris. C’était parfaitement dans mes cordes. En bientôt vingt-trois ans d’existence, j’avais eu l’occasion de faire le tour de la ville en long, en large et en travers… Et d’apprendre toutes les rues par cœur.
    Et puis, comme pouvait le dire Norine, j’avais aussi mon propre accent. L’accent de chez moi. Un accent qu’on se passait de génération en génération…
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MessageSujet: Re: I'm just having an allergic reaction to the universe ∞ NORINE&QUINN.   I'm just having an allergic reaction to the universe ∞ NORINE&QUINN. EmptyVen 19 Oct - 12:06

Parfois, on fait des choses que jamais nous n'aurions pensé faire. Quand on nait dans un endroit aussi paradisiaque que cet île connue pour son passé historique, jamais on ne pense être capable d'aller vivre ailleurs. Dans cet ailleurs, il n'y aura pas forcément de volcans, de plages de sable fin, de randonnées magnifiques à faire, de jolis palmiers.. Et plus que tout, ailleurs, il n'y a pas cet art culinaire propre à Hawaii. Aucun hawaïen, digne de ce nom, ne songeait un jour quitter son île, sa terre d'attache. Norine avait fait partie de ces gens, de ces hawaiens qui, dès qu'ils avaient l'âge de penser à leur avenir avaient juré; Jamais je ne partirais d'ici. Jamais. Maintenant, elle habitait à des milliers de kilomètres de là-bas. Sur le côté opposé de l'Amérique. L'océan Pacifique était devenu l'océan Atlantique. L'eau était beaucoup plus froide. Le sable n'était pas aussi fin. Et la nourriture n'était pas du tout la même. Ici, on mange plus de hamburgers que là-bas. Ici, on n'a pas de volcans à découvrir. Ici, on ne se sent pas perdu, à l'autre bout du monde.

Ceci dit, elle ne pouvait pas se prétendre malheureuse. Le malheur, elle l'avait déjà connu. Elle aurait pu, en plus, devenir encore plus malheureuse. Elle aurait pu connaître le Malheur avec un grand M. Le malheur, ça avait été de perdre Rafe et d'avoir perdu, d'une certaine façon, son frère Moran. Le Malheur, ça aurait été en plus de ne plus pouvoir faire ce métier qu'elle rêvait. Ca aurait pu arriver. Ils auraient pu l'envoyer valser, la virer proprement. Elle aurait pu se retrouver, sans fiancé, avec un frère devenu presque fou, et sans emploi. A quoi ça servait de vivre dans un endroit paradisiaque si l'on avait plus rien, à part le soleil pour réchauffer notre coeur? Là, au moins, ils lui avaient fournit une deuxième chance. Elle l'avait saisi. Elle avait tout quitté pour ça. « Hawaii, ça fait rêver… » Oui. Hawaii fait rêver. Mais maintenant, pour Norine, le soleil d'Hawaii ne la faisait plus autant rêver.

Les sourires des gens du Maine lui réchauffaient le coeur. Comme là, celui de Quinn. Avec un sourire, elle semblait avoir tout dit. Elle avait balancé cette idée de venir donner de temps en temps des cours à Colton, et cette idée semblait vraiment lui plaire, pour le plus grand bonheur de Norine. Elle n'avait pas fait tout ça pour rien. Elle n'avait pas combattu l'administration et leur On peut voir ça plus tard pour rien. Parce que non, on ne peut pas voir ça plus tard. Les gens ne se rendent pas forcément compte que pour certains, le temps est compté. On n'a pas tout toujours le temps. Colton n'avait pas le temps d'attendre. Tout pouvait dériver. Ces putains de cellules cancéreuses pouvaient se développer plus rapidement, et engendrer chez lui des dégâts irréparables. Alors non, on n'avait pas le temps. Pour réaliser son rêve, il fallait faire vite. On ne sait jamais.

En tout cas, Norine la remercia d'avoir accepté de recevoir le petit dans sa classe. « Ne m’en parlez pas… J’ai souvent envie de tous leur arracher les yeux. Ici, ils sont absolument horribles. » En l'entendant dire ça, la jeune interne ne put s'empêcher de rire. Elle se demandait si elle parlait de l'administration, ou de ses élèves. Les deux pouvaient coller. Elle pouvait très bien avoir envie, par moment, d'arracher les yeux de ses élèves. Ils ne devaient pas toujours être aussi sympas. Et Norine pouvait comprendre; après une journée de travail en pédiatrie, elle était exténuée. Elle n'osait imaginer ce que les institutrices devaient ressentir après une journée complète à s'occuper de gamins en pleine force. Elles devaient être lessivées. Fatiguées. Exténuées. En tout cas, cette parole devait être plus pour l'administration quand même... Auquel cas, Norine comprendrait totalement aussi.. « Et il n’y a vraiment pas de problème. Je me suis sentie extrêmement stressée parce que j’avais peur de faire quelque chose de travers mais j’ai l’impression que ça s’est pas trop mal passé… »

Pas trop mal passé? Les yeux de la jeune hawaienne s'ouvrirent légèrement, et elle ne put s'empêcher de répondre avec un petit sourire. « Super bien passé vous voulez dire.. » Colton était heureux. Norine avait même réapprit une règle de grammaire. Oui, il lui arrivait de faire des fautes, mais de toute façon, comme elle écrivait mal -merci la fac de médecine-, ça ne se voyait pas.
Finalement, Norine reprit la parole et lui demanda si elle venait du coin. Ca fit sourire Quinn. Elle semblait amusée d'entendre cette question. Pourquoi? Venait-elle vraiment d'ici? « Je suis née ici. » Ah! C'était donc ça. Elle ne devait pas avoir trop l'habitude de ce genre de question. En tout cas, naitre ici la faisait soupirer, ce qui fit légèrement rire Norine. « J’ai passé ma vie ici. Mes parents aussi. Je suis presque sûre que mes grands-parents sont aussi nés à Arrowsic… » Trois générations.. L'implantation des Hepburn-Wilde à Arrowsic commençait à dater. « Je connais le village comme ma poche. Si jamais vous avez besoin d’une visite guidée, un jour… »

Tu m'étonnes ! Elle avait de quoi connaître le village comme sa poche ! Norine se mit à sourire. Elle aurait bien besoin d'une visite guidée oui. Elle connaissait la route de chez elle à l'hôpital. Point final. Pour aller dans la ville, elle suivait bêtement les panneaux, et une fois qu'elle voulait rentré chez elle, elle mettait en route sa voiture, parcourait les rues juqu'à ce qu'elle reconnaisse un endroit. « Je saurai où demander alors! Pour le moment, je connais par coeur l'hôpital, et la route qui mène jusqu'à chez moi. J'habite dans une maison au bord de l'océan, rénovée en appartements. » Elle lui fit un petit sourire, et poursuivit. «  Mais j'avoue que quand je rentre de ville, je roule jusqu'à reconnaître un endroit. » Elle se mit à rire doucement. Elle se sentait ridicule quand elle faisait celà. Mais elle n'avait guère le choix. Elle avait tout quitté pour venir vivre dans un endroit qui lui était totalement inconnu. Elle n'avait jamais eu à apprendre ça de toute sa vie. Elle était née et avait grandi à Hawaii. Elle connaissait presque l'ile. Elle avait eu près de vingt-quatre ans pour l'explorer. Mais là, elle devait tout faire toute seule. Tout explorer seule. Elle le regarda de nouveau, et demanda cette fois, d'un ton un peu plus sérieux. « D'ailleurs, je recherche un ou une colocataire.. Si jamais vous connaissez quelqu'un que ça puisse intéresser, vous pourrez louer mes talents -fit-elle avec un petit sourire- et donner mon numéro de téléphone? Je suppose que vous l'avez non? » Souriant toujours, la jeune fille jeta un rapide coup d'oeil à Colton. Il allait bien, et souriait tout le temps lui aussi. Le regard vers lui, elle dit alors « Enfin, je suppose que tu l'as. On peut se tutoyer, je pense.. »
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MessageSujet: Re: I'm just having an allergic reaction to the universe ∞ NORINE&QUINN.   I'm just having an allergic reaction to the universe ∞ NORINE&QUINN. EmptyMar 23 Oct - 19:12


    I'M JUST HAVING AN ALLERGIC
    REACTION TO THE UNIVERSE
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    Je n’aurais jamais pensé que cela m’arriverait un jour. Je n’aurais jamais pensé qu’un jour j’aurais dans ma classe un enfant qui rêvait d’aller à l’école sans qu’il ne puisse y parvenir. A vrai dire, je n’avais jamais réfléchi à ce genre de choses en devenant institutrice. C’était surtout la perspective d’être autonome, de gérer une classe et d’enseigner à des enfants ce que je savais pour leur apprendre la base de tout qui m’avait motivée. J’avais toujours été décalée avec les gamins, après tout. J’avais toujours eu du mal à les comprendre. C’était encore le cas aujourd’hui, d’ailleurs, et le peu d’expérience que j’avais pu acquérir ces deux dernières années ne m’avaient pas réellement appris à être sur la même longueur d’onde qu’eux, voire même de comprendre leur façon de penser. Cependant, je les aimais. Je les aimais tous autant qu’ils étaient dans cette classe, même ceux qui s’amusaient à tester mes limites les vendredis après-midi juste avant le week-end. J’aimais même les petits timides qui ne m’avaient jamais directement adressée la parole, trop impressionnés pour réussir à articuler quelque chose en ma présence. Après tout, il était comme mes propres enfants. J’étais même plus proche d’eux que de mon petit frère de cinq ans… Parce que je les supportais tous les jours. J’en apprenais un peu plus sur eux au fil des semaines. On était comme une grande famille… A beaucoup de différences près. Alors, quelque part, je mesurais ce que Colton manquait. Je voyais l’étendue des choses qu’il n’allait pas vivre ; choses qui étaient pourtant indispensables à la vie d’un enfant. L’école. Cela ne me révoltait que davantage. J’avais beaucoup de parents qui venaient me confier que leurs enfants se plaignaient de venir en cours tous les matins ; je me disais qu’au final, c’était injuste.
    Après tout, c’est seulement en étant privé de quelque chose qu’on se rend compte de sa véritable valeur. Cette expérience me montrait que c’était également valable pour l’école et les enfants. Les gosses pour qui c’était devenu une habitude en avaient marre ; les gamins qui passaient leur temps à en entendre parler sans jamais pouvoir y aller ne désirait qu’une chose : vivre l’expérience.
    J’espérais avoir donné une bonne impression. Je ne faisais pas partie de ce genre de personne à se préoccuper de l’image qu’elles renvoyaient – oh que non, j’étais bien tout sauf ça… – cependant, j’étais quand même suffisamment mature (ce qui n’était pas tout le temps le cas) pour vouloir être parfaite. Pour vouloir que tout le soit. J’avais beau voir le petit sourire de Colton sous son masque, je n’en demeurais pas moins légèrement anxieuse.
    « Super bien passé vous voulez dire… »
    Je ne cherchai même pas à masquer le soupir de soulagement que je poussai en entendant cela. Je lui adressai un sourire reconnaissant. Bon. Au moins, Norine considérait que ma prestation avait tout à fait été acceptable. J’espérais que Colton irait dans son sens, ce soir, quand il racontera ses aventures à l’école à ses parents.
    J’espérais également le revoir, le gamin. J’espérais que ses parents allaient bien vouloir que je vienne de temps en temps. Je pouvais toujours compter sur Norine pour soutenir ma cause. Enfin, après, il fallait voir avec l’administration… Ou pas, d’ailleurs. J’étais dans le genre rebelle sous mes airs de jeune femme encore petite fille avec de grands yeux bleus étonnés, il ne fallait pas croire.
    Norine me tira de ma rêverie quand elle me demanda si j’étais d’ici. Sa question m’étonna légèrement, tellement j’étais peu habituée à l’entendre. Je lui répondis donc, légèrement blasée par ma situation, lui racontant que j’étais née ici et que je n’avais pas bougé depuis. Que c’était également le cas de toute ma famille. Je finis même par lui dire que je serais enchantée de lui faire une visite de mon merveilleux petit village – ou pas – si jamais elle avait besoin de prendre connaissance des moindres recoins d’Arrowsic.
    « Je saurai où demander alors ! Pour le moment, je connais par coeur l'hôpital, et la route qui mène jusqu'à chez moi. J'habite dans une maison au bord de l'océan, rénovée en appartements. » me dit-elle. « Mais j'avoue que quand je rentre de ville, je roule jusqu'à reconnaître un endroit. »
    J’hochai la tête en souriant. Je voyais où elle habitait, comme tout bon habitant d’Arrowsic pure souche. Je m’imaginais également très bien la scène de Norine, vagabondant dans les rues jusqu’à ce qu’elle puisse retrouver le chemin jusque chez elle.
    Chose qui ne m’arriverait jamais. Mais passons.
    « Je suis sûre que vous n’êtes pas la seule dans ce cas-là… » lançai-je. « Seuls les vrais habitants d’Arrowsic connaissent la ville comme leur poche. On a eu le temps de mémoriser la carte, vous savez… »
    J’aimais ma ville, au fond. Après tout, j’avais grandi ici, tous mes potes s’y trouvaient, j’étais très certainement condamnée à y rester toute ma vie. Cependant, je ne réussissais pas à m’empêcher de faire des petites remarques à propos de cela… En même temps, quand on habite un petit village paumé en plein milieu du Maine…
    C’était ridicule, quand même. Norine venait d’Hawaii. Moi ? Je venais d’Arrowsic. Cela rendait tout de suite moi bien. C’était tout de suite moins chantant, comme moi. Et puis, sincèrement, ça faisait beaucoup moins rêver. Nous n’avions même pas la satisfaction d’avoir du sable fin et blanc à la plage. Ca craint.
    « D'ailleurs, je recherche un ou une colocataire... Si jamais vous connaissez quelqu'un que ça puisse intéresser, vous pourrez louer mes talents et donner mon numéro de téléphone ? Je suppose que vous l'avez non ? » Elle se reprit. « Enfin, je suppose que tu l'as. On peut se tutoyer, je pense... »
    Je me mis à rire.
    « Oui, on peut. »
    Automatisme. Ce n’était pas de ma faute.
    Autrement, j’hochai la tête. Je ne connaissais personne qui cherchait un colocataire, mais je rangeai cela dans un petit coin de ma tête si jamais je venais à apprendre que machin avait dit à truc que bidule cherchait un colocataire. Personnellement, je vivais avec mes parents. C’était pas toujours facile, mais ils ne m’avaient pas encore mis à la porte, donc je profitais d’être logée, nourrie et blanchie…
    Profiteuse ? Non. J’avais juste la chance d’avoir une maman poule capable de tout pour couver encore un peu plus longtemps sa progéniture.
    « Oui, j’ai ton numéro ! » finis-je par dire – et j’avouai avoir eu un léger bug sur le ton « Je verrais autour de moi si quelqu’un est intéressé, par contre je ne te promets rien. »
    Je lui fis un petit sourire en haussant les épaules. La plupart de mes amis étaient soient 1) partis loin, très loin d’Arrowsic pour ne jamais revenir, soit 2) en ménage, soit 3) déjà avec leur propre petit appart en gérant leurs petites affaires.
    « Je vis encore chez mes parents, personnellement. » fis-je.
    En quoi était-ce utile ? Rien du tout.
    « Mais j’avoue que parfois je rêve d’avoir mon chez-moi pour enfin lâcher prise trente secondes. J’ai une famille nombreuse, c’est quasiment impossible d’avoir la paix. »
    Je me mis à rire gentiment. J’aimais ma famille, oui. Mais quand Peter, mon frère de cinq ans, venait me voir à trois heures du matin pour savoir si je dormais, c’était une autre affaire…
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MessageSujet: Re: I'm just having an allergic reaction to the universe ∞ NORINE&QUINN.   I'm just having an allergic reaction to the universe ∞ NORINE&QUINN. EmptyVen 26 Oct - 15:25

Parfois, il suffit d'un sourire de quelqu'un, de voir les dents de quelqu'un se découvrir petit à petit et montrer toute leur blancheur pour réussir à se réchauffer le coeur. Jusqu'ici, Norine n'avait pas cessé de se morfondre sur elle-même. Les secondes passaient, les minutes, les heures, les mois, sans que réellement, elle n'arrive à succomber à l'appel du bonheur. Ses pensées étaient toujours obstinées, toujours en relation avec celui qui aurait dû être, à l'heure actuelle, son mari. Dès qu'elle avait un petit instant de libre, elle pensait à lui. Elle n'y pouvait rien. C'était comme si son cerveau lui rappelait à chaque instant, à chaque minute qu'il lui manquait. Un peu comme la drogue en fait. Si un drogué ne prend pas sa drogue, son cerveau va ressentir un manque, et son cerveau va lui faire penser à aller en chercher. Pour elle, c'était pareil. Elle était droguée. Sa drogue, c'était lui. Mais même avec tout l'or du monde, elle ne pouvait pas se procurer ce plaisir.
Alors, elle bossait, travaillait tout le temps. Elle faisait des heures supplémentaires, inlassablement. Elle ne râlait jamais parce qu'elle ne pouvait pas sortir. Elle évitait de se plaindre devant ces autres collègues. Elle s'en fichait de passer du temps à l'hôpital. Qu'elle soit là-bas ou ailleurs, ça ne changeait rien. Mais qu'elle soit seule ou accompagnée, ça changeait tout. Si elle le pouvait, elle ferait même plusieurs gardes de nuit par semaine -mais l'hôpital le refuse-; c'est trop risqué. Elle se fatiguerait trop. Elle risquerait trop de mettre en danger la vie de ses patients. Et comme c'était sa seconde et dernière chance, elle n'avait qu'à se plier aux règles de l'hôpital, et rentrer chez elle.

C'était aussi pour ça que l'idée d'accompagner elle-même Colton à l'école s'était forgé dans sa tête. Pour échapper à sa solitude. Et retrouver l'esprit de l'hôpital -l'air qu'elle aimait respirer- auprès du bambin. Et elle ne le regrettait pas du tout. Ce n'était pas comme si la demoiselle professeur des écoles, ici présente, était ingrate, insouciante, vieille, raleuse. Non. Elle était tout l'opposé. Les gamins semblaient captivés par tout ce qu'elle avait dit; et même mieux, elle semblait elle-même captivée par le petit bonhomme qui résidait inhabituellement sur une chaise.
Et puis, chose assez rare, elle parlait bien. Non pas que les gens d'Arrowsic parlent mal, mais disons que les gens du Maine ont tendance à plus parler entre eux, plutôt que de parler aux autres, aux étrangers, à ceux qui ne comprennent pas tout. C'était pareil à Hawaii. Mais ça n'empêchait pas de penser quand on était l'étranger que c'était cool de voir que les gens s'intéressaient à vous, et ne vous abandonnaient pas. Une fois que la jeune médecin lui parla de ses difficultés pour se retrouver, Quinn ne put s'empêcher de sourire à ses propos. « Je suis sûre que vous n’êtes pas la seule dans ce cas-là… » dit-elle. « Seuls les vrais habitants d’Arrowsic connaissent la ville comme leur poche. On a eu le temps de mémoriser la carte, vous savez… »
Ouais, elle imaginait très bien. Pour tout dire, même le fait de ne pas être bordé d'océan l'effrayait. Elle avait peur d'aller très loin, trop loin et de ne pas savoir où se rendre de nouveau. L'avantage quand on habite une île, c'est qu'à un moment ou à un autre, on se retrouve devant l'océan, et on comprend qu'on a été trop loin. Mais sur le continent? Cette façon d'agir n'existe pas..

Puis, Norine ouvrit de nouveau la bouche, et demanda alors si Quinn ne connaitrait pas quelqu'un qui pourrait devenir colocataire. La solitude l'effrayait. Se retrouver avec une présence vivante le soir lui permettrait au moins d'éviter de sombrer petit à petit au fond de l'abîme. Et puis, il faut dire aussi que son voisin, un dénommé Blaer, lui faisait peur. Du genre peu sympathique, et peu aimable, elle se demandait ce qu'il avait en tête. « Oui, on peut. » Elle sourit, rassurée. Elle venait de lui demander de la tutoyer. C'était mieux ainsi. Il y a un an, elle s'était rendue compte qu'elle avait vieilli. Quand des jeunes de 18 ans étaient venus vers elles, et que par trois fois dans la même journée, ils l'avaient vouvoyé; elle avait alors pris conscience que l'enfance était clairement révolue. Même si là, ce n'était pas pareil -Quinn avait à peu près son âge-, c'était plutôt rassurant de se sentir tutoyée que vouvoyée. « Oui, j’ai ton numéro ! » Norine se mit à rire doucement. Elle avait remarqué le petit doute au moment de dire ce fameux ton « Je verrais autour de moi si quelqu’un est intéressé, par contre je ne te promets rien. »

Norine haussa les épaules, et lâcha alors un « C'est pas grave si ça ne donne rien. J'aurai au moins tenté ! » Elle jeta un rapide coup d'oeil à Colton -elle se rendait compte que depuis qu'elles discutaient le gamin était passé au second plan-; il semblait toujours aussi heureux.
« Je vis encore chez mes parents, personnellement. » Encore? Elle n'aurait pas dis ce mot. Si elle avait le choix, elle retournerait auprès d'eux. Il y a des inconvénients à habiter chez ses parents, mais il y a aussi des avantages. Au moins, quand on est avec eux, on est choyé. On vit dans une bulle. On n'a pas conscience de la réalité. On est protégé. « Mais j’avoue que parfois je rêve d’avoir mon chez-moi pour enfin lâcher prise trente secondes. J’ai une famille nombreuse, c’est quasiment impossible d’avoir la paix. » Une famille nombreuse? Là, les yeux de Norine se firent légèrement plus gros, un sourire apparaissant sur ses lèvres. Elle avait bien entendu tout ce qu'elle venait de dire là?
Il y a des gens qui inspirent le respect. Quinn en faisait partie. Parce que si ça ne dérangeait pas Norine de s'occuper, par moment, de gamins, elle ne se voyait pas en faire son métier. Et pire que tout, là, quand elle apprenait que celle qui les éduquait, passait presque trente heures par semaine avec une vingtaine de gamins, était également une soeur, et se retrouvait le soir en compagnie d'eux, il n'y avait qu'un mot qui lui venait en bouche « respect ». Alors, avec un sourire, Norine lâcha un « wahoo. Je t'admire! » Elle sourit, avant de continuer à s'expliquer. « J'aime bien passer du temps avec les gamins.. Mais à petite dose! Je ne pense pas faire ma spécialisation avec eux. Mais je t'admire si, en plus de l'école, tu en as chez toi.. » Qui plus est des frères ou soeurs. Pas des enfants. Elle sourit alors. C'était fou comme les êtres humains pouvaient être différents; elle se surprenait parfois à être bluffée par la diversité des êtres.

« je n'ai qu'un frère - en disant ses mots, elle eut une pensée pour eux, et perdit légèrement son sourire -, je ne viens pas d'une famille très nombreuse, mais je ne sais pas si je supporterais d'être avec lui. » Non, elle ne le supporterait pas. Parce que maintenant, il n'était plus le même qu'avant. Mais même si c'était avant, elle ne l'aurait pas supporté non plus. Il était militaire. Il était du genre à avoir un code d'honneur. Le genre de choses que Norine détestait.
Au vue de cette discussion, Norine dit alors. « En tout cas, si jamais tu veux t'éloigner d'eux, tu sais où il y a de place !! » Puis, n'y tenant plus -cette question lui trottait dans sa tête-, elle demanda alors. « Tu en as combien des frères et soeurs? »

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MessageSujet: Re: I'm just having an allergic reaction to the universe ∞ NORINE&QUINN.   I'm just having an allergic reaction to the universe ∞ NORINE&QUINN. EmptyMar 30 Oct - 19:50


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    C’était déprimant de savoir que j’allais passer très certainement toute ma vie à Arrowsic ; de savoir que je ne quitterais très certainement jamais ce petit village et que j’aurais, part la même occasion, ma place au cimetière, à côté de mes parents et entre mes frères et sœurs. Cependant, quelque part, cela m’arrangeait. Je m’étais faite à la vie d’ici, je connaissais l’endroit comme le fond de ma poche. J’y avais mes repères, je connaissais les habitants depuis de très nombreuses années, j’avais mes petites habitudes qui, même si elles m’exaspéraient, avaient un petit côté réconfortant. Et puis, j’avais déjà eu la possibilité de partir de là une fois le lycée terminé, cependant, je n’avais pas misé sur les grandes universités américaines. Je n’avais pas misé sur une vie ailleurs qu’à Arrowsic. J’avais misé sur rien du tout. J’avais préféré rester ici, faire ma petite vie, garder la même routine et les mêmes habitudes désespérantes. Quelque part, cela voulait quand même dire que j’aimais ce village. Ou alors que j’étais masochiste.
    Je penchais cependant un peu plus pour la première option.
    Je comprenais Norine. Je n’avais jamais été à sa place, mais je la comprenais quand elle me disait qu’elle était encore un peu perdue ici, qu’elle ne connaissait pas grand-monde et qu’elle cherchait un colocataire certainement pour se sentir moins seule. Je n’avais rien à lui proposer, cependant. Comment lui dire que la plupart des jeunes d’ici s’étaient vite fait la malle dès qu’ils en avaient eu l’occasion et que par conséquent rares étaient ceux que je connaissais qui avaient besoin de partager un appartement ? Bah. Je me contentai donc de lui dire que je mènerais l’enquête de mon côté pour l’aider, mais je ne lui promis rien. Elle me répondit que ce n’était pas grave. Qu’elle avait tenté. Je lui adressais un petit sourire. J’allais quand même faire mon possible. Je lui confiai que de mon côté, je vivais encore chez mes parents, mais que cela n’était pas toujours facile avec mes frères et sœurs. Après tout, c’était vrai. J’avais beau les adoré, ce n’était pas toujours… Facile. La maison n’était jamais calme. Il y avait toujours quelqu’un devant la télé ; quelqu’un à hurler dans toute la maison parce qu’il ne retrouvait pas quelque chose ; quelqu’un à ramener des amis pour improviser une petite soirée jeux vidéos.
    « Wahoo. Je t'admire ! » me dit-elle en souriant. « J'aime bien passer du temps avec les gamins... Mais à petite dose ! Je ne pense pas faire ma spécialisation avec eux. Mais je t'admire si, en plus de l'école, tu en as chez toi... »
    Je me mis à rire doucement. Oui, j’en avais à la maison. La seule différence était que la plupart des gamins chez moi étaient âgés de vingt-quatre ans. Vous voyez le genre… Mais il ne fallait pas croire. Mes frères et sœurs plus âgés que moi étaient souvent bien pires que mon petit frère de cinq ans. C’était à s’en arracher les cheveux de la tête. Mais ça allait, je survivais. J’étais souvent pire qu’eux, aussi.
    Oui, c’était possible.
    « Je n'ai qu'un frère, je ne viens pas d'une famille très nombreuse, mais je ne sais pas si je supporterais d'être avec lui. »
    J’hochai la tête. C’était très certainement parce qu’elle n’avait pas l’habitude.
    « En tout cas, si jamais tu veux t'éloigner d'eux, tu sais où il y a de place !! » dit-elle. « Tu en as combien des frères et sœurs ? »
    J’éclatai de rire. Elle s’était très certainement imaginé que je devais avoir une classe en guise de fratrie ; cependant, j’haussai les épaules.
    « J’ai deux demi-sœurs, un demi-frère et un frère. Quand je suis née, mes parents en étaient à leur deuxième mariage pour tous les deux. » expliquai-je. « Mon petit frère a cinq ans. Les autres ont entre vingt-quatre ans et trente ans, mais il ne faut pas croire, c’est encore pire que les gamins de ma classe… »
    C’était rare de raconter l’histoire de la famille Hepburn-Wilde. Ici, les rumeurs allaient si vite que tout le monde avait été au courant de tout ce qu’il s’était passé. Mademoiselle Wilde avait été abandonnée par son mari alors qu’elle avait deux enfants, monsieur Hepburn avait trompé sa première femme avec elle avant de finalement divorcer et se mettre en ménage, formant ainsi une grande famille… Et résultat des courses, une petit Quinn née neuf mois plus tard.
    Tout est bien qui finit bien. Ou presque.
    « Mais bon, j’ai été habituée à vivre avec eux. C’est peut-être différent avec ton frère… » ajoutai-je. « Mais merci ! Ton canapé me semblera être une solution très tentante, parfois. »
    C’était vrai après tout. Et puis, quelque part, je rêvais un peu d’enfin prendre mon indépendance. Après tout, j’étais une des seules à gagner sa vie parmi ma fratrie… Billie, vingt-quatre ans, était doctorante ; Ethan, vingt-six ans, avait repris qu’il y a peu ses études parce qu’il avait mis fin à sa carrière de basketteur. Autrement, il y avait Haley, fiancée, passant plus de temps chez son homme plutôt que chez nous.
    Moi ? Je gagnais ma vie, j’avais un métier plutôt stable. J’avais appris à grandir trop vite. Alors je me contentais de mettre mon salaire de côté, parce que de toute manière, j’étais logée, nourrie et blanchie. Quelle sale profiteuse je faisais !
    Je posai mon regard sur Colton, puis souris automatiquement quand je le vis avec mes élèves. C’était tellement beau, cet âge. Ils l’avaient tout de suite admis dans leur cercle, l’avaient tout de suite placé au centre de leur attention et s’appliquaient à la mission que je leur avais confié.
    « Tu vas voir, tu vas vite t’y faire à la vie ici. C’est reposant. »
    Après tout, on parlait quand même d’un petit village perdu au fin fond du Maine. C’était forcément reposant.
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MessageSujet: Re: I'm just having an allergic reaction to the universe ∞ NORINE&QUINN.   I'm just having an allergic reaction to the universe ∞ NORINE&QUINN. EmptyJeu 1 Nov - 20:06


Il ne fallait pas croire tout ce que Norine pensait. Elle aimait son frère. Elle l'aimait énormément. Ils n'avaient eu que deux ans d'écart, et par conséquent, ils avaient toujours été très proches. Depuis toute petite, il la tirait vers le haut. A dix mois, elle marchait. Pour faire comme son grand frère. A quatorze mois, elle était propre. Pour faire comme son grand frère. A quatre ans, elle voulait aller à l'école. Pour faire comme son grand frère. A sept ans, elle voulait apprendre les fractions, et les avait apprises. Pour faire comme son grand frère. Elle avait calqué sa vie sur lui. Il avait beau être énervant, emmerdant, chiant, râleur, elle l'aimait. Elle l'avait toujours pris comme modèle. Parce qu'il aimait les Beatles, elle avait aimé. Parce qu'il faisait du surf, elle en avait fait aussi. Parce qu'il avait eu sa période baba-cool, elle avait voulu se faire des dreadlocks. Vous voyez le genre. Mais il y avait quand même eu une seule fois où elle n'avait pas voulu l'imiter. C'était quand il s'était engagé, à dix-huit ans. Là, elle s'était jurée de ne jamais faire comme lui. Même si l'armée avait été toute sa vie. Elle était née, et avait grandit sur une base militaire. Forcément, ça infligeait le respect. Forcément, ça forgeait sa vie. Mais pour elle, naitre et grandir sur une base étaient suffisants. Elle n'avait pas envie de mourir là-bas. Elle avait refusé de s'engager lorsqu'on lui avait proposé; même si elle était du genre frêle, Norine était très douée en sport, et avait une capacité d'endurance incroyable. Elle avait décrété qu'elle ferait médecine. Qu'elle verrait après ses études. Maintenant, c'était tout vu. C'était niet. Jamais elle ne remettrait les pieds dans une base. Et jamais, elle ne revivrait avec son frère. Pas après tout ce qui s'était passé.

Le courant entre les deux jeunes femmes passaient bien. Elles riaient, se racontant un peu leurs vies. Elles faisaient connaissance, apprenaient un peu plus chacune sur l'autre, sur la vie ici ou là-bas. Et puis, Norine lui demanda combien elle avait de frères et soeurs. Beaucoup sans doute. Elle imaginait bien quatre ou cinq. De quoi pouvoir jouer au basket ensemble. Maintenant qu'elle discutait de ça avec Quinn, elle imaginait la même sorte de maison que dans la série 7 à la maison. Une maman. Un papa. Sept gosses. Elle ne savait pas non plus pourquoi, mais elle imaginait Quinn avoir la place de Lucy. Un frère et une soeur plus grands. Trois frères et une soeur plus petits. « J’ai deux demi-sœurs, un demi-frère et un frère. Quand je suis née, mes parents en étaient à leur deuxième mariage pour tous les deux. » Raté! Mais si elle comptait bien, ils étaient cinq. Avec les parents, l'image des débuts de 7 à la maison convenait. « Mon petit frère a cinq ans. Les autres ont entre vingt-quatre ans et trente ans, mais il ne faut pas croire, c’est encore pire que les gamins de ma classe… » Ouvrant de grands yeux, Norine observa la jeune fille. Autant de gosses en aussi peu de temps? Wahoo. D'ailleurs, elle ne put s'empêcher de le murmurer dans un souffle. « wahoo ».Bon, ok, il y avait eu remariage, et par conséquent, chacun avait pu faire des gosses à peu près du même âge, mais quand même! Norine n'osait même pas imaginer comment avait pu se passer le moment de l'adolescence. Rien que pour elle et Moran, son frère, son père avait l'impression de vivre sur un champ de guerre. Qu'aurait-il dit si il avait eu deux fois plus de gosses à la maison? Il n'aurait sans doute pas su trouver les mots.. « Mais bon, j’ai été habituée à vivre avec eux. C’est peut-être différent avec ton frère… » Son frère. Elle cessa de sourire un instant. Elle avait été habituée à vivre avec lui. Après qu'ils aient passé le cap de leurs dix-huit ans, une fois qu'il lui eut présenté l'autre meilleur aviateur de sa promo, ils n'avaient pas cessé de passer du temps ensemble. Elle, et lui. Avec eux. Ils étaient comme deux doigts de la main. Ce n'était pas rare que Norine et Rafe dorment sur le canapé chez Moran. Mais maintenant. Il était devenu affreux. Odiot. Ils n'étaient pas capables de rester dans la même pièce sans qu'ils se gueulent dessus. Surtout, sans que Moran ne s'énerve. A cause de sa blessure. A cause de son putain de code d'honneur. « Je pense que si on était ensemble, de nouveau, lui et moi, on finirait par s'entre-tuer » fit-elle, avec un petit sourire. S'entre-tuer c'était bien le mot. Elle imaginait déjà la une du journal Drame à la base militaire chez le colonel Reilly. Les journalistes s'en donneraient à coeur joie. Ils aimaient bien raconter la vie sur une base militaire. Ils aimaient bien, quand il y avait des morts, chercher dans la vie des gens, sans se soucier du mal que ça faisait à leurs proches.

« Mais merci ! Ton canapé me semblera être une solution très tentante, parfois. » Elle sourit de nouveau. De rien. Elle pouvait comprendre qu'un peu de solitude par moment ne lui ferait pas de mal. Elle se voyait mal avec autant de monde autour d'elle. Partager la télé. Partager la salle de bains. Partager l'ordinateur. Partager les tâches ménagères. La poisse. Elle, au moins, elle nettoyait son appartement quand bon lui semblait. Elle regardait la télé quand elle le désirait. « Oh mais de rien! Si ça peut te rendre service! » Surtout après ce qu'elle venait de faire; accepter d'accueillir un gamin qu'elle ne connaissait pas, elle ne pouvait pas refuser. Elle venait de rendre heureuse un de ses patients. Et ça, aux yeux de la jeune interne, ça n'avait pas de prix.
« Tu vas voir, tu vas vite t’y faire à la vie ici. C’est reposant. » Reposant, ça c'était le mot. Norine se mit à rire tout en la regardant. Elle n'avait pas tord du tout. Ici, elle se serait bien vu passer une retraite, bien méritée. C'était l'endroit rêvé. Il ne devait pas y avoir souvent de drames, personne ne devait se faire cambrioler, agresser, ou autre. Les oiseaux chantaient. L'océan rendait le lieu agréable. « J'ai remarqué! » Elle arrêta de rire. Mais, elle gardait toujours ses yeux rieurs. Elle comprenait ceci dit, pourquoi les jeunes partaient d'ici, et que la moyenne d'âge était assez élevée. Elle jeta un rapide coup d'oeil aux gamins, et se pencha vers leur maitresse. Elle parlait bas, préférant murmurer plutôt que de parler haut et fort. Les gamins ne devaient pas entendre ce qu'elle disait. « Dis, il y a des boites de nuit, ici? Je n'en ai pas vu une ! » Ca la surprenait d'ailleurs. Un endroit sans boite de nuit. Elle croyait ça impossible. Du moins, ça, c'était avant de poser ses bagages ici. Jusqu'à maintenant, elle n'avait pas vu un seul endroit qui s'apparentait de près ou de loin à un tel endroit. Qu'il n'y ait pas de sex-shop, elle pouvait le comprendre; les vieux n'avaient pas l'entrain des jeunes. Mais qu'il n'y ait pas de boites de nuit, ça, ça la surprenait! Elle se remit correctement assise sur sa chaise, et tout en riant, dit à la jeune fille. « Ne crois pas que je suis délurée hein! C'est juste que je n'imaginais pas possible un endroit où il n'y en ai pas! »
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MessageSujet: Re: I'm just having an allergic reaction to the universe ∞ NORINE&QUINN.   I'm just having an allergic reaction to the universe ∞ NORINE&QUINN. EmptyLun 5 Nov - 20:42


    I'M JUST HAVING AN ALLERGIC
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    Parler de ma famille. Cela me faisait bizarre de devoir expliquer tous les merveilleux petits détails des Hepburn-Wilde. Après tout, la plupart des habitants vivant ici avaient pu assister aux divers évènements familiaux qui avaient conduit mes parents à se marier ensemble, formant ainsi ma fratrie pour le meilleur – et surtout – le pire. Aucun d’entre eux n’avait eu besoin de plus d’explications. Les ragots étaient toujours allés de bon train, alors cela n’avait été que superflu. Cependant, j’avais beau me plaindre d’eux, je savais que j’avais de la chance. Je savais que ce n’était pas le cas de tout le monde d’être aussi complice que moi avec mes sœurs, que les grands-frères n’étaient peut-être pas tous aussi protecteurs qu’Ethan pouvait l’être vis-à-vis de moi. Après tout, au final, j’étais comme la petite princesse de la maison jusqu’il y a peu. Quand Peter n’était pas encore né, j’étais la petite dernière, donc tout le monde avait toujours fait en sorte pour que mes caprices soient satisfaits. Puis j’avais fini par grandir. Puis toute l’attention qu’on me portait m’avait paru être presque étouffante. Jusque-là, je n’avais jamais réellement envisagé de vivre toute seule afin d’enfin avoir un peu plus d’espace. Cependant, je savais que cela n’allait pas tarder à arriver. Je savais que tôt ou tard, il y allait avoir la goutte d’eau faisant déborder le vase et que, automatiquement, j’allais finir par en avoir marre. Par vouloir partir. Par ne plus supporter quoi que ce dans cette grande maison dans laquelle j’avais toujours vécu.
    C’était pour cela que j’avais tenté de me justifier auprès de Norine ; je lui avais dit que si tout cela me convenait, c’était parce que j’avais été habituée à avoir ce mode de vie et partager mon « intimité » avec autant de personnes. L’admiration se lisait facilement dans ses yeux, mais je me disais que je ne la méritais pas autant que cela… Après tout, la vie avait été plutôt facile, si on omettait quelques épisodes désastreux et quelques détails que je ne voulais même pas mentionner. Je n’avais pas à me plaindre (même si je le faisais volontiers). Certaines familles connaissaient des évènements beaucoup plus dramatiques, avaient des relations beaucoup plus chaotiques que de simples chamailleries pour une histoire de brosse à cheveux…
    « Je pense que si on était ensemble, de nouveau, lui et moi, on finirait par s'entre-tuer »
    Je me mis à rire doucement. Je ne connaissais rien d’elle, je n’avais jamais rencontré son frère et je ne savais rien à propos de leur relation, cependant je me disais qu’elle exagérait peut-être un peu. Elle disait cela, mais elle ne le ferait jamais. Si j’avais tué mes frères et sœurs à chaque fois que j’avais bien pu le dire ou le penser, j’aurais très certainement cent trente meurtres sur la conscience…
    Cependant, je finis quand même par la remercier pour sa proposition. Il était vrai que j’allais très certainement me mettre à rêver de son canapé lorsque mon petit frère finirait par se pointer devant moi avec plein de rouge à lèvre sur la figure. Dans tous les cas, elle me fit comprendre que c’était avec plaisir. Elle était adorable. Je lui confiai que dans tous les cas, elle allait vite se faire à Arrowsic, même si à l’heure actuelle elle avait encore quelques problèmes de repérages. Elle allait s’y faire. Elle n’avait pas tellement le choix… Oh, et puis, c’était une ville tranquille.
    « J'ai remarqué ! »
    Eh oui. J’haussai les épaules d’un air théâtralement désemparé. Tout le monde le remarquait. Arrowsic était chiante comme la pluie. Triste fatalité. Norine jeta un coup d’œil vers les enfants, et j’en fis de même. Colton semblait aller bien, tout le monde aussi. Cela me redonnait un peu confiance en moi. Finalement, cette opération était une véritable réussite.
    Norine se pencha vers moi, comme pour me confier quelque chose. J’en fis de même, comprenant que c’était pour éviter que les oreilles qui trainaient nous entendent.
    « Dis, il y a des boites de nuit, ici ? Je n'en ai pas vu une ! » me demanda-t-elle.
    Norine se redressa, puis continua.
    « Ne crois pas que je suis délurée hein ! C'est juste que je n'imaginais pas possible un endroit où il n'y en ai pas ! »
    « Si tu savais… » commençai-je.
    Boîtes de nuit ? Gné ? Les habitants d’ici ne savaient pas ce que cela voulait dire. Et puis, avec une moyenne d’âge de quatre-vingt ans, ce n’était pas comme si cela était véritablement indispensable. Une mamie avec une canne sur une piste de danse, ce n’était peut-être pas la meilleure des idées, après tout…
    « Non, il n’y en a pas. J’ai toujours dit que cela avait été le drame de toute mon adolescence ! » continuai-je. « Avec mes potes on va au bar quand on décide de sortir et essayer d’avoir une vie de jeunes adultes irresponsables comme il se doit. On se débrouille comme on peut, hein... »
    Devais-je préciser qu’il m’était déjà arrivé à plusieurs reprises d’être interdite de bar ? Non, ce n’était pas si important que cela. C’était de l’autodérision à l’état pure. Cependant, cela devait être si étrange pour Norine ! C’était le genre de choses auxquelles on s’habituait facilement ; je m’étais moi-même faite une raison il y a quelques années quand j’avais compris que non ce n’était pas possible, il n’y aurait très certainement jamais de boîte de nuit à Arrowsic. C’était triste. Mais tant pis.
    « Bienvenue dans village le plus perdu du monde ! »
    Arrowsic. Sweet Arrowsic.
    « J’espère que je ne te déprime pas au point que tu veuilles t’enfuir d’ici à tout prix… » ajoutai-je.
    Sait-on jamais. C’était quand même une vision assez effrayante pour un village du Maine, il fallait le reconnaître.
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MessageSujet: Re: I'm just having an allergic reaction to the universe ∞ NORINE&QUINN.   I'm just having an allergic reaction to the universe ∞ NORINE&QUINN. EmptyJeu 8 Nov - 19:20

Arrowsic n'était certainement pas la ville de la luxure. Les habitants de cette partie du Maine ne savaient peut-être même pas ce que c'était. Eux, ils ne connaissaient que religion, tradition, fidélité, et rien d'autre. Les sex-shop, c'était plus que certain qu'ils ne connaissaient pas. Les vieux du moins; les trois-quart de la population donc. Ils seraient même capable de rentrer dedans, sans se douter une seule seconde de ce qu'ils y trouveraient. Et quand enfin, ils se seraient décidé à prendre quelque chose entre leurs mains, ils se seraient demandé ce que c'était. C'est à mettre dans la salle de bains? Dans la cuisine? A quoi ça sert? Norine les imaginait bien, ces petits patients de quatre-vingt ans -elle n'était pas toujours en pédiatrie-, tenant entre leurs mains ces objets. De les imaginer comme cela, ça la faisait rire. Et si quelqu'un ouvrait un magasin comme cela dans cette ville, nul doute que ce serait ce qui arriverait.
Honolulu était bien différent. Sur tous les points de vue. Là-bas déjà, les gens étaient habillés plus sexy. Il faut bien avouer qu'avec une dizaine de degrés de plus, voire plus, on ne pouvait que s'habiller léger. Et puis, Hawaii, c'était bien connu pour sa danse. Norine savait parfaitement danser la Hula; Rafe l'adorait. Il aimait la voir se déhancher de cette façon, un collier de fleurs autour du cou. Ici, dans le Maine, ils dansaient quoi les gens? La danse du soleil sans doute.. Si Norine faisait une prise de sang à toutes les personnes qui vivaient ici, à Arrowsic, elle était certaine de redonner fortune à l'industrie qui fabriquait la vitamine D..
Toujours est-il que même si Norine ne pensait pas survivre à un endroit sans ambiance et sans soleil, elle n'avait malheureusement pas le choix. C'était soit ça, soit sa carrière de médecin était arrêtée. Avant même d'avoir débuté.. autant dire qu'elle avait vite fait son choix et avait accepté de venir vivre aux pays des esquimaux frigides.

Toujours est-il qu'elle fit part de ses 'inquiétudes' à la maitresse, et que celle-ci ne fit rien pour la rassurer. « Si tu savais… » Et elle s'arrêta là. Net. Ouvrant doucement des grands yeux, Norine commença à se dire que c'était donc vrai; que si elle n'avait jamais trouvé de boite de nuit ici, c'était tout simplement parce qu'il n'y en avait pas. Et pas parce qu'elle était aveugle. Mon dieu! Comment faisaient les gamins pour grandir? C'était étrange de ne pas les voir en culottes-courtes, avec des habits des années 60.. « Non, il n’y en a pas. J’ai toujours dit que cela avait été le drame de toute mon adolescence ! » Là, Norine se mit à rire. Elle comprenait. Jamais elle n'aurait pu imaginer passer son adolescence ailleurs qu'en boite de nuit. Elle s'était éclatée comme jamais; avant de rentrer à l'université bien sûr. Là, c'était tout autre chose.. Elle avait fait sa nonne à partir de là. Plus de sorties -ou rarement-. Plus de bar. Rien. Lever. Fac. Bibliothèque. Fac. Boulot. Dodo. Et le lendemain, on recommençait.. encore et encore. Jusqu'à devenir interne. « Avec mes potes on va au bar quand on décide de sortir et essayer d’avoir une vie de jeunes adultes irresponsables comme il se doit. On se débrouille comme on peut, hein... » En entendant ces mots, Norine ne peut s'empêcher de rire d'avantage. Elle allait vite découvrir cette vie loin de tout fantasme de jeunes. Mais bon. Ne dit-on pas qu'il suffit de se contenter du nécessaire pour vivre heureux? Aller en boite n'était pas le plus important dans une vie. Quoique.. « Bienvenue dans village le plus perdu du monde ! » Welcome home! Souriante, Norine répliqua alors un peu ironique. « Merci!! Ce village a l'air de me plaire! L'ambiance a l'air superbe!»
Norine souriait. Au fond, ça l'importait peu. Oui, elle aurait bien aimé pouvoir se défouler sur une piste de danse. Mais aller danser, c'était souvent être sensuelle, et attirer ainsi les messieurs. Elle ne pouvait pas; elle n'était pas encore prête pour ça. « J’espère que je ne te déprime pas au point que tu veuilles t’enfuir d’ici à tout prix… » Devant cet ajout, elle observa Quinn. Elle semblait et était normale. Comme quoi, on pouvait grandir normalement ici. Sans tare. Sans devenir une Bree Van de Kamp -du début de série-.

« Je n'ai pas le choix là! Je suis séquestrée ici! » lâcha-t-elle alors en la regardant. C'était bien ça. Elle était bien obligée de rester ici.. « J'ai signé pour minimum un an! » Norine mentait. Ca le gênait de dire ça. Surtout à Quinn. Sa gentillesse était incroyable; et mentir à quelqu'un de sympathique était toujours dur. Mais qu'est-ce qu'elle pouvait dire d'autre? Si elle avouait pourquoi elle était ici, nul doute que Quinn la trouverait bizarre. «   Pour tout dire, quand on m'a proposé ce poste, j'ai accepté. Je ne savais même pas où se trouvait cette ville sur le continent. Je n'ai jamais été très douée en géographie.. » Elle s'était précipitée sur son téléphone, dès qu'elle était sortie du bureau du directeur. Après deux-trois recherches, elle avait enfin trouvé où se trouvait cette ville. Et où elle allait passer les prochaines années..« Et au fond, qu'il n'y ait pas de boite de nuit, ce n'est pas plus mal. Tu imagines les papys et les mamies venir danser? Au lieu de se marche sur les pieds, ils se donneraient des coups de canne. Et en prime, ils casseraient leurs dentiers et leurs lunettes en marchant dessus.. » dit-elle en riant.
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MessageSujet: Re: I'm just having an allergic reaction to the universe ∞ NORINE&QUINN.   I'm just having an allergic reaction to the universe ∞ NORINE&QUINN. EmptyDim 11 Nov - 19:02


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    L’avantage d’avoir grandi à Arrowsic était que j’avais vécu toute ma vie avec les mêmes personnes. Bon, d’accord, c’était également un désavantage et une malédiction de temps à autre, mais je ne préférais pas y penser… Voir le positif dans tout cela et me dire qu’au final ce n’est pas si mal que ça, tout ça. Après tout, je les connaissais tous depuis le bac à sable, j’avais été dans mes couches en même temps qu’eux, j’avais passé toute ma scolarité avec quasiment la même classe (à mon grand désespoir, je l’avoue) et j’avais eu ma première fois à propos de tout un tas de choses en même temps que tous ces mêmes gens. C’était… particulier. Comme si on se soutenait tous, comme si on n’était qu’une grande bande dans l’ensemble du village. Comme si nous étions solidaires dans notre malheur d’être nés au beau milieu de nulle part… Oh, certes, il y en avait que je ne pouvais plus voir en peinture et que je ne rêvais que de leur arracher les yeux, mais globalement cela avait été comme vivre dans… Une grande famille. Une famille encore plus grande que ma vraie famille biologique. Nous avions tout fait ensemble. Nous avions été heureux, désabusés, tristes, hystériques. Nous avions eu nos diplômes en même temps, nous nous étions tous fait engueuler (plus d’une fois), nous avions tous bu beaucoup trop et beaucoup trop de fois. J’avais fait mes plus grosses conneries avec mes amis de bac à sable. Nous nous connaissions tous. Certainement beaucoup trop bien, mais encore une fois, nous n’avions pas eu le choix.
    Quand Norine me demanda s’il y avait une boîte de nuit ici, je ne pus m’empêcher de rire… De rire et de me souvenir d’un tas de choses enfouies au fin fond de mon esprit. Norine en fit de même. Des images de mon adolescence me revinrent lorsque je lui répondis que non, Arrowsic n’avait pas de lieux comme cela – principalement parce que la moyenne d’âge devait tourner autour de soixante-dix ans – et que les jeunes étaient condamnés à passer leur temps au bar. Je me trouvai à la fois ridicule et un tout petit peu désespérée. Mais c’était vrai ! Ne pas avoir de boîte dans sa ville était un véritable drame pour une jeune fille de seize ans rêvant de faire le mur pour utiliser de faux papiers et quand même entrer dans ledit lieu. A la place, j’avais été contrainte de passer mes soirées aux côtés des Gavennham et à boire. Bon, d’accord. C’était quand même super bien. Pour rien au monde je ne souhaitais échanger ces moments avec ceux que j’aurais pu hypothétiquement avoir si j’étais née dans un autre endroit. Mais j’aimais me plaindre. Gentiment. J’en profitais pour lui souhaiter la bienvenue dans le village le plus perdu des Etats-Unis.
    « Merci!! Ce village a l'air de me plaire! L'ambiance a l'air superbe!»
    Elle souriait. J’avais deviné le joyeux sarcasme dans ce qu’elle venait de dire, et je ne pus qu’hocher la tête pour faire comme si j’étais parfaitement d’accord. Ambiance superbe. No way. Ou alors, c’était seulement quand je décidais, avec des potes, de mettre un peu d’agitation dans le village dans ma tendre adolescence… Mais passons.
    Je finis par lui dire que j’espérais ne pas lui avoir fait peur ; Arrowsic, vu sous cet angle, pouvait faire fuir beaucoup, beaucoup de gens. Enfin, surtout les jeunes, à la réflexion.
    « Je n'ai pas le choix là! Je suis séquestrée ici! » me répondit-elle alors que je lui lançai un regard interrogateur. « J'ai signé pour minimum un an! »
    La pauvre. Ce fût tout ce que je réussis à penser à cet instant.
    « Je te souhaite tout le courage du monde pour cette année… Tu vas avoir l’impression de prendre trente ans d’un coup tellement la vie ici est mouvementée. »
    Je levai les yeux au ciel en souriant. Bah. Je taquinais mon village, mais au fond, je l’aimais bien… Au plus profond de moi. Très, très, très profond.
    Norine n’avait vraiment pas su à quoi s’attendre, en tout cas, en s’embarquant ici ! Je notai cela dans un coin de ma tête : ne jamais signer un contrat sans avoir vérifié à quoi cela m’engageait. Si un jour cela venait à m’arriver, je ne voulais absolument pas me retrouver dans un Arrowsic bis…
    « Pour tout dire, quand on m'a proposé ce poste, j'ai accepté. Je ne savais même pas où se trouvait cette ville sur le continent. Je n'ai jamais été très douée en géographie... »
    Classique. A vrai dire, j’aurais quand même été méfiante à sa place.
    « Ce n’est pas une question d’être douée ou non en géographie, là, tu sais. Arrowsic est si inconnue des autres personnes que même les villages d’à côté ne doivent pas avoir conscience de notre existence… »
    C’était dit. Mais le pire dans tout cela, c’était que c’était très certainement vrai. J’étais persuadée que les habitants des environs ne devaient pas bien connaître l’endroit, ne devaient même pas faire attention à nous. Si, seulement pour le phare peut-être. Ou quand ils venaient se balader dans la forêt. Peu importe. C’était un endroit perdu.
    Pauvre Norine. J’étais habituée à tout cela, mais elle qui venait d’Hawaii, cela devait être le choc des cultures. Pire que cela, même. Une apocalypse personnelle. (Au moins.)
    « Et au fond, qu'il n'y ait pas de boite de nuit, ce n'est pas plus mal. Tu imagines les papys et les mamies venir danser? Au lieu de se marche sur les pieds, ils se donneraient des coups de canne. Et en prime, ils casseraient leurs dentiers et leurs lunettes en marchant dessus… »
    J’éclatai de rire. Littéralement. Certains de mes élèves se retournèrent vers moi pour me lancer un regard interrogateur, et même Colton fût interrompu dans ce qu’il faisait pour nous observer, toutes les deux, occupées à bavarder depuis tout à l’heure. En riant de la sorte, je leur avais rappelé que nous existions. Je leur fis un signe pour qu’ils reprennent ce qu’ils étaient en train de faire, et je me tournai une nouvelle fois vers Norine.
    « Je viens d’avoir une vision d’horreur, merci Norine. » finis-je par dire. « Non mais t’imagines surtout la boîte de nuit en question ? Avec de la valse en guise de musique. Oh pitié, non. Je préfère encore ne pas avoir de boîte tout court. »
    Quitte à choisir… Je fis mine de tressaillir face aux images pouvant me venir dans mon esprit en imaginant tout cela.
    « Ca devait être une décision stratégique du maire, après tout. J’ai pas à me plaindre. Finalement, le bar c’est pas si terrible que ça… »
    Mon esprit vola de nouveau vers les boîtes de nuit pour vieux, et j’étouffai un rire. Voilà qu’elle allait me prendre pour une folle pour me marrer toute seule dans mon coin. Mais bon. Pour l’instant elle n’avait pas encore fui l’école, c’était plutôt bon signe.
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MessageSujet: Re: I'm just having an allergic reaction to the universe ∞ NORINE&QUINN.   I'm just having an allergic reaction to the universe ∞ NORINE&QUINN. EmptySam 17 Nov - 19:27

La vie à la campagne était bien différente de la vie à la ville. Depuis la nuit des temps, c'était comme ça. Il suffit même de regarder La petite maison dans la prairie pour se rendre compte que déjà, en 1850, c'était comme ça. Ce sont deux modes de vie totalement différents. Les uns passent leur samedi à compter les vaches présentes dans les prés, tandis que les autres passent leurs week-end à boire et à danser dans des boites de nuit toutes plus sélec' les unes que les autres. Norine avait grandit à Hawaii, loin de ce village du Maine où les mots 'boites de nuit' étaient vraisemblablement inconnus. Et encore, elle n'avait pas grandit à Hawaii même. Elle ne faisait pas partie de ces gens qui pouvaient sortir chaque soir, chaque nuit, et qui s'amusaient comme pas possibles jusqu'à point d'heure. Elle avait grandi dans un autre monde que celui-là. Elle avait grandi dans une base militaire. Ca changeait tout. Même si la base ne se trouvait pas très loin d'Honolulu même. Là-bas, quand on vit en communauté, avec autour de nous que des militaires, l'armée joue un grand rôle. Le règlement est assez strict. Il faut que la pelouse soit impeccable. Il faut que la maison ne soit pas délabrée. Il ne faut pas faire trop de bruits pour ne pas ennuyer les voisins. Et il faut avoir un comportement responsable. Surtout quand on est femme de , ou enfant de. Ce qui était le cas de Norine. Son père était haut-placé. Ils vivaient dans une grande maison, au sein même de la base. Il était hors de question pour elle de passer toutes ces soirées en dehors de la base. Elle le faisait quand même, quand elle le pouvait. Prétextant un devoir à faire chez une amie dont les parents n'étaient pas militaires. Et hop, elle était libre, et pouvait se faufiler dans une boite de nuit. C'était facile de faire ça, et rarement, elle s'était fait prendre. Comme tout le monde à la base devait suivre le règlement, elle ne croisait jamais quelqu'un de là-bas. Et si jamais elle découvrait quelqu'un, chacun se taisait, pour ne pas s'attirer d'ennuis.
Donc Norine n'avait pas passer toutes ces soirées à faire la fête. Du moins, pas autant que certaines de ces amies -qu'elle enviait à l'époque-. Mais elle n'imaginait pas passer une adolescence sans boite de nuit, lieu culte à ses yeux. C'était là-bas qu'elle avait embrassé son premier petit ami. Ce n'était pas n'importe quel garçon, rassurez-vous, c'était un de ses amis du lycée, qui lui tournait autour. Plutôt que de s'embrasser dans les toilettes de leur école, ils avaient préféré le faire à côté des WC de la boite. Plus discrets dans le monde. Et tout aussi peu glamour.

Lorsque Norine lui raconta qu'elle était séquestrée ici après avoir signé pour un an minimum -oh la menteuse-. « Je te souhaite tout le courage du monde pour cette année… Tu vas avoir l’impression de prendre trente ans d’un coup tellement la vie ici est mouvementée. » Trente ans d'un coup? Ouvrant de larges yeux, Norine s'imagina déjà. Elle, avec ces beaux cheveux bruns, légèrement ondulés, sa peau de bébé. Et elle, plus tard, les cheveux grisonnant, le regard triste, des pattes d'oie aux coins des yeux, et des rides sur le visage ! Ah nan ! Elle n'espérait pas prendre trente ans en quelques années. Vous imaginez le drame? Ressembler à une vieille aussi jeune? Là, si elle avait choix, elle irait prendre ses jambes à son cou. « C'est décidé, je fuis tant qu'il en est encore tant!! » dit-elle, riant doucement.
Puis, elle lui annonça qu'elle avait signé sans savoir vraiment où se trouvait Arrowsic. Pour dire vrai, on lui avait dit que c'était dans le Maine. Oui, mais voilà.. Elle n'avait aucune idée d'où se trouvait cet état. Elle l'imaginait quelque part près de la Floride.. Au moins, elle ne s'était pas trompée de côté de l'Amérique.. Pour dire vrai, sans le savoir, elle avait été catapulté dans l'état le plus éloigné d'Hawaii. « Ce n’est pas une question d’être douée ou non en géographie, là, tu sais. Arrowsic est si inconnue des autres personnes que même les villages d’à côté ne doivent pas avoir conscience de notre existence… » Aussi! Nul doute que les villageois des alentours ne connaissaient pas forcément Arrowsic. Quoique.. Il y avait quand même un hopital! Ce n'était pas si petit.. Même si ça l'était..
Enfin, Norine dit à voix haute ce qu'elle imaginait. Les vieux sur une piste de danser à danser dans une salle bondée. Quinn se mit à rire, bientôt imitée par Norine. Les gamins se retournèrent même vers elles, et Colton dont on ne voyait que les yeux les interrogeait du regard. Ils devaient les prendre pour des folles. Elles, les grandes qui riaient comme des gamins. Incapable de se calmer, riant encore plus en voyant les têtes éberluées des petits, Norine fut bien heureuse de voir Quinn bouger la main. Pour leur dire de reprendre là où ils en étaient. Sans se soucier d'elles. « Je viens d’avoir une vision d’horreur, merci Norine. » Entre deux rires, l'hawaiienne balança un « de rien » qui en disait long. « Non mais t’imagines surtout la boîte de nuit en question ? Avec de la valse en guise de musique. Oh pitié, non. Je préfère encore ne pas avoir de boîte tout court. » Une boite avec de la valse. Et des slow de dans le temps évidemment. Histoire que les papys et les mamies puissent bouger à leurs guises sans que leurs rhumatismes ne les gênent.
« Ca devait être une décision stratégique du maire, après tout. J’ai pas à me plaindre. Finalement, le bar c’est pas si terrible que ça… » Là, Norine ne put s'empêcher de sourire encore plus. Ouais, finalement, le bar, c'était déjà pas mal. Elle vit Quinn étouffer un rire de nouveau, et elle-même du en faire autant. Elle imaginait très bien ce qui se passait dans le cerveau de la jeune femme. Et bien qu'elle pourrait la prendre pour une folle, ce n'était pas du tout le cas. Elles se ressemblaient après tout.

« Le maire veut juste éviter d'effrayer les jeunes. En fait, faut pas croire mais sa politique n'est pas forcément pour les petits vieux, il essaye en fait de protéger les jeunes. » Elle sourit alors. C'était un moyen comme un autre de ne pas traumatiser la génération future non? Balayant alors la salle, la jeune femme fut surprise d'entendre un gamin dire ces quelques mots. « la maitresse et Norine, elles rigolent.. Tu crois que c'est pourquoi? » Amusée de les entendre dire ça, Norine eut du mal à réprimer un sourire. Les gamins étaient incroyables; dès que quelque chose sortait de l'ordinaire, ils le remarquaient. Non pas que Quinn ne devait jamais rire, mais là, elle riait avec une grande personne. C'était différent à leurs yeux. Ca attirait leur curiosité, et ce fut bien dommage que Norine n'entendit pas la réponse de l'autre gamin. Sans doute une connerie. Car ce fut à leurs tours de rigoler.
Se retournant alors vers la maitresse, Norine murmura en riant. « Je crois que tu vas en entendre parler pendant un moment.. »
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MessageSujet: Re: I'm just having an allergic reaction to the universe ∞ NORINE&QUINN.   I'm just having an allergic reaction to the universe ∞ NORINE&QUINN. EmptyJeu 22 Nov - 19:11


    I'M JUST HAVING AN ALLERGIC
    REACTION TO THE UNIVERSE
    NORINE&QUINN

    Cela me changeait les idées de rire des grands-parents qui auraient pu, hypothétiquement, aller en boîte de nuit s’il y en avait eu une à Arrowsic. Cela me changeait les idées de constater que Norine avait définitivement le même humour que moi, et qu’au final je n’étais pas non plus toute seule dans mon fou-rire incontrôlable qui me donnait presque les larmes aux yeux. Ça me changeait véritablement les idées. J’avais toujours eu l’habitude me lamenter sur mon sort et de toujours espérer avec mes différents amis l’arrivée prochaine d’une boîte de nuit dans le petit village – doux fantasme complètement dérisoire mais j’avais été adolescente comme tout le monde (et je connaissais encore quelques séquelles) – mais maintenant que j’y pensais, cela aurait véritablement été un véritable massacre. Une sorte de fight club opposant les jeunes (nous) et les vieux (les autres). Merci Norine ! Tu m’as définitivement ouvert les yeux. En réalité, s’abstenir de construire un endroit comme celui-ci avait été un vrai cadeau de la part du maire ; et au final, nous n’avions été qu’une bande de râleurs, incapables d’ouvrir les yeux et de constater que oui, il valait mieux pour notre peau d’aller dans les bars sans avoir à affronter les vieux en train de danser comme des jeunes de vingt ans, la souplesse en moins et les rides en plus.
    Damn. C’était vraiment une vision d’horreur. Je secouai la tête, toujours hilare, comme si cela pouvait m’aider à effacer toute trace de ces affreuses idées. Peine perdue. J’étais bien partie pour en rigoler encore dans une dizaine de minutes, chaque image montée de toutes pièces par mon imagination gravée dans mon cerveau, les paroles de Norine résonnant dans mon crâne jusqu’à je finisse par les connaître par cœur.
    « Le maire veut juste éviter d'effrayer les jeunes. En fait, faut pas croire mais sa politique n'est pas forcément pour les petits vieux, il essaye en fait de protéger les jeunes. » ajouta alors Norine, alors que je mentionnais les stratégies politiques de celui-ci.
    J’hochai la tête comme si c’était la chose la plus évidente du monde. Bien entendu qu’il fallait protéger les jeunes ! Il ne manquait plus qu’on devienne tous aveugle à cause des visions d’horreur qu’aurait pu nous inspirer les boîtes de nuit peuplées de vieux. De plus, j’étais persuadée que mes parents auraient été capables de nous y emmener avec mes frères et sœurs en guise de sortie familiale. Et ça, honnêtement, ça aurait été le plus grand drame de toute mon adolescence. Encore pire que le fait de ne pas avoir de boîte de nuit tout court.
    Après, je finis par me dire qu’il aurait également pu faire deux salles : une pour les plus de quatre-vingt ans, avec du Beethoven en guise de musique et des dentiers pour les boules à facette, et une pour les jeunes en véritable piste de danse de boîte de nuit. Mouais. Cela aurait été bien trop casse-tête pour seulement une minorité (râleuse) de la population.
    « Merveilleuse idée de sa part. Il faut préserver la jeunesse saine et sauve, après tout, on est le futur de ce village perdu au milieu de nulle part. » soupirai-je, théâtral. « Ça aurait été bête qu’on soit tous traumatisé psychologiquement à cause de ce qu’on aurait pu voir dans une boîte de nuit… »
    Mais il fallait se l’avouer, j’étais déjà bien atteinte. Boîte de nuit ou pas boîte de nuit, vision d’horreur ou pas vision d’horreur. La jeunesse était déjà foutue à Arrowsic, mais bon, autant sauvegarder les apparences. Enfin, essayer de le faire. Chose qui relevait presque, dorénavant, de l’impossible, après tout ce que j’avais bien pu lui raconter à propos de moi et d’ici.
    Pauvre Norine. Elle n’avait vraiment pas su où elle avait mis les pieds.
    Les enfants avaient fini par se rendre compte que nous riions ensemble, et avaient même fini par nous regarder avec de grands yeux intrigués. Leur faisant d’abord un geste de la main pour qu’ils retournent à leur occupation, je me rendis bien vite compte que c’était un geste vain.
    « La maitresse et Norine, elles rigolent... Tu crois que c'est pourquoi? »
    Je levai les yeux au ciel, amusée, ne cherchant même pas à entendre les réponses qu’il y allait bien pouvoir avoir. Quelle bande de curieux ! Mais cela les rendait adorables. Si seulement ils savaient. Dire que dans quelques années cela allait être à leur tour de se faire les mêmes remarques à propos des boîtes de nuit…
    Cela ne la rajeunissait pas. Pour peu, elle se sentirait presque vieille.
    « Je crois que tu vas en entendre parler pendant un moment.. » chuchota alors Norine à mon intention.
    Mes rires rejoignirent les siens. Si seulement elle savait…
    « A qui le dis-tu ! »
    Je commençais ma troisième année d’enseignement, puisque j’avais décroché mon diplôme à l’âge de vingt ans – parécoce jusqu’au bout dirons-nous – et j’étais presque déjà mythe au niveau de l’école primaire. J’entendais encore, parfois, les élèves parler de ma chute phénoménal un après-midi de mars dernier, alors que je m’étais pris les pieds dans un cartable… Donc, oui, le « la maîtresse rigole avec l’assistante de Colton » allait très certainement faire parler de lui ;
    C’était étrange d’être comme une star de cinéma. Sauf que c’était à l’échelle d’une classe… Mais j’avais quand même ma petite popularité.
    « Mine de rien, ce sont des vraies commères. » ajoutai-je. « Dès qu’ils ont une ‘info’ ils se sentent obligés de la raconter à tout le monde ! C’est mignon. Tu m’étonnes qu’après il y ait des personnes comme Rumor Has It qui font des blogs sur les potins d’une communauté. »
    J’eus un léger sourire, même si au fond Rumor Has It ne m’inspirait pas que du bon. Je ne l’aimais pas. Elle n’avait jamais été vraiment méchante à propos de moi – Dieu merci elle n’avait jamais découvert quoi que ce soit à propos de Lenny et moi – mais… Je trouvais cela presque malsain.
    Après, j’étais peut-être vieux jeu. Quand je disais qu’Arrowsic avait le don de faire vieillir avant l’âge !
    « Tu verras, ce soir Colton aura plein d’histoires à te raconter à propos de moi parce que tous les autres ont dû s’empresser de raconter les plus gros dossiers… »
    Et Dieu savait qu’il y en avait, des gros dossiers.
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MessageSujet: Re: I'm just having an allergic reaction to the universe ∞ NORINE&QUINN.   I'm just having an allergic reaction to the universe ∞ NORINE&QUINN. EmptySam 24 Nov - 13:41

Souvent dans les petites villes où l'âge moyen de la population tournait autour des soixante ans, le maire faisait en sorte de garder sa population à la retraite bien au chaud. Ils étaient choyés. Coocoonés. Norine n'était pas là depuis bien longtemps, mais elle imaginait très bien le Maire faire un repas, chaque année, avec tous les anciens. Après tout, chaque année, à la base militaire d'Hawaii, il y en avait une. Le capitaine, caporal, et tous les autres gradés de la base faisaient en sorte de réunir tous les anciens qui avaient dû, quitter la base. Ca allait des personnes allant de quarante à quatre-vingt dix ans. Chaque personne était heureuse de se retrouver, entre anciens. Ils se retrouvaient, discutaient ensemble, parlaient de leurs vies 'hors-base', se racontaient des souvenirs, se souvenaient de tel ou tel camarade, perdu de vue, ou mort en exercice. Ca leur faisait du bien, ils revoyaient ceux qui avaient partagé leur vie, et en même temps, ils se disaient que leur deuxième vie, loin de la caserne militaire n'était pas mal non plus. Alors, Norine imaginait bien le Maire d'Arrowsic faire ça avec tout les anciens de la ville. Quitte à élire le vieux le plus âgé. Celui-ci mangerait à ses côtés. Le Maire s'ennuierait profondément car de toute façon, comme on dit, les vieux deviennent sourds comme des pots. Le Maire sortirait sans doute de ce repas, avec un mal de tête incroyable dû au brouhaha des personnes âgées, mais ravi d'avoir fait une bonne action. Ravi d'avoir sorti un peu ces personnes que le silence tuait petit à petit.
Mais ceci dit, à Arrowsic, il y avait quelques autres personnes, notamment des jeunes. Si il faisait une boite de nuit, nul doute que les petits vieux seraient vexés, seraient énervés par le bruit qu'engendrerait la boite de nuit. Parce que oui, les vieux n'entendent pas ce qu'ils ne veulent pas entendre, mais entendent toujours ce qu'ils veulent entendre. C'était comme ça. Vous leur disez vous conduisez trop à gauche, ils ne l'entendent pas. Par contre, si vous leur dites ce jeune vous a doublé à un endroit dangereux, nul doute que là, ils vous répondraient, énervés, que ce jeune est un connard. Ca, oui, ils l'entendaient. Alors, si jamais il y avait eu une boite de nuit à Arrowsic, ça aurait été le drame des vieux. Ils auraient été capable de venir y faire un tour, et d'aller y danser. Alors, peut-être était-ce finalement une stratégie du maire pour éviter une guerre des âges dans sa ville.. « Merveilleuse idée de sa part. Il faut préserver la jeunesse saine et sauve, après tout, on est le futur de ce village perdu au milieu de nulle part. » Elle exagérait. Elle serait bonne pour faire du théâtre d'ailleurs. En l'entendant user de phrases théatrales, Norine ne put s'empêcher de rire. « Ça aurait été bête qu’on soit tous traumatisé psychologiquement à cause de ce qu’on aurait pu voir dans une boîte de nuit… »

Ouais, ça aurait été bête! C'est à ce moment-là que les gamins, voyant que leur maitresse et Norine riaient ensemble, se posèrent des questions. A les voir aussi curieux, Norine ne put s'empêcher de sourire. Un gamin, c'était mignon, car ça découvrait le monde. Même à l'hosto, ils la faisaient bien rire. Elle se souvenait d'un petit de trois ans à qui elle avait du faire une prise de sang. C'était sa première fois pour lui, et en voyant le truc rouge sortir de son bras, il avait fait les gros yeux et lui avait dit c'est quoi ça?. Elle avait eu du mal à répondre -aller expliquer à un gamin ce qu'était du sang, et surtout aller expliquer pourquoi il en avait-. En somme, c'était assez mignon.
Norine observa les autres enfants, rappelant à Quinn qu'elle allait en entendre parler pendant un petit moment. Elle se mit alors à rire. « A qui le dis-tu ! » Elle ne savait pas vraiment pourquoi, mais elle avait l'impression que Quinn avait derrière elle une sacrée réputation.. Peut-être était-ce parce qu'elle riait facilement. Les gens qui sourient tout le temps, et rient assez facilement sont des gens incroyables. Un rien dans leur vie les amuse. Et c'est cent fois plus agréables que d'avoir quelqu'un qui fait la gueule tout le temps. Les magasines de filles le disent d'ailleurs; les hommes aiment les femmes souriantes. « Mine de rien, ce sont des vraies commères. » ouais, elle n'avait pas tord. Ils étaient capables de raconter tout en long, en large et en travers. « Dès qu’ils ont une ‘info’ ils se sentent obligés de la raconter à tout le monde ! C’est mignon. Tu m’étonnes qu’après il y ait des personnes comme Rumor Has It qui font des blogs sur les potins d’une communauté. »
Elle eut un sourire. Norine eut du mal à garder le sien. Rumor Has It. Elle n'était pas depuis longtemps à Arrowsic que déjà, elle était notée dans ce blog. RHI l'avait détruite. Quand elle était arrivée à l'hôpital, les gens l'avaient regardé bizarrement. A tel point que Norine s'était demandée si elle n'avait pas du sang sur son front. Mais nan. Une interne avec qui elle était pas mal en concurrence s'était alors approchée d'elle, avec un grand sourire, en lui foutant son téléphone portable sous le nez pour qu'elle lise le blog de RHI. c'est faux. Elle l'avait dit, elle l'avait presque hurler pour que tout le monde l'entende. Puis, elle s'était enfuie. Elle avait pleuré ce jour-là. Elle avait même casé un casier dans les vestiaires en foutant un coup de pied dedans. « J'aimerais bien savoir c'est qui ce fou qui fait ça.. » ou cette folle. Parce que sérieusement, si cette personne était en face de Norine, nul doute que l'interne ferait en sorte de l'enfermer dans une unité psychiatrique. Démonter la vie des gens de cette façon ne se faisait pas. Cette personne n'était pas nette dans sa tête! « Tu verras, ce soir Colton aura plein d’histoires à te raconter à propos de moi parce que tous les autres ont dû s’empresser de raconter les plus gros dossiers… »
Là, Norine retrouva son sourire. Elle fit de gros yeux à la jeune fille et l'observa un instant. « Des gros dossiers? » Elle se mit à rire alors, se rappelant que Colton avait de quoi raconter aussi. Là, elle se mit à grimacer. Elle avait complètement oublié cette histoire. Jusqu'à maintenant. « ceci dit, Colton a quelque chose a raconté aussi.. Un jour, j'ai cassé sa prise de sang, à ses pieds. Je te dis pas comment j'étais ennuyée; il fallait que je le repique. Et lui, plutôt que de pleurer, il a rit. » Elle sourit en repensant à cette scène. Elle, bien ennuyée. Lui, riant aux éclats. Il n'a rien dit quand elle l'avait repiqué une deuxième fois. « Il est incroyable ce gamin. Il n'a rien dit quand j'ai du lui refaire une nouvelle prise de sang. »
C'est à ce moment-là même qu'une horde de gamins revint en classe. Mon Dieu.. Norine ne savait pas comment Quinn faisait pour les supporter. Ils couraient, riaient, parlaient, jouaient, bavardaient.. L'ange du calme s'était envolé. La terreur était revenue. Colton regardait autour de lui les autres enfants avec envie. Il semblait lui aussi aux anges. Une dame fit irruption dans la classe. Elle était un peu plus âgée qu'elles. Elle souriait aussi. « Quinn, je te ramène ta classe. » Voyant alors Norine présente ici, elle ajouta aussitôt. « Bonjour! » Norine lui fit un petit sourire et la salua à son tour.

La fin de la récréation avait sonné. Les gamins qui étaient sortis venaient de rentrer. Jetant un coup d'oeil autour d'elle, Norine se crut dans une fourmilière. Les petites fourmis se remirent alors assises, continuant de discuter pour la plupart. Certains dégoulinaient de transpiration. A croire qu'ils avaient couru un marathon. D'autres, surtout les filles, semblaient plus calmes. D'ailleurs une d'entre elle fit sourire Norine lorsqu'elle la vit observer un de ses camarades. Elle en bavait pour le petit brun apparemment. Se retournant alors vers Quinn, Norine lui fit un petit sourire, avant de se relever. « Bon, bah, c'est reparti! »
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MessageSujet: Re: I'm just having an allergic reaction to the universe ∞ NORINE&QUINN.   I'm just having an allergic reaction to the universe ∞ NORINE&QUINN. EmptySam 24 Nov - 23:32


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    REACTION TO THE UNIVERSE
    NORINE&QUINN

    Je n’avais pas réellement fait attention avant que Norine ne me le fasse remarquer, cependant, les enfants nous écoutaient, nous regardaient. Cela avait été si facile de les oublier en l’espace d’un instant ! J’avais toujours gardé un œil sur eux, mais mon cerveau avait préféré oublier le fait qu’ils pouvaient nous écouter, nous voir rire. De toute évidence, ils n’avaient pas entendu ce que nous nous étions dit. Fort heureusement. Cependant, nos rires avaient directement attirés leurs commérages, leurs questions et leurs réponses farfelues. Cela avait toujours été comme ça avec eux ; j’avais fini par m’y faire. Je n’avais pas eu le choix. Dès que je faisais quelque chose comme une grande, dès que je repartais de l’école primaire avec un ami, j’étais sûre d’en entendre parler pendant des jours. Combien de fois avaient-ils seulement évoqué le fait que je sois peut-être mariée ? A les entendre, j’avais épousé tous mes potes hommes. Ils étaient incorrigibles.
    Mais, au fond, je ne faisais pas partie de ces personnes qui s’inquiétaient pour un rien. Je ne faisais pas partie de ces personnes qui accordaient une importance à l’image qu’elles pouvaient renvoyer d’elles. Je me fichais bien de ce que les gens pouvaient dire sur moi ; je n’en avais rien à faire des ragots à mon sujet, de ce que les autres pensaient de moi. J’avais mon jardin secret, certes, mais j’étais détachée de tout ce qui se passait autour de moi. J’avais peut-être un regard critique, je ne sais pas. Tout ce que je pouvais affirmer était que j’étais bien plus heureuse comme cela… Et que seules les personnes qui comptaient vraiment savaient la vérité. Et ça m’allait. Ça me convenait. Ça me suffisait.
    J’évoquais donc le côté Gossip Girl de mes petits bouts, en profitant pour mentionner Rumor Has It qui, au fond, n’était qu’une commère de plus grande envergure, une version méchante et presque malsaine de la cours de récréation. Aussitôt, le visage de Norine s’assombrit. Elle n’était pas passée entre les mailles du filet ! Personne n’avait réussi. J’avais eu mon compte en rumeurs, mais tant qu’elles ne touchaient pas Lenny, je m’en fichais pas mal. Surtout que, au final, l’image qu’elle donnait de moi était plutôt dérisoire. Mademoiselle sage, quelque chose dans ce goût-là. Bah.
    « J'aimerais bien savoir c'est qui ce fou qui fait ça.. »
    J’haussai les épaules, ne sachant pas quoi lui répondre. J’avais envie de savoir, moi aussi. Tout le monde avait envie de savoir. Cependant, c’était comme essayer d’attraper de la fumée avec les mains… Un coup dans le vide, une perte de temps.
    J’enchainai donc sur autre chose, sentant que le sujet n’était pas forcément ce qu’il y avait de mieux. Je lui confiai que, ce soir, Colton aurait énormément de choses à lui raconter à propos de moi. J’avais l’impression d’être une légende. Cela me faisait rire. Après tout, j’avais toujours fait les choses à ma façon…
    « Des gros dossiers ? »
    J’hochai la tête avec instance pour lui appuyer sa question. Norine se mit à rire, amusée. Si seulement elle savait. Elle allait en entendre des belles entre mes diverses chutes ou mes ateliers peintures qui viraient au drame artistique.
    « Ceci dit, Colton a quelque chose a raconté aussi.. Un jour, j'ai cassé sa prise de sang, à ses pieds. Je te dis pas comment j'étais ennuyée; il fallait que je le repique. Et lui, plutôt que de pleurer, il a ri. » me confia-t-elle, alors que j’haussai un sourcil sous la surprise. « Il est incroyable ce gamin. Il n'a rien dit quand j'ai dû lui refaire une nouvelle prise de sang. »
    Je restai presque perplexe.
    « Sérieusement ? » demandai-je.
    C’était idiot, comme intervention, cependant, c’était aussi incroyable. Généralement, un enfant faisait une comédie d’enfer pour une prise de sang, alors pour deux… Cependant, lorsque mon regard se posa sur le petit Colton et ses étoiles dans les yeux, je me dis que quelque part cela ne devait pas m’étonner. Il était heureux de vivre, ce gamin. Il était heureux de profiter de chaque minute comme si c’était la dernière. Il avait eu un rêve, et cela avait été d’aller à l’école. Il riait parce que celle qui s’occupait de lui avait cassé le flacon contenant le sang qu’elle lui avait prélevé, la contraignant ainsi de refaire une prise. Au final, c’était peut-être le plus heureux d’entre nous.
    « Tu me diras, ton expression déconfite devait être amusante à voir. » fis-je remarquer, presque taquine. « C’est parce qu’il est courageux. Il a déjà vu pire. »
    Oh que oui, il avait déjà dû voir bien pire.
    Je n’eus pas le temps de rajouter quoi que ce soit d’autre. Aussitôt, mes élèves rentrèrent en classe dans un joyeux bordel, parlant et riant, faisant bien plus de bruit que nécessaire et la mine presque désespérée de devoir reprendre le cours d’arithmétique. Everleigh, l’institutrice des huit-neuf ans, passa sa tête dans l’encadrement de la porte en me faisant un petit signe.
    « Quinn, je te ramène ta classe. » me lança-t-elle, avant de se tourner vers Norine. « Bonjour ! »
    Norine répondit à sa salutation, et j’adressai un sourire à Everleigh.
    « Merci beaucoup ! »
    Puis elle disparut dans le flot continu d’élèves. Je tournai la tête vers Norine en me levant, et j’eus un sourire en la voyant presque impressionné. Certes. C’était quelque chose quand les gamins revenaient de récréation. Aussitôt, l’atelier autour de Colton finit par se disperser et je remerciai d’un signe de tête les élèves qui y avaient participé, notant soigneusement dans un coin de ma tête que j’aurais très certainement à leur donner un bon point supplémentaire pour leur aide. Je me levai, puis me tournait vers Norine.
    « Bon, bah, c'est reparti ! »
    J’acquiesçai.
    « C’est reparti. »
    Je me frayai un chemin vers le tableau, puis me tournai vers ma classe, un sourire au bout des lèvres. Peu à peu, les discussions finirent par se tarir, et les élèves levèrent leur tête vers moi après avoir installé leurs affaires. Je regardai successivement Norine, puis Colton, puis l’ensemble de mes élèves.
    Je me plaignais souvent des gamins, de mon boulot, du fait qu’ils me rendaient folle. Cependant, les enfants comme Colton me donnaient envie de continuer. Ils m’aidaient à me rendre compte que j’aimais mon métier. Puis, il y avait les personnes comme Norine qui me permettaient de me dire qu’au final la chose la plus importante dans une vie est d’être heureux.

    (sujet terminé)
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