Rouge. Rose. Blanche. Noire. Dorée. Je ne savais plus vraiment où mettre la tête. Je ne portais que très rarement des robes. Je ne me trouvais pas jolie là-dedans. Je me sentais grosse. Mais, j’en avais des tonnes dans mon armoire. Pourquoi ? Parce que Kai m’en faisait acheter plein. Et que ma mère, de l’époque où je vivais encore chez elle m’en offrait par millier. Du coup, maintenant qu’il fallait que j’en choisisse une c’était l’horreur. Bon aller. J’optais pour l’argentée. Comment ça elle n’était pas dans la liste ? Oui normal c’était celle qui était dans ma main. Elle n’était pas super discrète c’est vrai. Mais elle était belle. Et c’était celle que je voulais mettre aujourd’hui. Qu’est-ce que je faisais de particulier pour mettre une robe de soirée ? Eh bien j’avais un dîner. Pas avec Mattia. Même si ça aurait été chou. Pas avec Ash ou mon père non plus. Et tant mieux. Non, c’était avec Aaron.

Aaron, c’était un mec cool. Qui avait fallu me renverser… ouais bon, c’était un mal pour un bien. J’étais contente de l’avoir rencontré. Et avec cet évènement, il s’était mis en tête de se faire pardonner en m’offrant un dîner. J’avais fini par accepter. Parce que bon, ce n’était pas vraiment une idée qui me déplaisait. Et sur le coup, oui, j’avais pensé que c’était des paroles en l’air. Mais visiblement, ce n’était pas le genre de ce bel indien puisque je le rejoignais ce soir.

Bref, je fermais ma robe et sortais de ma chambre. Je prenais ma paire de talon. C’était rare que je les mette eux aussi. Mais avec une robe c’était préférable. Surtout qu’elle était loin d’être longue. Et donc, des converses, ça ferait tâche. « Ash !!!! Le diner est dans le frigo y en a assez pour Mattia et toi, il suffit de réchauffer aux micro-ondes !!! Ne crame pas la baraque ! ». J’entendais un Ok vite fait. Je fermais donc la porte, concluant qu’il avait entendu. Parce que oui, je n’allais pas les laisser mourir de faim. Ni bouffer encore une pizza. Ou quelconque plat à emporter.

Je me dirigeais jusqu’au parc. Tachant vraiment de ne pas me perdre. Mais sérieusement c’était compliqué. Je me perdais de jour. Alors de nuit ? C’était une blague quand même. J’étais là depuis mes dix-huit ans. Et aller d’un bout à l’autre de la ville c’était le parcours du combattant. J’y arrivais toujours. Mais, la question de temps était plus ou moins longue.

En me voyant arriver, Aaron se leva de la balançoire sur laquelle il m’attendait. Il me tendit sa main, que j’attrapais. « - Welcome, Ella Ji, welcome. ». Il avait la classe habillé comme il l’était. Et même si je ne comprenais pas l’indien, j’imagine que c’était un mot mignon. Après tout, je le voyais mal m’insulter. « Merci, et je suis désolée d’être en retard… ». Il m’emmena jusqu’à l’endroit qu’il avait prévu pour notre repas. « Bon si tu n'aime pas tu peux le dire, je vais pas te manger. ». Ne pas aimer ? Pour le moment je n’avais pas encore goûté. Mais ça sentait drôlement bon. « Il n’y a pas de raison que je n’aime pas mais, quoiqu’il en soit, ça sent très bon. ». Je lui offrais un sourire sincère. « En tout cas t’as vraiment pas fait les choses à moitié. » Entre la tenue qui a trop la classe. Le rose. Le repas indien et tout les petits détails, ça donnait vraiment envie.

Aaron était vraiment adorable. Il se comportait comme un vrai gentleman. Et il ne m’en voulait même pas d’être en retard. « -Ne t’excuses pas, qui oserait ne pas attendre une aussi jolie fille ? ». Je rougissais. J’y pouvais rien. Le moindre compliment. La moindre parole de lover. Je virais au rouge. Ce n’était pas quelque chose auquel je m’habituais. Aaron se décala afin de me laisser passer. « –Après toi, Rajkumari. ». Je lui souriais il était vraiment adorable. Et il avait vraiment mis tout son cœur à faire un magnifique piquenique. Sur une table en plus. Tant mieux parce que manger par terre. Le soir. Ce n’était pas ce qu’il y avait de top et ça changeait de l’ordinaire. Tout comme ça présentation changeait de l’ordinaire. La nappe rouge et grise. Les éléments de décors. Vraiment, il assurait. « Whaou, tu m’avais parlé d’un dîner mais je ne m’attendais pas à quelque chose d’aussi classe, ça t’as pas pris trop de temps au moins ? ». Limite je m’en voulais. J’avais peux qu’il y ait passé sa journée. Alors que bon, il tenait sa parole. C’était déjà bien. Il n’était pas obligé d’en faire autant. Même si j’appréciais vraiment.

Aaron versa alors un liquide blanc dans un verre de cuivre. Qu’est-ce que c’était ? Je n’en avais pas la moindre idée. « -Boisson la plus consommée en Inde. Appelé aussi Lassi. Crois-moi, tu en auras besoin. ». J’allais en avoir besoin ? Pourquoi ? Il aiguisée ma curiosité là. Et pas qu’à moitié. « Tant que ce n’est pas à base d’alcool, ça me va mais… pourquoi je vais en avoir besoin ? ». Ah oui parce que l’alcool et moi hum… ça ne faisait pas très bon ménage. Disons que je n’étais pas habituée. Et par conséquent deux verres et j’étais déjà dans un drôle d’état. Donc bon, à éviter. Surtout que je préférais éviter de me donner en spectacle devant Aaron. Même devant quelqu’un d’autre d’ailleurs.

Et puis il se leva, une nouvelle fois. Je le regardais faire sans comprendre. Il attrapa une serviette qu’il passa autour de mon coup. J’affichais un sourire amusé. Je n’avais pas mis de serviette autour de mon cou depuis… « –Comme une petite fille. ». Je riais. Ça faisait écho à mes pensées justement. La dernière fois que j’avais fait ça, j’étais une petite fille. Je devais avoir quatre ans. Grand maximum. Il se réinstalla. « –Ce serait dommage de la tâcher … ». Oui, c’est vrai mais, bon. Ça m’amusait quand même ce comportement. « Dans ce cas tu devrais en faire autant, parce que tu es encore plus séduisant dans cette tenue… ». Bah oui, ma robe ne devait pas être tachée. Mais vraiment sa tenue non plus. Du coup on pouvait mettre des bavettes tous les deux. Ouais… un peu particulier comme mode.

Aaron me prépara un petit quelque chose dont j’ignorais le nom. C’est vrai, je connaissais mal les plats indiens. Je n’avais jamais mangé indien. Du moins pas dans mes souvenirs. Il me tendit cela afin que je goute et évidemment je n’allais pas refuser. « C’est délicieux ! ». Le pire c’est que c’était vrai. C’était vraiment bon. Épicé. Mais avec tellement de saveurs. Ça changeait. C’était vraiment trop bon. « C’est toi qui l’a fait ? Si c’est le cas tu cuisines trop bien ! ». Et franchement c’était rare. Un homme qui cuisine. Et qui cuisine bien. Enfin c’était rare pour moi qui cuisinait pour Ash et Mattia.

Les choses étaient vraiment bien faites. Je ne pouvais pas dire l’inverse. Il y avait mis son cœur. Et tout ce que je j’espérais, c’est qu’il n’y ait pas passé trop de temps. « –Si … ». Et il hochait la tête. Mes joues viraient au rouge. Il n’aurait pas dû. « –Ca m’a pris énormément de temps, tu as donc intérêt à tout manger et à ne rien laisser. ». Il avait son sourire trop craquant. C’est bon. J’arrêtais de rougir. Pour rire. Un petit rire amusé et flatté à la fois. « –Il fallait bien que je me fasse pardonner non ? ». Je hochais la tête positivement. Avec le même sourire amusé. « C’est vrai mais, à me chouchouter comme ça, je risque de m’arranger pour que tu ais à t’excuser plus souvent. ». Je lui offrais un petit sourire malicieux. Avant qu’il ne s’étale sur mon visage. Aaron me mettait à l’aise. Il me faisait rire et sourire. Il était adorable avec moi. Du coup je ne cessais d’aligner mes dents blanches. J’allais avoir des crampes aux joues après ça. En plus sourire autant ça montrait bien mes joues d’hamster. Mais tant pis.

Il me présenta alors une boisson inconnue. Une boisson dont j’allais avoir besoin paraît-il. Et franchement tant qu’il n’y avait d’alcool, ça m’allait. Mais j’étais curieuse du coup. « –Non, ce n’est pas de l’alcool. A part si tu en veux je peux toujours m’arranger hin … ». Et bien évidemment il ne m’avait dit à quoi ça allait me servir. J’aurais dû m’en douter. Il n’allait pas me livrer tous ses secrets. Ce n’était pas drôle sinon. « Ça ira, je ne tiens pas l’alcool alors on va éviter. ». Ouais, non. Je ne pensais pas que son objectif était de me bourrer. Il n’était pas comme ça. Aaron était davantage un gentleman. Ou du moins quelqu’un qui sait vraiment s’y prendre avec les femmes. Et qui de toute évidence n’a pas besoin de subterfuge.

Et puis, je me retrouvais avec une serviette autour du cou. Pour ne pas tâcher ma robe. Aaron me l’avait gentiment mise. Même si du coup je ressemblais à une petite fille. J’aurais dû me faire deux tresses. Mais du coup je lui soulignais que lui non plus ne devrait pas se salir. Il était vraiment séduisant dans cette tenue. Et oui j’avais bien utilisé cet adjectif. « -Séduisant ? ». Je confirmais avec un beau sourire et un petit regard, pas besoin de mot. De toute façon, il savait qu’il l’était. « –Pas faux, je vais donc gentiment faire de même. ». Et il le fit sans plus attendre. « Voilà, comme ça on est tous les deux très chics. ». Ah oui oui, c’était le mot. Chic avec des serviettes autour du cou.

Il me fit gouter l’un de ses plats. Délicieux. Mais vraiment. Du coup, je lui demandais s’il avait fait ça lui-même. « -Heu à vrai dire non … ». Il se frotta la nuque. J’espérais ne pas l’avoir mis mal à l’aise quand même. « –Enfin si je te dis oui c’est mentir. Donc concrètement ça je l’ai pas fais. ». Et comme pour se rattraper il fit un sourire avant d’ajouter quelque chose. « –Mais j’ai fais ça. ». Et il approcha le plat de moi. Me faisant un signe comme quoi je devais le nourrir. Comme il avait fait précédemment. J’étais une novice en tradition indiennes. Mais ça me plaisait d’en apprendre quelques-unes avec Aaron. Spécialement avec Aaron. Du coup, je lui approchais un bout de viande de sa bouche pour qu’il puisse le manger. « En tout cas ça a l’air drôlement bon, tu m’apprendras à le cuisiner ? ». Ça allait changer Mattia et Ashton des plats américains traditionnels s’il acceptait. Et puis, j’aimais me faire plaisir en cuisine. Manger peu mais, manger bien.

Aaron me faisait sourire. Il agissait comme un prince charmant. Il était vraiment aux petits soins avec moi. Si bien que je risquais d’y prendre goût. Comme je venais de lui dire. « -Et bien j’en prendrais totalement la responsabilité. ». Et il avait un petit sourire malin sur le visage. Il me faisait rougir alors que c’était moi qui le charriais Non mais franchement, j’étais cruche quoi. « –Je rigole Ella. Je recommencerais avec plaisir. En espérant que la prochaine fois c’est toi qui paye. ». Oulah, moi qui cuisine ? Ça ne risquait pas d’être exceptionnel. C’était Américain quoi. Bon par contre je maîtrisais les déserts. Même un peu plus que ça. Mais je n’allais pas le nourrir de sucre, si ? « Je suis certaine que tu n’y tiens pas tant que ça… ». Je lui faisais un petit sourire timide. C’est juste que ça ne valait pas le détour.

Et puis je lui avouais que l’alcool et moi ça ne faisait pas bon ménage. « -Tu ne tiens pas à l’alcool ? ». Et il me regardait comme si c’était surprenant. Quoi ? J’étais censée le tenir ? « –Pourtant tu as l’air costaud, tenace !! Une vraie guerrière. ». Et là, je ne pouvais que rire. Je ne l’avais pas vraiment vu venir celle-ci. Mais j’aimais ses taquineries. Ça me faisait rire. « Que veux-tu, l’habit ne fait pas le moine… ». Je soufflais. Genre faussement désespérée. Avant de lui offrir un sourire amusé. « –Au pire si je finis bourré ce soir je sais qui me ramènera chez moi alors … non ? ». Je riais. Avant de répondre aussitôt. « En effet, dans ce cas, c’est moi qui te ramènerais. ». Et j’en riais mais je le ferais. S’il était bourré, je le raccompagnerais. Histoire d’être sûre qu’il ne lui arrive rien. Du moins jusqu'à la porte de chez lui.

Ensuite ? Ensuite nous avions adopté la classe. Mieux qu’à Hollywood. Attention style bavette est de sortie Yeah. On était vraiment chic. Y avait pas à dire. Et Aaron confirmait. « –Mais trop. ». Je riais. Aaron était adorable. Aaron n’était pas du genre à se prendre la tête. Il était comme un bon pote avec qui on peut rire de tout. J’avais l’impression à parler à un adolescent. Non pas qu’il soit vieux. Mais, dans sa tête, il ne faisait pas son âge. Et franchement ce n’était pas un reproche. « –On devrait même prendre une photo ensemble. ». Et il n’attendait-il pas ma réponse, ah non non. Il se leva et sortit son téléphone. Dernier cri au passage. « Allez c’est parti ! ». Au moins ça ferait un souvenir. Et je n’avais rien contre. « –Cheese ! ». Et hop ! La photo était prise. « –T’es trop mignonne. ». Mais il éloigna l’appareil. Il ne voulait pas que je vois la photo ? Je le regardais surprise alors qu’il retournait à sa place. « Je peux pas la voir ? ». Et je faisais une petite bouille toute triste. Moi aussi je voulais la voir. Je voulais voir la bouille qu’il avait. « –Haha ! Je mets tout ça en fond d’écran, comme ça si un jour j’ai un coup de blues et que je vois ta petite tête … ». Ah vraiment ? Je ne pouvais m’empêcher d’être amusé. Au moins je savais que c’était de la taquinerie. Ce n’était pas comme si c’était Lydéric qui m’avait sorti ça. « À défaut d’être une guerrière, je serais un antidépresseur. ». Et haussais les épaules avant de poser mon regard sur lui.

Et tout en riant je lui demandais un cours de cuisine. Rien que ça. « –Bien sûr, si j’arrive à ne pas mettre le feu chez moi. ». Je levais les yeux au ciel. « La preuve que non, tu t’en ai très bien sorti ce soir. ». Bah oui, s’il l’avait fait une fois, il pouvait le refaire. C’était comme ça j’avais commencé avec mes pâtes au thon. Mais bon passons, ça c’était mon plat secret. « . –Je t’apprendrais même à parler hindi si tu veux. Tu deviendras ma petite Rajkumari, je t’habillerais en saree et tu danseras sur de la banghra en gueulant balle balle !! ». Il était sérieux là ? Ça pouvait être trop bien. J’étais toujours curieuse de tout. Enfin de presque tout. Mais j’aimais découvrir de nouvelles cultures. Alors franchement, il me tentait. « T’en serais capable ? Parce que tu me fais envie là ! ». Et j’étais très sérieuse malgré mon énorme sourire.

Cuisiner. Oui je savais faire. Mais il fallait être honnête. Je n’étais pas un chef cuistot étoilé. Je ne faisais rien que je trouvais exceptionnel. « –Que je ne tienne pas tant à ça … Humm je vois … j’appelle ça se défiler. ». Me défiler ? Mais non ! Bon d’accord peut-être un peu. Mais c’était surtout que j’aillais passer pour une nouille en passant après. « –Oui oui, c’est même une exigence. ». Je riais légèrement. Il exigeait ? Carrément ? Le pire c’est qu’avec ses bras croisés, c’était crédible. « –Non mais t’es méchante quand même. Tu ne voudrais même pas … après tout ça ? Pff. ». Je riais à nouveau. Il arrivait à me faire culpabiliser en plus. Même si j’avais quand même prévu de lui rendre la pareille. « Hé me boude pas, je te ferais la cuisine c’est juste que…de passer après toi, j’aurais l’air ridicule. ». Et je baissais simplement la tête avec un petit sourire. Laissant retomber mes cheveux blonds.

Et puis il me taquinait. Tenir l’alcool ? Là-dessus il se trompait. « –Surtout pas dans ton cas. T’as l’air d’une petite alcoolique qui lutte contre la tentation en refusant. ». Je riais alors qu’il soupirait. « –T’es nulle j’ai un truc indien en plus. ». De l’alcool indien ? Whaou qu’est-ce que ça pouvait donner ça ? J’avais dû mal à imaginer pour le coup. « Je t’assure que là-dessus tu m’as mal cerné mais, j’y gouterais t’en fait pas, sans abuser pour autant. ». Ouais, gouter je pouvais. Mais pas plus que raisonnable. Il n’allait pas me voir bourrer ça il pouvait en être certain.

Aaron nous prit en photo avec nos serviettes autour du cou. Mais je me retrouvais à lui faire les yeux doux. Parce qu’il avait pris une photo que je n’avais pas le droit de voir. Attend on devait être trop chouettes ! Fallait que je voie ça. –Non, c’est top secret. C’est ma photo. ». Je continuais avec ma petite tête. Il agissait comme un gosse. Mais moi aussi. Ou comme un chien battu. C’était les mêmes techniques. Attendrir ou faire un caprice. « –Mais juste parce que … je suis trop gentil. ». Il fit glisser son portable sur la table alors que je sortais une connerie. Un antidépresseur. C’était ce pour quoi je me prenais. En même temps vu la photo, elle avait cet effet. Un sourire amusé se glissa sur mon visage. « Le pire c’est que vu la photo, ce que je viens de dire n’est même pas une bêtise, photo antidépresseur. ». Et je lui rendais son portable. « –Oui t’es mon petit antidépresseur. Même si que sans mentir … et no offence… tu avais l’air bien tranquille comme fille. ». Whou ! Là j’étais surprise. Ça faisait longtemps que je n’avais pas entendu. Depuis que j’étais tombée enceinte je passais plus pour une catin que pour une petite fille sage. Avant, c’est vrai, on me le disait tout le temps. Mais là, ça me surprenait. « J’ai été élevée comme ça, toujours très sage et pas le droit à l’erreur, pour mon frère c’était différent mais, je n’ai jamais eu intérêt à sortir des clous. Et puis tu vois bien ma seule erreur, du moins, celle que ma mère à considérer comme une erreur, elle m’a foutu à la porte. Enfin depuis ma grossesse, t’es le premier à me le dire, ou du moins, me le redire. ». Je haussais les épaules. Ouais, je n’avais pas tant eu le choix. Mais je ne m’en plaignais pas. Même si j’aurais aimé parfois que ce soit différent. Je m’étais forgée ainsi. Et je n’étais pas malheureuse pour autant.

Et puis je complimentais Aaron. Sur sa cuisine cette fois. Pas sur son élégance. « –Merci. ». Je répondais simplement par un sourire. Avant de lui demander des cours de cuisine. Et lui il me proposait bien plus. Il était peut-être ironique. Mais moi, pas vraiment. « –Quoi tu veux vraiment apprendre l’hindi ? Danser avec un turban sur la tête ? ». Il riait. Mais au fond, pourquoi pas ? « -Si c’est ce que tu souhaites. ». Il haussa les épaules. Mais oui c’était ce que je souhaitais. « Mais oui que je le souhaite… bon ça risque d’être comique mais oui je le souhaite. ». Je lui faisais un petit sourire. J’aurais sûrement l’air ridicule. Mais qu’importe. Cette idée me plaisait.« –Manges on verra après. ». Oui manger. J’allais d’abord savourer ce délicieux repas. « Bonne idée ! ». Je lui faisais un petit clin d’œil.

Aaron me lança un regard froid. « -Que de modestie … que de modestie. ». Oui, non. Ce n’était peut-être pas de la modestie. « –Peu importe même si ce n’est pas bon je mangerais sans rien dire. Je savourerais chaque miette en gémissant pour te faire croire que c’est juste trop délicieux. Puis tu te la joueras superwoman de la tarte aux épinards et tout le monde sera heureux. ». Je ne pouvais m’empêcher de rire. Non mais franchement Aaron. Il sortait des tas de conneries. Et j’adorais ça. « Marché conclu ! ». Je riais à nouveau. N’importe quoi décidément.

Aaron me faisait rire n’empêche. Sur plein de choses. Mais surtout, il se faisait des films. Et c’était assez drôle. « -Mais oui … on verra bien tout à l’heure quand tu videras toute la bouteille. Et que je te ramasserais à la petite cuillère. ». Je riais. La scène était carrément inenvisageable. « –C’est comme moi … l’indien. Le beau indien, le merveilleux indien. J’ai l’air un peu drogué sur les côtés, coureur de jupon aussi … mais pas du tout. ». Il cherchait quoi ? A ce que je me pisse de rire tant je riais. En tout cas sa connerie m’amusait beaucoup.

Et puis après s’être chamaillés pour que je puisse voir la photo, Aaron me fit une remarque. J’étais trop sage d’après lui. J’avais une image bien lisse. Et c’était le premier à me dire ça depuis ma grossesse. Avant j’y avais tout le temps droit. « -Je ne pense pas que tu devrais en vouloir à ta moma … je veux dire quand tu prends du recul, tu n’as jamais hésité quand t’as appris pour ton ventre ? ». Un peu si. Mais, malgré tout, j’avais toujours plus de mal à l’imaginer hors de mon ventre que dans mon ventre. J’avais eu peur d’avorter dès le début. Mais j’avais songé à le faire. Pour Mattia. Et pour mon avenir. Et puis j’avais laissé filer le temps. Repoussant systématiquement la date pour l’avortement. Sachant systématiquement que je n’irais pas. Ça n’avait pas été facile. « Je lui en veux pas vraiment c’est juste que… Elle ne veut plus me parler. J’ai mis du temps à accepter ma grossesse, je me sentais seule et j’avais l’impression de tout perdre mais…une fois que j’ai décidé d’arrêter de pleurer sur mon sors, je savais que ma vie se ferait avec mon fils. ». Oui, je n’en voulais pas à ma mère. Mais, elle m’en voulait. Elle aurait tellement voulu que je ne fasse pas comme elle. « –J’ai été élevé un peu de la même manière … le petit qui doit suivre les pas de son padre … parce qu’il va reprendre l’entreprise plus tard … pfff la merde ! ». Whou, ça avait l’air de le gonfler rien que d’y penser. Franchement, je pouvais comprendre. « J’imagine que c’est aussi pesant que la pression de mes parents. L’exigence de l’excellence c’est parfois trop dur à supporter… ». Dans son cas comme dans le mien, je crois que nos parents, ne voulaient pas nous faire échouer.

Et puis imaginer Aaron en prof m’amusa. L’imaginer m’apprendre des choses sur sa culture, ça m’amusait. « –Tu sais que je n’ai vraiment pas de patiente hin ! Si t’arrive pas a bien prononcer ou si le résultat de tes plats sont mauvais je baisse les bras. ». Je riais légèrement. Alors qu’il m’avançait le plat pour que je me serve. Ce que je faisais. Tout en reprenant la parole. « Je te ferais les yeux doux, tu ne pourras pas me dire non, tu verras. ». Je lui offrais un magnifique sourire. Avant de lécher la sauve que je m’étais mis sur le bout des doigts.

Aaron attrapa ma main. Je la serrais un peu plus. Parce que ça me faisait du bien. Cette relation me faisait du bien. Pourvoir lui parler. Sans me soucier de l’âge. Avec Aaron j’étais bien. C’était comme si on se connaissait depuis toujours. Et lui dire ce que j’avais pu ressentir. En apprenant que j’étais enceinte. Quand ma mère m’avait foutu à la porte. Tout se faisait naturellement. « –C’bien pire qu’un mariage arrangé à ce que je vois … ». Un mariage arrangé ? Je ne savais pas si c’était franchement pire. Je ne savais pas parce qu’heureusement on ne m’avait pas imposé ça. Mais pourquoi lui en parlait ? C’était son cas ? Il afficha un sourire comme si c’était normal. Mais, je n’en étais pas certaine. « Un mariage arrangé ? C’est ton cas ? ». Le pire c’est que j’étais sérieuse. Je ne souriais pas franchement. C’était une vraie question. Parce que c’était surprenant qu’il pense à ça.

Et puis je promettais de lui faire les yeux doux. Pour qu’il garde patience. Il m’offrit un sourire. Un sourire que je lui rendais. « –Peut être … c’est vrai. C’est pour ça que … ». Il se leva et tendit sa main. « –Une danse ? ». Je le regardais surprise. Posant néanmoins ma main dans la sienne. Ce n’était pas vraiment une question de toute façon. Mais l’idée me plaisait. Il m’attira doucement vers lui. Je lui offrais un beau sourire. Me laissant guider. Le pire ce qu’il dansait vraiment bien. « Dis-moi, où est-ce que t’as appris à danser comme ça ? ». J’affichais un large sourire. Un beau sourire. C’était un compliment indirect. Mais, il comprendrait. Ça j’en étais certaine. « En fait c’est ton arme secrète : quand les filles résistent à ton magnifique sourire, à tes cheveux soyeux, à tes petits surnoms hindi… tu sors le grand jeu et tu les emmènes danser ? ». Le pire c’est que ma connerie était possible. Aaron était bel homme. Il avait des beaucoup d’atout. Et peut-être trop. Certaines femmes devaient trouver ça étrange. Le prendre pour un beau parleur. Et du coup il sortait son arme secrète. Ouais je sais, j’allais un peu loin dans mes délires. Oui, bon. On va dire qu’on me pardonne hein. « Mais, parmi toutes les filles que tu as pu séduire, est-ce qu’il y en a déjà une qui t’as séduite ? ». Une femme qui l’avait fait craqué. Dont il était tombé amoureux. Oui, ça faisait écho à notre conversation précédente. Ça m’avait tellement surprise. Mais du coup, j’étais curieuse. Si ça se trouve, il allait me dire qu’il n’y avait que sa femme. Défendre corps et âme qu’il l’aimait. Ou qu’il l’avait aimé. Ou je ne sais pas. Mais, me convaincre que le mariage arrangé lui était juste venu comme ça. Parce que c’était arrivé à son meilleur ami. Ou au meilleur ami de la meilleure amie de son meilleur ami. Bon d’accord. C’est vrai que j’étais têtue. Et qu’il allait lui en falloir pour me convaincre maintenant qu’il avait dit ça. Mais, si ce n’était pas le cas, il y parviendrait non ?