La porte du casier claqua. Mila m'accorda un sourire avant de me faire signe de la suivre. « Donc, si j'ai bien compris, on se retrouve demain à la piscine pour travailler l'enchaînement ? Tu penses vraiment qu'on a le temps de travailler une nouvelle figure ? » On avançait en même temps. Je haussais la tête avant de prendre un ton assuré. « Il faudra bosser un peu plus que les autres semaines mais, je pense que c'est possible. Si on y parvient, on peut gagner la compétition. » Elle me regarda, amusée alors qu'on commençait à monter dans la cage d'escalier. « Ton "un peu plus" me fait peur. Mais, je te fais confiance miss Clarke. » Je lui souris d'un air totalement innocent. Depuis le temps qu'on nageait ensemble, elle me connaissait vraiment bien. Elle savait pertinemment qu'un entraînement avec moi ce n'est pas une heure mais, plutôt trois. Elle savait que mon un peu plus correspondait à son beaucoup plus. Mais, ce qu'elle savait aussi c'est que mes exigences étaient toujours utiles et justifiées. Je savais contre quelles équipes nous devions rivaliser et si nous n'ajoutions pas cette figure, la deuxième place nous tendait les bras. Non pas que c'était mal mais, elle, comme moi, nous visions la première place. Nous n'étions pas les seules à penser comme ça, chacune de nos concurrentes veulent cette médaille d'or.

Elle attrapa son téléphone. Tout en regardant son message, elle reprit la parole. « T'as quoi là ? » Mon visage se décomposa. Des maths. Ma hantise. Le truc totalement inutile à la vie qui me rend dingue. Les chiffres qui me donnent mal à la tête. Mon maître chanteur. Le moyen de pression de mes parents. Maths, le problème de toute une vie. « J'ai un cours particulier de maths... » Elle éclata de rire. J'aurais aimé rire avec elle mais, je n'avais pas vraiment envie d'y aller. Je ne faisais pas ça par envie. Je faisais ça pour sauver ma peau. Je détestais mes parents pour me faire du chantage avec cette foutue moyenne. « À te voir on dirait que tu vas un ton enterrement ! Respire ! C'est que des maths, c'est facile ! » Je la regardais, comme s'il s'agissait d'un extraterrestre. Facile ? Elle avait fumé quoi, là ? C'était le truc le plus dur jamais inventé. Et totalement inutile une fois que l'on sait compter, diviser, multiplier, additionner, soustraire. Dans la vie il suffit d'avoir les bases. L'image de six par la fonction g ne me servira à rien pour acheter du pain. Je me trompe ? « Facile et mathématiques. Magnifique antithèse ! » Elle ria à nouveau et cette fois, je mêlais mon rire au sien. Je n'avais pas plus envie d'y aller. Son rire était communicatif, voilà tout. « Quel prof ? » Qu'est-ce que ça peut bien faire ? Ça sera toujours des maths ! Pourquoi je n'ai pas des cours particuliers de philosophie, hein ? Peut-être parce que j'en ai pas besoin, en effet, c'est une bonne raison. « Hawkins. » à ce moment, elle aurait pu me baver sur les pieds. Je l'avais regardé, sans comprendre. « Ce prof est trop canon ! Sexy et sympa ! Putain, mais, je prends ta place si tu veux ! » Je m'arrêtais, puisque nous étions devant la salle. Je l'observais, amusée. C'était pitoyable. Elle était carrément en extase pour un prof. « Punaise j'ai percé le mystère d'Ella ! » Elle hurlait tellement fort que j'en avais mal aux oreilles. « Quel mystère ? » Un sourire malicieux sur les lèvres, elle lâcha simplement « En fait, si tu trouves les mecs de notre âge immature c'est parce que ton truc c'est les profs ! » Je riais. Ce qu'elle pouvait être bête parfois. Surtout que je ne les trouvais pas tous immatures. Pas Mattia. « Bah oui bien sûr. Et puis tant que t'y est, j'ai une relation incestueuse avec mon frère ? T'as dû avaler un peu trop de chlore toi. » Elle ria une dernière fois avant de poursuivre son chemin.

J'entrais dans la salle. J'étais pile à l'heure. Étrangement je riais beaucoup moins dans le couloir. Je n'avais vraiment pas envie de faire des maths. Surtout que là, je ne pouvais pas me cacher. « Bonjour... » Annonçai-je simplement alors que mon professeur était totalement relax sur son bureau. J'inspirais un grand coup avant de replacer une mèche derrière mon oreille. Je m'installais en silence. Je ne savais même pas ce que je devais travailler. Ça faisait un petit moment que j'avais totalement lâché. Un petit moment que je ne supportais plus les nuits à bosser sans jamais comprendre. Un petit moment que mes notes catastrophiques en maths ne me faisaient plus rien.

Caressant doucement l'arrière de sa tête à l'aide de ses deux mains afin de ramener ses cheveux sur le dessus de cette dernière, Aidan soupira. Il était bien comme ça, il n'avait pas vraiment envie d'être dérangé. S'il avait été dans son lit, il aurait demandé cinq minutes de plus, mais il était à l'école. Il avait très bien entendu la jeune femme entrer, mais il ne bougea pas pour autant restant les mains dans ses cheveux, les pieds sur son bureau et le cure-dent coincé entre ses lèvres pleines. Sa respiration était quelque peu saccadée. Malheureusement, il savait très bien qu'il aurait un bleu sur les côtes demain matin. Cette idée le fit grimacer. De toutes les blessures lier à la boxe qu'Aidan avait eue, les ecchymoses était ce qu'il détestait le plus. Il préférait perdre du sang que de souffrir au simple touché aussi doux soit-il. Il ouvrit les yeux lentement et regarda le plafond un moment. Ella était déjà installée à son bureau, il n'avait même pas besoin de poser les yeux sur elle, il le savait. En baissant les yeux vers son bureau, il retira ses jambes de son bureau esquissant un petit sourire et s'avança derrière ce dernier. Honnêtement, il n'avait pas du tout l'intention de faire des maths dès le premier cours. Il avait pour son dire d'apprendre à connaitre un étudiant, dans le cas présent une étudiante, était toujours bénéfique pour les deux partis. Comme son but était de rendre la chose agréable pour la jeune femme, valait mieux qu'il trouve une façon de lui faire comprendre non pas l'équation de Price, mais que chaque chose si elle était combinée à quelque chose d'aimer devient agréable.
Il posa finalement les yeux sur elle. Elle était charmante, comme un soleil un jour de pluie. Il ne lui manquait plus qu'un charmant sourire. Il se demanda si c'était son cours de math qui lui donnait un air si «grise». L'anglo-américain fouilla sur son bureau, qui était plus que bordélique avec un petit air concentré sur son charmant visage et fit semblant de trouver une pile de travaux destinée à la jeune femme. Il sourit diaboliquement et adressa un charmant : « Au moins, vous n'êtes pas en retard ! » Il fixa Ella, ses feuilles dans une main et avec un air presque sérieux collé sur son joli minois. Ada avait l'habitude de lui dire d'arrêter de faire cette tête, qu'elle ne lui correspondait pas, son homme, comme elle l'aimait l'appeler, était rieur, toujours heureux pas sérieux sauf quand l'occasion l'obligeait. Il se leva et s'approcha d'elle d'un pas lent presque lourd, ses devoirs toujours en main. « Miss Clarke... » Aidan éclata de rire une fois assit sur le bureau sur la droite d'Ella. Il n'allait pas vraiment lui donner tout ça. Il envoya valsé ses feuilles sur son bureau et dit d'un ton amusé : « J'ai vraiment besoin d'une clope... D'accord on sort dehors ? » Il sourit, mais ne bougea pas d'un pouce mastiquant toujours son cure-dent. C'était le truc le plus dé-stressant qu'il avait trouvé de toute sa vie. Comme il ne pouvait pas toujours frapper sur un sac de sable ou encore sur quelqu'un près à lui frapper dessus aussi, il avait développé ce truc banal, mais tellement pratique ! Il garda le sourire en adoptant un petit air de père inquiet : « Tu ne fumes pas, j'espère ! » Il prit une pause avant d'ajouter avec un petit sourire en coin : « Darling »
Il s'étira et se dirigea vers son bureau pour prendre son paquet de cigarette qu'il fourra dans sa poche arrière avec son sublime Zippo orné du drapeau du royaume uni. Il saisit son cure-dent et jeta un coup d'oeil à son étudiante. « O.k. On se tutoie et on ne fera pas de math aujourd'hui ! » Il sourit et attendit de voir si sa jeune amie était prête pour sortir avec lui... à l'extérieur

Qu'est-ce que je foutais là ? Était-ce un crime d'être nulle en maths ? J'avais tellement mieux à faire que d'aligner des chiffres et d'écrire des formules. Je poussais un long soupir alors qu'en levant les yeux sur mon prof, mes yeux se firent rond. C'était quoi ça ? Cette pile de copie ? Putain, il ne pensait tout de même pas que j'allais faire tout ça ? Non, ce n'était pas possible. J'allais mettre les réponses au pif. Je... non ! Faire des maths, c'est un calvaire. Faire des piles de maths c'est de la torture. Je fixais les feuilles, épuisée par avance. Trop bien. Mes parents peuvent aller se faire voir avec leur foutue moyenne. « Au moins, vous n'êtes pas en retard ! » Hein ? Quoi ? Il me parlait ? Je relevais les yeux. Je suis nulle en maths mais, je sais lire l'heure. Je suis ponctuelle aussi. Je n'ai pas tous les défauts du monde. J'avais envie de lui faire bouffer son petit sourire. Tout le monde n'a pas un cerveau scientifique. Si je lui donne une dissertation de philo, à faire en quatre heures, il aura la moyenne ? Je m'énerve toute seule. Je contiens tout ça comme je peux. Je contiens mais, je ne peux pas m'empêcher une remarque. « Je sais tout de même lire l'heure. » Oui, j'étais froide. Son air sérieux m'énervait. L'idée de faire des maths m'énervait. Cette foutue pile m'énervait. Et j'avais plutôt intérêt à me calmer. Si mon comportement revenait aux oreilles d'Ashton j'allais me faire déglinguer. Respire Ella. Ne craque pas. Respire. Ne regarde pas cette foutue pile de feuilles. Ne le regarde pas avancer si lourdement. « Miss Clarke... » Je levais les yeux sur lui. Je ne voulais pas l'entendre dire que je devais faire tout ça. J'étais royalement déprimée.

Il éclata de rire. Je le regardais sans comprendre. Il était assis sur la droite du bureau et il riait. Les maths, moi, ça ne me faisait pas rire. Il envoya valser la pile. Je poussais un véritable soupir de soulagement. J’étais sauvée. Enfin, sauf, s’il avait prévu pire. Et tout cas, il semblait fier de m’avoir fait flipper. C’était bien joué. Je devais l’admettre. C’était bien joué mais, je n’avais toujours pas montré un sourire. « J'ai vraiment besoin d'une clope... D'accord on sort dehors ? » Parce qu’on peut sortir dedans ? Je me mordais la langue pour ne pas répliquer. On pourrait prendre ça pour de l’insolence. Enfin je lui accordais un léger sourire. Je préférais mille fois être dehors que de faire des maths. Sans cigarette ça serait mieux. Mais, il était adulte. Il savait ce qu’il faisait. Il ne bougea pas d’un millimètre avec son cure dent. Il attendait que je lui réponde ? C’était lui qui décidait. Je n’avais pas grand -chose à dire. Je me contentais alors d’un simple « D’accord. ».

Il avait toujours son petit sourire. Un air inquiet se dessina sur son visage. Une inquiétude bienveillante. Comme un père. Un frère. Ou un ami. « Tu ne fumes pas, j'espère ! » Je laissais un petit rire m'échapper avant de m'arrêter net. Il avait suffi qu'il prononce ce « Darling » avec son sourire en coin pour que mon visage se ferme. Je détestais qu'il m'appelle comme ça. Le regard noir que je lui lançais ne faisait que le confirmer. « Vous ne voulez pas arrêtez avec ça ? » Cette fois je ne me privais pas de la remarque. Insolence ou non, ça n'avait pas d'importance. Je ne risquais pas de me faire décoller les étiquettes par mon frère. Bien au contraire. Il ne supporterait pas l'idée qu'un prof m'appelle ainsi. Et moi je n'aime pas ça. Je trouvais ça déplacé. Et ça faisait fantasmer toutes les filles qui pensaient bêtement qu’elles avaient une chance avec lui. Il amplifiait cet effet. Je ne pense pas que ce soit une bonne chose. Mais, ce qui était certain c'est que je ne faisais pas partie de ses filles en extase devant lui à la limite de l'orgasme en l'entendant prononcer ce petit surnom.

Il s’étira avant de retrouver le chemin du bureau. « Quinze paquets par jour… » J’affichais un sourire amusé. « C’est la quantité de nicotine minimum dont j’ai besoin pour survivre. » Évidemment, l’ironie se faisait entendre. Je ne fumais pas. Je ne fumerais jamais. Je ne voulais même pas essayer. J’avais d’autres priorités de celle de détruire ma santé. Je préférais avaler du chlore. Oh, ça oui. J’aurais aimé être dans l’eau à cet instant. Il jeta un rapide coup d’œil vers moi. Après avoir pris l’essentiel pour répondre à sa dépendance. « O.k. On se tutoie et on ne fera pas de math aujourd'hui ! » J’approuvais d’un signe de la tête. Pour ne pas faire de math, je voulais bien le tutoyer. Par contre je ne voulais pas de Darling. Chérie. Et j’en passe. « Si c’est la condition pour ne pas faire de maths… on y va ? » Je prenais ma veste en avançant vers la porte. J’étais incroyablement soulagée. Je n’avais pas envie de manier les chiffres. Vraiment pas.