J'avais réussi. J'avais réussi ou j'avais échoué, je ne sais trop. Réussi  à arracher plus qu'un baiser minable à la blonde. Echoué parce que j'étais tombé dans ses griffes, tout autant qu'elle était tombée dans les miennes. On s'était finalement laissé aller l'un à l'autre alors même que c'était ce que l'on s'était interdit. Jamais, je me souviens presque l'avoir dit, l'avoir pensé. Presque, non parce que l'alcool se joue encore trop bien de moi à cette heure tardive de la nuit. Et c'est ainsi que je me laisse aller, que je me laisse entraîner entre ses doigts brûlants. Ses baisers virulents me guident dans l'obscurité. Je ne sais pas où je vais, parfois j'ai l'impression qu'elle non plus. Et pourtant, nous y voilà. Nous voilà arrivé devant ce qui semble être une maison. Surement la sienne, du moins je l'espère. Enfin, après tout, je m'en fous. J'ai juste envie d'elle. J'ai juste envie de la posséder et de ne plus m'arrêter.

C'est à peine si je peux respirer, étouffé sous tant de baisers. La porte ouverte, premier obstacle de passé. Reste plus qu'à trouver son chemin jusqu'à la chambre, même si pour être honnête, je la prendrais un peu près n'importe où, tant j'ai envie d'elle. Pour ce qui va suivre, pour trouver notre endroit, je lui fais confiance. Je me laisse porter, pour une fois, sans me poser de question. Je suis trop occupé à la dévorer de mes lèvres. Je suis trop occupé à recouvrir son corps de caresse de plus en plus au Sud, de plus en plus chaudes. 

Ça y est, on y est enfin, la chambre. Ça m'a paru une éternité tant j'ai envie d'elle, tant je suis pressé de goûter au fruit interdit. Oui, parce que Joe m'est interdite, m'a toujours été interdite. N'est-ce pas sacrément plus exitant quand on a pas le droit ? Pour moi oui. Le mot « non » n'existe pas. J'aime rendre l'impossible possible et me délecter de ce qu'on m'a, un jour, défendu de faire. Cette limite, avec la sulfureuse blonde, je me la suis mise tout seul et je n'aurais honnêtement jamais pensé être aussi prêt de la franchir. Je croyais en cette promesse que je m'étais faite, j'y croyais vraiment. À croire qu'il y a quelque chose de plus entre nous, vraiment quelque chose de plus. À croire qu'on ferait pleurer le soleil, qu'on ferait brûler les océans avec tant de beauté. Oui, nous sommes beaux. 

Je me sens poussé, doucement, sur le lit. Le matelas amortit ma chute de manière plutôt douce et j'entends l'adorable petit rire de Joe à mon oreille. Je lui en veux presque de cesser de m'embrasser. « - Pourquoi  j'ai autant envie de te tuer que de t'embrasser ... Louis je ... C'est de ta faute tout ça ... T'as pas le droit de me mettre dans cet état ... » Je souris. Je souris fièrement. C'est l'effet désiré que j'obtiens là, tout est parfait. Qu'elle se rassure, c'est tout aussi réciproque, même si mon drôle d'état fait que j'ai dix fois plus envie de lui faire l'amour que de la repousser. Oui, j'ai vraiment envie de lui faire l'amour. « Juste... » je commence entre deux baisers volés. « Juste tais-toi. » je souffle en un murmure. 

N'y tenant plus, j'entreprends de défaire son bustier. L'entreprise n'est pas facile, mais heureusement, même bourré, mes réflexes de bourreau des coeurs ne faillissent pas. Très vite, sa belle poitrine est dévoilé. L'obscurité m'empêche de voir quoi que ce soit ce qui me force d'autant plus à tout découvrir de mes longs doigts curieux. Je pianote sur sa peau et j'attarde quelque peu sur ses tétons. Mais ce n'est pas assez, non, j'en veux plus, beaucoup plus. J'abandonne sa poitrine de ma main droite et j'attaque la braguette de son jean. Je veux la débarrasser au plus vite de tous ces vêtements futils qui ne font que nous séparer, que faire barrière entre nous. Je ne veux faire qu'un avec elle, n'être plus qu'un être unique dans une symbiose des plus totales. « J'espère que ton petit coeur est bien accroché, tu ne vas pas te remettre si tôt de ce que je vais te faire subir » je lui susurre à l'oreille avec de déposer un baiser brûlant dans son cou.

Ça y est, je suis prêt à le faire. Je bouillonne d'envie, de désir et de plaisir. Oui, de plaisir parce que rien que ses baisers brûlants m'emmènent déjà au septième ciel. Je lui fais la promesse qu'elle ne se remettra pas ci-tôt de ce que je m'apprête à lui faire subir. Et tout à coup, elle murmure : « Louis... » Ça semble vouloir dire stop, ça semble vouloir dire que je devrais tout arrêter. Mais non Joe, désolée, je suis trop engagé. L'excitation a pris le dessus sur ma conscience. Je suis en parfaite osmose avec son corps et je n'entends plus rien.

Il semblerait que Joe soit tout aussi inconsciente que moi, elle me retire tout doucement mon jean et je sens ses mains baladeuses se retrouver proche de ma plus grande faiblesse. Sans même que je le réalise, Joe se retrouve en pratiquement nue. Je sens ses seins se frotter sur ma peau nue et je ne peux m'empêcher de mordiller sa lèvre, excédé par tant de désir inassouvi. Je ne tiens plus, elle me rend fou.

« Attends, je ne sais pas si... » Je me sens poussé sur le côté. Malgré le temps qui passe, je n'ai toujours pas toute ma tête et mes réflexes laissent carrément à désirer. Je la sens qui s'éloigne, qui farfouille je ne sais quoi dans la pièce. J'ôte silencieusement mon caleçon, me laissant porter par mes pulsions et mes mains trouvent gentillement le chemin vers mon intimité. « Joe ! » dis-je comme un supplice entre deux respirations saccadées. Pris d'un élan soudain, je me lève et je parviens à la trouver. Je me colle à elle, à son dos. Elle doit sentir mon excitation, mon impatience. Je dévore son cou de baisers et je n'hésite pas à mordre doucement sa peau. Une fois encore, mes mains se perdent sur sa poitrine avant de trouver refuge quelques instants plus tard un peu plus au Sud. Je retire le dernier bout de tissu qu'il lui reste et je lui inflige des caresses digne des plus grandes tortures pour la punir de m'avoir fait attendre.

Joe ne dit rien, Joe en perd sa voix, je le sais. Je ne dis rien non plus, je ne peux plus parler, je ne suis plus en mesure d'émettre le moindre son. Les petits gémissements s'échappant des lèvres de la sulfureuse blonde me donnent la chair de poule. Je la pousse sur le lit et cette fois, n'y tenant plus, je me mets à califourchon sur elle et je pénètre l'antre du paradis.

Je domine Joe, je suis sur elle. Je prétendrais bien lui infliger une quelconque punition, oui. Je le prétendrais bien et pourtant ça sonnerait terriblement faux. Ça sonnerait faux parce que cet échange n'a rien de dominant-dominé. Cet échange en est un vrai. Joe y met du sien. Joe me désire tout entier. Joe a envie ce moi presque autant que j'ai envie d'elle. Son corps ondule sous le mien. Son corps est couvert de caresses par mes mains. Et pas seulement. Je l'embrasse, encore et encore. Moi, habituellement, je n'embrasse jamais pendant l'acte sexuel. Moi, je me contente de donner du plaisir a la fille, de lui faire prendre son pied. Je couche avec les filles, je ne leur fais jamais l'amour. Je laisse toujours les gestes tendres de côté, baisers inclus. Et là, je l'embrasse encore et encore. Je dévore ses lèvres comme si ma vie en dépendait.

Après quelques instants, je me laisse rouler sur le lit. La belle blonde reprend le dessus et entreprend de quitter mes lèvres. Je m'en plaindrais presque. Trop, c'est trop. Je ne lui laisse pas longtemps. Ma force revient, mon équilibre également. Je l'attrape et la porte sur la commode. C'est sauvage, toujours plus sauvage. C'est bon, terriblement bon. Nos respirations se font de plus en plus haletantes et la chaleur monte encore d'un cran dans la pièce. Je la plaque contre le mur et sa commode tremble sous notre danse endiablée. Des objets tombent, mais nous n'y prenons pas garde. Je suis trop focalisé sur elle, sur ses lèvres que je refuse d'abandonner, sur ses yeux qui m'ensorcèlent.

Et dans un dernier élan d'énergie, je la jette sur le lit, non sans être légèrement brusque. Et j'entreprends de lui faire passer mes derniers regain de force, mes derniers regain d'envie. Joe gémis de plus en plus fort. Je quitte ses lèvres pour l'entendre murmurrer mon prénom. Elle le répète plusieurs fois, inlassablement. Et puis, vient ce cri, cet ultime cri qui ressemblerait presque a un supplice. « Louis »

Le rythme, la vitesse diminue. Nous sommes arrivés a notre apothéose. En même temps. Ensemble. Je me laisse glisser sur le côté alors que je quitte doucement son intimité. J'embrasse tendrement son cou. Je glisse mes doigts dans les siens. La fatigue me guette. Mes yeux se ferment doucement. J'ai un sourire sur le visage. Ce soir, je n'ai pas couché avec Joe. Non, ce soir, j'ai fait l'amour a Joe. Oui, je lui ai fait l'amour.

Je me sens partir, doucement. Joe me murmurre quelques trucs a l'oreille qui m'échappent. Non, je ne suis déjà plus ici. Je suis déjà ailleurs, dans le monde des rêves. Je flotte. Je flotte loin d'ici. Loin de Joe. Loin de mon corps. Loin d'ici. Loin. Son visage reste encré dans mon esprit. Il flotte lui aussi. Gros plan sur ses yeux. Gros plan sur ses lèvres délicieuses. Gros plan sur son corps nu, de déesse. Et puis il y a ces quelques mots. Ces quelques mots que j'ai dit sur la plage, qui résonnent. Âme soeurs. Âme soeurs. Âme soeurs...