Sujet: on va s'aimer, dans un avion sur le pont d'un bateau... (ou pas) Ϟ ft. Imran Mar 16 Juil - 10:59
« Imran »
(+) When everything seems to be going against you, remember that the airplane takes off against the wind, not with it. -Henry Ford
C'était assez étrange, comme sensation, ce souvenir qu'elle gardait de ces quelques heures à Chicago. Bientôt quinze ans qu'elle n'y avait plus mis les pieds. La ville était bien plus petite que dans son souvenir. Il lui semblait pourtant que Chicago était plus grand que New York... Absurde. Mais elle était petite, à peine cinq ans, lorsqu'elle avait vu Chicago pour la dernière fois. Petit, tout paraît plus grand. Elle avait étonnée d'en faire si rapidement le tour. « Mademoiselle, puis-je voir votre billet s'il vous plait ? » Mais elle était passée outre, elle n'avait pas fait plusieurs heures de vol pour se promener dans la ville. Siméon venait de quitter l'appartement, Arrowsic même, pour aller voir ce que le vent lui apportait ailleurs. Très bien, elle s'en était remise. Il le fallait bien, après tout, elle n'avait absolument pas le courage de retomber dans une dépression comme après le départ de son cousin. Pourtant, elle avait bien hésité à quitter la ville, à son tour. Mais elle avait saisi plus tard que sa vie était bel et bien à Arrowsic désormais. Elle ne se voyait pas retourner dans une ville comme New York, elle s'y sentirait étouffée. Mais, au départ de son meilleur ami, de son âme soeur, elle avait compris qu'elle avait besoin d'adieux pour tourner la page. Elle n'en avait pas eu l'occasion avec Addison, son cousin, parti sans un mot. Elle n'en avait pas eu l'occasion non plus avec ses parents... Ni son frère. Mais, à la différence d'Addi, elle savait où les trouver. Elle n'y avait jamais posé les pieds. L'angoisse la prenait devant l'immense portail en fer forgé. Elle ne pouvait pas, elle suffoquait. Malgré tout, elle était décidée à franchir le pas. Des adieux pour aller de l'avant, elle en avait terriblement besoin. Bientôt quinze ans que... « Mademoiselle ? » Sutton tourna la tête, jusqu'alors concentrée sur la baie vitrée qui s'ouvrait sur une ribambelle d'avions en attente d'un décollage. « Si vous comptez rentrer dans le Maine, j'aimerai voir votre ticket. » Elle sembla enfin reprendre ses esprits. « Je... Oh, excusez moi. J'étais... ailleurs. » Elle balbutiait. Il était clair sur son visage que Sue était complètement perturbée. Dans une situation qu'on pourrait qualifier de "normale", elle l'aurait bouffée toute crue, l'hôtesse de l'air -de mes deux-, pour lui avoir parlé sur ce ton. Mais là, docilement et un peu fébrile, elle lui présenta son ticket et son passeport. « 15 F... J'ai appelé les rangs 10 à 20 il y a un bon quart d'heure, mais soit. Embarquez mademoiselle, que l'avion puisse enfin décoller. » Elle était tout sauf commode, mais Sutton ne pipa pas un mot. Elle récupéra ses papiers et avança dans le couloir. Elle ne tilta même pas que l'avion l'attendait elle, que comme elle avait enregistré ses bagages plus tôt, le vol avait déjà un retard d'une dizaine de minutes parce qu'elle traînait, pensive, dans le hall de l'aéroport. Sutton aurait bouffé la personne, même une petite vieille édentée, qui lui aurait fait le coup. Mais là, elle était bien trop... ailleurs. Entrant dans l'avion, elle rendit le sourire que l'hôtesse de l'air et le pilote lui présentaient. En avançant dans l'allée, elle ne se rendit pas non plus compte que tous les regards, noirs de surcroît, étaient tournés vers elle. 15 F. Un duo. Là encore, elle était bien trop pensive à propos de cette journée de la veille perturbante pour réagir qu'elle était côte à côte d'un homme qu'elle connaissait. Enfin, connaître était un bien grand mot. Elle avait déjà été sa voisine la veille au matin, dans un même avion. S'asseyant sur son siège, elle boucla sa ceinture et, alors que l'hôtesse détaillait les mesures de sécurité à grands coups de bras dans tous les sens, elle posa sa tête contre le hublot, menton sur le poing.
Sujet: Re: on va s'aimer, dans un avion sur le pont d'un bateau... (ou pas) Ϟ ft. Imran Mer 17 Juil - 17:16
« - Vous vous foutez de moi ? »
Imran posa ses yeux sur la demoiselle qui se trouvait derrière son ordinateur. Intimidé par le regard de l'ancien écrivain, la jeune femme tapa sur son ordinateur puis fit signe qu'elle allait passer un coup de fil. Elle faisait ça pour faire plaisir à Imran et lui faire croire qu'elle se bougeait le cul à lui trouver une place dans l'avion. Imran était sur le point de péter un plomb, littéralement. Il n'était pas du genre casse-couille, mais là. Là, il voulait vraiment une place pénarde en première classe. Oh oui, il voulait une place de tranquillité avec une belle hôtesse à son service pour éviter l'accident de l'aller.
Quand il était à Arrowsic, Imran avait reçu un appel. Celui de son éditeur qui n'avait toujours pas lâcher l'affaire. Il voulait qu'Imran écrive un livre, il voulait que le grand Johar écrive un dernier livre. Raj était devenu son ami avec le temps, mais là, ces dernières années surtout, il était juste devenant le clochard chiant numéro 1. Imran avait ignoré l'appel, comme d'habitude, mais, quelque chose le poussa à aller voir Raj. Et ce quelque chose, c'était Quinn. La demoiselle quittait la ville, elle prenait sa vie en main et s'envolait au loin. Imran voyait son petit rayon de soleil disparaitre derrière les nuages. Il savait que l'au revoir qu'elle lui adressait était un adieu pour lui. Elle avait toujours voulu qu'Imran écrive de nouveau, mais maintenant qu'elle n'était plus là pour entrer en cachette dans sa maison et pour tenter de le persuader, pourquoi devait-il laissé Raj croire qu'il y avait un espoir ? Non, il fallait arrêter ce jeu idiot. En revoyant cette boite avec toutes les lettres qu'elle lui avait écrite, il avait décidé de prendre un rendez-vous et de finir une bonne fois pour toute sa carrière d'écrivain laissé en suspension jusqu'ici. Il avait alors réservé un billet d'avion, se disant qu'il fallait faire ça vite, mais dans l'avion... cette petite à côté de lui. Mon dieu, il avait envie de la balancer à travers son hublot. C'était quoi son prénom déjà ? Su quelques choses. Peu importe, c'était Miss casse-couille. Elle n'avait pas arrêté de parler, de parler et Imran avait beau répondre sèchement, ça ne l'avait pas arrêté. Alors une fois à New York, il avait changé son billet pour être sûr de ne plus revivre ce genre de tragédie.
« - Nous sommes désolés monsieur, mais nous n'avons pas d'autres places disponibles sur ce vol. » Imran leva les yeux aux ciels. Bougeant négativement de la tête, Imran posa son regard glacial sur la jeune femme. « - D'accord. » Il prit son billet, avant de rajouter : « - Profiter de votre petit siège à la con, il y a de fortes chances que demain vous finissiez à la rue. » La façon dont Imran disait ça, fit légèrement frissonnait l'hôtesse d'accueil. Imran n'était pas du tout de bonne humeur. Raj avait été plus qu'énervant, le patron même de la boite d'Edition était là et Imran avait un scandale au restaurant. Soi-disant, son contrat avec la maison d'Edition n'était pas terminée et qu'Imran leurs devaient au minimum un écrit. Imran les avaient prévenus, que pour lui s'était fini et qu'il n'écrirait plus jamais. Le grand Johar allait se retrouver un procès au cul. Bon sang, il ne pouvait pas mourir plus vite ? Hein ?
Une hôtesse le guida à sa place, Imran rangea sa sacoche avant de s'installer. Visiblement, la personne à côté de lui ne semblait pas être là. Pour une fois, dans cette putain de journée, il y avait une bonne nouvelle !
Jusqu'à ce que le vol ait du retard.
Imran se leva, allant discuter avec une hôtesse plus loin histoire d'avoir un verre de whisky en avant par rapport à l'autre population qui se trouvaient dans l'avion. Au moins, il patientait plus vite comme ça. On lui indiqua alors de retourner à son siège, puisque l'avion allait enfin décoller ! C'est bon, tout allait bien. Cette fin de journée allait enfin être une BONNE fin de journée.
Jusqu'à ce que miss casse-couille se retrouve de nouveau près de lui.
Ouais, là, près de lui, à côté du hublot. C'était elle. Oui, c'était elle. Imran s'installa, attachant sa ceinture et regardant l'hôtesse de l'air. Une fois fait, l'avion allait enfin décoller. Imran priait pour ne pas entendre un mot et alors que l'avion se stabilisait enfin et qu'il détacha sa ceinture pour demander un autre verre, il lança un coup d'oeil à Miss casse-couille. Une idée lui traversa alors l'esprit.
« - Qui est mort ? » Oui, il s'adressait bien à elle. Elle avait l'air tellement... ailleurs. « - Ton p'tit chat où tu as juste écrasé un hérisson avec ta valise ? » et puis, elle l'avait tellement fait chié à l'aller et qu'au final, il pouvait enfin se venger.
Sujet: Re: on va s'aimer, dans un avion sur le pont d'un bateau... (ou pas) Ϟ ft. Imran Lun 29 Juil - 22:14
Ce qui était étonnant, c'était la façon dont Sutton aimait prendre l'avion. Enfin, cela ne la dérangeait pas. On aurait pu croire pourtant, qu'après ce qui s'était passé, elle en aurait pu être phobique. Elle pensait exactement à ça, d'ailleurs, en ce moment, menton sur son poing gauche et regard sur les nuages. Il lui aurait été accordé de plein droit le fait d'avoir peur de ces engins. Peut-être qu'elle était trop jeune, finalement, pour en garder un réel souvenir ? Ou peut-être était-elle simplement sans coeur ? Après tout, c'était bien elle et son coeur de pierre qui avaient manqué de se rendre au cimetière pendant quinze ans. Si elle ne leur avait jamais dit au revoir, pourquoi son esprit se serait-il laissé embrouiller par la tragédie ? Oui... Elle était sans coeur alors. Son frère et ses parents meurent dans un accident d'avion. Elle s'en sort, miraculeusement, avec quelques blessures superficielles. L'une des seules survivantes, d'ailleurs, et elle reprenait ce moyen de transport comme si ne rien n'était ? Comme s'il ne s'était rien passé ? Elle eut un haut le coeur, ferma les yeux et inspira longuement.
« - Qui est mort ? » Une voix à ses côtés l'interpella. Elle était tellement ailleurs qu'elle ne s'était même pas rendue compte qu'elle avait un voisin. A vrai dire, elle aurait pu se poser aux côtés d'un écureuil vert fluo à queue de lapin dansant la macarena qu'elle n'aurait pas sourcillé. Elle laissa échapper un long soupir et posa ses yeux sur l'énergumène qui cherchait la merde. Elle ne releva pas les mots exacts, le ton suffisant et vicieux suffisaient à la piquer. Elle fut surprise de tomber sur un visage qu'elle connaissait. Elle l'avait définitivement déjà croisé, mais impossible de le remettre. « - Ton p'tit chat où tu as juste écrasé un hérisson avec ta valise ? » Son coeur rata un battement. Non mais, pour qui y s'prend lui ? Bouche-entrouverte, elle fut surprise de constater le ton qu'il prenait avec elle. Elle hésitait entre lui en coller une et lui cracher un tas d'insultes sans queue ni tête en pleine face. Il ne resterait pas impuni. Bien que d'humeur maussade, elle n'en perdait pas son caractère bien trempé. L'hôtesse de l'aéroport lui avait déjà marché dessus, quelques minutes auparavant. Il ne fallait pas non plus pousser mémé dans les orties. Elle savait encaisser, mais une fois était bien suffisante. Surtout dans la même journée. Sûr que celui-là prendrait pour deux -lui et l'hôtesse-. Alors qu'elle commençait à ouvrir la bouche pour laisser sortir la liste de noms d'oiseaux qui lui parvenait, elle se souvint de lui. Elle avait déjà eu le bonheur de l'avoir en tant que voisin de vol la veille au matin. Décidément, le destin ne les lâcherait donc pas... Elle laissa échapper un petit rire. Froid et sarcastique. « Ah ah tiens tiens. Encore toi ? Tu m'suis partout on dirait ! Fais gaffe, j'vais finir par croire que t'es tombé amoureux d'moi. » Bien sûr, Sutton savait très bien que tout cela n'était que le fruit du hasard. Il était certainement aussi heureux qu'elle de se retrouver encore une fois. Mais elle avait envie de le taquiner. Après tout, n'avait-il pas été le premier à la provoquer ? Aujourd'hui, tout du moins. Elle avait juste envie de le déstabiliser et de le pousser au bout de ses retranchements. Avant de poursuivre, elle lui afficha son plus beau sourire forcé. « Et mon p'tit chat va très bien, merci. Enfin, si on peut appeler sa non-existence être en bonne santé... » Elle laissa cette phrase finir lentement. Elle ne manquait jamais une occasion de commenter ses propres répliques, à voix haute en plus de ça. Un vrai TOC, qui pouvait rapidement devenir insupportable pour les autres, et pour elle-même. Sutton reposa ses deux prunelles sur le hublot, quelques secondes, avant de revenir vers son interlocuteur. « T'as pas quelqu'un d'autre à emmerder, l'vieux ? » L'air blasé et maintenant fatiguée de cette discussion, elle le pensait sérieusement. Elle pouvait d'ordinaire discuter pendant des heures, elle l'avait bien prouvé la veille, et embêter les autres était son petit jeu favori. Mais là, elle n'était pas d'humeur. Elle rêvait qu'on lui foute la paix. Pourtant, elle savait très bien, au fond d'elle-même, qu'il était totalement en droit de lui en faire baver et de la voir trépigner d'énervement sur son siège. A ce titre même qu'elle lui avait fait la misère à peine vingt-quatre heures plus tôt.
Sujet: Re: on va s'aimer, dans un avion sur le pont d'un bateau... (ou pas) Ϟ ft. Imran Sam 3 Aoû - 12:48
Vous rendez-compte ? On allait faire un procès à Imran Johar parce qu'il ne pouvait plus tenir son contrat. La maison d'Edition avait osé. Le pire là-dedans, c'est qu'elle croyait pouvoir réussir. Pouvoir retirer quelque chose de cette menace futile. En réalité, elle se fourrait le doigt dans le nez. Raj était stupide. A tous les coups, ça avait été son idée. Mais Imran Johar était connu pour une chose : il gagnait toujours. Et là, il savait déjà la stratégie à appliquer pour que la maison d'Edition arrête de prendre ses rêves pour des réalités. Il allait user la carte du deuil, suivi de la carte de la folie le tout avec la carte de l'incompétence et du traumatisme. Il n'écrivait plus et ce n'était pas un procès qui allait lui faire changer d'avis. Il n'y avait pas. C'était tout. Il pouvait prendre un stylo, les mots ne sortaient pas. Les seules phrases qu'il arrivait à écrire étaient d'un cliché et d'un ringard que ça le désespéré. Cette année avait été difficile, il avait perdu toute son inspiration. L'écriture n'était plus une passion, mais un fardeau. A chaque fois qu'il y pensait, une sentait une boule au coeur l'envahir regrettant que ce qui lui faisait le plus plaisir s'était envolé avec la femme de sa vie.
Passons, il allait rentrer à Arrowsic retourné à sa petite vie de psy. Retourner voir son fils et poursuivre les derniers jours de sa vie comme-ci son coeur n'allait pas s'arrêter d'une seconde à l'autre. Mais entre l'avion qui prenait du retard et sa voisine qu'il reconnut avec peine, Imran Johar avait décidé de jouer un jeu. Son jeu favori.
La vengeance.
Et ce petit rire venant de la part de Miss casse-couille, c'était presque salvateur. Et cela n'enlèverait rien de son sourire moqueur et narquois.
« - Exactement. J'suis un pauvre pédophile qui a craqué sur une p'tit chieuse en couche-culotte. » Il reprit, le sourire plus gros, légèrement théâtrale. « - N'est-ce pas fantastique de se retrouver de nouveau ensemble ? Wouhou ! » C'était ironique. Terriblement ironique. Si elle savait qui il était, elle aurait surement déjà demandé de changer de place. Le seul problème, c'est qu'il n'y en avait pas. Oh, ce vol allait être fantastique, il le sentait. Il allait bien s'amuser pour une fois.
La demoiselle tenta d'échapper à Imran, mais elle devait sentir qu'il n'était pas prêt à la laisser tranquille. Oh non, il était tourné vers elle et comptait bien le rester. La bouche prête à sortir toutes les absurdités les plus effrayantes qui lui passaient par la tête.
« - Oh si. Mais nous sommes voisins. Nous devons prendre en compte cette occasion que le destin nous offre. » Oui, Imran Johar était un connard. « - Alors raconte-moi, qui a bouffé ton enthousiasme si personne n’est mort ? »
Une hôtesse arriva, tout sourire, offrant le nouveau verre de whisky à Imran, qui but une gorgée. Il sortit son fameux petit carnet noir de la poche de sa veste, prenant son stylo plume. Il se retourna de nouveau vers la jeune demoiselle.
« - C’était quoi ton prénom déjà ? Silvie ? Sam ? C’était quelque chose en S… » Il réfléchissait, il n’avait pas vraiment retenu ce qu’elle lui avait dit au premier vol. Il l’avait laissé sans vraiment prendre la peine de trop répondre. Imran savait rester très silencieux parfois. « - Sue ? Non… Et si je t’appelais… Grenadine ! » Il s’éclatait, franchement. Il était intérieurement mort de rire devant sa connerie. Oh, il sentait qu’il était prêt à continuer comme ça pour longtemps encore.