« You gave me a forever within the numbered days, and I’m grateful. »
Je poussais la porte de la maison. Avec un grand sourire.
« Papa ! C’est moooooi ! ». Il ne me fallut pas attendre longtemps pour retrouver les bras de mon père. Il me serrait très fort contre lui.
« Ma fille chérie ! ». Je lui offrais un large sourire. Alors que lui fronçais les sourcils. Faussement mécontent.
« Qu’est-ce que tu fais là en semaine ? ». J’affichais un sourire innocent. J’adorais être avec lui. Chez lui. Il préférait que je vive chez ma mère. Parce qu’il avait beaucoup de boulot. Et pas assez de temps pour me surveiller. Du moins, c’est ce qu’il disait. Parce que dans les faits, je passais bien plus de temps chez lui que chez elle.
« T’es pas heureux de me voir ? ». Je faisais une bouille de chien battu. Alors que lui, il se mettait à rire.
« Comédienne ! ». Je lui offrais un large sourire plein de malice. J’étais comédienne, ça c’était certain. Malheureusement –ou heureusement- avec mon père ça n’avait jamais pris.
« Cruella n’est pas avec toi ? ». Cruella. Oui, ma future belle-mère. Mon père voulait se marier avec elle. Moi je ne la sentais pas. Je ne l’aimais pas. Et c’était réciproque. Elle me faisait passer pour une gamine capricieuse. Qui ne voulait pas qu’on lui prenne son papa. Je ne voulais le laisser entre les mains d’une salope, nuance.
« Non, elle s’est absentée. ». Il prit alors un air sévère avant d’ajouter en Italien.
« Et ne l’appelle comme ça, je t’en prie ». Je haussais les épaules. Je n’allais pas lui promettre. Je faisais déjà un effort en ne lui crevant pas les yeux. Donc bon.
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Assise sur le bureau, j’attrapais la cravate de Carrick. Le tirant vers moi.
« Doucement Leana… ». Il semblait plus qu’irriter. Alors que moi j’étais amusée. Je laissais d’ailleurs échapper un petit rire.
« Si ton père nous voit, on fait quoi ? ». Il semblait anxieux et en colère maintenant. Tellement chou. Il faudrait que je précise qui il était. Carrick, directeur financier de l’entreprise de mon père. Et accessoirement meilleur ami. Vingt-huit ans.
« Il est en réunion, il en a pour au moins deux heures, donc on a le champ libre.. ». J’affichais un sourire malicieux. Il le savait pertinemment. Ce n’était pas mon père le problème. Nous le savions tous les deux.
« Leana, tu n’as que quatorze ans ! ». Je grognais. J’avais horreur qu’on me rappelle mon âge. Physiquement je faisais plus. Et très honnêtement, je rêvais de grandir pour que ce monde arrête de me prendre pour une enfant. J’en savais déjà pas mal sur lui. Sur ces magouilles.
« Ça n’a pas eu l’air de te déranger les autres fois… ». Mon sourire montrait clairement ma moquerie.
« J’avais bu Leana. ». Je riais très franchement.
« Tu avais bu, la première fois mais, il me semble qu’au gala de charité, tu étais sobre quand nous nous sommes éclipsé, ainsi… qu… ». Il me coupa net. Sachant très bien que des exemples j’en avais en stock. En deux mois, le nombre de fois où nous avions couché ensemble n’était pas limité à une fois. Il n’était donc pas toujours sous l’effet de l’alcool.
« C’est bon, arrête là. ». Je souriais avant de déposer un délicieux baiser sur ses lèvres.
« On se voit au Mariage… ». Je me levais du bureau avec un petit sourire, prête à partir. Cependant, il m’attrapa le bras. M’offrant un fougueux baiser.
« Tu me retrouves chez moi ce soir ? ». Je haussais les épaules avec un sourire satisfait. Peut-être. Peut-être pas. J’aimais le faire courir.
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Je ne les entends plus. Je suis là. Mais mon cœur est mort. Et mon esprit vole ailleurs. Je me sens vide. Et pourtant je n’ai jamais ressenti autant de souffrance. Ils parlent. De la société. De mon héritage. De vendre mes parts ou non. Je crois que je suis censée être intéressée. Mais comment pourrais-je l’être. Mon père est mort. Mort. Et… je ne peux pas accepter ça. J’ai juste envie de pleurer. De boire jusqu’à oublier mon nom. De me défoncer à croire que je vole. Ou de courir le rejoindre. Mort. Comment pouvait-il être mort. J’avais besoin de lui. C’était la seule personne sur qui je pouvais compter. Ma mère ne comptait pas. Pas plus que je ne comptais pour elle. Carrick n’était qu’un plan cul. Et le reste ? Il n’y avait rien d’autre. Personne d’autre. Il n’y avait que mon père qui avait trouvé une place dans mon cœur. Mon père. Et le souvenir de sa sœur qu’il avait tenté de m’offrir. Mais, maintenant, je me retrouvais avec deux fantômes. Je me levais donc du canapé. Me dirigeant vers ma chambre. Ne pouvant plus supporter de les savoir à côté de moi. Même si je ne les ressentais pas.
« Lea, on a pas terminé ! ». C’était la voix de ma mère. Mais, clairement, j’en avais rien à faire. J’avais simplement envie de m’écrouler. Qu’on me fiche la paix.
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Dos contre la porte de la salle de bain, je pestais. Je pleurais. Je faisais mon petit caprice. Parfaitement calculé.
« Léa, ouvre cette porte ! ». La voix de ma mère était impatiente. Protégée par la porte, je me permettais un petit sourire. Avant de recommencer à pleurer. Parce que la partie n’était pas gagnée. Même si elle mettait les pieds dans le plat.
« Non ! ». Va te faire foutre. J’aurais eu tendance à rajouter cela. Mais, ce n’était pas dans mon intérêt dans l’immédiat.
« Léa s’il te plaît ! ». Elle commençait à y mettre les formes. Elle allait craquer. Et je me sentais fière. Si fière que s’en était dur de jouer la comédie. Mais, je ne lâchais rien.
« Ok d’accord, c’est bon, on va en parler. ». La victoire était proche. Je laissais durer la comédie quand même. N’ouvrant pas dans l’instant.
« Tu dis ça pour me faire sortir ! ». Je prenais un ton de petite fille en colère. Comme si je n’en avais pas déjà fait assez.
« Mais si Léa c’est promis, aller ouvre-moi. ». D’un mouvement lent, très lent je lui ouvrais enfin la porte. Découvrant sa mine énervée et son air désarmé. Je cachais parfaitement mon sourire. Hors de question de relâcher les efforts maintenant.
« Tu tiens vraiment à vivre à Arrowsic ? ». Ma mère n’allait pas quitter Philadelphie. Elle avait bien trop de choses. Bien trop de relation. Moi, je hochais la tête positivement.
« Bien, on va passer un accord. ». Je fronçais les sourcils. Faisant semblant d’être intriguée. En réalité j’étais prête à tout pour avoir ce que je voulais.
« Quel deal ? ». Mon regard était froid. De toute façon, l’amour entre ma mère et moi, il n’y en avait pas. Raison pour laquelle elle craquait si facilement. Raison pour laquelle elle allait me laisser partir à l’autre bout de pays. Avec une gouvernante pour sa conscience. Mais sans trop de remords.
« Tu termines l’année scolaire ici et tu pars dès que c’est fini. ». J’avais presque envie de rire. C’est dingue comme ça ne paraissait pas la gêner. L’émouvoir. Faut dire que j’étais seulement le résidu d’une coucherie pour elle. J’aurais pu aller vivre chez mon père. C’est ce que je faisais avant. Mais il était mort. Tué à Arrowsic…
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Je relisais encore une fois ce torchon. Écrit par Matthew O'Connel. Si je rencontrais ce petit con il allait le regretter. D’avoir sali le nom des Leone. Je savais pertinemment que j’étais le fruit de l’association entre la peste et le choléra. Mais, ce n’était pas parce que je représentais le sida que je tolérais qu’on asperge ma famille de méfaits non réalisés. Qui était ce journaliste pour dire que ma tante avait tué mon père de sang froid ? Luana avait sauvé mon père plus jeune. Luana était une partie de moi. Mon père m’avait donné son prénom. Ses deux prénoms même. Ce n’était pas sans raison. Il tenait à sa sœur plus qu’à quiconque. Alors, je savais bien que tout ceci n’était que mensonge. On pouvait accuser Luana d’avoir vendu son corps. Mais, ce n’était pas un crime. A moins que se sacrifier en soit un. Je regrettais tellement de ne pas avoir pu la connaitre. Du moins, autrement qu’à travers le regard de mon père. Si j’étais ici, c’était en partie pour cette raison. Apprendre à la connaître. Découvrir qui elle était. Qui elle avait marqué. Si quelqu’un connaissait sa vie. C’était en partie pour elle que j’étais ici. La deuxième était que mon père avait été enterré ici. Et puis à Philadelphie, je n’avais rien. Pas de raison de rester. Pas de raison partir. J’avais juste envie de faire ce qui me semblait être le mieux pour moi. Qu’importe les avis opposés.
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Voir les familles heureuses me donnait la gerbe. Le cimetière était devenu mon refuge. Lieu de réconfort absolu. Je m’asseyais sur la tombe de mon père. Je pouvais rester là pendant des heures. A me remémorer tous mes souvenirs à ses côtés. Et ce qu’il m’avait laissé aujourd’hui. Un manque. Un vide immense. Les parts de son immense société que j’étais encore trop jeune pour gérer. Et pourtant aucune décision importante ne pouvait être prise sans moi. Il m’avait laissé une putain de fortune. Le cadavre d’une tante que je n’aurais jamais connu. Il me manquait terriblement. Et aujourd’hui j’étais perdue sans lui. Parce que ma mère ne m’avait jamais aimé. Ce n’était pas exagéré de dire cela. Mais, mon père, lui, l’avait fait. Mon père ne m’avait jamais abandonné. Même quand mon affreuse future belle-mère assassinée par ma tante avait son apparition. Mon père, c’était mon héros. Et je me sentais seule aujourd’hui. Animée par une certaine tristesse. Je ne savais plus quoi faire de ma vie. J’étais motivée par le souvenir de ma tante. Raison de ma présence ici. Et après qu’est-ce que j’allais faire ? Je n’avais pas envie de faire des études. D’avoir une vie comme les autres. Parce qu’elle n’était décemment pas faite pour être comme les autres. J’étais une Leone. Et ce nom n’avait jamais connu la normalité je crois. Je n’allais pas échapper à la règle. Je ne voulais pas.