Je m'enroule dans ma couverture et j'ouvre les yeux. Je ne suis pas fatiguée. Je ne suis pas fatiguée du tout. Non, je suis exténuée. Je suis à bout. Totalement à bout. Ces derniers jours ont été catastrophiques. Une semaine. Cela fait une semaine que tout s'est produit. Une semaine que je suis enfermée à la maison sous les ordres de Patrick. Je me souviens, c'était dimanche dernier. Je suis retournée chez moi après cette soirée et nuit mouvementée chez Lenny. Il me suivait à grand pas alors que je me dirigeais sans hésitation vers ma villa à quelques centaines de mètres plus loin. Je savais bien que quelque chose de très désagréable m'y attendait, mais je préférais y aller la tête haute. Pendant le trajet, Lenny avait tenté de me dissuader deux ou trois fois encore. Mais je tenais bon.

Arrivée à bon port, Patrick et Johan m'attendaient de pieds fermes. Patrick était rouge de colère et Johan manquait vraisemblablement de sommeil. Ils se fuillaient du regard sans rien dire et ce moment là, c'est vrai, j'ai eu une petite hésitation. Mais elle n'a pas duré longtemps puisque mon père m'avait vite vue. « Jona » avait-il dit sans aucune émotion. « Jona » avait ajouté Johan avec un certain espoir transparent dans la voix. J'avais jeté un oeil à Lenny qui semblait se sentir un peu de trop. « C'est lui qui m'a parlé au téléphone, c'est ton nouveau mec ? » Je pouvais entendre la colère monter dans sa voix.

S'en était suivi des insultes venant de tous les côtés jusqu'à ce que Patrick, furieux comme je ne l'avais jamais vu auparavant, avait renvoyé Lenny chez lui qui s'était exécuté, probablement pour ne pas me fâcher moi aussi. Nous étions tous rentré à l'intérieur. Patrick avait jugé bon de me laisser avec Johan un moment pour que je puisse discuter avec lui - et en finir, comme il avait dit. « Ce n'est pas parce que Patrick ne l'approuve pas, ni parce que j'ai un nouveau petit ami. Je ne suis juste pas prête à me marier. J'ai été prise dans l'émotion du moment, je n'aurais pas du te dire oui. » Je lui avais tendu sa bague qu'il avait refusé de reprendre. « Non, non, c'est faux. On s'aime toi et moi Jona. Et rien ne peut se mettre entre nous. S'il le faut, je t'attendrai. » Cette discussion me brisait le coeur et pourtant je devais en finir. « Je suis persuadée qu'on ne voit pas les choses de la même façon. Tu voudras toujours plus. Et puis... Je suis passée à autre chose, cesses de lutter Johan. » J'avais des larmes dans les yeux. Malgré tout, avoir cet homme devant moi réveillait un tas de sentiments que je croyais envolés. J'avais envie de l'embrasser, de le prendre dans mes bras et de repartir avec lui. Mais je savais pertinemment que cette relation était vouée à l'échec. L'amour qu'il me porte me faisait peur. « C'est faux Jona, je le vois à ta manière de me regarder, tu m'aimes. » « Je suis passée à autre chose. » J'avais répéter en mettant le plus d'assurance dans ma voix que possible. Je le regardais dans les yeux pour lui prouver mes dires. Il semblait toujours aussi sceptique et pourtant, il avait dit : « C'est lui, c'est ce Lenny, j'en suis sûr. »

Je n'avais pas dit oui, je n'avais pas dit non. Rapidement, Patrick était revenu dans la pièce et avait invité mon cher ex fiancé à quitter la ville immédiatement. Je pouvais voir dans les yeux de Johan qu'il ne comptait pas se laisser faire aussi facilement. Je pouvais voir qu'il ne croyait pas un instant ce que je venais de dire et que les choses étaient très loin d'être terminée. Merde.

Ça fait une semaine que je suis recluse chez moi comme une prisonnière. Patrick m'a confisqué mon téléphone pour que je ne parle ni à Johan, ni à personne. Il m'a interdit de voir des garçons et en particulier « ce baba cool qui te sert de nouveau petit ami » sous entendu Lenny. Lui aussi est persuadé que mon ami est mon nouvel amoureux. Je sais par Teddy que Johan n'a pas quitté la ville et qu'il attend une occasion de me revoir. J'ignore comment je vais m'en sortir, ni comment je vais mettre fin à ce cauchemar. Si seulement tout cela avait pu ne pas arriver...

J'entends un bruit à la fenêtre. Je me redresse brusquement et je sens qu'il y a du mouvement dehors. Je regarde l'heure : deux heures du matin. Je dois rêver. Ou bien ça doit être un chat qui s'amuse sur un arbre.

Même s’il passait parfois des semaines entières sans sortir de chez lui, Lenny avait aujourd’hui l’impression qu’il était reclus dans son appartement depuis des années. Le mauvais temps permanent n’aidant pas, il ne s’était présenté à aucun de ses cours à l’université et n’avait pas non plus prit la peine d’assister au traditionnel repas familial de la maison Gavennham. Au lieu de ça, il était resté vautré dans son canapé, enchainant joint sur joint en compagnie de son plus fidèle ami : John. D’ordinaire, lorsque le jeune homme restait ainsi cloitré, c’était plutôt pour se vider l’esprit en dessinant ou en grattant sur sa guitare des heures entières. Mais cette fois, il n’avait de cesse de se torturer l’esprit, de sauter sur son téléphone à chaque fois que celui-ci se mettait à sonner, et de guetter le moindre mouvement dans le couloir qui pourrait annoncer la visite prochaine d’une amie. Car c’était bel et bien de cette amie qu’il s’agissait. Jona. Leur dernière entrevue avait été particulièrement mouvementée et depuis, Lenny n’avait eu aucune nouvelle. Il avait tenté de la joindre une bonne centaine de fois, mais le répondeur avait toujours été son seul interlocuteur. L’idée d’aller la voir directement chez elle avait également traversé l’esprit du jeune homme, mais il avait rapidement déchanté en se souvenant de la façon dont il y avait été accueilli la dernière fois. Patrick ne semblait pas vraiment le porter dans son cœur, et il doutait que ce dernier le laisse revoir Jona sans broncher.

Lenny aurait voulu pouvoir tirer un trait sur cette histoire, et simplement attendre que les choses se tassent pour ensuite voir de quoi il en retournait. Seulement voilà, sa petite sœur de cœur ne quittait plus ses pensées depuis le dimanche précédent, et le bref baiser qu’ils avaient échangé juste avant le « drame » n’arrangeait absolument rien à la situation. Ca aussi, ça aurait du lui passer au-dessus de la tête… Mais force était de constater que toute cette histoire le perturbait, plus que jamais. Alors, refusant de rester ainsi sans nouvelles plus longtemps, Lenny avait échafaudé un plan. Puisqu’il ne voulait en aucun cas tomber nez-à-nez avec Patrick, le jeune homme devait se présenter à un moment où ce dernier ne pourrait pas l’intercepter… autrement dit : la nuit. Pour y être allé quelques fois auparavant, il savait parfaitement où se trouvait la chambre de Jona et pour l’acrobate qu’il était, rejoindre le rebord de sa fenêtre ne prendrait pas plus d’une minute ou deux. Le jeune homme régla donc la sonnerie de son réveil sur 1h30 du matin et s’assoupit bien plus sereinement que les jours précédents, languissant déjà le moment où il pourra revoir son amie.

Il devait être à peu près 2h lorsque Lenny entama l’ascension de la façade de la villa dans laquelle Jona se trouvait probablement. Commençant par s’aider la gouttière, il s‘agrippa ensuite à l’arbre voisin et grimpa comme il le put, non sans quelques glissades plus ou moins contrôlées qui parsemèrent son parcours. Les pieds calés sur la gouttière, Lenny releva prudemment la tête pour tenter d’apercevoir quelque chose à travers le carreau de la chambre de Jona. Il ne voulait en aucun cas se montrer, pour éviter tout risque de mauvaise surprise. Et s’il s’était trompé ? Et s’il atterrissait dans la chambre de Patrick sans le savoir ? Non, Lenny ne voulait prendre aucun risque et à la force de ses bras, il se hissa juste assez haut pour entrevoir l’intérieur de la pièce. Et aussitôt, le jeune homme fut soulagé. Elle était là, allongée sur son lit et… Le regard de Lenny glissa plus ou moins consciemment le long du corps de Jona et un de ses sourcils s’arqua sans même qu’il ne s’en rende compte. La jeune femme était vêtue d’une nuisette des plus sexys, dans laquelle il n’était probablement pas censé la voir. Mais ce qui retint surtout l’attention de Lenny fut la poitrine de Jona, que sa nuisette ne recouvrait clairement pas comme elle était censée le faire. Le jeune homme resta interdit quelques instants, contemplant malgré lui ce spectacle un peu à la manière d’un voyeur puis, il secoua vigoureusement la tête pour reprendre ses esprits et se hissa pour de bon sur le rebord de la fenêtre. Frappant contre le carreau le plus discrètement du monde pour ne pas se faire repérer et pour ne pas effrayer Jona, il guetta sa réaction avec autant d’impatience que de fébrilité, espérant que cette prise de risque allait porter ses fruits.

J'ai beau me dire que ça doit être un chat, une chauve souris, un oiseau, un hibou, une chouette ou même un lutin, je continue d'avoir peur. Ce bruit est anormal et plutôt fort. Surtout qu'il ne s'agit pas vraiment d'un bruit d'arbre, mais plutôt de ma gouttière. Je me recouche dans mon lit et je tente de respirer profondément. Ça doit probablement être mon imagination qui me joue des tours. Après tout, je suis le genre de fille qui rêve toutes les nuits qu'une armée de zombie va l'attaquer. J'ai une imagination débordante. J'essaye d'ignorer ce bruit autant que je peux, mais c'est difficile, très difficile.

Je ferme les yeux et je me cale bien profondément dans ma grosse couette pour tenter de masquer cette chose qui perturbe mon endormissement - qui n'était pas vraiment fameux avant, mais passons. Et puis, tout à coup, j'entends comme un coup sur ma vitre. Je sursaute et je vois la tête de Lenny qui me regarde de manière insistante. Mais que fait-il ici ? J'ai un instant d'absence avant de réaliser qu'il faudrait peut-être que je lui ouvre histoire qu'il ne reste pas accrocher à ma gouttière toute la nuit. Je me précipite hors de mon lit et je me souviens soudainement que je suis en petite nuisette de soie bleu et que mes seins ont souvent du mal à rester à leur place à l'intérieur. Je baisse les yeux et évidemment, ça ne manque pas. D'un air gêné, je m'empresse de rectifier le tir avant de me lancer à l'assaut de cette foutue fenêtre.

Je tends ma main à Lenny pour l'aider à rentrer à l'intérieur et dès que c'est chose faite, je referme la fenêtre. Très vite, je lâche sa main, ça me perturbe beaucoup trop d'avoir un quelconque contact physique avec lui. Surtout après tout ce qui s'est passé et après les quelques rêves que j'ai fait. Rêves que je préférerais oublier d'ailleurs. « Bon sang Lenny, qu'est-ce qui te prend d'escalader ma fenêtre à deux heures du matin ? » dis-je plus sur le ton de l'inquiétude que sur celui du reproche. Je sais bien que j'ai fait la morte ces derniers jours - enfin que Patrick m'a fait faire la morte, mais tout de même. J'ai tout à coup peur qu'il se trame quelque chose de merdique, de grave. « Il t'arrive quelque chose ? Lenny, y a rien de grave j'espère ? » j'ajoute en m'agripant à sa manche de pull en le regardant avec de grand yeux.

Il avait beau se faire le plus discret possible, Lenny craignait de réveiller toute la maison au moindre geste qu’il faisait. Et autant dire que s’il venait à se faire repérer par Patrick, s’en était fini pour lui. Le père adoptif de Jona ne l’appréciait déjà pas beaucoup alors s’il le trouvait pendu à sa gouttière en train d’essayer de rejoindre la jeune femme… Lenny n’osait même pas imaginer quel sort il lui réserverait. C’est donc en faisant tous les efforts de discrétion du monde qu’il grimpa en direction de la fenêtre de Jona, tombant finalement sur un spectacle qui le laissa rêveur quelques instants. Mais après s’être reprit, il toqua finalement au carreau et fit bien malgré lui sursauter son amie. Cette dernière resta d’ailleurs immobile un moment, ne semblant pas savoir comment s’y prendre pour faire entrer Lenny, qui se permit d’insister à lui adressant un signe de tête. Et alors qu’elle sortait finalement de son lit, le jeune homme ne put s’empêcher d’assister à l’habile réajustement de la nuisette qui avait attiré toute son attention depuis qu’il l’avait aperçue.

Saisissant la main que Jona lui tendait, Lenny pénétra le plus discrètement possible dans la chambre sans lâcher la jeune femme du regard. Inconsciemment, il s’assurait que tout allait bien et qu’il ne lui était rien arrivé d’assez grave pour que cela l’empêche de répondre au téléphone. Mais alors que ses habitudes de grand frère protecteur lui dictaient de la prendre dans ses  bras, Lenny remarqua une sorte de malaise chez Jona ; malaise qui le dissuada aussitôt de lui démontrer à quel point il était soulagé de la retrouver. Et avant même qu’il n’ait eu le temps d’articuler quoi que ce soit, la jeune femme le devança en le questionnant sur sa toute nouvelle manie de grimper aux façades en plein milieu de la nuit. « Il t'arrive quelque chose ? Lenny, y a rien de grave j'espère ? » ajouta-t-elle en s’agrippant à son pull, visiblement rongée par l’inquiétude. Pas certain de comprendre la source de cette réaction, le jeune homme secoua la tête avant de la rassurer : « Non, non ! Tout va bien Jona, c’est plutôt à toi qu’il faudrait poser la question ! Ca fait une semaine que j’essaye de t’appeler, au moins une fois par jour, et je tombe sans cesse sur ton répondeur ! » expliqua-t-il en fronçant les sourcils. « Comme je ne savais pas comment s’était terminé l’épisode de dimanche dernier…. Je voulais prendre de tes nouvelles ! Et puis j’ai trouvé ça vachement plus fun de venir par la fenêtre… » Lenny se fendit d’un petit sourire amusé, tentant à sa manière de détendre un peu l’atmosphère. Mais il se mit bien vite à grimacer, et ajouta sur le ton de la confidence : « Oui bon… je voulais aussi éviter de croiser Patrick alors… c’est le seul moyen que j’ai trouvé ! »Le jeune homme haussa les épaules en restant dubitatif quelques instants, puis se reconcentra rapidement sur Jona en demandant : « Alors ?! Est-ce que ça va ? Dis-moi ce qu’il s’est passé… »

Je suis réellement inquiète de cette irruption soudaine de Lenny au milieu de la nuit. Il n'a jamais fait ça, c'est la première fois. Enfin, c'est même la première fois que ça m'arrive tout court. Je m'empresse de demander s'il y a un problème, si mon ami s'était mis dans une sale situation, ce qui ne m'étonnerait pas tant que ça avec tout ce qui s'est passé ces derniers temps. « Non, non ! Tout va bien Jona, c’est plutôt à toi qu’il faudrait poser la question ! Ca fait une semaine que j’essaye de t’appeler, au moins une fois par jour, et je tombe sans cesse sur ton répondeur ! » J'ai un petit sourire de soulagement, je suis ravie de savoir que tout va bien. Je me faisais réellement du soucis. « Comme je ne savais pas comment s’était terminé l’épisode de dimanche dernier…. Je voulais prendre de tes nouvelles ! Et puis j’ai trouvé ça vachement plus fun de venir par la fenêtre… » Je ris doucement et il se joint à moi avant d'ajouter : « Oui bon… je voulais aussi éviter de croiser Patrick alors… c’est le seul moyen que j’ai trouvé ! » Je ris à nouveau en prenant grand soin de ne pas faire trop de bruit. La chambre de mon père n'est pas bien loin et ce serait plutôt bête qu'il rapplique. C'est vrai que tout n'a pas très bien commencé entre Lenny et lui. Déjà, il se trouvait au mauvais endroit au mauvais moment - c'est à dire dimanche dernier - et puis mon père n'a pas l'air d'apprécier le style de mon ami.

Ce beau brun face à moi braque ses yeux sur moi et demande avec le plus grand sérieux : « Alors ?! Est-ce que ça va ? Dis-moi ce qu’il s’est passé… » Evidemment. Je dois lui raconter. Seulement, au lieu de dire quoi que ce soit je me jette simplement dans ses bras. Je le serre très fort contre moi sans rien dire. Pourquoi ? Parce que j'en meurs d'envie depuis qu'il a enjambé ma fenêtre. Déjà, c'est toujours comme ça qu'on se dit bonjour et cette espèce de gêne qu'il y a entre nous me tombe sur le système. Je veux mon câlin. Et j'en ai encore plus besoin après la petite frayeur que je me suis faite sur cette incruste nocturne. Je me sépare de lui doucement et il y a cette petite fraction de seconde où nos deux joues se frôlent et où il me suffirait de tourner légèrement la tête pour reconquérir ses lèvres que j'ai eu le malheur de découvrir et que je ne cesse de désirer depuis.

Malgré tout, je fais mon possible pour ne rien laisser transparaître et pour agir normalement. « C'était pas une partie de plaisir, mon dieu. » Je commence en sachant pertinemment que ce n'est pas la meilleure façon de commencer mon récit si je veux rassurer mon ami. « En fait, Johan ne veut rien savoir. Il est persuadé que je l'aime encore et que... Il pense qu'on sort ensemble toi et moi. Patrick aussi d'ailleurs. » j'ajoute sans oser le regarder dans les yeux de peur peut-être de voir une once de dégoût dans ses yeux en évoquant l'idée qu'il puisse y avoir quelque chose de plus entre nous. « C'est vrai que j'avais du mal à le regarder dans les yeux et à lui dire clairement que je n'avais plus aucun sentiment pour lui parce que... Je crois que ce n'est pas le cas. » Je regarde mes jambes. Je n'ai décidemment pas la moindre envie d'affronter le regard de Lenny pour l'instant. Pour une raison obscure, sa réaction à tout ça me stresse alors même que je devrais être totalement à l'aise en compagnie de mon ami. « Enfin, c'est pas que je sois vraiment amoureuse, mais j'ai quand même ressenti des trucs. J'avais quand même envie de l'embrasser... Un peu. » Je finis par admettre. « Je suis un peu perdue, mais je veux que ça se termine, je veux qu'il comprenne que j'ai passé à autre chose comme j'ai essayé de le lui dire. »

Je remarque sa main non loin de ma jambe et j'attrape son petit doigt pour jouer avec. « Il est toujours en ville apparemment. »

Lenny était on ne peut plus heureux de retrouver Jona et pourtant, il avait l’impression de ne pas le lui montrer comme il se devait. A vrai dire, il n’avait même pas l’impression de lui avoir dit bonjour tant cette accolade traditionnelle lui manquait. Mais soit. Si c’était pour instaurer une atmosphère aussi étrange que celle qu’ils avaient connue la dernière fois, il pouvait bien s’en passer pour une fois ! Seulement voilà, à peine eut-il finit son discours que Jona sembla réalisé qu’il leur manquait quelque chose. Sans prévenir, elle se jeta littéralement contre lui, et Lenny l’accueillit avec un grand soulagement en la serrant tout contre lui pendant un long moment. Le fait de la savoir ainsi dans ses bras, de sentir l’odeur de ses cheveux, de ressentir le moindre de ses mouvements le rassurait. En somme, il n’y avait que dans ces moments-là que le jeune homme était certain de la protéger, réellement. Alors, profitant de cet instant auquel il avait bien cru ne pas avoir droit, Lenny s’autorisa à enfouir sa main dans les cheveux de Jona, comme pour la rapprocher un peu plus de lui. Mais la jeune femme finit tout de même par s’écarter, et c’est à contrecœur qu’il la laissa se détacher de lui.

Néanmoins, Lenny fut satisfait de voir que Jona se lançait à présent dans les explications des « évènements » de la semaine dernière sans rechigner. Après tout, elle aurait pu refuser de ressasser ces souvenirs-là, mais visiblement il n’en était rien. Au contraire, elle entama un récit détaillé de son entrevue avec Johan et même si quelque part ça le blessait d’entendre tout cela, Lenny l’écoutait avec beaucoup d’intérêt. « En fait, Johan ne veut rien savoir. Il est persuadé que je l'aime encore et que... Il pense qu'on sort ensemble toi et moi. Patrick aussi d'ailleurs. » déclara-t-elle, déclenchant un petit éclat de rire chez le jeune homme qui reprit bien vite son sérieux en constatant qu’il pouvait être particulièrement vexant. Sans bien savoir pourquoi, il ne voulait en aucun cas qu’elle pense qu’une relation entre eux était ridicule à ses yeux. Et pourtant, il ne s’imaginait pas le moins du monde sortir avec celle qui était sa petite sœur de cœur ! Même si le baiser qu’ils avaient échangé venait indéniablement tout remettre en question. La jeune femme expliqua ensuite ses sentiments envers Johan, et le fait qu’elle ait eu envie de l’embrasser même pendant leur dernière entrevue. A ses mots, la mâchoire de Lenny se crispa et ses sourcils se froncèrent sans qu’il ne puisse y faire quoi que ce soit. Mais au moment où Jona s’empara de son petit doigt pour se mettre à jouer avec, le jeune homme sembla brusquement se rasséréner. Tout allait bien. Elle était là, et pas dans les bras de son maudit médecin. Il n’y avait pas de quoi s’emporter.

« Il est toujours en ville apparemment. » La phrase était lâchée, et tous les efforts qu’avait entrepris Lenny réduits à néant. Sa main se crispa sur celle de Jona alors qu’il relevait un regard interrogateur vers elle. « C’est pas vrai ! » grogna-t-il en s’efforçant pourtant de chuchoter. « Jona, s’il ne veut pas te lâcher je vais aller le voir. Juste lui et moi. Il faut qu’il comprenne bon sang ! Maintenant tu as essayé, comme tu voulais, et visiblement il ne veut rien entendre. Alors laisse-moi faire… » demanda-t-il en essayant d’être le plus convaincant possible, et en tentant également de cacher cette rage qui l’habitait de nouveau.

J'ai du mal à m'expliquer ce sentiment que je ressens pour Lenny. Quelque chose s'est brisé depuis dimanche dernier, depuis ce fameux baiser. Enfin, en réfléchissant, je crois que c'était même bien avant. Lorsque je l'avais embrassé, ne le nions pas, ce n'était que la réponse à un désir que j'ai ressenti toute la soirée et que je ressens encore même maintenant. Désir que je ne comprends pas, que je ne peux pas ressentir. Lenny est mon ami, il est comme mon grand frère et je n'ai jamais songé un jour pouvoir avoir ce genre de pensée pour lui. Je me dis que ça doit être à cause de toute cette situation. Ça doit être parce que je vis une rupture, que j'ai besoin d'attention et d'affection. Parce que j'ai besoin de combler le vide que Johan a laissé. Oui, ça doit être ça.

Je m'efforce de ne pas regarder Lenny pendant que je lui conte les évènements du week-end dernier. Ça fait une semaine et pourtant j'ai l'impression que rien n'a changé, rien a avancé. Le problème est toujours là, présent. Je suis comme face à un mur. Je n'arrive pas à en venir à bout. Et c'est fatiguant.

« C’est pas vrai ! » dit-il en parlant un peu plus fort que précédemment. De toute évidence, il est agacé, très agacé. Probablement parce que Monsieur est toujours en ville. « Jona, s’il ne veut pas te lâcher je vais aller le voir. Juste lui et moi. Il faut qu’il comprenne bon sang ! Maintenant tu as essayé, comme tu voulais, et visiblement il ne veut rien entendre. Alors laisse-moi faire… » Ce que sous-entend Lenny m'inquiète énormément. Veut-il parler de violence ? Je n'ai aucune envie qu'ils se battent, ni que mon ami se mêle à ça. Je me mords la lèvre, tentant de réfléchir à la solution la plus intelligente pour le dissuader, mais rien ne me vient. « Non... Lenny... » je commence en saisissant sa main. Je lève les yeux vers lui découvrant pour la première fois un visage rempli de colère, une colère que je ne lui connais pas. « Tu n'as pas à prendre des risques pour moi. C'est mon problème, c'est moi qui me suis mise là-dedans... » j'ajoute toujours bien persuadée que c'est à moi de m'en occuper, même recluse dans ma chambre. « Ne fais rien ! Et puis, tu ne feras que lui donner raison, il sera encore plus persuadé qu'il se passe quelque chose entre nous. »

Plus Jona avançait dans son récit de ce qui était arrivé la semaine passée, plus la colère de Lenny grandissait. Comme si la simple évocation de ce Johan suffisait à le mettre hors de lui, bien plus rageur et déterminé à en finir qu’il ne l’avait jamais été. Le jeune homme ne se connaissait d’ailleurs pas de talents particuliers pour se mettre en colère et pourtant, il l’avait fait à plusieurs reprises ces derniers jours, à chaque fois pour la même raison. Mais Lenny était comme ça, calme et posé le reste du temps, il pouvait se transformer en une véritable furie lorsqu’on osait toucher à quelqu’un qu’il portait dans son cœur, qu’il s’agisse de son frère ou de ses amis les plus proches. Et selon lui, ce Johan allait très certainement en faire les frais un jour ou l’autre. Il attendait juste d’être confronté à lui, de se retrouver seul en face de ce médecin qu’il détestait bien plus que n’importe qui. Et alors, il comprendrait. Et il se mordrait les doigts d’avoir ainsi pu blesser Jona comme il venait de le faire. Tout en songeant à cela, le jeune homme serra un peu plus la main de son amie sans même s’en rendre compte. Il intériorisait absolument tout ce qu’il pensait, et un jour ou l’autre, tout finirait bien par sortir… pour le plus grand malheur de celui qui se trouverait en face à ce moment-là…

« Non... Lenny... » déclara alors Jona en relevant la tête vers lui et en attrapant sa main pour de bon. Pour la première fois depuis qu’il avait passé la fenêtre, leurs regards se croisèrent alors et Lenny put de nouveau sentir cette détresse qu’il détestait trouver dans les yeux de Jona. « Tu n'as pas à prendre des risques pour moi. C'est mon problème, c'est moi qui me suis mise là-dedans... Ne fais rien ! Et puis, tu ne feras que lui donner raison, il sera encore plus persuadé qu'il se passe quelque chose entre nous. » Le jeune homme se renfrogna un instant, puis secoua la tête en signe de désapprobation avant de reprendre d’un ton un peu plus sévère que d’ordinaire : « Jona, si je veux prendre des risques, c’est mon problème à moi ! » commença-t-il en reprenant la formulation de la jeune femme. « Et puis je me fiche pas mal de ce qu’il peut penser. Tout ce que je veux, c’est qu’il te laisse tranquille… » Lenny caressa la joue de son amie du bout des doigts avant de laisser échapper un long soupir. « Ecoute, tu as essayé de lui faire comprendre et… et j’imagine que c’est bien que tu aies voulu t’en occuper toute seule. Mais il est toujours en ville, tu l’as dis toi-même ! Il n’a pas abandonné et… il reviendra dès qu’il en aura l’occasion. Alors maintenant, laisse-moi essayer. Je fais ça pour t’aider Jona… Je veux qu’il disparaisse. »

J'ai peur de ce que Lenny pourrait vouloir faire. J'ai peur des conséquences. J'ai peur que ça ne fasse qu'envenimer les choses. Je ne veux pas qu'il s'en mêle, non vraiment pas. Enfin je ne veux surtout pas le laisser y aller seul pour qu'ils règlent ça « d'homme à homme ». Je sens que ça va mal finir, encore plus mal que ça n'a commencé. « Jona, si je veux prendre des risques, c’est mon problème à moi ! » dit-il relativement sèchement. Non, j'ai envie dire. Non, absolument pas. Et ça risque bien de retomber sur moi. Et de toute façon, même si c'est que lui qui en fait les frais, cela n'a pas lieu d'être. Il n'est pas du tout responsable de mes conneries. Je refuse catégoriquement qu'il agisse. « Non. » je dis en même temps que mes mouvements de tête répétitifs de droite à gauche.

« Et puis je me fiche pas mal de ce qu’il peut penser. Tout ce que je veux, c’est qu’il te laisse tranquille… » dit-il plus doucement. Gentillement, Lenny caresse mon visage. J'ai ce petit sourire. Parce que tout ce qu'il veut, c'est mon bien. Et tout ce que je veux, c'est le sien. Il y a conflit d'intérêt de toute évidence. « Ecoute, tu as essayé de lui faire comprendre et… et j’imagine que c’est bien que tu aies voulu t’en occuper toute seule. Mais il est toujours en ville, tu l’as dis toi-même ! Il n’a pas abandonné et… il reviendra dès qu’il en aura l’occasion. Alors maintenant, laisse-moi essayer. Je fais ça pour t’aider Jona… Je veux qu’il disparaisse. » Nous voulons la même chose, mais n'avons pas la même façon de voir les choses. Je le connais Johan, je sais que Lenny ne parviendra pas à lui faire peur et je pense au contraire que ça l'incitera encore plus à rester.

« Qu'est-ce que tu comptes faire au juste ? » je demande en chuchotant. « Parce que si tu veux régler les choses par la violence... Imagines si il porte plainte ? Tu seras en tord, il arrivera à te mettre en tord j'en suis sûre. Encore une fois, ne prends pas de risques pour moi. » j'ajoute en restant persuadée que ça ne suffira pas à le convaincre. Lenny semble malheureusement bien décidé à faire les choses comme lui le souhaite, ce qui m'inquiète énormément. Surtout que je n'ai pas la moindre idée du genre de « solutions » qu'il a en tête. « Sinon, on pourrait... » Je m'interromps brusquement en réalisant que mon idée est stupide. Plus que stupide, elle est tout simplement très mauvaise et je ne me vois pas proposer ça à mon ami. « Non rien. Laisses tomber. »

Plus que jamais, Lenny était déterminé à en finir avec toute cette histoire. Alors même s’il ne savait pas encore précisément comment il devait s’y prendre, le jeune homme voulait faire quelque chose. Il voulait tenter à son tour de faire fuir ce maudit médecin qui ne paraissait pas comprendre la décision de Jona. Ce Johan disait qu’il l’aimait et pourtant, Lenny ne voyait qu’une chose : il la faisait souffrir comme personne ne l’avait jamais fait. En tous cas, c’était bien la première fois que Lenny voyait son amie dans cet état-là. Et ça le tuait. Plus il voyait cette détresse dans ses yeux et plus sa volonté de la tirer d’affaire grandissait. Mais malgré toute sa détermination et sa force de persuasion, la jeune femme refusait catégoriquement de le laisser intervenir, prétextant qu’il ne devait pas prendre de risques pour elle. « Qu'est-ce que tu comptes faire au juste ? » questionna-t-elle, sans même lui laisser le temps de proposer quoi que ce soit. Aussitôt, Jona enchaina : « Parce que si tu veux régler les choses par la violence... Imagines si il porte plainte ? Tu seras en tord, il arrivera à te mettre en tord j'en suis sûre. Encore une fois, ne prends pas de risques pour moi. » A vrai dire, la violence n’avait jamais été la tasse de thé de Lenny, mais il ne pouvait pas non plus lui assurer qu’il resterait tranquille s’il se retrouvait face à Johan. Et pour cause : il ne s’était que très rarement vu dans un tel état d’énervement, et ne savait donc absolument pas comment il pourrait réagir. Devant le peu d’enthousiasme de Jona et les risques qui, après réflexion, étaient bien réel, Lenny poussa un long soupir en fermant les yeux. N’y avait-il vraiment aucune solution ? Il ne pouvait clairement pas s’y résoudre et quitte à prendre tous les risques et à outrepasser les recommandations de son amie, Lenny était résolu à agir.

Puis, contre toute attente Jona entama une phrase, en forme de proposition, sans prendre la peine de la terminer. Au lieu de ça, elle s’empressa de conclure : « Non rien. Laisses tomber. » Bien évidemment, cette déclaration eu tout à fait l’effet inverse et le regard de Lenny s’éclaira d’une lueur d’intérêt mêlée de curiosité. « On pourrait quoi ? Jona ! On pourrait quoi ?! » insista le jeune homme à la manière d’un gamin qui voudrait obtenir quelque chose de ses parents en les saoulant jusqu’à ce qu’ils craquent. « T’en as trop dit maintenant, dis-moi à quoi tu penses ! » Se postant juste devant elle, Lenny plongea sons regard dans les yeux azurs de son amie pour insister au maximum, et la faire craquer, coute que coute.

Une idée m'a traversé l'esprit. Une petite idée m'est venue, comme ça, juste le temps d'une seconde. J'ai commencé à parler, j'ai commencé à l'évoquer. Jusqu'à ce que je me rende compte à quel point cette idée est stupide et ne mérite même pas que j'en parle. Mais c'est trop tard. De toute évidence j'ai déjà attisé la curiosité de mon cher Lenny. « On pourrait quoi ? Jona ! On pourrait quoi ?! » dit-il avec une certaine lueur d'espoir dans les yeux. Je souris, touchée par ce regain d'entrain. Et pourtant, je n'ose rien dire. J'ai bien peur que cette « proposition » ne fasse que ramener l'atmosphère gênante qui s'envole doucement loin de nous.

« T’en as trop dit maintenant, dis-moi à quoi tu penses ! » ajoute-t-il en me fixant droit dans les yeux, me faisant bien comprendre que cela ne sert à rien de me dérober cette fois, il insistera pour savoir. Je me mords la lèvre inférieur, un peu gênée. « Bon. » je commence sans savoir réellement comment dire les choses. Lenny semble pendu à mes lèvres et réellement intrigué par cette petite ampoule qui s'est allumée dans ma tête. « Mais tu vas pas aimer cette idée. » j'essaye sans grand espoir de me rétracter. Mais mon ami me fusille du regard. Je continue, donc. « Je.. Peut-être que, puisqu'il pense que nous sommes ensemble... » Je baisse les yeux, n'osant plus du tout le regarder. « On pourrait.. On pourrait en jouer. » je termine par avouer.

J'attrape mon plaid et je m'enroule dedans. Je commence à avoir froid, la fenêtre est restée ouverte et un courant d'air s'infiltre à l'intérieur. Je relève les yeux vers Lenny. Je ne saurais analyser son expression. J'ignore s'il trouve l'idée débile ou bien astucieuse. J'ignore s'il serait partant ou non. « J'veux dire. Faudrait juste qu'on aille le voir main dans la main, on avoue qu'on est bien ensemble, que je suis passée à autre chose et voilà tout. C'était ça son soucis. C'est pour ça qu'il voulait pas s'en aller. Il voulait pas croire que je suis passée à autre chose, il voyait bien que je ne lui étais pas indifférente. Il suffirait que je ressorte mes bons vieux talents d'actrice et que... Tu sois là. » Au final, je tente le tout pour le tout.

Sans aucun doute, Jona avait réussi à éveiller la curiosité du jeune homme et de son avis personnel, elle devait bien assez le connaître pour savoir qu’elle était désormais piégée. La curiosité étant un des traits de caractère principaux de Lenny, il ne lâchait jamais prise avant d’avoir eu ce qu’il voulait et dans ce cas précis : les aveux de Jona. A vrai dire, la situation paraissait tellement désespérée que toutes les solutions étaient bonnes à prendre, le jeune homme s’étonnait même qu’elle ne soit pas allée au bout de ses ides toutes seules. Après tout, sa proposition ne devait pas être si mauvaise que ça ! Si elle avait pu penser que cela fonctionnerait, les deux jeunes gens se devaient d’essayer. Car Lenny en restait persuadé : tous les moyens étaient bons pour faire déguerpir Johan et retrouver un peu de calme et de sérénité. Devant le regard insistant que Lenny lui lançait, la résistance de Jona ne dura pas bien longtemps et après à peine quelques secondes, elle capitula, non sans signaler à Lenny qu’il n’allait pas aimer son idée. Sans attendre qu’elle en dise plus, le jeune homme leva les yeux au ciel en faisant claquer sa langue contre son palais, l’incitant du même coup à continuer sans se poser de telles questions.

Timidement, et en baissant les yeux pour ne pas risquer de croiser le regard de Lenny, Jona se lança donc dans l’énonciation de sa théorie, qui arracha immédiatement un sourire au jeune homme. Elle voulait qu’ils jouent du fait que Johan les croit ensemble, et cette idée lui plaisait. D’ailleurs, Lenny en vint même à se demander pourquoi il n’y avait pas pensé avant. « J'veux dire. Faudrait juste qu'on aille le voir main dans la main, on avoue qu'on est bien ensemble, que je suis passée à autre chose et voilà tout. C'était ça son soucis. C'est pour ça qu'il voulait pas s'en aller. Il voulait pas croire que je suis passée à autre chose, il voyait bien que je ne lui étais pas indifférente. Il suffirait que je ressorte mes bons vieux talents d'actrice et que... Tu sois là. » En un regard, Lenny fit comprendre à son amie qu’elle venait d’avoir l’idée du siècle. Bien sûr, tout cela allait paraître pour le moins étrange après la bribe de baiser qu’ils avaient échangé la semaine dernière. Mais avec le temps, il avait plus ou moins réussi à se convaincre que ce dérapage était à mettre sur le compte de la fatigue. Le soir où tout était arrivé, Jona était clairement à bout de nerfs, et même si ce baiser laissait encore un goût bien particulier à Lenny, il était prêt à tirer un trait dessus pour jouer la comédie devant Johan. Et puis c’était le seul moyen de le faire déguerpir, il n’y avait même pas de question à se poser ! « Jona, t’as raison c’est parfait ! Il faut qu’on fasse ça ! Qu’on en finisse avec lui… demain à la première heure, on y va ! » s’exclama-t-il soudain envahi d’un certain enthousiasme, ignorant complètement que Jona était recluse ici depuis une semaine.

J'ai exprimé mon idée. J'ai exprimé mon idée et je redoute la réaction de Lenny. J'ignore comment il pourrait réagir et s'il pourrait être partant. D'une part, je trouve que c'est plutôt beaucoup demandé que de jouer au faux couple. Et d'une autre part, je crois que ça ne pourrait pas plus mal tomber après cette étrange moment que nous avons vécu sept petits jours plus tôt. La plaie est encore bien trop fraîche pour être titillée. En même temps, mon ami semble bien décidé - étrangement décidé je dirais même - à me débarrasser de cet ex si encombrant. Je ne l'ai jamais vu aussi protecteur et aussi inquiet pour moi. Est-ce parce qu'il a l'impression de ne pas m'avoir assez chouchouté par le passé, avec tous les problèmes que j'ai connu ? Dans tous les cas, je suis profondément touchée par cette démonstration d'affection. J'aime ce rôle de grand frère qu'il se donne avec grand talent.

« Jona, t’as raison c’est parfait ! Il faut qu’on fasse ça ! Qu’on en finisse avec lui… demain à la première heure, on y va ! » dit-il avec grand enthousiasme. J'ai un petit sourire en coin, tant cette idée semble lui plaire au final. Je place un doigt sur sa bouche, parce qu'il a parlé un peu fort et je le regarde avec malice. « Doucement, doucement chouchou. » Mes petites fossettes se creusent dans mes joues et je retire ma main du visage de mon ami. « Tu sais.. Je suis privée de sortie. » J'avoue, me souvenant qu'il l'ignore en fait.

C'est vrai que, moi aussi, j'aimerais beaucoup régler ça au plus vite. Demain m'aurait semblé un bon choix si je n'avais pas été condamnée à rester enfermée à la maison. Je tente donc de me creuser la cervelle pour trouver une solution de m'échapper quelques heures. Quand soudain, j'ai une illumination. « En fait si, ce serait possible. » Je dis avec un sourire satisfait. « Patrick travaille tous les jours cette semaine, il a des séminaires. Je dirai à ma mère que je vais passer à la pharmacie lui acheter ses médicaments... et faire les courses. Et puis, sur le chemin je te croiserai. » Je lui offre un petit clin d'oeil dont j'ai le secret et je me laisse tomber sur lui, l'invitant à me prendre dans les bras. Je n'ai toujours pas eu assez de câlin à mon goût.

Lenny était on ne peut plus emballé par l’idée que venait de lui soumettre Jona, et il eut d’ailleurs un peu de mal à s’en cacher. Rapidement, la jeune femme posa un doigt sur sa bouche en le sommant de parler plus doucement ce qui le fit grimacer alors que son regard rieur ne quittait plus celui de son amie. Ce sourire qu’il voyait sur son visage lui réchauffait le cœur et lui prouvait qu’il était bel et bien capable de faire en sorte qu’elle se sente mieux. « Tu sais.. Je suis privée de sortie. » souffla-t-elle alors, réduisant presque à néant tous les espoirs et l’enthousiasme de Lenny. Tout à coup, il comprit pourquoi elle n’avait pas répondu à ses appels durant la semaine. Visiblement, Patrick l’avait punie un peu à la manière d’une enfant, et Jona se retrouvait désormais coincée dans sa villa et incapable de sortir. Et forcément, tout cela venait entraver les plans des deux jeunes gens… Mais l’un comme l’autre n’avait pas l’intention de se laisser abattre si facilement, et Lenny se mit alors à cogiter à plein régime histoire de trouver une solution pour les sortir de là. Mais alors qu’il passait en revue toutes les options dans son esprit, Jona sembla être la plus rapide : « En fait si, ce serait possible. » murmura-t-elle en affichant un petit sourire, éveillant ainsi toute la curiosité de son ami.

« Patrick travaille tous les jours cette semaine, il a des séminaires. Je dirai à ma mère que je vais passer à la pharmacie lui acheter ses médicaments... et faire les courses. Et puis, sur le chemin je te croiserai. » Avant que le jeune homme n’ait le temps de dire quoi que ce soit, Jona lui adressa un clin d‘œil et se laissa littéralement tomber sur lui. Laissant échapper un petit rire discret, Lenny ne se fit pas prier pour la prendre une nouvelle fois dans ses bras. Enfouissant son nez dans les cheveux de la jeune femme il resta silencieux quelques instants, puis sans bouger, murmura tout près de son oreille : « Décidément… j’adore tes idées ! » Lentement, il se détacha de Jona pour prendre sa main et l’entrainer vers son lit, sur lequel il s’installa en tailleur juste en face d’elle. Bien décidé à mettre leur tout nouveau plan à exécution, Lenny ne voulait laisser aucun détail au hasard. Pour lui, un échec était tout bonnement inimaginable et ils n’avaient donc pas droit à l’erreur sur ce coup-là. « On doit s’organiser… » lança-t-il très sérieusement, comme s’il s’apprêtait à établir un véritable plan d’attaque. « Il faut qu’on sache à quelle heure on y va, et surtout où il sera à ce moment-là. Est-ce que tu sais où il loge en ce moment ? A moins que… tu veux lui donner rendez-vous ? Un vrai rendez-vous pour s’expliquer ? »

En réalité, ça m'avait déjà traversé l'esprit avant : de jouer au faux couple. Ça m'avait traversé l'esprit brièvement, mais je n'avais pas osé, même pas songé à le proposer à Lenny. Pour une raison simple et évidente : j'étais persuadée qu'il le prendrait mal, qu'il refuserait. Au final, je me demande bien pourquoi j'ai pu penser ça puisque mon ami semble plus que motivé à réaliser ce petit plan diabolique. Il semble même tellement excité à cette idée que je me dois de freiner un peu ses ardeurs, histoire que ça ne réveille pas toute la maison. Alors que je place délicatement mon doigt sur sa bouche, Lenny déchante quelque peu. Pour me faire pardonner, je dépose un petit baiser sur sa joue.

J'arrive rapidement à trouver une solution au problème de taille qui se pose à nous : ma punition. Lenny l'ignorait, d'où certainement son enthousiasme face à cette brillante idée qui ne semblait pas contenir d'obstacle. Et pourtant... Mais très vite la solution est toute trouvée et je m'empresse de l'expliquer à mon ami. « Décidément… j’adore tes idées ! » me murmurre-t-il à l'oreille, sensiblement plus discret que précédemment. J'ai un petit sourire qu'il ne peut pas voir.

Le beau brun se détache doucement de moi et m'attrape par la main, m'entraînant un peu plus loin, sur mon lit. Nous nous asseyons face à face. « On doit s’organiser… » dit-il avec un sérieux apparent. Décidemment, il semble particulièrement motivé à ce que cela marche. Il désire tout autant que moi - si ce n'est plus - de voire disparaître Johan de notre petite ville. Je ne peux m'empêcher de remarquer que je ne l'ai jamais vu agir comme ça, envers moi ou envers quelqu'un d'autre. En général, Lenny est plutôt du genre cool et détendu, à ne pas se prendre la tête. Mais là, il met toute son énergie à bien vouloir m'aider. Il débarque en pleine nuit pour voir si tout va bien et serait apparemment prêt à me suivre dans tous mes plans. Pour la première fois depuis longtemps, je sens que je peux réellement compter sur quelqu'un. Pour la première fois depuis longtemps, je sens que j'ai une épaule solide sur laquelle me reposer.

« Il faut qu’on sache à quelle heure on y va, et surtout où il sera à ce moment-là. Est-ce que tu sais où il loge en ce moment ? A moins que… tu veux lui donner rendez-vous ? Un vrai rendez-vous pour s’expliquer ? » Je souris à Lenny. Ça me fait plaisir de le voir aussi impliqué, ça me touche réellement et je compte bien lui rendre la pareil. « Oui, c'est vrai. » dis-je en attrapant mon menton entre mes doigts. Je réfléchis à ce que m'avait dit Teddy, ma meilleure amie, lorsqu'elle l'avait croisé en ville. « Teddy m'a dit qu'il était au motel à l'entrée de la ville. Mais je crois que le plus simple serait de l'appeler et de convenir d'un rendez-vous... Par contre, je n'ai plus de téléphone, Patrick me l'a pris. Je pourrai prendre le tien ? » Lenny sort immédiatement son portable de la poche de son jeans et me le tend avec son plus beau sourire. Je ris doucement. « On va peut-être pas l'appeler à trois heures du matin. » Je fais mon possible pour ne pas faire de bruit, mais cette espèce d'innocence dont vient de faire preuve mon ami me fait craquer. Mon sourire s'étire sur tout mon visage. Je lui pince la joue affectueusement. « On l'appellera vers neuf heures demain matin : Patrick sera parti et ma mère sera encore assommée avec ses somnifères. »

Je suis satisfaite de moi, le plan me semble parfait. Je sens qu'on va réussir à arriver à nos fins. Je sens que tout va se régler enfin et qu'on pourra retourner, Lenny et moi, à notre petite vie tranquille d'avant. « Restes dormir là, tu vas quand même pas prendre le risque de redescendre par ma gouttière. » J'ajoute un petit clin d'oeil à mes dires avant d'ajouter. « Tu penses qu'on devrait la jouer comment ? Les amoureux indécollables ou bien les amoureux qui veulent respecter l'ex et donc qui ne s'approchent pas ? »

D’ordinaire, la vie de Lenny ressemblait à un véritable débarras. Absolument rien de ce qu’il faisait n’était organisé ni même pensé à l’avance, et pour cause : le jeune homme préférait de loin vivre au jour le jour. C’était beaucoup plus simple, moins ennuyeux, et ça lui demandait aussi beaucoup moins de réflexion. Mais une fois n’étant pas coutume, aujourd’hui il se retrouvait prêt à bousculer son quotidien pour venir en aide à Jona. Le plus sérieusement du monde, il se mettait même à échafauder un plan d’attaque qui leur permettrait, selon ses calculs, d’éliminer définitivement Johan de leur petite vie. Ou plus exactement, de celle de Jona. Car même s’il prenait cette histoire très à cœur, sans se demander pourquoi, Lenny n’était pas directement concerné par l’entêtement de ce médecin. La seule chose qui le poussait à s’y intéresser était le lien qu’il avait avec Jona, et l’envie de la libérer de ce poids qui ne lui apportait que tristesse et regrets depuis qu’elle était de retour à Arrowsic. Alors oui, pour une fois, Lenny se montrait prévenant, attentif et même terriblement ingénieux. D’ailleurs, il s’imaginait déjà en face du médecin et par conséquent, avait à cœur de régler tous les détails pour que la scène se passe comme il l’imaginait déjà. Chose que Jona confirma en optant pour le rendez-vous direct. En effet, cette option était la plus simple mais aussi la plus sûre. Ravi qu’elle partage son avis, Lenny s’empressa de sortir son téléphone de sa poche et de le tendre à son amie, qui au lieu de s’en saisir afficha un large sourire et lui pinça la joue. « On va peut-être pas l'appeler à trois heures du matin. » précisa-t-elle, visiblement amusée par tant d’innocence et d’empressement. Un peu interdit, Lenny se contenta de hausser les épaules avant de poser son téléphone sur la table basse non loin de lui.

Alors que leur plan prenait doucement forme, la jeune femme invita Lenny à rester dormir chez elle, chose qu’il accepta sans un mot, en se contentant de s’étaler de tout son long sur le lit, un sourire aux lèvres. Après quelques secondes cependant, il leva son index et se sentit obligé de préciser : « Ne me sous-estimes pas, j’aurai pu descendre, rien de plus facile ! Mais ça fait longtemps que je t’ai pas vue, alors je préfère rester avec toi. »  Un sourire enfantin éclaira alors son visage, alors que la jeune femme reprenait déjà : « Tu penses qu'on devrait la jouer comment ? Les amoureux indécollables ou bien les amoureux qui veulent respecter l'ex et donc qui ne s'approchent pas ? » Retrouvant son comportement de grand frère sans penser une seule seconde à la dernière nuit qu’ils avaient passée ensemble, Lenny attrapa Jona pour la faire basculer à côté de lui et l’entoura de ses bras, la bloquant même en passant une jambe au-dessus des siennes. « Il faut qu’il comprenne une bonne fois pour toute hm ? Alors il faut ce qu’il faut… les amoureux indécollables ça me parait bien ! » Plutôt fier de lui, Lenny flanqua un baiser sur le front de Jona en ajoutant : « Il n’y verra que du feu, tu seras bientôt débarrassée de lui… » Mais alors qu’il prononçait ces mots, une sorte de doute s’empara de lui, lui faisant vaguement froncer les sourcils et poser son regard sur celui de Jona : « C’est toujours ce que tu veux n’est-ce pas ? »

Je suis terriblement ravie de cette petite visite nocturne que m'offre mon Lenny. Notre plan me semble parfait, bien qu'il reste encore quelques petits détails à revoir ensemble. J'ai le sourire aux lèvres, un grand et beau sourire que j'offre à mon ami qui me le rend bien. Je sais que nous sommes soudé. Je sais que j'ai désormais à mes côtés un allié fiable et sérieux. Nous arriverons à bout de ce problème ensemble et je commence enfin à accepter doucement cette idée. Lenny est tellement décidé et dévoué que je ne me vois plus lui résister plus longtemps.

Je propose à mon ami de passer le reste de la nuit avec moi, dans mon lit. Je ne me vois pas le laisser repartir à cette heure tardive alors que l'on a prévu de régler ça dans à peine quelques heures. Et puis, vu le bruit qu'il a pu déjà faire pour monter, je préfère ne pas prendre de risque. Ça aurait bien pu être un chat la première fois ou une bête quelconque, mais un deuxième bruit à ma fenêtre deviendrait louche. D'autant plus que Patrick a le sommeil léger et qu'il me connait bien. « Ne me sous-estimes pas, j’aurai pu descendre, rien de plus facile ! Mais ça fait longtemps que je t’ai pas vue, alors je préfère rester avec toi. » Je suis flattée par ce mini compliment et je ne peux empêcher mes joues de se tinter de rose. Pour ne rien laisser paraître, je poursuis notre conversation avec une autre question.

Lenny m'attire contre lui et me force à me blottir tout doucement dans ses bras. Je m'exécute sans broncher avec un certain plaisir. Une fois que je suis bien calée, je tire la couverture sur nous après qu'un léger petit air frais se soit fait sentir. « Il faut qu’il comprenne une bonne fois pour toute hm ? Alors il faut ce qu’il faut… les amoureux indécollables ça me parait bien ! » répond-t-il avec entrain avant de me coller un baiser sur le front. « Il n’y verra que du feu, tu seras bientôt débarrassée de lui… » Ces mots me font plaisir, très plaisir. J'y crois dur comme fer, je l'espère vraiment, que tout ce qu'il dit est vrai, que tout va bientôt se terminer. « C’est toujours ce que tu veux n’est-ce pas ? » dit-il quelques instants plus tard en me fixant avec un air grave.

Il semble, l'espace d'une seconde, vouloir être certain que je suis bien sûre de mon choix. Il veut être sûr avant d'aller plus loin et je ne peux en aucun cas le blâmer. « Oui, c'est ce que je veux. Je ne suis pas prête pour ça, pour lui. » Cet amour m'a effrayé. Ça a été le premier. Le premier que j'ai réellement estimé et qui m'a autant atteint. Et pourtant, je ne peux pas le laisser aller plus loin, je n'en suis pas capable, j'aurais l'impression de renoncer à ma liberté. Je ne peux pas. « Je suis trop jeune pour tout ça. Je dois m'amuser, profiter de la vie. Profiter de toi par exemple. » Je ris stupidement en me blotissant toujours plus contre lui.

Finalement, Lenny n’était pas mécontent de sa petite expédition nocturne qui, malgré les risques qu’il avait pris, lui permettait au moins de revoir Jona. Cette semaine passée sans avoir aucune nouvelle d’elle lui avait paru interminable, et le simple fait de la voir et de pouvoir constater de ses propres yeux qu’elle allait bien était un véritable soulagement. Pourtant, il ne pouvait pas lui arriver grand-chose… Lenny se demandait même pourquoi il s’était tant inquiété pour elle ! Mais il en était ainsi, et il avait été incapable de se contrôler. C’était comme ça. Alors lorsque son amie lui proposa de rester avec elle pour la nuit, ou plutôt ce qu’il en restait, Lenny n’hésita pas une seule seconde. Mais avant tout de chose, il crut bon de vérifier que Jona était bien sûre d’elle. Au fond, il savait que cette décision qu’elle prenait d’avait rien de facile, et il ne voulait pas qu’elle se sente obligée de le faire juste parce qu’il était venu jusqu’ici. Même s’il voulait à tout prix la débarrasser de Johan, Lenny espérait avant tout pouvoir la voir heureuse. Il ne voulait plus jamais essuyer les larmes qu’il avait vues couler sur ses joues quelques jours plus tôt, préférant de loin son sourire si communicatif. « Oui, c'est ce que je veux. Je ne suis pas prête pour ça, pour lui. » murmura-t-elle en guise de réponse. Esquissant une énième petite grimace pleine de désarroi, Lenny caressa doucement la peau de la jeune femme, pensif.

Un court moment de silence s’installa entre eux, avant que Jona ne reprenne en se blottissant un peu plus contre Lenny qui ne manqua pas de resserrer d’un cran son étreinte sur elle : « Je suis trop jeune pour tout ça. Je dois m'amuser, profiter de la vie. Profiter de toi par exemple. » Amusé par la réflexion qu’elle venait d’avoir, le jeune homme laissa échapper un petit rire discret avant de hocher la tête. « Très bonne idée. J’approuve ! » Son ton se voulait sérieux, même s’il était beaucoup plus léger que quelques minutes auparavant. « Mais si tu ne veux pas que Patrick me tue en me trouvant ici demain matin, tu devras me réveiller à temps ! Ou…. Ou me cacher dans le placard, ou sous le lit. Bref, faire en sorte qu’il ne me trouve pas ! » précisa Lenny en anticipant leur réveil du lendemain matin et une éventuelle visite de Patrick qui serait à coup sûr « ravi » de trouver l’ainé des Gavennham dans le lit de sa fille.

L’heure avancée et la fatigue aidant, Lenny ne put s’empêcher de bailler longuement, avant de se recaler confortablement dans les bras de Jona. Il ferma finalement les yeux en esquissant un petit sourire satisfait, puis chuchota : « Allez… on a du pain sur la planche demain, on ferait mieux de dormir… » Et sans prendre la peine de lâcher Jona, Lenny ne tarda pas à sombrer dans un profond sommeil bien mérité, pour tenter de combler le manque du à son excursion improvisée.