Tic. Tac. Le bruit de l’horloge m’insupporte. Il me rappelle ce silence qui me pèse depuis plus de deux heures déjà. Il me rappelle que je suis seule. Et que je tourne en rond sans savoir quoi faire. Mattia avait décidé d’aller promener son fils. Je lui avais proposé de venir. Mais, j’avais bien compris qu’il voulait un moment seul avec son fils. Le problème c’est qu’Ashton était absent. Encore et toujours avec Eesha. Il était temps qu’elle vienne s’installer. Parce que franchement il désertait. Enfin bref, ils étaient tous ailleurs. Et moi sans eux, je n’y arrivais pas. Je me retrouvais face à mes pensées les plus noires. Moi sans eux, le masque ne tenait plus. J’avais envie de m’effondrer. Sans vraiment savoir pourquoi. Sans vraiment comprendre. Les choses allaient mieux avec Mattia. Beaucoup mieux. J’aurais dû me relever. Chasse toutes les pensées que j’avais eues. Mais, c’était pire. Parce que le problème ne venait pas de lui. De nous. Il venait de moi et uniquement de moi. Je ne me supportais plus. Ni physiquement. Ni mentalement. Ni rien du tout. J’organisais ma vie autour de ceux que j’aimais. Je donnais tout pour offrir autant de bonheur possible à Lleyton. Et qu’il ne perce rien. J’en faisais de même avec Mattia et Ash. Je ne laissais rien paraitre. Ou presque. Parce que je crois que Mattia avait des doutes. Notamment parce que certaine choses ne passaient plus. Comme la nourriture. Je ne cessais pas de perdre du poids. Mais, je n’arrivais plus à finir une assiette.

Soit seule à la maison, j’avais fait le ménage. A fond pendant deux heures. Elle était vraiment niquel. Il n’y avait rien qui trainait. A se demander si un enfant vivait vraiment ici. Surtout que Lleyton était dans sa période où il lançait tout partout. Du coup j’avais retrouvé tout et n’importe quoi sous les meubles. Après ça, je m’étais tellement fait chier que j’avais pris le temps de lisser mes cheveux. Comme quand j’étais au lycée. Je me retrouvais donc avec des cheveux blonds parfaitement lisses jusqu’au milieu de mon dos. J’avais pris le temps de me maquiller et de remettre une belle tenue. Je m’étais dit que ce n’était pas une mauvaise idée au fond. Ça évitait tout le laisser aller. Mais faut dire c’était moyen mon genre quand même.  

Mais, maintenant j’étais là, dans ce grand salon. A attendre que le temps passe. A entendre chaque seconde passer. Et je devenais complètement folle. Néanmoins, le bruit de la sonnette me coupa net de mes pensées. En sursaut certes. Mais au moins ça me coupait de tout ça. Je me dirigeais et ouvrais donc la porte sans plus attendre. Un immense sourire se dessina alors sur mon visage en voyant de qui il s‘agissait. Felix. Mon Felix. Mon papa numéro deux. « Oh Félix ! ». Je me jetais dans ses bras pour lui faire un câlin. Neela et Felix étaient mes deuxièmes parents. Alors certes j’étais toujours proche de mon père. Mais, je ne pouvais plus beaucoup le voir. Étant donné que ma mère m’interdisait formellement de mettre un pied chez eux. Je ne voulais pas provoqué. Mais soit, Felix était comme un deuxième papa. Tout comme Neela il cherchait toujours à me protéger. Il m’aidait avec Lleyton et tout ça. Il était vraiment adorable.

Je le lâchais enfin pour le laisser respirer. « Vas-y entre je t’en prie ! ». Je laissais rentrer sans aucune hésitation dans la maison. « Tu veux boire quelque chose ? ».  Le pauvre, je ne lui laissais même pas le temps de s’installer là.

J’étais vraiment heureuse de voir Felix. Je ne m’attendais pas à cette visite. Mais c’était très sincèrement une bonne surprise. Je le faisais donc entrée dans la maison. Lui demandant directement ce qu’il voulait boire. Ou du moins s’il voulait boire. « Non non ne t'inquiète pas ! Comment tu vas ? ». Rien ? Bon d’accord. Je lui offrais alors un sourire avant de répondre à sa question. « Comme tu voudras ? Sinon, oui ça va et toi ? ». J’accompagnais ma réponse d’un autre joli sourire. Que je parvenais à afficher parce que j’étais heureuse. Oui, heureuse de le voir. Pour le reste, dire que ça allait c’était un léger mensonge. Mais j’étais bien incapable d’affirmer l’inverse. Parce que je n’aurais su dire pourquoi. Et parce que je ne voulais pas l’admettre. Et puis même, ce n’était pas dans mes habitudes de me plaindre. Je ne voulais pas non plus embêter Felix avec mes histoires. Il aurait été capable de se faire du souci. Tout comme Neela. A qui je n’en avais pas parlé non plus. Oui, je leur disais beaucoup de choses. Mais j’avais mon jardin secret. Et surtout, je ne savais que dire sur mon mal être aujourd’hui. Et tant que je parvenais à faire semblant, je le ferai.

Puis, je l’observais. Il regardait partout autour de lui. Je souriais, amusée de le voir agir ainsi. Sans doute cherchait-il une trace de Lleyton. Ou d’une autre présence que la mienne. Mais c’est vrai que d’habitude c’était Lleyton qui se faisait remarqué. Ne dormant que très rarement. Et adorant faire entendre sa voix. Heureusement que c’était rarement pour pousser des colères ou quoi. Enfin bref. Felix ne tarda pas à s’interroger sur la situation. « Tu es toute seule ? ». Je hochais la tête positivement. Avant de préciser un peu les choses. « Ouais, Ashton est avec sa petite-amie, comme d’habitude. ». Un sourire amusé se dessina sur mes lèvres à cette idée. « Quant à Mattia, il est parti se promener avec Lleyton, je crois qu’ils avaient besoin d’un petit moment père-fils. ». C’est vrai pendant un moment, Lleyton était toujours avec moi. Puisque Mattia déprimait. Alors retrouver son père ne pouvait lui faire que du bien. « Du coup, tu tombes vraiment bien et ça me fait plaisir de te voir. ». Je lui offrais mon plus beau sourire. Sincère ne plus de cela.

Je m’installais sur le canapé. Lui faisant signe de s’asseoir à côté de moi. « Carlie et Neela vont bien ? ». Bah oui. Je prenais des nouvelles de toute la petite famille. Surtout que cette question pouvait avoir plein de réponse. Parce qu’après tout Felix avait retrouvé sa fillette de dix ans, il y a peu. Donc autant dire que ce n’était pas chose aisé. Et si la fillette semblait ravie, ce n’était peut-être pas que du bonheur. Si ? Bon et puis, j’espérais que tout allait bien avec Neela. Ils allaient si bien ensemble. C’était comme une deuxième famille pour moi. Prendre des nouvelles était donc tout ce qu’il y avait de plus normal.

Au fond je m’en voulais de mentir à Felix sur comment j’allais. Mais même quand j’avais eu mes contractions à sept mois et demi de grossesse j’avais refusé. De dire que ça n’allait pas. De l’admettre. J’avais perdu connaissance. Mais je n’avais pas dit une seule fois que ça n’allait pas. Même si ça relevait de l’évidence. Je n’aimais pas dire ces mots. Mettre une réalité sur ce qui a mes yeux devait être fiction. « Je vais bien aussi. ». Je suis ravie de l’entendre, ça me fait sourire.  Felix pouvait me mentir aussi. Mais j’étais certaine que non.  Parce que ce n’était pas son genre. Parce qu’il n’avait pas l’air d’aller mal. Et je ne sais pas. C’était Felix tout simplement.

En tout cas, il tombait vraiment bien. Et je lui faisais savoir. Avec un grand sourire. Ça me faisait plaisir de le voir. Neela avait eu raison en disant que j’allais l’adorer.  « Ça faisait déjà un moment que l'on ne s'était pas vus, alors je me suis dis que tu devais t'ennuyer tu vois. ». Il ria doucement et je riais avec lui. M’ennuyer ? Felix ? Je ne croyais pas vraiment cela possible. Je ne voyais même pas comment il pourrait faire pour y parvenir. J’aimais avoir de la compagnie moi. Surtout une compagnie comme la sienne, celle de Neela ou Carlie.  « Tu ne m’ennuies jamais mon Felix mais en revanche, tu m’avais manqué ! ». Pour un peu je lui aurais sauté dans les bras à nouveau. C’est vrai qu’il m’avait manqué. Et de le voir réchauffais réellement mon cœur.

Et puis je lui demandais des nouvelles de Carlie. De Neela. Ses deux amours.  « Oui tout va bien aussi ! Et puis Carlie a son concours bientôt. Tu la connais, elle est toute excitée à l'idée que je vienne la voir avec Neela. ». Je souriais. Je la connaissais. La petite princesse. J’avais pu le remarqué aussi. Et je connaissais cette excitation. Moi-même quand j’avais des concours j’étais dans cet état. Pas seulement à son âge mais encore aujourd’hui.   Même quand je déprimais.  Les concours, l’eau, ça me faisait tout oublier. Pendant un cours instant certes. Mais un instant que je savais apprécier. « Ça je le sais, la dernière fois que je l’ai vu elle ne tenait plus en place ! Et je lui ai promis de venir aussi. Je la comprends, je suis pareille quand j’ai une compétition. Je crois qu’on ne se fait jamais à cette excitation. ». Oui, les compétitions ça n’avait rien de routinier. En tout cas pour moi. Même à l’heure où j’étais censé être pro. «  A son âge, je ne jurais déjà que par la natation synchronisée, mes parents ont dû rusé pour que je n’oublie pas l’école. ». Je riais doucement. C’est vrai que mes parents avaient vite compris qu’il fallait me cadrer. Autrement je n’aurais jamais bossé. Et leur méthode avait payé. J’avais été une élève studieuse.  « En tout cas, c’est une bonne chose pour elle que tu viennes, j’aimais tellement quand mes parents venaient me voir… ». Chose qui n’arrivait plus –ou presque plus, mon père essayait parfois- et ça me rendait triste.

C’était une bonne chose que Felix aille voir Carlie. Je me doutais que c’était très important pour elle. Surtout après dix ans d’absence. Même si on ne pouvait pas les reprocher à Felix. Sauf qu’en disant cela, Felix avait bien compris que mes parents me manquaient. Mais au fond, c’était normal. La coupure avait été violente. Enfin avec ma mère. Et surtout les raisons étaient particulièrement douloureuses. « Hey... Ça peut peut-être s'arranger avec eux non ? Tu n'as aucun moyen de leur parler vraiment, de mettre les choses au clair ? ». J’affichais un maigre sourire pour masquer ma peine. Lleyton avait bientôt dix mois. Ma mère avait coupé les ponts avec moi dès le début de ma grossesse. En clair, ça faisait plus d’un an. Et elle ne changeait pas de position. Et ses mots étaient toujours présents dans mon esprit. Mon père me l’avait bien dit aussi.  Qu’elle n’en démordait pas. Qu’elle m’en voulait bien plus que de raison. Elle était connue pour être entêtée, bornée. Preuve en ait qu’elle c’était fâché avec sa meilleure amie il y a dix ans. Elle ne lui avait toujours pas reparlé. « Avec mon père ça va mais, il a du mal à jongler entre ma mère et moi, quand il vient me voir il est obligé de lui mentir. Elle ne lui a pas adressé la parole pendant deux semaines parce qu’il avait offert un cadeau de naissance à Lleyton. ». Je soufflais. Ma mère poussait le bouchon loin, très loin. Qu’elle me rejette oui. Mais qu’elle force mon père à en faire autant, ça me faisait mal.  

Je passais une main dans mes cheveux. Je n’aimais pas trop me plaindre ainsi. Parler de ça. Même si au fond, j’en avais besoin. « Elle m’en veut de faire les mêmes erreurs qu’elle comme elle dit si bien. Elle a eu Ashton à dix-sept aussi et d’après elle, Lleyton ne peut m’apporter que des regrets. ». Je retenais mes larmes. Je lui en voulais d’avoir ces mots. Pour Ashton. Pour Lleyton. Pour moi.  « Des regrets, Lleyton est mon fils, je ne le verrais jamais comme une erreur… ». Lleyton était mon plus beau trésor. Je ne voyais plus ma vie sans lui. Je n’aurais pas supporté de vivre en ayant avorté. Ou en l’ayant mis à l’adoption comme elle m’avait conseillé. J’aimais mon fils comme personne. Et quoiqu’il advienne, je ne tiendrai jamais le discours de ma mère. Je le savais.  « Alors bon, je pense que non, entre elle et moi ça ne s’arrangera pas. Je lui en veux, elle m’en veut. On n’en finira pas. Mais, mon père me manque énormément. ». Je haussais les épaules. Je ne voulais pas que Felix remarque trop à quel point ça m’atteignait.

Je secouais la tête, lui offrant un sourire. « Enfin qu’importe,  l’essentiel c’est que toi tu sois là pour ta fille ! ». Mon sourire venait de s’élargir. Pour Carlie c’était super. Elle avait le droit au bonheur. « Et puis on se retrouvera là-bas du coup… ». Je gardais mon sourire. Je l’avais promis à Carlie la dernière fois. Alors oui, j’allais y aller.

Parler de ma mère me faisait autant de bien que de mal. J’avais envie de pleurer. Et en même temps ça me libérait. En tout cas, en écoutant Felix, je n’avais pu échapper à mes souvenirs. Ces moments heureux durant lesquels mes parents étaient unis. Heureux, amoureux. Et fiers de moi en me voyant en compétition. Du moins, je le croyais. Aujourd’hui je n’en étais plus vraiment certaine. « Et je peux te garantir que tu n'auras jamais de regrets, déjà parce que tu n'es pas toute seule, on est là nous ! Et puis parce que ça se voit comme le nez au milieu de la figure que tu en es dingue de ce petit. ». Je lui offrais un beau sourire. Il avait raison. Je pouvais compter sur eux. Et je le savais. Et leur présence dans ma vie était plus que précieuse. Pour ce qui était de Lleyton, j’imagine qu’il avait raison.  J’aimais mon fils et ça devait sans doute se remarquer. Je l’espérais quand même. « Je sais que vous êtes là et crois-moi, j’en suis la plus heureuse ! ». Je lui offrais un très large sourire. C’est vrai que j’étais bien heureuse de les avoir à mes côtés. Ils m’aidaient tellement. Ils étaient comme ma famille. Je n’ajoutais rien par rapport à Lleyton. Parce qu’à part dire que je l’aimais, il n’y avait rien à dire. Hors, c’était évident. Je crois.

Je concluais donc la conversation en disant qu’on se retrouverait au ballet. Ce que Felix confirma. Je me perdais alors un peu dans mes pensées. Avec un sourire nostalgique. Un sourire que Felix remarqua bien vite. « Et range moi ces petites larmes. Et ne me fait pas croire que tu n'as pas envie de pleurer, je ne te croirai pas. ». Je riais doucement. Sans trop savoir pourquoi. C’était sans doute le ton de Felix qui voulait ça. Ou le fait qu’il me connaisse bien.  Parce que même s’il ne m’avait jamais vu pleurer, il le sentait. En tout cas, à ses côtés j’étais détendue. Il arrivait à me faire rire ou sourire. « Mais, je n’ai pas envie de pleurer ! Encore moins quand tu me fais rire. ». Bon d’accord, peut-être que j’avais eu un peu les larmes pas loin. Genre bloqué dans ma gorge. Mais, c’était déjà passé. Alors pas la peine d’en parler.

J’inspirais un coup avant de me tourner vers Felix. Une question étrange venait de me parvenir. J’abordais alors un sourire curieux. « Et dis-moi Felix, maintenant que t’as retrouvé Neela et  Carlie, vous allez mettre un babychou en route ou un mariage d’abord ? ». Curieuse ? Je devais l’admettre que là, je me sentais comme une petite fille. Comme quand j’avais encore dix-sept ans. Et que ma curiosité était d’après Ashou le plus grand de mes défauts. En vrai, je voulais juste savoir à quel point leur relation était sérieuse. S’il y avait des projets. Au fond, ça me mettrait du baume au cœur. Leur bonheur faisait envie. J’étais plus qu’heureux pour eux.

Felix prit un air faussement choqué face à ma curiosité. Je ne pouvais m’empêcher d’afficher un sourire amusé. Oh allez ma question n’était pas si déplacée !  Je troquais alors le sourire pour les yeux de chien battu. Il éveillait encore plus ma curiosité. Du coup je voulais ma réponse. « Noooooon pas toi ?? Tu as été touchée par le syndrome bébé-mariage aussi ?? ... Non mais... Nos parents n'arrêtent pas avec ça aussi ! ». Il se mit à rire doucement. Moi, j’explosais littéralement de rire. Ah bah comme quoi ! Je n’étais pas la seule à y penser.  A pousser ma curiosité si loin. Bon moi, je posais la question une fois. Je n’allais pas lui poser et lui reposer jusqu’à que tout se concrétise. Parce que bon, j’imaginais que ses parents étaient un peu comme ça. Vu que d’après Felix ils n’arrêtaient pas avec ça. Des parents quoi. Quand ils ont une idée en tête, j’en connaissais pas beaucoup qui lâchais facilement l’affaire. « Ben pour l'instant aucun des deux en fait... Comme tu as dit, je viens de les retrouver, je ne suis même pas encore installé chez Neela, alors j'ai surtout envie de profiter d'elles pour le moment. Mais à force de tous me poser cette question, vous allez finir par me donner envie ! ». Il se mit à rire un peu plus. Visiblement il n’avait rien contre l’idée dans le fond. Mais j’étais bien d’accord avec lui. Prendre son temps c’était une bonne idée. Pour se redécouvrir. Et ne pas sauter les étapes.

Torsadant mes cheveux. Je regardais alors Felix. Ce qui était certain c’est qu’il rayonnait de bonheur. « Tu n’es pas encore installé mais vous êtes toujours fourrés ensemble. ». Je riais doucement. Après tout, ce n’était faux si ? « Mais tu as raison, il vaut mieux prendre son temps et puis au moins, je sais quand même que tu n’es pas contre. ». J’affichais un petit sourire amusé oui, au moins je savais ça.  Et c’était déjà pas mal. « Et tu peux pas en vouloir à tes parents de te gonfler avec ça. Vaut mieux ça que l’inverse, t’imagine s’il te suppliait de pas le faire ? Non tu vois, ça veut dire qu’ils savent que t’es heureux avec ta petite famille et qu’ils veulent que ça dur. ». J’affichais alors un immense sourire. C’est vrai qu’en y pensant c’était attendrissant. Pas de quoi leur en vouloir. Même si pour eux, ça devait être pénible. D’entendre le même sujet revenir inlassablement.  « En tout cas, moi, j’aime vous voir aussi heureux et c’est pour ça que je posais la question… ». J’affichais un tendre sourire. J’avais presque envie de me jeter dans ses bras. De lui faire un énorme câlin.  

Enfin, je levais les yeux au ciel rapidement, je devais bien admettre autre chose. « Bon, c’est vrai que c’était peut-être aussi un peu de curiosité, mais on se refait pas. ». Je riais doucement. Je me savais curieuse. Bien que ma chère curiosité n’avait pas montré le beau de son nez depuis longtemps.

Neela et Felix étaient adorables. Ils formaient un des couples les plus mignons qui soit. Toujours fourrés ensemble. Et je ne le cachais pas à Felix.« Disons que je me dis surtout que je viens de rencontrer Carlie, qu'on a plein de trucs à rattraper ensemble... Et un deuxième bébé ça voudrait dire qu'on va un peu moins s'occuper d'elle, parce qu'elle est plus grande et qu'elle sait faire des choses seule qu'un bébé ne sait pas faire... Et au final j'ai peur de ne pas la connaître comme je le voudrais. ». Je hochais la tête. Je comprenais bien le problème. Dix ans d’absence, c’était long. Alors forcément, Carlie avait besoin de temps avec lui. Elle avait besoin qu’on lui laisse son papa encore un moment avant de partager.  « Je crois que ça se comprend largement, c’est vrai que Carlie a sans doute besoin d’avoir son papa rien que pour elle. ». J’affichais un beau sourire. Elle devait le partager avec sa maman. C’était sans doute bien suffisant à ses yeux. Surtout que j’avais cru remarqué qu’elle aimait que l’intention soit centrée sur elle.

En tout cas, Felix avait tout fait pour apaiser ma curiosité. « Si un jour tu veux redevenir baby-sitter, n'hésite pas, on est là ! Parce que si un jour on a vraiment la ribambelle d'enfants que nos parents veulent que l'on aie, alors tu auras du boulot ! Et puis au moins, avec toi, on est sûrs que tu ne laisseras pas Carlie toute seule pour aller faire... tes petites affaires avec Mattia ailleurs. ». Il riait doucement alors que j’avais des yeux de hiboux. Oh putain ! Je n’avais pas entendu parler de ça ! Une baby-sitter avait vraiment tenté ça ? Mais, elle était barge ! Je n’en revenais pas. « Attend, t’es sérieux là ? La baby-sitter à vraiment laissé Carlie pour aller… faire ce qu’elle avait à faire ? J’avais pas entendu parler de ça. ». Je riais doucement bien que toujours choquée. Il y avait des personnes vraiment sans gêne. J’imaginais bien la réaction de Neela. Elle avait dû hurler. Menacer de lui arracher les yeux de la tête. Non parce que Neela était calme et adorable mais, c’était une maman. Sa fille passait avant tout. « Remarque, il y avait un père qui m’avait proposé de ramener mes petits amis quand je gardais sa fille.. ». Je secouais la tête ne voulant pas vraiment me souvenir de lui. De Lydéric.

Je retrouvais néanmoins rapidement le sourire. Le souvenir de cet homme ne m’envahissant pas. « Mais, tu sais que si vous avez besoin, vous pouvez me demander, je suis jamais bien loin et garder Carlie ne me gêne absolument pas ! En plus, elle est assez grande pour venir faire des tours en ville avec moi, c’est loin d’être une contrainte. ». C’est vrai que ça ne me gênait pas de garder Carlie. Surtout que je voyais mal Neela ou Felix s’opposer à ce qu’il y ait Lleyton avec moi. Ce n’était donc pas un souci. S’il avait besoin j’étais là. Et avec grand plaisir même.

Je n’avais entendu l’histoire de la baby-sitter. Et j’osais à peine imaginer la situation. D’ailleurs Carlie avait-elle captée ce qui c’était passé ? Pitié dites-moi que non. « Oh oui je suis très sérieux ! Le pire, c'est que c'est Carlie qui en a parlé quand on était chez mes parents. Mais tu vois, sur un ton tout innocent, elle n'avait pas vraiment compris ce qui s'était passé. Et franchement on a mis quelques secondes à réagir. ». Je faisais les gros yeux avant de rire doucement. Oh mon dieu, chez les parents de Felix en plus…comment Neela avait-elle pu gérer la situation ? Et Felix aussi d’ailleurs. Parce que je le voyais difficilement rester calme face en apprenant ça.  « Au moins, elle ne sait pas ce qu’il s’est passé… et j’imagine que la baby-sitter en question est sur votre liste rouge, je me trompe ? ». C’était même plus qu’évident. La reprendre aurait été être encore plus inconscient qu’elle. Mais ce que je demandais surtout là c’est comment ils avaient géré la situation.

En tout cas, s’ils avaient besoin de moi, j’étais là. Ils pouvaient compter sur moi. J’espérais au moins qu’ils le savaient. Surtout que je l’aimais bien la petite Carlie. « Au fait, tu as du passer par un “casting” pour devenir la baby-sitter de Carlie, ou tu connaissais déjà Neela avant ? ». Ni l’un ni l’autre… ou alors j’étais peut-être passé lors d’un casting sans même le savoir.  « Non en fait, je suis assez connu sur Arrowsic … enfin ma mère l’est et fut un temps elle parlait de moi à ses amies. J’ai fait du baby-sitting pour dépanner pas mal d’entre elles. Bref, c’est une des collègues de Neela qui lui a donné mon numéro. ». J’affichais un beau sourire, me rappelant de ma première rencontre avec Neela. Les choses c’était passé tout à fait naturellement, et j’avais tout de suite accroché avec Carlie.  Il en avait été de même pour Isadora, cette petite si particulière que je gardais aussi de temps en temps à cette époque. Mais, j’avais beaucoup moins adhéré à son père, Lydéric. Oui, cette expérience m’avait marqué. Mais quelque part il y avait de quoi.

Enfin je regardais Felix un petit sourire. « J’imagine que tu me demandes ça parce que vous allez devoir vous lancer à la poursuite de la baby-sitter parfaite non ? ». Je riais doucement. On avait l’impression que je parlais d’une héroïne tellement. « Tu sais Carlie va entrer au collège et je crois que bientôt, les baby-sitters, elle trouvera ça gonflant. ». J’affichais un petit sourire. C’est vrai qu’elle n’était plus si petite. Bientôt elle allait vouloir rentrer à pied du collège avec ses copines. Elle voudrait rester seule à la maison pour se faire toute seule un maxi goûter. Quoique Carlie n’avait pas grand appétit d’après Neela. Mais en tout cas, bientôt, elle allait vouloir être seule. « Mais, si vous avez vraiment besoin de quelqu’un, j’ai une amie à qui ça pourrait convenir… enfin, si tu n’as pas peur qu’elle traite ta fille comme une princesse. ». Je riais doucement, je pensais à Astrée. Elle était géniale avec les petits. Et elle m’avait tant de fois parlé de garder Lleyton. Me disant qu’elle aimerait faire du baby-sitting. Enfin, elle l’avait plus dit à Mattia qu’à moi. Mais c’était peu ou prou la même chose. Et j’étais certaine qu’elle serait super dans ce rôle. Même s’il fallait qu’elle évité de couvrir les enfants de cadeau comme elle le faisait avec Lleyton.

Felix hochais la tête. Ouais, la baby-sitter était grillée à vie. Une fille me faisait un jour avec Lleyton ? Je la massacrais dans la seconde !  « Si Neela la revoit, elle l'incendie sur place je crois. Déjà, l'après-midi, on avait été à la plage avec mes parents et Carlie, et la baby-sitter a eu le malheur d'être là avec son fameux copain. Elle s'est fait insulter de salope. Elle y avait peut-être été un peu fort là Neela quand même... Le copain a failli lui foutre une gifle. ». Je riais doucement. J’imaginais le spectacle à la plage. Mais à l’inverse de Felix, je la trouvais plutôt soft Neela. « De salope c’est tout ? Mais elle aurait fait ça avec mon fils, je lui arrachais la tête et son copain m’aurait giflé, je lui aurais arraché ses précieux bijoux de famille ! ». Je riais à nouveau. Oui, j’étais peut-être un peu vulgaire là. Mais c’était vraiment le genre de réaction que cela m’inspirait.

En tout cas, pour ce qui était de Carlie, elle allait bientôt trouver ça ringard les baby-sitters. Ils allaient se prendre la tête à chercher mais, elle risquait de râler, la petite crapule. « Oui mais elle est encore un peu jeune là non ? Elle n'a que dix ans... Enfin j'en sais rien en fait. On me dit qu'il y a besoin d'une baby-sitter, je cherche de mon côté ! ». Je riais doucement. Tout comme lui. Au moins il faisait tout pour que sa fille ait le meilleur. Et c’était vraiment mignon. « Chaque enfant va à son rythme, je pense. Je n’ai jamais eu de baby-sitter, mes parents me confiaient à mon frère Ashton. Il est parti pour ses études j’avais neuf ans… donc j’ai appris à rester seule à neuf ans. ». Je haussais les épaules avant de poursuivre. « Dès que je rentrais l’école, je me jetais sur mes devoirs. A défaut de me mettre sous surveillance, mes parents avaient trouvé le plan infaillible : les devoirs non faits ? Pas de natation synchronisée. ». Je riais encore une fois. J’avais tellement eu peur qu’il le fasse que je n’avais pas tenté le diable une seule fois. Même à l’adolescence la menace était restée la même. Elle était même beaucoup plus lourde. Puisque je passais énormément de temps dans l’eau. Et je ne pouvais pas m’en passer. Donc j’avais tout fait pour les résultats scolaires y soient.

Enfin, je lui disais qu’au cas où, j’avais une amie qui pouvait peut-être convenir. « Je demanderai à Neela. De toute façon, la future baby-sitter va devoir passer par un interrogatoire digne du FBI je crois. ». J’affichais un sourire amusé. « Eh bah ça ne m’étonne pas tant que ça ! Mais en attendant de trouver la perle rare, si vous avez besoin, je suis là, vraiment. ». Je lui offrais un tendre sourire. Je ne voulais pas qu’ils se sentent gênés de me demander. Non vraiment pas. Parce que si je pouvais faire quelque chose pour eux, je le faisais avec plaisir.

Felix écarquilla les yeux. Visiblement, il n’avait pas l’habitude de m’entendre parler comme ça. Et pour être honnête, ce n’était pas dans mes habitudes. Mais ça me faisait rire. Et au fond, je savais qu’à la place de Neela, j’aurais été mauvaise. Il y avait quatre raisons pour lesquelles je pouvais être méchante : Lleyton, Mattia, Ashton et mon père. Les quatre hommes de ma vie. Pour eux j’étais prête à aller me faire casser trois côtés par un gorille. Ou à me faire étrangler ma une pute aux ongles made in china. « Je ne t'ai rien fais-moi on est d'accord hein ? ». Je riais doucement. Tout comme lui. « Absolument rien ! ». Je riais encore. Forcément les mecs quand on parle de leurs bijoux de famille.  Félix n’échappait pas à la règle.

Je disais ensuite à Felix que l’ultimatum de mes parents l’avait fait bosser. Et accessoirement, leur avait évité de chercher une baby-sitter. Il avait très bien fonctionné. Et apparemment mes parents n’étaient pas les seuls à avoir eu cette idée.« On a fait le même genre de chose avec Carlie. Neela m'a dit qu'elle dansait tout le temps et qu'elle négligeait un peu l'école. Du coup, on lui a dit que si elle ne faisait pas ses devoirs, elle pouvait faire une croix sur les répétitions et les galas. Ça a l'air de marcher ! ». Je riais encore une fois. Felix avait le don pour me faire rire. Évidemment que ça marchait. Ça avait même marché avec Mattia d’après mes souvenirs. C’était les menaces de son coach. Quand on a une passion, s’en passer c’est pire que tout. Bien pire que les devoirs. « Et crois-moi, tant qu’elle sera passionnée, ça va marcher ! ». Sans doute, toute sa vie, vue comme elle était partie ! Ah Felix et Neela n’en avaient pas fini avec les galas ! J’en étais certaine.

En tout cas, j’étais prête à garder Carlie si nécessaire. « Merci ! Si ça se trouve, tu vas nous sauver un soir où on aura absolument besoin de quelqu'un ! ». Je lui offrais un sourire. Ce n’était pas un problème pour moi. « Ça serait un grand plaisir ! ». Et j’étais sincère !

Je regardais alors Felix, avec une petite question dans ma petite tête. « Je peux faire ma curieuse ? ». Mes joues viraient au rouge. Je ne pouvais m’en empêcher. C’était plus fort que moi. Plus fort que le rouge de mes joues. « Tu faisais quoi avant d’arriver ici ? ». C’est vrai que je ne savais pas grand-chose de sa vie avant. Je ne savais pas ce qu’il avait fait en l’absence de Neela dans sa vie pendant toutes ces années. Bon apparemment, il ne c’était pas marié. Il n’avait pas d’autre enfant. A moins qu’il ait eu un mariage express ? Au fond, je n’en savais rien. Je ne lui avais pas posé trop de questions là-dessus. Et moi et les ragots… ce n’était pas franchement mon truc.

Je ne pouvais m’empêcher d’être curieuse. Je me rendais compte que je ne connaissais pas vraiment la vie de Felix. Et j’avais envie d’en savoir plus. C’était plus fort que moi. J’avais l’impression d’être une enfant en étant animée par tant de curiosité. Mais, ça n’avait l’air de gêner Felix. Ça le faisait sourire Et c’était presque un soulagement, je devais l’admettre. « J'ai toujours habité à Arrowsic en fait. Quand j'étais à New-York, donc quand j'ai rencontré Neela, c'était juste des vacances avec mon meilleur ami. On avait réussi à convaincre nos parents de nous laisser partir seuls et qu'on allait pouvoir survivre sans eux pendant deux semaines. ». Il avait toujours vécu ici ? Tout comme moi ? Quand je pense que je ne l’avais jamais croisé. Il faut dire je ne devais pas fréquenter les mêmes lieux que lui. Mon quotidien c’était la piscine, le lycée et chez mes parents. Donc, ça pouvait s’expliquer. Mais, je n’avais même pas entendu parler de lui. « Sérieux ??? Tu as toujours vécu ici, et on ne s’est pas croisé avant ? ». J’avais du mal à y croire. Arrowsic était une petite ville. Et pourtant, elle me réservait bien des surprises encore.

Soit, l’ayant entendu rire en parlant de New York, je me disais que ça avait été une belle aventure. Bon forcément, il y avait rencontré Neela ! Mais, je veux dire, un voyage entre pote ça doit laisser de bon délire. Je l’imaginais, parce que Mila, ma meilleure amie, avait voulu m’emmener au Brésil avec elle. Juste un mois, pas pour toute la vie comme elle. Et la réponse avait été non. Je n’avais pas pu tenter de négocier. Il faut dire que c’est mon frère que j’avais dû affronter. Puisqu’à cette époque, je ne vivais déjà plus chez mes parents. Bref, tout ça pour dire que ce voyage, Felix devait y repenser encore aujourd’hui. « Enfin t’as eu de la chance que tes parents te laisse partir, j’imagine que ce n’était pas une mince affaire ? ». Moi, si mes parents avaient dit oui, mon frère aurait dit non. Et ils l’auraient écouté. Non, ce n’était pas une blague. Mais, un jour je partirais. Avec des potes. Ou avec Mattia et Lleyton qu’importe. Je n’avais plus l’âge de lui demander la permission pour cela. Et il ne pouvait pas utiliser l’excuse « t’es enceinte » comme pour le Mexique.

Felix me regarda à nouveau. « Mais qu'est-ce que tu veux dire en fait par “je faisais quoi” ? ». Je me mettais à rougir. J’entendais tellement chose. Ses potes. Ses passions. Sa vie amoureuse notamment. Bah quoi ? Oui, j’étais une fille ! « Hum je sais pas… t’avais des passions ? Une petite-amie sérieuse avant Neela ? Enfin ce genre de chose quoi. ». Je rougissais un peu plus. Je me sentais ridicule. Mais, au fond, ça me faisait du bien. Ça me rappelait qu’au fond je n’étais toujours qu’une adolescente. « Enfin… si tu ne veux pas répondre je comprendrais hein ! ». Je m’étais empressée de rajouter ces mots parce que je me sentais très indiscrète. Je le savais en fait.

New York. Ça me plairait bien d’aller un jour à New York. Felix avait eu de la chance d’y aller. Avec son meilleur pote en plus. « Ça non ! Je suis parti avec mon meilleur ami, on a dû être irréprochables pendant six mois pour qu'ils acceptent. Je crois qu'on n'a jamais été aussi sages. ». Je riais, tout comme lui. C’était la technique de la carotte. C’est fou comme l’être humain est prêt à tout pour avoir ce qu’il veut. J’aurais fait pareil que lui, très franchement. Bon, je n’étais pas très turbulente mais soit. En tout cas, le fait d’être en tête à tête avec Felix faisait que je me montais très curieuse. Au fond, je ne connaissais rien de sa vie. Et ça m’intriguait. « Alors... Les passions c'est un peu les mêmes que maintenant : tout ce qui est artistique, et passer du temps avec mes amis, pour changer un peu de ma mère possessive. Et les petites-amies... J'en ai eu quatre sérieuses en dix ans, le plus longue c'était trois ans, et c'était la dernière avant Neela. ». Wahouu, trois ans, quand même ! Je me demandais si cette femme était toujours là. Pourquoi ils avaient rompu ? En tout cas, Felix avait l’air d’avoir cherché la femme qui ferait battre son cœur pour toujours. Et il l’avait trouvé ! Bah oui, je ne pouvais m’empêcher de penser qu’il s’agissait de Neela. « Trois ans ? Et elle vit ici, cette femme ? Vous avez rompu pourquoi ? ». Il n’aurait jamais dû m’autoriser à lui poser des questions. Maintenant je ne savais pas m’arrêter.

Enfin, ça n’avait pas l’air de gêner Felix mais de l’amuser. « Et tu ne seras pas la seule à faire ta curieuse : je te retourne les mêmes questions. Et j'en ajoute même une : comment vous vous êtes rencontrés avec Mattia ? ». J’affichais un large sourire, moi non plus ça ne me dérangeait pas de répondre aux questions. « En fait, j’ai toujours eu cette passion envahissante pour la natation synchronisée… j’en oublierais presque ma passion pour la littérature. Je veux dire… je lis toujours autant, j’adore ça ! Mais, ça fait bien longtemps que je n’ai pas écrit. ». J’affichais un petit sourire malgré moi, je ne prenais plus le temps de le faire. Je ne savais pas pourquoi. Les temps avaient simplement changé. Et j’avais changé, sans doute bien trop à mon goût. « Mattia est mon premier petit-ami et il restera l’unique ! ». J’affichais un sourire on ne peut plus joyeux, pour moi les choses ne pouvaient pas être autrement. J’en étais persuadée. C’était lui. « On s’est rencontré lors de notre dernière année de lycée, on était dans la même classe. Je crois que le fait que l’on soit tous les deux mordus de sport et compétiteur nous a rapprochés. Enfin… on était qu’amis au départ. Et puis un matin, en math, il m’a soufflé la réponse, d’ailleurs, je me souviens encore de cette réponse… ». Je riais doucement, amusée par ma bêtise bien que réelle. « Je l’ai remercié à la sortie du cours et… on a décidé de sécher, d’aller à la plage. C’était la première fois que je faisais un truc pareil et il ne m’avait forcé à rien… je voulais juste être avec lui. Bref, après qu’on se soit retrouvé les fesses dans l’eau… je l’ai embrassé. ». Je devenais toute rouge, cette journée avait été magique. « C’était l’un des plus beaux jours de ma vie, celui-ci et quand j’ai tenu Lleyton dans mes bras pour la première fois. ». J’avais pris la meilleure décision du monde en séchant. Il suffisait de voir mon sourire idiot en repensant à tout ça. Je ne regrettais rien. « Et je parle trop… je suis une vraie pipelette, désolée ! ». C’est vrai que là, j’avais fait fort !

Felix, en couple trois ans avec une femme. J’avais encore du mal à y croire. Pas parce que je peinais à le croire sérieux. Vu sa relation avec Neela, je savais qu’il pouvait l’être. Mais en fait, je me demandais pourquoi avoir rompu. J’étais réellement curieuse. Après tout, il devait y avoir un sacré bonne raison derrière tout ça. « Elle habitait ici il y a encore quelques mois, et elle a déménagé pour le boulot dans une petite ville à côté d'ici, j'oublie toujours le nom... Et on a rompu parce que... Ne ris pas... Elle était lesbienne. Enfin elle l'est toujours d'ailleurs. ». J’ouvrais grand les yeux. Avant d’afficher un sourire amusé. Ah ouais ? C’était une bonne raison de rupture, bien que peu classique ! J’espérais au moins que son égo n’en avait pas trop pris un coup.  Après tout, ça pouvait être un peu vexant. « Whooo, au moins c’est une bonne raison ! Et tu ne t’es pas trop senti vexé ? ». Je me souvenais de ce que m’avait dit Mattia à propos de Kavi. Il était sorti avec une lesbienne. Enfin, il avait révélé une lesbienne. D’après Mattia, il l’avait plus que mal vécu. A voir le sourire de Felix en parlant de ça, je doutais que ce soit le cas. C’était déjà pas mal.

Et puis, je parlais de moi. Et de Mattia. Je m’enfonçais dans ma niaiserie. Devenant un vrai moulin à paroles. Pauvre Felix ! J’étais vraiment intenable. Mais, c’était ça. L’effet je repense au début de notre relation. Ça avait été tellement magique. Et ça l’était toujours maintenant. Malgré nos problèmes. L’amour était bien présent. « Mais non ! C'est super quand même que vous vous soyez trouvés rapidement. Et tu as raison, tu as bien fait de sécher. De toute façon les cours hein... si ça t'as permis de trouver Mattia, et du coup d'avoir Lleyton, ce que la plage ça aurait au moins servi à quelque chose. ». Je riais doucement, tout comme lui. Il avait parfaitement raison, j’avais très bien fait de sécher, ça m’avait permis d’avoir tout ce qu’il y a de plus beau. « C’est l’Homme de ma vie toute simplement. Je crois que même sans la plage, on se serait trouvé. ». J’affichais un beau sourire. J’en étais absolument persuadée. Mattia était le seul l’unique. Je n’en voulais pas d’autre. Je l’avais déjà avoué à Neela. Sans doute déjà à Felix. Mais, je ne pouvais m’empêcher de me le redire.

Je fronçais alors les sourcils. Une autre question me venant alors en tête. « Et au fait, comment ça s’est passé les retrouvailles avec Neela ? ». Je savais qu’ils s’étaient retrouvés. Qu’ils s’étaient embrassés. Mais après ? Je n’en savais pas bien plus. Je n’avais pas trop interrogé Neela à ce sujet. Sur le coup j’avais laissé la joie l’emporter. Et puis ce jour-là nous avions parlé de tellement de choses. Elle n’avait pas eu le temps de rentrer dans les détails.