Le regard vide et immobile, je divague. Mes yeux sont fixés sur mon ordinateur, sur mon écran ouvert sur cette page blanche avec ce curseur qui clignote. Pas un mot, non, je n'ai pas écrit un mot depuis deux semaines. Mon livre n'avance pas. Si ça continue, il ne sortira jamais. C'est le dernier chapitre. Et je n'arrive pas à le clore. Ironie ? Surement. C'est comme pour me rappeler que je suis incapable de terminer quelque chose comme il se doit. Et je pense en particulier à ma relation avec Joe. J'ai tout gâché.

Je suis soudainement pris d'une colère immense. Contre elle, contre moi, contre nous, contre tout l'univers peut-être. Parce que je suis tombé amoureux d'elle. Je ne peux plus le nier. Parce que je l'ai laissée m'atteindre et s'emparer de moi. Parce que j'ai baissé ma garde. Parce qu'elle aussi au fond... Ça ne devait pas arriver et pourtant c'est arrivé. Nous sommes tombés amoureux. Nous avons laisser l'amour s'interposer entre nous et nous offrir des armes pour nous blesser l'un l'autre. Et c'est arrivé.

Je me mords la lèvre inférieur au point d'en avoir mal. J'ai envie de tout envoyer balader. Tout ce pour quoi j'ai travaillé ces derniers mois et en particulier ce fichu bouquin que je ne finirai jamais. Je ne peux pas écrire ce chapitre, j'en suis incapable. Et je ne peux pas en finir là, le clôturer comme ça et l'envoyer à mon éditeur. Les larmes me montent aux yeux. Je me suis toujours interdit de pleurer. Toujours. Depuis ce premier jour où je suis entrer en prison. Ce jour-là, je me suis promis une chose : Jamais je ne pleurerai, jamais je ne serai faible. Les relations entre les hommes les rendent faibles. C'est le cas, j'en ai conscience plus que jamais. Alors, pour la première fois depuis des années, je m'abandonne et je me mets à sangloter.

Ma vie a perdu de son sens depuis bien longtemps. Je me demande d'ailleurs même si elle en a déjà eu un. Je suis né dans une famille riche. J'ai toujours eu tout ce que je voulais. Que ce soit au niveau matériel ou bien avec les filles. Et un jour, tout s'est brusquement arrêté. J'ai été puni pour avoir été trop gourmand. J'ai passé de nombreux mois en prison pour un crime que je n'avais pas commis. Là, la vie a perdu toute forme de sens. Tout a basculé, plus rien n'avait été pareil. Je suis sorti. J'ai voyagé, j'ai fait des rencontres. Il y a eu Lexie et pour la première fois j'ai ressenti quelque chose de plus. Une fille me faisait sourire un peu plus longtemps, je riais un peu plus fort et elle me manquait lorsqu'elle n'était pas là. Mais ça n'avait pas duré. Elle était partie vite, trop vite. Et puis, j'étais arrivé à Arrowsic et j'avais rencontré Joe. C'était un jeu. C'était rien qu'un jeu et j'ai perdu. J'ai perdu lamentablement.

Je ne peux les retenir, ces larmes. Elles coulent le long de mes joues et semblent s'épanouir à l'air libre, incitant tout l'H2O présent dans mon corps de prendre les voiles. Je suis exténué, vidé de toute forme d'énergie. Et d'espoir. Et de goût de vivre. Ecrire a toujours été mon échappatoire et aujourd'hui je n'y arrive même plus. Je ne comprends pas. Je ne sais pas ce qui m'arrive.

J'entends un bruit tout à coup. Je sens quelqu'un s'approcher. Je plonge ma tête entre mes bras pour cacher mon visage inondé de larmes. « Eh…c’est ce que tu écris qui te mets dans cet état ? » dit la jeune femme. Elle prend une chaise et s'assied à côté de moi. Bon, j'imagine qu'elle ne partira pas. Mademoiselle, qui qu'elle soit, a décidé de faire de la psychologie aujourd'hui. Je relève la tête et je sèche mes larmes pour faire face à l'inconnue. C'est Ella Clarke. Une jeune étudiante qui a eu un bébé l'année dernière. Ça a fait mouche dans Arrowsic, donc je suis au courant. Je l'ai croisé plusieurs fois, je crois qu'elle connait Teddy. Bref, ça me fait chier qu'elle ait surpris mon état de faiblesse. « Non, c'est plutôt ce que je n'écris pas. » dis-je en tapant sur mon écran d'ordinateur pour le refermer. Mon arrogance naturelle aurait eu tendance à me faire dire des choses bien plus méchante comme lui demander de foutre le camp, mais je n'en ai tout bonnement pas la force. Et puis, je dois dire que ça fait du bien de voir que quelqu'un se préoccupe un peu de nous.

Spoiler:

Cette Ella semble bien partie pour passer l'après midi à côté de moi à m'analyser. J'aurais du être froid, mauvais ou même méchant, comme à mon habitude tout simplement. Et pourtant, je ne l'ai pas fait pour une raison obscure que je ne m'explique pas. Je ne l'ai pas repoussée, j'ai même répondu à sa question, j'ai engagé le dialogue, je l'ai accepté. Peut-être en ai-je besoin. Après tout, me laisser aller à la bibliothèque pour la première fois depuis au moins 4 ans montre bien que je n'ai plus rien à perdre.

« Je vois » dit-elle comme si elle peut comprendre. Je ne crois pas savoir que la miss soit écrivaine ou aspire à le devoir. J'ai plutôt entendu dire qu'elle est un genre de sportive de haut niveau, genre piscine. Enfin bref, rien qui puisse lui permettre de comprendre ce que je traverse. Mais je reste muet, contrairement à mon habitude. Pas de remarque cinglante, pas de remarque bien placée pour faire mal juste comme il le faut. Non, j'ai déjà assez mal moi même et je n'ai même pas envie de causer du tord à autrui. Décidemmment, je ne suis plus moi même. « Et qu’est-ce qui te bloque ? Enfin… t’écris sur quoi ? » demande-t-elle en ne feignant pas le moins du monde sa sincère préoccupation envers mon « problème ». « Ce ne sont pas tes affaires. » dis-je enfin très sèchement. Je réponds du tac au tac, sans réfléchir.

Quelques secondes à peine plus tard, je ressens un certain remord. Cette fille s'est assise à mes côtés, prêtes à m'écouter, vraisemblablement prête à m'aider sans arrière pensée. Il y a quatre ans je n'aurais jamais pu imaginer cela possible, mais depuis ma rencontre avec Eilidh, j'ai appris qu'on pouvait se laisser aller à faire confiance à quelques personnes. J'ai appris qu'on pouvait avoir envie d'aider quelqu'un juste pour lui plaisir de lui avoir apporter quelque chose, l'espace d'un instant. J'imagine qu'Ella est mon Eilidh du jour, ma sauveuse. Et ce n'est pas juste de la rejeter ainsi. « Je... J'écris sur la liberté. J'ai fini le livre en fait, enfin presque. Il me manque un chapitre. » Je finis par avouer. « J'étais parti pour écrire sur la liberté en amour, mais... » Je détourne le regard et je tente de chasser cette image de Joe bien trop présente dans ma cervelle. « Je peux pas. »

Depuis que je suis sorti de prison, chaque jour, je découvre une nouvelle face de l'identité humaine. Tout le monde n'est pas mauvais. En réalité, il y a même pas mal de gens bons qui savent être là pour vous aider en cas de besoin. Rien à faire pour le mériter, rien à faire pour y avoir droit. Ella fait partie de ses personnes. Elle a vu que quelque chose n'allait pas, que quelque chose clochait. Elle s'est arrêté, elle n'a pas continué son chemin. Oui, elle s'est arrêté et elle s'est penché sur moi. Ella Clarke est définitivement une fille bien. Parce qu'elle s'est arrêtée pour moi, moi qui ne le mérite nullement.

« C’est avec le thème ou avec tes souvenirs que tu as un problème ? » Bien évidemment elle parvient à mettre le doigt dessus. Maintenant que j'ai commencé, je vais devoir développer et me dévoiler toujours plus. Après tout, pourquoi pas. Je n'ai plus rien à perdre. Je me suis déjà mis à pleurer devant une quasi inconnue, que me reste-t-il au niveau de ma fierté ? « Parce que, si comme je le crois, c’est avec tes souvenirs que tu as un problème, tu peux en faire ta force. » Elle a visé juste. Bien sûr qu'elle a visé juste. Je respire profondément et je lève enfin les yeux pour croiser son regard. « Je pense que tu n'as pas besoin de la réponse à cette question. » Je commence doucement en lui apportant confirmation qu'elle a bel et bien compris.

Et puis, je me décide à lui parler de Joe. « J'ai jamais cru en l'amour. J'ai jamais cru en la bonté et la sincerité des gens. J'ai jamais voulu lâcher prise. J'ai jamais été prêt à estimer qui que ce soit. Mais elle... J'ignore ce qu'elle m'a fait. » Joe a su être plus que les autres. Joe a su me prouver que mon coeur était capable de battre pour quelqu'un, que j'étais capable de penser une seconde à quelqu'un d'autre que moi. Joe a su me faire ressentir des sentiments méconnus que je croyais bien inexistants. « Le problème c'est que j'ai pas voulu que ça arrive donc je l'ai écartée de ma vie dès que j'ai compris que je pourrais souffrir de cet attachement. Mais c'est trop tard, j'en souffre déjà. » dis-je en baissant à nouveau les yeux sur la table de bois de la bibliothèque municipal.

Les gens changent. Il faut croire que moi aussi. Je suis là, dans cette bibliothèque à essuyer mes larmes et à me confier à une parfaite inconnue. C'est une première, surtout pour moi. Je n'aurais jamais cru en arriver là un jour. Et le pire, c'est que ça fait du bien. Il y a quelques années j'aurais eu honte de penser ça, que ça puisse même traverser mon esprit une demi seconde. Mais non, je n'ai pas honte, je dois même admettre que j'apprécie cette présence, j'apprécie cette oreille attentive. J'en ai besoin. Je ne vais pas bien et pour la première fois de ma vie, j'apprends à accepter l'aide d'autrui.

Je lui parle de Joe. Je lui raconte comment je n'ai jamais cru en l'amour et surtout comment maintenant, aujourd'hui, je suis forcé d'y croire. Je sous entends à quel point je suis amoureux d'elle et je crois que ça dépasse bien ce que je veux bien admettre. « Tu n’as jamais cru en l’amour mais aujourd’hui tu ne peux que te résoudre à admettre qu’il existe, non ? Après tout, tu es amoureux de cette fille. » C'est ça, c'est exactement ça. Et pourtant, j'ai du mal à le dire à haute voix. Même le penser, ça me coûte. Mais je ne suis pas non plus de ceux qui se voile la face, de ceux qui se mente à eux même pour se sentir mieux. Non, moi j'ai toujours été honnête. Avec moi et avec les autres. « Et tu crois que c’est l’amour qui t’impose cette souffrance ou plutôt tes actes, tes choix ? » Je ne sais pas vraiment pourquoi elle me pose toutes ces questions, mais je crois que c'est réellement dans le but de m'aider. Enfin, je pense. J'avoue ne même pas savoir vraiment. Je sais que j'en souffre et c'est déjà bien suffisant. « C'est peut-être bien le fait que j'ai tout gâché avant même de lui laisser une chance... à cet amour. » j'avoue finalement puisque au fond c'est bien de ça dont il s'agit.

Je repense brièvement à tout ce qui s'est passé, à comment je l'ai rejetée, à comment je l'ai envoyé balader comme une malpropre. « Il y a quelque chose... qui a mal tourné dans notre relation, quelque chose qu'on aurait pu assumer à deux, qu'on aurait pu vaincre ensemble, mais j'avais trop peur je crois. Je voulais pas être liée à elle pour le restant de ma vie, cette idée m'a fait paniqué. » Voyant l'expression sur son visage, je me sens obligé de rectifier. « Non, je ne lui ai pas fait un gosse si c'est ce que tu avais compris. »

Je sais très bien où toute cette conversation va en venir. Et finalement, je ne sais pas si je suis contre. Peut-être que je ne le suis plus, peut-être bien que je suis prêt à accepter cette éventualité, à refaire un pas vers Joe. Je crois que je l'aime. Je crois qu'est venu le moment où je suis sensé arrêter de me voiler la face et arrêter de prétendre que je n'en ai rien à faire. Joe était différente, dès le début. Je l'avais bien compris, mais j'ai mis toute mon énergie à essayer de me convaincre du contraire. Voilà pourquoi elle m'agaçait tant, voilà pourquoi je me sentais si faible à ses côtés. « Mais peut-être que tu peux vaincre cette peur de l’amour et lui laisser une chance, non ? » dit-elle simplement. Oui, peut-être. Mais je ne suis pas sûr d'être prêt, pas encore. « Je crois déjà que si j'arrivais à écrire ce putain de chapitre, ça m'aiderait. » je chuchote d'un voix à peine audible.

Je lui explique, sans vraiment entrer dans les détails le pourquoi du comment j'en suis où j'en suis aujourd'hui. Je reste vague, c'est vrai. Tout simplement parce que je ne me vois pas confier ce genre de choses à une inconnue, ni à personne d'ailleurs. En dehors de Joe, personne n'est au courant. Même pas ma tante, même pas ma cousine, même pas mes parents. Personne. Quelque part, j'en ai un peu honte. Je précise que je ne parle pas de bébé, parce que je pense bien que c'est ce qui pourrait lui venir à l'esprit en premier. « C’est ce que j’avais compris, en effet. » Je fais simplement non de la tête, comme pour confirmer ce qui n'a même pas besoin d'être confirmé.

« Et maintenant ? Tu voudrais être lié à elle pour toujours ? Revenir sur ta décision ? » demande-t-elle. Je me pince les lèvres. Je redoutais ce genre de question. Je prends ma tête entre mes mains et je m'avachis quelques instants sur le bureau. Au bout d'un certain temps, rythmé par le silence, je relève la tête et je repose mes yeux sur son joli visage. « J'en sais rien. » Je soupire bruyamment. Je me sens mal, vraiment mal. Je ne sais pas ce que je veux. Je ne sais pas ce que je veux faire, ce que je dois faire. Je ne sais même pas si Joe pense encore à moi, si elle ne m'a pas déjà oublié. Je ne sais rien, strictement rien. « Elle doit avoir tourné la page. » dis-je plus pour moi même que pour Ella. « Et puis de toute façon, même si je revenais... Avec tout ce que je lui ai dit, elle ne me croirait même pas. »

L’amour était difficile à accepter pour certain. Je pouvais le concevoir c’était un sentiment qui engendrait beaucoup de compromis. L’amour était un risque. L’amour, est mère des trahisons. L’amour est mère des passions. Louis avait peur, je pouvais le concevoir. « Je crois déjà que si j'arrivais à écrire ce putain de chapitre, ça m'aiderait. ». Forcément mettre des mots sur ce sentiment-là. Sur ce qu’il ressentait. Sur cet équilibre entre amour et liberté. Sur sa plus grande peur en fait, ça pouvait aider. Mais, il ne devait pas se forcer. Il devait s’écouter. Se remémorer. Accepter. « Mais rien ne sert de te forcer, il faut que tu prennes le temps de penser à tout ceci, à tes sentiments, de te rappeler ce que tu as vécu avec cette fille, ce qu’elle t’a fait ressentir. ». L’écriture venait du cœur à mes yeux. Ne pas l’écouter c’était ne pas écrire.

Je lui posais des questions. Et lui, il s’était avachi sur le bureau laissant le silence prendre place. Réfléchissant sans doute à toutes mes questions pas si simples. « J'en sais rien. ». Ne pas savoir s’il était prêt ou non à revenir sur cet engagement. Je ne savais pas ce que c’était mais ce n’était certainement pas rien. « Elle doit avoir tourné la page. ». Ça je n’en étais pas tout à fait certaine. Les filles sont longues à tourner la page. « Tu ne l’as pas fait alors pourquoi l’aurait-elle fait ? ». C’est vrai leur histoire avait l’air d’avoir de l’importance. On oublie pas comme ça une histoire. Quand on aime, on aime et c’est jamais à moitié. « Et puis de toute façon, même si je revenais... Avec tout ce que je lui ai dit, elle ne me croirait même pas. ». J’ignorais ce qu’il lui avait mais c’est vrai que c’était un risque. Mais un risque qu’il devait prendre. « Ou peut-être qu’elle comprendrait à quel point ça te coûte et à quel point tu ne peux que être sincère, il faut que tu prennes un risque, tu ne pas rester dans la passivité. ». Non, définitivement pas.

Je n'arrive pas à croire que je puisse me livrer, comme ça, à une inconnue. Et pourtant, cette Ella est si gentille, si douce. Je me sens en confiance, moi qui n'ai confiance en personne. Joe, c'était la seule. Oui, la seule et l'unique en qui j'avais plus ou moins confiance. Elle m'avait mis à l'aise très rapidement, trop rapidement peut-être. Cet attachement soudain et inattendu, non voulu, m'a effrayé. J'ai eu peur, oui, c'est ça. Ça ne pouvait être que ça. La peur est toujours notre seul obstacle face au bonheur, l'un des seuls.

Je remets mon blocage littéraire sur le tapis. Je n'arrive plus à écrire, je n'en suis tout bonnement plus capable. Je n'ai jamais écris que ce que je pensais. Mentir me serait bien impossible et la vérité, aujourd'hui, est encore plus dure à dire. « Mais rien ne sert de te forcer, il faut que tu prennes le temps de penser à tout ceci, à tes sentiments, de te rappeler ce que tu as vécu avec cette fille, ce qu’elle t’a fait ressentir. » Y penser me fait souffrir, beaucoup trop souffrir. Tout est trop tard, j'ai tout gâché. Nous avons gâché nos vies à tous les deux à trop s'aimer, à être ensemble. L'attraction était trop forte dès le début, ça devait finir comme ça, oui, c'est évident. À trop faire des étincelles on finit par allumer un incendie, un incendie ravageur et destructeur.

Je suis persuadé que Joe m'a oublié. Du moins, c'est ce que je désire. J'aimerais qu'elle ne souffre pas comme je souffre. Elle ne le mérite pas. Elle mérite tout sauf un type comme moi. Je l'ai détesté il y a quelques mois, oui, c'est vrai. Mais la haine, le choc, m'empêchait de voir ce qui compte réellement. « Tu ne l’as pas fait alors pourquoi l’aurait-elle fait ? » Parce qu'elle devrait, voilà tout. Je reste silencieux, je suis trop fatigué de parler, de me livrer. Je rajoute simplement qu'elle ne croirait pas en ma sincérité de toute façon. Pourquoi le croirait-elle ? « Ou peut-être qu’elle comprendrait à quel point ça te coûte et à quel point tu ne peux que être sincère, il faut que tu prennes un risque, tu ne pas rester dans la passivité. » « Peut-être... » je murmure simplement.

Je me prends la tête entre les mains. Je reste muet, Ella aussi. Elle respecte ce silence dont j'ai tout à coup besoin, pour réfléchir. Je dois vaincre mes peurs. Je dois affronter mes sentiments. Après tout, écrire peut être libérateur. Au moins, ce sera déposer sur le papier, ce sera dit, d'une certaine manière. Je pourrai lui faire parvenir le manuscrit et tirer un trait sur tout ça. Je pourrai faire le deuil en quelque sorte. Oui, c'est ça... Je dois le faire. « Tu as raison Ella. Je dois écrire ce dernier chapitre. Je vais le faire. » Je ferme mon ordinateur, tout d'un coup. J'attrape mes affaires et je me lève, sans crier gare. « Merci » je souffle simplement avant de m'éloigner rapidement, n'ayant pas envie de m'attarder et de me lamenter une seconde de plus.

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