Difficile de trouver le sommeil dans ces conditions. Shane n’avait de cesse de se remémorer les derniers évènements en date et ne pouvait s’empêcher de se sentir totalement stupide. Ce n’était pourtant pas dans son tempérament de se poser tant de questions mais il faut croire qu’avec Juliet, la donne était sensiblement différente. Fixant le plafond avec sérieux, il tenta d’imaginer comment allait se dérouler la suite de son plan. Enfin, si le plan tenait toujours bien entendu. En l’instant, le jeune détective en doutait beaucoup. Il avait envie d’appeler Cameron afin de lui expliquer qu’il ne souhaitait plus marcher dans sa combine. D’un autre côté, il avait conscience de la somme d’argent que cela représentait et du fait que tout ceci ne soit qu’une énième mission à accomplir. Bon sang !! Pourquoi était-ce si compliqué d’y voir clair ? Le fait de savoir que Juliet dormait dans la chambre d’en face n’arrangeait rien à la chose. Shane se sentait torturé par l’envie de lui avouer la vérité. Mais pour qui allait-il alors passer ? Déjà qu’elle avait mal pris le fait qu’il lui mente sur cette maison, il ne fallait pas être fin psychologue pour comprendre qu’elle allait également lui en vouloir pour tout le reste. Reste qui soit dit en passant, était immensément plus grave. Le jeune homme se trouvait donc dans une impasse. Quoi qu’il fasse, il allait perdre Juliet tôt ou tard. S’il disait la vérité, elle prendrait la fuite. S’il allait au bout de son plan, elle ne souhaiterait plus jamais entendre parler de lui. Quel horrible dilemme. Se tournant sur le côté, le jeune détective observa l’orage qui grondait à l’extérieur, la lueur des éclairs diffusant des images diaphanes au sein de la pièce. Pour la première fois de toute son existence, Shane se sentait … impuissant.
Deux heures plus tard, il ne dormait toujours pas. Trouver le sommeil était devenu totalement impossible. A force de cogiter, Shane avait l’impression de devenir dingue. Sans prendre la peine de remettre son t-shirt, il sortit de la chambre sans faire le moindre bruit. Son regard s’attarda un instant sur la porte de celle de Juliet, qui était fermée. Un nouveau soupir s’échappa de ses lèvres. Toujours avec discrétion, il se rendit jusque dans le salon et s’approcha de la petite bibliothèque qui se situait dans un coin de la pièce. Shane laissa courir ses doigts sur les différentes reliures en cuir avant de choisir un ouvrage qui l’inspirait. Revenant sur ses pas, il s’installa près du feu qui crépitait toujours dans la cheminée et entama sa lecture. S’occuper l’esprit était un excellent moyen de mettre un terme à ses ruminations. Qu’importe s’il ne fermait pas l’œil de la nuit, l’essentiel était d’arrêter de se torturer les pensées. Quand il tourna la quatre-vingt quinzième page de son ouvrage, Shane détourna le regard en direction de la petite horloge du salon. 3h09. Cette nuit lui semblait interminable.
Spoiler:
Désolée, ma réponse est super courte mais je voulais poster avant de partir à la fac.
Encore une fois, la foudre tomba à proximité et me fit me réveiller en sursaut. Merde. Cela n’arrêtait pas depuis que je m’étais couchée et je n’étais pas parvenue à fermer l’œil. Enfin si, mais l’orage grondant juste au dessus de nous m’avait tiré de mon sommeil à plusieurs reprises. Je soupirais alors doucement avant d’attraper mon portable pour jeter un coup d’œil à l’heure. 3h52. C’était encore tôt. Très tôt. Trop tôt pour que je me lève. Sauf que j’avais bien du mal à fermer l’œil. Sans doute à cause d’un peu tout. L’orage, le froid, les évènements de la soirée… Le problème, c’était justement que, ne parvenant pas à dormir, je cogitais à tout cela… Et cela ne m’aidait pas à retrouver le sommeil. Après les sous-entendus qu’avait fait Shane concernant son attirance envers moi, je commençais à me poser certaines questions. Et même à me demander s’il ne valait mieux pas que je lui laisse une chance… J’avais vraiment l’impression qu’il était différent des hommes que j’avais pu connaître par le passé. Alors le repousser sans cesse n’était peut être pas la solution. Au contraire, j’étais peut-être en train de passer à côté de quelque chose… Plus j’y pensais, plus j’avais envie de lui laisser cette chance. Et en même temps, cette peur que j’avais de souffrir m’interdisait de lui laisser cette chance. Sait-on jamais… Et puis, je ne le connaissais que depuis un bon mois… Et il m’avait tout de même menti sur certains points de sa vie. Alors non, je ne devais pas m’emballer… Et devais demeurer prudente. Plus facile à dire qu’à faire. Parce qu’aussitôt en face du jeune homme, j’avais plutôt tendance à me laisser emporter par mes sentiments et l’affection que je pouvais avoir pour lui, si bien que j’avais déjà oublié ce mensonge.
Ne parvenant plus à me rendormir et commençant à avoir soif, je décidais finalement de me lever. J’espérais simplement que l’eau ne soit pas coupée et que je puisse ainsi calmer ma soif. Prenant mon courage à deux mains, je sortis finalement de mon lit, frissonnant aussitôt au contact de l’air encore frais de la pièce. Etant juste en sous-vêtements – à défaut d’avoir une chemise de nuit et n’ayant pas voulu garder mes vêtements pour dormir – j’enfilais simplement la veste de Shane qui, m’étant légèrement grande, masquait le nécessaire, avant de sortir de ma chambre. Arrivant au salon, je constatais que Shane était là, visiblement en pleine lecture d’un bouquin. « Toi non plus, tu n’arrives pas à dormir ? » questionnais-je doucement en le rejoignant, constatant qu’il était torse nu… Je déviais cependant rapidement le regard, songeant qu’il allait toutefois falloir que je m’habitue à le voir ainsi, puisque nous étions désormais colocataires. Et puis, ce n’était rien d’autre qu’un homme torse nu… Pas la peine d’en faire toute une histoire ! Oui… sauf que c’était Shane et forcément, cela complexifiaient un peu les choses. Je me dirigeai donc vers la cuisine et récupérais un verre, le rinçais et le remplis finalement d’eau du robinet avant d’en boire quelques gorgées. Une fois fait, je rejoignais Shane au salon.
Spoiler:
Ta réponse est très bien, ne t'inquiètes pas Désolée pour la mienne, elle est pas tip top mais je savais pas trop comment rebondir x)
Absorbé par sa lecture, Shane en oublia rapidement ses tourments ainsi que l’orage qui n’avait de cesse de gronder à l’extérieur. Hélas, l’envie de dormir ne semblait pas décidée à poindre le bout de son nez et c’est tout naturellement qu’il dévora la première moitié de son ouvrage. S’occuper l’esprit lui permettait de ne pas trop songer aux évènements du jour, ainsi qu’à tous ces échanges pour le moins troublants avec Juliet. Il allait pourtant devoir prendre une décision dans les jours à venir : continuer sa mission ou bien abdiquer et laisser à Cameron le soin de régler ses problèmes tout seul. Mais en attendant de devoir se torturer l’esprit avec cet épineux sujet, le jeune détective préférait laisser son esprit vagabonder au travers des pages d’un roman qu’il avait probablement lu un bon million de fois. Mais qu’importe, c’était toujours mieux que de passer le reste de la nuit à se tourner encore et encore dans ses draps. Alors qu’il entamait un tout nouveau chapitre pour le moins fascinant, Shane entendit une petite voix dans son dos. « Toi non plus, tu n’arrives pas à dormir ? » Surpris, il tourna la tête et remarqua aussitôt qu’elle portait sa veste. Sa veste et … et quoi au juste ? Avant de l’observer avec trop d’insistance, il braque de nouveau ses prunelles en direction de l’ouvrage tout en esquissant un léger sourire. « Cela fait des heures que j’essaie de trouver le sommeil. Ce qui est assez étrange, car d’ordinaire, le bruit de l’orage et de la pluie qui tombe ont tendance à me bercer. Peut-être que je réfléchis trop et que c’est ce qui m’empêche de lâcher prise.» Shane referma le livre qu’il tenait entre ses mains, le posa à côté de lui, passa une main sur sa nuque endolorie et enfin, croisa le regard de la belle Juliet à nouveau. « J’ose espérer que ce n’est pas mon manque de discrétion qui t’empêche de dormir ? Si tel est le cas, j’en suis navré. J’ai pourtant essayé d’être aussi silencieux que possible…» Mais ayant l’habitude de vivre seul et de ne pas prêter attention aux autres, peut-être avait-il fini par commettre un faux pas sans moindre s’en apercevoir. Après tout, il n’était pas impossible qu’il soit à l’origine de l’insomnie de Juliet auquel cas il s’en voudrait grandement. Il la contempla discrètement tandis qu’elle venait prendre place à côté de lui, troublante et fascinante comme à son habitude. Mais la voir ainsi vêtue était … déstabilisant. Vraiment. Comment résister à une demoiselle aussi désirable ? Voilà donc pourquoi Shane focalisa de nouveau son regard en direction du feu de cheminée, essayant de tempérer le flot d’émotions que cette vision enchanteresse faisait naitre en lui. « Oh mais … peut-être que la chambre ne te convient pas ? » D’où le fait qu’elle soit levée à une heure aussi tardive … Après tout, c’était une possibilité comme une autre.
Ne parvenant pas vraiment à trouver le sommeil – particulièrement à cause de l’orage assez violent qui s’abattait dans les environs – j’avais finalement opté pour une toute autre solution. Me lever un peu. Parce que je ne supportais plus de rester coucher, à tenter vainement de m’endormir. Peut être qu’après avoir prit un verre d’eau et fait un petit tour dans le salon, je parviendrais plus facilement à m’endormir… Et tout naturellement, pensant être la seule levée à une heure pareille, je ne pris pas la peine de me rhabiller, enfilant simplement la veste de Shane par dessus mes sous-vêtements. Et ce fut seulement en mettant les pieds au salon que je découvrais que Shane veillait toujours. « Cela fait des heures que j’essaie de trouver le sommeil. Ce qui est assez étrange, car d’ordinaire, le bruit de l’orage et de la pluie qui tombe ont tendance à me bercer. Peut-être que je réfléchis trop et que c’est ce qui m’empêche de lâcher prise.» Réfléchir, hmm ? J’osais espérer qu’il ne réfléchissait pas à nous. Ou du moins, que les évènements précédents ne l’avaient pas troublé au point de l’empêcher de trouver le sommeil… « J’ai aussi cette fâcheuse tendance à beaucoup trop réfléchir la nuit venue et m’endormir ainsi difficilement… » Même si l’orage m’avait réveillé, c’était bien parce que je songeais trop à nous que je ne parvenais pas à retrouver le sommeil. Et même en général, c’était dans mon caractère que de penser, ressasser, encore et toujours … Bref, sans plus tarder, je rejoins la cuisine afin de me servir un verre. « J’ose espérer que ce n’est pas mon manque de discrétion qui t’empêche de dormir ? Si tel est le cas, j’en suis navré. J’ai pourtant essayé d’être aussi silencieux que possible…»
Une fois hydratée, je retournais au salon et prenais finalement place sur le canapé, aux côtés du jeune homme. « Non, rassures-toi, tu n’y es pour rien, c’est surtout à cause de l’orage que je n’arrive pas à fermer l’œil ce soir… Pour être franche, j’ignorais que tu étais réveillé toi aussi. » Cela n’aurait pourtant rien changé. Si ce n’est peut-être ma tenue… Oui. Pour sûr, après ambiguïté de la soirée, il aurait mieux valu que je n’apparaisse pas aussi peu vêtue. Mais soit. C’était un peu tard maintenant… Et il allait falloir que nous nous habituions à nous voir ainsi puisque nous allions désormais vivre ensemble. « Oh mais … peut-être que la chambre ne te convient pas ? » Je posais rapidement le regard sur lui, le déviant finalement sur le feu qui brûlait toujours dans la cheminée, préférant centrer mon attention sur autre chose que Shane. Parce qu’il était torse nu et que j’avais un peu de mal à ne fixer que ses yeux, pourtant si captivants… Bref, il valait donc que je reporte mon attention sur autre chose avec qu’il ne trouver mes regards déplacés. Manquerait plus que ça, tiens ! « Non, la chambre me va parfaitement ! D’ailleurs, je retournerais certainement me coucher dès que l’orage se sera un peu calmé… » Expliquais-je calmement avant de poser le regard sur la couverture du livre qu’il tenait entre ses mains. « Qu’est-ce que tu lisais ? » demandais-je finalement avec un réel intérêt. Lecteur, cultivé… Décidément, il avait toutes les qualités.
« J’ai aussi cette fâcheuse tendance à beaucoup trop réfléchir la nuit venue et m’endormir ainsi difficilement… » Suite à cette révélation, le jeune homme se demanda si son insomnie avait une quelconque relation avec les évènements qui s’étaient déroulés ce soir. Peut-être que tout comme lui, Juliet s’était mise à songer à la tournure déstabilisante qu’était en train de prendre leur relation et… non, c’était absurde ! Après tout, elle lui avait clairement fait comprendre qu’elle ne souhaitait pas s’investir davantage pour le moment. Ce qui était totalement compréhensible d’ailleurs. S’il s’en tenait exclusivement à son accord avec Cameron, le jeune homme aurait certainement tenté de changer les choses et de séduire sa ravissante colocataire. Mais étant donné qu’il était pour le moment en pleine réflexion quant à son envie de continuer ou non sa mission, Shane préférait ne pas s’aventurer sur ce terrain glissant. Cherchant une explication, il lui demanda alors s’il n’avait pas fait trop de bruit, point sur lequel Juliet le rassura rapidement. Bien… alors si ce n’était pas de sa faute, c’était peut-être lié à la chambre… « Non, la chambre me va parfaitement ! D’ailleurs, je retournerais certainement me coucher dès que l’orage se sera un peu calmé… » Bien. Donc en dehors de l’orage, leur conversation était la seule explication logique concernant son insomnie. Mais il était totalement hors de question que Shane remette ce sujet sur le tapis. Il n’avait pas l’intention de faire le moindre pas en avant, pas après tout ce qu’elle lui avait dit au cours de la soirée. « Qu’est-ce que tu lisais ? » Sortant de ses pensées, il croisa le regard de Juliet un instant avant de tourner le livre pour qu’elle puisse voir la couverture. « C’est un vieux roman irlandais datant du début du siècle dernier. Je crois l’avoir lu une bonne centaine de fois quand j’étais gamin. J’étais plutôt … solitaire.» Par la force des choses, bien entendu. Mais au final, la compagnie de ses semblables ne lui avait pas manqué outre mesure. C’était un mal pour un bien, cela lui avait permis de se forger un certain caractère. Il y avait également un revers de médaille : il était incapable d’exprimer ses sentiments ouvertement. C’était … impossible pour lui. D’ailleurs, il avait beaucoup de mal à identifier les différentes émotions qui s’emparaient de lui. C’est la raison pour laquelle ce qui était en train de se passer avec Juliet le déstabilisait autant. Il n’avait pas l’habitude de songer à une autre personne que lui-même. D’aimer, tout simplement. « Tu sais Juliet … je me disais que finalement, on s’est peut-être un peu trop emballés toi et moi concernant notre collocation. C’était sans doute un peu prématuré.» Hésitant, il lança un regard en direction de la jolie brune tout en essayant de ne pas se laisser déstabiliser par son époustouflante beauté. Pourquoi disait-il tout ça ? Et bien c’était un moyen évident de lui laisser une porte de sortie. Il espérait sincèrement qu’elle adhère à ses propos et qu’elle prenne la fuite au plus vite. Ou alors, qu’elle lui demande de s’en aller. C’était à son sens, le seul moyen de compromettre sa mission. Cameron allait devoir se débrouiller tout seul. Il était hors de question qu’il fasse du mal à la seule personne qui … qui quoi ? Qui comptait pour lui ? Oui, c’était sans doute ça. « Je ne pense pas que nos modes de vie soient réellement compatibles.» Oh non, ils ne l’étaient pas. Mais pas pour les raisons qu’elle imaginait. Shane ne souhaitait pas la mettre mal à l’aise, il voulait simplement la préserver de tout le mal qu’il s’apprêtait à lui faire. Mettre en échec sa mission était la seule et unique solution. « Qu’est-ce que tu en penses ?»
Bien sûr que les évènements passés étaient, en partie, à l’origine de mon insomnie. Pourquoi avait-il fallu que les choses deviennent soudainement aussi compliquées ? Tout aurait été tellement plus simple si rien n’avait changé entre nous… Mais malheureusement, cela avait prit une toute autre tournure. Si bien que je ne maîtrisais désormais plus grand chose. Et c’était sans doute pour cela que j’avais du mal à fermer l’œil. Je n’avais de cesse de cogiter à tout cela. Et de me poser tout un tas de questions sur… nous. Parce que Shane me troublait sacrément… A tel point que j’avais de moins en moins envie de lui résister. Peut-être même de mettre de côtés mes peurs et de lui laisser une chance ? Non ! Non, Juliet ! Il valait vraiment mieux que je reste raisonnable et que nous restions simplement amis… Mais tout cela avait vraiment du mal à demeurer clair dans mon esprit. Ainsi, je tentais de rassurer le jeune homme en lui assurant que mon insomnie venait de l’orage et non pas de sa présence ou de la chambre. Je faisais cependant l’impasse sur toutes ces choses qui me tourmentaient. J’avais été claire avec lui. Je ne pouvais pas lui laisser désormais entendre que je n’étais plus aussi sûre de moi… Je changeais donc aussitôt de sujet, évoquant son livre. « C’est un vieux roman irlandais datant du début du siècle dernier. Je crois l’avoir lu une bonne centaine de fois quand j’étais gamin. J’étais plutôt … solitaire.» Fille unique, j’avais également été quelqu’un d’assez solitaire. Sans doute moins que Shane, toutefois. Mais je ne trouvais rien de choquant à ce qu’il puisse préférer la compagnie de livres à celle d’hommes. « Un bon bouquin peut parfois être d’excellente compagnie… » Un vague sourire au bout des lèvres, je m’installais plus confortablement dans le canapé, ne quittant pas le feu du regard. « Tu sais Juliet … je me disais que finalement, on s’est peut-être un peu trop emballés toi et moi concernant notre collocation. C’était sans doute un peu prématuré.» Je fronçais alors doucement les sourcils et me décidais finalement à poser le regard sur Shane, craignant de comprendre où il voulait en venir.
Alors voilà… Il voulait déjà mettre un terme à notre colocation. Alors que celle ci n’avait débuté que depuis une paire de jours…. J’avais beau le tourner dans tous les sens, cela me paraissait être la meilleure solution. La plus logique du moins. Il y avait une attirance réciproque, et mon désir de ne pas aller dans cette direction à. Et clairement, vivre ensemble n’allait pas nous faciliter les choses. Pourtant, il suffisait que je pose le regard sur lui, pour tout simplement vouloir rester auprès de lui. « Je ne pense pas que nos modes de vie soient réellement compatibles.» Nos modes de vie ? Prétexte. C’était flagrant. Je soupirais alors doucement en baissant légèrement le regard. C’était con, totalement inconscient et pas vraiment raisonnable, mais je n’avais pas la moindre envie de mettre fin à cette colocation. Pas si tôt. Je préférais prendre le risque de franchir ces limites que je m’étais imposé, plutôt que de devoir faire une croix sur Shane. « Qu’est-ce que tu en penses ?» Le problème était que je ne pouvais pas lui dire clairement toute la vérité. Ni même m’opposer à sa décision s’il souhaitait vraiment partir. « Vivre avec moi te paraît si… difficile ? Je… Je ne m’attendais à ça. Enfin, pas à ce que cela prenne de telles proportions… aussi rapidement surtout… Je trouve d’ailleurs dommage qu’on soit obligés d’en arriver là… Mais si tu penses que c’est mieux, je ne veux pas t’obliger à rester… Tu es libre de faire ce que bon te semble. Mais sache que de mon côté, ta présence ne me dérange absolument pas… au contraire. » Je préférais finalement m’arrêter là. J’en avais déjà beaucoup dit… Dans un vague soupir, je me passais alors rapidement les mains sur le visage. « Je suis désolée, c’est de ma faute tout ça. Par mes réactions peut-être trop catégoriques, je suis en train de briser notre amitié. Et je suis bien consciente que je ne te facilite pas les choses non plus… Mais ça va peut-être un peu vite… Enfin, peut-être qu’on devrait laisser passer un peu de temps et voir ce que ça donne… Certaines choses changeront peut-être… » Oui, peut-être réaliseras-tu que je ne te plais pas tant que ça… Ou alors, peut-être changerais-je mon fusil d’épaule en acceptant que l’on puisse être plus que des amis… C’était déjà plus probable.
Shane savait que sa proposition était pour le moins radicale et surprenante. Cela ne faisait que quelques jours qu’il vivait sous le même toit que Juliet, autant dire que c’était réellement insuffisant pour juger de leur compatibilité. Qu’importe, il fallait qu’il trouve le moyen de mettre un terme à tout ça avant de causer davantage de dégâts. En restant, il allait finir par faire souffrir Juliet et il n’était pas totalement certain de pouvoir en assumer les conséquences. Son implication personnelle était désormais trop importante pour qu’il ne fasse pas cas de ce qui allait suivre. Juliet était trop fragile pour supporter ça. D’ordinaire, Shane se contentait de remplir sa part du contrat et de passer à autre chose mais cette fois, il savait que la donne était différente. « Vivre avec moi te paraît si… difficile ? Je… Je ne m’attendais à ça. Enfin, pas à ce que cela prenne de telles proportions… aussi rapidement surtout… Je trouve d’ailleurs dommage qu’on soit obligés d’en arriver là… Mais si tu penses que c’est mieux, je ne veux pas t’obliger à rester… Tu es libre de faire ce que bon te semble. Mais sache que de mon côté, ta présence ne me dérange absolument pas… au contraire. » Difficile de vivre avec elle ? Non !! Non, elle n’y était pas du tout !! Shane la dévisagea durant quelques secondes avant de pousser un profond soupir, embarrassé. Cette conversation n’avait pas lieu d’être. Il aurait probablement mieux fait de prendre ses affaires et de partir sans rien dire plutôt que de s’engager sur ce terrain glissant. « Là n’est pas la question Juliet. J’apprécie beaucoup ta présence et vivre avec toi est très plaisant, seulement … je n’ai pas envie que cela se termine mal. Je ne voudrais pas te causer du tort. C’est déjà ce que j’ai réussi à faire ce soir et je n’ai vraiment pas envie que cela se reproduise à l’avenir.» Ce qu’il disait était vraiment en partie. Il était sur le point de lui faire du mal et il n’avait finalement plus la moindre envie d’endosser cette responsabilité. Peut-être qu’il aurait mieux fait d’y réfléchir avant d’accepter de signer ce satané contrat mais bon … le mal était fait. Et puis comment aurait-il pu deviner à ce moment-là que ses sentiments à l’égard de la jeune femme prendraient une tournure si différente ? Si … intense ? Nerveusement, il passa le livre d’une main à l’autre tout en fixant le feu qui brûlait toujours face à eux.
« Je suis désolée, c’est de ma faute tout ça. Par mes réactions peut-être trop catégoriques, je suis en train de briser notre amitié. Et je suis bien consciente que je ne te facilite pas les choses non plus… Mais ça va peut-être un peu vite… Enfin, peut-être qu’on devrait laisser passer un peu de temps et voir ce que ça donne… Certaines choses changeront peut-être… » Shane savait parfaitement à quoi elle était en train de faire allusion. Ses propos étaient tellement … naïfs et innocents. Il ne pouvait s’empêcher de la trouver réellement touchante. Elle n’avait pas la moindre idée du salaud qu’il était. Plus il la découvrait, plus il se rendait compte qu’il ne voulait lui faire de mal. C’est pourtant ce qui allait finir par arriver : soit en accomplissant sa mission, soit en lui révélant toute la vérité à son sujet. Dans les deux cas, il savait que Juliet ne pourrait pas l’accepter. Il était pris au piège et c’est précisément ce qui l’atteignait à ce point. De ce fait, Shane préférait partir tant qu’elle gardait une image positive de sa personne et tant qu’il n’avait pas commis trop de dégâts. « Juliet, regarde-moi.» Avec toute la délicatesse du monde, il glissa son index sous son menton pour qu’elle lève ses magnifiques prunelles vers lui. Il n’avait pas envie qu’elle culpabilise. Il fallait vraiment qu’elle comprenne qu’ils n’étaient pas faits pour vivre en colocation. Ca ne pouvait pas fonctionner. Du moins, c’est ce qu’il préférait penser pour le moment. « Tu n’es pas responsable de ce qui arrive. Tes réactions sont parfaitement normales et cohérentes. Je ne te reproche rien. Le problème c’est … moi. Uniquement moi. Je ne pense pas que me fréquenter soit une bonne chose… c’est … c’est compliqué à expliquer. Toujours est-il que je pense que tout serait beaucoup plus simple si je décidais de m’éclipser.» Il croisa de nouveau ses mains devant lui, replongeant son regard assombri par la culpabilité se perdre en direction de l’âtre. « … avant qu’il ne soit trop tard.» Il avait à peine murmuré ces mots, Juliet ne les avait probablement pas entendu.
Tout ça était si rapide et inattendu. Injustifié, même. Car je doutais sincèrement que le véritable problème soit notre compatibilité... Et pour sûr, s'il voulait mettre fin à notre colocation, c'était à cause des événements de la soirée. Mais tout de même... prendre une décision aussi radicale pour une simple attirance était peut être un peu exagéré. Alors naturellement, je tentais de comprendre sa réaction et tentais de le rassurer quant à sa présence auprès de moi. En aucun cas, celle ci ne me gênait... Bien au contraire. C'était très plaisant pour moi que de pouvoir ainsi le croiser tousles jours... Mais peut-être qu'il n'en était pas de même pour lui... Peut-être que de me croiser, s'il était bel et bien attiré par moi, en sachant pertinemment que je ne voulais rien tenter, était beaucoup trop frustrant pour lui... « Là n’est pas la question Juliet. J’apprécie beaucoup ta présence et vivre avec toi est très plaisant, seulement … je n’ai pas envie que cela se termine mal. Je ne voudrais pas te causer du tort. C’est déjà ce que j’ai réussi à faire ce soir et je n’ai vraiment pas envie que cela se reproduise à l’avenir.» S'il voulait vraiment partir pour ne pas me causer de tort, c'était plus que louable... Mais en toute honnêteté, cela ne m'enchantait guère. Malgré tout, je me faisais une joie d'avoir un colocataire comme lui... Mais soit. S'il voulait partir, je ne pouvais pas l'en empêcher. « Ne dis pas n'importe quoi... Tu ne m'as pas causé véritablement de tort... Et puis, pourquoi voudrais-tu que cela se termine mal ? » J'avais beaucoup de mal à comprendre ce qui le dérangeait tant. Et surtout, pourquoi ce soudain retournement de situation... J'osais espérer que ce n'était là qu'un simple coup de tête, probablement dû aux événements de la soirée, et qu'il n'y avait rien de définitif dans sa décisions.
Et finalement, j'entrepris de m'excuser, songeant que c'était peut-être ma réaction qui l'avait incité à vouloir partir. Peut-être que si je n'avais pas été aussi directe et catégorique, la donne ne serait pas la même... J'insinuais même que les choses pouvaient changer... Oui, même si j'avais besoin de temps, j'étais en train de soumettre que finalement, quelque chose était peut être possible entre nous... « Juliet, regarde-moi.» Le regarder, dans un tel moment, réveillait en moi tout un tas de sensations que je voulais voir disparaître... C'était bien pour cela que je préférais le fuir du regard. Mais je fus finalement obligée de planter mon regard dans le sien lorsqu'il glissa son doigt sous mon menton, doux contact qui me fit légèrement frissonner. « Tu n’es pas responsable de ce qui arrive. Tes réactions sont parfaitement normales et cohérentes. Je ne te reproche rien. Le problème c’est … moi. Uniquement moi. Je ne pense pas que me fréquenter soit une bonne chose… c’est … c’est compliqué à expliquer. Toujours est-il que je pense que tout serait beaucoup plus simple si je décidais de m’éclipser.» Je soupirais doucement, constatant avec un léger pincement au cœur, que sa décision semblait bien prise. J'haussais alors vaguement les épaules sans le quitter des yeux. « J'ai un peu de mal à te comprendre, Shane... Mais si tu estimes que c'est mieux pour nous deux que l'un de nous parte, si c'est dans le but de me préserver... alors je te crois. Je... je te laisse l'appartement si tu veux. Laisse moi juste quelques jours afin que je trouve quelque chose d'autre... » Il y avait forcément quelque chose que je ne savais pas et qui expliquerait sans doute cette façon qu'il avait de se présenter comme une menace pour moi... Comme celui qui pouvait me faire souffrir. Et c'était très déstabilisant de ne pas avoir toutes les données à ce propos. Mais encore une fois, je lui faisais confiance et trouvais même honorable qu'il agisse ainsi dans le but de me protéger... Même si pour le moment, j'avais encore du mal à croire qu'il puisse représenter un quelconque danger pour moi.
Ne pas penser aux conséquences serait totalement irresponsable de sa part et Shane estimait avoir déjà fait suffisamment de dégâts comme ça. L’appât du gain ne marchait pas cette fois-ci et il préférait donc s’éclipser de la vie de Juliet avant qu’il ne soit trop tard. Il avait pour projet de téléphoner à Cameron dès le lendemain matin afin de lui expliquer son choix. Choix qu’il ne comprendrait pas, cela va sans dire. Mettre un terme à une mission n’était pourtant pas dans ses habitudes mais cette fois-ci, Shane ne supportait pas l’idée de devoir anéantir la vie d’une personne aussi incroyable que Juliet. C’était beaucoup trop lui en demander. Aussi paradoxal que cela puisse paraitre, il n’avait pas non plus envie de sortir de sa vie même si c’était la meilleure chose à faire. Juliet ne méritait vraiment pas ce qui était sur le point de lui arriver. « Ce n’est pas à toi de chercher un nouveau logement, c’est plutôt à moi de faire mes valises. Sans compter que j’ai déjà un toit sur la tête…» souffla-t-il en regardant autour de lui. Pour peu qu’il rétablisse le chauffage et l’électricité, cet endroit était parfait. Isolé, loin du centre-ville … c’était parfait. Et puis de toute façon, Shane n’avait pas la moindre intention de s’attarder dans le coin. Son métier de détective privé lui donnait l’opportunité de voyager à travers le pays et une fois de plus, il allait sauter sur l’occasion. Comment annoncer cela à Juliet ? En faisant appel à un nouveau mensonge bien entendu ! « De toute façon, je ne sais même pas si je vais rester en ville… mon patron m’a proposé d’effectuer une série de reportage à l’autre bout du pays. C’est une occasion en or, je ne peux pas la laisser filer.» Ainsi, peut-être que Juliet comprendrait mieux sa décision… Jamais il n’aurait imaginé que ce serait si difficile de partir, de la laisser seule. Son instinct protecteur était en train de prendre le dessus, il ne pouvait s’empêcher de s’inquiéter pour elle. Il savait que tôt ou tard, Cameron allait finir par lui faire du mal et il ne pouvait pas supporter cette idée. Mais que faire ? Shane se trouvait dans une impasse. La mettre en garde reviendrait à lui avouer qu’il connaissait Cameron et de ce fait, dévoiler quelle était la nature de leur lien. C’était trop dangereux. Quoi qu’il fasse, il était piégé. Shane préférait donc mettre un terme à tout cela et partir avant de commettre l’irréparable. C’était une sage décision selon lui. Certes, il allait regretter la présence de Juliet mais il préférait de loin accepter cette séparation plutôt que d’être à l’origine de son malheur. « Ca ne nous empêchera pas de rester en contact, hum ?» Il disait cela uniquement dans le but de la rassurer. Shane n’avait pas l’intention de la revoir, de l’appeler ou ne serait-ce que de lui envoyer un e-mail. C’était fini tout ça. Il voulait définitivement sortir de la vie de Juliet. « Je ferai mes valises demain … »