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 j'avais vingt-quatre ans, nous avions la vie devant nous. (kai)

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Fernando Gautier-Perez
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MessageSujet: j'avais vingt-quatre ans, nous avions la vie devant nous. (kai)   j'avais vingt-quatre ans, nous avions la vie devant nous. (kai) EmptyLun 26 Aoû - 23:28

lundi 26 août 2013, 09:30
« Bonjour mon amour » dis-je doucement en cherchant les lèvres de ma petite sirène. Je lui déposai un baiser et je caressai doucement sa joue. « Alors, prête pour qu'on se trouve un petit nid douillet ? » je lui demandai en ne cherchant pas une seule seconde à réprimander ce large sourire qui envahissait mon visage. Nous avions décidé d'ignorer la maladie. Nous avions décidé de laisser le temps faire les choses. Nous avions décidé que tout espoir n'était pas mort. À vrai dire, je crois que nous nous voilions la face. Nous essayions d'être heureux malgré tout. Nous essayions de faire comme si il n'y avait pas cette maudite tumeur qui chaque jour menaçait de se propager dans d'autres zones de mon corps. Depuis la fin de ma chimio, j'avais regagné toute mon énergie perdue, au point que je paraissais guéri et en bonne santé. En réalité, tout cela était un leur et je ne tarderais pas à le découvrir.

À dix heures et demi, nous avions rendez-vous avec notre agente immobilière pour visiter une petite maison familiale dans laquelle nous comptions investir pour élever nos deux jumelles. Le terme approchait et il fallait donc sérieusement penser à un toit plus spacieux pour abriter toute cette petite famille. Malgré le fait que je feignais le contraire, j'avais toujours légèrement conscience du fait qu'une épée de Damoclès flottait au dessus de ma tête. Mais dans tous les cas, je tenais absolument à m'assurer que les trois femmes de ma vie auraient tout ce dont elles auraient besoin.

Nous nous étions préparé très rapidement et nous étions partis pour une petite balade avant de visiter la maison. Elle nous plaisait. On était déjà quasi sûrs de signer après la visite officielle. « Dis, mon amour, faudrait peut-être qu'on commence à songer à des prénoms pour nos petites. » J'avais déjà quelques idées en tête, du moins une en particulier. « J'avais pensé qu'on pouvait choisir un prénom chacun peut-être ? » Je pus voir un sourire sincère emplir le visage de mon amoureuse. Elle fit oui de la tête. « J'aimerais beaucoup appeler l'une de nos filles par le prénom de ma mère si tu veux bien, en sa mémoire. » je finis pas avouer. Kai semblait tout à fait enchantée par cette idée. Elle savait à quel point mon départ précipité de Suisse et le décès de ma mère si brutal m'avait atteint. Sans parler du fait que je n'avais pas pu lui dire au revoir. « Bien sûr. » avait-elle donc conclus.

lundi 26 août 2013, 10:30

« Monsieur et Madame Gautier-Perez ! Je vous attendais. » L'agente immobilière nous arracha à tous deux un sourire. Nous n'étions pas encore mariés et pourtant nos bagues de fiançailles trompaient déjà beaucoup de monde. Ça me plaisait que l'on puisse nous imaginer déjà marier. Ni elle, ni moi n'eûmes l'envie de corriger l'agente. « Suivez moi » dit-elle alors, ouvrant la marche.

Et ce fut l'affaire de quelques pas. Et ce fut l'affaire de quelques mètres. Et mon esprit se brouilla, ne laissant que le vide, ne laissant que le silence. C'était comme une chute sans fin, un mal être profond qui m'envahissait tout entier. Sans même pouvoir lutter, sans même pouvoir résister, je tombai dans les abîmes infinies de l'inconscience. Sans même avoir l'occasion de dire un dernier mot, de faire un dernier geste, de vivre encore un peu de ce rêve éveillé, je tombai lourdement et définitivement.

mardi 27 août, 15:45

J'ouvrai les yeux lentement, difficilement. C'était blanc. Tout était blanc. Je reconnus ce papier peint, je reconnus ce lit peu confortable et ces draps parfaitement stérilisé. Je reconnus cette atmosphère lourde et ce bruit ambiant incessant. Je reconnus cet endroit. J'y étais. J'étais à l'hôpital. Devant moi se trouvait une infirmière, une nouvelle infirmière de toute évidence puisque je ne l'avais encore jamais vu. « Le Docteur va venir s'occuper de vous. » Je ne patientai que quelques instants. Et tout de suite, il vint à moi. Il vint, le visage grave et les traits tirés annonçant probablement une mauvaise nouvelle. « Fernando, tu as fait un accident vasculaire cérébral. Nous devons procéder à l'opération de toute urgence. Elle est programmée dans deux heures. Nous t'emmènerons bientôt. » J'eus du mal à réaliser. Je vivais probablement mes dernières heures sur Terre. J'étais proche du dénouement, si proche. Et je regardai autour de moi, mon bras eut ce sursaut de panique à la recherche d'une main que j'aurais aimé tenir, celle de Kai. « Kai. » je réussis à bredouiller. Je me sentis faible, extrêmement faible. « Mademoiselle Bonistaw est rentrée se reposer, elle a passé la nuit à ton chevet. Je vais l'appeler. » dit-il calmement.

mardi 27 août 2013, 16:03

Mes joues furent inondées de larmes. Comment aurais-je pu les retenir lorsque je pris conscience que c'était peut-être bien la dernière fois que je goûterais à ses lèvres, la dernière fois que je pourrais m'imprégner de son doux visage, la dernière fois que je pourrais lui dire que je l'aime et que je pourrais l'entendre en retour. Il n'y avait plus qu'une heure qui me séparait de la fameuse opération. Une heure que je devais passer sans elle. Peut-être ma dernière heure en tant qu'être humain et je m'apprêtais à la gâcher en soin et prises de médicament avant opération. J'eus du mal à l'accepter. J'eus du mal à lâcher ce visage que je tenais fermement entre mes doigts. J'eus du mal à dire au revoir, ou peut-être même adieu à la femme de ma vie. « Kai, j'existerai toujours, d'accord ? » j'implorai dans mes sanglots. Les infirmières tiraient mon lit à roulette et bientôt, je ne pus plus ne serait-ce que l'apercevoir. J'ai cru l'entendre pleurer, j'ai cru l'entendre crier mon nom. Nous ne pouvions pas accepter la réalité. Nous ne pouvions pas accepter ce dénouement fatal que nous offrait la vie. Notre histoire était sensée être belle. Notre histoire était sensée ne jamais se terminer. Mais hélas, la vie est parfois bien trop fragile.

mardi 27 août 2012, 16:41

« Nous allons vous administrer l'anesthésie totale. » L'heure est arrivée, ça y est. Peut-être que cette vision, ces bruits, ces odeurs médicales et toutes ces choses qui font mon environnement actuel seront les dernières choses que je connaîtrais. Peut-être bien que je ne me réveillerai jamais de ce sommeil profond et que je resterai paisible pour l'éternité, laissant derrière moi mon monde meurtri et blessé à jamais. Peut-être. Je vois l'infirmière saisir ma perfusion et commencer à introduire ce lourd somnifère. « Ça va prendre deux ou trois minutes pour atteindre votre organisme. » Tout ça je le sais. Après tout j'ai réussi mon internat de médecine, dans la maladie. Ironie ? On peut le dire, oui. Je suis fraîchement diplômé et sur le lit de la mort. Tout cela aura été d'une incroyable utilité. Toutes ces années de dure labeur, toutes ces années de passion. Pour rien.

Alors que je me sens déjà partir, une autre infirmière entre dans la pièce avec précipitation. « Tu lui as déjà transfuser l'anésthésie ?! » dit-elle avec une forme d'énervement. Elle jure et je commence à avoir de plus en plus de mal à saisir ce qui se passe, à saisir ce qu'il se dit. Je pars, oui, je pars. Tout doucement. Mes paupières sont lourdes. Je sens qu'il se passe quelque chose d'important, mais je n'arrive pas à lutter. « Sa fiancé a fait un malaise en quittant l'hôpital, ils sont en train de provoquer l'accouchement, les bébés sont en danger. » Je ne veux pas sombrer. Je refuse de sombrer. Je refuse de partir sur ce dernier son, sur ces derniers mots. Je refuse de partir tant que je n'aurai pas vu mes bébés, su comment ils allaient, su comment Kai allait. Je ne veux pas m'endormir. Je ne veux pas mourir. Mais la vérité, c'est que je n'ai même plus la force de parler, ni même de réfléchir, ni même de bouger. La vérité, c'est que je pars. La vérité c'est qu'à 16:43 ce mardi après midi, je ne suis déjà plus là.
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Kai Eowyn Bonistaw
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MessageSujet: Re: j'avais vingt-quatre ans, nous avions la vie devant nous. (kai)   j'avais vingt-quatre ans, nous avions la vie devant nous. (kai) EmptyLun 2 Sep - 20:26

« - And I would have stayed up with you all night. Had I known how to save a life»


Ses jambes semblaient ne plus pouvoir la soutenir soudainement et le sol c’était comme écroulé sous elle. Le noir l’avait alors envahit sans qu’elle ne comprenne pourquoi, sans qu’elle ne puisse lutter.

mardi 27 août 2012, 22H36

Elle ouvrit les yeux avec difficultés, pourtant il n’y avait aucun lumière aveuglante, c’était simplement difficile. Elle observa la pièce sans comprendre tout de suite où elle était ou même ce qu’il c’était passé au moment où elle avait quitté l’hôpital. Elle se souvenait parfaitement du fait que Fernando devait se faire opérer, elle était morte d’inquiétude à ce sujet. D’ailleurs qu’en était-il ? Son cœur commença à s’accélérer furieusement, il fallait qu’elle aille le voir, qu’elle sache ce qu’il en était. Cependant, en cherchant à se lever, elle remarqua que ses bras n’étaient pas libres de tout mouvement au vu des perfusions qui s’y trouvaient plantées. Elle commença alors à paniquer, elle avait l’impression de vivre un retour dans le passé, elle avait l’impression d’être sortie du coma, combien de temps avait-elle manqué cette fois ?  « Mademoiselle Bonistaw ? Je vois que vous êtes réveillée. ». La jeune demoiselle lui fit alors un magnifique sourire, elle semblait ravie de voir la belle rousse avec les yeux grands ouverts cependant elle ne semblait pas trouver utile de lui expliquer ce qu’elle faisait là. « Qu’est-ce qui s’est passé ? ». Pour elle, pour Fernando, pour tout, elle avait très peur de ce qu’elle allait entendre. « Vous avez perdu connaissance avant de quitter l’hôpital et on a dû vous faire accoucher d’urgence. ». Elle semblait gênée de dire tout ceci, mal à l’aise, alors que c’était les faits. Mais, Kai avait bien remarqué qu’il s’agissait d’une interne au vu de son jeune âge et de son manque d’assurance. « Vos filles vont biens, elles sont en couveuses pour le moment mais, vous pourrez les voir bientôt. Je vais aller chercher ma supérieure pour qu’elle puisse vous examiner. ». Ses filles allaient bien, d’accord mais, pourquoi ne parlait-elle pas de son futur mari ? Le cœur de Kai se serrait, sa conscience lui sifflait douloureusement que la réponse était évidente et son âme toute entière refusait la réalité. « Attendez… ». La jeune blondinette se tourna vers la rouquine avec un sourire adorablement serviable. « Fernando, comment va-t-il ? ». Son visage s’assombrit infligeant à Kai de sentir son cœur se serrer douloureusement et son sang se glacer. « Il est encore en salle de réveil mais, vous serez la première avertit du moindre petit changement. ». Elle lui fit un sourire sympathique dont Kai n’en avait pas grand-chose à faire, elle voulait être auprès de Fernando.

mardi 27 août 2012, 23H03

« Emma, je vous laisse finir, Madame Bonistaw me semble en pleine forme. ». En pleine forme pour une femme qui a accouché sans même s’en rendre compte et dont l’état de son petit-ami est absolument incertain. La rouquine se retrouvant seule avec la jeune interne, elle ne tarda pas à prendre un air plus sérieux. « Vous pouvez m’amener voir Fernando ? ».  La blondinette avait d’ores et déjà un air désolé sur le visage mais si elle pensait que Kai allait lui laisser le choix, elle se trompait. « Je ne peux pas… ». Oh que si elle pouvait et Kai lui coupa la parole pour lui faire comprendre. « Vous savez que Fernando va remplacer votre supérieure à son retour ? Je ne suis pas certaine qu’il apprécie que l’une de ses futures internes lui refuse de voir sa femme. ». Son regard était noir et se technique absolument fourbe –et ne pouvait fonctionner que parce qu’il s’agissait d’une interne absolument naïve et visiblement prête à tout pour être dans les petits papiers de son supérieur-.  « Mais… s’il vous arrive quelque chose… ». Kai n’en avait pas grand-chose à faire. « Eh bien prenons une chaise, d’accord ? Que je sois assise dans un lit ou sur une chaise roulante, c’est pareil. Il ne m’arrivera rien. ».

Il n’avait pas fallu longtemps à Kai pour convaincre la blondinette et encore moins pour lui ordonner de la laisser seule avec Fernando. Il était là dans ce grand lit blanc et il semblait si faible, son sommeil ne semblait même pas l’avoir apaisé. La rouquine explosa en sanglot, posant sa tête sur le lit de son homme. « Fernando, je suis tellement désolée, faut que tu te réveilles… ». Les larmes roulaient, elle voulait le voir en vie, elle avait besoin de lui, elle n’arrivait même pas à se soucier de leurs filles tant qu’il n’avait pas les yeux ouverts.




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MessageSujet: Re: j'avais vingt-quatre ans, nous avions la vie devant nous. (kai)   j'avais vingt-quatre ans, nous avions la vie devant nous. (kai) EmptyMar 3 Sep - 22:57

mercredi 28 août 2013, 6:27

J'ouvre les yeux. J'ouvre les yeux d'une manière nette et rapide. J'ouvre les yeux comme si c'était la première fois, comme si je découvrais la capacité qu'a mon corps d'effectuer ce mouvement. J'ouvre les yeux et je me sens drôlement fatigué pour quelqu'un d'aussi éveillé. Mes yeux brûlent et s'emplissent de larmes. Je fais un mouvement de tête. Enfin, j'essaye. Mais je reste bloqué. Je suis emprisonné dans une sorte d'entrave. Je ne sais pas. Je tente de parcourir la pièce des yeux du mieux que je peux. Je vois du blanc, beaucoup de blanc. Il y a des bruits. Des bips réguliers et des chariots qui se poussent un peu plus loin, certainement de l'autre côté de la porte. Il y a aussi un souffle constant. Un souffle constant comme... un bruit de respiration. Oui, il y a une femme. Une femme aux cheveux roux assise sur une chaise, les yeux clos.

Je me demande ce que je dois faire. Je l'ignore, alors je ne fais rien. Ça dure un moment, un bon moment. Je ne fais que regarder le blanc du plafon. Un blanc quasiment aveuglant.

mercredi 28 août 2013, 6:45

La porte grince légèrement. Quelqu'un entre. Une femme également, habillée tout de blanc. À croire qu'elle tente d'être assorti à la pièce. Elle regarde la femme endormie, puis moi. Elle semble réfléchir le temps d'un instant et elle finit par accourir vers moi. « Fernando, vous êtes réveillés ? » Elle éclaire mes yeux d'une petite lampe aveuglante. Je ferme les yeux par réflexe, avant de les rouvrir. Elle réitère l'expérience en s'assurant cette fois que je ne clignerai pas des yeux. « Est-ce que vous m'entendez ? » Je comprends qu'elle s'adresse à moi, mais je ne vois pas ce qu'elle veut dire. Je ne comprends pas. Fernando. Qui est Fernando ? Elle attrape un petit appareil noir et appuie sur un bouton.

Il y a comme un crissement, un bruit atroce qui me fait un mal de crâne insupportable. Je grimace malgré moi et la femme en blanc me regarde d'un air paniqué. J'entends des voix. Je ne comprends pas ce qu'elles disent. Je crois que la femme rousse s'est réveillée. Tout devient plus sourd. Tout devient flou. La femme en blanc s'approche de ma tête et actionne une petite manette. Je me sens partir. Tout est noir.
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MessageSujet: Re: j'avais vingt-quatre ans, nous avions la vie devant nous. (kai)   j'avais vingt-quatre ans, nous avions la vie devant nous. (kai) EmptyDim 15 Sep - 22:24

« - And I would have stayed up with you all night. Had I known how to save a life»


mercredi 28 août 2013, 6:45

Kai n’avait pas su quitter Fernando, elle avait pleuré toutes les larmes de son corps avant de s’endormir lamentablement à côté de lui, sur une chaise. Personne n’avait eu la foi d’imposer quoi que ce soit à cette femme noyée dans le chagrin et l’inquiétude, cette femme n’arrivant même pas à être une mère tant son cœur était mis à rude épreuve. « Fernando, vous êtes réveillés ? ». La rouquine ouvrit les yeux difficilement avant de regarder l’infirmière effectué son contrôle. Fernando cligna des yeux et la rouquine se leva aussitôt comme si l’espoir venait de la ranimer, d’un coup d’un seul. Fernando clignait des yeux, il n’était pas mort, il était vivant, bien vivant. « Est-ce que vous m'entendez ? ». Il n’y eut aucune réponse et si Kai aurait malgré tout pu sauter sur place, elle ne mit pas longtemps à comprendre qu’il y a avait un problème. Il avait suffi que l’infirmière appuie sur le bouton pour savoir de l’aide. Un ordre de médecin avait débarqué dans la chambre et une nouvelle fois Kai s’était écroulée sur le sol, vidant toutes les larmes de son corps. Un spectacle qui ne valait plus la peine d’être décrit et auquel plus personne n’accordait d’importance parce que de toute évidence, personne ne pouvait rien y changer.

mercredi 28 août 2013, 13:05


Kai n’avait pas voulu bouger de la chambre de Fernando mais, une jolie blondinette s’était approchée d’elle. Elle n’avait pas dit grand-chose, elle avait simplement conseillé à Kai se la suivre. Sans trop savoir pourquoi, elle l’avait fait et elle s’était retrouvée devant deux couveuses. Elle était là depuis un moment, debout à regarder ces deux trésors endormis. « Papa va s’en sortir, il va s’en sortir pour vous, il faut que vous restiez forte toutes les deux… ». Il devait s’en sortir parce qu’elles avaient besoin de lui, les jumelles et Kai. Les jumelles avaient cruellement besoin de lui parce que même en les regardant, Kai se sentait pas mère. Elle n’osait même pas toucher ses enfants, elles étaient magnifique mais elle n’y arrivait absolument pas, alors, qu’en serait-il si leur père ne s’en sortait pas ?

mercredi 28 août 2013, 13:33

Kai avait retrouvé la chambre de Fernando, elle s’était assise à côté de lui et avait attrapé sa main, tendrement et désespérément. « Elles ont besoin de toi Fernando… moi, j’y arrive pas. Je peux pas les toucher, je peux vraiment pas Fernando, j’en ai pas la force… ». Elle souffla un coup avant de laisser une larme tomber sur la main de son Homme. « Pitié, bats-toi mon amour, ouvre-les yeux, parle-moi, dis-moi que tout est fini… je t’en supplie. On a pas passé tout ça pour en arriver là… on devait se marier, acheter notre maison… tu peux pas partir non plus. J’y arriverai pas sans toi… je te jure que ma vie sans toi ne vaut rien du tout. Et je sais que si tu m’entends tu vas m’en vouloir de dire cela mais, je t’ai menti Fernando, à aucun moment j’ai pu imaginer ma vie sans toi. Je ne veux pas de cette vie-là… ». Elle pleurait encore et encore, elle était incapable de faire autre chose.

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MessageSujet: Re: j'avais vingt-quatre ans, nous avions la vie devant nous. (kai)   j'avais vingt-quatre ans, nous avions la vie devant nous. (kai) EmptyLun 23 Sep - 23:38

mercredi 28 août 2013, 17:46

J'ouvre les yeux, à nouveau. J'ouvre les yeux, encore une fois. C'est toujours aussi blanc. L'odeur est la même, les bruits aussi. L'agencement de la pièce n'a pratiquement pas changé. La seule chose que je remarque immédiatement c'est l'absence de cette jeune femme rousse qui semblait totalement boulversée. Il n'y a personne dans cette pièce. Personne tout court. Même les femmes en blanc ont disparus.

Il y a des bruits de pas dehors et puis d'autres bruits que je ne saurais identifier. Il y a des cliquetis, des murmurres, des cris. Ça s'agit, ça se calme. C'est un flux incessant de mouvements et de sonorités diverses. Je suis perdu, seul dans ce grand lit blanc. Je suis perdu et je ne sais pas où je me trouve. Je ne sais pas qui je suis ou bien qui je suis sensé être. Je me souviens simplement de ce prénom, Fernando. J'ai un sourire sur le visage. Un sourire que je ne peux retenir, pour quelques raisons. Je ne me sens pas mal. Je me sens plutôt bien. Je respire et je découvre ce bien être que d'inspirer et d'expirer lentement. Et de ne faire que ça. Mon esprit n'est pas trop rempli. Je suis bien. Il n'y a que ce trop plein de blanc qui ne me revient pas très bien. J'en ai presque mal au crâne, presque. Mais la douleur, je l'ai oubliée, je ne le connais plus. Non, il n'y a plus que ce sourire sur ces lèvres.

mercredi 28 août 2013, 18:03

Une femme en blanc est passée deux fois. Cette fois, elle n'a pas actionné de petit bouton et elle ne m'a rien injecté. Cette fois, je suis bel et bien réveillé et ça dure. J'avais presque fini par prendre mon rêve pour la réalité. Mais il n'en était rien. Finalement, elle m'a annoncé que ma fiancée allait me rejoindre. Je ne suis pas sûr de ce que signifie réellement le mot fiancée, mais j'en déduis que c'est la jolie rousse avec qui je dois avoir une certaine attache affective. Pour le moment, je n'ai pas dit un mot. J'ai simplement écouté. J'ai regardé, observé et écouté. Je n'ai pas su quoi dire. Je n'ai pas su comment le faire non plus. Et je ne m'en suis pas plus mal porté. La femme en blanc ne m'en a pas tenu rigueur. Elle n'a pas semblé vraiment énervée lorsque je n'ai pas répondu à ses questions. Elle m'a simplement souri. Oui, c'était tout.

Une autre femme en blanc entre dans la pièce avec ma fiancée assise sur une chaise roulante. Je me demande bien pourquoi elle ne se déplace pas sur ses deux pieds. Je les regarde et je souris toujours parce que je ne sais plus que faire ça désormais. La femme en blanc chuchote quelque chose à l'oreille de ma fiancée qui me regarde avec de gros yeux. Et moi, je souris toujours.

« Fernando, Kai a demandé à te voir dès que tu serais définitivement réveillé. » Kai, elle s'appelle donc Kai. C'est un joli prénom. Et moi, je m'appelle réellement Fernando. C'est bon à savoir. Je la regarde s'approcher, des étoiles plein les yeux. L'émotion semble à son comble et moi je souris toujours, imperturbable. Je dois dire que je ne comprends pas tellement ce qui se passe. J'ignore bien où je me trouve, ce que je fais exactement là. Je pourrais peut-être bouger, m'en aller ailleurs, mais l'envie de m'en prend même pas. «Jjjjjjj. » Ça sort tout seul. Comme un murmurre. Mon palais a tremblé sous ma langue, ça m'a fait un drôle d'effet. Je ris doucement. « Ferrrrrnando ? » dis-je les yeux grands ouverts dans l'espoir d'obtenir une réponse à cette non question.
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MessageSujet: Re: j'avais vingt-quatre ans, nous avions la vie devant nous. (kai)   j'avais vingt-quatre ans, nous avions la vie devant nous. (kai) EmptyMar 1 Oct - 18:51

« - And I would have stayed up with you all night. Had I known how to save a life»

mercredi 28 août 2013, 18:07.

Kai ne pouvait plus supporter de voir le corps de son Homme étendu dans ce lit blanc sans qu’il ne soit conscient. Elle avait donc accepté de retourner dans sa chambre jusqu’à que Fernando soit réellement réveillé. Heureusement, ce moment avait fini par arrivé, une infirmière était venu la chercher et elle se retrouvait en fauteuil roulant, dans la chambre de Fernando. L’infirmière lui avait glissé à l’oreille qu’il était éveillé mais qu’il n’avait pas prononcé le moindre mot. Elle n’avait pas pu s’empêcher de faire les gros yeux, mais, elle préférait croire que ce n’était rien, juste un temps d’adaptation nécessaire. Elle essayait de croire à cette théorie mais ce sourit niais sans raison qui ne lui était nullement adressé ne l’aidait pas franchement. « Fernando, Kai a demandé à te voir dès que tu serais définitivement réveillé. ». La jolie rousse s’approche de lui alors que l’émotion commençait déjà à la gagner, un mélange de joie et d’appréhension, de peur et de soulagement. Fernando était vivant bien vivant mais, dans quel état ?

C’était là toute la question et une question dont la réponse n’allait pas tarder à tomber. «Jjjjjjj. ». Le visage de Kai était devenu livide alors qu’elle se tournait rapidement vers les infirmières qui semblaient, elles aussi, dans l’incompréhension la plus totale. Kai ne voulait pas croire que le chirurgien est pu endommager la capacité de Fernando à s’exprimer, elle refusait d’envisager une telle conséquence. Il riait, tout à l’inverse de Kai, il n’avait donc pas conscience de ce qu’il se passait ? Mais qu’avait-elle fait ? Comment avait-elle pu le forcer à faire cette opération ? Comment pouvait-elle avoir pris le risque qu’il finisse dans cet état ? « Ferrrrrnando ? ». Le visage de Kai venait de passer en une demi-seconde de l’inquiétude à la colère. Elle aurait pu comme à son habitude se faire de faux espoirs sur les sens de cette question amis bordel, elle était amnésique. La première question qu’elle avait posée était celle-ci : « Kai ? Qui est Kai ? ». Elle savait pertinemment qu’il en était de même pour Fernando. Il ne se souvenait pas de qui il était. Elle ne resta pas une seconde plus, quittant aussi rapidement que possible la pièce dans sa chaise roulante.

mercredi 28 août 2013, 23:01.

« Et on fait quoi maintenant ?! »
« On attend de voir, c’est sûrement provisoire Kai, il faut être patiente, je lui ferais d’autres scan demain mais, je t’assure qu’il n’y a rien d’anormal sur les autres scans. »
« Nathan JE SUIS AMNÉSIQUE. Je sais qu’en matière de mémoire vous n’y connaissez rien, l’amnésie vous échappe et échappe à vos scans. Qu’est-ce que je fais-moi si ça ne revient pas ? »
« Kai je sais bien que c’est difficile mais, il faut stimuler sa mémoire et… »
« Et attendre, oui je sais ! ».

mercredi 28 août 2013, 23 :54

« Il faut attendre quarante-huit heures après la naissance pour que le dossier soit pris en compte. C’est une durée légale afin de laisser le temps à la mère de faire son choix. ». Kai souffla un coup en regardant encore cet épais dossier à remplir, elle n’aura jamais cru qu’une procédure d’adoption était si compliquée. Elle pensait qu’à l’image des films merdiques qui passent l’après-midi alors que tout le monde bosse, il suffisait de dire qu’elle ne voulait pas du bébé. « Très bien, merci. ». La jeune interne lui lança un regard triste en la laissant partir avec le dossier, elle ne savait pas ce qu’elle allait faire mais, elle ne voulait pas devenir mère sans lui.

Jeudi 29 août 2013, 2:32.

Kai pénétra dans la chambre de Fernando, les yeux rouges et sans un sourire. Elle s’approcha du lit de Fernando sans pour autant aller trop loin et oser le toucher. « Alors, tu ne te souviens de rien ? ». Elle passa une main dans ses cheveux, elle connaissait la réponse mais elle avait besoin de l’entendre.

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MessageSujet: Re: j'avais vingt-quatre ans, nous avions la vie devant nous. (kai)   j'avais vingt-quatre ans, nous avions la vie devant nous. (kai) EmptyJeu 3 Oct - 18:58

Fernando ? Est-ce que je m'appelle bien Fernando ? Il semblerait bien que oui. Je parviens à formuler ces quelques lettres. J'essaye de faire sonner cela comme une question. J'aimerais qu'on m'assure que je suis bel et bien Fernando et surtout qu'on m'en dise plus sur le sujet de ce jeune homme que je suis sensé être. La jeune femme rousse, nommée Kai apparemment me regarde intensément et finit par quitter la pièce, sans un mot. C'était comme si j'avais dit quelque chose qu'il ne fallait pas, un mot de travers. Mon prénom ? Je ne comprends pas. Et je suis un peu déçu que cet entretien ait tourné si court. « Je.. J'... J'ai.. J'ai dit quelque.. quel... fallait pas ? » j'interroge alors l'infirmière toujours présente, persuadé que je m'exprime tout à fait correctement. « Quel âge as-tu Fernando ? » me demande-t-elle en omettant bien de répondre à ma question. Je me mets tout à coup à penser. Mon âge ? Qu'est-ce qu'un âge ? « Non » je réponds donc simplement.

Jeudi 29 août 2013, 2:30.

Perte de mémoire, j'y ai pensé tout ce qui me restait de journée et le début de la nuit aussi. Oui, la nuit, ce moment où les lumières s'éteignent et où les couloirs sont silencieux. Quelque chose me dit que ce n'est pas le cas partout, mais c'est pourtant le cas ici. Silence, oh oui, c'est le silence. Sauf dans ma tête.

Les médecins ont été clairs. J'ai subi une opération cérébrale très lourde. Il y a des conséquences. Il y a toujours des conséquences. Je le savais, mais je l'ai fait quand même, c'est ce qu'ils ont dit. Ils ont également dit que Kai, la femme qui était souvent à mon chevet est ma fiancée et qu'elle venait d'accoucher de nos jumelles. Tout ça me paraît bien abstrait. Je n'ai pas la moindre idée de ce que sont des bébés, des jumelles ni même cette étiquette sur nos têtes à Kai et moi. « Fiancés » qu'est-ce que cela peut bien signifier ? J'aurais aimé poser toutes ces questions aux hommes et aux femmes en blanc. Celles-ci et encore bien d'autres, mais je n'ai pas osé, de peur de les embêter. Toutes ces choses, je suis apparemment sensé les connaître, mais j'ai oublié. J'ai simplement oublié, d'après ce qu'ils m'ont dit. Oublier aussi, je ne sais pas vraiment ce que ça peut bien être. « C'est quoi un souvenir ? » j'avais alors naïvement demandé à une infirmière. « Lorsque tu as parlé de Kai, qui était là à ton premier réveil, ça, c'est un souvenir. C'est un moment passé que te reviens à l'esprit. » avait-elle dit en toute simplicité et avec un beau sourire. « Elle est donc mon premier souvenir. »

J'entends du bruit dans le couloir tout à coup. Un bruit qui se rapproche. Je tourne la tête vers la porte dans l'espoir que quelque chose se produise. Je suis persuadé que quelque chose va se produire. La porte s'ouvre. C'est Kai, à nouveau. Je crois bien que c'est le visage le plus familier, la personne que j'ai vu le plus de fois depuis mon réveil. Les hommes et les femmes en blanc changent régulièrement de visage. Elle, jamais. « Alors, tu ne te souviens de rien ? » demande-t-elle avec un air que je n'aime pas du tout voir sur elle. Ses yeux sont rouges et son visage fatigué. Elle caresse mes cheveux et j'aime beaucoup ça. Je souris. Elle ne sourit pas et ce petit air sur son visage ne s'efface pas. Je sens que c'est à cause de moi. Je crois que c'est parce que je ne me souviens plus. Ou plutôt parce que j'ai tout oublié. J'ai du mal à comprendre, mais je ne vois rien d'autre. « Si, je me souviens. » je réponds sans quitter mon sourire. Je sens que c'est exactement ce que je dois dire pour qu'elle soit contente elle aussi. C'est tout ce que je veux au fond, créer un sourire sur ce joli visage.

« Elles sont où les bébééééés ? » dis-je avec un certain entrain. Son visage se décompose, elle semble choquée que je puisse le mentionner. Elle pensait certainement que je n'étais pas au courant. « C'est quoi ces papiers dans ta main ? »
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MessageSujet: Re: j'avais vingt-quatre ans, nous avions la vie devant nous. (kai)   j'avais vingt-quatre ans, nous avions la vie devant nous. (kai) EmptyMer 9 Oct - 20:09

« - And I would have stayed up with you all night. Had I known how to save a life»

Jeudi 29 août 2013, 2:30

Elle ne pouvait pas accepter que les rôles soient inversés, elle ne pouvait admettre qu’il ne puisse pas se souvenir. Elle n’arrivait pas à répondre au sourire de Fernando tout simplement parce que ce n’était pas un sourire de son Fernando. Son Fernando était perdu dans les méandres des souvenirs et même si Fernando –le Fernando actuel- avait sans aucun doute les mêmes qualités que celui qu’elle aimait mais il lui manquait les souvenirs. Et ça, Kai ne pouvait rien faire contre. « Si, je me souviens. ». Kai souffla sans réussir à sourire, même sans les souvenirs, il cherchait toujours à la protéger. « Tu n’as pas à mentir pour me protéger… ». Non, il n’avait pas à le faire, il n’avait pas à lui dire si ce n’était pas vrai.

Kai restait dans le silence avec cet air triste qui la déterminait à présent et qui ne la quittait pas. « Elles sont où les bébééééés ? ». Le visage de la rouquine se décomposa en entendant ces mots, les bébés ? Donc, il savait… Kai inspira un coup, ce n’était sans doute pas des souvenirs. C’était plutôt les infirmières qui avaient dû lui dire, lui expliquer la situation. Après tout, elle était partie en courant de la chambre, il avait dû s’en inquiéter, s’interroger –et interroger les autres-. « Elles sont… dans leur lit… ». Dans une couveuse plus exactement, mais, elle ne voulait pas avoir à lui expliquer et risquer de l’inquiéter. « C'est quoi ces papiers dans ta main ? ». Kai posa son regard sur les papiers qu’elle avait toujours dans la main avant de verser une larme. C’était les papiers de l’adoption mais, comment pouvait-elle lui expliquer cela ? « C’est des papiers pour les bébés…pour qu’ils puissent aller avec d’autres personnes… ». Elle ne savait pas trop s’il allait comprendre ou ressentir quelque chose. Elle ignorait s’il pouvait mal le prendre ou non et, elle se sentait très maladroite dans ce début d’explication. En même temps, tout son corps tremblait et si elle n’était pas assise nul doute qu’il ne l’aurait plus tenu, c’était comme si elle n’avait pas à force de dire ce qu’elle avait l’intention de faire à voix haute.


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MessageSujet: Re: j'avais vingt-quatre ans, nous avions la vie devant nous. (kai)   j'avais vingt-quatre ans, nous avions la vie devant nous. (kai) EmptyMer 16 Oct - 10:23

Sourire, se sentir plutôt bien, je n'ai connu que ça depuis mon réveil. Mais depuis quelques minutes, je me mets à découvrir un sentiment tout autre, au contact de Kai. Au fil des secondes qui passent, j'adopte cette même moue triste que la rouquine ne parvient pas à lâcher. Triste, oui, c'est bien ça. Triste, un sentiment que je sais avoir déjà ressenti. Comment ? Quand ? Pourquoi ? Je l'ignore. Mais y penser me tord le coeur. « Tu n’as pas à mentir pour me protéger… » C'est bien ça le problème au final, mon oubli, mon amnésie, ma perte de souvenir. Les infirmières me l'ont dit, Kai est toute ma vie. Apparemment, je ne vois qu'elle et elle est la raison pour laquelle je suis toujours ici, pour laquelle je respire encore aujourd'hui. Mais je ne m'en souviens pas. Je ne sais même pas ce que cela peut bien faire de ressentir une telle chose.

J'agis instinctivement, je pose les questions qu'il me semble bien de poser. Je demande où sont les bébés. Ces bébés dont je suis le père, et dont Kai est la mère. « Elles sont… dans leur lit… » Sa voix tremble. Elle semble perturber. La jolie rousse ne semble vraiment pas à l'aise avec la situation et j'ai l'impression qu'elle ne dit pas tout. Pour faire diversion, je demande avec un dernier sourire quels sont ces papiers dans sa main. « C’est des papiers pour les bébés…pour qu’ils puissent aller avec d’autres personnes… » D'autres personnes ? J'ai du mal à comprendre. Je ressens tout à coup une profonde colère que je ne saurais m'expliquer. Je secoue la tête. « Mais... » Je pose mon regard sur son visage tiré par la fatigue, rougi par les larmes et désespérément éteint. « Mais l'infirmière m'a dit qu'elles étaient à nous les bébés. » Kai ne bouge pas. Kai ne dit rien. Elle serre le dossier encore plus fort entre ses mains frêles. « Je veux mes bébés. Je veux... Gabriela. » J'ignore pourquoi j'ai prononcé ce nom. J'ignore d'où il sort. Peut-être est-ce le nom d'une de mes filles ou bien celui que j'aurais voulu donner ? Ou peut-être que je perds la tête et que c'est simplement le prénom d'une des infirmières. Je n'en sais rien. Je ne sais pas pourquoi non plus est-ce qu'une petite goutte de pluie s'échappe de mes yeux ni pourquoi ça fait si mal d'être en vie.

Mon visage se crispe, je ne souris plus du tout. Je baisse la tête, je n'arrive plus à la regarder. « Tu veux vraiment pas sourire avec moi... » dis-je plus pour faire un commentaire que pour poser une véritable question. Je lève les yeux au plafond et j'essuie de ma main droite ma joue devenue soudainement très humide. Je n'aime pas ça. Je n'aime pas ça du tout.
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MessageSujet: Re: j'avais vingt-quatre ans, nous avions la vie devant nous. (kai)   j'avais vingt-quatre ans, nous avions la vie devant nous. (kai) EmptyMer 16 Oct - 19:53

« - And I would have stayed up with you all night. Had I known how to save a life»

Fernando secoua la tête, il avait peut-être perdu la mémoire, ses enfants restaient ses enfants visiblement. Kai redoutait d’avoir cette conversation avec lui, elle savait bien qu’elle était nécessaire mais bordel, ça faisait un mal de chien… « Mais... » Il posa son regard sur le visage de la rouquine qui sentait la culpabilité l’envahir, pourquoi fallait-il qu’elle lui impose cela Et pourquoi n’était-elle pas fichu de les aimer ? « Mais l'infirmière m'a dit qu'elles étaient à nous les bébés. ». Kai serra un peu plus le dossier pour ne pas craquer, pour ne pas pleurer. Oui, ils étaient à eux ces bébés mais, y avait-il encore un « eux » alors qu’il ne se souvenait pas d’elle ? « Je veux mes bébés. Je veux... Gabriela. ». Kai sursauta, il venait bien de dire Gabriela ? Se souvenait-il se sa mère ? Lui avait-on dit le nom de sa fille –l’une de ses filles du moins- ? Ou alors, il se souvenait avoir choisi ce prénom ? Kai n’arrivait pas à faire le tri dans sa tête et elle se sentait d’autant plus mal. Kai souffla un coup et essuya la larme qui venait de perler le visage de Fernando et qui lui brisait un peu plus le cœur. « Ce sont nos bébés Fernando mais… tu ne te souviens pas de moi… et moi, je peux pas m’en occuper seule… elles ont besoin de quelqu’un… ». Elle baissa les yeux laissant ses cheveux roux retomber sur son visage. « J’ai gardé le prénom Gabriela comme tu le voulais, notre deuxième fille se nomme Silhoé. ». Peut-être qu’une infirmière lui avait dit mais en fait comme il n’avait parlé que de Gabriela, Kai voulait croire que c’était un embryon de souvenir.

Fernando baissa les yeux à son tour, son visage n’avait pas l’ombre d’un sourire. « Tu veux vraiment pas sourire avec moi... ». Et d’un revers de la main il essuya les nouvelles larmes qui coulaient sur sa joue alors que la rouquine le regardait surprise. « J’aimerai beaucoup sourire avec toi Fernando mais, tu ne souris pas non plus. Et je suis sûre qu’au fond tu sais que tout ne va pas bien… Je t’ai fait une promesse et je ne sais pas ce que je suis supposé faire… ». Kai était supposée ne pas laisser l’opération faire de lui un légume et il ne l’était nullement, il était guéri mais, il n’était plus le même, pourrait-il lui en vouloir ça ?

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MessageSujet: Re: j'avais vingt-quatre ans, nous avions la vie devant nous. (kai)   j'avais vingt-quatre ans, nous avions la vie devant nous. (kai) EmptyDim 3 Nov - 19:34

Je suis bouleversé. Je ressens ce sentiment puissant et jusqu'alors inconnu qui me démange tout entier. Je ne souris pas. Mon coeur bat vite, trop vite parce que j'ai peur. J'ai peur de cette chose qui m'échappe, que je ne comprends pas, que je ne maîtrise pas. Pour la première fois, je souffre du fait que tout n'est pas clair dans ma tête. Il me manque clairement une arme essentiel pour me tenir face à Kai : mes souvenirs.

Elle semble déçue, triste. Rien de ce que m'ont dit les infirmières ne me semble véridique à l'heure actuelle. La femme blonde avait dit que nous étions fous amoureux, que je ferais tout pour elle, même risquer ma vie. Elle avait dit que malgré toutes les belles filles que je pouvais rencontrer à l'hôpital, je n'avais d'yeux que pour Kai et que c'était clair pour la ville entière que nous étions fait l'un pour l'autre. Elle avait dit que nous étions comme Jack et Rose dans Titanic, sauf que notre fin ne sera pas tragique. Je me souviens de ce film que j'ai pu voir quelques heures plus tôt. C'est donc ça l'amour ? Echanger des baisers et échapper à tous ceux qui veulent nous nuire ? Ensemble ? Jack a laissé sa vie pour que Rose puisse survivre et c'est de toute évidence ce que je serai capable de faire pour cette belle rousse là devant moi. Mais alors pourquoi semble-t-elle si prête à abandonner ?

Je chasse toutes ces pensées de mon esprit et je tente de me ressaisir... Plus ou moins. Je continue de l'interroger, comme pour tenter de mieux comprendre tout ce qui m'arrive, tout ce qui nous arrive.
Vient la question de nos filles, de nos bébés. La jeune femme songe apparemment à les confier à d'autres personnes. Comment ça ? Pourquoi ? Ne sont-ce pas nos enfants après tout ? « Ce sont nos bébés Fernando mais… tu ne te souviens pas de moi… et moi, je peux pas m’en occuper seule… elles ont besoin de quelqu’un… » Le problème est là et uniquement là. Mes souvenirs, mon oubli. Je n'y peux rien et pourtant j'aimerais tellement pouvoir faire quelque chose. Je veux à tout prix effacer cette expression sur son visage et retrouver cette chaleur dans mon coeur, cette chaleur innocente. « J’ai gardé le prénom Gabriela comme tu le voulais, notre deuxième fille se nomme Silhoé. » C'est donc ça. Gabriela. Ça ne vient pas de nul part, je l'ai su. « C'est joli Silhoé. » dis-je en essayant de sourire.

Après quelques minutes de silence, je capitule et je pose la question qui me brûle les lèvres depuis le début de notre entretien. Pourquoi cette tristesse ? « J’aimerai beaucoup sourire avec toi Fernando mais, tu ne souris pas non plus. Et je suis sûre qu’au fond tu sais que tout ne va pas bien… Je t’ai fait une promesse et je ne sais pas ce que je suis supposé faire… » Mon rythme cardiaque s'accélère encore. Oui, quelque chose ne va pas. « J'ai l'impression que je vais tomber. J'aime pas ça. » Je commence à paniquer. Je commence à trembler. Mes joues s'humidifient. « Approches toi s'il te plaît, Kai. » Elle ne bouge pas d'un millimètre. Un peu comme si je l'effrayais. « S'il te plaît. » Je supplie presque, en chuchotant. Je respire profondément alors qu'elle finit par faire quelques pas dans ma direction. J'attrape sa main et je la tire encore un peu plus. « Dis moi, qu'est-ce que tu m'as promis ? » Mais avant même qu'elle ne parle, qu'elle ne me réponde, je me ravise. « Non attends, ne dis rien. »

Je me relève doucement dans mon lit blanc d'hôpital. Mon corps tout entier me fait souffrir. Mes muscles n'ont plus du tout l'habitude d'être en mouvement puisque je suis alité depuis plusieurs jours déjà. Mais peu importe, je fais quand même l'effort. Je m'approche tout doucement du visage de la jolie rousse et même si je sens un léger mouvement de recul, elle me laisse faire. Et sans plus attendre, je l'embrasse exactement comme Jack embrasse Rose dans le film. Je lie mes lèvres aux siennes et je m'attarde quelque peu sur leur relief chaud. Je me délecte de cet instant et je réalise tout à coup, en reculant que... « Ariel, tu vas trouver ça étrange mais... Je crois que ça m'a manqué. »
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MessageSujet: Re: j'avais vingt-quatre ans, nous avions la vie devant nous. (kai)   j'avais vingt-quatre ans, nous avions la vie devant nous. (kai) EmptyDim 10 Nov - 20:57

« - And I would have stayed up with you all night. Had I known how to save a life»

« C'est joli Silhoé. ». Fernando tenta un sourire et Kai aussi, oui c’était un joli prénom pour une jolie petite fille mais, ça n’avait que si peu d’importance comparé au reste, à tout ce que Kai ne voulait plus citer. C’était un  joli prénom mais il fallait parler de choses tristes il fallait admettre que ça n’allait pas, vraiment pas. « J'ai l'impression que je vais tomber. J'aime pas ça. ». Fernando commença à trembler comme une feuille et à pleurer, Kai ne put s’empêcher de caresser son visage pour sécher ses larmes, tenté de le calmer. « Il ne va rien t’arriver, ne t’en fais pas. ». Parce qu’au pire il ne se souviendrait jamais de leur histoire et il ne pourrait pas souffrir de la situation, de cette fin. « Approches toi s'il te plaît, Kai. ». La jolie rousse n’osa pas bouger, elle ne savait pas ce qu’il voulait, ce qu’elle attendait. « S'il te plaît. ». La demoiselle accepta se pencher légèrement, Fernando attrapa alors sa main pour l’attirer à lui, provoquant la panique dans les yeux de Kai. « Dis-moi, qu'est-ce que tu m'as promis ? ». Son cœur manqua un battement, elle se savait pas si c’était une bonne idée, s’il voulait vraiment savoir mais avant qu’elle n’eut le temps d’y réfléchir, le jeune la coupa net. « Non attends, ne dis rien. ».

Il se releva quelque peu pour s’approcher du visage de la rouquine qui eut un mouvement de recul avant de se laisser embrasser. Un baiser agréable, tendre, passionné, un baiser qui lui avait terriblement manqué mais dont elle ignorait la signification.  « Ariel, tu vas trouver ça étrange mais... Je crois que ça m'a manqué. ». Ariel ? Il se souvenait de ça ?  Pourquoi avait-il dit ça ? Kai était complètement perdu et elle ne se savait plus agir, elle ne savait plus quoi faire, quoi dire. « Pourquoi tu m’appelles comme ça Fernando ? ». Elle ne savait pas pourquoi mais elle ressentait le besoin qu’il lui explique qu’il lui dise, qu’il éclaire ses idées.  « Je ne sais plus… je ne comprends plus Fernando… qu’est-ce que c’était pour toi ? Tu as ressenti quelque chose ? ». Kai était au bout, elle ne savait plus quoi penser, elle aurait voulu s’allonger aux côtés de Fernando et pleurer mais… ce n’était pas possible.


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MessageSujet: Re: j'avais vingt-quatre ans, nous avions la vie devant nous. (kai)   j'avais vingt-quatre ans, nous avions la vie devant nous. (kai) EmptyLun 18 Nov - 22:53

Au fil des heures, je me rends compte que la vie n'est pas facile, que les relations entre êtres humains ne se limitent pas à des sourires et de jolis mots. Je réalise que tout n'est pas rose entre Kai et moi et que de toute évidence elle m'en veut pour quelque chose, mais j'ai beaucoup de mal d'en saisir la raison. Je lui fais part de mon sentiment de chute, de cette impression de perte de contrôle qui me tiraille et me fait souffrir. « Il ne va rien t’arriver, ne t’en fais pas. » dit-elle froidement. Peut-être qu'elle s'est voulue convaincante, mais pourtant je ne la crois pas une seule seconde. « Dis la vérité, s'il te plaît. » j'implore doucement, les yeux baignés de larmes.

Ne supportant plus ses idées noires qui tournoient dans ma tête, cette non conversation et ses fausses réponses qui me sont donnés, je me laisse aller à quelques pulsions. J'ai envie de l'embrasser. J'ai envie de faire comme Jack et Rose, dans le Titanic. J'ai envie de voir ce que ça fait, envie de voir si ça réveille quelque chose en moi. C'est agréable, ça fait du bien. Je m'en délecte, on peut le dire. Je lui avoue que j'ai l'impression que ça m'avait manqué, comme si, au fond, je n'attendais que ça depuis qu'elle avait franchi la pièce. « Je ne sais plus… je ne comprends plus Fernando… qu’est-ce que c’était pour toi ? Tu as ressenti quelque chose ? » Je plonge mon regard dans le sien et j'ignore ce que je suis sensé dire ou faire. Elle semble si triste, si désespéré et je me sens complètement impuissant. « Bien sûr que je ressens quelque chose. Il n'y a que ta présence qui me fasse me sentir comme ça. Je ne sais pas comment le décrire. Je peux te dire que ça a du me manqué, parce que... Ça me manque, j'aimerais recommencer là, tout de suite. »

Je sais bien que ces explications ne seront pas suffisantes. Les infirmières m'avaient prévenu que ce serait dur pour elle, qu'elle aurait peut-être du mal à l'accepter, d'autant qu'elle l'avait déjà vécu. Je ne sais pas ce qu'elle voulait dire par là et je n'avais pas posé plus de questions. Néanmoins, j'aimerais réellement aider Kai à se sentir mieux. Je me sens obligé de continuer à m'expliquer. « C'est vrai que je ne me rappelle pas de notre premier rendez-vous, c'est vrai aussi que je n'ai aucune idée d'où on peut vivre, ni même si nous sommes ensembles depuis longtemps. Oui, c'est vrai. » je dis d'une voix légèrement tremblante, mais bien plus sereine que quelques minutes auparavant. « Par contre, je sais que je déteste te voir triste. Je sais que j'ai peur aussi. Ne me demandes pas comment je parviens à identifier ces sentiments, je n'en sais rien. J'ai peur, j'ai vraiment peur. J'ai l'impression que si je ne te tiens pas par le bras, si j'arrête de te parler, tu vas quitter la pièce et tu ne reviendras plus. »
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MessageSujet: Re: j'avais vingt-quatre ans, nous avions la vie devant nous. (kai)   j'avais vingt-quatre ans, nous avions la vie devant nous. (kai) EmptyLun 25 Nov - 19:30

« - And I would have stayed up with you all night. Had I known how to save a life»

Kai n’arrivait pas à être rassurante, elle-même ne l’était pas. Dire à Fernando qu’il n’allait rien lui arriver n’était pas en mensonge, cela dit elle n’arrivait pas à le dire avec chaleur, tendresse, parce que c’était à ses dépens. « Dis la vérité, s'il te plaît. ». La vérité ? Quelle vérité ? Kai baissa les yeux, elle n’avait pas tellement envie d’en rajouter, pas tellement envie de dire ce qu’elle pensait. « Il ne va rien t’arriver, parce que si tu ne te souviens de rien, c’est une nouvelle vie qui commence… j’en sais quelque chose. ». C’était ce qu’elle avait fait, ce qu’elle avait vécu, ses souvenirs s’étaient engouffrés aux plus profonds de son inconscient pour ne remonter –qu’à moitié- quelques années plus tard.  Elle avait refait sa vie, elle avait avancé sans passé, sans se souvenir de ses proches, en se reconstruisant comme elle le pouvait.

Fernando embrassa Kai, la perdant complètement, elle ne savait pas ce que c’était pour lui, pourquoi il faisait ça, ce qu’il pouvait bien ressentir, elle n’en savait rien mais, elle se sentait tellement mal. « Bien sûr que je ressens quelque chose. Il n'y a que ta présence qui me fasse me sentir comme ça. Je ne sais pas comment le décrire. Je peux te dire que ça a dû me manqué, parce que... Ça me manque, j'aimerais recommencer là, tout de suite. ». Le cœur de Kai s’emballait avant de laisser un trou béant de la poitrine, il ne savait plus ce qu’il ressentait, Il ressentait quelque chose, c’était merveilleux et affreux, c’était un soulagement et une torture… « C'est vrai que je ne me rappelle pas de notre premier rendez-vous, c'est vrai aussi que je n'ai aucune idée d'où on peut vivre, ni même si nous sommes ensembles depuis longtemps. Oui, c'est vrai. ». C’était vrai et ça faisait terriblement mal, c’était comme si elle l’avait perdu, comme si elle avait vécu cette histoire à sens unique. A ce moment précis elle comprenait ce qu’avait ressenti son frère, elle comprenait que le fait qu’elle ait le sentiment qu’il comptait énormément n’avait pas été suffisant pour lui. Pouvait-elle passer au-dessus de cette amnésie ? Accepter de poursuivre cette histoire alors que pour Fernando c’était comme si elle ne faisait que commencer ? Et si cela l’avait changé ? Non en fait la question était plutôt, allait-elle accepter les changements parce qu’ils étaient malheureusement inévitables. Il ne serait plus jamais le même, était-elle prête à le découvrir à nouveau.

Elle était perdue dans ses idées noires lorsque Fernando la coupa. « Par contre, je sais que je déteste te voir triste. Je sais que j'ai peur aussi. Ne me demandes pas comment je parviens à identifier ces sentiments, je n'en sais rien. J'ai peur, j'ai vraiment peur. J'ai l'impression que si je ne te tiens pas par le bras, si j'arrête de te parler, tu vas quitter la pièce et tu ne reviendras plus. ». Peut-être parce que c’était ce qui risquait d’arriver, si elle quittait cette pièce elle n’était pas certaine de trouver la force d’y revenir. Elle se mit assise sur le lit, juste à côté de Fernando, serrant sa main. « La vérité c’est que je suis perdu Fernando, c’est difficile pour moi de faire avec … tout ça.  Et si je ne reviens pas c’est uniquement parce que ma présence ne va pas t’aider… ». Non elle n’allait pas l’aider à aller mieux, elle n’allait pas l’aider à sourire, peut-être même pas à se souvenir. Elle ne voulait pas s’imposer dans sa nouvelle vie s’il ne se souvenait pas.  « Je ne veux pas m’imposer dans ta vie… mais si tu me demandes de revenir, je le ferai. ». Pour lui, elle lui devait au moins ça.
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Fernando Gautier-Perez
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MessageSujet: Re: j'avais vingt-quatre ans, nous avions la vie devant nous. (kai)   j'avais vingt-quatre ans, nous avions la vie devant nous. (kai) EmptyMer 1 Jan - 21:25

Je découvre petit à petit, tout doucement, les relations amoureuses et ce que je vois ne me plais pas tellement. Je me sens déchiré. Je me sens déchiré entre deux pôles totalement opposés. D'un côté, j'ai envie de serrer cette femme dans mes bras, de l'embrasser et de tout faire pour qu'un sourire s'affiche sur son visage. Mais d'un autre côté, je souhaiterais être tranquille et évacuer toute cette peine que je ressens en la voyant, en la sentant me résister ou plutôt me fuir tout doucement. Je déteste déjà ce sentiment d'impuissance que je sens en moi. Je déteste cette pression dans mon corps, ce coeur qui bat à toute allure et ce regard triste posé sur moi. Je lui supplie de me parler, d'être honnête et de ne dire que la vérité. « Il ne va rien t’arriver, parce que si tu ne te souviens de rien, c’est une nouvelle vie qui commence… j’en sais quelque chose. » Je ne me souviens rien. Je suis une coquille vide, est-ce comme cela qu'elle me considère ? Elle en sait quelque chose, mais que veut-elle dire ? « Comment ça ? »

Après quelques instants de silence, je choisis de dire tout ce que je ressens. Je choisis de lui avouer que oui, je ne me souviens pas d'elle, de nous, de pas grand chose en fait. Mais par contre, je sais que sa présence ne me rend pas indifférent. Je sais qu'il y a quelque chose, quelque chose de très très très fort en moi lorsqu'elle est à mes côtés. J'en suis même sûr, persuadé. Je lui fais part de mes peurs, de mes peurs qu'elle disparaisse, qu'elle me quitte et que je ne la revoie plus. J'ai si peur qu'on m'enlève toute chance d'avoir une vie, une vraie, celle que j'avais et que je dois avoir.

Kai s'approche et s'assieds à côté de moi, sur le lit. Elle prend ma main. Ça me fait du bien d'avoir ce contact physique avec elle. J'en avais vraiment envie. « La vérité c’est que je suis perdu Fernando, c’est difficile pour moi de faire avec … tout ça. Et si je ne reviens pas c’est uniquement parce que ma présence ne va pas t’aider… » Une larme roule sur ma joue, sans même que je ne le contrôle. Je ne dis rien, trop assommé par ce qu'elle vient de dire. Je n'imaginais pas l'amour comme ça, je n'imaginais pas qu'on puisse capituler si facilement, au moindre obstacle. Au fond, je n'ai aucune idée mais peut-être que ça n'allait pas si bien entre nous auparavant. J'aimerais croire que tout était beau, ça me rassure, ça me fait rêver. Je le crois très fort, un peu naïvement. « Je ne veux pas m’imposer dans ta vie… mais si tu me demandes de revenir, je le ferai. » elle ajoute finalement.

Je tente de parler, mais j'ai la voix qui tremble, d'autres larmes coulent encore. « Ça me rend triste ce que tu dis. Je. Je. Je n'aime pas ça... » je chuchote. Du revers de la main, j'essuie mes joues humides. « Mais moi je veux me souvenir, j'ai pas envie de repartir à zéro. Ce serait un mensonge, ce serait comme nier l'existence de mon passé. Je ne veux pas nier. Kai... Est-ce que tu m'aimes ? » Alors qu'elle s'apprête à me répondre, à dire quelque chose, une infirmière entre en trombe dans la chambre. « Mademoiselle Bonistaw, il faut laisser Fernando, le docteur arrive tout de suite et il n'a pas beaucoup de temps ! » dit-elle très sèchement. Je la foudroie du regard sans même le vouloir réellement. Kai se lève doucement du lit, me lance un dernier regard de détresse, puis quitte la pièce sans dire un mot.
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