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 On oublie jamais l'essentiel. (kai)

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Fernando Gautier-Perez
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MessageSujet: On oublie jamais l'essentiel. (kai)   On oublie jamais l'essentiel. (kai) EmptyJeu 2 Jan - 20:37

Deux jours. Deux jours de silence. Deux jours sans visite. Je passe mes journées à attendre, à ne rien faire. J'espère des visites, une en particulier. J'aimerais que Kai revienne. J'aimerais pouvoir me dire que j'ai tord de me faire du soucis, de me dire que je dois l'oublier. L'oublier, n'est-ce pas drôle dans mon état ? Je n'ai que quelques souvenirs depuis que je me suis réveillé, je n'ai passé que quelques moments avec elle et déjà, je ne peux m'en détacher. Les moments je les ai peut-être oublié, mais les sentiments sont apparemment toujours là, au fond de moi. J'en suis persuadé.

Mon état est stable apparemment, mais toutes ces pensées, ces allers retours des infirmières et des médecins, ces tests qu'ils me font passer sans cesse m'épuisent. Je passe mes journées à dormir, puisque je n'ai rien à faire d'autre. Finalement, la plupart du temps, là où je reste le plus longuement éveillé c'est la nuit. J'aime le silence et le calme de l'hôpital la nuit. Les couloirs semblent déserts et silencieux. Je peux voir la lune à travers les rideaux tirés de ma chambre. Elle éclaire le ciel si fort qu'elle transperce légèrement le tissu. Parfois, je me lève du lit et j'observe les étoiles. Je regarde le ciel couleur encre et je me perds dans cet infini.

Il est trois heures du matin et je commence à fatiguer. Je ferme les yeux, j'aimerais cesser de penser. J'aimerais me reposer, me déconnecter à nouveau. Parce que c'est plus facile. Dormir me permet de tout couper et de cesser de vivre pendant un moment. Vivre n'est plus aussi drôle qu'à mon réveil. Le temps des découvertes, de la fascination pour tout et n'importe quoi m'est passé. Petit à petit et à travers ce que l'on me raconte je découvre un peu qui j'étais et pourquoi j'en suis là, dans ce lit d'hôpital. Rien n'est amusant finalement. Je passe ma vie à attendre, à attendre que quelque chose se passe, qu'on me donne le feu vert pour sortir de l'hôpital, pour retourner chez moi, si j'ai toujours bien un chez moi.

Ça y est. Je le sens arriver le sommeil. Je le sens s'emparer de moi, enfin. Je glisse, je glisse. Je glisse jusqu'à notre appartement, notre studio, à Kai et moi. Du moins, c'est l'impression que j'en ai. Elle est là, je suis là. Je me vois comme dans un film. Elle pleure et je suis en colère. Je donne un coup de pied dans un meuble, elle sursaute et je lui fais peur. Je déteste me voir ainsi, j'ai envie de frapper cet homme que je refuse d'être ou d'avoir peut-être été. « Je te déteste pour dire des choses pareils. Je te déteste pour tout gâcher. » Je suis vraiment hors de moi. Je suis fou de rage. Je vois toutes ces belles photos de nous deux que j'envoie valser. Je crois ce que je dis à ce moment-là, ça me semble certain. Et puis, tout à coup... « N.. Non.. Nooon. » Je gigote dans tous les sens. Je suis en sueur. Deux yeux bruns sont posés sur moi. « Ça va Fernando ? Tu as fait un cauchemar ? » C'est Cindy, une infirmière. J'ai fait un rêve. Oui, ce n'était qu'un rêve.

Je reste quelques instants silencieux et je tente de reprendre mes esprits. « Ou..Oui. Je. Je... J'ai rêvé de Kai, mais c'était tellement... réel. » je commence à expliquer en bégayant. « Je crois qu'elle m'annonçait qu'elle ne voulait pas garder notre bébé. » À peine, je parle que je me rends compte que rien dans le rêve ne pouvait m'indiquer une telle chose. En réalité, j'en suis tout simplement certain. J'ai le sentiment que c'est ça, que c'est pour ça que je m'étais mis dans un tel état. « Enfin, en réalité j'en sais rien, mais je me voyais très en colère donc je pense... » « C'est peut-être un souvenir Fernando. » dit-elle en me coupant la parole. Je décide donc de me taire et de voir ce qu'elle pourrait bien me dire. « C'est très fréquent que la mémoire revienne à travers les rêves. C'est vraiment très encourageant Fernando, je te félicite. Je m'empresse d'aller le dire au Docteur. » Elle semble toute joyeuse. Je n'ai même pas le temps de lui dire quoi que ce soit qu'elle est déjà partie.

Ce sommeil très peu agréable pour moi est au final l'attraction de la journée. Le médecin ne cesse de me rendre visite et de me faire toute une batterie de test supplémentaire toutes les heures. En réalité, je n'attends toujours que la visite d'une seule et unique personne. J'aimerais savoir si ce rêve est un souvenir, si tout ça est bel et bien arrivé. J'ai besoin de le savoir. À chaque fois que je demande si Kai va me rendre visite, si on peut l'appeler, on me répond qu'il faut que je me repose, que je fais des progrès et qu'il ne faut pas que je sois trop dérangé. À 14 heures, on m'administre un somnifère pour me forcer à me reposer. J'imagine que les infirmières en ont marre de mes questions incessantes. Je ne tarde pas à me sentir partir et j'espère que ce sommeil sera plus réparateur que le précédent.

Autre décor, autre appartement. Je ne suis pas spectateur cette fois, je suis acteur. Je suis dans mon corps et je suis face à Kai. Elle est radieuse. J'ai terriblement envie de l'embrasser et de sauter dans ses bras. Mais je ne fais rien, non, je parle. « Kai, peu importe les problèmes, peu importe les obstacles, tu es la femme que j’aime et ça, rien ne peut le changer. Kai, peu importe les circonstances, j’aimerais toujours rester avec toi. Kai, tu es ma famille. J’ai beaucoup réfléchi ces derniers temps, à toi, à ma vie, à tout. Et il n’y a qu’une seule chose que je n’ai pas encore: la reconnaissance de notre amour aux yeux de tous. J’aimerais que nos destins soient liés, j’aimerais pouvoir coché la case « marié » dans les documents officiels, j’aimerais qu’on ne soit qu’un aux yeux de la loi et non deux entités distinctes, j’aimerais te promettre de t’aimer et de te chérir jusqu’à la fin de mes jours devant tous nos amis, j’aimerais que notre enfant soit accueillis dans une vraie famille, j’aimerais qu’on puisse lui montrer nos photos de mariage quand il sera plus grand, j’aimerais qu’on soit vraiment une famille Kai, toi et moi. J’y ai pensé, j’ai retourné la question dans ma tête un bon million de fois et, malgré tout ce que j’ai pu te dire, je ne vois aucune raison de ne pas le faire... Alors, Kai... Veux-tu m’épouser ? » J'avoue que je n'entends même pas ce qu'elle répond tant je suis chambouler par ce que je viens de dire. Cet amour est vrai, unique, encore plus beau que ce que j'ai pu voir dans Titanic ou dans n'importe quel autre film à l'eau de rose qu'ils nous passent à l'hôpital. Kai m'embrasse passionnément. C'est si bon. J'espère que ce moment dure toujours. Ce baiser est encore plus intense que notre premier baiser, celui dont je me souviens, à l'hôpital l'autre jour. « Fernando, tu me fais là le plus cadeau que tu pouvais me faire, c’est pour moi quelque chose de très important, d’aussi important que la première fois que l’on s’est dit je t’aime, notre amour sera le plus beau, pas seulement parce que j’y mettrais toute mon énergie mais parce que je t’aime passionnément, parce qu’on s’aime passionnément, je veux t’épouser mon amour et je peux déjà te jurer que l’on s’aimera toujours. » Toujours. Ce mot raisonne en mot en écho. Toujours. Pour toujours. On s'aimera toujours. Oui, je l'aimerais toujours. « Toujours » je murmure en ouvrant les yeux.

Après avoir repris mes esprits, je décide de ne plus attendre bêtement dans mon lit que les choses se fassent. Je vais trouver Kai, peu importe où elle peut être, peu importe si les médecins sont d'accord ou non. Je profite du fait qu'il n'y ait personne dans ma chambre ni devant pour sortir et arpenter les couloirs seul, pour la première fois. J'imagine qu'elle doit se trouver à l'étage pédiatrie, avec les bébés. Enfin, j'espère qu'elles sont toujours là, à l'hôpital. Instinctivement j'y arrive très vite. C'est comme si je connaissais déjà le chemin. Et peut-être bien que je le connais déjà. J'arrive devant une pièce remplie de plusieurs couveuses et mon regard est attiré vers un petit bébé en particulier. Je me rapproche de la vitre et je parviens à voir « Gabriela Gautier-Pérez Bonistaw ».
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MessageSujet: Re: On oublie jamais l'essentiel. (kai)   On oublie jamais l'essentiel. (kai) EmptyDim 5 Jan - 17:05

« Nous avons tous des moments de profond désespoir, mais lorsque l’on décide d’affronter le problème, on en ressort plus fort.»

Il fallait quelque chose de positif dans la vie de Fernando pour qu’il se reprenne en main, c’était ce que les médecins avaient dit. Ils avaient très bien fait comprendre à Kai que tant qu’elle n’allait pas mieux, ce n’était pas la peine de revenir voir Fernando, elle ne l’aidait pas. Ce qu’ils ne comprenaient pas, c’est qu’elle, elle ne pouvait pas aller mieux sans lui. Elle tenait à son bonheur, à ce qu’il aille mieux et c’est pour cette raison que depuis deux jours, elle ne rentrait pas dans sa chambre d’hôpital bien qu’elle tournait autour mais, il n’y avait aucune chance qu’elle aille mieux.

Aujourd’hui encore elle avait erré dans l’hôpital. Elle avait traîné non loin de la chambre de Fernando malgré les commentaires et avertissements des médecins et infirmières. Elle avait passé de longs, très longs moment devant les couveuses de ses filles sans oser les toucher, sans oser s’en occuper. Elles étaient pourtant magiques, magnifiques, adorables mais… elle n’y arrivait pas. Les médecins disaient qu’elle était victimes du baby blues et qu’il serait bon qu’elle ait un suivi psychologique. Le fait est que Kai n’avait pas envie de parler à qui que ce soit en ce moment, elle n’avait pas envie de dire à quelqu’un à quel point elle n’était pas faite pour être mère. Le problème c’est que ces adorables bébés méritaient une famille. Elles méritaient des parents aimants, à croire que la vie s’était acharnée contre elle dès le début.

Kai termina sont treizième café de la journée, une bien mauvaise habitude mais, vitale. Kai ne dormait presque plus, elle ne mangeait presque plus et ça se voyait physiquement, ça se ressentait psychologiquement. En réalité, sans Fernando, sa vie ne semblait être qu’un blocage constant, un blocage face à la nourriture, au sommeil et même, face à la musique. Elle ne cessait de se demander s’il pensait à elle, si des souvenirs lui revenaient… elle aurait voulu savoir s’il l’aimait, s’il y avait encore de l’espoir. C’était ridicule, Fernando ne se souvenait pas vraiment d’elle et elle ne pouvait lui apporter rien de bien, il valait qu’il l’oubli. Et elle pourrait-elle l’oublier ? Elle aurait été capable de tenter d’avoir un autre accident de voiture, sait-on jamais que l’amnésie fasse son retour mais, elle savait bien que les choses ne fonctionnaient pas comme ça.

Elle jeta son gobelet avant d’avancer de façon machinale vers la maternité. Oui, de façon machinale parce qu’au fond, elle ne savait plus pourquoi elle y allait, elle se faisait plus de mal qu’autre chose. Peut-être était-ce la culpabilité ou le désir de vaincre ce mal qui la rongeait… toujours était-il que ça ne lui faisait pas grand bien. Elle arriva bien vite à destination mais se stoppa vite devant une silhouette qu’elle connaissait bien, devant Fernando. Son cœur se mit à tambouriner dans sa poitrine, comme s’il voulait la crever. Sa tête lui hurler de faire demi-tour avant qu’il ne l’a voit et tout son corps la suppliait de le prendre dans ses bras.  « Fernando ? Qu’est-ce que tu fais là ? ». Question stupide, il était planté devant le berceau de Gabriela… il voulait voir ses filles.

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MessageSujet: Re: On oublie jamais l'essentiel. (kai)   On oublie jamais l'essentiel. (kai) EmptyMer 5 Fév - 18:03

Ce sont des couveuses, deux jolies petites couveuses. Et à l'intérieur, il y a les plus beaux petits bébés que le monde ait connu. Ce sont mes bébés. Mes filles. Ma chair, mon sang. Mes amours. Je colle ma main droite contre la vitre, béat. Les larmes me montent aux yeux, je n'y crois pas. J'entends un bruit derrière moi et je me retourne. Kai. « Fernando ? Qu’est-ce que tu fais là ? » demande-t-elle avec une drôle d'expression sur le visage, que je ne saurais définir. Et là, tous les souvenirs de cette nuit passée, de mes rêves, de mes cauchemars me reviennent en mémoire. Le pourquoi de ma venue ici. Je voulais voir Kai, je voulais lui parler de mes rêves, je voulais comprendre. Le vision de mes deux petites filles m'avait - l'espace d'un instant - fait tout oublier. Mais la réalité nous rattrape toujours. « Je.. »

Je la regarde et j'ai terriblement envie de la prendre dans mes bras, mais en même temps je ressens une rancoeur qui m'était jusqu'alors inconnue. « Est-ce que... Tu n'en voulais pas. Tu voulais avorter. » Je murmure sans plus la regarder dans les yeux. Je regarde Gabriela, puis sa soeur et je repense aux mots de Kai, à ma colère, au désastre de cette dispute dans mon cauchemar. Tout cela semblait tellement réel. Trop réel. J'aimerais savoir si c'est arrivé, si c'est vraiment arrivé. L'autre jour, Kai parlait d'adoption, de donner les filles. Comment peut-être songer à vouloir se séparer de nos enfants ? « Si tu n'en veux pas, moi je les garderai. »

Je reporte mes yeux sur ma fiancée. « J'ai fait des rêves cette nuit. Des rêves étrangement réels. Tu m'annonçais que tu étais enceinte, mais que tu n'en voulais pas. Tu m'as brisé le coeur. » En cet instant, j'oublie totalement le second rêve. Celui où nous célébrions nos 1 an ensemble. Celui où je lui demandais de m'épouser, d'être mienne pour toujours. J'oublie tout. J'oublie la beauté des mots échangés et le bonheur de l'embrasser. Je ne peux qu'à ces deux petits êtres à quelques mètres de nous. Je ne peux qu'à elles qui sont le fruit de notre amour et que Kai souhaiterait m'enlever.
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MessageSujet: Re: On oublie jamais l'essentiel. (kai)   On oublie jamais l'essentiel. (kai) EmptySam 8 Fév - 14:01

« Nous avons tous des moments de profond désespoir, mais lorsque l’on décide d’affronter le problème, on en ressort plus fort.»

« Je.. » Kai posa son regard dans celui de Fernando qui s’était retourné vers elle, son cœur manqua un battement. Elle avait l’impression d’être la pomme pourrie de sa vie, celle qui rendait tout plus compliqué, celle qui pourrissait le reste, elle avait l’impression que rien n’allait plus entre eux et n’irait jamais plus alors que son cœur matraquait sa poitrine. Elle était épuisée de garder tout cet amour captif, de ne pas pouvoir le prendre dans ses bras l’embrasser,  le caresser… elle était épuisée. « Est-ce que... Tu n'en voulais pas. Tu voulais avorter. ». Les yeux de Kai se firent ronds sous la surprise et la détresse alors que son fiancé avait les larmes aux yeux. C’était une chose à laquelle elle n’avait pas pensé, elle allait à nouveau devoir s’expliquer sur le pourquoi du comment elle avait fait bien plus que songer à l’avortement. « Si tu n'en veux pas, moi je les garderai. ». Kai baissa directement les yeux pour cacher ses larmes, elle sentait son cœur se briser en mille morceaux. Au fond, elle le savait depuis le début que leur relation ne serait plus jamais la même et que, très probablement, elle n’aurait plus jamais rien d’une relation amoureuse mais… l’entendre à demi-mot de la bouche de Fernando était un enfer. Si tu n’en veux pas, moi je les garderai… il avait clairement l’intention de faire sa vie sans elle.

« J'ai fait des rêves cette nuit. Des rêves étrangement réels. Tu m'annonçais que tu étais enceinte, mais que tu n'en voulais pas. Tu m'as brisé le cœur. ». Kai, qui était restée silencieuse jusqu’alors se décida à parler, il fallait qu’il sache. « S’ils sont si réels c’est parce que ce sont des souvenirs… ». Elle savait à quel point ça pouvait être réel, chose que Fernando n’avait pas compris jusqu’à aujourd’hui. Elle repensait au jour où elle avait hurlé le nom de Blazhe et à sa réaction, aujourd’hui les choses seraient sans doute différentes mais, aujourd’hui, elle ne formait plus vraiment un couple avec Fernando. « Je ne voulais pas d’enfant et oui, j’aurais voulu avorter. ». Elle s’arrêta un instant, elle ne savait pas si elle devait se justifier, si ça avait quelconque espèce d’importance aux yeux de Fernando. « J’étais morte de trouille à l’idée de ne pas réussir à être mère, à ce que mon enfant me déteste et de toute évidence… j’avais raison d’avoir la trouille. ». Elle souffla un coup un jetant un rapide coup d’œil aux deux bébés endormis. « Mais… je ne voulais pas faire les choses sans toi et toi, tu ne voulais pas. Je n’ai pas avorté parce que… je t’aime. ». Pas de je t’aimais, non, un je t’aime parce que c’était toujours le cas, elle était toujours éperdument amoureuse de lui.

« Enfin, j’imagine que rien de tout ceci n’a réellement d’importance… si tu veux la garde des filles, tu l’auras. De toute façon, je suis incapable de m’occuper d’elles… ». Elle eut un sourire triste, elle n’avait pas touché ses filles depuis leur naissance et elle culpabilisait tellement mais c’était au-dessus de ses forces. Finalement, peut-être que les choses étaient heureuses dans leur malheur, malgré que tout était fini, les filles auraient au moins un papa aimant et Fernando pourrait commencer une toute nouvelle vie.


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MessageSujet: Re: On oublie jamais l'essentiel. (kai)   On oublie jamais l'essentiel. (kai) EmptyMar 11 Fév - 22:32

J'avais les yeux braqués sur ces deux petits êtres, à quelques mètres seulement de nous. Deux petites princesses qui dormaient profondément. Elles semblaient si paisibles, si tranquilles. Une infirmière m'avait glissé discrètement, l'autre jour, qu'elles avaient lutté pour être en vie. Kai aussi. Moi aussi. Rien n'avait été facile ce jour-là. C'était la vie. C'était la mort. Tout en même temps. Et pourtant nous sommes tous là, tous les quatre. Alors pourquoi est-ce que cela semble si difficile ?

Je repose mes yeux sur Kai. Elle est si belle. Cette femme fait palpiter mon coeur, un peu plus vite. Elle me trouble. J'ai à la fois l'impression que c'est une étrangère, que je ne la connais pas, qu'elle m'est inaccessible, interdite. Et pourtant... Et pourtant oui, je m'en sens tellement proche. C'est la seule personne qui me procure tant de sentiments, et si différents.
Le silence plane depuis quelques instants. Puis la jolie rousse déclare : « S’ils sont si réels c’est parce que ce sont des souvenirs… » Elle l'a dit. Ce n'était pas qu'un rêve. J'ai eu un souvenir, même deux. Je commence à me souvenir. J'y crois. J'ai presque un sourire sur le visage. Ce n'est peut-être rien. Et ce n'est peut-être pas le premier souvenir que j'aurais du récupérer et pourtant, j'ai l'impression de retrouver un peu de mon identité. « Je ne voulais pas d’enfant et oui, j’aurais voulu avorter. » Je reste muet. Je suis sous le choc. Ce sont des souvenirs. Je me souviens. C'est à peine si je réalise ce qu'elle m'avoue. Elle n'en voulait pas, ça y est, c'est dit. Mais au fond, je le savais déjà. « J’étais morte de trouille à l’idée de ne pas réussir à être mère, à ce que mon enfant me déteste et de toute évidence… j’avais raison d’avoir la trouille. ». Je la laisse poursuivre. « Mais… je ne voulais pas faire les choses sans toi et toi, tu ne voulais pas. Je n’ai pas avorté parce que… je t’aime. » Mon coeur bat un peu plus fort lorsque j'entends ces quelques mots. Elle ne l'a pas fait pour moi et uniquement pour moi. Mais... « Je le sais. »

« Enfin, j’imagine que rien de tout ceci n’a réellement d’importance… si tu veux la garde des filles, tu l’auras. De toute façon, je suis incapable de m’occuper d’elles… » Pas d'importance ? Je la regarde interloqué. Elle, elle a ce petit sourire triste que je ne saurais interpréter. Je m'approche d'elle et je prends sa main. Je l'attire vers moi et je marche en direction de la petite pièce où sont nos filles. Je pousse la porte. Quelque chose me dit que nous n'avons pas le droit d'être là, j'en suis même persuadé. Je lâche la main de Kai, juste pour quelques minutes. Je me penche vers l'une des petites Gautier-Pérez-Bonistaw. Et je la prends dans mes bras. Je la regarde intensément. Je profite de cet instant. Je regarde ensuite Kai, ma Kai. « En parlant de souvenirs... On ne s'était pas promis de s'aimer pour toujours ? » Je dépose un baiser sur sa joue et je lui tends sa petite fille, en espérant qu'elle la prendra dans ses bras.
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MessageSujet: Re: On oublie jamais l'essentiel. (kai)   On oublie jamais l'essentiel. (kai) EmptySam 22 Fév - 18:46

« Nous avons tous des moments de profond désespoir, mais lorsque l’on décide d’affronter le problème, on en ressort plus fort.»

Fernando commençait à se souvenir, il se souvenait de ce qui l’avait sans doute le plus blesser : le refus de la part de Kai d’avoir des enfants. Il ne se souvenait probablement pas de leur amour, de leur rencontre, de leurs moments de bonheur et au fond, elle comprenait elle aussi peinait à s’en souvenir depuis que cet enfer constant avait envahi chacun de ses jours, chacune de ses nuits. Enfin, elle lui expliqua tout de même que si les filles étaient là c’était uniquement parce qu’elle l’aimait. « Je le sais. ». Il savait quoi ? Son amour pour lui ou les raisons qui faisaient qu’elle ne voulait pas d’enfants ? Elle n’en savait rien mais elle avait si peur de la réponse qu’elle ne posa même pas la question.

Enfin comme elle venait de le dire, ça n’avait pas d’importance. Le passé tait ce qu’il était le fait est qu’aujourd’hui Fernando n’était plus même, il n’avait pas ses souvenirs et ce n’était pas étonnant qu’il envisage sa vie sans elle, c’était même tout ce qu’il y avait de plus naturel. Oui, c’était ce que Kai essaye de se dire, elle essayait de s’en convaincre alors que précisément, cette histoire la rendait dingue. Elle avait envie d’hurler et d’en finir.

Pourtant, son fiancé s’approcha d’elle et sans un mot attrapa sa main pour l’attirer vers lui. Le cœur de Kai loupa douloureusement un battement, le moindre petit contact avec Fernando lui semblait bien plus intense qu’avant, c’était à la fois magique et terriblement douloureux. Fernando les entraîna dans la pièce où se trouvait leurs filles, ils n’avaient absolument pas le droit d’être ici mais Kai n’avait pas le cœur à stopper le jeune homme, lui, il avait besoin de ses filles. Il lâcha d’ailleurs la main de Kai pour prendre l’une des jumelles dans ses bras, la rouquine retient une larme devant la scène, il méritait vraiment ce bonheur même si elle devait se résoudre à l’idée que ce soit sans elle. « En parlant de souvenirs... On ne s'était pas promis de s'aimer pour toujours ? ».  Oh si, ils se l’étaient promis mais que pouvaient-ils faire contre les évènements, tout était mis en œuvre pour que ça n’arrive pas. « On se l’était promis oui mais on n’avait pas prévu que toi aussi tu sois amnésique… j’imagine que ça change beaucoup de choses. ». Elle n’allait pas le forcer à l’aimer, de toute façon elle ne pouvait pas.

Le brunet embrassa la joue de sa fille avant de tendre les bras vers Kai pour qu’elle prenne la petite. Elle fit un pas en arrière, les larmes inondant instantanément ses joues. « Je ne peux pas… j’y arriverai pas… ». Elle ne savait pas pourquoi elle ressentait ce sentiment atroce mais elle avait peur de briser ses filles si elle venait  à les toucher. Elle n’arrivait pas à passer outre même en se disant que c’était complètement irrationnel, elle était tétanisée avec la peur de mal faire.

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MessageSujet: Re: On oublie jamais l'essentiel. (kai)   On oublie jamais l'essentiel. (kai) EmptyJeu 13 Mar - 20:42


Elle gigote entre mes bras. Ses yeux sont grands ouverts. Ils sont de la couleur de ceux de sa mère. J'en suis sûr, elle sera belle comme Kai. Elles seront toutes les deux magnifiques, exactement comme leur maman. Je la berce doucement et je la quitte des yeux, pour regarder la jeune rousse. J'ai un tout petit sourire, une petite phrase et je tends le petit bébé à sa mère. Je la lui tends dans l'espoir qu'elle la prenne contre elle, dans ses bras, que l'on forme une famille. Cette famille que de toute évidence nous avions voulu. Ou bien... Que j'avais voulu. « On se l’était promis oui mais on n’avait pas prévu que toi aussi tu sois amnésique… j’imagine que ça change beaucoup de choses. » commence-t-elle par dire.

Puis elle regarde Gabriela et fait un mouvement de recul. Elle pleure. Des larmes se massent sur ses joues. « Je ne peux pas… j’y arriverai pas… » Elle a l'air terrifiée. Oui, aussi étonnant que cela puisse paraître, c'est bien de la peur que je lis sur son visage. Je ne sais comment appréhender la situation. Je ne comprends pas. Qu'est-ce qui peut l'effrayer autant dans un petit bout de chou ? D'abord rendu silencieux par la surprise, je choisis de garder mon calme. « Comment veux-tu que je fasse connaissance avec mon autre fille si tu ne m'aides pas à porter la première ? » je dis d'une voix posée et douce. Je fais un pas vers elle et je dépose un tendre baiser sur sa joue. La proximité d'avec elle me donne des frissons. « Et puis, pourquoi est-ce que ça change beaucoup de choses mon... mon amnésie ?»

Je ressens des choses pour cette femme. De vraies choses. J'en suis certain, aussi certain que je le suis que mon coeur bat, que je suis en vie. Je le sais, parce que quand je la regarde je respire plus fort, mon coeur bat plus vite et je sens une boule se former dans mon ventre. Quand je sens sa peau contre la mienne, les quelques fois où j'ai eu la chance de l'embrasser, j'ai ressenti un bien être si grand, si intense. Je suis persuadé que personne d'autre ne pourrait me le faire ressentir. Je ne regarde personne comme je la regarde. Non, l'oubli ne change rien. « Les souvenirs ne font pas les sentiments Kai. »
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On oublie jamais l'essentiel. (kai)

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