Bad day. Rose-Elyon se leva déprimée, et seule dans le loft, en plus de cela. Alex était parti couvrir un évènement pour le journal où il travaillait, laissant sa colocataire sans compagnie. Bien sur, elle voyait des amis, mais elle s’était habituée à se réveiller avec les odeurs de café et de pain grillé, ainsi cela lui faisait toujours bizarre lorsque le jeune homme s’absentait. Enfin. Elle enfila sa robe de chambre blanche, anti-sex à mort mais tout à fait confortable. En effet, assez longue, elle descendait jusqu’en dessous des genoux et était faite dans un tissus assez spécial, semblable à de la laine fine. Elle se rendit dans sa cuisine et prépara du café. Elle nota une fois de plus qu’il faudrait qu’elle pense à changer cette foutue cafetière, vieille de plusieurs années et qui faisait aujourd’hui plus de bruit que cinq cocottes minutes réunies. Elle songea à Victoria, se demanda si elle était sortie de ses problèmes de drogue. Plusieurs fois, Rose avait pensé appeler ses parents pour leur demander des nouvelles. Eux, elle se fichait bien de savoir comment ils allaient. Ils l’avaient détruite, avaient briser son cœur. Mais pour sa sœur, c’était une autre histoire. Elle était inquiète et énervée contre elle à la fois. Bien sur elle aurait pu revenir à New-York le temps d’une journée, observer son double, parler avec, se raconter les derniers ragots, voir par elle-même comment elle se sentait. Mais elle ne pouvait s’y résoudra. D’abord, retourner dans sa ville natale constituait une épreuve redoutable pour elle, trop dur à supporter. Ensuite, elle était partagé entre amour et haine vis-à-vis de Victoria. Elles avaient passé leur enfance ensemble, à faire les quatre cent coups, à tout se raconter, et surtout ne jamais se laisser tomber. Et c’est pourtant exactement ce que Vic avait fait lorsque Rose était tombée enceinte. Trop perchée dans son monde, elle n’avait même pas su être présente pour sa moitié. Rancunière comme personne, Rose avait du mal à lui pardonner cela. La perte de son bébé avait été l’épreuve la plus dure qu’elle ait à surmonter de toute sa courte vie. Et elle se demandait parfois s’il y avait pire comme douleur que les regrets. Parfois ça faisait tellement mal que le tout devenait physique. La colère et la tristesse s’amplifiaient tellement, à certains moments, que ça en devenait viscéral. Et le dégoût de soi n’en était que plus présent.

Chassant ces souvenirs abjectes de son esprit, Rose décida d’aller prendre un bain chaud et d’y rester jusqu’à ce qu’elle soit toute fripée, pour se détendre. Penser à tout ceci dès le matin ne vous mettait pas franchement en conditions pour passer une bonne journée. Elle aurait eu besoin d’Alex. Mais lorsqu’il n’était pas là et qu’elle avait besoin de passer un bon moment, qui était là ? Barbie ! Non, pas la poupée amoureuse de son Ken, mais Barbara Callahan. Les deux jeunes femmes, ayant vécu aux mêmes endroits, fréquentés le même genre de personne, fuit le même style de vie se comprenaient comme personne. Elles se remémoraient les bons moments passé à New-York, ne parlant presque jamais des mauvais. Rose ne lui avait confié que très récemment qu’elle était tombée enceinte très tôt, à la honte de ses parents. Barbara était une personne sur qui on pouvait compter, que ce soit pour parler ou pour s’amuser. Et justement, elle avait besoin de s’amuser.

Sortant du bain, Rose choisit dans son dressing un t-shirt noir à manches longues et un jean slim de la même couleur. Elle s’attacha les cheveux rapidement, sans prendre le temps de dompter les mèches folles. Pour finir, elle attrapa son sac, mit ses bottines, et se rendit au domicile de miss Callahan. Sans même prendre le temps de la prévenir. Elle jeta un coup d’œil à sa montre : dix heures et demie. La petite brune allait faire une crise, c’était certain. Mais elle ne refuserait sans doute pas de prêter une oreille attentive à son amie, à moins qu’elle ne soit occupée avec Niallàn, allez savoir ! Cette éventualité ne découragea pas Rose, la fit même sourire, et elle continua de marcher. Arrivée devant l’immeuble de Barbara, elle actionna l’interphone. « Allô Barbie, ici Rosie. Ouvre tout d’suite ! »

Je me levais d'un bond quand mon réveil sonna à huit heure du matin. Je n'étais pas de ces personnes qui l'éteignent en grognant pour se rendormir quelques minutes après. Non, le matin j'étais toujours fraîche, reposée et pleine d'énergie. Tellement que oui, je me levais tous les jours vers six heures (sauf le dimanche ou je m'offrais un peu de répit en me levant à huit heures) afin d'avoir le temps de faire mon petit jogging quotidien. J'avais pris cette habitude à New York, alors que ma carrière de mannequin m'exigeait de rester mince. Je n'étais pas de celle qui, pour arriver à garder la ligne, restaient des journées entière le ventre creux et qui parfois ne mangeaient que la moitié d'une pomme en vingt-quatre heures. Je préférais manger bien, équilibré et faire du sport plutôt que de devenir comme ces pathétiques anorexiques. Bien que j'avais déserté le monde de la mode et pouvais devenir obèse sans que personne ne soit mécontent, j'avais ramené mes habitudes à Arrowsic. J'aimais sortir au petit matin dans le froid mordant, j'aimais revenir chez moi en sueur et les joues rosies par le vent, j'aimais sentir l'air marin. Rester enfermée chez moi, c'était hors de question.

Je me levais donc, fraîche et en pleine forme et me dirigeais vers ma chaine hifi avant de l’allumer, montant le volume. Plusieurs fois les voisins s'étaient plaints du bruit matinal que je faisais, mais j'en avais sincèrement rien à foutre. C'étaient des vieux emmerdeurs qui ne faisaient que de gueuler, j'allais pas abandonner des habitudes vieilles de quatre ans rien que pour eux ! Ils n'avaient qu'à mieux isoler. Bref, chantant sur la musique entraînante, je me dirigeais vers ma salle de bain afin de me débarbouiller un peu. La douche serait pour après mon jogging, quand j'aurais bien transpiré. Je m'humidifiait le visage avant d'enfiler ma tenue de sport. Certes, je n'allais que faire un jogging, mais même pour cela, le maquillage était nécessaire. J'étais restée très coquette et ne sortais jamais si une seule mèche de mes cheveux n'était pas à sa place ou si je n'avais pas un minimum de maquillage. Retournant dans ma cuisine, je me préparais un smoothie avec des fruits frais, faisant quelques étirements pendant que le mixeur tournait.

La routine habituelle, quoi... sauf que cette routine allait être bouleversée, ce jour ci. Mon interphone sonna, et je me dirigeais en trottinant vers le combinait. Toujours en trottinant sur place, je le portais à mon oreille. « Allô Barbie, ici Rosie. Ouvre tout d’suite ! » Je fus surprise en entendant la voix de mon amie Ros-Elyon. J'aimais beaucoup la jeune femme. Nous nous ressemblions tellement, toutes les deux. Elle avait également fuit New York et son agitation incessante, et surtout, je l'avais appris il y avait peu, elle était tombée enceinte très jeune, et avait avorté. Elle m'avait appris ce point sur elle, mais moi j'avais été incapable de lui avouer que j'avais vécu la même chose. Mon avortement restait une période très douloureuse pour moi, et je n'avais pas eu la force de confier cela à Rose. Je m'en sentais d'ailleurs un peu coupable... elle avait eu le courage de tout me confier, mais je n'avais pas été capable de faire de même.

« Oh, Rosie, qu'est ce que tu fais là ? Alors, c'est que t'as froid dehors ? J'ai bien envie de te faire mariner un peu, tiens ! Bon aller, monte, poulette. » J'appuyais sur le bouton ouvrant l'entrée de l’immeuble, avant d'avaler une petite gorgée de mon smoothie et de me planter devant l'entrée de mon appart, attendant Rosie. Lors qu'enfin je vis la belle apparaître dans le couloir, je lui lançais. « T'as de la chance, cinq minutes plus tard et j'étais partie ! » Je m'effaçais afin de la laisser entrer chez moi. « Qu'est ce qui t’emmène ici ? »