Là où les pièces manquantes manqueront à jamais.

ADAMSON, CASSANDRE LOU

NOM Adamson. ۱ PRÉNOM(S) Cassandre, Lou. Follement viril, je sais. ۱ ÂGE 21 ans, presque toutes mes dents. ۱ ORIGINE Semi-anglais . Je suis né et ai vécu à Londres jusqu'à mes 8 ans puis j'suis arrivé aux USA. J'ai donc la double-nationalité américaine et anglaise. Ma mère étant française, je sais parler la langue de Molière mais j'suis une vrai merde en orthographe. ۱ STATUT CIVIL célibataire. Parce que putain, je crois bien être encore insupportablement jeune, inutile de m'enterrer tout de suite. ۱ OCCUPATION écrivain. Ouais, c'est tout de suite un autre univers... Sinon je vais aussi à la fac de droit. De temps en temps. ۱ GROUPE filthy youth.. ۱ AVATAR Mathias Lauridsen. ۱ CREDITS Puppies*Queen.

chapter I - spring.

(10 ans.) « Hey, tu crois qu'il est mort? » « Qu'est-ce que j'en sais moi? Il bouge plus. » Jy' me fixe, n'ayant pas l'air convaincue. « C'est qu'un chat. » Elle touche le cadavre du bout des doigts, comme si il allait soudain s'éveiller et lui sauter à la gorge. Mais le chat ne s'éveille pas. « Il est mort. » « J'te l'avais dit. » « Ouais, il est mort. Comme toi. » J'lève les yeux au ciel, croquant un bout de ma sucette. Elle est cool ma sucette, c'en est une avec plein de couleurs, un genre de machin en forme de spirale. Jy' aussi en a croqué un bout tout à l'heure. Elle a la langue toute bleu. Comme les pendus qu'on voit des fois à la télé. « C'est pas drôle. Tu crois que j'ai envie d'y aller à New-York? Maman dit que ça va être super. C'est des conneries. Moi j'veux pas. » J'veux rester avec toi. Mais ces mots là ne sortent pas. Si j'lui dit, elle va croire que ça fait partie du jeu, mais c'est pas le cas. J'le pense vraiment, quoi... Des fois pour le jeu, faut que je mente, mais pas là. C'est vrai. « T'es bête, tout le monde sait que New-York, c'est génial. T'es bizarre de pas vouloir y aller. Moi, si j'pouvais y aller ben j'irais. » « Même si tu devais m'abandonner? » J'croque une nouvelle fois. Peut-être que moi aussi, j'finirais par avoir la langue bleu. « Ouais, même si je devais t'abandonner. J't'enverrais des cartes postales avec, dedans, tout ce que j'ai fait pendant la semaine. » « C'est nul. » Moi j'en veux pas de ses cartes postales. Elle est débile, c'est quand même mieux d'avoir un vrai copain plutôt qu'un bout de carton. Puis c'est chiant d'écrire. « Mais j't'écrirais peut-être. » « T'as intérêt... On va peut-être plus se revoir du tout. » Je hausse les épaules, comme si ça m'indifférait. Jy', c'est ma meilleure copine, j'peux pas m'imaginer ce que ce serait sans elle. Ce que ça va être. J'finis la sucette, jette le bâton par terre. « Si t'es sage. Bon... on y va? Faut que j'te montre le chien du voisin. C'est un monstre. Un vrai, comme dans Jurassic Park, sauf qu'il a des poils quoi. » Elle pouffe et descend du muret, m'attrapant la main, déposant un bisou sur ma joue. « On lui fera brûler les poils? Pour qu'il ressemble à un vrai monstre? »

Jezabel, elle a toujours les mains froides, les lèvres qui sentent la fraise et des idées géniales.

chapter II - summer.

(18 ans.) Dire qu'on est défoncé serait un putain d'euphémisme. Nous sommes au-delà de ça. On est sortis de nos corps, on crève le mur du son, on va baiser sur la Lune, Mars, Altaïr 483, on revient, on redescend, chute brutale, j'ai mal, j'me sens mal, bordel, du sang plein le nez, de la poudre, de la poudre pour redécoller, on se repaye un tour, regarde moi ça, elle fout quoi? J'vais lui apprendre moi, elle va claquer, mais non, t'es con, elle a juste perdu le sens de l'orientation, nous aussi j'crois bien, on est paumé, paumé dans c'te connerie boueuse que l'on nomme vie, et merde, mate-moi c'te beauté là, son cul, mec, son cul... On la ramène avec sa copine?

J'éclate de rire. C'est une putain d'illumination. Sean a toujours des putains d'illuminations. J'vais m'accouder au bar, me collant presque contre l'inconnue, un sourire de désaxé plaqué sur les lèvres. « Mademoiselle? » Elle se retourne. Me fixe un instant d'un air hautain. J'ai l'impression qu'une éternité ne s'écoule avant qu'elle ne me parle. Une éternité qui dure une seconde torturée. « Oui? » « Je... » J'veux te prendre sur le comptoir, le plancher, dans les chiottes, j'aime tes lèvres, tes mains, tes ongles non-manucurés, ta blondeur peroxydée, la bretelle de ton soutif qui dépasse, ton déhanché de pétasse, t'as de jolies dents, t'es belle à en crever, j'creverais pour toi, demande-le moi, tu m'aimes? « Je... » Nouvel éclat de rire, j'sais plus où j'en suis, c'que je disais, c'que je dois dire. Sean me fait des grands signes, bordel, rappelle-toi, ça devait être important. Sa putain d'illumination. C'est ça. « Ouais... Mon pote et moi on se demandait si t'étais libre pour un petit after chez lui... Ta copine est invitée aussi. Ça peut être cool. Putain, non, ça va être cool, on est sympa, un peu tarés, complètement défoncés... » Un regard. Une claque mentale. Ses yeux, ses yeux putain. Ils me disent qu'elle veut me dévorer. Et j'suis tout à fait prêt à l'accepter.

[…] Dieu bénisse le mec qui a eu l'idée des décapotables, des Aston Martin rouges, des mini-jupes, du champagne, du vent, de la sono qui hurle contre nos tympans, de tout ce qui plait aux blondes, aux blondes qui n'ont pas l'air connes et qui sont plus que baisables. Elle me hurle un truc mais j'comprend rien, bordel, il doit bien rouler à 190km/h, on quitte Manhattan, le pont de Brooklyn est désert, on s'croirait dans un film, va y'avoir une catastrophe, embrasse-moi, embrasse-moi avant que l'on ne crève, terrassés par un poulpe monstrueux, un requin mangeur d'homme ou une pieuvre géante sortie de l'Hudson. Ma langue dans ta bouche, tes dents qui la mordent, ton tee-shirt qui s'envole, tes hurlements dans la nuit, t'as les yeux d'une fille que j'connaissais, avant, t'es belle. Regarde ces immeubles défiler, ils vont s'envoler. Nous aussi on s'envole, ta main dans la mienne, viens, on va hurler un peu plus fort, faut que ça sorte, on gueule, comme des malades, comme des dégénérés. Et ça nous plait.

[…] Brusque arrêt, on est arrivé. J'te prend dans mes bras, chancelle, embrasse ton nez poudré, monte les escaliers, gueule parce que c'est l'autre con qu'a les clés. Mais toi tu t'en fous de tout ça, ma ceinture est d'jà plus là, tes mains se glissent là où il ne faut pas, bordel, t'es qu'une putain mais comment ne pas aimer ça? J'veux un truc violent, brut, animal, bandant, barbare, un truc dont on se souvienne, toi et moi. Un truc qui ne s'oublie pas.

Jezabel, elle me me dit toujours son nom quand il faut pas, par un matin brumeux, là où j'aurais simplement voulu qu'elle s'appelle Brooke, Automn, Sasha ou Josette. Elle n'avait pas le droit de s’appeler comme ça. Elle n'avait pas le droit d'être elle. Elle n'avait pas le droit d'être la pute que j'avais ramassé dans une boite miteuse, d'être la seule que je n'avais pas envie de changer avec les draps, la première fille que j'avais aimé, l'unique, celle que j'avais déjà tenté d'oublier. Non, on avait pas le droit de se retrouver comme ça, pas ici, pas maintenant. Parce que toute cette putain de nuit, c'était le début de la fin. Mais ça, je ne le savais pas encore.

chapter III - the fall.

(20ans.) « … une neuropathie optique de Leber. » « Je vous demande pardon? » J'ai l'impression qu'un bus m'a roulé sur la gueule. Tout ce dont je rêve, c'est d’enlever mes putains de RayBan - qui me permettent de ne pas avoir le cerveau réduit en bouillie -, de retrouver mon lit, mes draps, de m'y rouler dedans et de dormir. Elle m'a quitté, bordel, Jy' m'a quitté. Elle a osé. Moi. Moi qui l'ai sauvé de tout ça, de toute la merde dans laquelle elle s'était fourrée. J'ai tout fait pour elle. Un tas de trucs tarés, parce que l'impératrice le voulait. Ouais, tout. Et tu verras, Cass', tu verras qu'un jour les chiens que tu as nourris partiront, car personne n'aime avoir de maitre. Connerie. Elle n'était pas ma chienne. Juste une salope en fait.

J'serre les mâchoires, n'écoutant pas un mot de ce que l'autre abruti me raconte. Qu'est-ce que j'en ai à foutre après tout? Elle m'a quitté. C'est la seule information qui parvient jusqu'à mes neurones, que mes synapses veulent bien transmettre, que mon hémisphère gauche veut bien analyser. « Monsieur Adamson? » Grognement, je tente de faire un effort d'attention. « Excusez-moi, je... » « Monsieur Adamson, je suis en train de vous expliquer que vous allez devenir aveugle. » Une seconde s'envole, puis une autre et encore une autre.. Et je ris. « C'est une blague? J'ai juste quelque problèmes de vision de temps en temps, mais tout va bien après mes crises. » « Je viens de vous le dire, la neuropathie optique de Leber est une maladie génétique rare, qui vous rend progressivement aveugle. Il n'existe aucun traitement connu à ce jour. » C'est quoi ces conneries encore? J'veux dire, y'a que le cancer qu'on peut pas soigner. Et le SIDA. Mais bordel, les maladies génétiques, ils ne sont pas censés avoir fait des progrès dans le domaine? Il me prend pour un con? J'suis le mec avec qui il veut s'amuser aujourd'hui? C'est quoi, un petit jeu malsain entre toubibs, le truc le plus gros que vous allez faire avaler à votre patient le plus débile? "Ah, j'te jure, t'aurais vu sa tête, le mec flippait grave... Il m'a cru, jsuqu'au bout, il m'a cru..." « Il existe un suivit des malades cependant. Votre maladie semble évoluer lentement mais si vous continuez à mener votre vie comme vous le faites actuellement, dans un an ou deux, vous devrez apprendre le braille. Les boites de nuits ne sont pas conseillées dans votre cas. » Les boites de nuits ne sont pas conseillées dans votre cas. Une suffisance de vieux garçon se dégage de sa petite phrase, qui semble en apparence anodine. J'sens bien que ça le fait bander de me dire ça. Il a du passer toute sa vie derrière des putains de livres, fantasmant sur les écorchés, les coupes du sexe féminin, se branlant sur les vues du corps humains. Et aujourd'hui il pouvait prendre sa revenche sur un petit con, celui qu'il n'avait jamais osé être. Mais tout ça ne change rien. Elle m'a largué. Et j'suis un futur aveugle.

ONE YEAR LATER

J'compte mes valises. Tout mon bordel est soigneusement empaqueté, mon loft new-yorkais déserté. Je n'ai aucune envie de partir. Aucune envie de retourner à Arrowsic. Le trou du cul du monde, perdu au fin fond du Maine. J'ai plus d'appart, plus de thune, plus rien sans le chèque mensuel de Daddy. J'survivrais jamais, même avec l'héritage, même avec mon petit succès littéraire. No choice. Ma mère veut que je reprenne mes études de droit. J'ai sorti mon premier bouquin y'a un an, j'm'en suis pas mal tiré, le NY Post m'a même réservé un petit article, plutôt flatteur d'ailleurs. La journaliste aimait bien ma gueule d'ange apparement. Mais tout ça n'a pas l'air de la rassurer. Alors je reprend mes études, à Arrowsic. Un nid grouillant de souvenirs putréfiés. De souvenirs d'elle. Au final, on finit toujours par revenir les endroits que l'on a fuit. C'est ainsi.

M'allumant une clope, je regarde une dernière fois ma semi-vue sur Central Park, cette vue hors-de-prix, achetée par mon cher géniteur. Il voulait peut-être se faire pardonner d'avoir gâché mon enfance, d'avoir abandonné ma mère et de m'avoir arraché à elle. C'était lui qui avait la plus grosse carte bleue. C'était lui qui n'était pas alcoolique. Et pourtant, c'est lui qu'on enterre demain. À Arrowsic. Je suis son cadavre dans le royaume des morts parce que je le suis tout autant que lui. Ouais, je reviens au pays. Quelle ironie.

Et Jezabel, je l'ai toujours aimé. Même si elle s'en foutait.

PSEUDO OU PRÉNOM FUNNY VALENTINE. ۱ ÂGE L'âge de me souler légalement. ۱ COMMENT AS-TU OUVERT LA PORTE DE THUB ? Bazzart, si mes souvenirs sont bons. ۱ TU LA TROUVES COMMENT LA DÉCORATION CHEZ NOUS ? amaaazing . ۱ PARLE MAINTENANT OU TAIS-TOI À JAMAIS Vous offrez des carambars aux nouveaux? . ۱