you turned out to be
the best thing I never had.

En se réveillant ce matin, Guadalupe sentit que quelque chose n'allait pas. Quelque chose de différent que sa vie entière.

Son fiancé, Brandon Miles, était toujours allongé à côté d'elle, les orteils sortant de la couette et le visage plaqué contre son oreiller comme si sa vie en dépendait. L'apercevoir allongé là ne l'émouvait même plus, c'était même presque l'inverse : il était son premier amoureux et c'était prévu qu'ils finiraient leurs vies ensemble mais parfois, elle se demandait bien pourquoi. Ils se connaissaient depuis toujours, s'étaient embrassés à 7 ans pour la première fois et s'étaient mis en couple à 15. A 17 ans, ils eurent leur première nuit d'amour et à 19, ils emménagèrent ensemble. Ils étaient fiancés depuis 2 ans à présent et Guadalupe avait déjà l'impression d'avoir signé pour l'éternité. L'aimait-elle ? Oui, bien entendu, elle ne savait pas comment faire autrement de toute façon. Il était son souffle et son soleil, son mentor et son modèle. Il était sapeur pompier, de quoi parfaire le tableau : lui, sauvant l'univers, elle, lui concoctant de bonnes tartes sucrées chaque soir. Ils étaient la vitrine de l'Amérique jeune à succès, celle qui se lève tôt et mérite sa paie, celle qui suit les règles et qui se tait. Guadalupe n'avait donc théoriquement aucune raison de se plaindre. Elle n'avait de toute manière pas fait de longues études et ne pouvaient donc guère espérer quoique ce soit de plus que sa condition actuelle – c'était Brandon qui le lui avait affirmé un jour et il n'avait pas tord, après tout. Elle ne demandait pas la lune, et d'ailleurs la petite pâtisserie qu'elle ouvrirait bientôt aller confirmer la modestie de son ambition : elle aurait son propre business certes, mais de manière limitée. Allongée sur le dos, fixant le plafond, la jeune femme eut un sourire, peut-être un peu triste, avant de se lever du lit et de se réciter mentalement la recette de la tarte au lemon curd et chocolat.

Le Maine était tout ce qu'elle connaissait depuis toujours, à contrario de ses parents qui eux avaient parcouru la planète entière de fond en comble avant d'avoir un enfant et de s'installer définitivement. Son prénom lui fut d'ailleurs octroyé dans un élan nostalgique. Une fois seulement eut-elle l'occasion de sortir de l’État pour rejoindre Miami et assister au mariage d'une amie qui avait suivi son époux dans cette contrée lointaine. Ce séjour fut l'un des plus beaux souvenirs de sa vie : Guadalupe n'avait jamais vu de paysages aussi verdoyants, lumineux et de villes aussi luxueuses. Elle avait eu les yeux brillants en découvrant son amie d'enfance s'épanouir dans ce cadre digne d'un film à gros budget mais Brandon, à son bras, eut tôt fait de la ramener sur terre en lui susurrant à l'oreille des mots doux qui avaient le don de la calmer. Il était fort pour ce genre de choses.

En passant devant la glace de sa salle de bain, Guadalupe remarqua que son visage était marqué par des cernes plus marquées que d'ordinaire. Elle n'avait pas bien dormi et ses traits la trahissaient. Elle haussa les épaules et continua sa route pour prendre sa douche, brûlante, comme d'habitude. Quinze minutes plus tard, la jeune femme ressortit de la salle de bain, une serviette autour de la taille et ses cheveux roux, presque noir à cause de l'humidité, laissaient couler des gouttes d'eau sur le parquet. Elle rejoignit sa chambre où dormait encore Brandon et sortit ses vêtements : une robe vert pastel ferait l'affaire. Elle tira ensuite le tiroir de sa commode pour prendre ses sous-vêtements mais son geste n'alla pas jusqu'au bout. Quelque chose sur sa droite venait d'attirer son attention. Une enveloppe blanche était calée sous un des nombreux bouquins de son fiancé. Trop curieuse pour ne pas chercher à comprendre ce qu'était cette enveloppe, Guadalupe porta un coup d’œil à l'homme derrière elle pour s'assurer qu'il ne s'était pas réveillé. Une fois rassurée, elle attrapa l'enveloppe et l'ouvrit : elle n'était même pas cachetée. Ce qu'elle en ressortit fut une lettre pliée en quatre. Une lettre qui lui était étrangement familière. Perdue, la jeune femme laissait son regard parcourir le papier sans comprendre. Il s'agissait d'une confirmation d'annulation d'achat de propriété. D'une annulation de son propre domaine qu'elle avait acheté un mois plus tôt avec ses économies et l'argent que ses parents avaient mis de côté pour elle depuis sa naissance. Le souffle coupé, elle porta une main contre son ventre comme si elle venait d'être poignardée à cet endroit précis. Le papier tremblait entre ses mains, ses yeux s'embuaient malgré elle. Luttant pour ne pas suffoquer, Guadalupe se tourna vers son lit et ressentit pour la première fois de sa vie de la haine et de la colère à l'égard de celui en qui elle avait toujours eu une entière confiance. Tremblante, elle se dirigea vers lui et tira la couverture qui le couvrait de moitié. Il maugréa sans même ouvrir les yeux mais la jeune femme ne comptait pas s'arrêter là. Elle se mit à le cogner de ses petits poings, d'abord assez faiblement puis de plus en plus fort jusqu'à ce qu'il comprenne à son tour que quelque chose n'allait pas. Beaucoup plus grand et musclé qu'elle, il n'eut pas de mal à arrêter ses coups et ses griffures une fois qu'il fut debout, à moitié nu. La tenant fermement par les poignées, il lui hurlait de se calmer, ne réalisant pas encore la raison de cette soudaine crise. La jeune femme avait serré si fort le papier dans sa main gauche. Sa serviette de bain menaçait à tout moment de tomber à ses chevilles mais elle s'en moquait. Dans un hoquet, elle réussit à articuler quelques mots. « Comment as-tu pu ? » avant de plaquer contre le torse de Brandon la lettre d'annulation. Soudain, il blêmit, comprenant à présent sans avoir à lire le papier. Guadalupe profita de son immobilité pour se défaire de son emprise et passa de l'autre côté du lit pour garder un écart entre lui et elle même si elle n'estimait pas ses coups suffisants. Là, elle lui hurla les pires insanités qu'elle connaissait et qu'elle n'avait jamais osé prononcer devant quiconque jusque là. Il essaya de se défendre, de la rassurer une fois de plus, mais rien n'y fit : il n'avait pas le droit de briser l'unique rêve qu'elle avait, de la trahir de la sorte après tout ce qu'elle avait consentit à sacrifier pour lui. Elle ne voulait entendre aucune excuse parce qu'il n'y en avait aucune qui pouvait justifier un tel geste. Comprenant que c'était maintenant ou jamais, elle retira brusquement l'anneau qui symbolisait leurs fiançailles, n'y posa pas le moindre regard et le laissa tomber sur le parquet. La bague teinta au sol et roula sous le lit. Brandon la fixa, visiblement sous le choc, et à présent démuni de parole, ce qui était très rare chez lui. Il comprit toutefois qu'il était inutile d'insister et deux heures plus tard, il n'y eut plus aucune trace du passage de Guadalupe chez lui.

Alors alors, j'ai eu 22 ans en septembre, je suis passionnée par la littérature en général (écriture comprise) mais également par le web (je fais d'ailleurs mes études et je travaille là-dedans). Je suis une fana de musique, je ne me vois pas passer une journée sans en écouter au moins pendant une heure. J'adore la course à pieds et le basket-ball. Je vis à Paris depuis toujours. Guadalupe est issue de A à Z de mon imaginaire et le prénom vient d'une chanson de l'un de mes groupes préférés. J'aime également beaucoup le cinéma mais tristement, j'ai de moins en moins de temps pour m'y rendre. En semaine, je me rabats donc sur les séries (Community, TVD, Mad Men, Pushing Daisies, Bones ... sont les séries que je regarde en ce moment).
Et sinon, je pense que certains d'entre vous me connaissent, du moins, moi j'en ai reconnu pas mal