nom : Hemingway. Ҩ prénom : Siobhàn, Clélia. Ҩ âge : vingt deux ans. Ҩ origines Britanniques . Ҩ statut civil : célibataire. Ҩ occupation : manger des kumquat, et jouer du piano dans un bar, où elle est accessoirement serveuse . Ҩ avatar : Lara Stone. Ҩ crédits : tumblr.

△C’est marqué noir sur blanc, au grand tournoi du Paradis on ira sûrement même pas sur le banc, j’ai du mal à croire la Bible même si j’aime ses enseignement, la mort c’est la finale, le sommeil c’est l’entrainement, jai peur de la faucheuse, du Roi des ombres, peur de la trotteuse, la vitesse à laquelle passe les secondes, avant de partir on me demandera des comptes, j’prépare la réponse, j’répare mes tuiles avant que le toit ne s’effondre.

Je m’appelle Siobhàn Clélia Hemingway. Ouais comme l’écrivain, même si je n’ai aucune idée d’un quelconque lien de parenté. C’est ma mère qui a choisi mon prénom, mon père le second. Je crois que c’est un prénom irlandais, je ne sais même pas comment lui est venu l’idée. Disons que c’est original. Clélia c’est déjà un peu plus banal. Peut-être trop ? En fait j’aime bien Siobhàn, je n’en ai jamais rencontré, je me sens un tant soit peu unique. Je suis née en Angleterre, à Bristol. Ouais, comme les petites fiches à carreaux. J’y ai vécu jusqu’à mes dix-huit ans. Mais j’ai oublié ces dix-huit premières années de mon existence, elles n’existent plus, ne sont que néant à présent. Je n’y retournerais jamais, je me le suis faire promettre.
Franchement je n’avais pas à me plaindre. Je ne vivais pas dans un palace, j’avais le strict nécessaire, mais je me sentais bien chez moi, ouais j’étais presque heureuse. Presque, parce que ça n’a jamais été mon truc la joie. J’étais pas malheureuse, c’était simplement que la joie c’était pas pour moi, j’étais heureuse, mais à ma façon, sans grand sourire ni pacotille. Certains me prenait pour une folle dépressive, mais nul part il n’est marqué que pour être heureux il fallait sourire. J’aimais pas avoir de grand sourire, point. Mais j’aimais rire, je ne riais pas toujours mais je riais. A l’école j’étais du genre à faire chier le monde, une fois j’avais mis des fourmis dans les cheveux d’une saleté de peste, elle avait rien vu, elle était brune, les fourmis c’étaient parfaitement camouflées. Je sais pas si quand est-ce qu’elle a fini par les découvrir, enfin ça se trouve elles sont simplement tombées toute seule, ou restées là-dedans une éternité. Paix à leurs âmes.
J’avais une mère aimante, un père tout aussi parfait, et une sœur insupportable, une sœur quoi. Je pensais avoir une famille merveilleuse, douce plaisanterie. Petite je ne croyais pas aux monstres, fantômes et compagnie. Pour moi ce n’était que de stupides histoires dans le but de faire taire les plus jeunes. En réalité les monstres existent. Ils ne sont pas gigantesque et au physique irréel. Non, ils sont comme vous et moi, ils nous entourent en permanence, petits êtres embobinables nous restons dans l’ignorance, jusqu’au jour où ils laissent apparaitre leur vraie identité. Un père aimant, une mère aimante, mhh non. Trop simple, trop parfait.

△J’aimerai avoir l’espoir de croire au surnaturel, avoir le confort de m’en remettre à la grâce du ciel, mon grand-père a de l’humidité sur chaque prunelle, parce qu’il connaît la cruauté de faire partie de la race humaine, y’aura pas d’tunnel, pas d’lumière, pas d’rivière, pas d’ange après qu’elle t’emmène, et pourtant elle viendra quand-même.

J’avais dix-huit ans, je vivais mes derniers moments dans la maison familiale, je voulais prendre mon indépendance, parce qu’au fond cette vie me saoulais, ouais, j’avais besoin de changer d’air. Un soir comme les autre, je lis dans ma chambre, comme souvent car je lis beaucoup, je me mange des livres à longueur de journée, j’écris aussi, parfois j’aimerais écrire mais l’idée ne vient pas, alors je prends je ne sais quelle substance et j’écris des tonnes de pages. Le pire c’est que ça marche, lorsque je me relis un peu plus tard je ne parle pas d’éléphant rose ou de Pokémon surgissant d’un buisson. Ma vie se résume à ça. J’écris, je fume, je sors, je bois, j’me drogue. Je joue également du piano, depuis toute petite. Bref, un soir habituel, mon père entre, il veut me parler. Il s’assoit sur mon lit, tapote une place à côté. J’sais pas si il veut encore me faire la morale, mais ça marche pas avec moi, quitte à m’engueuler j’en ai rien à foutre. Il commence à me baratiner je ne sais quoi, je n’écoute pas, je sens sa main glisser sur ma cuisse, je ne fais pas intention, il a toujours fait ça, même si ça me parait un peu bizarre. Je finis par lui prêter attention. Ses mains glissent dangereusement vers ma poitrine, j’essaie de le repousser mais je n’y arrive pas. Il met une main contre mes lèvres, afin d’atténuer mes cris. A quoi bon, ma mère et ma sœur sont de sortis. Il s’allonge sur moi, je commence à paniquer, lui a un sourire figé sur le visage. Je ne peux rien faire, je suis prise au piège. Comment un père peut violer sa propre fille ? Les pires monstres sont souvent les personnes les plus proches, elles attendent le bon moment pour surgir et vous anéantir.
Cette même nuit je m’enfuyais de chez moi, avec seulement le peu d’affaires que j’avais réussi à prendre dans mon sac. Je ne savais pas où aller, chez une amie, dans un hôtel, une autre ville ? Non, je n’avais plus toute ma tête à ce moment-là, j’ai donc pris le premier vol disponible pour les Etats-Unis. Oui, c’était une décision extrême, mais je ne pouvais pas faire autrement, je voulais être le plus loin possible de cet homme. Ce n’était plus mon père, ce n’était plus rien. J’aurais dû le voir, j’aurais dû trouver ses caresses, ses gentillesses bien trop poussées et nombreuses, depuis toute petite, il n’avait fait que préparer ça, aucuns de ses gestes n’étaient innocent. J’étais partagée entre la haine et la honte, la rage et les pleurs. Après de nombreuses heures de voyage j’arrivais à Portland. J’ai finis en stop, sans prêter attention aux différents conducteurs, lorsque la fatigue me gagna, je me trouvais à Arrowsic.
Depuis mon arrivé je n’ai jamais quitté cette petite ville tranquille, je m’y sens bien. J’ai réussi à ramener ma sœur avec moi, ne pouvant la laisser avec cet ignoble père. J’appelle de temps en temps ma mère, qui vit à présent seule à Londres. Je n’ai rien oublié, je fais souvent des cauchemars lorsque j’arrive à dormir, mais j’ai tourné la page disons. Personne n’est au courant, je n’ai pas besoin de la pitié des gens. Certains survivent plusieurs semaines sous la neige, d’autres la main coincé sous une roche au fond d’un ravin, alors pourquoi je ne pourrais pas simplement vivre, comme rien ne c’était passé ? J’suis pas dépressive, j’suis pas bonne à foutre à l’asile, j’ai une vie des plus normales. J’écris, je fume, je sors, je bois, j’me drogue, et puis je joue du piano. Ouais rien n’a changé, le temps à simplement continué son chemin.