Dans ma chambre, le volume était au maximum. J'avais fini tous mes devoirs. Je n'avais pas entraînement. Mattia en revanche avait entraînement. Je ne parlais plus à Ashton. Et... en clair, je ne savais pas quoi tourner. Je prenais un livre. L'abandonner. J'allais sur mon ordinateur. L'éteignait. Je reprenais mon livre... c'était un cercle vicieux. Et bordel je détestais avoir la sensation de perdre mon temps. Vu toutes les fois où j'en avais manqué ça me semblait paradoxal. Et énervant, surtout énervant. Le bruit creux du bois de la porte se fit entendre. Ma mère entra sans même que je lui demande. Je baissais le son. Tenir une conversation avec un tel volume ? C'était mission impossible. Ou alors, il fallait hurler. « Ella, tu pourrais m'aider un peu non ? » L'aider ? Lessive et toutes ces conneries-là ? J'avais horreur de ça. Autant l'aider pour la cuisine, ou faire les courses, pas de problèmes. En revanche, tout ce qui concernait le linge j'en avais une sainte horreur. Rien que de la voir avec sa cuvette pleine, j'avais des frissons partout. Bon d'accord, j'exagérais. Mais, je préférais qu'elle me demande de faire des cookies. « Bah j'allais sortir. » Je me levais de mon lit, posait mon livre. J'allais sortir maintenant qu'elle était venue dans ma chambre. Je voulais échapper aux corvées. Oui, j'étais comme toutes les adolescentes. Ingrates et feignantes quand il s'agissait des tâches ménagères. Non mais, je n'avais pas envie. « Tu vas où ? » Eu... je ne savais pas encore. « Au parc. » Ah ouais ? Au parc. Bon bah je venais de me l'apprendre à moi-même. Si elle me demandait avec qui j'étais morte. Parce que je n'allais voir absolument personne. C'est pour cette raison que je sortais rapidement dans ma chambre.

Les converse aux pieds. Emmitouflée dans ma veste, je me dirigeais vers le parc. Qu’est-ce que j’allais pouvoir faire ? Les journées comme ça, j’avais envie de les réduire à néant. Quelle idiote de m’être autant avancée dans mes devoirs. Je ne pouvais pas faire comme tout le monde ? Tout faire à la dernière minute ? Non parce que si je faisais ça, ma mère ne m’autoriserait plus à nager. Le contrat était suffisamment clair. Enfin du coup je me faisais chier là. Je mettais mes écouteurs dans les oreilles. Un peu de musique et d’air frai. Ça me calmerait sûrement. Même si l’ennui n’était pas vraiment ma tasse thé.

Une fois au parc, je regardais autour de moi. Il était totalement désert. Ou presque. Un jeune homme était assis sur une table un peu plus loin. Cigarette à la bouche. Il me disait quelque chose. Je plissais légèrement les yeux. Comme si ça pouvait m'aider à mieux percevoir les traits de son visage. Je m'approchais légèrement, d'un pas hésitant. En fait, je croyais l'avoir reconnu. Mais, je n'étais certaine de ça.

Et pourtant, plus je m'avançais, plus j'en étais certaine. Il s'agissait de Lennox. Le mystérieux Lennox. Pourquoi j'avais commencé à m'intéresser à lui ? À lui poser mille questions ? Je n'en avais pas la moindre idée. Depuis combien de temps ça durait ? Longtemps. Et il n'en avait que faire. Il ne nourrissait pas ma curiosité. En fait je savais même plus si c'était vraiment de la curiosité. J'avais envie de le connaître. De le comprendre. Je ne savais pas pourquoi mais, j'en avais envie. Je me postais devant lui. « Tu sais que tu ne devrais pas fumer ? » Oui, je risquais de l'énerver dès le premier mot. Peu importe. C'était dit. Je restais devant lui sans savoir si je devais reprendre la parole ou non. Je savais très bien que s'il ne parlait pas je le ferais. Mais j'espérais qu'il réponde. Bien que ça ne risquait pas d'être très sympathique.