Ca y est, il est prêt. C'est le grand jour. Je viens tout juste d'avoir le feu vert du docteur Cohen. Lleyton est prêt à sortir de l'unité des prématurés. Il peut rejoindre sa mère, enfin. La rencontre, officiellement du moins. Parce que je sais, enfin je me doute qu'Ella a réussi à le voir, par je ne sais quel moyen. Je ne pose pas de question, je sais de toute façon. Elle est plus zen, plus tranquille, elle demande moins à voir des photos. Je la connais ma petite blonde, je la connais. Mais bref, je sais que là, c'est différent. Elle aura le berceau de son bébé, à côté de son lit, elle pourra le garder, le porter, lui donner son premier bain. Certes, il n'est largement pas prêt de sortir de l'hôpital pour le moment. Mais il a besoin de beaucoup moins de soin, il peut se débrouiller plutôt bien sans être constament branché à une machine. Et ça, c'est un énorme progrès.

Je suis heureux, j'ai le sourire aux lèvres. Je suis ravi d'avoir l'occasion de lui apporter moi même la bonne nouvelle. Et son bébé. Son enfant, Lleyton. Le beau Lleyton, le plus beau des petits garçons. Je m'assure une dernière fois que tout est en ordre. Je pense qu'Ella me tuerait si je lui amenais son fils alors qu'il n'est pas complètement prêt et qu'un problème se produit. Donc vaut mieux vérifier à deux fois avant d'y aller. Il va bien. Il est réveillé. Il est content, j'en sais sûr. Trop jeune pour sourire, mais je sens déjà une certaine forme de joie s'afficher sur son visage. « Alors, on va voir maman ? » Je le sors de sa petite cage en plastique après avoir débranché deux trois tubes. Je le garde dans mes bras quelques secondes et je l'observe. Il est si petit, si fragile. Il vient tout juste d'arriver dans ce monde qu'il ne connait pas encore, qu'il n'a pas encore eu la chance d'explorer. Il transpire d'un magnifique naïveté. Ce n'est en rien péjoratif. C'est beau.

Je le place dans son nouveau petit berceau. Je le borde, il commence à faire froid et il faut se méfier de tout avec les prématurés: des coups de froid au plus petites bactéries. Et Lleyton, j'en prends soin comme si c'était mon propre fils. Parce que je le lui dois, et je le dois à Ella aussi. Je leur ai fait une promesse à tous les deux: qu'ils vivront heureux ensemble. Et je compte y veiller chaque jour. Je pousse le petit berceau avec un grand sourire aux lèvres, en direction de la chambre de la jeune maman. Ca fait quelques jours que je n'ai pas passé un réel moment avec elle, donc là, l'occasion est parfaite.

On y est. C'est sa chambre. « Prêt, bonhomme ? » Je pousse la porte. J'entre d'abord, tirant le berceau derrière moi. J'observe Ella tout du long, et je vois son expression se transformer. Elle réalise. Ca y est, il est là. « Ella, je te présente ton fils. Enfin, officiellement. » Je lui fais un clin d'oeil. Je n'ai même pas le temps d'apporter le berceau prêt d'elle que déjà, elle est là, debout, face à son fils.

Lleyton et Ella, enfin réunis. Today is the big day. J'avais besoin de le faire, besoin de le lui amener, besoin de partager un moment à trois. J'avais besoin de la voir sourire, de lui offrir enfin la possibilité d'être pleinement une maman. Ella, maman, je n'arrive toujours pas à y croire. Et puis, maman d'un si beau petit garçon, ce petit bout de chou auquel je me suis déjà terriblement attaché.

À peine la porte franchie, Ella fonce sur nous, visiblement pressée de rencontrer officiellement son fils. Et je la comprends, ça fait des jours qu'ils sont séparés, des jours que Lleyton se bat pour son indépendance et qu'Ella essaye d'aller mieux. Ca n'a pas été facile, mais après tant d'effort, les voilà enfin réunis. Après avoir contemplé son fils pendant de longues minutes avec des yeux remplis d'amour, le regard de la jeune blonde se reporte sur moi. « Fernando… je voulais m’excuser pour tout ça… pour tout ce qui s’est passé… je… j’imagine que c’était pas facile pour toi. » Je replonge quelques jours en arrière. Quand on était tous les deux là, dans cette même pièce, assis par terre contre le mur, terriblement fatigués de la vie. Je venais de sauver Lleyton, je venais de le réanimer. J'y croyais à peine, Ella pas du tout. Sur le moment, je n'avais pas réalisé à quel point son état était grave, à quel point elle était dans le déni. C'était douloureux, mais pas autant que le lendemain, quand je suis retourné la voir...

FLASH BACK
« Je veux la voir, LAISSES MOI PASSER Sylvia ! » Je hurle. Ella pourrait m'entendre. Tant pis. « NON, Fernando, ce n'est pas une bonne idée. Retournes auprès du bébé ! » D'abord le docteur Cohen qui me déconseille d'y aller, ensuite Sylvia qui me barre carrément la route. « Mais BON SANG, c'est quoi le problème ? Elle va mal ? Sa santé s'est détérioré, qu'est ce qui se passe ??? » Je commence à paniquer, je commence à vraiment flipper. Qu'est-ce qu'il se passe pour qu'ils m'empêchent tous d'aller la voir ? Qu'est-ce qu'il y a de si horrible à l'intérieur que je ne pourrais pas supporter ? « Sylvia, REPONDS MOI ! » Je fais un scandale en plein milieu de l'hôpital. Mais je m'en fous. J'ai besoin de savoir, c'est ma meilleure amie, je m'occupe de son fils, j'ai sauvé son fils, je mérite de savoir. « Elle est en état de choc Fernando, elle divague. Elle n'est pas elle même. Je sais à quel point tu tiens à elle et je pense simplement que ce n'est pas une bonne idée que tu la vois comme ça. » Je me calme un peu. « Et qu'est-ce que tu ne me dis pas ? » Je sens qu'il y a une suite, je veux une suite, je veux plus de détails. Pourquoi est-ce que moi, son meilleur ami, je ne pourrais pas être auprès d'elle, pourquoi est-ce que je ne pourrais rien faire pour l'aider ? « Elle est persuadée que son bébé est mort, Fernando, elle est dans le déni. » Non, ça je ne peux pas le croire. Pas mon Ella. Elle sait que je l'ai sauvé, je le lui ai dit. Il est vivant, elle doit me croire, oui, elle m'a cru. Et c'est la que je force le passage, que j'entre dans sa chambre et que j'accoure au chevet de cette jeune fille. Cette jeune fille qui se révèle être, tout sauf ma meilleure amie.
FIN DU FLASH BACK

C'était douloureux, ça a fait mal, oui. « T'excuses pas, tout ce que je voulais c'était que toi et Lleyton aillent mieux et que vous soyez réunis. » Je passe ma main derrière sa petite tête blonde et je l'attire contre moi. J'avais besoin de la serrer contre moi, rien qu'une seconde, juste pour exprimer le bonheur que je ressens de retrouver enfin ma meilleure amie. « Tu m'as manqué » On s'est vu tous les jours, mais je sais qu'elle comprend ce que je veux dire. Elle sait.

« C’est grâce à toi s’il est là aujourd’hui, alors vraiment, Merci. » Je souris. Elle n'a pas besoin de me remercier, il n'y avait pas d'autres solutions de toute façon, j'aurai pas pu continuer si j'avais foiré. Ca aurait été ma faute, j'aurai pas été à la hauteur. Jamais, jamais je ne me le serai pardonné. Lleyton vivant, c'était la seule option. « C'est pas moi qu'il faut remercier, c'est lui. Il s'est battu pour vivre, battu pour connaître sa maman, moi je l'ai juste un peu aidé. » Je caresse sa joue. Elle semble émue, moi aussi. Lleyton nous regarde, de ses petits yeux bleu. Il gigote un peu, comme réclamant l'attention. Je l'aggripe délicatement et je le tends à Ella, pour qu'elle le prenne dans ses bras.

Voir Ella, avec Lleyton dans ses bras. Voir Ella, en tant que maman. Voir Ella, si belle et rayonnante. C'est pour moi, un réel accomplissement. Comme la fin d'une longue et dure bataille. Ils se sont battus, tous les deux, et très fort pour être ensemble. Et enfin, ils le sont. Enfin, ils obtiennent ce pour quoi ils sont battus. Lleyton est peut-être encore trop jeune pour s'en rendre compte. Peut-être, je veux dire même surement. Ella, elle, elle le sent. Je vois les larmes perler dans ses yeux. Ces larmes de boonheur. Parce qu'elle a souffert, beaucoup. Elle a tellement ramé pour en arriver là. Elle a tellement ramer pour pouvoir enfin tenir son petit bout de chou dans ses bras. Et moi, rien que de les voir ensemble, réunis, ça me rend infiniment heureux. Je suis heureux comme jamais. Parce que je vois ma meilleure amie, l'une des personnes qui comptent le plus pour moi dans ce monde, je la vois rayonner de bonheur. Et Lleyton, comment ne pas tomber en amour devant ce petit bonhomme. Certainement le plus beau bébé du monde.

Ella s'excuse pour son comportement, qui à mes yeux, avec le temps, est devenu plus que légitime. « Ouais mais quand même…je t’ai pas facilité la vie. » Je la regarde d'un air désaprobateur, montrant bien que je ne suis pas d'accord, sans pour autant répondre quelque chose parce que je sais très bien que sur ce sujet là, on pourrait entrer dans un débat sans fin et inutile. C'est alors qu'elle me remercie, d'avoir permis à son petit bout de vivre. Ce qui, pour moi, est tout à fait naturel et ne mérite aucun remerciement. Parce qu'il n'y avait pas d'autres solutions pour moi, Lleyton devait vivre et c'était tout. « C’est vrai que c’est un petit lion et qu’il est un peu pressé de vivre mais bon, admet que sans toi, il n’aurait jamais vu le jour. Et moi j’aurais cessé de le voir. » « J'aurai jamais pu revenir vers toi sans lui.. » C'était ça. Je ne me le serai jamais pardonné s'il n'avait pas survécu. Bien sûr ça n'aurait pas été ma faute, quoi que si, pour ne pas avoir assez essayé. Parce que là où n'importe quel autre médecin aurait arrêté, j'avais continué, je perdais espoir, mais je n'arrêtais pas. Jamais. Mais ça, je me cache bien de le dire à Ella. Je me cache bien de le dire à qui que ce soit.

Ella berce son bébé et lui chuchote quelques mots doux avant de se retourner vers moi. « En tout cas on peut dire que t’assure déjà en tant que parrain. » Je souris, je m'approche d'eux deux. Je caresse doucement la petite joue du bébé. « Evidemment, et encore, il a rien vu ce petit coquin. » Oui, parce que je compte être présent. Présent à chaque étape. Je veux le voir grandir ce petit bout, je veux être là aux moments importants de sa vie, je veux être là pour lui, vraiment. « Tu verras, bientôt on sortiras d’ici et on ira voir Kai et Fernando chez eux. Je suis sûre qu’il t’as parlé d’elle, c’est une rousse un peu fofolle, toujours en activité mais, elle est adorable. » Chez elle ? Je rougis à cette remarque. Kai et moi, ne vivont pas encore ensemble. Je dis pas encore, car oui, j'aimerais vivre avec elle, j'aimerais fonder ma vie avec elle, mais on ne doit pas brûler les étapes, notre couple est encore relativement neuf et je ne sais même pas si elle serait prête à s'engager un peu plus avec moi. « J'te signale qu'on a pas vraiment de chez nous Ella, mais merci de dévoiler mes pensées à mon petit bout préféré. » dis-je avec mes yeux rivés sur Lleyton. Une manière bien à moi d'avouer à Ella mes petits désirs secrets.

« Tu seras comme son deuxième tonton. » Je pense qu'Ella peut voir des étoiles pétiller dans mes yeux. Ses mots me touchent. Elle me considère pratiquement comme un membre de sa famille, et ça fait plaisir. Ella, ça fait même pas si longtemps que je la connais. Ca fait plusieurs mois, même pas une année. Et pourtant on s'aime si fort. Tout s'est accéléré dans nos vies, et notre amitié a fait de même. Elle est comme la soeur que je n'ai jamais eu, comme la soeur que j'ai toujours rêvé avoir. Je suis une sorte de second frère peut-être, le confident, celui qui ne l'engueulera jamais. Je ne prendrai jamais la place d'Ashton, ça s'est sûr. L'amour qui lie ses deux là est bien rare et si beau. Mais notre amitié, à Ella et moi, je l'échangerai pour rien au monde non plus. Et Lleyton, oh Lleyton, je lui apporterai tant à ce bébé, je le promais. Je serai là, je veillerai sur lui.

La discussion dévie. Après la phase bisounours, câlins, compliments et mots d'amour, on rit un peu et Ella, visiblement sur un petit nuage est déjà en train de parler de mon avenir avec Kai. C'est limite si elle ne promet pas à Lleyton qu'il sera témoin à notre mariage. Ca m'amuse un peu, mais je rappelle néanmoins Ella à l'ordre. Parce que même si je rêve secrètement de tout ça, rien n'est encore d'actualité et je ne voudrai pas précipiter les choses. « Oh s’il te plaît Ferny, elle passe combien de nuit par semaine chez toi ? Chez qui elle prend son petit déjeuner ? A qui elle pique des chemises quand elle est restée un peu trop longtemps ? Maintenant qu’elle a pris son loft, ce n’est qu’une question de temps. Et puis tu vois tu y a déjà pensé... » Je souris. Elle a raison sur toute la ligne, mais je ne sais pas ce que Kai en penserait. Je ne veux rien brusquer, je ne veux pas la forcer. J'attends simplement que la discussion vienne d'elle même, j'attends simplement que ce soit le moment. J'imagine que c'est le genre de choses qu'on sent. « Oui, tu as raison. Et j'admets que... Ouais, j'ai aucun mal à m'imaginer passer le restant de mes jours avec elle. Je veux juste pas... Lui faire peur ! Je sais pas ce qu'elle pense de l'avenir, elle... » Je m'en veux presque un peu d'en parler avec Ella. Parce que c'est aussi la meilleure amie de Kai et que, si ça se trouve, elle en sait plus que moi au niveau des attentes de ma belle rousse. Et je trouve ça un peu gênant de donner à la petite blonde le rôle d'intérmédiaire.

« Tu vois mon bébé, quand tu sortiras de là, ils seront en train d’emménager, on ira faire la pendaison de crémaillère. » Je ris. Décidemment, Ella, elle n'arrêtera jamais. Je pense qu'à chaque étape importante de ma vie amoureuse avec Kai, c'est bien elle que j'appelerai en premier. J'imagine le jour de notre emménagement, puis de nos fiançailles, puis de notre mariage, puis lorsque Kai apprendra pour la première fois qu'elle est enceinte. Mais non, je divague, je ne devrai même pas avoir ce genre de pensée. C'est trop tôt. Et je n'ai jamais parlé de ces choses là avec ma petite amie, même si, il est clair que moi je rêverai de fonder une famille avec elle. « Promets lui quand même pas une futur petite amie Gautier-Perez/Bonistaw » dis-je en riant doucement.

Ella reporte son regard sur moi et murmurre. « Elle t'aime tu sais ? » Je lui souris, et je réponds: « Jamais autant que moi... »

Ca fait du bien, de voir que les choses sont de retour à la normale. Ella, souriante, comme j'ai l'habitude de la voir, tenant son fils dans le bras. Elle lui murmurre quelques mots, on parle de Kai, rien de plus normal. Et ça fait plaisir, ça soulage. Ella m'avait manqué. Ella telle que je la connais, m'avait manqué. Nos petites discussions, nos confidences, nos fous rires, tout. Et mon sourire s'étire sur tout mon visage pour témoigner de mon bonheur retrouvé.

Je lui avoue que je rêve depuis un petit bout de temps de vivre avec la belle rousse. « Eh bien tu devrais lui demander… » Lui demander ce qu'elle pense de notre relation, lui demander si elle serait d'accord de faire un pas en avant, de voir un peu plus loin que demain et de se confronter à l'avenir. J'ai pas peur d'y penser, j'imagine déjà très bien l'avenir à ses côtés et plus j'y pense plus je le désire. Et je pense pas seulement à vivre avec elle, non, je vois beaucoup plus loin. Mais j'ai peur de lui en parler. Parce que je ne sais pas ce qu'elle pense, je ne sais pas ce qu'elle désire et j'ai peur dêtre déçu, peur que l'on ne soit pas sur la même longueure d'onde sur ces choses là. J'ai pas envie qu'elle se sente mise sous pression, je veux qu'elle en ait réellement envie elle aussi. « Plus facile à dire qu'à faire... » Je marmone alors dans ma barbe.

Ella, prise d'un soudain surplus de romantisme, promet tout un tas de choses à Lleyton quant à leur sortie de l'hôpital et leur venue "chez nous", sous entendu un appartement dans lequel Kai et moi vivrions ensemble. Alors, pour rire, je lui demande de ne pas aller non plus jusqu'à lui promettre une future petite amie. Et là, du tac au tac, Ella s'empresse de répondre: « Une ? T’aurais pu proposer un meilleur ami mais, non une petite amie, t’as envie d’une petite fille Ferny ? » Elle me pose cette question, comme si ma petite blague cachait quelque chose, genre un désir insoupçonné d'avoir une petite fille. Non, c'est que ça m'était juste venu comme ça. « À vrai dire je suis partagé. Ce qui est sûr c'est que j'aimerais des enfants. Bon, pas maintenant, je suis trop jeune, mais quand la situation le permettra. » Juste après l'avoir dit, je me rends compte à quel point ça peut sembler ridicule compte tenu de la situation. Ella, tout juste dix huit ans tenant son bébé dans les bras et moi Fernando, vingt trois ans je dis que je suis trop jeune pour devenir papa. Ca semble un peu bête dit comme ça. « Oui, enfin, bon toi tu l'as fait mais c'est différent. C'est juste que j'aimerais bien finir mon internat et avoir un boulot stable pour avoir un enfant. Et puis de toute façon, je sais même pas pourquoi je parle de ça, comme je l'ai dit avant, avec Kai on a jamais parlé d'avenir et je devrais pas avoir ce genre de choses en tête. Tss, c'est ta faute Ella ! » dis-je avec un petit clin d'oeil.

« Vous avez de la chance de vous êtes trouvés. » Elle ajoute simplement. « Ca, c'est sûr... » je réponds avec des étoiles plein les yeux.

Ella, futur conseillère matrimoniale. J'aurai aucun mal à l'imaginer dans ce rôle, ça lui irait comme un gant. Jeune et romantique, elle me pousse à demander à Kai de venir vivre avec moi. Mais moi, je considère que c'est peut-être encore un peu tôt. « Un peu timide mon Ferny ? » Oui, totalement. Enfin non, c'est pas de la timidité. C'est plus de l'appréhension. Parce que je ne veux pas effrayer Kai, je ne veux pas qu'elle se sente forcée. Je veux que les choses avancent toute seule. Après tout, notre relation est bien comme elle est, on a pas besoin de mettre le turbo soudainement. Je me contente donc d'afficher un mince sourire, dévisageant légèrement mon amie.

De fil en aiguille, je m'emballe, j'en viens même à révéler mon désir d'enfant. Désir, que jusque là je n'avais dévoilé à personne. Mais très vite, je regrette. Je regrette de déjà avoir ces idées en tête. C'est tôt, trop tôt, bien trop tôt... Mais pourtant, je ne peux pas m'empêcher d'y penser. Je suis heureux avec Kai. Et c'est mon désir pour l'avenir: fonder une famille. Comment ne pas faire le lien. Je dis que c'est sa faute, à Ella, qu'elle me fait avoir ses idées là, bien que ce ne soit absolument pas vrai puisqu'elles étaient déjà dans ma tête. « T’as vu ça, comment il m’accuse ? » dit-elle en s'adressant à Lleyton. Je rigole doucement. Puis, je lui explique que pour moi c'est encore trop tôt, dans l'idéal j'aimerais être posé pour faire un enfant. « Je comprends bien, j’aurais bien aimé attendre aussi mais, on peut pas tout prévoir. Mais n’empêche que c’est toi qui as parlé d’enfant même si t’as raison, faut rien précipiter, commençaient par aménager ensemble ! » J'acquiesse de la tête, satisfait de m'être fait comprendre. « Ca s'fera j'en suis sûr ! Patience... » Je réponds avec un clin d'oeil.

Ella s'approche doucement de moi, déposant délicatement son fils dans mes bras. « Faut que je prenne une photo quand même. En plus, dans sa chambre, je veux lui mettre un superbe cadre avec plein de photos, s’il y a pas son parrain, ça craint tu ne crois pas ? » Elle attrape son téléphone portable. Un sourire s'inscrit naturellement sur mon visage. Je suis heureux.Heureux d'être complètement inclus dans leur vie. Heureux d'avoir connu Ella et d'avoir tissé des liens si profond avec elle, si rapidement. Heureux de vivre de tels moments avec eux, des moments qui vous marquent à vie et que vous n'oublirez jamais. Oui, je suis heureux, je souris. Tandis qu'Ella prend cette photo. Elle me la montre. Mon bonheur transpire d'évidence. Je ne m'arrête pas de sourire. Je berce Lleyton dans mes bras. Même s'il est encore trop jeune pour sourire, je sens qu'il est heureux. J'en suis sûr. Et Ella aussi, c'est si beau à voir.