J'AI MIS MA COPINE EN CLOQUE. T'AS FAIS QUOI ?!

❝ Are you fucking kidding me ? Ainsi dans la vraie vie, on ne peut pas être le héros qui sauve les jeunes filles en péril. Le prince charmant que je croyais incarner n'avait plus qu'a se rhabiller, la princesse préférait barbe bleue, même si elle savait que sa cave était emplie de cadavre de jeunes filles suspendus à des crochets de boucher. Je m'étais trompé. On ne peut pas aider les autres, on peut juste être le témoin de leurs parcours de douleur et les encourager à tenir bon. Si on intervient on est emporté.❞ © CJ.POMME'

Mattia. Mattia, c'était Mattia. Je veux dire, deux comme lui, ça n'existait pas. J'en ai vu passé beaucoup des garçons, des amis, mais pas comme lui. Non, lui, je l'aimais bien. Vraiment bien. Il savait qui j'étais vraiment et je n'avais pas honte de lui dire tout ce que je faisais. Je me rappelle que Xavier, mon meilleur ami de Los Angeles, me jugeait sans cesse quand je lui disais que je sortais avec un mec plus vieux. Tandis que lui, couchait avec sa demi-sœur. L'hôpital qui se fout de la charité. Puis, on faisaient beaucoup trop de conneries ensemble pour que Mat me juge, il était pas comme ça. Heureusement. S'il n'avait pas eu mon âge, peut-être que j'aurais essayé de sortir avec lui, il était pas mal et il ne faisait pas son âge, c'était agréable. Seul problème ; Ella. Je l'aimais bien avant, elle était cool et innocente mais je ne sais pas, depuis quelques temps, beaucoup de choses ont changés. Tout ça devient bizarre. Bref. Aujourd'hui, j'avais rendez-vous avec Mattia, pour parler. Il voulait me parler de quelque chose d'important. J'avais beau réfléchir, je ne trouvais rien. M'enfin. Je jetais un coup d'oeil à la fenêtre et vit le temps mitigé. Mmh. Robe et talons quand même. Je me faisais toujours remarqué à Arrowsic, je gardais mes habitudes de Los Angeles et ça n'avait pas l'air de plaire à tout le monde, comme Abbey, par exemple. Toujours à me dire ce que je dois faire, ironique pour quelqu'un qui un jour a disparu des magazines people. Je ne suis pas méchante, j'essaye seulement de comprendre pourquoi elle veut absolument m'aider. C'était incompréhensible, certes nous étions proches mais quand même. Anyway. Mattia, Mattia, Mattia. Je lui avais proposé d'aller dans un bar et il avait accepté. Nous faisions assez vieux pour avoir minimum vingt ans, ça passerait crème si l'un de nous demandait de l'alcool. J'essayais de réfléchir à ce qu'il pourrait me dire, ce qui était si important. Il avait enfin lâché Ella ? Non, il faudrait qu'il soit sous l'emprise de drogue pour le faire et encore, ça ne suffirait pas. Il est attaché à elle, comme un bisounours à ses bisous. L'amour. La plus grosse escroquerie jamais inventé. Tu veux bien être ma petite-amie ? Non. Je ne comptais plus toutes les fois où j'avais dis ça. Je n'avais aucune idée de comment les deux blonds étaient sortis ensemble mais j'espérais au plus profond de moi, pour leur santé mentale et leur avenir, qu'ils n'avaient pas utilisés cette méthode pathétique. Tu aimes quelqu'un, tu veux être avec lui ? Embrasse-le, c'est tout. Bordel de merde, qui a déjà-vu ce genre de choses dans des films ? Vous pensez vraiment que Brad Pitt est venu voir Angelina Jolie et lui a dis ; tu veux être ma petite-amie ? Non, il l'a embrassé, a mis son petit bâton dans le trou et voilà tout, ils ont des gosses, ils sont riches et parfaits. Ils ont tout.


J'étais assise au bar et j'avais déjà commandé ma boisson, n'étant pas sûre de ce que mon ami prendrait, je ne lui ai rien commandé. Il avait cinq minutes de retard. Bravo Mattia, tu fais quoi ? Tu expliques à Ella comment on fait les bébés ? Manquerait plus que ça. J'étais arrogante ces derniers mes temps, je devais être en ovulation, quelque chose dans le genre. Ou peut-être en manque. Ou les deux. Et enfin, j'aperçus sa tête de blond passant la porte du bar. Hallelujah. Je lui fis un signe de la main, accompagné d'un sourire et il prit place à côté de moi. « C'est pas trop tôt. J'ai eu le temps de faire cinq fois le tour de la ville, en t'attendant. » Je me mis à rire. Stupide. Oui, je devais vraiment être en manque. Je balançait que des conneries. Je devrais faire un top ten des conneries que je sors, je pense que je me ferais peur à la fin. Je sirotais mon verre de Vodka et regardait Mat, du coin de l'oeil. « Alors ? Ça va ? C'était quoi le truc ultra important que tu devais me dire ? » Pitié, tout sauf 'Ella est enceinte'. Ce serait le comble. Enceinte avant moi. D'ailleurs, cette nuit j'ai rêvé que j'étais enceinte, j'allais accoucher, une amie passait avant moi, le bébé est sorti en deux minutes et en plus de ça, on accouchait dans un magasin. L'accouchement me donnait envie d'aller au toilettes, je me retenais de faire sortir le bébé mais j'avais tellement mal aux ovaires. Puis, papa est arrivé, alors ils m'ont donnés deux pastilles dégueulasse qui produisaient le même effet que la péridurale. Quand je me suis réveillée, j'avais non seulement envie d'aller aux toilettes, mais en plus, je me suis demandé ce que j'avais fumé. Je souris à cette pensée. Allez Matty, rassure-moi.

Se rongeant les ongles, Mattia arpentait les rues d'Arrowsic, plus stressé que jamais il ne l'avait été dans sa petite vie. Marchant en se dépêchant -il ne savait déjà en retard-, il jeta un rapide coup d'oeil à son pouce; l'ongle y faisait une drôle de tête. A moitié arraché. Complètement abîmé. Totalement meurtri. Comme lui, en fait. Lui aussi faisait une drôle de tête, lui aussi était abîmé, et lui aussi était complètement meurtri. Et tout ça pour quoi? Pour une chose, un petit être qui n'avait pas encore vu le jour. Il ne faisait que quelques centimètres, peut-être même pouvait-on le mesurer avec des millimètres, mais déjà, il emmerdait ses géniteurs. Pas parents. Mais géniteurs. Et là, se rongeant encore une fois le pouce de sa main droite, Mattia recommençait à stresser. Ces derniers temps, il ne faisait que ça; stresser. Stresser parce qu'Ella stressait. Stresser parce qu'il avait un lien avec ce petit truc de quelques centimètres. Stresser parce qu'il avait peur qu'une rumeur, sur Ella et lui, circule et ne tombe dans l'oreille d'une certaine personne. D'habitude, il réussissait à gérer son stress. Avant chaque match, l'angoisse, mêlée à l'excitation montait. Il avait son petit remède, son petit truc à lui. De sa main, il attrapait une balle de tennis, puis deux, puis trois, et commençait à jongler avec. La concentration qu'il mettait ainsi à ne pas faire tomber l'une de ses balles lui permettait d'oublier son stress.
Mais là, ça n'avait pas marché. Peut-être parce qu'il était seulement stressé. Peut-être parce qu'il n'y avait point d'excitation..

Au lieu de se morfondre sur lui-même, Mattia avait décrété que l'annoncer à quelqu'un, partager son angoisse ne lui ferait peut-être pas de mal. Il n'y avait qu'une seule personne à qui il pouvait se confier ; Teddy-Rose, plus connue sous le surnom de Teddybear. Elle, au moins, n'était pas, plus ou moins impliquée dans la vie d'Ella. Le seul hic ; c'est qu'elle et Ella n'étaient pas très proches. Pas très amies. Teddy n'hésitait pas à la critiquer, mais parce que Mattia sortait avec, elle avait fini par faire un gros effort sur elle-même. Et puis, avec elle, Mattia savait une chose; elle ne le jugerait jamais. De toute façon, elle n'avait pas à le faire. Elle sortait avec des mecs beaucoup plus vieux qu'elle.. Et Mattia n'avait jamais rien dit. Au contraire, il l'écoutait, riant, raconter ses histoires. Et puis, Teddy, ce n'était pas le genre de filles à faire les choses selon le protocole. Elle n'aimait pas les règles. Elle les enfreignait dès que c'était possible. Et c'était bien pour cette raison que Mattia et elle s'étaient rencontrées, et étaient, depuis, devenus de très bons amis. Ils enchainaient connerie sur connerie, et ça leur plaisait.

Arrivé devant la porte du bar, Mattia la poussa et jeta un rapide coup d'oeil autour de lui. Des vieux. Comme d'habitude, les pochtrons du village s'étaient donnés rendez-vous ici, et sirotaient leurs bières en se racontant des potins ridicules. Puis, son réflexe fut de vérifier qui était au bar. Ce type au bar, c'était un inconnu. Parfait! Mattia était né ici, avait grandi ici. Les gens le connaissaient, et d'autant plus qu'il faisait souvent parler de lui dans les journaux. Mais là, le type en question devait sûrement être nouveau. Il ne le connaitrait donc pas; il allait donc pouvoir commander de l'alcool.

Enfin, il la vit. Teddy. Habillée d'une robe et de hauts talons sans doute. Comme d'habitude. Elle sirotait déjà une boisson, et lui fit un signe de la main, accompagné d'un de ces beaux sourires.

Il sourit, content de la voir et se rapprocha d'elle. Il posa alors ses fesses à côté d'elle. « C'est pas trop tôt. J'ai eu le temps de faire cinq fois le tour de la ville, en t'attendant. » Elle se mit à rire, Mattia aussi. Il s'approcha d'elle, lui fit un petit bisou sur la joue, et s'exclama alors, la regardant de haut en bas. « Bizarre! Pour quelqu'un qui a marché autant avec des talons, t'as pas l'air d'être essoufflée. » Et là, il lui accorda un sourire.
Elle, trop occupée, sirota encore son verre, pendant que Mattia enlevait sa veste. Il la laissa glisser sur le siège, et se mit assis correctement. « Alors ? Ça va ? C'était quoi le truc ultra important que tu devais me dire ? » Voilà. De nouveau, il se remit à penser à Ella, au bébé, et à toute cette histoire. De nouveau, il se remit à stresser, paniquer. Il dut même faire un effort inimaginable pour ne pas porter sa main à sa bouche, et ne pas se ronger encore une fois son pouce. Conscient que Teddy était piquée au vif, et qu'elle désirait plus que tout savoir -c'était typiquement féminin cette curiosité-, Mattia prit un malin plaisir à la faire patienter. D'un, parce que la voir attendre, c'était amusant. De deux, -et c'était surtout la principale raison- parce qu'il ne savait pas réellement comment le lui annoncer. Il lui fit un petit geste de la main, comme pour le dire attends. Se retournant vers le barman, il lui demanda, en essayant de faire le plus adulte possible « Une vodka pomme s'il vous plait. ». Il ne fit alors plus attention à Teddy. Son regard restait rivé vers le barman. Il le regarda faire sa boisson, et la lui tendre. De sa main droite, il l'attrapa. Il en but aussitôt une petite gorgée. Pour se donner du courage.

« Tu ne vas pas me croire, j'crois.. » commença-t-il. Maintenant que son récit était commencé, il n'avait plus le choix que de continuer. « C'est à propos d'Ella, Teddy. » Il s'interrompit de nouveau. Qu'allait-il lui dire? Ella est enceinte? Elle est en cloque? Elle attend un bébé? Il avait l'impression qu'aucune de toutes ces expressions ne convenaient. Elles étaient toutes faites pour signaler un heureux événement. Mais là, c'était un malheureux événement ! Comment on annonçait ça, bordel?! Il soupira un petit coup, et sa tête se tourna légèrement vers Teddy. Les yeux rivés sur elle, il annonça alors, le plus rapidement possible. «  Elleestencloque.. » Se rendant compte que sa phrase n'était peut-être pas compréhensible, il ajouta. « En cloque, ou enceinte.. Elle attend un bébé quoi ! » voilà, c'était dit! Ce n'était pas si difficile en fait. « Et avant que tu ne poses la question, oui, c'est bien de moi.. » D'un coup, maintenant que tout ça, c'était dit, il se sentit soulagé. Comme si il portait un poids en moins. Poids qu'il avait sans doute donné à Teddy. Mais les amis, c'était fait pour nous aider à porter toutes les charges du monde, non?

J'AI MIS MA COPINE EN CLOQUE. T'AS FAIS QUOI ?!

❝ Are you fucking kidding me ? Ainsi dans la vraie vie, on ne peut pas être le héros qui sauve les jeunes filles en péril. Le prince charmant que je croyais incarner n'avait plus qu'a se rhabiller, la princesse préférait barbe bleue, même si elle savait que sa cave était emplie de cadavre de jeunes filles suspendus à des crochets de boucher. Je m'étais trompé. On ne peut pas aider les autres, on peut juste être le témoin de leurs parcours de douleur et les encourager à tenir bon. Si on intervient on est emporté.❞ CJ.POMME'

Elle y avait pensé toute la matinée et toute la journée. Généralement, quand Mattia disait que quelque chose était important, ça l'était vraiment, même pire encore. Et c'est ce qui effrayait Teddy au fond, elle avait peur de ce qu'il allait lui dire, même si elle n'avait rien à craindre. Non, en fait, elle avait peur pour lui. Pour Mattia. Elle l'appréciait beaucoup trop pour qu'elle n'ait pas peur qu'il lui arrive quelque chose à chaque seconde que sa vie s'écoulait. Et pourtant, personne ne le voyait. Tout le monde voyait Teddy comme une affreuse adolescente manipulatrice, dérangée, dépravée, méchante et qui ne voulait que coucher à droite à gauche, sans se soucier des conséquences et qui ne pensait qu'à elle-même. Et bien non. Ce n'était qu'une façade. Une façade qu'elle avait adopté depuis l'enfance et cette façade s'était renforcée lorsque William l'avait quitté après l'avoir dépucelé. Alors, elle faisait semblant, chaque jours de sa vie pour que personne ne sache, car personne ne savait que Isìdora Teddy-Rose Forzwood s'était, un jour, faite largué par un mec. C'était toujours elle qui les larguaient, elle ne se laissait pas marcher sur les pieds. Jamais. Et voilà. Intérieurement, elle avait peur de perdre son ami, son meilleur ami, celui qu'elle n'avait jamais eu, pour une bêtise, une erreur de jeunesse qu'il aurait commis. Et il avait commis la plus grosse erreur de jeunesse qui puisse exister en ce bas monde.


« Elleestencloque.. » Teddy recracha sa boisson.« En cloque, ou enceinte.. Elle attend un bébé quoi ! » Elle faillit tomber de son tabouret, mais se rattrapa au bar, qui heureusement était équipé d'une barre dorée faisant office de décoration. Son visage se tourna lentement vers celui du jeune homme assise à côté de lui. Il était de lui ? Elle allait poser la question à voix haute, mais il la devança. Bon, il était de lui. Déjà une bonne chose. Manquerait plus qu'Ella l'ait trompé. Non, elle ne ferait jamais ça. Incapable de le faire. Tant mieux d'ailleurs, sinon elle s'en serait occupé personnellement. « Hmm .. enceinte ? Rappelle-moi quel âge vous avez ? » C'était une question rhétorique, qui n'attendait aucune réponse. « Tu lui as dis quoi ? Un truc du genre "t'es gentille, je veux pas mourir avant l'heure" ou un truc du genre "va te faire foutre salope, je veux pas de ta chose" ? Parce que même si je ne porte pas ta copine .. » Elle marqua une pause en voyant la grimaçe de Matty. « Tu l'as quitté ? Mais t'es con ou quoi Matty ? » Elle lui mit un coup à l'épaule et pas un petit d'une fillette ayant des ficellos à la place des bras, non. Oui, elle n'appréciait pas Ella mais l'a quitté n'était pas la solution. « Mmh .. c'est elle qui t'a obligé à mettre ton bâton dans le petit trou ou c'était une décision commune ? Non parce que si elle t'a un peu forcé la main, je peux l'aider à avorter avec mon pied, tu sais. C'est très répandu comme technique chez mes parents. Peut-être que ça marcherait et après, vous pourre vivre ensemble toute votre vie et avoir des millions de gosses à condition d'avoir plus de trente ans. » Elle sourit, un sourire qui n'en était pas un. Teddy savait que son ami était dans de beaux draps, pas seulement parce qu'il avait mis Ella enceinte, mais parce qu'il avait mis Ella, la sœur d'Ashton, enceinte. Elle ne connaissait pas Ashton, juste son prénom et assez sur lui, pour savoir que Matty allait mourir. « Elle t'as dis qu'elle allait le garder ? Si elle le fait, elle est vraiment .. stupide. Je veux dire, elle va foutre sa vie en l'air. Et la tienne. Surtout la tienne, en fait. » La jeune fille ne savait pas quoi dire, ne savait pas quoi faire. Elle paniquait vraiment, comme un poisson hors de l'eau qui suffoquait. Elle redemanda un verre de vodka, elle en avait grandement besoin. « Bon. Tu sais que même si j'ai l'air affreusement horrible, manipulatrice et j'en passe, je suis là, pour toi. Ella, je m'en fiche, mais toi, non. Donc .. vas-y, balance ton venin, parce que je sais que t'en meurs d'envie. Les mecs en meurent toujours d'envie. » Elle se mit à rire, doucement, puis arrêta. La situation n'était pas comique. La situation était merdique.

Spoiler:

Annoncer une grossesse n'était pas si compliqué que ça. La preuve. En moins d'une minute, Mattia Jarvis venait de déballer ce qu'il avait sur le coeur depuis plusieurs jours, bouleversant au passage son amie. A peine avait-il bafoué quelques mots que celle-ci avait recraché sa boisson. Un fait qui l'aurait fait rire en temps normal. Et puis, cette annonce l'avait tellement secouée qu'elle eut du mal à rester assise, tranquillement sur son tabouret; comme si le centre de gravité de la Terre s'était détourné pendant quelques secondes, elle faillit tomber sur le sol. Et enfin, elle tourna son visage vers lui, lui faisant face. Ce moment-là fut assez surprenant; Mattia commençait à stresser de nouveau. Teddy n'était pas du genre à laisser les choses telles qu'elles étaient. Elle fouillait dedans, et répondait du tact au tact, sans art et manière. Si elle avait quelque chose à dire, elle allait le dire.

« Hmm .. enceinte ? Rappelle-moi quel âge vous avez ? » Question rhétorique. Aucune réponse donnée. Il se contenta de reboire un coup dans sa vodka-pomme. « Tu lui as dis quoi ? Un truc du genre "t'es gentille, je veux pas mourir avant l'heure" ou un truc du genre "va te faire foutre salope, je veux pas de ta chose" ? Parce que même si je ne porte pas ta copine .. » La grimace que Mattia affichait sur son visage sembla faire réagir la jeune fille. Elle s'arrêta sur sa lancée, le fixant. Lui, il préféra fuir son regard; l'expression de son visage en disait assez. « Tu l'as quitté ? Mais t'es con ou quoi Matty ? » Là, Teddy ne se pria pas. Sa main se leva et s'abattit sur l'épaule de Mattia. C'est dingue comme il existe des femmes ressemblant à des vraies femmes -canon, sexy-, et ayant une force d'homme. Le coup qu'elle venait de lui donner n'était pas un coup de femmelette. La preuve; une autre grimace traversa le visage de Mattia. « Mais.. » La suite, il ne put pas la sortir. Teddy, dans sa lancée, continuait de parler. « Mmh .. c'est elle qui t'a obligé à mettre ton bâton dans le petit trou ou c'était une décision commune ? Non parce que si elle t'a un peu forcé la main, je peux l'aider à avorter avec mon pied, tu sais. C'est très répandu comme technique chez mes parents. Peut-être que ça marcherait et après, vous pourrez vivre ensemble toute votre vie et avoir des millions de gosses à condition d'avoir plus de trente ans. »

Plus de trente ans. Ce qu'il aimerait au moins avoir trois ans de plus. Là, ouais, ce gosse le gênerait moins. Sans sourire, il se retourna une nouvelle fois vers Teddy, sa main serrant toujours son verre d'alcool. Teddy affichait un sourire. Un sourire et un regard terne. Autrement dit, ce sourire n'était pas un sourire de gaieté, loin de là. « Elle t'as dis qu'elle allait le garder ? Si elle le fait, elle est vraiment .. stupide. Je veux dire, elle va foutre sa vie en l'air. Et la tienne. Surtout la tienne, en fait. » A cet instant, Mattia re-paniqua. Et si.. et si elle le gardait? Ce serait horrible, vraiment horrible. Il murmura alors un « Aucune idée ». Mais lui, il voulait qu'elle avorte. Qu'elle enlève ce truc dans son ventre. Qu'on enferme cette histoire dans un placard. Et qu'ils reprennent leur vie de gamins de dix-sept ans. Paniqué à l'idée qu'elle puisse, en effet, le garder, Mattia reprit une gorgée de sa boisson. C'est dingue comme il pouvait, se réfugiant derrière l'alcool pour un oui et un non. Teddy aussi. Son amie était tellement secouée qu'elle redemanda un verre. « Bon. Tu sais que même si j'ai l'air affreusement horrible, manipulatrice et j'en passe, je suis là, pour toi. Ella, je m'en fiche, mais toi, non. Donc .. vas-y, balance ton venin, parce que je sais que t'en meurs d'envie. Les mecs en meurent toujours d'envie. » Là, elle se mit à rire. Mattia aussi. Parce que même si la situation n'était pas drôle, le rire était un bon échappatoire.

Et puis, elle venait d'insinuer que les mecs mourraient toujours d'envie de balancer leur venin. Oui. Comme les filles meurent d'envie de parler, parler, parler, en toutes circonstances. N'est-ce pas Teddy? Sirotant encore un peu sa boisson, Mattia lança un sourire à la jeune fille. « Tu sais, on n'a pas forcément envie de cracher tout le temps notre venin.. » Ouais, peut-être qu'il préférait se taire. Mais pour la première fois, il avait quelqu'un devant lui qui l'écoutait, quelqu'un devant lui qui était au courant de la situation. Il pouvait donc parler. Parler ou se taire. Il avait le choix. Il préféra la première option.

« Justement, j'ai largué Ella. Enfin, pas clairement, mais depuis on ne se parle plus du tout... » Il bougea légèrement, histoire d'être sûr de pouvoir éviter un coup de Teddy. « Je sais pas, c'est plus fort que moi. » poursuivit-il. « Un gosse, c'est énorme. » Enorme et horrible. Si une rumeur circulait, et si elle tombait dans les oreilles de quelqu'un, il était mal barré. Comme il était mal barré le jour où Ella allait en parler à son frère, Ashton. « Pour te rassurer, non, ce n'était pas du tout prévu. Je n'ai pas mis mon Willy dans sa caverne, juste en me disant « chouette, je vais être papa »!! Non, non.. Willy était peut-être excité, mais pas pour cette raison, hein.. » fit-il, un sourire béat sur les lèvres. Ella, il l'avait aimé -et l'aimait toujours-, le souvenir des parties de plaisir qu'il avait eu avec elle resterait toujours un bon souvenir. Pas un cauchemar. Preuve en est; ce sourire illuminant son visage. Et puis, il y en avait eu plusieurs, des bonnes parties, mais qu'une seule était à l'origine de leur problème actuel.

N'empêche qu'en soupirant, Mattia s'exclama. « Je ne sais même pas comment ça a pu arriver. » Réfléchissant alors, Mattia continua de dire à voix haute et forte ses pensées. « Enfin si.. Y a peut-être une fois où on n'en a pas mis, j'me rappelle plus.. » Perdu dans ses pensées, Mattia vociférait comme ça. Tout ce qui traversait son cerveau -et mamma mia, tout ce qui passait par là!!- sortait par sa bouche. Alors, tout ce qu'il lui disait, à sa Teddy, c'était un peu brouillon. Comme son état actuel.

« De toute façon, Teddy, je ne veux rien à voir là-dedans! Rien de rien! Je le lui ai dis. Ce gosse, si elle le garde, ce sera juste son gosse. Pas le mien.. » Amenant son verre à sa bouche, Mattia en but la dernière gorgée. « J'inventerai n'importe quoi pour qu'aucune rumeur ne circule.. D'ailleurs, si toi-même tu pouvais éviter de le dire tout haut.. » lui dit-il en se retournant vers elle, avec un petit sourire. Mattia avait presque envie de lui demander une faveur Et invente une rumeur. Dis qu'Ella a couché avec un autre type. Qu'on me foute la paix! Mais cette faveur, il la garda pour lui. Déjà qu'il passait pour un connard, s'il faisait ça, il deviendrait vraiment un connard.

J'AI MIS MA COPINE EN CLOQUE. T'AS FAIS QUOI ?!

❝ Are you fucking kidding me ? Ainsi dans la vraie vie, on ne peut pas être le héros qui sauve les jeunes filles en péril. Le prince charmant que je croyais incarner n'avait plus qu'a se rhabiller, la princesse préférait barbe bleue, même si elle savait que sa cave était emplie de cadavre de jeunes filles suspendus à des crochets de boucher. Je m'étais trompé. On ne peut pas aider les autres, on peut juste être le témoin de leurs parcours de douleur et les encourager à tenir bon. Si on intervient on est emporté.❞ CJ.POMME'

Même si Ella n'était pas la personne qu'aimait le plus Teddy, là, elle la défendait. Mattia l'avait quitté. Quel abruti. Teddy n'y croyait pas. Certes, elle était enceinte et c'était normal de paniquer mais pourquoi la quitter ? Cela ne changerait rien. Leur amour serait seulement perdu. À tout jamais. Et jamais, ô grand jamais, la jeune femme ne voulait ça. Loin de là. Elle avait toujours aimé les voir ensemble, voir son meilleur ami heureux. C'était normal. Peu importe quelle fille il choisissait, elle serait obligée de l'accepter, d'être heureuse pour lui. Comme lui le serait si elle avait un petit ami. Ce qui, soit dit en passant, n'arriverait pas avant des lustres. A moins qu'il ait la vingtaine et que le fait que Teddy ait seulement dix-sept, ne le gêne pas. Ce qui n'arrivera jamais. C'était triste. Être obligée de rester seule jusqu'à sa majorité à cause d'une société qui nous emmerdait un peu plus tout les jours. Avoir dix huit ans. Pourquoi dix-huit ? Ce n'était qu'un chiffre. L'âge ne définissait pas la maturité, la responsabilité. Et il ne l'avait jamais fais. La preuve. Teddy n'avait que dix-sept ans et son esprit ressemblait à celui d'une personne de vingt-cinq ans environ. Bon, elle avait des côtés propre aux adolescents mais ça, c'était autre chose. Tout le monde avait ce côté enfantin. Elle l'observait, ne sachant plus quoi dire. Que dire ? Il avait mis sa copine enceinte et ne savait pas quoi faire. Teddy ne savait pas non plus.  « Tu sais, on n'a pas forcément envie de cracher tout le temps notre venin.. » Menteur. Cela se voyait dans ses yeux. Il avait besoin de se lâcher. De sentir qu'il n'était pas responsable. Il voulait se déresponsabiliser. C'était normal. Chez les hommes. Quand une fille était enceinte, quand leur copine était enceinte. Peu importe l'âge. Ils pouvaient être heureux comme malheureux. Cela variait. « Vous dites aussi ça à propos du sexe et pourtant .. » Elle sourit et redevint sérieuse. Il avait besoin d'en parler, quelqu'un d'autre qu'Ella, quelqu'un d'autre que sa raquette de tennis. C'était fou de se dire ça. Parler à une raquette de tennis. Teddy s'imagina Matty parlant à sa raquette. C'était bizarre et pourtant si normal. On parlait bien à des téléphones, des mp3, des enregistreurs audio, des portes et j'en passe. Cette pensée fit sourire la jeune femme, une fois de plus. Il allait finir par se demander pourquoi elle souriait tant, quoi qu'il était assez habitué pour savoir qu'elle pensait à quelque chose de comique. Comme pour évacuer. Apprendre que son meilleur ami a foutu sa copine en cloque, ça fait un sacré choc. Surtout à dix-sept ans.


Il l'avait largué, mais pas vraiment. Elle haussa un sourcil. « Vous vous parlez plus du tout, donc, vous n'êtes plus ensemble. Du tout. » Il n'avait pas l'air de comprendre que c'était finis pour eux. Pour l'instant. Teddy l'espérait. Elle aurait été capable de leur donner rendez-vous à tout les deux, dans un petit restaurant, de pas venir et de les mettre à une table avec un dîner aux chandelles et faire en sorte qu'ils s'embrassent. Avec le coup des spaghettis par exemple. Cela pouvait paraître stupide et pourtant, ça marchait. « Je comprends .. non, en fait je comprends pas vraiment, ça ne m’ait jamais arrivé mais je vois ce que tu veux dire par horrible. J'ai vu des tas d'adolescentes enceinte, puis leur bébé était horrible, infernal. C'est gros, moche, ça hurle, ça pète, ils ont des bulles dans leur morve, en plus, ça fait la nuit blanche puis ça se tape une grasse matinée alors que nous, on galère à se rendormir. En gros, c'est la merde, Matty. » Teddy soupira. À l'heure actuelle, elle ne l'aidait pas vraiment, elle en avait conscience, mais elle ne savait pas quoi lui dire. Elle l'écoutait et lui répondait en disant des conneries, comme pour essayer de le faire sourire, de lui changer les esprits. « Putain. Un gosse, quoi. Pas comme ces poupons que l'autre conne nous avait passé. Un vrai. » Elle marqua une pause. « C'est pas pour être méchante mais tu feras un mauvais père. Je veux dire, t'as dix-sept ans, c'est limite si tu sais choisir tes chaussettes et là, elle te file un gosse. C'est gros, quand même. » Teddy mesquine ? Et encore, ce n'était rien. Que de la gentillesse. Elle haussa les épaules et posa sa main sur la main de son ami, avec un regard compatissant puis la retira tout de suite. « Putain, on se croirait dans un film tragique. » Elle but son verre d'une traite et en repris un autre. À ce rythme là, ils allaient tout les deux finir torchés sur la chaussée. Willy. Quel joli surnom. Teddy grimaça. « Oh épargne-moi les images horribles, s'il te plaît. Elle ferma les yeux. Oh merde, j'imagine ton willy en forme d'orque rentrant dans la grotte sous-marine d'Ella, c'est dégueulasse. Merci Matty. » Elle se mit à rire. C'était dégueulasse. Et ça la faisait rire. Rire nerveux. Et pourtant, elle n'était pas enceinte. Quoi qu'elle vomissait le matin depuis quelque temps. Oh mon dieu. Elle mis sa main sur son ventre et fis de gros yeux. Non, ce n'était qu'une impression. Elle se détendit et souffla. Ils ne s'étaient pas protégés. Teddy abattit la paume de sa main derrière le crâne du blondinet en rouspétant. « Mais vous êtes cons, bon sang. Et bien voilà, c'est bien fait ! C'est le karma qui s'est tourné contre vous. Vous ne faites pas attention aux conséquences de vos actes, alors cela se retourne contre vous. Ne cherche plus comment s'est arrivé, c'est le karma. » Et elle souffla une seconde fois. Quelle bande d'abrutis ces deux-là. Peut-être devrait-elle aller parler à Ella, non pas du fait que cette idiote avait cafter à tout le monde son aventure avec Fernando, mais du fait qu'elle attendait un gosse. Oui, Teddy pouvait faire de nombreuses choses dans sa vie pour aider les autres. Même si elle ne les appréciait pas vraiment. Puis, elle haussa un sourcil. Voulait-il qu'une rumeur circule contre son ex-copine ? Matty n'était plus le même. Enfin, plus le même depuis quelques jours. Et pour cause, il allait avoir un gosse. « Tu n'es pas obligé d'être impliqué dans cette histoire. Tu peux te faire passer pour mort et hop, on en parle plus. » Elle sourit de façon ironique. Elle caressa l'épaule de Mattia. Ca faisait beaucoup de contact en quelques minutes, mais Teddy devenait incroyablement tactile lorsqu'elle était inquiète et nerveuse. Inquiète et nerveuse alors que ce n'était pas elle qui attendait un gosse. On aura tout vu. « Mon côté salope rêverait de balancer une rumeur sur cette .. gentille petite princesse mais mon côté bisounours et compréhensive, me dis que je devrais plutôt vous aider tout les deux au lieu de foutre la merde. Tu vois ? Je pense qu'elle a déjà assez à supporter avec sa grossesse, lui faire une mauvaise réputation ou lui faire une crasse, ne va pas l'aider. » Teddy se mit à réfléchir. Trouver une solution. Au plus vite.


« Parles-lui, dis-lui que tu l'aimes, que tu es désolé mais que tu ne veux vraiment pas de cet enfant et que tu sais qu'elle n'en veut pas non plus. Ne l'incite pas à avorter. C'est une étape difficile pour nous. On est sentimentales et mielleuses, l'avortement revient à tuer un bébé de nos propres mains, tu comprends ? Dis-lui juste que tu l'aimes et que tu seras là pour elle, comme moi je serais pour là, même si je ne la porte pas dans mon cœur. Je peux pas rester comme ça, Mat. T'es .. t'es mon meilleur ami et je t'aime beaucoup. Je peux pas te laisser dans une merde pareille et même si je sais que t'es en train d'halluciner à cause de ce que je suis en train de te dire, il faut que tu me fasses confiance et que tu me crois. Tu sais qui je suis, mieux que personne, tu connais l'ampleur de mon influence si je puis dire. Je peux faire en sorte qu'on ne parle jamais de cette grossesse, que ton nom ne soit jamais évoqué, que celui d'Ella ne soit pas salit. Vous êtes les deux seules personnes qui me laissent encore croire que l'amour est possible. Et je veux pas te voir sombrer. Jamais. J'inventerais quelque chose de plus gros que sa grossesse, je te le promets. » Lui dire ce qu'elle allait faire ? Jamais. Il l'en empêcherait. Teddy aurait été capable de beaucoup de choses pour Mattia. La scène tournait à la tragédie et ça lui donnait envie de vomir, mais avait-elle le choix ? Non. Se sacrifier pour les autres, c'était ce qu'elle avait toujours faire. Et tant pis si cela lui cause des problèmes. Tant pis pour elle.

Spoiler:

Avoir des amies féminines, c'était sympa. Sympa, cool, et drôlement différent. Elles avaient un regard différent de celui des garçons. Si Mattia avait annoncé la grossesse d'Ella à un de ses copains dans la même situation, ce dernier se serait contenté de l'écouter, de lâcher de temps en temps un « putain », et aurait noyé son manque de savoir quoi dire en buvant sans cesse dans son verre. Teddy, elle, ne réagissait pas du tout comme ça; c'était peu étonnant la connaissant. A partir du moment où il lâcha sa première parole, elle ouvrit sa bouche, encore, et encore, ne cessait pas de parler. Limite, il n'avait plus de temps pour en placer une.

La jeune fille se mit à sourire bêtement; et Mattia ne comprit pas pourquoi. Il n'avait pas dit grand chose de drôle, et pourtant le visage de sa meilleure amie s'éclairait. Etonnant. Mais pas surprenant. Teddybear était capable de rire à un enterrement. C'était peut-être nerveux, mais dès que quelque chose de grave se tramait, il fallait qu'elle évacue ça d'une manière plus 'joyeuse'.
Puis, elle haussa un sourcil, lui disant clairement qu'ils n'étaient plus ensemble. Oui, c'était vrai. Mais lui, il avait préféré dire qu'ils n'étaient plus vraiment ensemble. Et puis, il l'ouvrit encore, s'exclamant en disant que c'était énorme. « Je comprends .. non, en fait je comprends pas vraiment, ça ne m’ait jamais arrivé mais je vois ce que tu veux dire par horrible. J'ai vu des tas d'adolescentes enceinte, puis leur bébé était horrible, infernal. C'est gros, moche, ça hurle, ça pète, ils ont des bulles dans leur morve, en plus, ça fait la nuit blanche puis ça se tape une grasse matinée alors que nous, on galère à se rendormir. En gros, c'est la merde, Matty. » Merci Teddy pour cette superbe description. N'empêche qu'avec tout ça, Mattia se mit à sourire, à son tour bêtement. « Putain. Un gosse, quoi. Pas comme ces poupons que l'autre conne nous avait passé. Un vrai. » Ouais. Pas comme le poupon qu'ils étaient censé avoir ; puisque Mattia avait pété un cable, comme Ella, et qu'ils avaient été viré de ce satané cours abstrait qui allait devenir réel avec un F et des heures de colle. « C'est pas pour être méchante mais tu feras un mauvais père. Je veux dire, t'as dix-sept ans, c'est limite si tu sais choisir tes chaussettes et là, elle te file un gosse. C'est gros, quand même. » Si jamais vous avez besoin de quelqu'un pour vous remonter le moral, je vous conseille une chose; ne rien demander à Teddy. Vous lui annoncez que vous allez être papa, elle vous répond que vous ferez un mauvais père, et elle vous parle chaussettes.

Mattia but une gorgée de sa boisson, et cette fois, lâcha un petit rire. Teddy n'avait pas si tord; il choisissait peut-être ses chaussettes tout seuls, mais il n'avait pas encore trouvé le chemin pour aller de sa chambre à l'endroit où était la machine à laver. Elle posa alors sa main sur la sienne, enfin compatissante, avant de la retirer aussitôt, disant qu'ils se croyaient dans un film tragique. C'était ça le pire. Là, Mattia comprit qu'il n'était pas le seul paniqué; Teddy, sa Teddybear semblait, même si elle n'avait aucune raison de l'être, gênée. Gênée et inquiéte. Elle but son verre d'une traite, encore, et en réclama un autre. Mattia parla alors de son Willy, essayant de rendre cette chose aussi amusante qu'elle ne l'était pas. Teddy grimaça, le suppliant de ne pas lui donner d'images sordides. Et le pire, c'est que juste après, elle compara le vagin d'Ella avec une grotte sous-marine, et le Willy de Mattia à l'orque de « sauvez willy! ». Quoique.. Cette image fit revenir en mémoire des paroles d'Ashton, grand frère d'Ella. Et là, il trouva que finalement, comparer son engin à l'orque de « sauvez willy », ce n'était pas si faux que ça.. Il fallait que d'une manière ou d'une autre, il sauve son Willy. Et ça c'était moins drôle, beaucoup moins.

Si Teddy ne s'était pas lâchée, jamais il n'aurait ri. Quelque peu effrayé par ce que son prof lui avait dit. Mais il faut savoir une chose sur Teddy; elle a un rire communicatif. Alors, lui aussi, il se mit à rire. D'un rire bête, stressant, inquiet. Mais il rit.

Teddy abbatit sa main derrière son crâne, en entendant qu'ils ne s'étaient peut-être pas protégés. Elle insista, prétextant que c'était le karma. « Je ne sais pas si ça vient de là hein! » Peut-être qu'une capote avait lâché. Peut-être que les petits spermatozoïdes de Mattia sont des winner, eux aussi. Il y avait tellement de 'peut-être', tellement de possibilités.. Il se laissa imaginer, repensant bêtement à tout ce qu'Ella et lui avaient fait, à tout ces bons moments, fichus parce qu'elle était trop fertile. Il tourna sa vodka dans sa main, repensant à tout ça. Il en oubliait presque teddy. Teddy, tactile. Teddy, inquiéte. Teddy, qui recherchait une solution. «  Je pense qu'elle a déjà assez à supporter avec sa grossesse, lui faire une mauvaise réputation ou lui faire une crasse, ne va pas l'aider. » Mais qu'est-ce qu'elle avait teddy? Elle détestait Ella, et aujourd'hui, elle essayait de tout faire pour l'aider? C'était quoi ce qu'il ne clochait pas chez les filles? Elles se haissaient, et le lendemain, elles s'adoraient? Ok, Mattia avait toujours rêvé qu'elles s'entendent bien toutes les deux. Oui, mais pas là! Pas dans ces conditions !

« Parles-lui, dis-lui que tu l'aimes, que tu es désolé mais que tu ne veux vraiment pas de cet enfant et que tu sais qu'elle n'en veut pas non plus. Ne l'incite pas à avorter. » Etape difficile. Sentimentales. Mielleuses. Mattia entendit tout ces mots. Il remua la tête légèrement de gauche à droite. Bon sang, teddy, tu ne comprends donc pas? Mattia l'écouta, sans rien dire, hochant la tête, n'étant pas d'accord avec tout ce qu'elle disait. Mais il cessa de bouger lorsqu'il entendit le « Je peux pas te laisser dans une merde pareille et même si je sais que t'es en train d'halluciner ». Les yeux grands ouverts, il ne cessa pas de la regarder. Elle avouera qu'elle ne laissera pas le nom d'Ella, ni le nom de Mattia salis dans cette affaire. « J'inventerais quelque chose de plus gros que sa grossesse, je te le promets. » Là, il hallucinait clairement. De nouveau, il hocha la tête de gauche à droite.

« quoi?? » demanda-t-il, se demandant s'il avait bien entendu ou non. « non, non, non, Teddy! »Il la connaissait que trop bien; elle était capable de faire beaucoup de choses pour finalement être au centre du monde. Même pour sauver son meilleur ami d'une mauvaise passe. A son tour, il posa sa main sur la main de la jeune fille; petite technique pour être sûr qu'elle l'écoute. « Ecoute, je veux juste ne pas être mentionné dans la grossesse d'Ella. Mais je me fiche de ce que les autres vont penser d'elle. T'as pas à t'en inquiéter, elle va très bien gérer elle-même. Elle gère toujours tout » Oui. Il ne fallait pas s'inquiéter pour elle. Ella était une sportive, une battante; et puis, là, ce qui lui arrive, il s'en fichait complètement. « Et puis, depuis quand t'es amie avec? Avant, il fallait limite que je râle après toi, pour que tu sois un minimum gentille avec. Et là, tu veux tout faire pour elle? C'est quoi ça? La solidarité féminine? » lui demanda-t-il. Il enleva sa main de sur sa main, et but une gorgée de sa boisson. A force, il n'en avait presque plus, et c'est en faisant ce constat, qu'il ajouta d'un ton plus que sérieux. « Y a vraiment un truc que je comprends pas chez vous, les filles. » Il hocha la tête. Cette idée, ça ne lui plaisait pas. Il n'avait pas envie que Teddy se mette dans la merde pour lui. Il n'avait pas envie qu'elle aide Ella, elle n'avait qu'à se débrouiller elle-même. Et puis, presque jaloux, il n'aimait pas entendre Teddy parler d'Ella en de si bons termes. « Tu la détestes, tu te rappelles? Et moi aussi, je l'aime plus. Je sais, tu vas avoir du mal à le croire, mais je n'y peux rien, c'est comme ça. Dès qu'on se parle, on se gueule dessus... » Entre Ella et lui, il n'y avait plus rien. Vraiment plus rien. Lui, il continuait à l'enfoncer, elle, elle pleurait. Et elle avait maintenant Teddy dans sa poche. « Alors, pour une fois que je t'autorise à cracher ton venin sur elle, tu pourrais le faire! Et Arrête surtout de vouloir tout faire pour elle! Arrête! » continua-t-il d'une voix plus dure, les yeux rivés sur elle.

Se calmant, Mattia souffla un coup et jeta un bref coup d'oeil à côté d'eux. Deux types étaient en train de discuter base-ball. Cette situation l'emmerdait. Vraiment. Parce qu'il flippait pour son avenir, qu'il flippait pour son futur proche, qu'il flippait tout simplement. Reportant son regard sur Teddy, il lui demanda alors. « Mais n'invente rien, Teddy. Je te connais, fais pas de conneries. Je te demande juste de ne pas parler de ce truc qui pousse dans son ventre, c'est tout. Te mets pas dans la merde pour moi! » cette dernière phrase le fit frissonner. Il connaissait Teddy sur les bouts des doigts; elle serait capable d'inventer quelque chose d'énorme pour que les gens ne parlent que d'elle, et occultent tout le reste.

J'AI MIS MA COPINE EN CLOQUE. T'AS FAIS QUOI ?!

❝ Are you fucking kidding me ? Ainsi dans la vraie vie, on ne peut pas être le héros qui sauve les jeunes filles en péril. Le prince charmant que je croyais incarner n'avait plus qu'a se rhabiller, la princesse préférait barbe bleue, même si elle savait que sa cave était emplie de cadavre de jeunes filles suspendus à des crochets de boucher. Je m'étais trompé. On ne peut pas aider les autres, on peut juste être le témoin de leurs parcours de douleur et les encourager à tenir bon. Si on intervient on est emporté.❞ CJ.POMME'

Et elle l'avait écouté, pendant plusieurs minutes. Il parlait de la grossesse d'Ella. Grossesse non-désirée qui allait évidemment ne pas être interrompue, connaissant Ella. En y réfléchissant bien Teddy aurait elle aussi eu du mal, a avorter. C'était dur, moralement, physiquement, sentimentalement. Oui, ce n'était qu'un pauvre fœtus agrippé sauvagement à une paroi utérine, mais ce fœtus, c'était le mélange de deux sang, de deux chair, de deux corps. C'était le fruit de l'amour. C'était un futur enfant, un futur adolescent, un futur adulte. Un futur être. Comme vous et moi. Il n'avait pas demandé à être ici, il ne savait même pas qu'il allait gagné la course des spermatozoïdes, il ne savait même pas s'il allait devenir homme ou femme, beau ou laid, enrobé ou squelettique, intelligent ou ingénu, sage ou rebelle, Don Juan ou Roméo, aimé ou détesté, gentil ou méchant. Il ne savait rien, pas encore. Ce n'était qu'un fœtus qui avait malheureusement pris place dans l'utérus d'une jeune fille ou d'une femme qui, elle non plus, n'avait rien demandé. Qui, plus tard, regardera son enfant jouant dans le bac à sable, un sourire aux lèvres, fière d'avoir mis au monde sa plus belle réussite, d'avoir mis au monde une merveille du monde. Ou, qui plus tard, se regardera dans la glace, un couteau à la main ou des médicaments posés sur le lavabo, et qui regrettera son choix, qui en portera chaque jour les lourdes conséquences, qui chaque jour s'imaginera l'image de cet enfant qui aurait pu être là avec elle et qui finalement, mettra fin à ses jours ou sombrera dans la dépression, devenant antisociale et rejetant la gente masculine. Et c'était tragique de voir que cette dernière, ne comprenait rien, ne voyaient pas cet aspect de la grossesse ou de l'avortement. Les hommes étaient bien trop égoïstes pour cela. Ils se donnaient du plaisir à se vider les couilles dans le vagin de leur copine, sans penser aux conséquences qui en résultaient. Une grossesse, un avortement, une dépression, une rupture. Et c'était ces petites choses qui créaient les grandes choses. On peut créer à partir d'une simple petite vague maritime, un tsunami destructeur qui détruirait des milliers de vie. Quelle honte. Quelle honte les hommes devraient ressentir face à cela. Tu as seize ans et une copine enceinte ? Tu n'avais qu'a te protéger ou au mieux, ne pas la sauter. La capote a craqué ? Il fallait aller voir le médecin directement et lui faire prendre la pilule du lendemain.

Teddy savait que si un jour, un homme osait lui demander d'avorter, elle lui foutrait une claque avant de le quitter. Oui, elle préférerait un enfant à un homme, elle privilégierait toujours une personne qui resterait à jamais avec elle, plutôt qu'une personne qui pourrait partir du jour au lendemain, sans rien dire. Et c'était à cet instant là que Teddy compris qu'elle comprenait Ella, et non Mattia. C'était triste, elle ne portait pas Ella dans son cœur, contrairement à Mattia qu'elle adorait et pourtant, elle comprenait la première mais pas le dernier. La jeune femme se prépara au plus long discours de toute sa vie, mais avant cela, elle mit une claque à Mattia, par nervosité mais aussi pour se défouler. « La ferme, espèce d'idiot ! Je sais que je ne porte pas Ella dans mon cœur, je sais que tu n'es plus avec elle, mais l'un n'empêche pas l'autre, bordel. Tu ne l'aime plus ? Le fait de se gueuler dessus ne signifie rien, imbécile. Crois-moi, tu l'aimes encore. Et tu sais comment je le sais ? Je le sais parce que sinon, tu n'aurais jamais dis que tu ne l'aimais pas et tu n'aurais surtout pas parler d'elle. Tu sais pourquoi ? Quand les sentiments s'évaporent, l'intérêt qu'on porte à la personne s'évapore aussi. Et je sais ça, mieux que quiconque. Alors, maintenant tu vas tranquillement rester assis là à m'écouter blablater pendant une bonne dizaine de minutes sans grincher, capitche ? Voilà. Elle ne gère rien, Mattia. C'est une adolescente de dix-sept ans qui se retrouve avec un fœtus dans l'utérus et qui deviendra dans neuf mois, un joli bébé pleurnichard et criard. Et ça, c'est le genre de truc qu'on ne gère pas tant qu'on a pas appris à gérer des factures, des dettes et des charges énormes de travail. Oui, Ella est forte, je le sais, je l'ai côtoyé je te signale, mais ça ne veut rien dire. J'étais forte aussi à une époque, mais William m'a dépucelé et m'a jeté comme une vieille chaussette. Ma résistance ? Disparue. J'étais redevenue une gamine sans bouclier et sans défense. C'est équivalent à une grossesse. Je comprends tout à fait que t'ai du mal à gérer la nouvelle et le truc et je te dis pas de reconnaître ce pauvre fœtus mais d'au moins, parler a Ella, de lui dire que tu seras là et que tu traiteras votre grosse comme si c'était un enfant normal, qui avait des parents de quarante ans. Et c'est en quelque sorte une solidarité féminine, ça m'arrive de temps en temps, surtout quand moi aussi, j'ai faillit être enceinte sauf que j'ai eu le temps à plusieurs reprises de prendre une pilule magique. Et j'ai aussi mes règles, ça explique peut-être le truc. Bref ! Et évites de me gueuler dessus, petit puceau, je suis Isìdora Teddy-Rose Forzwood et personne ne me parle comme ça, sauf mon père. Et, à ce que je sache, tu n'es pas mon père. A moins que tu es pris trente ans de moins dans la gueule. Je ne ferais rien pour elle, ce sera tout pour toi. Et c'est trop tard, j'ai déjà envoyé un sms à Thabyta pour lui dire un truc et bientôt tout le lycée le saura et toi, mon pauvre petit meilleur ami, tu iras aux oubliettes jusqu'à la fin de l'année. Je me mettrai toujours dans la merde pour toi, Matty. Je veux dire .. je t'aime, tu comptes beaucoup pour moi et j'ai pas envie d'entendre mes pestes d'amies médirent sur toi. Ni voir tes amis te regarder d'un mauvais œil ou voir Ted te virer du tennis pour une raison infondée. » Elle reprit sa respiration et bu son verre, levant le doigt devant Matty, histoire qu'il ne parle pas. « J'ai pas finis. Si tu répètes que je t'ai dis que je t'aimais et que je tenais à toi, je te castre définitivement. J'ai pas envie de me voir apparenter à une image de fille mielleuse et attendrissante. J'aime savoir que les gens ont peur de moi, c'est très amusant. Voilà, j'ai finis, maintenant tu peux ré-ouvrir ta bouche, enfin si t'y arrives, j'ai du parler vingt minutes au moins là. J'ai la gorge sèche, c'est fou ça. J'ai jamais parlé aussi longtemps, dis donc. » Elle lui fit un grand sourire et lui fit un bisou sur la joue. Mielleuse va. La ferme. « Ça, c'est parce que j'ai mes règles et ça me fait faire des trucs totalement différents de d'habitude. »

Spoiler:

Teddy était sa meilleure amie. Dans cette expression se trouvaient deux mots. Amie. Ce mot voulait clairement dire qu'ils étaient plus que proches, qu'ils se comprenaient à chaque seconde, et que chacun était là pour l'autre dès qu'ils en avaient besoin. Amie, précédée de Meilleure. Là, ça voulait dire qu'ils se comprenaient parfois sans ouvrir la bouche, qu'ils pouvaient s'appeler à n'importe quelle heure, et qu'à n'importe quelle heure, ils répondaient au téléphone. C'était ça être une meilleure amie. Répondre très tard ou trop tôt au téléphone. Parler à ne plus savoir quoi se dire. Apprendre à se parler sans paroles. Rire de conneries aussi minimes soient-elles.
Teddy et Mattia étaient ce genre d'amis. Chacun gardait leur petit jardin secret, celui qui ne plaisait pas à l'autre. Teddy n'aimait pas Ella. Elle la trouvait trop sérieuse, trop sportive, trop tout. Et Mattia ne disait rien quant à ses relations avec d'autres hommes, un peu plus âgés qu'eux. Parce qu'aucun des deux ne se comprenait. Mais chacun respectait leur relation. Jusqu'à maintenant.

Du haut de ses dix-sept ans, de son futur statut de père qu'il niait, Mattia désirait que la jeune fille critique, enfin, son ex-petite amie. Ella. Qu'elle l'attaque avec ses crocs. Qu'elle lui crache son venin. Qu'elle l'envenime. Mais au lieu de cela, la solidarité féminine semblait avoir pris le dessus. Cette solidarité fut mise au grand jour lorsque, sans crier gare, Teddy lui balança une claque, bien forte pour une demoiselle. Sa joue la sentit passer, cette baffe. Mine de rien, dans ses petits bras, elle en avait de la force. « La ferme, espèce d'idiot ! » Charmant. Quand on vous dit que la solidarité féminine n'existe pas, c'est faux. Elle existe. La preuve; elle prend même la forme de votre meilleure amie, et vous frappe, et vous crache dessus. Crachant comme pas possible, la jeune fille se lança dans un grand débat. Une grande tirade. Mattia croyait que seul Ashton était capable de pousser des gueulantes sans laisser le temps à ceux qui devaient l'écouter d'en placer une. Mais il n'était pas le seul. Teddy était un adversaire de taille.

Et elle parlait, parlait. Disant qu'il aimait encore Ella, comme si avec ses yeux, elle pouvait percer son coeur, et lire dedans comme dans un livre ouvert. «  maintenant tu vas tranquillement rester assis là à m'écouter blablater pendant une bonne dizaine de minutes sans grincher, capitche ? » Ouais. Sonné par la baffe, sonné par la réaction de la jeune fille, sonné par tout ce qu'il était en train de vivre, Mattia fut incapable de répondre quoi que ce soit. Son regard se posait juste éternellement sur elle. Et ses oreilles, malgré tout ce qu'il avait l'habitude de faire quand on lui faisait la morale, restaient pourtant grandes ouvertes. Et elle continuait de parler, inlassablement. Ella. Le foetus dans son utérus. Sa façon de ne pas gérer tout ça. William. Qui l'avait dépucelé et jeté. Et le pire, c'était ça «  et je te dis pas de reconnaître ce pauvre fœtus mais d'au moins, parler a Ella, de lui dire que tu seras là et que tu traiteras votre grosse comme si c'était un enfant normal, qui avait des parents de quarante ans » Les yeux grands ouverts, Mattia allait réagir, lui répondre, lui dire que ça, c'était impossible. Il ne voulait pas de cet enfant. Ni maintenant, ni plus tard. Sa décision était prise et ferme; père il ne le deviendrait pas. Du moins, pas avant ses trente ans minimum. Si une de ses futures petites amies lui propose de lui faire un gosse, il prendrait directement ses jambes à son cou, et se faufilerait loin d'elle. Pas d'enfant. Pas avant d'avoir l'âge d'être un homme, un vrai.
Pendant ce temps là, Teddy parlait toujours. Injectant des petit puceau mal placés par moment. Comme si elle essayait bien de lui montrer qu'il avait été trop loin, qu'Ella avait besoin de lui, et que malgré tout ce qu'il pensait d'elle, il ne pouvait faire autrement que de rester près d'elle. Sauf que tout ces petits mots, placés, là, ça plaisait bien à Mattia. Etre encore un petit puceau, à 17 ans, lui plaisait. Si seulement il n'avait encore jamais vu de femmes à ce jour..

Impossible de répondre à la jeune fille. Teddy-Rose Forzwood avait décrété que les dix prochaines minutes étaient pour elle, et rien que pour elle. A un moment, Mattia voulut forcer sa prise de parole. Il ne voulait pas laisser passer ça. Surtout pas ça. « J'ai déjà envoyé un sms à Thabyta pour lui dire un truc et bientôt tout le lycée le saura et toi, mon pauvre petit meilleur ami, tu iras aux oubliettes jusqu'à la fin de l'année. » Il ferma les yeux un instant, essayant de se contenir. Non, elle n'avait pas pu faire ça. Elle n'avait pas encore inventé une histoire pour réussir à se mettre en avant, et placer Mattia et Ella, loin derrière. Juste pour pas qu'ils soient dans la merde. Il ouvrit la bouche pour répondre, mais se tut rapidement en entendant trois mots. «  je t'aime » Combien de personnes étaient capables de vous foutre une gifle et de dire, trois minutes plus tard qu'elles vous aiment? Peu de personnes. Et celles qui le font, ce sont elles qui sont accrocs. Alors, oui, Mattia fut touché. En plein coeur cette fois.

Et elle se tut. Profitant de ce petit moment où la miss se mit à boire son verre, Mattia sortit de sa surprise, et commença à ouvrir la bouche. La demoiselle leva le doigt; elle n'avait pas fini. Moins d'une seconde plus tard, elle continuait sa tirade. Lui demandant de ne dire à personne qu'elle l'aimait. Sinon, elle le castrait. Charmant. Passer de la fille mielleuse à la fille effrayante. Teddy réussissait bien son coup. Et enfin, elle s'arrêta, venant coller un bisou sur sa joue, prétextant que c'était parce qu'elle avait ses règles.

A l'entente de cette fameuse excuse, le tennisman ne put s'empêcher de sourire. Les yeux posés sur Teddy, il ouvrit la bouche. Elle se tut; il pouvait donc parler. « Vas-y, respire Teddy.. » Un léger sourire sur les lèvres, il se moquait quelque peu d'elle. D'elle et de sa façon de parler pendant aussi longtemps. « Je suis ému d'apprendre que tu m'aimes- dit-il, feignant ce sentiment, se forçant à rendre ses traits de visage émus. Emu, il l'était au fond de lui-même, mais handicapé des sentiments comme il l'était, il ne pouvait pas se permettre de le lui montrer autrement qu'en faisant le pitre. « Ta menace ne me fait pas peur Teddy. Je peux volontiers le répéter à tout le monde. Au moins, quand je serai castré, je ne pourrai plus mettre de fille enceinte.. » Il afficha un grand sourire. Plaisanterie non rigolote. Mais dire ça, en riant, ça l'amusait. Ca le faisait décompresser. Pendant un instant, il riait de la situation merdique dans laquelle il s'était mise. Et c'en était plaisant.
A son tour, il attrapa son verre, et en but une gorgée. L'alcool lui faisait du bien, du plus grand bien.
Reposant son verre sur la table, il lança un regard vers Teddy. « Je peux savoir c'est quoi l'histoire que t'as inventé et qui va m'éviter de me faire botter le cul par mes parents? » Que Teddy invente quelque chose, ça ne le gênait pas. Il était d'accord, tant que ses parents ne découvraient pas la vérité, et ne lui bottent pas le cul -même si dans son cas, son beau-père ne serait pas aussi doux, et irait le tuer directement sur place. Rien que cette idée l'effrayait, et Mattia commença à se ronger les ongles. Mais connaissant Teddy, cette histoire serait tellement énorme qu'elle risquait de se mettre dans la merde jusqu'au cou. Toute seule. Pour une chose qui n'en valait peut-être pas la peine..

Ne lui laissant pas le temps de répondre, Mattia leva la main. « Nan, en fait, je ne veux pas savoir. Ca va m'énerver si je sais. Mais... » Reposant son regard sur la jeune fille, il lâcha un « Oh Teddy.. Une personne dans la merde suffit. Pas deux, ok? » Il hocha la tête de gauche à droite, essayant de trouver ce qu'elle avait bien pu inventer. Et puis, repensant à tout ce que la jeune fille avait pu dire, Mattia rouvrit la bouche. « t'as pas tord dans tout ce que tu dis. Mais Teddy, c'est encore trop tôt. Je ne veux pas de ce bébé. A cette heure-ci, je sais que je n'en veux pas, et que je n'en voudrais pas. Ca peut peut-être changé ça, mais laisse moi le temps de digérer tout ça. Se retrouver père ne s'improvise pas. C'est pas pour rien qu'un bébé met neuf mois avant de venir. » Ses paroles, c'était bien pour lui faire plaisir. Pour éviter de s'en reprendre une. Pour éviter qu'elle ne se remette à parler. Pour éviter qu'elle ne meure noyée dans ses paroles. Parce qu'au fond de lui, Mattia savait que jamais il ne voudrait de ce gosse. Ni maintenant, ni dans un an, ni dans dix ans. Pas même quand ce sera un vieillard. « En plus, c'est peut-être égoiste de dire ça, mais j'ai un avenir. Tu me vois avec un gosse à trainer dans les tournois de tennis Future? Et Ella, c'est pareil pour elle. On ne rêve pas d'aller à la fac nous. On rêve de pousser notre carrière sportive au plus haut niveau. Ok, je ne serai jamais le numéro 1, mais je peux atteindre le top 100. Ella, elle rêve aussi d'un grand avenir dans la natation synchro. Alors ouais, je trouve qu'un bébé à notre âge, ça gâcherait tout.. » Soufflant un coup, et jetant un coup d'oeil à Teddy, il ajouta presqu'aussitôt « mais tu as raison. Je dis ça maintenant, mais peut-être que plus tard je changerai d'avis » C'est bien pour éviter une de tes gueulantes que je te dis ça Teddy! Le regard toujours rivé sur elle, il lui demanda alors « Rassure-moi Teddy, ta période 'alerte rouge' est bientôt finie?? ». Si elle était toujours comme ça quand elle avait ses règles, Mattia allait finir par noter dans son agenda les jours où il devait l'éviter...

J'AI MIS MA COPINE EN CLOQUE. T'AS FAIS QUOI ?!

❝ Are you fucking kidding me ? Ainsi dans la vraie vie, on ne peut pas être le héros qui sauve les jeunes filles en péril. Le prince charmant que je croyais incarner n'avait plus qu'a se rhabiller, la princesse préférait barbe bleue, même si elle savait que sa cave était emplie de cadavre de jeunes filles suspendus à des crochets de boucher. Je m'étais trompé. On ne peut pas aider les autres, on peut juste être le témoin de leurs parcours de douleur et les encourager à tenir bon. Si on intervient on est emporté.❞ CJ.POMME'

Elle ne savait plus quoi dire, plus quoi faire. Son meilleur ami s'était mis dans de beaux draps – c'était le cas de le dire au début – et elle ne savait pas quoi lui dire. Elle savait ce qu'elle allait faire, mais ça ne changerai pas le fait qu'il allait avoir un gosse, qu'il le veuille ou non. Il aurait une personne, avec une partie de son adn, de ses chromosomes, de sa chair, qui marcherait un jour ou l'autre sur terre, près ou loin de lui et ça, il ne pouvait rien y faire. Elle le regardait, désemparée. Elle aurait aimé que ce soit elle, qui tombe enceinte et pas Ella. Elle aurait préféré que ce soit un autre garçon qui se retrouve avec cette charge horrible sur ses bras. Elle aurait préféré que ce soit elle qu'on quitte, que ce soit elle qui ait gâché sa plus belle histoire d'amour. Elle aurait préféré que ce soit qui subisse ça, plutôt que son meilleur ami. Pour lui, elle aurait été capable de beaucoup de chose. Se faire découper le bras par un sabre laser, se prendre une balle en argent dans le cœur, se prendre un pieu en bois dans le cœur, ou même se prendre un liquide dégueulasse sur la face. -je parle de vomis.- Et puis, elle lui sourit lorsqu'il lui avoua qu'il était ému. Idiot. Elle secoua le visage en soupirant. Si seulement ils étaient restés des pauvres gamins de douze ans, personne en serait là. Il n'y aurait pas ce problème de grossesse. Pourquoi tout le monde s'évertuait à lui dire que ces menaces ne leur faisait pas peur ? Ils étaient tous inconscient ou ils faisaient semblant ? Lorsque Teddy menaçait quelqu'un, elle ne plaisantait pas du tout. C'était vrai. Une fois qu'elle avait quelque chose en tête, peut importe ce que c'était, ça n'en sortait plus et elle ne lâchait pas. « Je suis sérieuse, Mattia. Dis pas ça, quand t'auras l'âge, tu voudras faire un gosse à ta femme, parce que c'est comme ça. On a été élevé comme ça. On fait en sorte de nous persuader qu'après ou avant un mariage, il faut des enfants. Et comme vous êtes des petits moutons, vous le faites. Et pour répondre à ta question intérieure qui vient juste de passer dans ton esprit ; non, je n'aurai pas d'enfant. Je tiens à garder mon utérus, mon aine et mon vagin intact, vois-tu. Pas envie d'avoir les seins qui tombent, des vergetures sur le bide ou le cul. J'ai envie de garder mon corps sain. » Oui, Teddy n'éprouvait aucune gêne face à lui. Elle aurait été capable de se foutre à poil devant lui que cela ne l'aurait pas dérangé. C'est son meilleur ami. Rien d'autre. Et ce sera à jamais son meilleur ami, quoi qu'il arrive. Son esprit à mis une barrière entre elle et Mattia et à moins de connaître le mot magique, cette barrière ne sera jamais brisée. Elle lui fit un sourire et haussa les épaules. Elle savait qu'il ne voulait pas savoir ce qu'elle avait pu inventer, c'est pourquoi elle ne répondit pas et continua de le regarder, sans rien dire, un sourire amusé aux lèvres. C'était Teddy. Teddy connaissait Mattia. Presque par cœur. Oui, il y avait quelque chose que Teddy n'avait pas vu, n'avait pas envisagé. Elle ne pensait pas qu'un jour, son meilleur ami coucherait avec sa copine. Pour elle, il allait attendre la maturité, ou quelque chose comme ça. Finalement, elle s'était trompée. Pour la première fois de sa vie. Si elle avait su, elle lui aurait fait un cours d'éducation sexuelle pour le décourager. Comme une mère le ferait pour son fils. « Je pense que je vais te faire des cours sur la sexualité et comment se protéger. Je pense que t'en a vraiment besoin. » Puis, elle rit.

Puis, elle se stoppa et soupira. « Tu mens, Mattia. Oublie pas que j'ai été suivis par une psychologue qui était spécialiste dans les détections de mensonges. Bref. Tu sais quoi ? Fais ce que tu veux. C'est vrai quoi, je suis qui pour te dire ce que tu dois faire ? T'es grand, t'es assez mature pour prendre une décision. Même si pour l'une d'entre elle, t'as été irresponsable, voir carrément con, mais bon.. Je te fais confiance, mais parle au moins à Ella. Tu sais, je sais que tu l'aimes et que c'est réciproque, alors gâche pas tout ça à cause d'un bébé. » Elle soupira et repris une boisson mais cette fois-ci, elle prit un simple coca-cola zéro, avec une tonne de glaçon. Heureusement que sa mère lui donnait assez d'argent pour se permettre de dépenser pas moins de quinze dollars de boissons dans un bar. Elle le sirrota tranquillement, en écoutant le blondinet parler et lui évoquer sa carrière sportive, ainsi que la carrière sportive d'Ella. Soyons honnêtes, elle ne pourrait pas reprendre la natation synchronisée avant un bout de temps. Elle aura tellement peu de temps pour elle, elle devra se consacrer à son enfant, aux exercices qui viseront à re-muscler son périnée ce qui lui évitera de se pisser dessus alors qu'elle n'était pas au dessus la cuvette, la culotte baissée, le cul à l'air et le chaton qui s'aère. Puis après, elle devra doucement s'occuper de son corps, marqué par les vergetures dues à la grossesse et à l'allaitement mais aussi, faire attention à la cicatrice qu'elle aura soit au bas du ventre, soit à l'intérieur de son vagin, ce qui dans les deux cas, est carrément dégueulasse. Encore, si Mattia avait sorti cette excuse pour rompre avec Ella, Teddy aurait compris. C'est normal, même si c'est con. Mais c'est vrai, que la jeune fille pourrait quitter n'importe quel beau mec, s'il avait une cicatrice toute fraîche sur le corps. Si elle datait, ce n'était pas bien grave, ça rendait un mec viril. Même s'il s'agissait uniquement d'une opération du cœur et non d'une bataille avec un grand requin blanc. Ils se regardèrent dans les yeux, puis, elle détourna son regard. « Je suis d'accord sur le fait que ça gâche tout. Mais tu sais ce qui pourrais aussi gâcher ça ? Trop d'entrainement. Vous allez vous blesser, déchirure de ligament, fracture du bras, ça pardonne pas ça. Après ça, votre carrière est finie. Alors quitte à gâcher ma carrière, je choisirais le gosse. La famille. Le bonheur. C'est une valeur sûre, ça ne t'abandonnera pas pour une nouvelle recrue, une nouvelle starlette et à cause de ça, tu ne tombera pas dans la drogue ou je sais quoi. Contrairement à vos carrières qui vous poussent sans cesse à l'extrême et l'impardonnable. Mais comme je te l'ai dis, fais ce que tu veux. » Puis, soudain, elle sentit son téléphone vibrer. Elle s'excusa auprès de son meilleur ami et se leva, pour aller répondre un peu plus loin. C'était son père. « Papa ? Qu'est-ce qui va pas ? » Sa voix était tremblante. Maman. Accident. Hôpital.  « Quoi ? Papa, qu'est-ce qui s'est passé ? T'es où là ? Papa ? Papa ? » Ça avait coupé. Teddy resta plantée au milieu de la salle avant de se souvenir qu'il y avait Mattia qui l'attendait. Elle le rejoignit et lui répondit avant qu'il ne pose la question ; « Je .. je dois y aller Matty. Ma période se finie dans trois jours. Je t'aime. » Elle lui fit un bisou sur la joue et se mit à pleurer. C'était la première fois qu'elle pleurait devant quelqu'un, devant son meilleur ami. Elle le regarda. « Maman à eu un accident, je dois y aller. On se voit plus tard. » Et sans qu'il ne puisse dire quoi que ce soit, elle partit en courant, après avoir pris le soin de laisser presque trente dollars sur le bar pour payer son addition qui ne s'élevait qu'à douze dollars.

Spoiler:

Dans la vie, il y avait quelques personnes que Mattia plaignait. Il y avait plusieurs raisons à cela; soit leur métier était horrible, et Mattia était gêné de les voir faire un métier aussi dégradant, soit c'était pour leur vie. Parce qu'ils avaient perdu un enfant. Parce qu'il n'avait plus de parents. Parce qu'ils étaient malades et sans doute condamnés. Mais à cet instant précis, Mattia plaignait surtout une seule personne : le futur mari de Teddy-Rose. Comme son deuxième prénom, la petite était piquante. Qui s'y frotte, s'y pique. Et vraisemblablement, Mattia s'y était frotté un peu trop près. Elle s'étalait sur lui comme de l'urticaire, ne cessant de le piquer par des petites phrases. Son futur mari allait en prendre plein les oreilles.. Il faut dire que cette fille, elle était capable de gifler quelqu'un et de lui dire quelques secondes plus tard « je t'aime ». En général, ces deux gestes ne s'associent pas. Mais Teddy était encore un cas à part là-dessus..
Comme sur beaucoup de choses.
Là encore, elle parlait, parlait, parlait. Dès le début, et son fameux « Je suis sérieuse, Mattia. », il sut que ça allait être dur, et qu'elle n'allait pas lâcher le morceau aussi facilement. Mais elle avait tord dans ses propos. Il n'avait pas envie de faire des enfants, surtout pas. Peut-être qu'avant, avant que Ella ne soit enceinte, il aurait pu rêver d'être père à vingt-cinq ans. Maintenant, il rêvait surtout de ne plus entendre parler spermatozoide, ovule, fécondation, nid, oeuf, foetus. Alors, même si c'était dans notre nature de grandir, de trouver quelqu'un et de faire des enfants, ça ne changeait rien à ce qu'il pouvait penser. Père, il ne le deviendrait jamais. Les yeux rivés sur elle, mélangeant de temps en temps sa boisson alcoolisée grâce à sa petite touillette, une question vint se glisser dans son esprit. Se pourrait-il que Teddy rêve de devenir maman? La réponse ne tarda pas. « Et pour répondre à ta question intérieure qui vient juste de passer dans ton esprit ; non, je n'aurai pas d'enfant. Je tiens à garder mon utérus, mon aine et mon vagin intact, vois-tu. Pas envie d'avoir les seins qui tombent, des vergetures sur le bide ou le cul. J'ai envie de garder mon corps sain. »
Un rire sortit de sa gorge. Oui, cette question venait juste de passer dans son esprit. Parfois, il se demandait si Teddy n'était pas une magicienne, une voyante ou quelque chose comme ça. Ce n'était pas la première fois que ça arrivait. Il se souvenait d'un coup, peut-être deux ans auparavant -voire trois-, Mattia avait 'oublié' de faire un devoir. Rien d'inhabituel en soit, mais cette fois-là, il avait un peu peur; c'était la troisième fois du mois qu'il oubliait, et le prof l'avait déjà prévenu quant à sa punition. Ca aussi, il s'en serait fichu s'il ne savait pas que le mot 'colle' rimait avec les mots 'pas de match' pour Ted -l'entraineur-. Teddy n'avait pas hésité. Elle avait reprit ce qu'elle avait fait sur ordinateur et le lui avait tendu « On n'a qu'à dire que c'est moi qui ai oublié ». Il n'avait pas ouvert la bouche, il n'avait rien demandé, et elle avait tout compris. Cette fille était extraordinaire.
Cessant de rire, il ouvrit la bouche pour dire « Et tant mieux. En plus de plaindre ton mari, je plaindrais ton gosse! » un sourire moqueur au coin des lèvres. Quoiqu'à bien y réfléchir, il plaignait déjà son gosse à lui, sa chair de sa chair. Bien qu'étant le fruit de l'amour -même s'il disait tout l'inverse à Teddy, il mentait-, il n'était pas le moins désiré. Dès qu'il pointera le bout de son nez, il aura un handicap; il n'aurait qu'une jambe sur laquelle s'appuyer; celle d'Ella. Mattia lui ne comptera pas. Il sera un inconnu lambda dans sa vie. Il sera le sportif du village de sa mère qui a bien réussit. Ou le taré de tennisman qui se drogue. Ou le pochtron du bar qui a tout fichu en l'air quand il était jeune. Ce gosse verrait Mattia de cette façon. C'était mieux pour Mattia. Mieux pour lui aussi. Avec la figure paternelle qu'il avait eu, il n'était pas sûr de faire un bon père; bien au contraire, il avait peur de devenir un monstre à son tour.

Il but une gorgée de sa boisson, et crut s'étouffer en entendant Teddy lui proposer des cours sur la sexualité. Il hocha la tête, éberlué. Cette fille était vraiment un cas. Et cette fois, ensemble, ils se mirent à rire. Si on lui avait rappelé juste deux secondes avant l'acte que sans préservatif, il était plus facile de tomber enceinte, peut-être ça ne serait jamais arrivé. Parce qu'en théorie, il le savait. Mais la pratique était toute autre; quand on a un magnifique corps devant soit, on ne pense pas forcément aux conséquences à très long terme. Seuls le présent et le futur très très proche nous intéressent. Oui, il l'avait aimé. Oui, Teddy, il ment. Mais qu'importe. Ca ne change rien en soit; à cause de ce bébé, de ce truc qui couine, qui pleure, il allait tout gâcher. Désolée Teddy. C'est trop dur.

La jeune fille n'en resta pas là, elle se mit à rebondir sur sa carrière. Comme quoi, ils allaient se blesser, se déchirer le ligament, se fracturer le bras, et que leur carrière serait finit. Ils feraient mieux de choisir une valeur sûre, le gosse, la famille. Tu parles. A dix-sept ans, Mattia se voyait mal habiter dans le même appartement qu'Ella, elle à faire le ménage, lui à boire sa bière, et le petit entre eux deux qui courait dans l'appartement. Ca, ce cliché, c'était bon pour les films navets. Pas pour lui. Et franchement, il s'imaginait que Teddy non plus se verrait mal dans le dessin précédemment décrit. Elle, l'indépendante. Et puis de toute façon, si sa carrière aurait dû s'arrêter par blessure, elle ne lui aurait pas permis de monter au niveau où il était aujourd'hui. Il avait bien plus de chance de se blesser dans sa propre maison que dans un accident de sport. Un coup donné par le cinglé avec la barre en fer près de la cheminée et son poignet pourrait se casser. Alors oui, Teddy ne savait pas tout ça, mais aux yeux de Mattia, ce serait franchement le mauvais sort qui s'acharnerait sur lui si sa carrière serait brisée par une blessure. L'ironie du sort. Le pied de nez du destin.
Il sentit quelque chose vibrer, mais il finit quand même par lui dire quelques mots « Une carrière sportive, on ne peut la construire que quand on est jeune; la famille, on peut la faire tout le temps. Et au moins, j'aurais essayé » Il ne sut pas vraiment si Teddy l'avait entendu ou non. Elle s'était excusée et aussitôt s'était levée pour répondre plus loin. C'était qui? Le gars qu'elle baisait en ce moment? Il trouvait le temps long peut-être? Hochant la tête, il finit par porter à sa bouche son verre, et à siroter la fin. Tout ce que Teddy s'était évertué à lui dire avait fait mouche. Normalement, quand on lui fait la morale, il n'y pense plus après. Là, bien au contraire, il pensait à tout ce qu'elle avait dit; à cette valeur sûre qu'était la famille, à sa façon d'aimer Ella, à ce qu'elle allait faire pour l'empêcher de se retrouver au centre des rumeurs d'Arrowsic.. Tout ces mots bourdonnaient dans ses oreilles. Il ne remarqua même pas que son coup de fil était fini, et qu'elle restait plantée au milieu du bar. Il sortit de ses pensées juste en la voyant devant lui. Avec un petit sourire, il allait lui demander si le vieux -il l'appelait comme ça son petit ami du moment- trouvait le temps long, mais elle fut plus rapide. « Je .. je dois y aller Matty. Ma période se finie dans trois jours. Je t'aime. » Lui faisant un bisou, il sentit d'un coup un spasme. Quand ses lèvres s'éloignèrent de sa joue, il vit qu'elle pleurait. « Teddy.. » murmura-t-il, sans dire de suite. Il avait bien peu l'habitude de la voir dans de tels états. Elle n'avait jamais pleuré devant lui; du moins pas qu'il s'en souvienne. « Maman à eu un accident, je dois y aller. On se voit plus tard. » Mme Forzwood? Les yeux rivés sur elle, fuyant déjà, inquiet, Mattia lâcha alors un « Teddy, tiens-moi au courant » Il fut incapable de bouger, incapable de l'accompagner. Sa réaction face à son annonce, et sa façon de pleurer face à cette terrible nouvelle contrastaient. Il ne connaissait pas la dernière Teddy; la sensible, celle qui pleurait. Et cette fille le touchait. Et pourtant, il était certain que cette fille, c'était la véritable nature de Teddy, celle qu'elle cache derrière son masque de beauté effrayante.


Il resta un long moment à contempler la porte d'entrée du bar où sa meilleure amie s'était enfuie. Il pensait à Ella, au bébé. Il pensait à Teddy. Elle en était malade. Peut-être qu'au fond de lui, il avait besoin de ça, d'une épine de rose qui le pique, et lui dise qu'il avait mal agit. Et il l'imaginait Teddy, sa Teddybear malade de voir sa mère mal en point. Sortant de ses pensées, il attrapa son téléphone portable, et lui envoya un petit sms.

Citation :

Teddy, comment ça va? Ta maman? Dis-moi tout. Je voulais te dire aussi; merci.

Merci de l'avoir écouté. Merci pour avoir réagi de cette façon. Merci d'avoir essayer de lui ouvrir les yeux. Merci. Mais il n'était pas prêt.