DOUBLE-COMPTE : Carlie. MESSAGES : 8680 ARRIVÉE : 07/09/2011 LOCALISATION : Dans le pays où on ne grandit jamais.
Sujet: Je suis candidate au suicide ! Jeu 5 Juil - 23:10
Je me levais de mon lit. Pourquoi ? Voir les assiettes vides et sales de la veille. Voir que le frigo est vide. Qu’il y a du linge partout. Et que ces deux feignants dorment comme deux bébés ! Bébé… c’est justement pour cette raison que je bouge mon cul. C’est pour penser à autre chose que je nettoie leur merde. Pauvre cendrillon ! J’ai envie de me foutre une claque. Ou une balle. Ou alors de descendre dans la rue. Et d’insulter tous ceux qui me regarder de travers. J’ai envie de prendre un seau d’eau gelé et de leur lancer sur la gueule à tous le deux ! Mattia et Ashton. Mais à côté de ça, je rêve de me glisser dans les draps de Mattia. Avec Mattia. Dormir encore une heure ou deux au creux du paradis. Mais, je ne fais rien. Je me lave. Je m’habille. Je râle Parce qu’une fois de plus je trouve que je ressemble à rien. Et qu’il y a du dentifrice dans le lavabo. Qu’Ashton a fait tomber une capote de son jean. A moins que ce ne soit Mattia ? Dans mes souvenirs ça vient du dernier paquet d’Ashton. Parfois j’ai envie de me barrer. Tous les jours même. Mais, pas que de l’appart. Partir partir quoi. Donner de nouvelle à personne. Et me casser. Sans me soucier de rien. Sans attache. J’envisage sans cesse de le faire. Et je prends peur. Que faite-vous de votre vie ? J’ai peur ! Putain mais trop cool quoi !
Je trouve quand même le courage de marcher. Jusqu’à l’hôpital. D’aller encore à un de ces foutus rendez-vous. Pour lui. Pour le bébé. J’écoute encore que tout va bien. Que le bébé est en pleine forme. Et vue dans l’état où il me met, je l’aurais deviné ! Pas besoin de voir un gynéco pour ça. Elle me conseille à nouveau d’aller voir un psy. Parce que j’ai l’air tendue. Mais pauvre idiote ! C’est toi qui a dix-sept ans ? Avec un gosse dans le ventre ? Qui vit chez ton frère parce que ta mère ta foutue à la porte ? Et que ton père n’a pas les couilles de prendre ta défense ? C’est toi qui vois la tête du père de ton gosse tous les jours ? Alors que celui-ci refuse d’exister pour ce truc dans ton ventre ? Ton psy tu peux te le garder pétasse. J’ai pas besoin de constater que je vais chaque jour un peu plus mal. Que mon gosse va subir des traumatismes parce que je n’aurais pas eu une grossesse épanouie. J’ai pas besoin de ça. Et je sors avec un sourire hypocrite sur le visage. Meurt.
De loin, je pouvais apercevoir Elizabeth. Ouais, la femme d’Ethan qui me planterait bien des couteaux dans les yeux. Si ce n’est pas ailleurs. Et si j’allais la voir ? J’ai des envies suicidaires mais, je le vis bien. J’ai besoin de l’avis de quelqu’un qui n’a aucune affection pour moi et qui ne connait pas mon copain. Au moins elle n’y ira pas de main morte. Et je n’en entendrais pas ce foutu tout va bien se passer. J’ai besoin de me prendre une claque verbale dans la gueule. Pour me remettre sur le bon chemin. Mais, surtout me rappeler qui je suis. J’ai besoin de m’enfoncer pour mieux me relever. Serais-je devenue masochiste ? À la limite, je préférerais être masochiste qu’en cloque. « Salut, je peux te parler deux minutes ? » C’est ça, vas-y franco Ella. Des tartes, je vous dis, des tartes.
Sujet: Re: Je suis candidate au suicide ! Ven 6 Juil - 13:48
C'était bien la dernière chose à laquelle elle s'attendait. Elle s'attendait à ce qu'un inconnu lui demande où se trouvent les toilettes, qu'un autre inconnu râle de la lenteur des médecins et de leur incapacité avant de retourner sur son siège en grognant ; elle s'attendait à ce que Emilie vienne lui tapoter l'épaule pour lui demander si, miraculeusement, elle parlait le russe, car elle était dans une impasse face à sa patiente ne parlant pas un mot d'anglais, qui s'était présentée alarmée aux urgences ; elle s'attendait à ce qu'on lui demande de prendre une nuit de garde supplémentaire ce mois-ci. C'était ce à quoi elle s'attendait car c'était ce à quoi elle avait toujours eu droit, tous les jours depuis qu'elle était arrivée. Elle se retourna à l'entente de cette voix aiguë, presque familière, qui ne s'était pas encombrée des politesses habituelles. Quelle surprise que de découvrir cette petite blonde, avec ses grands yeux fatigués et ses cheveux qui flottent dans l'air, qui la salue et souhaite lui parler. Arquant le sourcil, elle se demandait quelles magouilles Ella pouvait avoir derrière la tête – quoique magouille était un mot bien trop sombre pour elle, elle n'en n'était certainement pas capable. « Qu'est-ce que tu veux ? » lui lança-t-elle spontanément, avant de la détailler de haut en bas, non sans une once de mépris. Elle s'arrêta toutefois sur ce ventre bombé, cette courbure qui était presque gracieuse et merveilleuse sur ces femmes épanouies et responsables, mais qui lui parût terriblement grotesque sur elle. Elle, qu'Elizabeth considérait comme une simple gamine, dont l'enfance avait duré plus longtemps que la moyenne, et qui était toujours coincée entre deux contes de fée, pas encore prête à affronter les méchants loups de la réalité et qui devait certainement penser que les enfants étaient apportés par la cigogne, ou naissaient dans des choux. Une ébauche de sourire se traça sur ses lèvres, incapable de rester totalement neutre face à une situation qui lui semblait totalement dérisoire et digne de sa pitié – elle aurait cependant été capable de rester de marbre devant une inconnue de son âge avec le ventre plus gros encore, mais s'agissant d'elle, il était difficile d'être objective. Alors elle n'était pas si pure et chaste, elle connaissait le plaisir de la chair, la passion des étreintes et le désir fougueux ? Il était dommage pour être qu'elle ne connaisse ni les contraceptifs, ni les contragestifs – ou alors, juste dommage qu'elle soit si peu chanceuse. « A ce que je vois... enfin, félicitations, hein. » L'ironie n'était sans doute pas ce dont elle avait besoin, mais après tout, elle était celle qui avait lancé cette conversation.
Toutefois, même si elle arrivait plus ou moins à cerner la situation dans laquelle elle était, Elizabeth ne parvenait pas encore à comprendre pourquoi est-ce qu'elle désirait lui toucher quelques mots. Elle ne lui prêterait pas son épaule pour pleurer si c'était ce dont elle avait besoin ; et si elle pouvait aller verser ses larmes sur une autre personne que son frère, ce ne serait pas de refus non plus. Elle ne lui ferait pas de cours détaillés sur la fécondation et la grossesse, et si elle avait besoin de quelques renseignements ou conseils, elle pouvait s'adresser à son gynécologue-obstétricien, ou n'importe qui d'autre. « Si tu veux savoir si tu risques de recevoir un courrier chez toi, avec écrit en toutes lettres que t'es enceinte, non, tu ne recevras pas de courrier, non tes parents ne seront pas au courant à cause de tes analyses et examens. Mais enfin, tu le caches tellement peu qu'ils doivent déjà le savoir, ça se voit à trois kilomètres que t'es enceinte. » Enceinte, et pas spécialement fière de ça non plus. Elle était loin de ces futures mamans rayonnantes, qui se déplaçaient presque en dansant tant elle débordait de joie – malgré les nuits où le petit fourbe s'amuse à donner des coup plutôt qu'à ronfler comme son papa. Elle, elle avait les épaules rentrées, les mâchoires serrées, comme si elle s'attendait à ce qu'on la retrouve à tout moment, toujours aux aguets. Son visage lisse et joyeux s'était refermé, et elle semblait être dans la mélasse et traîner derrière elle toute la boue de son malheur. « Voilà, c'est bon, j'ai répondu à tes questions, t'es contente, t'es satisfaite ? »
DOUBLE-COMPTE : Carlie. MESSAGES : 8680 ARRIVÉE : 07/09/2011 LOCALISATION : Dans le pays où on ne grandit jamais.
Sujet: Re: Je suis candidate au suicide ! Ven 6 Juil - 15:17
Je ne m’attendais pas à ce qu’elle m’accueille chaleureusement. Je n’avais pas espérer de Ella d'un ton enjoué. Ni même de sourire. Et j’avais eu raison. Elle était fidèle à elle-même. Et tant mieux parce que c’est ce que j’attendais d’elle. « Qu'est-ce que tu veux ? ». Bonne question. Je savais ce que je voulais lui demander. Pas vraiment ce que je recherchais en faisant ça. Elle allait me prendre pour une grosse barge. Tant pis. J’en avais rien à foutre. Je n’avais rien à perdre. Elle ne m’aimait déjà pas. Et puis ce que je voulais, elle le comprit bien vite. Au moins le sujet. Elle restait sur mon ventre. C’est ça, qu’elle le regarde. Comme tout le monde. Et elle souriait. Certainement que ça lui plaisait de me voir dans la merde. A ses yeux c’était certainement trop beau pour être vrai. Genre, t’as vu, t’as approché mon mari. Maintenant t’es en cloque. Et moi je bosse. Moi j’ai un avenir. Moi j’ai l’amour. Moi je et moi je. Et le rire de la sorcière de blanche neige. Ouais, bon. Elle avait le droit de faire ça. Si ça lui faisait plaisir. Moi je restais neutre. Ou plutôt fatiguée. Inapte à me préoccupée de son attitude. . « A ce que je vois... enfin, félicitations, hein. ». Ouais c’est ça soit ironique. N’empêche que mon sourire ne l’est pas moins. Je ne réponds rien. Mais venant d’elle je prends presque ça pour de la pitié. Même en sachant qu’elle est trop égocentrique pour avoir de la pitié pour qui que ce soit. Wouhou, je suis méchante quand je suis enceinte. Et je mens. Elle n’est pas égocentrique. Elle est aussi fanatique d’Ethan. Et pour lui, elle pourrait ressentir de la pitié. Oui, pardon, j’ai été mauvaise langue.
Bon évidemment, elle n’en avait pas fini. Elizabeth, n’en avait jamais fini. Surtout quand elle pouvait me rabaisser. Me prouver que je ne suis rien. En oubliant qu’elle n’était pas plus que moi. Nous étions deux petites merdes faites pour mourir. Youpi ! Sortez le champagne. « Si tu veux savoir si tu risques de recevoir un courrier chez toi, avec écrit en toutes lettres que t'es enceinte, non, tu ne recevras pas de courrier, non tes parents ne seront pas au courant à cause de tes analyses et examens. Mais enfin, tu le caches tellement peu qu'ils doivent déjà le savoir, ça se voit à trois kilomètres que t'es enceinte. ». Normal ! Ça fait quatre mois, patate ! Évidemment que ça se voit. Et tout Arrowsic le sait. C’est pas une nouveauté. « Ouais normal, ça fait quatre mois déjà. Et merci de t’en inquiété, ils sont au courant qu’ils vont être grands parents. ». C’est fou comme le son de ma voix… ressemble à celui des garces dans les séries. Tout comme mon sourire. Mais ce n’est pas comme si elle ne faisait pas la même chose avec moi. « Voilà, c'est bon, j'ai répondu à tes questions, t'es contente, t'es satisfaite ? ». Et c’est là que j’ai envie de prendre une voix de petite idiote. Faussement joyeuse. Je me mords la langue deux secondes. Et je le fais quand même. « Eh bah non figure-toi que je ne le suis pas ! C’est dommage hein ? Essaye encore ! ». Oh putain. Il faut que j’arrête les cachets. C’est pas comme ça que je vais la mettre dans mes amies. Bon c’est pas comme si j’en avais quelque chose à foutre. « En fait, je voulais savoir ce que t’en penses, t’aurais fait quoi à ma place ? ». Et là, elle va appeler son mari pour qu’on m’interne. YOUHOUUU, vive moi !
Sujet: Re: Je suis candidate au suicide ! Sam 7 Juil - 18:30
Elle ne put s'empêcher d'écarquiller les yeux lorsqu'elle lui répondit, reprenant tout de même son visage faussement enjoué et réellement agacé, aussitôt que possible. Quelques mois s'étaient écoulés depuis leur dernière rencontre, et il fallait croire que pendant ce temps, Ella était passée de la petite chenille inoffensive et résignée au majestueux papillon dédaigneux, qui se croit supérieur aux autres par ses ailes plus grandes et plus colorées. Elle avait pourtant gardé d'elle, le souvenir d'une fille débordant de bons sentiments jusqu'à s'étouffer dans sa propre bonté devenue crédulité, qui cherchait à comprendre comment, et pourquoi, et quand, qui espérait obtenir son amitié si ce n'est une once de sympathie. Elle encaissait proprement les crachats d'Elizabeth, sans jamais hausser la voix, sans même avoir l'air de ressentir de la colère. Ce n'était pas non plus de la passivité combinée à de la désinvolture, c'était tout simplement Ella, trop généreuse, trop naïve, trop désolée. Il fallait croire que le taux d’œstrogènes crevant le plafond n'était pas si mauvais pour elle, l'irritabilité et les humeurs changeantes ne la rendaient pas insupportable, elles lui permettaient juste d'avoir un peu de caractère et de s'affirmer, au lieu de hocher la tête bêtement à chaque phrase prononcée. Et elle continuait dans sa lancée, prenant une voix de crécelle, et un air idiot. Son cynisme de bas-étage n'atteignait pas Elizabeth, qui était plus ou moins immunisée contre ces pics puérils désormais. Elle suintait l'arrogance comme elle ne devait l'avoir jamais fait, se sentait pousser des ailes ; elle était d'un pathétique ahurissant, bien que divertissant. « T'es mignonne à sortir tes crocs. Je me sentirais presque menacée. »
Un rire s'échappa de ses lèvres lorsqu'elle lui posa enfin la question. Ce n'était pas un rire nerveux, c'était un véritable rire, quoique bien teinté de mépris. Elle avait perdu toute logique avec sa grossesse, la pauvre. Elle ne contrôlait plus ses mots, plus ses gestes, et serait sans doute capable de demander l'aumône à un sans-abri qu'elle vient de voler. « Ce que je ferais... J'irais m'emmitoufler sous ma couette et j'éviterais d'emmerder les gens qui travaillent. » A sa place... Elizabeth avait beau avoir une image bien négative de l'adolescente, elle s'avouait par moment qu'elle aimerait bien être à sa place quand même. Au Diable son innocence maladive ; sa situation cependant était presque à envier de son point de vue, même si l'enfant était peu désiré – mais si elle avait atteint les quatre mois de grossesse, c'était bien parce qu'elle l'avait décidé. Elle ne s'était certainement pas réveillée un jour, pour découvrir les heures d'après qu'elle portait en elle un amas de chair, volontiers appelé fœtus. Mais là n'était pas la question, Ella n'espérait pas remuer des plaies qui lui étaient inconnues. Ce qu'elle voulait savoir était désespérément clair : est-ce qu'Elizabeth aurait gardé l'enfant, est-ce que c'est une bonne idée de s'embarquer dans la vie d'une maman, alors qu'on n'a que dix-sept ans ? Est-ce qu'elle risque d'y perdre gros, quels sont les sacrifices qu'elle devra faire ? Ces questions angoissantes et existentielles des adolescentes qui portent dans leur utérus un petit être humain. Ces peurs qui les animent jour et nuit, depuis qu'elles ont dépassé le délai d'avortement. Le sentiment de satisfaction, sournoisement mêlé à de l'appréhension, et l'inquiétude des regrets, le tout couronné par la sensibilité exacerbée gentiment provoquée par les hormones en pleine prolifération. « Écoute, si tu veux parler de tes états d'âme, va retrouver ton copain ou ta meilleure amie, ou tes parents qui doivent se réjouir à l'idée de devenir des grands parents, moi ça m'intéresse pas ce rôle-là, j'ai pas envie de passer mes après-midi à te tendre des mouchoirs pour que tu chiales et te mouches dedans. Et s'il y a personne pour ça, va t'acheter un journal intime, ça ira très bien aussi. »
DOUBLE-COMPTE : Carlie. MESSAGES : 8680 ARRIVÉE : 07/09/2011 LOCALISATION : Dans le pays où on ne grandit jamais.
Sujet: Re: Je suis candidate au suicide ! Dim 8 Juil - 23:32
Ma réplique semblait la surprendre. Quoi ? J’avais mal au bide. J’étais à bout. Je n’avais pas envie de faire comme si elle n'avait rien dit. Je n’avais pas envie d’être agréable. Oui, ce n’était pas moi, et alors ? Qu’est-ce que ça pouvait bien foutre ? Croyez-le ou non, même sans bébé je sais monter le volume. Et balancer quelques piques. Simplement, je n’aime pas ça. Et mon cœur se sert quand quelqu’un ne m’apprécie pas. Et j’ai les larmes aux yeux dès que je déçois quelqu’un. Et je m’excuse dès que j’ai la sensation de faire quelque chose de mal. Mais surprise ! Je sais être aussi dégueulasse. Me prendre pour mieux que je ne lui suis. Je sais faire. « T'es mignonne à sortir tes crocs. Je me sentirais presque menacée. ». Des crocs ? Mais la blague ! Je suis le petit chaton tout perdu qui crache. Qui a peur. Mais qui ne sort pas ses griffes. Je suis le boxer qui veut un câlin et qui ne mord même pas un bâton. Je levais les yeux au ciel. « De toute façon, il suffit d’adresser la parole à Ethan pour que tu sentes menacée. ». Et je soufflais. C’était vrai. Il suffisait de repenser à la dernière fois. Elle avait quand même des théories foireuses. Et si en temps normal je lui trouvais toutes les excuses du monde, aujourd’hui j’avais simplement envie d’être idiote. D’être bien blonde.
Bon évidemment, elle se foutait de moi. En entendant ma question. Mais, j’en avais rien à faire. C’est pas comme si je m’attendais à autre chose. C’était une évidence qu’elle allait réagir comme ça. « Ce que je ferais... J'irais m'emmitoufler sous ma couette et j'éviterais d'emmerder les gens qui travaillent. ». J’affichais un petit sourire. Presque moqueur. Comme pour dire, t’en as d’autre ? Ça va aller ? J’ai compris que je te faisais chier. Mais, je suis là. Et en ce moment c’est fou comme j’en ai rien à foutre ! De te faire chier. Ouais, c’était un petit sourire de peste. Merci les années lycée ! Je suis capable d’être une sublime actrice. Pétasse ou petite fille parfaite. Intello ou fumeuse de joint. C’est facile de jouer la comédie. Plus compliqué d’être qui on est. Mais, ça c’est une autre histoire. « Dommage, semblerait que je sois mal partie. ». Et un sourire ironiquement déçue. Ironiquement désolé. Je vous jure que je vais mal. Psychologiquement. Dans ma tête. Dite-le comme vous voulez. Déjà il fallait être grave. Pour attendre quelque chose d’elle. Elle m’aurait découpé en morceau si elle l’avait pu. Vous savez… là, dans ma tête j’ai l’image avec un scalpel. Je la vois trop. Prendre un plaisir sadique à faire des plaies bien précises. Pour me faire agoniser. Avant de jeter mes bouts dans l’océan. Ou de me donner à manger à son chien. Un petit caniche hargneux. Le genre de truc détestable. Je suis certaine qu’elle peut pas me saquer à ce point. Et moi, j’y vais quand même. La fleur au fusil quoi. « Écoute, si tu veux parler de tes états d'âme, va retrouver ton copain ou ta meilleure amie, ou tes parents qui doivent se réjouir à l'idée de devenir des grands parents, moi ça m'intéresse pas ce rôle-là, j'ai pas envie de passer mes après-midi à te tendre des mouchoirs pour que tu chiales et te mouches dedans. Et s'il y a personne pour ça, va t'acheter un journal intime, ça ira très bien aussi. ». Je levais les yeux au ciel. Mais meuf ! Je t’ai pas demandé de m’écouter pleurer. Pour une fois, je veux que tu me balances ce que tu penses. Putain ! Pour une fois, je te demande d’être celle que tu es. Qui me gueule dessus, comme ça. Juste pas crise d’hystérie. « J’ai une tête à avoir envie de chialer là ? ». Clairement que non. J’étais bien loin de mes crises d’angoisses. Et de larmes. J’étais incapable de pleurer. Je pouvais me moquer de moi-même. D’Elizabeth. Mais, là ? Je ne pouvais pas chialer. « J’ai pas envie de quelqu’un qui m’apprécie ou de me parler à moi-même. J’ai pas envie d’entendre tout va bien passer et toutes leurs conneries. Tu ne comprends pas ? Je veux juste que pour une fois tu me craches à la gueule toutes les horreurs qui te passent par la tête. ». Le pire ? C’est de parler calmement et de faire passer cette colère.
Sujet: Re: Je suis candidate au suicide ! Jeu 12 Juil - 21:24
Elle était bien loin, la fille résignée. Envolée, en poussière, partie. Il y avait désormais à sa place ce bouillon d'hormones qui giclait partout, et dont l'ébullition continuait encore et encore. Et Elizabeth n'était pas au bout de ses surprises, car contre toute attente, Ella avait également développé l'art de la réponse immédiate, et il fallait bien avouer que le tac au tac lui allait plutôt au bien au teint. Peut-être même mieux que les phrases mielleuses et pleines de bonne attention. Elle était incisive, et le pire dans tout ça, était sans doute qu'elle avait raison. Elizabeth entrouvrit légèrement la bouche, prête à déballer une ribambelle de noms d'oiseaux et de menaces plus pitoyables les unes que les autres, lorsqu'elle le prénom de son prétendu mari lui traversa la frontière de ses lèvres, mais ses lèvres s'abattirent violemment sur ses lippes, formant ainsi un barrage solide pour empêcher les vilaines injures de se glisser à l'extérieur. Elle en avait déjà fait assez la dernière fois, son manège puéril de femme jalouse alors qu'il n'était même pas question de ça. Avec le recul, elle avait bien conscience du ridicule de la situation, et surtout de l'immaturité dont elle avait fait preuve. Et le plus déplorable était que cela ne l'avait nullement soulagée, ni satisfaite, ni rien. Ce n'était pas en haussant le ton et en s'acharnant sur une gamine qui avait les oreilles bouchées avec de la guimauve qu'elle allait trouver une quelconque délivrance. La jalousie était toujours là, sous la surface à gratter avec ses ongles dégueulasses, avec ce crissement insupportable de craie sur le tableau, plus intense que jamais. L'altercation avec Ella n'avait fait qu'accentuer cette frustration, cette frustration de communiquer avec une sourde, de se démener, de se malmener pour voir qu'à la fin, il n'y a aucun résultat. « Mais t'as qu'à lui demander son avis à lui, hein ? Je te donne toute ma bénédiction, allez, je t'en prie, je vais pas me sentir menacée cette fois, c'est promis. »
Avec son sourire de fille bien aimable et bien polie collé au visage, Elizabeth oscillait entre l'irritation et la pitié – mais la balance penchait quand même un peu plus vers la pitié teintée de mépris. Elle lui adressa un sourire identique au sien, les dents serrées et visiblement agacée par Ella qui s'était entre-temps transformée en une sangsue géante qui refusait de se décoller. Une sangsue bouchée de partout qui ne comprenait rien à ce qu'on lui disait et qui serait bientôt aussi dodue qu'elle roulera sur elle-même. Elle finit par soupirer, avant de reprendre : « Non c'est vrai que là dans l'immédiat t'as plutôt la tête d'une fille qui a envie de se prendre trois baffes. Mais vu l'effet que les hormones ont sur toi, ça m'étonnerait pas que tu te mettes à chialer dans quelques minutes. » Elle était insupportable avant, et elle l'est encore maintenant, de différentes manières certes, mais toujours aussi exaspérante. « Je veux, je veux... Moi aussi je voudrais plein de chose, et je vais pas faire la manche auprès de tout le personnel de l'hôpital pour l'obtenir. Je vais pas te cracher des insanités à la gueule juste parce que t'es d'humeur masochiste aujourd'hui et parce que ça te ferait grandement plaisir de te faire insulter. »
Et pourtant, ça lui brûlait la langue, ça la démangeait. Parce qu'elle avait un avis tout fait sur les grossesses à un si jeune âge, qu'elle n'avait pas besoin d'y penser maintenant. Pour elle, il était clair que c'était une erreur, et pas une des moindres. Il était inconcevable de garder un enfant alors qu'on en était soi-même un, et surtout, inconcevable de sacrifier sa jeunesse pour la passer entre les couches puantes et les biberons tièdes. « Mais si ça peut t'aider, parce que je sens que t'en peux plus et tu trépignes à l'idée d'entendre ça : garder ton gosse à ton âge, c'est une connerie. Mais ce qui est encore plus idiot, c'est de se poser la question à quatre mois. »
DOUBLE-COMPTE : Carlie. MESSAGES : 8680 ARRIVÉE : 07/09/2011 LOCALISATION : Dans le pays où on ne grandit jamais.
Sujet: Re: Je suis candidate au suicide ! Sam 14 Juil - 20:33
Ethan. C’était vraiment le problème d’Elizabeth. On pouvait bien me reprocher ma naïveté. Mes enfantillages. Et même aller jusqu’à dire que j’étais une idiote. Mais, je préférais mille fois ça. Que de bouffer la vie avec une jalousie excessive. Pourtant, j’ai été jalouse quand j’étais avec Mattia. Et plus d’une fois, je me suis sentie menacée. Mais, je n’ai jamais été comme elle. Je ne me suis pas mis à dos toutes les filles à qui il parlait. Encore moins si elle avait eu dix de moins. Je ne comprenais pas cette femme. Et elle ne me comprenait pas non plus. Elle et moi c’était foutu d’avance. Incapables de nous comprendre. D’être sur la même longueur d’ondes deux minutes. Et parfois je me demandais pourquoi je m’entêtais à croire qu’elle avait une once de sympathie. Elle était bouffée. Par sa jalousie. « Mais t'as qu'à lui demander son avis à lui, hein ? Je te donne toute ma bénédiction, allez, je t'en prie, je vais pas me sentir menacée cette fois, c'est promis. ». Jure ? Pas possible ! En même temps ma pauvre fille, si t’es même jalouse d’une adolescente en cloque, je peux plus rien pour toi. « Encore heureux non ? Parce que si tu te soucis d’une adolescente en cloque qui parle à ton mari, t’as pas fini d’avoir des cheveux blancs. ». J’espérais au moins pour Ethan qu’elle ne débarquait pas comme une furie dans son cabinet. En hurlant au scandale. Victime de jalousie abusive en voyant le nom d’une patiente. Non, parce que sinon… pauvre de lui ! Et à quand le divorce ?
On avait l’air de quoi ? J’en sais rien. Certainement que nos sourires hypocrites traduisaient notre incompatibilité caractérielle. En tout cas, j’avais tout sauf envie de pleurer. De la gifler peut-être. Mais, pas de pleurer. Quoi ? Comment ça ? Où est la petite Ella faite de guimauve et de Madeleine ? Mais, elle vous emmerde ! C’est bien beau d’être gentille. Quand on voit ce que ça donne. Je me dis que j’aurais dû être une garce. Je suis sûre que même la pute du coin est plus heureuse que moi. J’ai pas envie d’être gentille. Même si ça m’oblige à être une autre personne. A être loin d’être naturelle. J’ai tout de même un peu du caractère de mon père. Qui fait que je sais être excessive. Que je sais montrer ma colère en moins deux. Comment ça ? Ah oui, ça c’est ma mère. Je devrais m’en souvenir avec la baffe qu’elle m'a foutu. Elle aussi j’ai bien envie de l’achever. Mais, bref. Je suis simplement trop énervée. : « Non c'est vrai que là dans l'immédiat t'as plutôt la tête d'une fille qui a envie de se prendre trois baffes. Mais vu l'effet que les hormones ont sur toi, ça m'étonnerait pas que tu te mettes à chialer dans quelques minutes. ». Ah ouais les hormones forcément ! Non mais, elle croyait quoi ? Que j’allais répondre à ses désirs sadiques. Et chialer à m’en rouler par terre ? Devant ses yeux ? Plutôt me pendre ! « Ça te ferait plaisir en fait si tu me voyais me ridiculiser au point de pleurer à tes pieds ? Dommage, il y a aucune chance que ça arrive. ». Je la regardais droit dans les yeux. Elle me détestait de toute façon. Les choses ne pouvaient pas être pires. Et ce n’était pas aujourd’hui que j’allais faire quoique ce soit pour remonter dans son estime.
En fait, je ne lui demandais pas grand-chose sérieusement. Mais même ça. C’était au-dessus de ses forces. Qu’est-ce que je foutais encore là sérieux ? Erreur stupide. Autant aller voir… non même Teddy ça ne ferait pas l’affaire. Bon autant aller voir ma mère quoi. « Je veux, je veux... Moi aussi je voudrais plein de chose, et je vais pas faire la manche auprès de tout le personnel de l'hôpital pour l'obtenir. Je vais pas te cracher des insanités à la gueule juste parce que t'es d'humeur masochiste aujourd'hui et parce que ça te ferait grandement plaisir de te faire insulter. ». Bah ouais je veux. C'est toujours mieux que j'exige. Petite pensée pour la dernière réplique qu'elle m'avait lancé. Bref. En fait je serais venue en mode bisousnours elle l’aurait fait. Cette fille aime faire chier le monde. Et là je lui demande d’être elle-même. Mais, non ! Pas envie. Mais, putain, comment un mec aussi adorable qu’Ethan a pu épouser une vipère comme ça ? Il y a quelque chose qui cloche. En plus elle en rêvait. Je vous jure. Ça devait lui brûler la langue.« Et justement, tu voudrais mettre ta langue de vipère en action mais, tu te retiens pour faire chier hein ? C’est dingue ! Pour une fois que j’aimerais que tu sois toi-même. Parce qu’on le sait toutes les deux, que t’es capable de te livrer à la méchanceté gratuite et à débiter un tas de connerie dans le seul but de faire du mal autour de toi. ». Oui, parce que ce fameux jour, je m’étais quand même sentie mal. Et coupable. Elle m’avait fait culpabiliser. Alors qu’on ne vienne pas me dire qu’elle était incapable d’agir comme les pétasses du lycée. Elle n’était pas plus évoluée. Et aujourd’hui je n’avais pas envie de l’être. Et je n’avais pas envie qu’elle essaye de l’être. « Mais si ça peut t'aider, parce que je sens que t'en peux plus et tu trépignes à l'idée d'entendre ça : garder ton gosse à ton âge, c'est une connerie. Mais ce qui est encore plus idiot, c'est de se poser la question à quatre mois. ». Oh ! Un élan de sa personnalité ! Je vous l’avais dit que c’était plus fort qu’elle. Je ne pouvais pas retenir un petit sourire moqueur. Peut-être que ça l’énervera. Mais, ça me fait bien rire de l’entendre dire ça. « Je ne me pose plus la question et si tel était encore le cas, je n’ai pas vraiment de délai pour l’adoption. ». Oui, si tout dégénérait, il me restait une solution. Alors au fond, même si je venais à me poser la question, ce n’était si con. « Et vas-y, développe ton raisonnement, en quoi est-ce une connerie ? ». Je tendais le bâton pour me faire battre. Et alors ? Je voulais entendre tout ça. Tout ce que les gens ne disaient pas. Tout ce qu’ils taisaient mais qu’ils pensaient. Peut-être pour passer au-dessus, qui sait ?
Sujet: Re: Je suis candidate au suicide ! Lun 16 Juil - 22:45
D'apparence, elle avait en effet l'air d'être une femme mariée, vieille avant l'âge, qui avait l'habitude d'avoir tout ce qu'elle désirait d'un claquement de doigt, y compris le bel homme devant lequel ses amies bavaient volontiers, dont le cap des vingt-cinq ans l'effrayait. Ces filles qui se rendent compte qu'elles avaient passé l'âge des tenues de cheerleaders et des figures dans l'air, et qui prennent ça comme une terrible claque. Elle réagissait comme ces femmes qui avaient vu apparaître leurs premiers cheveux blancs une dizaine d'année déjà, et qui craignait désormais d'être trompée par leur cher et aimant mari, incapable de freiner ses ardeurs face à des midinettes bien plus jeunes, bien plus alléchantes, bien plus aguicheuses. Vu de l'extérieur, c'était ça. Femme pathétique dont la jalousie abrasive devait être la raison de la fin imminente de leur couple précaire. Et cette situation là n'étant pas une réalité qui était sienne, Elizabeth était capable de prendre un peu de distance et de se rendre compte de l'image qu'elle donnait. Ce n'était pas moins dérangeant, pas moins à plaindre. Elle était toujours cette femme qu'on secouerait bien comme un prunier pour qu'elle arrête enfin ses conneries et ses insinuations infondées. Celle à qui on foutrait bien quelques claques et dont on écarterait les paupières à l'aide de cure dents et fourchette pour qu'enfin, elle voie l'absurdité de ses crises. Elle le voyait bien, parfaitement, mais il y avait toujours une limite entre la partie théorique et la pratique. Un fossé qu'elle était incapable de franchir, entre ce qui devrait être fait, et ce qui était réellement fait. Sa vie semblait être faite de crevasses et de monts insurmontables, des fantasmes perchés trop haut qui diffusaient autour d'eux un parfum de tentation, et des océans entiers à traverser pour agir comme elle le souhaiterait. « Ferme-la. Ferme-la quand tu sais absolument pas de quoi tu parles. Dans ton état tu devrais économiser ta salive, t'es en train de te déshydrater bêtement. »
Dans le fond, ce n'était pas de la véritable haine qu'elle avait envers Ella. La petite blonde n'occupait pas toutes ses pensées nuits et jours. Son fantôme ne traînait pas derrière elle à chaque moment de la journée. Elle n'élaborait pas de plans sadiques en plongeant ses deux carrés de sucre habituels dans son café. Elle n'essayait pas de prévoir sa réaction, dans l'hypothèse où elle tomberait sur elle au détour d'une rue. Elle ne réagissait pas à la vue de chaque adolescente blonde apparaissant dans son champ de vision. Elle n'essayait pas de la traquer sur les réseaux sociaux pour connaître chacun de ses déplacements. Alors non, elle n'éprouvait pas une haine virant à l'obsession. Elle n'était pas encore à ce stade là, et ne le serait sans doute jamais, dieu merci. Ella n'avait pas foncé si fort dans la fêlure, jusqu'au point de l'aggraver. Elle se contentait de la chatouiller, de la rendre insupportable par moment. Elle l'irritait lorsque soudainement, elle montrait sa tête à l'hôpital et lorsqu'elle avait le malheur d'avoir frappé à la porte de son aîné comme si de rien n'était. Elle l'irritait dans ces moments là, où elle débarquait comme si Elizabeth lui était redevable de quoique se soit, et qu'elle avait envie d'entendre les vérités que personne n'osait lui dire. « J'en ai rien à foutre, que tu pleures à genoux devant moi ou tu te mettes à vomir ton déjeuner. Tu devrais songer à ralentir la cadence, tu t'emballes, je suis pas sûre que tu puisses tenir très longtemps comme ça. »
Elle ne put s'empêcher de ricaner lorsqu'Ella lui exposa sa belle théorie. Elle avait presque l'impression d'entendre une amie proche, un parent, voire Ethan, essayer de lui faire cracher le morceau en utilisant la carte de l'analyse caractérielle parfaite. Je te comprends, je sais comment tu marches, tu es une machine bien rodée Elizabeth et ce n'est qu'une question de temps. Tu me diras ce que j'ai envie d'entendre très rapidement, car personne ne résiste face à l'énonciation de sa véritable nature. Et le combo était beau à entendre : langue de vipère, méchanceté gratuite et mal autour de toi. Ce n'était pas pourtant ce qu'elle était. Elle n'éprouvait pas de réel plaisir quant à voir les traits de ses interlocuteurs s'affaisser, et compatissait très facilement aux douleurs des autres, ce qui lui avait valu bien des reproches de la part de ses supérieurs, toujours en train de demander des faveurs et de faire plier le règlement, pour la satisfaction personnelle de certains patients. Et comme pour lui prouver qu'elle n'était pas aussi mauvaise qu'elle le prétendait, elle lui lâcha enfin son avis sur le sujet, ce qui semblait satisfaire la jeune fille, bien qu'elle en demanda encore plus.
Elles avaient toutes les deux ce sourire flottant sur leurs lèvres, bourré d'hypocrisie, bourré de cynisme. Ella qui se moquait sans doute d'Elizabeth qui répondait comme un bon chien à ses demandes et ses exigences malgré sous ses airs résistants, et Elizabeth qui était partagée entre l'amusement et le mépris face à tant de naïveté. « Alors pourquoi est-ce que t'es en train de me faire tout un cinéma pour que je te dise ce que j'aurais fait à ton âge, et pourquoi, et comment ? T'as fait ton choix et comme tu le dis, ''tu ne te poses plus la question''. » Ce n'était pas de la méchanceté gratuite, seulement son avis dénué de toutes les formules de politesse et de la délicatesse excessive et inutile. « C'est bête, de croire que c'est du courage et une preuve de maturité que de le garder. T'es pas en train de sauver des pandas en Chine Ella, c'est pas une mission humanitaire que de refuser l'avortement. » C'était sans doute ce qui l'avait mené là. L'incapacité de se décider à renoncer à l'humain grandissant dans son utérus. L'impression d'être attachée à ce petit bout de viande, et de perdre une partie de soi en acceptant l'avortement. L'incapacité, l'attachement. Ce qu'Elizabeth nommait volontiers dans sa tête faiblesse, car il était impensable de vouloir un enfant en étant aussi jeune. C'était un véritable manque de conscience. « Tu te rends pas compte des sacrifices que ça va te demander. Tu crois que c'est une bénédiction, le fruit de ton amour éternel avec ton copain qui a oublié une capote ou je ne sais quoi encore, mais t'es juste dans une phase de connerie aiguë et d'euphorie maternelle débile. »
DOUBLE-COMPTE : Carlie. MESSAGES : 8680 ARRIVÉE : 07/09/2011 LOCALISATION : Dans le pays où on ne grandit jamais.
Sujet: Re: Je suis candidate au suicide ! Mar 17 Juil - 21:25
Je savais que je l’énervais. Mes propos. Mon comportement. Et Surtout le sujet. Tout l’irritait. Mais, aujourd’hui, ce n’était pas vraiment mon souci. Même si elle semblait au bord de la crise de nerf. « Ferme-la. Ferme-la quand tu sais absolument pas de quoi tu parles. Dans ton état tu devrais économiser ta salive, t'es en train de te déshydrater bêtement. ». Je ne pouvais m’empêcher de laisser un petit rire m’échapper. Parce qu’elle ne parlait pas sans savoir ? Elle lançait des accusations à tout va. Alors franchement, c’était légèrement risible quand même. Retirer la paille dans l’œil du voisin avant de vouloir enlever sa poutre. « C’est gentille de t’inquiéter pour moi mais, j’ai une bouteille d’eau dans mon sac. ». Petit sourire de rigueur. Je répondais du tac au tac. En même temps, elle ne faisait rien pour arrêter ce petit jeu. Et je ne comptais pas le faire. J’avais tout mon temps. Et ça me faisait presque du bien.
Je n’aurais jamais cru aller la faire chier à l’hôpital. En réalité, c’était contre mes principes. Je n’allais pas volontairement me frotter à quelqu’un qui me détestait. Enfin, qui me détestait comme Elizabeth. Je préférais mille voir rester dans mon coin. Et raser les murs en sa présence. Parce que ça me faisait toujours chier d’être désagréable aux yeux des autres. Mais, pas cette fois. Cette fois, j’avais été impulsive. Et j’avais simplement envie d’entendre toutes ces choses qu’on ne dit pas. De me replacer la réalité. Et d’arrêter d’écouter toutes ses histoires merveilleuses sur la grossesse. Et l’arrivée du bébé. J’avais agis comme elle. Et je continuais à l’imiter. L’agaçant chaque seconde un peu plus. « J'en ai rien à foutre, que tu pleures à genoux devant moi ou tu te mettes à vomir ton déjeuner. Tu devrais songer à ralentir la cadence, tu t'emballes, je suis pas sûre que tu puisses tenir très longtemps comme ça. ». Oh que si, je pouvais. J’étais aussi douée qu’une autre pour être chiante. Même sans manier cet art régulièrement. « Tant mieux, ça t’évitera une déception. Et crois-moi, j’ai rarement été aussi bien en ta présence. ». Ah ça c’est sûr ! J’étais plus à l’aise en étant odieuse qu’en m’en prenant plein la gueule. Logique non ?
Toutefois, j’arrivais petit à petit à obtenir ce que je voulais. Et tant mieux. Elle faisait certainement ça parce qu’elle n’en pouvait plus de voir ma sale gueule. Ou alors parce qu’en effet, elle ne pouvait pas faire autrement. Ça lui brûlait la langue. Je n’en savais rien. Mais, je n’allais pas me plaindre. « Alors pourquoi est-ce que t'es en train de me faire tout un cinéma pour que je te dise ce que j'aurais fait à ton âge, et pourquoi, et comment ? T'as fait ton choix et comme tu le dis, ''tu ne te poses plus la question''. ». Mais parce que je voulais l’entendre simplement. Ce n’était parce que mon choix était fait que tout était réglé. J’avais simplement besoin qu’on me sorte de cette bulle dans laquelle on m’étouffait. Qu’on arrête de m’endoctriner le crâne avec des ça va bien se passer. J’avais besoin qu’on soit honnête avec moi. Et lui demander ce qu’elle aurait fait à mon âge c’était encore le meilleur moyen d’avoir un jugement. Un jugement qui m’aiderait certainement à revoir le mien. « Oui j’ai fait mon choix mais j’ai quand même très envie d’entendre ton avis sur la question. ». Elle n’était pas obligée de savoir. Ou de comprendre. Toutes les raisons qui me poussaient à venir la voir. « C'est bête, de croire que c'est du courage et une preuve de maturité que de le garder. T'es pas en train de sauver des pandas en Chine Ella, c'est pas une mission humanitaire que de refuser l'avortement. ». Là-dessus on était bien d’accord. Et je me surprenais à acquiescer sans même le vouloir. Ce n’était pas du courage. C’était de la peur. Et ça n’avait rien à voir avec ses faignants de Pandas. Qui se laissent mourir de faim et oublient de se reproduire. C’était très loin d’être mature. C’était peut-être même le pire caprice que j’avais fait. Oui, là-dessus on était d’accord. Ce n’était que le reflet de ma peur et de mes enfantillages. Ce n’était que le reflet de mon vécu. De savoir que si ma mère avait avorté, je n’aurais pas eu de grand-frère. Ce n’était que la preuve de mon incapacité à juger cet enfant comme simple masse. Comme un corps étranger. « Tu te rends pas compte des sacrifices que ça va te demander. Tu crois que c'est une bénédiction, le fruit de ton amour éternel avec ton copain qui a oublié une capote ou je ne sais quoi encore, mais t'es juste dans une phase de connerie aiguë et d'euphorie maternelle débile. ». Et là, je me mordais la lèvre inférieure. Avec un maigre et presque inexistant sourire. Toute la nuance était là. Je n’étais pas sur mon nuage barba papa. A croire que je n’allais rien perdre. Que j’allais tout gagner. La réalité était bien loin de ça. Oui, je me rendais compte. De tous les sacrifices que ça engendrait. Parce que les plus durs étaient déjà faits. Mon avenir de nageuse. La fac. Le soutien de ma mère. Et même mon petit ami. Ce petit bonhomme n’était pas le fruit d’un amour éternel. Ni une bénédiction. C’était simplement mon enfant. Ma connerie. Peut-être. Mais mon enfant tout de même. « Tu as raison, c’est loin d’être du courage, c’est de la peur, et pour être honnête, je ne trouve pas ça très mature non plus. Mais qu’est-ce qui te fais croire que je ne sais pas ce que je perds ? ». J'étais étrangement calme. Et intéressé par ce qui sortait de la bouche d’Elizabeth.
Sujet: Re: Je suis candidate au suicide ! Ven 20 Juil - 23:25
Petite sotte. Son tac au tac était d'une puérilité qui rivalisait aisément avec celle dont elle avait fait preuve lors de leur dernière rencontre. Mais à la différence d'Elizabeth, c'était de son âge. Ces phrases lancées sur le front comme des soldats suicidaires, qui était ridicules à souhait. Son effronterie qui passerait presque pour du culot. Bien sur qu'elle se sentait bien en sa présence cette fois-ci, parce qu'elle maîtrisait un tant soit peu les choses, elle avait un bout de rennes entre les mains, contrairement à la dernière fois, où elle bégayait trois phrases interrogatives parce qu'elle ne comprenait rien. Là, elle croyait tout contrôler, avec ses sous-entendus pourris, ces réponses qui inspiraient la pitié. Elle exigeait-ci, elle exigeait-ça. Elle semblait presque avoir raison à tout, elle s'était métamorphosée en bon dieu, elle voulait des réponses à des questions dont elle connaissait déjà les réponses. Elle voulait un avis supplémentaire mais avait déjà pris sa décision. Quelle belle petite sotte.
C'était débile que de garder un enfant par pure faiblesse. Et ça, elle le voyait depuis le poste de la fille qui n'avait jamais connu de grossesse non désirée lors de son adolescence, qui ne comprenait pas ce qui pouvait motiver des gamines à vouloir ça. Ce serait un doux mensonge que de dire qu'elle ne la jugeait pas. En tant que médecin en devenir, elle devait séparer ses jugements personnels et les faits qui s'étalait devant elle. Faire la part entre ce qu'elle pense, et ce qui est possible et proposé aux patients. Ne pas tenter d'influencer le choix du malade, car il est celui qui a toutes les cartes dans ses mains. Sauf que dans ce cas là, Elizabeth n'était pas le médecin aux petits soins avec sa jeune patiente, affolée par le flot de responsabilités qui lui éclatait à la face. « Si tu te rends compte de ce que tu perds, et que tu fonces quand même dans le mur... c'est encore pire. » Il y avait plusieurs étages, plusieurs niveaux dans les décisions d'une maman de seize ans. Toutes teintées de la même naïveté, la même débilité, ou autre mot se terminant en -té encore. Ella depuis cinq minutes venait de les gravir un à un, grimpant l'échelle à une allure folle, sans réussir à s'arrêter. Bientôt, elle allait arriver au bout, et se casser les dents en retombant violemment. « T'es une gamine Ella, tu t'en rends compte de ça ? Même si tu... fais le ménage chez toi, et que tu sais faire cuire un steak, utiliser une machine à laver, t'es toujours une gamine. Alors si t'as des pulsions comme ça, d'un coup, avec un désir de responsabilité, tu t'achètes une poupée, tu fais du baby sitting, tu te fais pas engosser ma pauvre. » Elle avait un avis très fermé sur la chose de toute façon, et faisait plus ou moins partie de celles qui feraient passer leur carrière professionnelle avant le reste. Du moins, elle était dans ce cas là actuellement. Par défaut plus qu'autre chose, certes. Mais elle était certaine que son avis n'aurait pas été bien différent dans d'autres circonstances non plus.
Ella n'avait rien. Pas de toit, elle vivait sans doute chez maman et papa – enfin, dans son cas c'était encore plus compliqué, s'agissant d'une cohabitation douteuse avec son grand frère et le géniteur de l'enfant confortablement installé dans le corps d'Ella. Triangle relationnel tordu, un couple qui oscille entre les réconciliations et les engueulades, professeur de sport et élève indiscipliné, grand frère qui divague plus ou moins dernièrement se chargeant de sa petite sœur qui elle, est en pleine divagation. Trio qui d'apparence n'était voué qu'à faire des étincelles. Combinaison qui semblait bien foireuse et improbable, ne pouvant qu'exploser. Car il fallait admettre que cet arrangement n'était pas le plus logique qui soit, et ne manquait pas de surprendre. A ce jour, Ella n'avait qu'une chose : sa bonne volonté – et encore, et un utérus pour loger un futur petit être humain. « En plus d'être sacrément idiot, c'est un choix égoïste, mais à un tel point... T'as quel âge, tu me rappelles ? Seize ans ? Tu vis chez papa et maman, et c'est eux qui se chargeront de ton enfant après la naissance ? C'est eux qui vont payer tous les biberons, le lait, les petits pots, les couches, les fringues et tout ce que demande un gosse ? Ils vont se taper les cris d'un enfant qu'ils n'ont pas voulu la nuit, et c'est bien courageux de dire que tu vas te réveiller, mais un gosse qui pleure, ça s'entend dans quasi toute la maison, et ça fait profondément chier. Parce que essaie de t'imaginer, dans un an, deux ans. » Elle s'arrêta un moment, lui laissant le temps de bien remuer sa cervelle pour se rendre compte qu'elle n'avait pas d'avenir concret, et qu'en plus de ça, elle entraînait son fils, et éventuellement sa famille. « Tu vas devoir faire un choix entre aller à l'université, et t'occuper de ton gosse. Parce que je te rappelle que tu ne gagnes pas une fortune, et au mieux tu fais quelques boulots par-ci par-là, et donc, que t'as à peine de quoi payer tout le tralala nécessaire à un enfant. Tu vas refuser tes sorties entre amies parce que t'auras pas d'autre choix et oh... bientôt ton gosse ira à l'école, et il faudra commencer à penser à épargner pour lui donner l'occasion de faire des études contrairement à sa mère. Mais qu'est-ce que tu veux épargner, qu'est-ce qu'il te reste à la fin du mois, hein ? T'entraînes toute ta famille dans ton caprice de petite gamine mal dans sa peau, et tu crois tout dominer, parce que justement tu as conscience du fait que ça demande des sacrifices. » Les sommes astronomiques que demandaient les études après le lycée, jolie caractéristique du continent nord-américain. La frustration d'un enfant à qui on ne pourra pas offrir ce qu'il veut. Pourquoi s'entêter à vouloir un enfant alors qu'il est clair que les conditions de vie seront difficiles par la suite ? « Enfin, tu fais ce que tu veux, c'est pas comme si ça allait empiéter sur ma vie, donc j'en ai rien à foutre de tes décisions. T'éviteras de demander à Ethan de faire du baby-sitting par contre, tu seras gentille, je veux rien avoir à faire avec ton marmot. »
DOUBLE-COMPTE : Carlie. MESSAGES : 8680 ARRIVÉE : 07/09/2011 LOCALISATION : Dans le pays où on ne grandit jamais.
Sujet: Re: Je suis candidate au suicide ! Dim 22 Juil - 22:27
Je savais ce que je faisais. Quoique non, je ne savais pas. Mais, j’avais besoin de me vider la tête. Et quoi de mieux que t’entendre le contraire de ce qui résonne dans votre crâne ? Elizabeth était la seule à pouvoir juger. Sans prendre des pincettes. Et sortir des conneries aussi grosses qu’elle. Bien sûr, là, elle n’agissait pas en médecin. Et ce n’était pas ce que je lui demandais. C’était même tout l’inverse. Je ne voulais pas qu’elle garde son jugement pour elle. Bref, j’étais prise d’une tendance masochiste subite et inexpliquée. « Si tu te rends compte de ce que tu perds, et que tu fonces quand même dans le mur... c'est encore pire. » . Là-dessus, je n’étais pas de son avis. Je préférais me casser la gueule maintenant qu’après. Je préférais savoir ce que je perdais que vivre une désillusion. Ce qui lui paraissait idiot c’était certainement le fait que je le garde. Avoir conscience de tout ça et ne pas avorter. Mais, est-ce qu’elle avait déjà avorté ? Il ne suffisait pas d’y aller et de prendre une petite pilule magique. Psychologiquement, c’était bien plus compliqué que ça. Et je ne fonçais pas droit le mur. Je changeais de chemin. Je quittais les pâquerettes pour la boue. Ce n’était pas une bonne idée tout de même. Mais, ça pouvait toujours mener quelque part. « T'es une gamine Ella, tu t'en rends compte de ça ? Même si tu... fais le ménage chez toi, et que tu sais faire cuire un steak, utiliser une machine à laver, t'es toujours une gamine. Alors si t'as des pulsions comme ça, d'un coup, avec un désir de responsabilité, tu t'achètes une poupée, tu fais du baby sitting, tu te fais pas engosser ma pauvre. ». Elle avait un avis radical. Elle faisait partie de ses femmes qui camperaient sur leurs positions. Mais, le problème quand on a un avis aussi tranché c’est qu’on porte des œillères. Refusant de voir les autres côtés. L’autre réalité. Oui j’étais encore une gamine. Et oui, ce n’était pas une très bonne idée. Je devenais l’une de ces mères célibataires. Sans argent. Qui va finir par dépendre d’un crétin. Parce que je n’aurais pas voulu faire passer ma carrière avant le reste. Oui, il y avait des risques que ma vie devienne cela. Mais, il y avait d’autres choses. D’autres plaisirs. Je pouvais très bien remonté en selle comme ma mère. Avoir un fils merveilleux. Un mari aimant. Reprendre mes études. Avoir un boulot au top. Et ne dépendre que de mes envies. Sans culpabiliser d’avoir perdu un enfant. Un enfant ce n’était pas facile. Surtout à dix-sept ans. Mais, ce n’était pas la fin du monde. Du moins ça ne serait pas la fin du mien. « Je sais très bien que je suis une gamine mais, c’était une pulsion, j’avais pas prévu d’avoir un enfant. » Et elle allait crier heureusement, mais, je tenais à lui préciser, parce qu’à l’entendre, j’avais tout fait pour.
L’avantage dans cette histoire c’est que je pouvais opposer ma vision à celle d’Elizabeth. Me rappeler pourquoi je n’étais pas comme elle. Pourquoi je n’avais pas avorté. « En plus d'être sacrément idiot, c'est un choix égoïste, mais à un tel point... T'as quel âge, tu me rappelles ? Seize ans ? Tu vis chez papa et maman, et c'est eux qui se chargeront de ton enfant après la naissance ? C'est eux qui vont payer tous les biberons, le lait, les petits pots, les couches, les fringues et tout ce que demande un gosse ? Ils vont se taper les cris d'un enfant qu'ils n'ont pas voulu la nuit, et c'est bien courageux de dire que tu vas te réveiller, mais un gosse qui pleure, ça s'entend dans quasi toute la maison, et ça fait profondément chier. Parce que essaie de t'imaginer, dans un an, deux ans. ». Et là je souriais. Mon choix n’avait rien d’égoïste. Parce que ce gosse serait bien le mien. Parce que j’avais bien l’intention de me débrouiller pour lui payer tout ça. Parce que je ne vivais plus chez mes parents. Et qu’il était hors de question que je laisse à mon frère la responsabilité de mon enfant. Et peut-être que d’ici là je vivrais même seule. Parce que pour être honnête, je ne peux pas imposer ça à Mattia. On verra avec le temps. Mais pour le moment, une fois le bébé né, il faudra que j’aille ailleurs. « J’ai dix-sept ans, dix-huit en septembre. Et je m’occuperais de tout, toute seule. Oh bien sûr, je risque de demander un peu d’aide financière à mon frère mais, je finirais par lui rembourser. » Non, je ne lui expliquais pas la situation. Parce que même si ça risquait de la faire rire, moi pas. Je n’en avais rien à foutre qu’elle juge en connaissance de cause ou non. « Tu vas devoir faire un choix entre aller à l'université, et t'occuper de ton gosse. Parce que je te rappelle que tu ne gagnes pas une fortune, et au mieux tu fais quelques boulots par-ci par-là, et donc, que t'as à peine de quoi payer tout le tralala nécessaire à un enfant. Tu vas refuser tes sorties entre amies parce que t'auras pas d'autre choix et oh... bientôt ton gosse ira à l'école, et il faudra commencer à penser à épargner pour lui donner l'occasion de faire des études contrairement à sa mère. Mais qu'est-ce que tu veux épargner, qu'est-ce qu'il te reste à la fin du mois, hein ? T'entraînes toute ta famille dans ton caprice de petite gamine mal dans sa peau, et tu crois tout dominer, parce que justement tu as conscience du fait que ça demande des sacrifices. ». Ce n’était pas totalement faux. Mais, c’était encore loin de la vérité. Je reprendrais la fac plus tard. Ou peut-être pas. Mais si tel n’était pas le cas, mon fils irait. Avec les bourses. Et avec l’argent qui aurait dû me servir à y aller. Certes j’allais être dans la merde. Et j’allais sans doute galérer pour offrir un avenir à ce gamin. Et beaucoup allait me prendre pour une ratée. Et vu comme ça, ça donnait l’impression que ce n’était que des sacrifices. Mais, peut-être pas. Et si je n’entrainais que moi dans cette histoire, c’était parfait. Je ne répondais rien. Attendant simplement la suite. « Enfin, tu fais ce que tu veux, c'est pas comme si ça allait empiéter sur ma vie, donc j'en ai rien à foutre de tes décisions. T'éviteras de demander à Ethan de faire du baby-sitting par contre, tu seras gentille, je veux rien avoir à faire avec ton marmot. » Et là je soufflais. Elle ramenait toujours tout à Ethan. Je n’en avais pas parlé mais, elle l’avait mis sur le tapis. « Pourquoi tu ramènes toujours tout à Ethan ? C’est fou comme tu ne jures que par lui. Tu serais bien incapable de bouffer ta vie pour un gosse, ça je l’ai bien compris, mais, pour Ethan, on dirait que tu pourrais tout abandonner, tout sacrifier. Je sais que par amour on est capable de tout mais à t’entendre parler de lui constamment, devenir hystérique pour lui ça donnerait presque l’impression que tu ne fais que souffrir dans cette histoire mais que tu refuses d’y mettre fin… ». Leur histoire me semblait super étrange quand même. Il y avait comme un débordement de sentiments chez Elizabeth. Et comme une souffrance abominable.
Sujet: Re: Je suis candidate au suicide ! Jeu 26 Juil - 21:24
(Désolée mais c'est un peu pourri è_è)
« Je sais très bien que je suis une gamine mais, c’était une pulsion, j’avais pas prévu d’avoir un enfant. » Encore heureux, en effet. Elle avait pas prévu de l'avoir, mais prévoyait bien de le garder. Mais est-ce que c'était suffisant ? Savoir que c'était involontaire, qu'elle allait devoir faire des sacrifices, est-ce que ça la rendait réellement plus capable ? Certainement pas. « Tu t'entends parler ? Une pulsion... et peut-être que tu auras une seconde pulsion dans quelques temps et tu sauras plus quoi faire avec ton gosse dans les bras. » On avait chacun ses limites, qui évoluaient au fil du temps. Qui évoluaient en fonction de tout, l'environnement, l'âge, l'état psychologique, le porte monnaie, l'entourage... tout, n'importe quoi. Des limites qu'on pouvait s'évertuer à repousser, mais qui restaient bel et bien des limites. C'était beau que de vouloir franchir ces frontières, dépasser ce qui était imposé, repousser au plus loin ce mur de brique, mais était-ce toujours possible ? Elle était pleine de bonne volonté et loin d'être totalement abrutie, et Elizabeth le voyait bien, malgré ce qu'elle continuait à cracher. Mais au delà de sa volonté, il y avait toute ces limites bien réelles et bien encombrantes surtout. Quitte à passer pour une grosse matérialiste qui ne jure que par la valeur de sa montre, le nombre de carat de la bague tout juste offerte, ne sachant pas apprécier les bonheurs futiles et simples, n'étant satisfaite que par un luxe dégoulinant à souhait.
Alors oui, elle faisait partie de ces personnes qui avaient un avis tranché sur la chose, et sans doute un avis un peu trop tranché. Sans doute elle avait des oeillères, et refusait de voir qu'il y avait un autre chemin, qu'il y avait un autre destin que de foncer droit dans le mur tout en gardant le pied sur l'accélérateur. Des raccourcis un peu plus étroits, un peu moins éclairés peut-être, semés d'embûches, difficiles à traverser, mais qui toutefois menaient à la sortie. Elle le savait bien, toutes les mères un peu trop jeunes ne viraient pas non plus dans la débauche la plus totale, et leurs enfants pouvaient s'en tirer relativement bien si ce n'est particulièrement bien. Bien sur. Évidemment. L'inverse était aussi possible, ces gosses nés avec une cuillère en or dans la bouche qui étaient incapables de se rendre compte de la chance inouïe qu'ils avaient et qui piétinaient tout par caprice et ignorance. Mais elle préférait l'oublier ou juste faire impasse dessus, car il était clair pour elle qu'avoir un enfant à son âge était une des plus grosses bêtises qu'on puisse faire – même si certaines arrivés à la quarantaine diront que leur enfant a été une des plus belles choses qui leur soit arrivée malgré leur jeune âge.
Son larynx descendit, puis remonta, pendant qu'elle gardait ses dents serrées en écoutant sa tirade sur Ethan. Le pire dans tout ça était qu'elle avait vu juste. Terriblement juste. Que des deux, elle était le carnage. Qu'elle n'avait pas besoin de toutes les hormones crevant le plafond pour réagir comme une vieille hystérique, que chez elle, c'était normal. Pure banalité. Une crise de plus, une crise de moins, elles s'entassaient et formaient désormais son comportement habituel. Elle n'avait pas besoin d'avoir dans son ventre un tas d'os et de chairs pour avoir envie de vomir le matin face au miroir. Elle écraserait bien volontiers ses principes si en échange elle pouvait tout changer. Et la vérité était, qu'il était d'autant plus rabaissant et blessant d'entendre ces paroles venant d'Ella, soit gamine de dix-sept ans, dix-huit en septembre s'il-vous-plaît, qui s'était fait engosser accidentellement, et qui de par sa faiblesse excessive et son sentiment d'invincibilité idiot, avait décidé de garder l'enfant. Tableau peu glorieux. « Mais tu t'es vue deux secondes Ella ? T'es désespérée au point de venir me demander mon avis. Mon avis. Alors qu'est-ce qui me dit que tu vas pas continuer avec tes pulsions, vu que tu sembles être bien lancée ; une fois que t'auras accouché, ou même dans quelques mois ? J'ai dit Ethan parce que ça me paraissait surréaliste que tu te pointes pour me demander de te rendre service, mais c'est vrai qu'en y pensant, t'en es tout à fait capable. » S'arrêtant un moment, elle finit par reprendre, plus sèche : « Et arrête avec tes ''impressions'' et tes ''je sais que...''. Tu sais rien. C'est pas l'impression que tu as, mais tu sais rien. Alors retourne à tes cruels dilemmes de future maman, et arrête avec tes constatations à deux balles. Si j'ai besoin d'un avis extérieur, ça sera certainement pas le tien. » Elle était agacée par son comportement, par ses questions incessantes et ses ''développe ton raisonnement'' qui n'avaient pas lieu d'être – mais qu'Elizabeth appliquait bien docile, non pas animée par le désir d'être une bonne élève et de satisfaire les demandes de son professeur, mais juste parce qu'elle lui tapait sérieusement sur le système. Alors que la bonne solution aurait été de s'en aller calmement, Elizabeth avait plutôt tendance à enfoncer le clou : « C'est quoi la prochaine étape Ella, maintenant que tu sais ce que j'en pense ? »
DOUBLE-COMPTE : Carlie. MESSAGES : 8680 ARRIVÉE : 07/09/2011 LOCALISATION : Dans le pays où on ne grandit jamais.
Sujet: Re: Je suis candidate au suicide ! Sam 28 Juil - 21:57
Elle criait encore. Parce que tout ce que je disais la révulsait. Tout allait contre ses principes. Contre ses idées. Et que c’était le genre de chose qui la mettait hors d’elle. Mais, je le savais. Et je ne cherchais pas à me taire. A agir autrement. C’était ce que je voulais. L’entendre crier. Endolorir mon crâne et mes oreilles de ses saloperies. Pour descendre encore. Et finir par remonter. Pour avoir deux visions. Et ne pas me cramponner à un seul avis. Me rappeler pourquoi je faisais ça. Et pourquoi je ne voyais pas les choses comme elle. Où j’avais fait des erreurs. Et à l’inverse, où je pensais avoir raison. « Tu t'entends parler ? Une pulsion... et peut-être que tu auras une seconde pulsion dans quelques temps et tu sauras plus quoi faire avec ton gosse dans les bras. ». Je parlais d’une pulsion physique. Et s’il fallait vraiment la nommer, sexuelle. Ça n’avait rien avoir avec l’enfant. Cette fois-là, avec Mattia, c’était un désir. Que ni lui ni moi n’avons voulu contenir. Mais, je n’allais pas jeter mon gosse du cinquième étage si c’était ça qu’elle craignait. Je préférais me taire. Levant les yeux au ciel. Parce que lui parler de ma vie sexuelle, même un peu, c’était mort. Et j’étais certaine qu’elle en serait tout aussi ravie. Quelle tronche elle aurait tiré si je lui en avais parlé ?
Elizabeth ramena les choses à Ethan. Pourquoi ? Elle faisait toujours ça. Elle était toujours hystérique quand il s’agissait de lui. Mais elle fonçait dans le tas. Elle n’avait pas besoin d’être en cloque. Pour se montrer suicidaire. Complètement barge. Et dépuceler de ses moyens. Elle était de la bouillie de son mariage. Que s’était-il passé entre eux ? Je l’ignorais. Mais, elle avait tout l’air d’un résidu d’une passion trop forte. Sa peau semblait avoir été consumée par les feux dévorant de l’amour. Mettant sa chaire à vif. Exposée à toutes les souffrances les plus infimes du monde. Même celle qui venait du prénom de votre amant. Celui qui semblait lui échapper. Et qu’elle voudrait garder pour elle. Cette fille, elle semblait barge. Un pied dans le vide. L’autre sur le toit. Et ce n’est pas un choix qu’elle devait faire. Tout semblait être une question d’équilibre. « Mais tu t'es vue deux secondes Ella ? T'es désespérée au point de venir me demander mon avis. Mon avis. Alors qu'est-ce qui me dit que tu vas pas continuer avec tes pulsions, vu que tu sembles être bien lancée ; une fois que t'auras accouché, ou même dans quelques mois ? J'ai dit Ethan parce que ça me paraissait surréaliste que tu te pointes pour me demander de te rendre service, mais c'est vrai qu'en y pensant, t'en es tout à fait capable. ». Et remettre la faute sur moi ? C’était tellement facile. Faire comme si c’était moi qui avais provoqué ça. Elle était allée toute seule sur ce terrain. Et oui, je m’entendais. Oui, j’étais formelle avec ce que je disais. Elle était dévastée par cette relation. Et ça la faisait chier que j’ose lui dire. Parce qu’elle m’aurait volontiers exterminé. Et qu’elle détestait cette réalité puante que je lui rappelais. Peut-être que j’étais folle d’être venue la voir aujourd’hui. Mais, c’était pour accepter la vérité. Alors qu’elle, elle fuyait cette dernière. Finalement, qui était la plus folle des deux ? Mieux vaut-il fuir une réalité dont on a conscience ou chercher à connaître une vérité que l’on ignore ? Dans toute cette histoire je n’étais qu’un vulgaire idiot. Une blonde écervelée. Irréfléchie. Aux tendances suicidaires. Mais, dans cette histoire j’avais trouvé mon égale. Dans sa folie et ses passions, elle ne valait pas mieux que moi. Jamais deux antipodes n’avaient été si similaires. « Et arrête avec tes ''impressions'' et tes ''je sais que...''. Tu sais rien. C'est pas l'impression que tu as, mais tu sais rien. Alors retourne à tes cruels dilemmes de future maman, et arrête avec tes constatations à deux balles. Si j'ai besoin d'un avis extérieur, ça sera certainement pas le tien. ». Je soufflais. Elle s’énervait tellement. Que ça donnait l’impression d’avoir visé juste. Parce qu’elle était comme ça. Très calme tant qu’on s’approchait pas d’une vérité qui fait mal. A l’inverse, c’était une furie si on s’en approchait même à pas de loup. « C’est facile et ça t’éclate de croire que je suis la seule folle dans l’histoire, que tout le problème vient de moi mais, tu ne me feras pas croire l’inverse Elizabeth, t’as un vrai problème avec Ethan. » Je n’avais pas l’intention de m’attarder et de l’entendre crier en retournant la situation. J’avais compris son manège pour me faire culpabiliser la dernière fois. Une fois, pas deux. « C'est quoi la prochaine étape Ella, maintenant que tu sais ce que j'en pense ? ». La prochaine étape ? Aucune. J’allais la laisser travailler bien tranquillement. Parce qu’on avait fait le tour de la question. Et que si elle devait hystéEthan, je préférais m’en aller. « Rien, je vais retourner à mes dilemmes de femme enceinte comme tu le dis si bien, à moins que t’es quelque chose à ajouter ? » Je la regardais, prête à partir.
Spoiler:
HJ- désolée du temps que j'ai mis à répondre j'avais pas vu et u coup on peut clôturer ou continuer, comme tu veux