Sujet: Le bonheur ne serait pas le bonheur sans une chèvre qui joue du violon. Mar 24 Avr - 16:32
15h18. Bon, certes, il était en retard, mais au moins, il avait de la farine. Car se rendre compte, dix minutes avant le départ, que le pot de farine est vide, ça frustre. Alors il s'empare de la monnaie que la grosse caissière lui tend et se dépêche de fourrer le tout dans son sac à dos. Ironiquement il aurait pu venir avec un cabas, histoire d'amplifier un peu plus le stéréotype gay qu'il était. Salut, je travaille dans une boutique de lingerie, je suis la reine du ménage, je crois au grand amour et je fais des cupcakes avec mon coupain. C'est donc avec conviction qu'il n'oublie pas d'attraper son pack de bière, moyen de redorer le blason de sa virilité. Il lança un sourire forcé à la caissière qui soupirait de mépris en marmonnant “Bonne Journée” dans sa barbe -oui, c'était une femme à barbe absolument infâme et pas baisable du tout, même les yeux bandés- et quitta ensuite d'un pas pressé le supermarché. Comme s'il n'avait eut une matinée assez éprouvante, entre deux cours de droit international. Il arpenta donc à la vitesse de la lumière les rues d'Arrowsic, cherchant l'appartement de Fernando, et finit par trouver ladite porte, à moitié essoufflé. Il espérait qu'il n'ait pas mis le feu à sa cuisine, le four devant chauffer depuis presque une heure. Encore fallait-il qu'il ait réussi à le mettre en route. Rudy se disait que dans une autre vie, il aurait pu être chef cuisto. Il aurait fait cuire des frites, certes, mais ça aurait été les meilleures du pays. Puis il aurait ouvert une cupcakery à Arrowsic. Ou à New-York, tant qu'à rêver. Le monde entier aurait fait la queue à sa porte pour déguster ne serait-ce qu'un smarties artisanal déposé au cœur de ses gâteaux. Ouais, il aurait pu être un grand homme, dans une autre vie -ou comment dire qu'il n'en sera jamais un.
Fernando lui ouvrit, sans trop attendre. Ils se saluèrent comme deux bons vieux potes, rentrèrent dans son salon, et Rudy enleva sa veste avant se s'empresser de mettre les bières au frigo. « On gardera ça pour la cuisson, hein ! » Puis il sortit peu à peu tout ce qu'il avait dans son sac pour l'étaler sur la table de la cuisine. On aurait pu l'appeler Mamie Gâteaux. C'était assez comique. Puis tout en déballant le sac de Mary Poppins, il releva la tête vers Fernando. « Bon alors, ça va la vie ? C'était qui ta dernière conquête ? » le tout accompagné d'un petit sourire narquois d'où l'on pouvait sous-entendre un t'es-une-bête-de-sexe-mon-pote. Une bonne à tout faire qui donne des cours de vaisselle à un gigolo.
Spoiler:
PUTAIN ! J'ai trop trop trop honte, normalement j'arrive à pondre un paragraphe en plus Mais là, rien. J'ai lu, j'ai même regardé un film pour m'inspirer, rien. Alors je m'excuse franchement, je me rattraperai au prochain, puissance mille.
DOUBLE-COMPTE : jona & louis. MESSAGES : 8067 ARRIVÉE : 07/03/2012 LOCALISATION : à l'hôpital.
Sujet: Re: Le bonheur ne serait pas le bonheur sans une chèvre qui joue du violon. Mar 24 Avr - 21:01
TU FAIS LA CREME CHANTILLY PRINCESSE ?
Un petit échange d’SMS et le tour était joué. Rudy et moi nous avons rendez-vous. Pas pour un truc galant entre pédé, non. Pour une CDTP (Cupcake Dudes Tidy Party) comme il aime les appeler. En fait, ça va être notre première fois. C’est vrai qu’on a déjà fait le ménage ensemble, mais on est encore jamais passé à l’étape supérieure : les cupcakes. Le truc incontournable quoi. Là, je sens que notre relation évolue, qu’elle devient enfin sérieuse.
C’est tellement con, mais tellement bon mon amitié avec Rud’ - ou princesse comme j’aime bien l’appeler. On s’est rencontré à mon arrivée à Arrowsic, c'est-à-dire il y a bien 4 ans et demi. À l’époque, j’avais 18 ans et je ne savais même pas laver un slip. Aujourd’hui, grâce à lui, je sais enfin séparer le blanc des couleurs, comment mettre le lave vaisselle en route, comment faire diparaître même les tâches les plus tenaces. Aujourd’hui, je suis la princesse de l’intérieur (sachant que Rudy est la reine) la plus en vogue d’Arrowsic. Bref, j’avais envie d’apprendre à faire des cupcakes. Il me l’avait promis. Donc comme je l’ai dit, quelques SMS et nous voilà parti pour nous voir. Ma seule instruction était d’allumer le four sur 170 degré une vingtaine de minutes avant son arrivée. Evidemment, à l’heure prévue, j’étais en train de regarder une bien bonne comédie romantique qui me faisait un peu trop pensé à Kai. Du coup j’ai zappé, du foot, ça me faisait pensé à mon père. Du coup, j’ai rezappé, le même film d’amour. Merde, mais y a partout la même chose ou quoi ? J’ai rerezappé, le match de foot. Bouton off. Soupire. Merde, Rudy doit venir dans cinq minutes. Je me lève d’un bon et je me rends compte que je ne sais plus à combien faire chauffer le four. Je cherche mon téléphone partout et quand enfin je le trouve, Rudy a déjà cinq minutes de retard. 170 degré, ok. J’allume, je crois que c’est bon, puis je tournicote dans mon appartement pendant une dizaine de minutes. Je stresse. J’ai trop peur d’avoir fait quelque chose de faux. Je regard cinquante fois le four pour vérifier si j’ai bien appuyer sur le bon bouton. C’est le bon. Mais est-ce que ça chauffe vraiment ? J’ouvre tout doucement. Je glisse mon doigt à l’intérieur. Aïe, ça brule, mais qu’est-ce que je peux être con ! Je cours à la salle de bain et je passe mon doigt brûlé sous l’eau. Ca fait du bien, bon sang. Ca sonne à la porte, c’est enfin lui. Décidemment, toujours à faire sa princesse et à se faire désirer. Je panse mon doigt et je cours lui ouvrir.
On se fait notre petit check habituel et j’emmène Rudy dans le salon. Il pose ses affaires et sort les bières. « On gardera ça pour la cuisson, hein ! » Je ris doucement et je lui montre le frigo de mon doigt handicapé. Il sort tout son petit matériel. Je suis vraiment fasciné par tout ce dont on a besoin pour cuisiner, vraiment. « Bon alors, ça va la vie ? C’était qui ta dernière conquête ? » Rudy me prend pour un gros baiseur juste parce qu’une fois j’avais plusieurs filles en vue. Mais c’est pas comme si je me faisais fille sur fille quoi. Bon, c’est vrai que ces derniers temps j’en ai enchaînée deux pas mal. « Il y a toujours Kai, la fille que je me suis fait le soir où j’étais bourré et que je t’avais envoyé des textos qui voulaient rien dire, tu t’rappelles ? Ben elle, j’arrive pas à me l’enlever de la tête. Sinon y a eu cette fille, Teddy dernièrement, mais j’ai pas trop envie d’en parler » dis-je avec un sourire gêné sur le visage. D’habitude, j’avais plutôt tendance à me vanter devant Rudy, mais là, je ne suis pas vraiment fier d’avoir couché avec une mineure. Surtout de m’être fait roulé par une mineure. Ma fierté en avait pris un sacré coup.
J’ai envie de détourner la conversation sur autre chose, même si je sais que Rudy reviendra à la charge plus tard. J’ai surement attisé sa curiosité en ne voulant rien dire. Bref. « T’as vu, je me suis brûlé en vérifiant si le four était chaud » dis-je amusé en montrant mon doigt pansé. J’ai un peu honte de moi mais en y repensant, c’est tellement ridicule que ça me fait marrer. Je ris tout seul, accompagné de Rudy qui se fiche franchement de moi. On est beau tous les deux.
Sujet: Re: Le bonheur ne serait pas le bonheur sans une chèvre qui joue du violon. Jeu 26 Avr - 20:30
Il avait besoin de ça. Il avait besoin de ce genre d'après-midi pour ne pas se morfondre dans une dépression mélo-dramatique pimentée de pensées pseudo philosophiques sur le concept de l'amour. Il ne voulait pas faire face à ces doutes qui embrumaient son esprit, qui s'étaient installés dans son quotidien aux senteurs monotones, qui cependant lui convenait amplement. Au milieu de ces discussions avec son frère, au sein de ses cours à la fac, et parmi ses heures de boulot à la boutique, il y avait ces préoccupations instables, qui brouillaient son cerveau, qui le hantaient, et qu'il maudissait jour et nuit. Il voulait à tout prix éviter la confrontation, se retrouver seul avec lui-même et devoir s'interroger sur la nature de ce qu'il entretenait avec Helena. Alors la nécessité de se retrouver debout en tablier derrière une pâte à gâteau à faire des cupcakes était pressante. Pour ne pas être rongé, pour ne pas sombrer comme une épave coulant dans une mer de sentiments indéfinis, mornes et par dessus tout, indécis. Alors il essaye de chasser ces réflexions et il arbore un sourire assurant, triant peu à peu les ingrédients étalés sur la table.
Tout en l'écoutant parler, il s'avance vers les placards et cherche une petite balance et un verre doseur qu'il s'empresse de ramener vers la salle à manger. « Il y a toujours Kai, la fille que je me suis fait le soir où j’étais bourré et que je t’avais envoyé des textos qui voulaient rien dire, tu t’rappelles ? Ben elle, j’arrive pas à me l’enlever de la tête. Sinon y a eu cette fille, Teddy dernièrement, mais j’ai pas trop envie d’en parler » Il s'est toujours demandé comment diable Fernando faisait pour s'intéresser à tant de nanas en même temps, chose impossible pour Rudy qui n'arrivait pas à se démener avec une seule midinette dans sa vie. Et il sourit, au son de “Kai”. Fernando est amoureux, et ça crève les yeux. Peut importe les textos qu'il lui avait envoyé lors de cette soirée -qui accessoirement racontaient ses ébats donc au final, c'était peu alléchant sur le coup- il était tout bonnement sous le joug de cette affection irrévocable pour cette petite rousse. Parce que oui, il le bassinait tellement avec elle qu'il lui avait même envoyé une photo d'elle lors de cette fameuse soirée éméchée. Mais quand il en parlait, il avait cette petite mèche enflammée au creu de ses pupilles, et ses yeux étaient pétillants d'admiration. Il y avait encore de l'amour qui dégoulinait de partout. Et puis il évoqua Teddy, sans s'étaler sur le sujet. Ça annonçait la discussion sensible. La discussion à avoir après trois bières et un petit whisky, pour savourer le dur labeur de l'après-midi. « Bah bravo, je vois que tu t'essouffles pas. Et cette Kai, tu l'as revue ? Tu lui as reparlé ? Tu l'as rappelée ? Parce que ça se sent, tu veux pas la laisser filer. » Il avait compris qu'on ne s'attarderait pas sur Teddy. Alors autant foncer sur Kai.
Puis Fernando tendit son doigt pansé, alors que Rudy découpait le beurre et le pesait, surestimant d'ailleurs la quantité prescrite (faut bien entretenir sa graisse de temps en temps). « T’as vu, je me suis brûlé en vérifiant si le four était chaud » Mais quel boulet. Rudy ne manqua pas de se payer ouvertement sa tête, avec ce rire moqueur, mais absolument pas blessant. Fernando, il devait absolument se trouver une femme s'il ne voulait pas manger des pâtes toute sa vie. Et encore, il réussissait à les oublier sur le feu. « T'es vraiment con. Ton four on l'a utilisé la semaine dernière, il marche ! Va pas perdre une main bêtement. » En plus, s'il perdait Fernando, il ne savourerait plus sa maîtrise des arts culinaires.
Il prit ensuite des œufs dans le frigo et un saladier dans un autre placard. C'était si bien rangé chez Fernando qu'il trouvait le sucre dans le tiroir à couverts. Bon, l'instant rangement de la cuisine s'annonçait déjà. Mais pour plus tard. « Bon alors, on passe aux choses sérieuses. Faut que tu me fasses fondre le beurre, en évitant de t'embraser le bras, pendant que je prends les bonnes doses de farines et de sucre. Ça va aller ? » En fait, il avait assez peur de laisser Fernando mettre en feu son appartement, mais s'il ne pratiquait pas un peu, il allait rester le même tire-au-flanc incapable de faire fondre du beurre -assez handicapant, surtout quand on aime faire des gâteaux. Il lui tendit donc le beurre, un peu anxieux, en le suppliant du regard de ne pas faire de conneries. « Et tu le remues tout doucement. Mais vraiment doucement. Imagine que c'est les intestins de Kai, tu voudrais en prendre soin, hein ? Et ben là c'est pareil, sauf que c'est gras et c'est jaune pisse. »
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Sujet: Re: Le bonheur ne serait pas le bonheur sans une chèvre qui joue du violon. Dim 29 Avr - 15:30
TU FAIS LA CREME CHANTILLY PRINCESSE ?
Rudy est déjà en train de tout préparer pendant que j’explique ma situation sentimentale – plutôt désastreuse je dois dire. J’ai vraiment foiré avec Kai. Après une semaine sans ses nouvelles, je sais à quoi m’en tenir. Je lui avais passé mon numéro et elle n’a pas appelé, ça veut tout dire. Bon en même temps, c’est plutôt compréhensible, vu la manière dont on s’était quitté. Du coup, j’avais trouvé refuge entre les jambes de Teddy – qui s’est avéré être une mineure. Ce qui fait que je suis dans la merde avec elle aussi maintenant… Décidemment, j’attire les histoires compliquées. Ou peut-être que c’est moi qui est compliqué ? « Bah bravo, je vois que tu t’essoufles pas. Et cette Kai, tu l’as revue ? Tu lui as reparlé ? Tu l’as rappelée ? Parce que ça se sent, tu veux pas la laisser filer. » Rudy, il est trop fort. Rudy, c’est un Dieu. Rudy, il me connait par cœur et me comprend du premier œil. Il s’amuse toujours à me taquiner quand je ramène une nouvelle fille dans mon lit. Pour lui, je suis le coureur de jupon. C’est pas vraiment le cas, mais si ça l’amuse de voir les choses sous cet angle, d’accord. Il peut. Et ça me fait rire. « Kai, c’est compliqué… » J’ai pas envie d’admettre que je ne pense qu’à elle, j’ai pas envie d’admettre que je souffre de son absence, qu’elle me manque. J’ai pas envie d’admettre que je l’aime sans la connaître. Je ne suis même pas capable d’admettre les choses moi-même, comment le faire avec Rudy ? « En fait, je l’ai recroisée, comme un con je lui ai dit que j’avais quelqu’un en vue. Après ça, je lui ai passé mon numéro, mais elle n’a jamais rappelé. De toute façon c’était qu’un coup d’un soir. » Je mens. Et Rudy la compris, ça se voit à la manière dont il me regarde. Il n’y croit pas une seconde. Et moi non plus.
Je suis reconnaissant qu’il ne me pose pas des questions sur Teddy. J’aurai pensé qu’il ferait un peu sa petite fouine, mais non. Il s’est retenu, et j’apprécie. Vraiment. J’aimerais quand même bien qu’on parle d’autres choses que de ma vie sentimentale, du coup, j’amène le sujet de ma maladresse dont mon doigt est encore témoins. Rudy rigole et dit d’un air moqueur. « T’es vraiment con. Ton four on l’a utilisé la semaine dernière, il marche ! Va pas perdre une main bêtement. » C’est vrai, je suis con parfois. Souvent même. En particulier quand il s’agit des filles ou des tâches ménagères. En plus, c’est lié en quelque sorte. À croire que j’avais fait exprès pour faire marrer Rudy. J’en aurai été capable, mais ça n’était pas le cas. J’ai d’autres tours dans mon sac.
Princesse ne cesse de geindre en cherchant les différents ustensils. Ben quoi ? Chacun sa tactique de rangement non ? Moi je préfère mettre les choses que j’utilise le plus à portée de main et ce que j’utilise le moins au fond des placards les plus hauts. Evidemment, toutes ces choses, ce sont les choses dont nous avons besoin aujourd’hui. Des choses dont je ne connais même pas l’utilité, d’ailleurs. Rudy sort une sorte de longue tige métallique avec des spirales au bout. C’est un drôle de truc, je vois pas trop à quoi ça sert. Peut-être à discuter avec des extraterrestres ? « Bon alors, on passe aux choses sérieuses. Faut que tu me fasses fondre le beurre, en évitant de t’embraser le bras, pendant que je prends les bonnes doses de sucre et de farine. Ca va aller ? » Je ne sais pas, on verra. J’acquiesse quand même, histoire de rassurer Rudy qui semble déjà inquiet. J’attrape la casserole et je mets les bouts de beurre qu’il me tend à l’intérieur. « Et tu le remues tout doucement. Mais vraiment doucement. Imagines que c’est les intestins de Kai, tu voudrais en prendre soin, hein ? Et ben là, c’est pareil, sauf que c’est gras et jaune pisse. » Je ne peux m’empêcher d’éclater de rire à la comparaison. J’applique ses conseils et je crois que je ne fais pas trop de bêtises. Le beurre fond et prend l’aspect qu’il vient de décrire. « J’ai réussi » dis-je victorieux comme un enfant de cinq and qui aurait réussi à monter son château de lego. Je suis fier et je m’apprête à demander qu’il me confie une autre tâche quand mon téléphone vibre dans ma poche. Je sursaute et embarque la casserole avec qui se reverse partout par terre. Rudy me fusille du regard. Mes joues se teintent de rose. Je me sens con pour changer. « Je peux toujours recommencer, non ? » Sans me faire prier, je répète l’expérience. Je fais bien attention de ne pas en mettre partout cette fois. Pendant que je nettoie le sol de la cuisine, Rudy s’affaire au mélange des différents ingrédients. Je constate finalement que l’appareil à extraterrestre sert en fait à mélanger. Ok, c’est noté.
Je regarde quand même mon téléphone. C’est peut-être important. C’est un SMS. C’est un numéro non-enregistré. C’est signé Kai. Kai ? Kai ! « C’est Kai, c’est Kai. Elle veut me voir ! » C’est un message neutre, mais quand même, elle veut me voir. Je souris de toutes mes lèvres en passant mon portable à Rudy pour qu’il puisse voir le message.
Sujet: Re: Le bonheur ne serait pas le bonheur sans une chèvre qui joue du violon. Mar 1 Mai - 19:49
Le sucre atteignit bientôt la barre des 125 grammes. Il s'empressa de recommencer avec la farine. Il écoutait Fernando dans un même temps. Fernando et ses peines de cœur. Ça le faisait sourire, de se dire qu'il n'était pas tout seul à se battre contre un flot de sentiments qu'il aurait bien refouler si la nature leur avait donné des sabre laser contre les émotions que le sexe féminin créait chez eux. Ça le faisait moins sourire quand il se disait que Fernando n'avait qu'à se jeter dans ses bras, alors que lui devait se battre pour ne récupérer ne serait-ce qu'une parole de la bouche d'Helena. Enfin bon. C'était la vie. Au pire il irait se consoler dans les bras d'Elizabeth. Ça sonnait pas méga cool, dit comme ça. Elle avait plus le rôle de la mauvaise fille qui traîne un peu partout pour consoler les âmes en perdition, la sorcière qui capturait les hommes dans ses filets. La maîtresse, source de l'adultère. Heureusement Fernando le coupa dans ses pensées poisseuses. « Kai, c’est compliqué… » Au fond, tout est compliqué mon petit Ferny. Rudy arrête de peser l'emballage des framboises -ça ne sert à rien mais ça l'aide à penser, parait-il- et se tourne vers Fernando, attentif. Ouais, les potos c'est attentifs. « En fait, je l’ai recroisée, comme un con je lui ai dit que j’avais quelqu’un en vue. Après ça, je lui ai passé mon numéro, mais elle n’a jamais rappelé. De toute façon c’était qu’un coup d’un soir. » Rudy manque de pouffer. Il regarde Fernando avec un soupir presque désespéré, mêlé à un sourire amical. Il a envie de lui foutre une baffe. Il a envie de lui faire la morale. Lui qui n'est pas mieux avec les nanas. Lui qui gâche tout espoir. « Tu vas me faire croire que tu compte la laisser filer ? Sérieusement ? Pourquoi tu la rappelles pas ? Pourquoi tu vas pas tout simplement lui dire que c'est elle ? »
Après avoir enfin trouvé un fouet dans cette jungle d'ustensiles -à voir la tête de Fernando, ce n'était certainement pas lui qui avait acheté ce couvert- Rudy priait en regardant son ami s'appliquer face à la casserole de beurre. Ça ne semblait pas trop mal, il se débrouillait bien pour une quiche en cuisine. Il s'écria même au bout de cinq minutes, en voyant le liquide visqueux accroché au fond du plat « J’ai réussi ! » Puis il retire la casserole des plaques chauffantes, et là, c'est le drame. Son téléphone vibre dans sa poche, Fernando sursaute, et le beurre qui échappe des mains pour venir se coller au carrelage de la cuisine. Rudy soupire et le fusille du regard. « Je peux toujours recommencer, non ? » Fernando s'attèle à la tâche, après quelques grognements presque inaudibles de son compagnon cuisinier, qui le surveille d'ailleurs en versant le sucre dans le saladier. Puis une fois le beurre fondu et non pas étalé sur le parterre de l'appartement, il mélange les ingrédients pendant que Fernando nettoie ses conneries. Ce dernier s'empresse ensuite de saisir son téléphone. Un sourire apparaît jusqu'aux oreilles. Ça sent le SMS d'une midinette. Et bizarrement -ou pas d'ailleurs- Rudy devine que cette nana a sûrement les cheveux roux, au vu des yeux pétillants de Fernando, qui se dépêche de lui foutre le portable dans les mains. Rudy arbore alors ce rictus forcé Oui, il est content pour son pote, il est heureux pour son buddy qui va enfin arranger son coup comme un maître. Il lâche alors, d'un ton faussement sympathique: « Appelle là. » Le problème c'est qu'il a pas envie qu'il l'appelle, il a pas envie de pourrir leur après-midi à parler petites copines, à voir Fernando prêt à conclure avec Kai -oui parce qu'elle veut le voir, mais ça se finira pas en partie de scrabble, à moins d'être un gogole profond. Alors il se montre réjoui pour lui, comblé pour lui. Puis pendant que l'autre s'extasie devant l'écran minuscule de ton téléphone, il mélange ses œufs pourris dans sa mélasse de beurre sucré. Il cette once de colère qui monte en lui, si bien qu'il bat violemment sa pâte, et renverse la farine partout sur la table au moment de la verser dans le plat. Parce qu'il pense à Helena, parce qu'il sait qu'il a tout foutu en l'air avec elle, et parce qu'il a compris que cette Kai s'était installée dans leur après-midi sans le vouloir. Il n'en avait pas après elle. Il en avait après personne, à part peut-être lui.
Alors il souffle un bon coup, et va à la recherche d'une éponge dans le bordel cuisiner pour nettoyer la farine en poudre en train de choir de part et d'autre de la nappe. C'était probablement son tempérament égoïste qui le contrariait devant le manque d'attention que lui portait Fernando, scotché à l'image de sa pouffiasse rousse qui l'obnubilait. Ouais, la pauvre Kai était devenue sa pouffiasse rousse. Et il avait presque envie d'en devenir une aussi, de pouffiasse, pour ne pas avoir à faire ses putains de cupcakes tout seul, en ruminant sa peine qui rythmait les coups de fouets qu'il donnait dans sa pâte jaunâtre, presque aussi dégueulasse que ce qu'il avait fait à Helena. Ses cakes à la framboise, il pouvait les faire chez lui. Au fond il en avait même pas envie, de cakes à la framboise. Il était là pour Fernando, pas pour faire des cakes à la framboise. Merde ! Alors une fois la farine essorée dans l'évier, il reprend sa balance bancale qui manque de se casser sous son poing ferme. Il se tourne ensuite vers son pote devenu esclave de son portable et d'un ton sec, il lui balance: « Chope un bol et écrase les framboises avec une fourchette, si dans tes tiroirs de merde t'en trouves une. » Il s'en veut, de parler d'une façon si abjecte. Parce qu'il aurait sûrement été aussi euphorique que Fernando si Helena lui avait envoyé un message. Mais voilà, c'était pas lui qui avait reçu un putain de SMS. Il était là comme une boniche à préparer des cupcakes, comme un quarantenaire gay qui cuisine son dessert pour une réunion de famille. Ça lui donnait presque des relents d'homophobie cette histoire.
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Sujet: Re: Le bonheur ne serait pas le bonheur sans une chèvre qui joue du violon. Mar 1 Mai - 21:22
TU FAIS LA CREME CHANTILLY PRINCESSE ?
Parler de Kai. Nier. Se cacher des choses. Cacher des choses à Rudy. Mentir. Tout ça, c’est lié. C’est moi. Cette histoire, j’arrive pas à l’assumer. Moi, amoureux ? Non. Amoureux d’une inconnue ? Deux fois non. Je ne suis juste pas ce type accro à cette fille. Je ne veux pas, c’est tout. Mais c’est plus fort que moi. Et j’en ai marre d’avoir toujours ces mêmes réflexions. Ces mêmes débats qui ne cessent de revenir constamment dans ma tête. J’aimerais l’oublier un point c’est tout. J’aimerais simplement que ce que je dis à Rudy soit la vérité. J’aimerais au moins réussi à m’en convaincre. Lui, il ne me croit pas une seconde et il le fait clairement comprendre. Du coup, ça ne m’aide pas. Au contraire, ça me met une fois de plus face à la réalité de la chose. Merde. « Tu vas me faire croire que tu comptes la laisser filer ? Sérieusement ? Pourquoi tu vas pas simplement lui dire que c’est elle ? » Quoi elle ? Qui elle ? Elle comme la femme de ma vie il veut dire. Olalala, princesse fait sa romantique. Kai, j’ai déjà du mal à me dire que je l’aime, donc faut pas pousser. « Elle est rien du tout, ouais. » Il me dévisage. Il a raison. On sait tous les deux que je dis n’importe quoi, juste pour continuer à me voiler la face. C’est vrai que c’est agaçant, je suis agaçant. Je dois l’agacer. J’arrête mes conneries. « Bon ok, on verra. » Je dis ça dans le genre bononclotlesujetmec et ça suffit pour qu’on retourne à nos affaires de cuisines.
Je fais ce qu’il me dit avec le beurre et tout. Je réussis en plus, ce qui était pratiquement inespéré vu mon piètre niveau de cuisine. Bref, il fallait qu’il y ait une couille sinon ce serait pas normal. Et il y en a eu une. Le beurre collé au sol de la cuisine. Merde. Du coup je recommence tout et je vois bien que Rudy commence à perdre patience avec moi. Mais c’était pas entièrement ma faute. C’est juste mon téléphone portable qui vibre au mauvais moment. Mais oui, bien sûr, cherches toi des excuses Fernando. T’es juste maladroit comme si tu cuisinais avec ton pied gauche, inutile de chercher midi à quatorze heures. Bref, c’est Kai qui m’a envoyé un message. C’est Kai qui veut me voir. Encore et toujours Kai. Moi qui avait décidé de ne plus en parler et de ne plus y penser. Je retrouve soudainement un peu de pêche et de joie de vivre et comme une gamine je me trouve dans l’obligation d’en faire part à toute la terre. Comme, en l’occurrence, il n’y a pas une foule en délire devant moi, je dois me contenter de Rudy. Il esquisse un faux sourire, mais je vois très bien que ça n’a pas arrangé sa mauvaise humeur. Au contraire. « Appelles la » Oui, non, je ne sais pas si j’en ai envie. J’ai pas envie de montrer que j’attendais que ça, qu’elle m’envoie un message. J’ai aussi envie de l’entendre et de la voir tout de suite, mais non, faut qu’elle patiente elle aussi. J’hésite, mon portable entre les mains, sans vraiment réaliser que Rudy est en train de péter un cable avec sa pâte à gâteau. Sa voix me rappelle à l’ordre. « Chopes un bol et écrases les framboises avec une fourchette, si dans tes tiroirs de merde t’en trouves une. » Un peu secoué par son ton sec, je jette mon portable sur le canapé, décidant finalement de ne pas répondre tout de suite à Kai et j’exécutes l’ordre de ma princesse en chef. La pauvre, on dirait qu’elle a ses règles. Enfin bon. Ces petites histoires d’amour à la noix avec un pauvre type qui se comporte comme une meuf qui a son premier copain ça doit le gaver et je comprends. Ca me gave aussi. Je clos définitivement le sujet Kai et par conséquent le sujet amour. Je ne pense pas qu’il soit très friand de ce genre de sujet de conversation après les difficultés qu’il a lui-même eu dans la matière. Pauvre princesse, le prince l’a quittée et elle doit gérer le château toute seule. C’est vrai que moi, à côté, avec Kai tout reste possible. Nous n’avons pas encore joué notre dernière carte.
J’ai envie de redonner le sourire à Rudy. Du coup, j’exécute toutes les tâches qu’il me donne avec une grande concentration, me débrouillant d’ailleurs plutôt bien. C’est alors que je décide de lui montrer ce que j’avais préparé pour lui. « Attends Rud’ j’ai un truc pour toi. » Je me barre dans ma chambre, attrapant au passage ce dont j’ai besoin et je reviens dans la cuisine. Je lui tends un drôle de bout de laine à la forme indéterminé et je déclare fièrement « C’est moi qui l’ai tricoté pour toi ». En une seconde, je perds toute la crédibilité que j’avais acquise durant les dernières minutes en cuisine. J’éclate de rire, conscient de mon échec en couture. « Je me suis dis que ce serait pas mal si je savais faire quelque chose que tu ne sais pas faire et que je pouvais t’apprendre. Du coup, j’ai regardé des vidéos sur internet pour apprendre à tricoter mais ça n’a pas donné grand-chose. C’était une écharpe à la base. » Rudy semble amusé, amusé par ma bêtise ou par ma non connaissance des choses. J’espère au moins qu’il est touché. Parce que je l’ai fait sincèrement. Parce que j’en avais marre d’être l’élève et lui le maître. Je voulais inverser les rôles rien qu’une fois. Je voulais lui apprendre quelque chose. Je voulais pouvoir lui donner quelque chose en échange de tout ce qu’il m’avait donné. « J’ai quand même réussi à plus ou moins assembler les fils ensemble, c’est déjà ça. » Et je souris, et déjà, j’ai l’impression que l’atmosphère s’est détendue.
Sujet: Re: Le bonheur ne serait pas le bonheur sans une chèvre qui joue du violon. Sam 5 Mai - 22:01
Fernando, on pouvait lire en lui comme dans un livre ouvert. Pas besoin d'être le héros de Lie To Me pour deviner qu'à travers ce regard déguisé, il rêvait de se jeter dans les bras de Kai. Il en crevait, le pauvre. Il pensait à elle, quand il avait cette seconde d'absence, à jeter un coup d'œil par la fenêtre, à regarder l'heure sur son téléphone, alors qu'il espérait juste recevoir quelques mots. Même un appel manqué lui aurait suffit. Même un message lui disant “je suis partie refaire ma vie en Afrique pour aider les nourrissons atteints de famine” lui aurait fait plaisir. Parce qu'il voulait juste entendre sa voix, ou lire ses mots. Il connaissait ce sentiment par cœur, lui, ce Rudy aveuglé par une vanité bourrue. Parfois ce sentiment se résumait juste au fait de se l'avouer à soi-même, qu'on aimait telle ou telle fille. Pour Fernando, comme pour une bonne partie de la population terrienne, c'était pas si simple que ça. Et ça demandait beaucoup. « Elle est rien du tout, ouais. » Rudy peut pas s'empêcher de le toiser. Parce que ces mots sonnent affreusement faux. Ça se sent, ça empeste le mensonge. Sa voisine y croirait, sa vieille tante acquiescerait. Mais lui non, il sait que Fernando se voile la face tout seul. Puis il baisse les yeux et avoue. « Bon ok, on verra. » Ça suffit à arracher un sourire victorieux à Rudy.
Sauf que le sujet se clôt pas si facilement. Au début c'était sympa, c'était les discussions entre potes sur ses exploits de conquêtes respectifs. Là ça empiète sur la patience de Rudy. Et sa patience, elle a des limites un peu trop définies. Et quand il manque de broyer le fouet qu'il a dans les mains, Fernando comprend et se retire du champ de bataille en jetant son portable sur le canapé. Et c'est en silence qu'il s'exécute et broie les framboises. Alors Rudy s'en veut, d'en être arrivé à parler sur ce ton à un de ses meilleurs potes à cause d'une nana. « Je suis désolé. J'ai pas la tête à parler petites copines aujourd'hui », fit-il, le nez dans sa pâte, sans lever les yeux sur Fernando. Il faillit d'ailleurs rajouter “au cas où tu l'aurais pas remarquer” mais se dit heureusement que ç'aurait été beaucoup trop déplacé. Il esquisse un sourire, pour se faire pardonner. Ils ont l'air con, là, à s'engueuler à cause d'une fille, alors qu'ils cuisinent. Puis Rudy met son mélange dans les moules à cupcakes qu'il enfonce dans le four, après avoir demandé à Fernando de mélanger son coulis de framboises avec du sucre glace. Une fois terminée, celui-ci s'éclipse un instant de la pièce principale et gagne sa chambre, pour revenir avec une espèce de tissu dans les mains. Enfin c'est un grand morceau de tissu, taillé bizarrement. « C’est moi qui l’ai tricoté pour toi » Fernando lui tend avec un grand sourire de gamin qui vient de réussir son coloriage sans dépasser ce qui est en fait un rectangle de laine. Rudy est un peu interloqué. « Je me suis dis que ce serait pas mal si je savais faire quelque chose que tu ne sais pas faire et que je pouvais t’apprendre. Du coup, j’ai regardé des vidéos sur internet pour apprendre à tricoter mais ça n’a pas donné grand-chose. C’était une écharpe à la base. » Mais il finit par éclater de rire. Une écharpe ! En la dépliant, elle ne semble même pas si ratée que ça au final, et se montre d'ailleurs très agréable au toucher. Bon, ça alimentait l'absence de virilité de leur après-midi mais tant pis. Il se voit quand même touché. Parce que Fernando, c'est un pote sincère. Il a pas de mauvaises intentions, encore moins de gâcher volontairement leurs quelques heures de répit à parler conquête rousse. Alors il lui donne cette accolade amicale. « Merci Ferny ! Fallait pas te donner ce mal, moi je te fais tes cupcakes gratos. »
Rudy tient ensuite sa promesse et va chercher les bières entreposées dans le frigo -sortant discrètement par la même occasion le sucre qui n'a techniquement pas sa place dans le réfrigérateur- et en lance une à Ferny. Cette fois-ci pas de catastrophe, il la rattrape au vol et le parquet se voit épargné. Puis ils s'installent dans le canapé quelque peu troué et trinque à leur cupcakes réussis d'avance. Plus que vingt minutes à attendre. « Bon, après les copines, le boulot, tu te démerdes bien ? »
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Sujet: Re: Le bonheur ne serait pas le bonheur sans une chèvre qui joue du violon. Sam 12 Mai - 23:47
TU FAIS LA CREME CHANTILLY PRINCESSE ?
Bon, je clos le sujet Kai, parce que de toute évidence, même si c'est lui qui est venu sur le sujet, Rudy me semble pas emballer par s'y attarder. Je respecte. Je balance mon téléphone sur le canapé et je remets à plus tard mon creusage de méninge pour trouver une réponse au message de la belle rousse. Je reporte mon attention sur Rudy et nos cupcakes. « Je suis désolé. J'ai pas la tête à parler petites copines aujourd'hui » J'ai remarqué, du coup je ne vais pas enfoncer le couteau en lui posant des questions, en m'attardant sur tout ça. « Ouais non c'est vrai, on est pas là pour ça en plus. » on se sourit, je lui tape dans la main, on s'fait donc un petit check de pote et on se remet au fourneau. Mais soudain, je me souviens que j'avais quelque chose à lui montrer et ce quelque chose selon moi, peut vraiment changer l'atmosphère qui règne en ce moment dans la pièce et balayer le mauvais souvenir de notre petite brouille d'il y a quelques minutes en arrière.
C'est un petit bout de tissu, une prétendue écharpe qui a plus ou moins la bonne forme, mais quelques défauts de coutures. J'ai un peu honte de mon essai, mais bon, comme on dit, c'est le geste qui compte. Ça semble faire rire Rudy. C'est vrai que c'est drôle, c'est vrai que je suis ridicule parfois, mais ce qu'on ne peut pas m'enlever c'est ma générosité. J'essaye toujours de faire plaisir aux autres, de les faire rire. Je fais toujours le maximum. Même si je ne suis pas parfait, même si je suis naïf, même si je fais des erreurs, j'essaye de rendre heureux mes amis. « Merci Ferny ! Fallait pas te donner ce mal, moi je te fais tes cupcakes gratos. » Je souris. Rudy semble touché, je crois qu'il a compris mon geste, je crois qu'il a compris que ce n'était pas simplement pour être drôle, que c'était avant tout pour lui faire plaisir, avant tout pour avoir quelque chose à lui offrir, simplement pour lui rendre tout ce qu'il m'a donné. J'essaye, mais c'est impossible. Rudy m'a toujours aidé, il a toujours été la pour moi. Je ne peux pas nier que je n'aurai pas une vie si confortable sans lui. Mais ça, j'ai quand même trop de fierté pour le lui avouer. Alors j'essaye simplement de le lui montrer par quelques petits gestes. « C'est rien, t'inquiètes. »
Alors que nos cupcakes se dorent la pilule dans le four, Rudy me propose une bière. J'acquiesse, il va la chercher et je patiente sagement dans le salon. Il m'a la lance et je l'attrape en plein vol. Il semble surpris que cette fois, il n'y ait pas eu de catastrophe. Et oui, même si je suis un gros maladroit, je suis plutôt adroit. Drôle de paradoxe, je sais. On trinque dans le silence, avec le sourire. Je décapsule ma bière et je bois quelques gouttes parce que mine de rien, j'ai soif. « Bon, après les copines, le boulot, tu te démerdes bien ? » Je ris doucement, typiquement le genre de question que Rudy me pose. Il est mignon, toujours à s'inquiéter pour moi. Il se demande toujours si je me débrouille, si j'y arrive. Je sais que je peux compter sur lui. Toujours. C'est un ami, un vrai. « Ouais, ben tu vois, je mélange plus le blanc et les couleurs. Donc ça va bien. » Je montre mes chaussettes, d'un blanc éclatant. Je suis fier de moi, car ce n'était pas gagné d'avance. Rudy a galeré pendant des mois pour que j'y pense, pour qu'enfin, je n'ai plus que des chaussettes et des slips roses. Parce que, j'aime bien le rose, mais bon.
Spoiler:
desolee, d'avoir mis autant de temps, et d'avoir pas fait un truc excellent, mais bon, je ferai mieux
Sujet: Re: Le bonheur ne serait pas le bonheur sans une chèvre qui joue du violon. Sam 26 Mai - 16:54
Fernando, il a le don d'être compréhensif. C'est pas ce type lourd, qui insiste pour tout connaître de ta vie, notamment sexuelle, ou sentimentale, celui qui veut juste vivre par procuration, tout ça parce qu'il est trop stupide pour se trouver une nana. Non. Ferny sait quand il fait s'arrêter, quand on peut se permettre de glisser une question ou quand on a juste pas le moral pour ça. « Ouais non c'est vrai, on est pas là pour ça en plus. » Puis on se tape dans la main pour sceller notre retour à l'harmonie. Qu'il est bon ce Ferny ! Un de ces gars bien utile, qu'on aime avoir dans son répertoire. Et qui nous fait toujours sourire, surtout quand il vous tricote une écharpe. Et il a d'ailleurs ce visage peu assuré, peu confiant, alors qu'il tend son morceau de tissu, façonné vigoureusement, s'étant appliqué de tout être. Sur le coup, il a un peu peur d'avoir raté, qu'on le prenne pour un idiot, mais il abandonne pas, et Rudy éclate d'un rire amusé, loin de la moquerie. Si Lenny n'existait pas, il aurait bien aimé avoir Ferny pour frère. « C'est rien, t'inquiètes. » Et peut-être qu'au fond, oui, c'est rien, c'est juste un morceau d'étoffe mal cousu, avec par endroit des fils entremêles, une taille mal mesurée, et un côté plus long que l'autre, peut-être que cette écharpe a une forme étrange, une forme bizarre, qui pourrait plus s'apparenter à une serpillère, mais à une belle serpillère, propre, et douce. Mais c'est quand même quelque chose qui compte. Et Rudy a encore moins envie de partir, et de laisser Ferny se démerder avec ses cupcakes et son téléphone qui vibre.
« Ouais, ben tu vois, je mélange plus le blanc et les couleurs. Donc ça va bien. » Alors que Rudy ouvre sa bière et rafraichit son palais avec une longue gorgée, Fernando remonte son pantalon et dévoile ses chaussettes rayonnantes, blanches et parfaitement propres, sans aucune trace d'un quelconque acte de décoloration. Rudy sourit. « Par contre ta chemise est pas repassée, ça aussi va falloir bosser dessus. » Bon, lui-même avait mis plusieurs mois à comprendre qu'il fallait mettre de l'eau dans le fer à repasser, et un an à réussir à enlever proprement tous les plis d'un jean, mais il fallait bien à début à tout. Et quand on s'appelait Ferny, le plus tôt sera le mieux. Parce que vu la vitesse à laquelle il comprenait le fonctionnement d'un four, Rudy ne voulait même pas s'imaginer les millénaires de leçons ménagères qui l'attendaient. Un jour il lui payera un stage d'une semaine à l'école des gentlemen. Puis il lui apprendra aussi comment ne pas procrastiner la vaisselle pour garder un minimum de crédibilité.
Puis soudain, ce fut au tour de Rudy de sentir son téléphone vibrer dans sa poche. Il extirpa son portable de sa poche et regarda furtivement le nouveau message qu'il venait de recevoir. Il s'agissait juste d'une mère un peu névrosée qui demandait quand son fils allait-il lui rendre visite, sachant qu'il habitait dans le même village de trois mètres carré qu'elle. Rien de bien affolant. Cependant, en jetant un regard sur sa boîte de réception, il se rappela du magnifique coup de frousse de Rumour Has It (aussi appelée la pouffe décérébrée au foyer Gavennham). Il y prêtait très peu d'attention, sachant qu'il passait dans ce sms pour un gros pervers avide de nénés et chasseur notoire de jeunes filles, espionnant avec ardeur les cabines d'essayage. Néanmoins, cette gentille nana n'avait pas cracher son venin uniquement sur lui. Il était effectivement question de Fernando. Et il avait apparemment un lien étroit avec quelques tueurs à gage (dont l'identité se cacheraient, d'après les sources de cette pseudo Gossip Girl derrière le doux nom de Grabriella et de son frangin, à savoir une ex camarade de classe, ce qui le mettait assez mal à l'aide). Quand il avait reçu ces rumeurs, il n'y avait prêté aucune considération, ne croyant pas un mot de cette pouffiasse. Mais voilà, maintenant qu'il avait à nouveau ces accusations sous les yeux, ça le turlupinait et faisait marcher son cerveau. Voyant que son disciple ménager avait remarqué son regard quelque peu anxieux, il reporta son attention sur lui. « Dis, Ferny, t'as rien à dissimuler, hein ? » Certes, c'était assez peu précis, comme question, et ça laissait à Fernando assez de marge pour nier en bloc, si secrets bien réels il y avait. « Je veux dire, par rapport au message de Rumeur Has It. Je suis sûr qu'il s'agit d'un tissus de mensonges bien ficelés, tu sais, mais tu peux m'en parler, si t'es au milieu d'un truc aussi gros. » Ça le gênait, d'aborder un sujet aussi sensible (des tueurs à gage, c'est pas trop à prendre à la légère, faut le comprendre). Mais ce qu'il appréhendait encore plus, c'était que Fernando perde toute confiance en lui, Rudy. Et puis des criminels en ville, c'était pas méga rassurant non plus.
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Sujet: Re: Le bonheur ne serait pas le bonheur sans une chèvre qui joue du violon. Sam 2 Juin - 21:42
TU FAIS LA CREME CHANTILLY PRINCESSE ?
Après l'effort, le réconfort. Non, j'déconne. C'est pas comme si regarder Rudy faire de la pâte à cupcake est un effort. Il le fait si bien, c'est si beau à voir. C'est naturel, ça fait parti de lui. Comme un joueur professionnel de football ne peut pas être dissocié de son ballon. Ben Rudy c'est pareil, avec ses instruments de cuisine aux noms bizarres. Genre spatule ou couteau ou des trucs dans le style. Bref, c'est le réconfort: la bière. Pas que j'aime vraiment ça, non en fait je déteste. Mais j'en bois quand même, et assez souvent. Parce que j'aime bien le style que ça donne. Le mec décontracté, avec la chemise légèrement ouverte, la bière à la main. C'est le summum de la virilité, et moi j'aime bien être viril. J'crois que pour Rudy, c'est un peu pareil. Cette activité de mec nous permet de zaper le fait qu'on s'est vu pour faire des gâteaux et parler ménage. Parce que c'est un peu ça nos rencontres. De l'apprentissage ménager avec une bonne dose de rires. Je l'aime ce Rudy. Il est bien bon.
« Par contre ta chemise est pas repassée, ça aussi va falloir bosser dessus. » Je l'observe, je tire la grimace. « Mouais, ça va. C'est pas de ma faute aussi, il marche pas le fer à repasser que tu m'as fait acheter ! » Parce que, la semaine dernière, Rudy et moi étions aller au grand magasin éléctroménager hors d'Arrowsic, il trouvait qu'il était tant que j'arrête d'envoyer mes habits se faire repasser chez ma vieille voisine. Pourtant la bonne femme, elle aimait bien. D'après ce qu'elle disait, voir défiler des caleçons entre ses mains ça lui rappelait sa jeunesse. Ca m'a toujours fait rire. Bref, elle était un peu déçue quand je lui ai dit que je pouvais dès à présent me passer de ses services.
Rudy sort son téléphone soudainement, il a certainement vibré le sien aussi. J'espère que c'est pas Helena, j'espère que c'est pas pour un truc qui va le mettre d'encore plus mauvaise humeur, déjà qu'il s'est un peu détendu. Il relève la tête, visiblement, ça n'a pas l'air important. Puis, il me dit: « Dis, Ferny, t'as rien à dissimuler, hein ? » Je fronce un peu, interloqué. Une petite boule de stress se forme dans mon ventre. Parce que j'ai toujours ce petit flippe que quelqu'un comprenne que je ne suis pas toujours tout à fait honnête. Pourtant, je ne vois pas ce qui aurait pu me trahir, je ne vois pas comment qui que ce soit pourrait découvrire la vérité. « Franchement, je vois pas de quoi tu parles. Tu veux pas être plus précis ? » Et tout de suite, il s'empresse d'ajouter en guise de réponse: « Je veux dire, par rapport au message de Rumeur Has It. Je suis sûr qu'il s'agit d'un tissus de mensonges bien ficelés, tu sais, mais tu peux m'en parler, si t'es au milieu d'un truc aussi gros. » Rumour Has It, RHI, le truc dont tout le monde parle. Oui, j'avais presque oublié. Cette histoire qu'elle avait lâché, le "truc" sur moi qui avait fait flippé tout le monde. D'ailleurs, après ça, beaucoup de personnes s'étaient montrés fuyants, mais personne ne m'a réellement posé de questions. En fait, je n'en ai parlé pratiquement qu'aux autres personnes ciblées. Je voulais oublié, je voulais zappé cette partie de la soirée, et en fait, j'y étais pratiquement parvenu jusqu'à aujourd'hui. « Ah, ça. » dis-je d'un air lasse. Je soupire. « Toujours ces mêmes conneries. Je sais même pas comment j'ai pu être sa cible, je pensais être un type discret. Apparemment pas assez. » Au fond, je préfére croire comme Rudy, que c'est un tissu de mensonge. Je préfère. Mais si je commence à réfléchir, à y songer ne serait-ce que quelques secondes, l'évidence pourrait me frapper en plein fouet. Fernando et des tueurs à gage. C'est évident. Mais je nie cette évidence. Je nie le fait que ma vie pourrait être en danger. Parce que si ce que Rumour Has It dit est vrai, ma vie est en danger. Ils m'ont retrouvé, ils sont là, ils se fondent dans la masse. Si ça se trouve, Rudy pourrait même être l'un d'entre eux.
J'ai un mouvement de recul. Je secoue la tête parce qu'il faut absolument que je me chasse ses idées de la tête. Je ne peux pas me permettre de flipper. Je ne veux plus fuir. J'ai toute ma vie qui est ici, je ne peux plus partir. « Franchement, ça m'a fait peur un peu, étonnant donné que certaines des choses qu'elle a dite était vrai. Moi je crois pas connaître des tueurs à gage, mais... À quel point connait-on les gens ? Nos amis, nos voisins, les petits bourgeois d'Arrowsic ? Qui sait ? » Oui, qui sait ? Je cache bien mon jeu, personne ne sait ce que cache le petit immigré espagnol. Personne ne se doute de mon passé, de mon histoire. Personne ne me doute que la mort est à mes trousses. Personne.
Sujet: Re: Le bonheur ne serait pas le bonheur sans une chèvre qui joue du violon. Jeu 14 Juin - 17:36
« Mouais, ça va. C'est pas de ma faute aussi, il marche pas le fer à repasser que tu m'as fait acheter ! » Petit rire de la part de Rudy. Fernando avait un réel problème de patience, il fallait l'avouer. Parce qu'il avait très bien vu Rudy à l'épreuve, quand son propre engin subissait des problèmes techniques. Oui. Il lui arrivait bien souvent de se rendre chez Fernando le temps que sa machine à laver se répare, ou que son fer à repasser faisait défaut. « Je l'ai utilisé il y a pas deux semaines. T'étais là en plus, on se prenait un café et tout. T'es vraiment un boulet mon gars. » Parfois Rudy se demandait si son pote n'avait pas la phobie du ménage, ou alors une allergie pour la saleté, ce qui l'empêchait de nettoyer son chez lui. Parce que même s'il faisait des efforts, Fernando était une quiche royale dans le domaine ménager.
Alors que Rudy relève la tête de son téléphone et qu'il pose la question fatidique, son ami fronce les sourcils. C'était rare de voir Fernando énervé, ou inquiet. Et même s'il n'avait pas l'air vraiment anxieux, il n'était pas pour autant hyper à l'aise, là, dans son canapé, sa bière en main. Peut-être qu'il n'avait rien de méchant à cacher, et qu'il appréhendait plutôt une affirmation du genre « parce que je sais que t'as des magazines pornos sous ton matelas ». Commençant alors le réflexe humain aussi nommé déni, il demande précisions. « Franchement, je vois pas de quoi tu parles. Tu veux pas être plus précis ? » Et là, Rumour Has It s'insinue dans la conversation, et crache son venin sur les deux êtres confortablement assis dans le salon, pour apprécier le spectacle avec un peu plus d'aisance. Le spectacle des révélations, des vérités, et de toutes ces sournoiseries auxquelles elle est sûrement abonnée. « Ah, ça. » Mais Fernando paraît nonchalant, et rejette pas mal ces questionnements de la part de Rudy. Alors ça le rassure, de savoir qu'un de ses meilleurs potes ne dissimule pas de carabines sous son oreiller. « Toujours ces mêmes conneries. Je sais même pas comment j'ai pu être sa cible, je pensais être un type discret. Apparemment pas assez. » Rudy sourit, et boit une gorgée de sa bière. Fernando a pas tort. Même en essayant de rester discret, ce qui se trame dans le domaine privé est toujours révélé au grand jour. Lui-même a été pourchassé jusque dans les cabines d'essayages, où bien sûr, il ne s'est jamais rien passé (bon, peut-être des moments de dragues un peu lourds, à une ou deux reprises, mais c'est l'âge bête des hommes.) Mais même si son discours est convaincant, le regard de Fernando semble absent, le temps de quelques secondes, avant qu'il n'ait un mouvement de recul non brusque, mais troublant. « Ça va ? » Peut-être qu'il a juste mal ingurgité sa bière, hein. Néanmoins, l'atmosphère se tend, peu à peu. « Franchement, ça m'a fait peur un peu, étonnant donné que certaines des choses qu'elle a dite était vrai. Moi je crois pas connaître des tueurs à gage, mais... À quel point connait-on les gens ? Nos amis, nos voisins, les petits bourgeois d'Arrowsic ? Qui sait ? »
Long silence. Rudy n'ose pas trop parlé. Certaines choses sont vraies. Lesquelles ? Et ce « je ne crois pas connaître des tueurs à gages » ? Il a l'air de dire ça si naturellement. Des tueurs à gage... mais c'est pas naturel du tout ! Alors lui même fronce les sourcils, assez troublé, complètement déstabilisé. Cette histoire commence à le faire flipper et il regrette, ô comme il regrette, d'avoir abordé ce sujet. Parfois la vérité est bien plus belle camouflée sous d'illustres illusions. « Tu... qu'est-ce qui est vrai Ferny ? Et c'est quoi ce “mais” ? Tu connais des gens dangereux ici ? S'il te plaît, tu peux me prévenir si je suis susceptible de mourir une balle dans la tête en traversant devant le supermarché ? Tu me fous les jetons là. » Puis la sonnerie du four retentit. Ça tombe merveilleusement bien. Rudy a besoin de fuir la vue de Fernando, histoire de remettre en place tout le chaos qui vient de pourrir son cerveau. Il s'approche de la vitre brûlante, l'ouvre un peu maladroitement, et sort la grille où gisent les cupcakes tout chauds. Il manque de peu de les renverser par terre, comme la pâte de tout à l'heure, et les pose sur le plan de travail. Il n'a même plus envie de les manger. Une énorme boule a élu domicile dans son estomac. Bravo RHI, tu viens de gagner une partie.
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Sujet: Re: Le bonheur ne serait pas le bonheur sans une chèvre qui joue du violon. Ven 15 Juin - 20:41
TU FAIS LA CREME CHANTILLY PRINCESSE ?
Je râle, comme toujours lorsqu’il s’agit de ménage ou… d’autres trucs ménagers. J’aime pas ça, c’est pas pour moi. J’avais une maman qui faisait tout à la maison, j’avais un papa macho. Moi j’ai appris ça comme ça, la femme fait le ménage et moi je reste assis devant la télé. Ou alors je vais à des réunions comme mon papa. Mais c’est pas comme ça la vie, jamais je ne me serai douté que je finirai seul, dans un trou perdu, livré à moi-même. Moi seul face à la poussière. Elle et moi on aurait pu devenir ami si elle ne me faisait pas éternuer tout le temps. J’aurai du m’intéresser plus à ce que faisait ma mère. J’aurai du lui demander de m’apprendre, j’aurai du essayer. Mais ça n’a pas été le cas. Heureusement, maintenant, il y a Rudy, ma maman de substitution, ce pote super cool qui m’apprend tout ce qu’il faut savoir. Et avec lui, j’ai appris à m’intéresser, j’ai appris beaucoup de choses et je ne suis plus macho. Quand je vais chez une femme, je l’aide à faire la vaisselle. Même si la plupart des choses que je tente de faire sont mal faites au final au moins j’essaye, au moins je ne me contente pas du canapé, de la télé et des chips. Ah ouais, et puis des bières (comble du machoïsme). « Je l'ai utilisé il y a pas deux semaines. T'étais là en plus, on se prenait un café et tout. T'es vraiment un boulet mon gars. » Si un truc me résiste, je fais toujours ça, j’accuse la chose en question. C’est jamais de ma faute, non. Je ne veux pas admettre que je suis si nul, que je suis si incapable de rapasser un foutu slip. Pourtant c’est le cas, et Rudy aime en rire, même si parfois, il manque de patience aussi, mais je sais qu’au fond il m’adore.
Sinon, après le portable de Rudy vibre, ça nous interrompt dans notre super discussion. Et puis, là, princesse vient sur le sujet de Rumour Has It et de son post lors du gala pour les pauvres petits africains. J’avoue que je ne comprends pas, j’avoue que ça me fait parfois peur tout ça, j’avoue que je suis inquiet même si j’ai de la peine à croire en ses dires. Rudy laisse planer un long silence pendant lequel il ne pipe pas mot, et moi non plus. Parce que j’ai dit tout ce que j’avais à dire et que je ne sais pas quoi ajouter. Je ne cherche pas à le rassurer parce que moi non plus je ne le suis pas. Et j’ai pas envie d’être hypocrite. « Tu... qu'est-ce qui est vrai Ferny ? Et c'est quoi ce “mais” ? Tu connais des gens dangereux ici ? S'il te plaît, tu peux me prévenir si je suis susceptible de mourir une balle dans la tête en traversant devant le supermarché ? Tu me fous les jetons là. »
Non pas ici, mais oui j’en connais… C’est ce que je dirais si je voulais dire la vérité. Oui, Rudy, il y a des gens après moi. Mais non, je ne peux pas, je me tais. Et je reste là, à ne pas savoir quoi dire, à ne pas savoir quoi répondre. Je suis muet comme un carpe. Et la minuterie brise le silence. Et la pâte à cupcake est cuite. Rudy court vers le four, il les sort et moi je reste sur le canapé, le regard perdu dans le vide à sentir le froid faire son retour parmis nous. Malheureusement cette fois, je n’ai pas d’autre écharpe fabriquée maison à lui filer pour détendre l’atmosphère. J’ai rien d’autre à part ma langue et ma liberté d’expression. Voilà, faut que je m’exprime. Voilà, faut que je dise un truc. « Rudy, t’inquiètes, on est à Arrowsic… » Et je souris, et je fais un clin d’œil. Et je me lève et je le rejoins. « Maintenant faut faire le glaçage c’est ça ? Comment on fait ? J’ai envie de participer ! » dis-je tout naturellement. Sujet de conversation détourné, bravo Ferny. J’espère juste qu’il n’y reviendra pas, que ma maigre explication lui suffira, parce que je ne sais pas quoi lui dire, je ne sais pas quoi dire pour le rassurer. Et j’ai envie qu’on en reste à notre activité ménagère, à nos petits gâteaux. J’ai envie que ça occupe nos mains et nos discussions. J’ai juste envie de ça.
Sujet: Re: Le bonheur ne serait pas le bonheur sans une chèvre qui joue du violon. Dim 1 Juil - 1:16
C'était horrible. Horrible de devoir soupçonner un de ses meilleurs amis de la façon dont il le faisait. Rudy déglutissait à chaque fois qu'il posait ses yeux sur Fernando. Et ça le tuait, de devoir penser ça de lui. Parce que Fernando, il y tenait. Quand il avait ses disputes entre frères avec Lenny, c'était vers lui qu'il allait. Et quand ce dernier prenait ses soirées à fumer des joints avec son caméléon, c'était avec Ferny que Rudy déambulait dans les bars et passer du bon temps entre amis. On y voyait une bromance, une attitude de gays. Les gens pouvaient cracher, Rudy s'en foutait. Et ça le rongeait tellement, de devoir avoir ce sentiment de suspicion pour lui. Il avait presque envie de s'enfuir, pour échapper à toute cette pression, presque insoutenable, qui écrasait la pièce, qui l'asphyxiait. Peut-être qu'il se trompait, peut-être que Fernando était le dernier des criminels sur terre, qu'il était innocent, qu'il n'avait rien à voir avec cette histoire et qu'il disait la vérité. Rien que la vérité. Mais RHI l'avait poussé jusqu'au bout de la méfiance. Et elle faisait peser sa menace sur eux. Alors peut-être aussi qu'il était recherché, qu'il planquait un pistolet dans sa ceinture, comme dans les films, qu'il avait une carabine sous le siège conducteur de sa voiture multi-fonctions, et un stylo lance-flamme dans sa trousse. Peut-être qu'il dormait avec un fusil à pompe sous l'oreiller, qu'il avait posé des mini-caméras dans son appartement, au pied d'une plante, ou sur la paroi de son frigo et qu'il l'espionnait, qu'il observait chacun de ses gestes. Au fond ça le faisait flipper. C'était horrible.
« Rudy, t’inquiètes, on est à Arrowsic… » Le fait que ce soit Arrowsic l'effrayait d'autant plus. N'y avait-il pas une fille qui avait dernièrement été portée disparue ? La gérante du Jack's Lounge ? Il était en train de virer parano, mais les faits étaient là, n'est-ce pas ? Arrowsic, c'était pas l'endroit le plus protégé au monde. Alors qu'est-ce qui pouvait prouver la pleine sécurité de la ville ? Et lui semblait tellement prendre ça à la légère, le Fernando. Comme si cela était normal. Et Rudy commence à se demander si ce clin d'œil, ce sourire, ça ne dissimulerait pas la vérité. Mais la vraie vérité, pas celle tapie derrières les paroles de son ami. « Oui, justement, on est à Arrowsic. Du coup je sais pas, j'arrive pas à me dire qu'une déclaration aussi grosse soit pour la rigolade. Enfin tu cries pas la présence de tueurs à gage pour le fun, t'inventes autre chose. De moins poussé. » Puis Fernando se lève, et le rejoint vers le côté cuisine. Il devrait sûrement croire ce dernier, se dire qu'il ne lui mentirait pas, et chasser ces pensées mauvaises, malsaines, qui pourrissaient la confiance qu'il avait pour lui. Alors il lui rend son sourire, en espérant que cela pourra effacer une partie des troubles ayant élu domicile dans son esprit.
Pendant qu'il dépose les cupcackes sur la table, Fernando a détourné la conversation. Avec brillo. « Maintenant faut faire le glaçage c’est ça ? Comment on fait ? J’ai envie de participer ! » Rudy se retourne alors et attrape le coulis de framboise. « Faut attendre qu'ils soient froids. Là ils sont tous mous. Quand ils seront un peu plus durs, tu peux rajouter le coulis. Si tu veux après on peut mettre des décos par dessus. Bon, ça fait ultra gay, ou un peu trop girly à mon goût, hein, mais si tu comptes les offrir à ta voisine ou à l'amour de ta vie, ça fait son petit effet. » Alors il se dit que s'ils ne mangeaient pas tout, peut-être que Fernando pourrait secrètement en offrir à Kai. Car même si cette pauvre demoiselle, absente physiquement, avait déclenché la petite prise de tête de tout à l'heure, elle n'en restait pas moins la fille pour qui brûlait Ferny, là, maintenant. Et il ne fallait pas être la libido de mister Gautier-Perez pour le devinait. Pour se faire pardonner de son emportement, Rudy décida de faire cracher le morceau à son ami, histoire de lui faire comprendre qu'elle n'était franchement pas « rien du tout », comme il s'était amusé à lui dire auparavant. « Bon, tu l'as rencontré comment la Kai ? »
DOUBLE-COMPTE : jona & louis. MESSAGES : 8067 ARRIVÉE : 07/03/2012 LOCALISATION : à l'hôpital.
Sujet: Re: Le bonheur ne serait pas le bonheur sans une chèvre qui joue du violon. Ven 6 Juil - 16:17
TU FAIS LA CREME CHANTILLY PRINCESSE ?
Rudy panique complètement, c’est évident. Et j’en viens même à le soupçonner qu’il me soupçonne de le mentir. Trop de soupçons. J’aime pas ça. On est amis, même très bons amis, on ne devrait pas se méfier l’un de l’autre. Même s’il a certainement bien plus raison de se méfier de moi, que moi de lui. Bref. Ca m’plait pas tous ça, donc j’essaye de le rassurer comme je peux, en lui disant qu’ici c’est pas le Bronx, c’est seulement Arrowsic. Mais le problème, c’est que même moi j’y crois pas vraiment en le disant. « Oui, justement, on est à Arrowsic. Du coup je sais pas, j'arrive pas à me dire qu'une déclaration aussi grosse soit pour la rigolade. Enfin tu cries pas la présence de tueurs à gage pour le fun, t'inventes autre chose. De moins poussé. » Surtout que ce genre de choses… Ca s’invente pas… C’est réel, et c’est tout. « Ouais. Ecoutes, je t’ai dit ce que je savais, c'est-à-dire : rien. Si on pouvait ne pas s’étendre sur le sujet, je préférerai… Parce que j’aime pas tellement ton petit air soupçonneux. » Je le dis presque sèchement, presque méchamment. Je suis sur la défensive. Parce que j’ai quelque chose à cacher, parce que j’ai un lien avec des tueurs à gage. Et parce que je commence à me sentir coupable. Coupable de la disparition de cette femme. Si Arrowsic a bien affaire aux personnes auxquelles je pense, je suis dans la merde. On est tous dans la merde. Et je peux pas l’admettre. Et je peux pas dire la vérité. Jamais. À personne. Même si j’en meurs d’envie, même si j’en ai besoin.
La pâte à cupake est prête, j’en profite donc pour dévier la conversation sur nos petits gâteaux, pour effacer la remarque plutôt agressive que je viens de sortir à ma princesse. « Faut attendre qu'ils soient froids. Là ils sont tous mous. Quand ils seront un peu plus durs, tu peux rajouter le coulis. Si tu veux après on peut mettre des décos par dessus. Bon, ça fait ultra gay, ou un peu trop girly à mon goût, hein, mais si tu comptes les offrir à ta voisine ou à l'amour de ta vie, ça fait son petit effet. » Je ricane, c’est pas faux ce qu’il dit, mais bon, je suis d’humeur créatif, enfin du moins j’ai envie de me défouler sur nos cupcakes. Notre petite conversation m’a légèrement stressé et j’ai besoin de faire retomber la pression. « Ah, dommage. Mais ouais, pourquoi pas, autant aller jusqu’au bout n’est-ce pas ? » Je lui souris. Je rigole. Et blablabla, la petite routine pour détendre l’atmosphère parce que cette fois je n’ai pas de petit tricot à lui offrir. Mais bon sang qu’est-ce qui nous arrive. En général on doit plutôt se forcer d’arrêter de rire plutôt que le contraire. Ca sent pas bon tout ça, j’aime pas. Pas du tout.
« Bon, tu l'as rencontré comment la Kai ? » Je suis étonné par la question. Vraiment. « Tu es sûr que tu veux aborder le sujet là ? » Parce que vu sa réaction d’avant, ça ne me semble pas comme étant le meilleur sujet de conversation. En fait, même pas du tout. Si on veut changer de sujet, si on veut se détendre, c’est pas en créant de nouvelles tensions qu’on va y arriver… Mais bon, je le sens insistant, il semble être vraiment interessé donc je lâche le morceau. « Bon, d’accord. Mais je te préviens, c’est pas très romantique, pas du tout même. » J’y repense et ça me fait sourire, c’était si bien, si bon. Bon surtout. Mais c’est là que je suis tombé amoureux, que j’ai eu le coup de foudre. Même si là, notre relation n’est pas vraiment au beau fixe, je souris en pensant à elle. « J’étais bourré, mais vraiment. Elle aussi. Et puis on s’est sauté dessus sans vraiment faire les présentations. On a finit chez elle, j’te laisse deviner la suite. Et ça a fini en carnage. » Quand je dis caranage, je me remémorre ce que j’avais presque oublié. Kai avait ses règles ce soir là. Y avait du sang partout. Partout. C’était affreux. Mais ça n’avait pas ternit l’image que je m’étais faite d’elle, étrangement.
Sujet: Re: Le bonheur ne serait pas le bonheur sans une chèvre qui joue du violon. Lun 20 Aoû - 15:56
Fernando commençait à en avoir marre. Et Rudy aussi. Son hôte lui lança quelques phrase sèches, destinées à plonger ce sujet de discussion aux oubliettes. « Ouais. Ecoutes, je t’ai dit ce que je savais, c'est-à-dire : rien. Si on pouvait ne pas s’étendre sur le sujet, je préférerai… Parce que j’aime pas tellement ton petit air soupçonneux. » Alors Rudy acquiesce, pas franchement hyper rassuré. Mais au fond, il se disait qu'une bonne amitié était basée sur la confiance. C'était donc la parfaite situation pour initier ce genre de dicton, principe moral de société, adaptable à toutes les sauces, pour tous les types de relations possibles. Faisons donc confiance à Fernando, et acceptons avec plaisir les insinuations peu rassurantes qu'il balançait en essayant de rattraper le coup. Rudy secoua légèrement la tête et braqua son visage sur le four. Il avait l'impression d'être un prêtre, grand dévot doutant de sa foi religieuse, faisant face à un sataniste prénommé Fernando. Il se surprit alors à prier silencieusement, pendant qu'il expirait avec difficulté, espérant que le saint-esprit vienne apaiser la scène peu plaisante dont ils étaient tous les deux victimes.
Alors qu'ils scrutent avec attention leurs œuvres pâtissières, rangeant dans un coin de leur cerveau la discussion peu affable qu'ils venaient d'avoir, Fernando sourit et rit face aux paroles de Rudy. Ce dernier sentait peu à peu le lourd poids d'une pression des moins commodes quitter ses épaules écorchées par un trop pleins de révélations à encaisser (ou à dissimuler, visiblement). Et pendant qu'il vante les mérites girly de ses cupcakes Charlotte aux fraises, Fernando ne rechigne point et approuve avec délice les touches un peu trop efféminées de la recette d'origine. « Ah, dommage. Mais ouais, pourquoi pas, autant aller jusqu’au bout n’est-ce pas ? » En le regardant tirer un énorme sourire jusqu'aux oreilles, Rudy se jura de ne jamais, ô grand jamais avouer à quiconque, même à son frère, ce qu'il s'apprêtait à faire, à savoir mettre des petites cœurs partout sur des gâteaux faits maison. Sa réputation auprès de l'opinion publique n'allait pas vraiment s'arranger. On le prenait déjà pour un type portant des sacs à main, on allait le croire aussi gay que George Michael. Et si on ne le croyait pas homosexuel, on le pensait aussi pervers que pouvait le cracher Rumour Has It. « Si on le fait, je mangerai pas ces trucs. J'ai l'impression de m'appeler Casimir au pays des Bisounours. »
Puis, abordant le sujet délaissé quelques minutes plus tôt, l'affaire Kai surgit. Rudy savait très bien que son apprenti cuisinier était sublimement à l'aise dans ce genre de domaine. C'était donc un remède de taille contre une gêne omniprésente. « Tu es sûr que tu veux aborder le sujet là ? » Ils n'avait pas oublié leur altercation de tout à l'heure, mais Rudy voulait chasser l'embarras qui régnait entre eux. Il fait donc oui de la tête et écoute tranquillement son hôte alors que les cupcakes refroidissent. « Bon, d’accord. Mais je te préviens, c’est pas très romantique, pas du tout même. » Rudy sourit. Lui-même n'avait jamais pensé au degré de romantisme qu'ils avaient atteint avec Helena, lors de leur première rencontre. Tout ce dont il se rappelait, c'était les couloirs du lycée, et la fois où elle s'était présentée, en temps que nouvelle élève, lors de la rentrée. Puis le reste s'était relativement fait tout seul, d'une façon la plus commune qu'il soit pour les deux lycéens qu'ils étaient. Un couple lambda sans grande importance, qui avait juste perduré pendant une paire d'années tout au moins, jusqu'à se briser et se déchirer au détour d'un aéroport. Et alors qu'il sombrait dans une mélancolie niaise, Fernando enchaîna sur son récit, ce qui tira Rudy de ses pensées nostalgiques. « J’étais bourré, mais vraiment. Elle aussi. Et puis on s’est sauté dessus sans vraiment faire les présentations. On a finit chez elle, j’te laisse deviner la suite. Et ça a fini en carnage. » Ce dernier pouffa. Caser le mot “coup de foudre” dans ce contexte faisait vraiment tâche, et il se demanda comment son cher ami étudiant en médecine avait fait pour tomber amoureux dans des circonstances pareilles. « C'est effectivement dur d'imaginer un rendez-vous poétique avec ce que tu me racontes. Mais si elle t'as rendu aussi dingue d'elle lors d'une telle soirée, c'est qu'elle doit être exceptionnelle. »