C'était le grand jour. Il y a une semaine, jour pour jour, mes parents rencontraient Neela, la femme de ma vie. Cette fois, c'était à mon tour de rencontrer ses parents. D'ordinaire peu stressé, voire totalement détendu, je m'étais surpris à appréhender ce moment depuis au moins deux jours. Je me demandai s'ils allaient m'apprécier, forcément, mais également ce que serait leur première impression en me voyant sur le pas de leur porte. Est-ce qu'ils me trouveraient "voyou", "trop jeune"... Est-ce qu'ils penseraient que je m'amusais avec leur fille ? Ce n'était absolument pas le cas. J'aimais Neela, profondément, et cet amour n'a pas changé malgré les dix années qui nous ont séparés. Et puis, il y avait Carlie : elle aussi m'était devenue indispensable, ma petite fille adorée. Je m'arrangeai pour la voir dès que possible, pour rattraper le temps perdu. Je m'arrangeai pour la voir elle aussi. Neela. Nous nous étions réellement retrouvés, en tant que couple, depuis quelques semaines... peut-être même une seule semaine. En fait, le temps semblait s'arrêter quand j'étais avec elle. On pouvait me dire n'importe quoi, si elle était en train de me parler, il n'y avait qu'elle que j'écoutai.
Me rendant soudainement compte que je me faisais un monologue intérieur en me regardant dans la glace de la salle de bain, je remis correctement mon col de chemise et sortit de la pièce, m'emparant de mes clés de voiture et de ma veste en cuir. J'étais presque lancé maintenant : la dernière étape avant le moment fatidique serait d'aller chercher Neela chez elle. Lorsque j'arrivai à la maison, j'eus peine le temps de sonner que la porte s'ouvrit, découvrant une petite fille qui me sauta dans les bras en riant et en criant “Papa !”. Je refermai la porte derrière moi, parlant quelques instants avec ma fille, lui demandant si tout allait bien à l'école, à la maison... Un vrai papa poule ! Finalement, je cherchai Neela du regard, mais je ne croisai que celui de Carlie, amusé et complice.
« Elle est dans la salle de bain, elle a dit qu'elle t'attendait... »
Je ris doucement en lui ébouriffant les cheveux.
« Arrête de te moquer toi ! »
Elle avait appris par hasard notre nouvelle relation avec Neela. Et depuis, elle s'amusait à y faire des petites références, comme si elle les rôles s'étaient inversés et qu'elle était devenue notre maman, nous signifiant “Ne faites pas de bêtises !”. Carlie était ravie de ce changement, mais je crois qu'elle s'attendait aussi à ce que je vienne habiter à la maison. Nous venions à peine de nous retrouver, je voulais prendre mon temps, sans trop faire traîner tout ça non plus, mais prendre le temps de les connaître, de retrouver Neela. J'avais tenté d'expliquer ça à Carlie ; elle m'avait répondu : « Ben si tu viens habiter ici, tu pourras encore plus nous connaître ! ». Elle est maligne ma Carlie ! Je me dirigeai finalement vers le couloir, puis arrivai à la porte de la salle de bain. Elle était déjà grande ouverte, si bien que je pu admirer Neela pendant le cours instant qui précédait celui où elle m'avait vu dans la glace. J'entrai dans la pièce pour l'embrasser sur la joue.
« Tu sais qu'on va finir par être en retard si tu continue à te maquiller et à t'habiller pendant des heures ? En plus tu sais très bien que tu n'as pas besoin de ça. »
J'affichais simplement un grand sourire en la regardant.
Sujet: Re: C'est aujourd'hui que tout se joue. • Neela Sam 18 Mai - 20:50
Le jour J était donc arrivé pour Felix. Il ne m'en avait pas fait part, mais je pense que depuis une semaine, cette rencontre devait le travailler un peu. Quant à moi, j'avais beaucoup moins de raisons d'être tendue que lui puisqu'évidemment je n'avais pas à faire mes preuves devant mes propres parents, mais j'appréhendais un peu leur réaction quand même. Mes parents étaient des gens merveilleux, mais ils avaient la fâcheuse tendance de toujours vouloir tout faire reposer sur mes épaules. J'étais celle qui avait déjà un enfant, une belle maison, qui avait plutôt bien réussi dans la vie professionnelle, alors autant dire qu'ils étaient très fiers de leur fille, un peu trop peut-être. Lorsque je leur avais annoncé que j'étais bel et bien en couple, ma mère avait émit une sorte de cri de joie assez effrayant et à voir le regard de mon père, j'avais deviné qu'il était déjà en train de s'imaginer m'accompagner devant l'autel. Je les avais un peu sermonné en les priant de ne pas en faire trop devant Felix. Il faut dire que je ne leur avait pas présenté beaucoup d'hommes, pour ne pas dire aucun, depuis un bon moment. Ils n'avaient pourtant jamais vu Felix, ils ne lui avaient jamais parlé, et pourtant je sentais qu'ils l'aimaient déjà. Ils l'aimaient déjà, et ils allaient l'aimer encore plus en le voyant et en apprenant à le connaître. Ils n'avaient pas vraiment le choix de toute façon, et puis comment ne pas aimer Felix ? Depuis que je l'avais retrouvé, je ne pensais plus qu'à lui. Je me surprenais à aimer autant, et pourtant c'était vrai : jamais je n'avais aimé un homme aussi fort que Felix, j'en étais consciente aujourd'hui. Bien qu'elle n'avait véritablement commencé que depuis une toute petite semaine, je sentais au fond de moi que notre histoire allait durer.
Ce jour là Carlie était invitée à l'anniversaire d'une amie, alors j'avais proposé à Felix de la déposer chez les parents de l'amie en question au passage. J'étais donc en train de me pomponner histoire d'être belle pour mon petit-ami mais aussi pour donner une jolie image de notre couple à mes parents. J'avais dit à ma fille de ne pas trop s'éloigner de l'entrée pendant que je me préparais puisque son papa n'allait pas tarder à arriver. En entendant sa petite voix résonner à l'autre bout du couloir, j'avais deviné que Felix était là. Évidemment connaissant Carlie elle ne s'était pas faite priée pour se jeter sur la porte dès qu'elle avait entendu la voiture arriver et l'accueillir chaleureusement. Elle adorait son papa, avait toujours des tas de choses à lui raconter sur tout et n'importe quoi, et passait beaucoup de temps avec lui dès qu'elle avait du temps libre. J'avais entendu le bruit de pas qui s'approchaient de la salle de bains alors que j'étais en train de brosser mes cheveux, et pensais que c'était Carlie qui venait me dire que son papa était enfin arrivé. Non, c'était le papa lui-même, et en le voyant je n'avais pas pu m'empêcher de sourire. C'est simple, dès que mes yeux croisaient ceux de Felix mon cœur s'emballait naturellement et instinctivement un sourire se dessinait sur mon visage. J'avais parfois l'impression d'avoir quinze ans et de vivre mon tout premier amour en sa présence. En plus, cela faisait quelques jours que nous n'avions pas passé un moment vraiment ensemble, à cause de nos activités professionnelles respectives. Le plaisir de le retrouver était donc décuplé. Il vint m'embrasser sur la joue, et pour une fois je n'avais pas rougi à travers le miroir. L'habitude, peut-être ?
Felix m'assura ensuite que je n'avais pas besoin de passer des heures à me faire belle. « Tu m'aurais vue il y a une heure avec la nuit que j'ai passé, je t'assure que t'en aurais pas dit autant. J'en avais vraiment besoin. » plaisantais-je en riant doucement. Oui, j'avais passé une nuit de garde à l'hôpital, était rentrée à sept heures du matin et avait donc dormi trois petites heures en tout. L'opération 'ravalement de façade' s'était donc avérée plus que nécessaire pour moi au risque d'effrayer toute ma famille. Si retard il y avait, il serait donc largement justifié ! Ceci dit j'étais habituée à manquer de sommeil, c'était même mon quotidien. Je l'observais à mon tour dans le reflet de la glace. Il était magnifique. « Mais tu t'es mis sur ton trente et un dis moi ! Ça rigole plus ce coup-ci. » dis-je en haussant les sourcils, un petit sourire aux lèvres, comme pour accentuer la pression qui devait progressivement monter en lui. Je me tournais ensuite pour lui faire face. « Alors, prêt à entrer dans ma vie pour de bon monsieur Moorgate ? » lui demandais-je en le désignant avec ma brosse à cheveux, arquant un sourcil. Derrière cette question s'en cachaient plusieurs en réalité : prêt à te faire mitrailler de questions ? prêt à partager ma vie ? es-tu anxieux ? te rends-tu compte de ce que tu t'apprêtes à faire ? J'étais curieuse de savoir tout ça, surtout que je savais que Felix n'aimait pas trop parler de ses ressentis en général, je profitais donc du fait que nous avions un peu de temps devant nous pour en discuter.
Sujet: Re: C'est aujourd'hui que tout se joue. • Neela Dim 19 Mai - 13:47
Neela avait passé une mauvaise nuit. Sans qu'elle me le dise clairement, je compris qu'elle avait sûrement été de garde à l'hôpital et qu'elle avait passé toute la nuit entourée de jeunes ou futures mamans et de petits bébés. Je me souvenais encore du regard de mes parents, la semaine dernière, quand elle leur avait expliqué en quoi consistait son métier. En même temps, bien que les études doivent être horriblement difficile, c'était probablement l'un des meilleurs métiers possibles : qui pourrait dire "c'est nul de donner la vie à des dizaines et des dizaines d'enfants" ? Ma nuit n'avait pas été bonne non plus, mais c'était uniquement à cause du stress lié à cette future rencontre avec les parents de Neela. Je la vis me regarder à travers le miroir en affichant un petit sourire. Sur mon trente-et-un oui. Disons que je m'étais un peu amélioré en rajoutant une veste de costume au-dessus de ma chemise et en faisant un effort pour coiffer un peu mes cheveux, que j'avais souvent l'habitude de laisser en bataille.
« Disons que je me voyais mal arriver chez tes parents en jogging, en leur disant “Salut ! J'suis l'copain d'votre fille.”. »
Je souris doucement en lui adressant un petit clin d'œil. Puis je ris intérieurement, imaginant la réaction qu'auraient pu avoir ses parents s'ils m'avaient vu arriver de cette manière, avec ce genre de phrases bourrées d'abréviations. Cela m'avait permis de détendre un peu la situation en la tournant en dérision pendant quelques secondes... C'était sans compter Neela, qui venait de me redonner un peu de pression en me demandant si j'étais prêt à entrer dans sa vie. Bien sûr que j'étais prêt à entrer dans sa vie, à rester avec elle pendant des années. Et pourtant, je ne pouvais m'empêcher de stresser à l'idée de cette rencontre.
« Si je te dis que si ce n'était pas pour toi, je partirais en courant, est-ce que ça répond à ta question ? »
J'affichai tout de même un petit sourire, histoire de me rassurer moi-même. J'avais toujours eu tendance à garder mes sentiments pour moi. Je ne sais pas trop pourquoi... Peut-être pour en pas perdre la face ? Pour paraître gros dur qui n'a peur de rien ? C'était déjà mal parti, j'avais peur des araignées... Je regardai le reflet de Neela dans le miroir. Cela faisait plusieurs jours que nous ne nous étions pas vus, nos horaires de travail étant tout le temps en décalage, et notre seul geste de retrouvailles avait été un baiser sur la joue ? C'était tout simplement impossible, trop peu, pas assez... Bref, je pris doucement son menton entre mes doigts et l'embrassai pendant plusieurs secondes. Je la regardai, ou plutôt la dévorai du regard en souriant.
« Il faudrait que je change de domaine, que je vienne faire des articles à l'hôpital, parce que là c'est juste impossible... »
Elle reposa sa brosse à cheveux, et j'en profitai pour lui prendre la main et la tirer à ma suite hors de la salle de bain.
« Tu es par-faite. Allez viens, même Carlie va finir par être en retard à l'anniversaire de sa copine. »
En fait, j'avais juste remarqué que rester sans rien faire me mettait encore plus la pression, alors j'avais besoin qu'on y aille, qu'on soit dans la voiture, en route, et qu'on ne puisse plus vraiment faire demi-tour.
Sujet: Re: C'est aujourd'hui que tout se joue. • Neela Dim 19 Mai - 16:25
Felix m'avait fait rire en me répondant qu'il s'imaginait mal débarquer chez mes parents en jogging et leur parler comme une racaille. Moi aussi je l'imaginais mal. En même temps, ce n'était pas du tout son genre, ou si ça l'était il le cachait très bien. Son autre réponse me convenait plutôt bien, et j'avais hoché la tête. Je l'aimais tellement. Il faisait preuve de courage en acceptant cette rencontre, mais c'était aussi une belle preuve d'amour. En fait je ne m'inquiétais pas vraiment pour lui, j'étais certaine qu'il serait parfait. Ce qui me préoccupait c'était plutôt le comportement de mes parents avec Felix. Oh ils seraient sûrement très gentils, comme toujours d'ailleurs, mais je sentais déjà les questions stupides arriver du style : « Vous comptez vous marier j'espère ? » ou encore « un deuxième bébé est en route ou ça ne saurait tarder ? » Ils avaient vraiment du mal à se faire à l'idée que notre couple était encore tout frais et qu'on ne voulait donc pas précipiter les choses. Mes parents étaient beaucoup trop impatients et rêveurs, et cela pouvait paraître assez ridicule parfois. Bref, je me préparais psychologiquement à me faire humilier. Je voyais déjà ma mère tout sourire sortir l'album photos de mon enfance pour montrer à Felix mes exploits de danseuse classique : la honte assurée !
Il me prit doucement le menton avant de m'embrasser longuement, le temps que je réalise qu'il m'avait horriblement manqué. C'est vrai qu'un baiser sur la joue était trop peu après tout le temps que nous avions passé séparés l'un de l'autre, et puis cela ne nous ressemblait pas vraiment. J'avais posé mes mains derrière son cou en lui souriant, amusée par son idée. « Viens, je suis sûre que je peux te trouver une petite place entre deux bébés. » Je lui souris tendrement. Je m'imaginais Felix en train de rédiger ses articles au beau milieu des nouveaux-nés, de quoi me faire rire mais surtout me faire perdre toute ma concentration, donc tout compte fait c'était une mauvaise idée. Et puis, quel plaisir de se retrouver après de longues heures passées sans se voir !
Finalement Felix me prit la main pour m'entrainer hors de la pièce, et retrouver Carlie qui allait finir par se poser des questions si nous restions encore longtemps tous les deux dans la salle de bains. La petite arriva d'ailleurs vers nous en sautillant. « Ah bah dis donc vous en avez mis du temps ! » lança t-elle d'un air amusé et plein de sous-entendus. Carlie ne pouvait pas s'empêcher de se moquer de nous, mais d'un côté je trouvais ça adorable. Elle aussi s'était faite toute belle pour aller à la fête de son amie, un peu trop belle peut-être ? En m'attardant un peu dessus, je trouvais que le visage de ma fille était bien plus coloré que d'habitude. « Qu'est-ce que c'est que ça ? Je rêve ou c'est mon rouge à lèvres que tu as sur la bouche Carlie ? » Plus je la regardais, et plus je m'apercevais qu'elle ne s'était pas contentée de mettre seulement du rouge à lèvres, mais aussi de la poudre rose sur les joues. Elle avait profité du fait que je me sois absentée dans la salle de bains avec Felix pour fouiller dans mon sac à main. Autant dire qu'elle s'était lâchée sur la couleur, on aurait dit un petit clown. « Baah … mes copines en ont aussi. » J'émis un petit rire, elle était aussi douée que moi pour mentir. « Oui c'est ça, et elles ont dix ans de plus que toi. » Aussitôt je la pris par la main pour retourner en vitesse dans la salle de bains. Cette fois-ci c'était elle qui allait nous mettre en retard, et je regardais Felix d'un air désolé. Il devait penser que nous étions vraiment des boulets, mais tout de même ses deux petits boulets préférés. J'avais réussi à démaquiller ma fille en vitesse, ronchonnant de temps à autre parce qu'elle en avait mis une bonne couche. Vu l'odeur qui émanait de sa robe, j'avais aussi pu constater qu'elle s'était permise de tester mon parfum, tant qu'à faire... mais ça, c'était moins gênant, et puis je n'avais pas le temps de lui faire la morale, mes parents devaient déjà être en train de nous attendre. « File petit bolide ! » Carlie n'était pas plus embêtée que ça de s'être fait prendre la main dans le sac puisqu'elle se mit à sortir en courant dans le couloir pour rejoindre son papa. En refermant la porte de la salle de bains j'avais pu l'entendre demander à Felix : « Il m'allait bien le rouge à lèvres de maman ? » Décidément, Carlie me faisait rire et j'avais beaucoup de mal à garder mon sérieux pour la gronder tant ses bêtises étaient hilarantes. J'avais pris mon sac, les clés de la maison et une petite veste sous le bras au cas où le temps ferait des siennes. Carlie monta d'elle-même dans la voiture tandis que je refermais la porte d'entrée à clé. En passant à côté de Felix, je lui avais volé un baiser en souriant. « Ça, ça vient de toi, j'étais pas aussi clown à son âge. » Finalement nous étions tous montés, en direction de la maison de l'amie de Carlie, facilement reconnaissable avec tous les ballons multicolores accrochés un peu partout. Justement, les parents de la petite l'attendaient au portail et je les avaient salué de la main. « Salut les amoureux ! » lança Carlie en passant sa tête entre nos deux sièges. Carlie adorait nous appeler comme ça. Elle riait toujours après avoir dit ça parce que c'était tout nouveau pour elle, et qu'elle en était très fière mine de rien. Elle fit un énorme baiser sur la joue de Felix et la mienne avant de sortir de la voiture. « A ce soir ! Amuse-toi bien ! » Je la suivis ensuite du regard quelques secondes juste histoire de me rassurer sur le fait qu'elle était entre de bonnes mains avant de me tourner vers Felix en affichant un petit sourire. « Bon si je comprends bien je dois me mettre en mode gps à partir de maintenant ? »
Sujet: Re: C'est aujourd'hui que tout se joue. • Neela Dim 19 Mai - 20:13
J'obligeai Neela à arrêter de se préparer, parce qu'elle était de toutes manières déjà parfaite, et à sortir de la salle de bain. Nous étions à peine revenus dans le salon que Carlie se posta en face de nous, les mains derrière le dos et un immense sourire lourd de sens sur le visage. « Ah bah dis donc, vous en avez mis du temps ! ». Je lançai un regard amusé vers Neela, puis reportai mon regard sur ma fille. Ses lèvres me paraissaient anormalement rouges... Pendant un moment, je cru qu'elle s'était blessée et qu'elle saignait... Puis je me suis dit que c'était beaucoup trop régulier pour être du sang. Neela compris avant moi qu'elle lui avait pris son rouge à lèvres pour s'en tartiner, littéralement. Remarquant aussi ses pommettes légèrement rosées, je passais mon pouce dessus et vis que la couleur s'y était déposée. Je ne pu m'empêcher de sourire.
« Tu sais que tu n'as pas besoin du maquillage de maman pour trouver un amoureux ? »
Aaah ma petite revanche ! Après tout, pourquoi aurait-elle le droit de sous-entendre ce que je faisais avec Neela, et pas moi avec ses copains de classe ? Je vis Neela l'emmener vers la salle de bain, ce qui fit remonter ma pression. Je crois que ce qui m'inquiétait plus que le retard lui-même que nous allions avoir, c'est que ses parents me jugent par rapport à ce retard. J'entendais presque leurs voix, pourtant encore inconnues : "il n'est pas sérieux, même pas capable d'arriver à l'heure le jour où on doit le rencontrer". Carlie revint en courant, me demandant si le rouge à lèvres de Neela lui allait bien.
« Tu es toujours jolie ma puce. Mais tu aurais du en mettre moins, elle ne l'aurait pas vu... »
Au même moment, Neela entra dans la pièce. Je me tus alors rapidement, mais, persuadé qu'elle avait entendu, pris un air innocent. J'allais en avant avec Carlie vers la voiture, garée juste en face de la maison. Je refermai la porte derrière ma fille, tandis que Neela fermait celle de la maison. En passant, elle m'embrassa rapidement. Je pris un air à la fois amusé et choqué tout en rentrant dans la voiture.
« Ça va être de ma faute en plus ! Je ne mettais pas de rouge à lèvres de ma mère moi ! »
Nous déposâmes Carlie à la fête de son amie : elle plaqua un bisous sur nos joues, nous appelant “les amoureux” avec un grand sourire, puis sortit de la voiture en nous adressant un signe de la main. J'attendis un peu pour vérifier qu'elle entrait bien dans la maison avec les parents de la-dite copine. Je finissais par avoir de bons réflexes de père. Une main sur le volant, je me tournai finalement vers Neela, qui me souriait.
« Tu as tout compris ! »
En souriant, je redémarrai. Neela m'indiquait la route, jusqu'à ce que nous arrivâmes dans la bonne rue. Au fur et à mesure que je voyais les numéros des maisons défiler, je sentais mon cœur qui s'accélérait. De toutes façons, je ne pouvais plus reculer, et je faisais ça pour elle, pour nous.
Spoiler:
Je ne me souviens plus si les parents de Neela sont assez aisés ou pas... Bref leur maison par rapport à celle des parents de Felix. Je te laisse donc le plaisir de l'arrivée :p
Sujet: Re: C'est aujourd'hui que tout se joue. • Neela Lun 20 Mai - 0:57
J'avais rit de bon cœur en entendant Felix me répondre qu'à la différence de Carlie, lui, à son âge, il ne se mettait pas le rouge à lèvres de sa mère sur les lèvres. Encore heureux ! Mon sens de l'orientation n'était pas ultra développé mais quand même j'arrivais encore à savoir quel route emprunter pour aller chez mes parents. Je voyais bien que le sourire de Felix disparaissait peu à peu à mesure que nous nous rapprochions, en l'observant discrètement de temps à autre. Je m'en voulais de lui faire subir toute cette tension, mais au fond, plus vite ce serait fait et mieux ce serait pour nous. Après lui avoir indiqué plusieurs directions qu'il avait suivi sagement, je conseillais ensuite à Felix de se garer devant le garage puisque mes parents n'attendaient personne à part nous.
« On y est. » Nous voilà enfin arrivés chez mes parents, dans leur toute nouvelle maison. Ils avaient quitté New-York et emménagé à Arrowsic pour se rapprocher de leurs enfants, et surtout de leur petite-fille adorée qu'ils pouvaient désormais voir quand ils en auraient envie. Pour résumé, toute la famille Owens était venue à Arrowsic en un peu plus d'un an. Mes parents disaient que désormais ils ne bougeraient plus de ce petit cocon tranquille et finiraient même leurs jours ici. Je n'étais pas venue très souvent puisque j'avais surtout connu la maison de mon enfance située en banlieue de New-York. Dans la voiture, je me tournais vers Felix en détachant ma ceinture puis lui attrapai doucement la main. « T'en fais pas, tout va bien se passer. Je suis confiante. » Je lui adressai un sourire rassurant qui allait lui mettre du baume au cœur mais qui ne serait peut-être pas suffisant à le faire décompresser totalement. Moi qui faisait tout pour le stresser en plaisantant tout à l'heure dans la salle de bains, voilà que je le réconfortais à présent. Je le réconfortais parce que je voyais bien qu'il était mal à l'aise même s'il devait tout faire pour ne pas me le montrer. Pour stopper net tout ce stress inutile, il n'y avait qu'une solution : foncer droit dans le tas. Justement, nous sortîmes de la voiture après s'être embrassés une dernière fois, tous deux prêts à faire le grand saut.
Je sonnai à la porte d'entrée, qui s'ouvrit même pas deux secondes après. Je connaissais mes parents par cœur et n'avais pas pu m'empêcher de penser qu'ils avaient dû guetter notre arrivée derrière la fenêtre depuis au moins un quart d'heure, parce que comme par hasard ils étaient tous les deux derrière la porte au même moment pour nous accueillir. De vrais gamins ! La porte s'était donc ouverte sur eux, ils étaient blonds tout comme moi et avaient apparemment aux aussi fait un petit effort esthétique parce qu'ils étaient resplendissants. Mon père affichait un sourire colgate et à voir les cheveux parfaitement coiffés de ma mère, j'avais même deviné qu'elle revenait de chez le coiffeur. On aurait dit une publicité tellement ils étaient parfaits. Tout ça pour Felix, tout ça pour nous. Je les saluai la première, Felix ensuite, avant de déclarer en me tournant légèrement vers lui : « Maman, papa, je vous présente Felix. » Autant dire que j'étais très fière et heureuse à ce moment précis. Voilà, mes parents rencontraient l'homme de ma vie, celui que j'avais connu il y a dix ans dans un bar à New-York et que j'avais retrouvé par hasard dans cette petite ville ... Franchement, qui l'aurait cru ? Je voyais déjà qu'ils l'adoraient, je pouvais le lire sur leurs visages émerveillés. Non, Felix pouvait être rassuré sur ce point, à voir l'expression de leurs visages ils n'avaient pas vraiment l'air embêtés que l'on arrive en retard. J'observais leurs réactions respectives. Mon père devait se dire intérieurement que Felix serait certainement un bon copain pour discuter et plaisanter. Ma mère quant à elle se contentait de l'admirer pendant quelques secondes, un énorme sourire aux lèvres. Oui, apparemment nous avions les mêmes goûts elle et moi. D'ailleurs elle avait rassemblé ses mains sur sa poitrine d'un air angélique comme si elle venait d'avoir une révélation divine et je l'avais regardé avec insistance pour la supplier d'arrêter de réagir de cette façon. « Ah Felix ! On est tellement enchantés de te rencontrer ! » Oui, inutile de le préciser maman, on avait facilement deviné. Elle avait l'air excitée comme une puce, tout le contraire de la mère de Felix lorsqu'elle m'avait vue pour la première fois. Je me moquais d'eux intérieurement avec un petit sourire en coin, mais au fond, je les adorais. « Oh oui, depuis le temps que notre Neela nous parle de toi ! » ajouta mon père avant de nous faire entrer dans la maison. J'avais soudain eu envie d'exploser de rire parce que je découvris que ma mère avait disposé des bougies parfumées un peu partout dans la maison alors que nous étions en plein milieu de journée. Ma mère dans toute sa splendeur.. Elle savait que je détestais ça, et pourtant elle l'avait fait aujourd'hui pour que 'tout soit parfait', même les odeurs... Alors que mon père commençait à prendre la veste de Felix et à entamer une première conversation avec lui, ma mère s'approcha de moi en ouvrant grand la bouche. « Neela, c'est le bon, je le sens, je le sens ! » Felix était à deux mètres de nous, et même si pour une fois elle avait fait un effort pour ne pas crier, on ne pouvait pas non plus dire qu'elle avait fait preuve d'une très grande discrétion. « Arrête maman je t'en supplie arrête... » lui avais-je dit en chuchotant du mieux que possible. Elle était tellement heureuse de voir Felix que mes remarques avaient l'air de lui passer complètement au-dessus de la tête, et elle continuait de sourire bêtement. J'avais l'impression que les rôles étaient inversés et que j'étais sa mère. Mon dieu j'espérais ne jamais devenir comme ça plus tard avec Carlie.
Spoiler:
Quel honneur ! Merci Voilà les petits codes couleurs : la mother : hotpink & le father : royalblue Amuse toi biiieeen
Sujet: Re: C'est aujourd'hui que tout se joue. • Neela Lun 20 Mai - 10:57
Nous étions rapidement arrivés chez les parents de Neela. Je suivis son conseil et gara la voiture en face de la porte du garage, mais j'eu quelques secondes de battements avant d'arrêter le moteur. J'avoue que, pendant ces minuscules secondes, je m'étais dis que ma main était sur le levier de vitesses, que mes pieds était encore sur les pédales, et qu'il ne me prendrait que quelques secondes pour enclencher la marche arrière et partir. Mais je stoppai le contact. Il fallait relativiser : petit un, nous étions arrivés. Petit deux, Neela l'a fait, et elle en est sortie vivante malgré la première réaction plutôt négative de ma mère. Et petit trois... Pourquoi ça se passerait mal après tout ? En fait, je crois qu'ils pouvaient me poser n'importe quelle question, n'importe laquelle sauf une : pourquoi es-tu parti il y a dix ans et pourquoi l'as-tu laissée seule ? Alors que j'allai sortir, je sentis la main de Neela attraper la mienne. Elle tenta de me rassurer. Ça a marché pendant quelques secondes, le temps qu'elle prenne ma main et que nous nous embrassions une dernière fois. C'était complètement idiot ! Pourquoi je stressai autant alors que Neela avait fait la même chose une semaine auparavant et n'était pas aussi stressée ? Après réflexion, peut-être que la nuit que nous avions passée juste avant avait joué un rôle d'anti-stress... Je suivis Neela jusqu'à la porte d'entrée, elle sonna. Je pensais avoir quelques secondes pour respirer un peu et tenter d'effacer les dernières traces d'anxiété visibles, mais la porte s'ouvrit tout de suite.
Ils étaient face à nous, arborant d'immenses sourires. Je laissai Neela entre en premier puis entrai à mon tour, serrant les mains de ses parents. Lorsqu'elle me présenta à eux, j'essayai d'afficher un sourire serein et détendu. L'attitude de sa mère me mis un peu mal à l'aise... Elle me regardait avec ce même sourire, les yeux presque brillants, les mains sur la poitrine, comme si j'étais un Dieu vivant. J'avais peur qu'elle me saute dessus d'un coup... « Ah Felix ! On est tellement enchantés de te rencontrer ! » « Oh oui, depuis le temps que notre Neela nous parle de toi ! ». Assez étonné d'être aussi bien accueilli alors que j'étais un parfait inconnu, je n'avais pas su quoi répondre de plus expressif que :
« Ah euuh merci beaucoup. Ça me fait très plaisir à moi aussi. »
Tu parles, il y a deux minutes tu rêvais de traverser la ville en courant pour ne pas devoir faire face à cette rencontre ! Neela et sa mère passèrent en avant pour se rendre dans ce qui devait être le salon. Je sentis la main de son père s'écraser sur mon épaule et il afficha un nouveau sourire rassurant. « Donne-moi ta veste. » Ce simple geste m'avait soudainement mis beaucoup plus à l'aise. J'avais l'impression que nous nous connaissions depuis des années. Je lui tendis ma veste, qu'il accrocha au porte-manteau juste derrière lui.
« Elle ne t'en a peut-être jamais parlé, mais on aurait dit que tu étais une célébrité et qu'elle était ta plus grande fan. Ces derniers temps, dès qu'elle ouvrait la bouche, c'était soi pour parler de Carlie, soit pour parler de toi ! » « Oh vous savez, j'ai fais la même chose avec mes parents ! Je crois qu'ils ont eu une biographie complète avant même de la rencontrer ! »
Alors que j'entrai dans le salon avec son père, je sentis une odeur parfumée et remarquai les nombreuses bougies qui brûlaient un peu partout dans la pièce. Je croisai le regard amusé de Neela, qui se transforma vite en regard suppliant en direction de sa mère. « Neela, c'est le bon ! Je le sens ! Je le sens ! ». J'affichai un léger sourire. J'avais comme l'impression d'avoir stressé pour rien, que Neela avait raison depuis le début et que tout allait bien se passer. Comme chez mes parents, nous nous assîmes à deux dans le petit canapé, et ses parents étaient en face de nous.
« Qu'est-ce qu'on peut vous offrir à boire ? »
Spoiler:
Merciii :) On va dire que c'est l'apéro aussi hein :p
Sujet: Re: C'est aujourd'hui que tout se joue. • Neela Lun 20 Mai - 18:25
J'avais à mon tour accroché ma veste au porte-manteau et m'étais avancée dans le salon pour m'asseoir aux côtés de Felix dans le canapé. J'avais l'impression qu'on était des stars s'apprêtant à se faire interviewer... Après s'être un peu calmée, ma mère nous demanda ce que l'on souhaitait boire. « Je vais prendre un jus de fruit si tu as. » L'alcool ne me tentait pas vraiment aujourd'hui, j'étais un peu fatiguée à cause de la nuit laborieuse que j'avais passé, alors un peu de douceur serait plus appréciable pour moi. Ma mère prit un air étonné, mais en même temps on aurait dit qu'elle était heureuse d'être étonnée. Je ne voyais vraiment pas ou elle voulait en venir et l'interrogeai quelques secondes du regard. « Alors toi tu nous caches quelque chose ! » lança t-elle avec un sourire jusqu'aux oreilles en étant persuadée d'avoir raison. Ok, ça y est, j'y voyais beaucoup plus clair maintenant : elle remettait encore le sujet de la grossesse sur le tapis, espérant que je lui confirme que j'étais bel et bien enceinte, et devant Felix en prime. Mais pourquoi s'acharnaient t-ils tous avec ça ? Un deuxième bébé ! Ils n'étaient pas déjà contents d'avoir une petite fille merveilleuse ? Il y a une semaine le père de Felix avait même donné l'espoir à Carlie qu'elle ai un jour une petite sœur ou un petit frère, et maintenant, c'était ma mère qui venait mettre son grain de sel. Je crois qu'en réalité ils voulaient surtout avoir le plaisir de voir un bébé arriver dans la famille, parce que c'est tellement adorable et qu'ils n'avaient pas beaucoup vus Carlie étant bébé. Je vis que Felix me regardait l'air de dire 'non, c'est pas vrai rassure moi ? Pas encore ?' Le pauvre, il avait vraiment l'air embarrassé, surtout que ça aurait vraiment été un manque de respect de ma part que de le lui apprendre de cette façon, mais je lui assurais d'un signe de tête qu'il n'avait pas à s'inquiéter pour ça. Je n'étais pas enceinte. « Désolée de te décevoir maman mais tu vas devoir attendre encore un peu. » Un peu ? Plus que ça sûrement. Felix venait tout juste de débuter dans son rôle de père, il se débrouillait très bien mais je voulais que l'on prenne notre temps. Rien ne pressait après tout, pourquoi ne pas prendre le temps de se retrouver ? Et puis nous n'étions pas des machines à faire des bébés contrairement à ce qu'ils avaient tous l'air de penser ! Ma mère se tourna ensuite vers Felix pour lui demander ce qu'il voulait boire, puis elle s'éclipsa finalement dans la cuisine, un peu déçue de la nouvelle apparemment.
Tandis que ma mère préparait l'apéritif, nous nous retrouvions donc un moment seuls face à mon père. Je m'attendais à ce qu'il interroge Felix sur sa vie professionnelle par exemple, mais non. « Belle voiture au fait Felix ! » dit-il en désignant des yeux la fenêtre derrière laquelle on pouvait apercevoir le fameux véhicule. Je lui lançai un regard amusé. C'était plus fort que lui, mon père ne pouvait pas s'empêcher de parler de voiture. C'était son dada, il identifiait chaque personne par rapport à sa voiture et était même capable de citer la marque et le modèle précis de voiture appartenant à une de ses connaissances. Il appréciait déjà Felix rien qu'à sa voiture, c'était un bon point, un point un peu stupide, mais un bon point quand même aux yeux mon père, je le savais.
« Tu es journaliste c'est bien ça ? » Ah, enfin une question pertinente ! même s'il faisait semblant de douter parce qu'en réalité il était déjà au courant grâce à sa fille de ce que faisait Felix dans la vie... Ma mère arriva avec un plateau sur lequel elle avait disposé les trois verres et quelques petites choses à grignoter. C'est bizarre, mais depuis une semaine, j'avais tendance à avoir peur des plateaux qui survolaient ma tête, peut-être était-ce dû à un traumatisme lié à ma dernière sortie au restaurant avec Felix...
Fort heureusement -parce qu'on avait vraiment pas besoin de ça- les verres arrivèrent indemnes sur la table basse. Tout le monde prit son verre en main et ma mère, après avoir lancé un petit regard à mon père, cru drôle d'annoncer : « Alors si on ne peut pas encore trinquer au futur bébé, trinquons au moins aux fiançailles ? Non ? » J'avais envie de passer ma main sur mon visage de honte tellement elle m'exaspérait. Qui plus est elle arborait un sourire niais qui avait le don de m'agacer. « Non plus maman. » lui répondis-je avec un sourire forcé, espérant qu'elle comprenne définitivement le message. J'avais l'impression de jouer à la balle avec ma mère, et d'ailleurs cela faisait deux fois consécutives qu'elle perdait à ce jeu puérile. Qu'est-ce qu'elle pouvait être lourde avec ça ! Mariage, bébé, mariage, bébé .. A ce que je sache il n'y a pas que ça dans la vie ? « Trinquons plutôt à votre magnifique couple pour l'instant, parce que c'est vrai que vous êtes vraiment beaux tous les deux ensemble. » Ma mère approuva avec un grand sourire sincère. Je ne m'étais absolument pas attendue à ce genre de commentaire de la part de mon père, il me surprenait agréablement. Ce toast m'avait d'ailleurs tellement fait plaisir que je cru même rougir quelques secondes devant eux.
Sujet: Re: C'est aujourd'hui que tout se joue. • Neela Lun 20 Mai - 21:01
Neela voulait un simple jus de fruit. Je fus donc assez étonné de voir le sourire lourd de sens de sa mère. Neela cacherait quelque chose ? Qu'est-ce qu'elle pourrait cacher qui ait un rapport avec un jus de fruit ? Non... Pas ça quand même... Elle ne pouvait pas être encore enceinte... Je lui jetai un regard un peu paniqué, qui la suppliait de démentir cette affirmation de sa mère. Elle le fit tout de suite. La pression qui était montée en moi retomba soudainement dans un grand soulagement. Ses parents allaient effectivement devoir attendre “un peu”. Même un grand moment je pense. Je voulais passer du temps avec Neela et Carlie, rattraper le temps perdu et consacrer le plus de moments possibles à ma fille, avant d'être obligé de passer plus de temps avec un nouveau bébé. Et puis avoir une fille de dix ans à à peine vingt-sept m'avait un peu vacciné pour le moment. La mère de Neela revint vers moi pour savoir ce que je voulais boire.
« Oh la même chose pour moi, je ne vais pas vous faire ouvrir une bouteille. »
Elle s'en alla dans la cuisine. Il y eut un petit silence de quelques secondes, puis son père complimenta ma voiture. Je fus un peu étonné par cette amorce de conversation, mais affichait un petit sourire. Je pensai un instant qu'il nous avait espionné lors de notre arrivée, ce qui n'était peut-être pas faux vu la vitesse avec laquelle il avait ouvert la porte d'entrée, mais me rendis finalement compte que l'on voyait une bonne partie de la voiture à travers la fenêtre. J'avais bien économisé pour m'acheter cette voiture : en quelque sorte la voiture de mes rêves. Mon père avait voulu la conduire lorsque je l'ai eu, mais sachant quel danger il pouvait être en voiture, j'avais préféré refuser...
« Merci ! Oui c'est ça, journaliste. Dans un petit journal d'Arrowsic, mais bon, il arrive souvent que nous allions plus loin, parfois à New-York. Surtout que niveau spectacles, ils sont mieux dotés que nous. »
Je gardai mon sourire. J'avais préféré m'arrêter là, sinon je serai parti pendant des heures sur un seul sujet. Mentionner New-York m'avait soudainement rappelé ma toute première nuit avec Neela. Même si elle s'était soldée par une absence de dix longues années, je ne pouvais pas cacher qu'elle avait été formidable. C'était la nuit où j'avais rencontré la femme de ma vie, et où j'avais créé avec elle la seconde femme de ma vie, Carlie. Je me retrouvai bien vite avec mon verre de jus de fruit à la main. Second choc : les fiançailles. Ah bon ? Soit Neela était fiancée en cachette à un autre, et dans ce cas là je venais de l'apprendre, soit je lui avais fait ma demande en étant bien éméché. Mais puisque je ne pensais ni l'un ni l'autre possible, je lui jetai simplement un regard interrogateur. Je fus heureux que son père se cantonne au couple, simplement. Je souris de nouveau. Ah oui ils m'appréciaient à ce point quand même ! Je regardai rapidement Neela en gardant mon petit sourire. J'avais à peine commencé à boire mon verre que son père reprit :
« Enfin pensez-y quand même ! »
J'avalai difficilement ma gorgée. On y pensera oui... Mais dans quelques années si ça ne dérange personne là. Ses parents s'étaient assis face à nous et nous regardaient avec un regard attendri, comme si nous étions les bébés qu'ils attendaient tant.
« Comment tu avais dit que l'avait retrouvé déjà Neela ? »
Sujet: Re: C'est aujourd'hui que tout se joue. • Neela Lun 20 Mai - 23:35
Plus Felix parlait et plus les sourires de mes parents s'agrandissaient, comme si Dieu s'adressait à eux en personne. Ils buvaient ses paroles. « C'est vrai qu'à Arrowsic c'est la misère niveau divertissements, il y a rien à part la brocante du dimanche et encore quand il ne pleut pas. » répondit mon père en se tournant vers ma mère en riant. Arrowsic, une petite ville bien sympathique si l'on ne veut rien faire de ses journées. Pour trouver du travail il ne fallait pas trop compter dessus, et plutôt aller chercher à dix kilomètres aux alentours minimum. Malgré tout, je m'y plaisais beaucoup et je n'étais pas prête de quitter cette ville après tout ce que j'y avais déjà vécu en à peine un an.
Raconter notre rencontre était un plaisir pour moi. J'affichais donc un grand sourire en me remémorant nos retrouvailles au bar d'Arrowsic il y a plusieurs semaines de cela déjà. Je ne me doutais pas que leur question était loin d'être anodine... « Eh bien … Le matin où il est parti il m'a laissé son numéro de téléphone. Je l'ai rappelé, dix ans après mais je l'ai rappelé quand même. J'ai appris qu'il habitait ici lui aussi, une chance ! et puis … je lui ai donné rendez-vous au bar du coin, et pour tout vous dire ça a été le vrai coup de foudre. » Mon récit était adorable, mais à voir la tête de mes parents ils n'avaient pas l'air tout aussi enchantés que moi. « Ah oui c'est vrai que tu es parti Felix... » Aïe. L'attention de mes parents se focalisa immédiatement sur Felix, et je m'en voulais d'avoir dit ça. Ils avaient retenu uniquement 'le matin où il est parti' apparemment, et mon père sortait ses griffes. Je n'aurais peut-être pas dû autant leur rafraichir la mémoire tout compte fait, mais ils l'avaient fait exprès, je le savais. Ils avaient voulu me forcer à leur raconter le début de l'histoire devant Felix afin qu'il leur explique enfin les raisons de son départ. « Papa tu sais qu'il avait dix-sept ans à l'époque, alors finalement il a peut-être bien fait, et puis le principal c'est qu'on soit ensemble maintenant pour élever Carlie. » Je me tournais vers Felix pour lui sourire gentiment, espérant faire redescendre la pression. Je le défendais, c'était mon rôle et puis il n'était pas venu pour se faire incendier non plus. C'était déjà extrêmement courageux et généreux de sa part d'avoir accepté de les rencontrer, alors ils n'allaient pas commencer à parler de sujets qui fâchent. « Oui Neela tu as raison, mais heureusement que tu étais bien entourée pour sa naissance quand même. » Sous-entendu : nous nous étions là alors que Felix, lui, ne l'était pas. Pourquoi voulaient t-ils tout gâcher d'un coup ? Il y a à peine deux secondes ils étaient tout joyeux de rencontrer Felix, et là, ils le démontaient devant moi. Pour le coup j'eus envie de leur jeter mon jus de fruit au nez.
Ils m'énervaient, je leur en voulais énormément, d'ailleurs je ne m'étais pas abstenue de leur lancer un regard noir. « Ton père a raison ma chérie, rappelle-toi ces soirs où tu m'appelais en pleurant parce que tu ne t'en sortais plus.. » Apparemment cela ne suffisait pas pour ma mère, qui se chargea d'en rajouter une bonne couche. Justement, pleurer, c'était tout ce que j'avais envie de faire à ce moment précis. Cette histoire, c'était du passé. Felix était là pour moi à présent, nous nous aimions plus que tout, alors il n'y avait plus vraiment de problème. J'étais fatiguée, et leurs commentaires me faisaient mal. Ils me rappelaient cette période difficile de ma vie et ne faisaient que remuer le couteau dans la plaie. Felix n'y était pour rien, je l'avais compris depuis longtemps. Il avait voulu me protéger, c'est tout. « La ferme, c'est du passé ! » m'exclamais-je en serrant plus fort mon verre entre mes mains. Je pinçai les lèvres, regrettant déjà ce que je venais de dire, tandis qu'un silence de mort s'installait progressivement dans le salon. Tout le monde avait l'air surpris de ma réaction, mais j'étais trop sur les nerfs en ce moment à cause du travail, et là c'était la goutte d'eau qui faisait déborder le vase. Je me levai en poussant un soupir d'exaspération, tentant de garder mon calme. « Bon, heu ... qui veut des glaçons ? » Mon jus d'orange était assez frais pour moi, mais il fallait bien détourner leur attention. J'avais beau défendre Felix, ils avaient décidé de n'en faire qu'à leur tête et de tout gâcher. Malheureusement pour moi, mes parents ne voulaient pas de glaçons... Je quittai donc le canapé avec les larmes émergeant des yeux pour aller m'isoler un peu dans la cuisine. Une cuisine conçue à l'américaine qui me permettait donc de rester quand même présente dans la pièce et de ne pas complètement abandonner Felix. Je n'en pouvais plus de toute cette pression, de toutes ces accusations indirectes qu'ils se permettaient de lui faire gratuitement. Je m'en voulais d'avoir évoqué le fait qu'il avait pris la fuite à l'époque. C'était de ma faute. J'étais sincèrement désolée de faire vivre tout ça à Felix, mais ce n'était pas la seule raison qui expliquait que j'avais craqué. Il y avait le stress du travail, de cette rencontre un peu aussi, la fatigue accumulée, ce douloureux passé qui refaisait surface et mes parents qui ne faisaient qu'aggraver les choses. Cette rencontre était censée être parfaite ... En ouvrant la porte du congélateur, je m'étais lâchée en pleurant silencieusement, alors que plus personne ne se parlait. Je devais me faire oublier un peu et puis pleurer me faisait énormément de bien, et me permettait d'évacuer toute la tension contenue en moi depuis bien longtemps.
Sujet: Re: C'est aujourd'hui que tout se joue. • Neela Mar 21 Mai - 21:21
Il est vrai que je repensai aussi avec plaisir à nos retrouvailles d'il y a à peine quelques semaines, tout comme à notre rencontre, notre première nuit ensemble. Je répondis au sourire de Neela, un sourire amoureux... qui s'estompa rapidement à la remarque de son père. Je sentis d'un coup tous les regards sur moi. Je fermai brièvement les yeux en grimaçant. Le sujet que je redoutais était finalement arrivé, et j'avais bien peur de ne pas réussir à y mettre fin. Le ton avec lequel il avait dit cette phrase, “Ah oui c'est vrai que tu es parti Felix”, avait fait remonter la pression qui s'était envolée il y a quelques minutes à peine. C'était un ton accusateur qui me mettait horriblement mal à l'aise et qui signifiait clairement “Tu as fais du mal à ma fille, je t'ai dans le collimateur, méfie-toi”. Neela tenta de me défendre. C'est vrai que le principal était que nous soyons ensemble maintenant, que Carlie ait deux parents comme ses camarades de classe et qu'elle ne soit plus l'objet de questions incessantes de la part de ceux-ci, comme si elle était "anormale" parce qu'elle n'avait pas de papa. « Oui Neela tu as raison, mais heureusement que tu étais bien entourée pour sa naissance quand même. » « Ton père a raison ma chérie, rappelle-toi ces soirs où tu m'appelais en pleurant parce que tu ne t'en sortais plus.. ». D'accord. Alors là, ma culpabilité était montée à trois cent pour-cent. Et le pire, c'est que je savais qu'ils avaient entièrement raison. J'avais abandonné Neela, et Carlie, je l'avais obligée à élever un enfant alors que nous ne nous connaissions pas, à faire face à un accouchement presque seule, je l'avais fais pleurer, et plusieurs fois apparemment. Réalisant qu'elle n'allait pas tout faire toute seule, et que la question s'adressait en particulier à moi, je me décidai enfin à répondre à ces questions déguisées.
« Je... Ça va sûrement vous paraître étrange... Mais... Ma mère a une tendance très possessive, et mon père la suit toujours quand il s'agit de moi. Alors quand j'ai réalisé ce qui s'était passé entre Neela et moi, j'ai préféré partir pour lui éviter des problèmes, parce que ma mère l'aurait sûrement su et aurait probablement lancé un procès... Enfin bref... Dans mon idée c'était pour qu'elle n'aie pas... d'ennuis. »
J'avais moi-même du mal à être convaincu de ce que je disais. À défaut de lui avoir attiré l'ennui de la justice, je lui avait attiré l'ennui de l'enfant non désiré... et pour la vie. Je me repris rapidement. Carlie était loin d'être un ennui. Elle était notre fille, le fruit de notre amour. Neela s'était finalement énervée, répondant à sa mère. Je la dévisageai un instant, peu habitué à ce qu'elle s'emporte ainsi, puis jetai un léger regard vers ses parents. Elle finit par aller s'isoler dans la cuisine. Je la voyais encore, puisque celle-ci était ouverte sur le salon. Je la vis ouvrir le congélateur et baisser la tête. Je regardai de nouveau ses parents, qui me fixaient, puis me levai doucement du canapé.
« Euh je... Excusez-moi une minute. »
J'allais rejoindre Neela dans la cuisine. Ils allaient probablement tout entendre de notre conversation, mais je m'en fichais. À ce moment, il n'y avait plus qu'elle et moi. Je me doutai qu'elle pleurait. Je me mis face à elle et lui relevai la tête en la prenant par le menton.
« Neela, regarde-moi. Neela... »
J'avais enfin réussi à capter son regard. Je posai finalement mes mains autour de son visage.
« Arrête de pleurer... Écoute, je sais que c'est de ma faute tout ça, mais maintenant tu l'as dis toi-même, on est tous les deux, on a Carlie. Je ne te laisserai plus jamais d'accord ? »
Je l'embrassai doucement, puis réussi à la tirer avec moi dans le salon. J'étais responsable, mais j'assumai. Comment pouvais-je assumer un enfant dont je ne connaissais même pas l'existence ? Même ses parents ne pourraient rien changer à mes sentiments pour Neela, même s'ils continuaient sur ce sujet.
« Bien. Vu ta réaction, je suppose que tu as tiré des leçons de toute cette histoire ? »
Je ne répondis pas. C'était juste un test ? Un simple test qui consistait à faire pleurer Neela pour voir ma réaction ??
Sujet: Re: C'est aujourd'hui que tout se joue. • Neela Mar 21 Mai - 23:20
Je ne pensais pas que Felix viendrait me consoler, et je fus un peu surprise de l'entendre se lever et marcher dans ma direction. Très vite, j'avais séché mes larmes d'un revers de main, m'efforçant de chercher les fameux glaçons de la façon la plus naturelle possible, mais c'était trop tard, il m'avait vu, et puis mes yeux étaient bien trop rouges et humides pour que je puisse prétendre que tout allait bien. Ce n'était pas dans mon habitude de fondre en larmes aussi rapidement, mais c'était simplement le résultat d'une trop grande pression. Il se mit face à moi si bien que je ne pouvais plus vraiment faire semblant, mais je persistai à garder les yeux baissés pour camoufler mes larmes. Je ne voulais pas qu'il me voit dans cet état. C'était la première fois que Felix me voyait pleurer, et j'étais vraiment navrée de lui offrir un tel spectacle, qui plus est devant mes parents. C'est lorsqu'il remonta mon menton de sa main que je fus finalement forcée de le regarder droit dans les yeux, mais je me sentais affreusement mal. J'essayai de chuchoter. « J'en peux plus. C'est trop, ils vont trop loin là. Quand est-ce qu'ils vont nous foutre la paix avec ça ? » De la cuisine je jetai un regard à mes parents qui nous épiaient, évidemment. Ils me dégoûtaient de réagir de cette façon, et ne s'inquiétaient même pas de voir leur fille en larmes, et Felix désarmé. Je voulais tout simplement qu'ils nous laissent tranquilles, et une bonne fois pour toutes. Après tout cela faisait dix ans que cette histoire s'était produite, il y a avait prescription depuis. On aurait dit qu'ils prenaient un malin plaisir à me voir souffrir, et à observer le malaise de Felix. Il entoura mon visage de ses mains, affirmant que tout était de sa faute, mais je n'étais pas d'accord. Certes, il n'aurait peut-être pas dû s'en aller à l'époque, mais nous étions tous les deux fautifs à la base. Le principal était qu'aujourd'hui nous assumions tous les deux notre rôle de parents, et que Carlie ne manquait de rien. Elle était même on ne peut plus heureuse ces derniers temps du fait du retour tant attendu de son papa. « Mais non c'est pas ta faute, c'est la mienne, j'aurais jamais dû leur rappeler ça... Je suis désolée. Tu mérites pas cette humiliation. » J'aurais dû me taire, ou du moins leur raconter nos retrouvailles sans faire référence à son départ. Non, sur le moment j'avais pensé qu'ils partageraient mon bonheur en leur faisant le récit de cet événement important et magique de ma vie. Finalement, je m'étais accrochée avec sa mère il y a une semaine, et aujourd'hui c'était au tour de Felix de s'accrocher, mais avec mon père. Il avait raison, nous devions être forts pour affronter leurs accusations, enfin surtout Felix. Moi, je devais essayer d'oublier ce qui venait de se passer, et retourner dans le salon comme si de rien n'était. Oui, mais que dire, que faire après tout ça ? Il allait être très difficile de reprendre une conversation normale et naturelle avec mes parents. Ils avaient vraiment tout gâché, et ça, je n'étais pas prête de leur pardonner. Felix m'embrassa avec douceur, et ce baiser aussi anodin qu'il pouvait paraître, ne l'était pas du tout pour moi. Il m'avait littéralement réchauffé le cœur, et confirmé qu'il n'y avait que lui qui comptait véritablement dans ma vie. Lui et Carlie occupaient les deux plus grandes places dans mon cœur. Il avait le don de savoir m'apaiser quand je m'emportai et que plus rien n'allait. Felix et moi nous regardions une dernière fois alors que je caressais ses mains posées autour de mon visage. Je le suivis peu de temps après dans le salon, pour rejoindre mes parents. J'aurais bien voulu m'en aller en douce avec Felix et fuir ce cauchemar, mais c'était impossible.
Une fois rassis sur le canapé, je ne daignais même pas lancer un seul regard à mes parents, ne voulant pas leur faire ce plaisir, et préférais fixer mon verre, bien plus intéressant. « Bien. Vu ta réaction, je suppose que tu as tiré des leçons de toute cette histoire ? » Il plaisantait là ? Pleurer m'avait fait énormément de bien, mais j'étais toujours aussi exténuée par toutes ces questions pleines d'insinuations de la part de mes parents. Je n'en pouvais plus. Evidemment qu'il avait tiré les leçons de cette erreur, quelle question ! Ils n'allaient jamais cesser de triturer Felix comme un gosse qui se faisait disputer par ses parents parce qu'il avait triché à l'école. C'était vraiment pitoyable. D'ailleurs, il ne répondait rien, et il avait bien raison. Répondre aurait signifié qu'il se mettait à sa hauteur, et Felix n'était pas aussi bête pour répondre à ce genre de question stupide, même inutile. « Écoute papa si tu nous as fait venir pour démonter Felix c'est pas la peine, autant qu'on reparte tout de suite. » Cette fois je le regardais dans le blanc des yeux. « C'est ce que tu veux ? » Là, je lui posais un ultimatum. Soit ils arrêtaient tous les deux ce petit jeu minable avec Felix, soit ils continuaient et nous partirons d'ici, mais dans le second cas ils ne seraient pas prêts de nous revoir. « Non. Pas du tout. Je veux juste m'assurer que je ne confie pas ma fille à n'importe qui, et ça tu ne peux pas me le reprocher. » Pour le coup, mon père venait de marquer un point. C'est vrai que je pouvais difficilement lui reprocher de vouloir me protéger, mais avec Felix, il n'avait pas à se faire de soucis. Seulement, je voulais qu'il s'en rende compte par lui-même. « Hum … On ne va pas se fâcher dès le premier jour n'est-ce pas ? Allez, passons à table ! » Pour une fois, j'étais contente que ma mère ouvre la bouche, parce qu'elle venait de me sauver, de nous sauver, même si j'étais loin d'être de nouveau à l'aise.
Sujet: Re: C'est aujourd'hui que tout se joue. • Neela Mer 22 Mai - 20:47
Même pour ce qui se passait à présent chez ses parents, je ne considérai pas Neela comme responsable. Après tout, elle avait simplement répondu à une question de sa mère, ressassant le merveilleux souvenir de nos retrouvailles sans se douter un seul instant que cela mènerait à une mini dispute, et surtout à un froid plutôt gênant dans la pièce. J'avais réussi à ramener Neela dans le salon : elle avait séché ses larmes, mais ses yeux étaient encore un peu rougis. Apparemment, cela ne semblait pas trop déranger ses parents... Moi ça me dérangeait. C'était la première fois que je la voyais pleurer, et pourtant je ne supportais pas cela. D'autant plus qu'elle pleurait à cause de moi, parce que j'étais parti. Si j'étais resté avec elle jusqu'à son réveil, il y a dix ans de cela, cette conversation n'aurait jamais eu lieu, et ses parents me connaîtraient probablement depuis des années. Carlie aussi d'ailleurs. J'avais bien sûr tiré des leçons de cette histoire, cette aventure même. Neela répondit au quart de tour à cette affirmation. Pendant un instant, je m'apprêtai à me lever du canapé pour quitter la maison, persuadé que son père allait nous dire de partir, que je ne correspondais pas du tout à ses attentes, contrairement à ce que j'avais pu penser en arrivant.
« Non. Pas du tout. Je veux juste m'assurer que je ne confie pas ma fille à n'importe qui, et ça tu ne peux pas me le reprocher. »
Je ne pouvais certainement pas lui reprocher ça. C'était tout à fait normal qu'il veuille protéger sa fille, même si elle était une adulte accomplie. Bien que je n'en ai pas encore eu l'occasion, je sais d'ores et déjà que je ferai la même chose pour Carlie. Ses futurs petits copains devront passer par la case papa. Cependant, je continuai à me dire qu'il aurait pu poser sa question simplement, sans forcément lancer une polémique sur toute cette histoire. Je n'aurais pas été aussi mal à l'aise, Neela n'aurait pas pleuré, et l'ambiance ne serait pas si tendue en ce moment. Ce qui était sûr et certain, c'était que j'aimais Neela, plus que tout, que je ne partirai plus jamais, que je serai toujours là pour elle et que je la protégerai.
« Hum … On ne va pas se fâcher dès le premier jour n'est-ce pas ? Allez, passons à table ! »
Bonne idée ! Ça aidera peut-être à calmer la situation et à reprendre une conversation... normale ? Je me levai du canapé en même temps que Neela et son père. Je jetai un léger regard à la première, regard qui signifiait clairement que je voulais savoir si elle allait mieux. Je me dirigeai ensuite vers la salle à manger et m'installai à côté de son père, puisque j'étais juste derrière lui pour aller jusque là. J'espérai simplement que cette place à table n'était pas dès le départ une mauvaise place, source de problèmes et de conversations gênantes. Sa mère était repartie dans la cuisine, mais elle pouvait sûrement nous entendre.
« Et donc j'ai cru comprendre que Neela avait rencontré tes parents. Ça s'est bien passé ? »
S'est-elle faite descendre comme moi aujourd'hui ? Nooooon du tout ! J'avais réussi à prévoir les remarques de ma mère et à l'empêcher d'en dire trop.
« Oui, la semaine dernière. Ça s'est plutôt bien passé. »
Je tentai un sourire qui se voulait serein et sûr de ma réponse. J'espérais que cette réponse était suffisante. Je n'avais rien dit qui pouvait se retourner contre moi normalement.
Sujet: Re: C'est aujourd'hui que tout se joue. • Neela Mer 22 Mai - 23:27
En quittant le salon pour m'installer dans la salle à manger, mon regard croisa celui de Felix, apparemment inquiet de mon état. Parfois, je me disais que j'avais vraiment de la chance d'être avec lui. Il était parfait, du moins depuis quelques semaines, j'avais franchement du mal à lui trouver des défauts. Il m'avait laissée il y a dix ans, m'obligeant à élever Carlie seule, certes, mais depuis, il se rattrapait largement. Je me disais qu'il y avait de fortes chances pour que j'accepte de rester avec lui encore plusieurs années, et même pourquoi pas toute la vie ? Je lui fis un petit signe de tête accompagné d'un sourire qui signifiait que j'allais un peu mieux grâce à lui. Certainement pas grâce à mes parents. Eux, ils voulaient simplement être fiers de leur fille. Ils voulaient que je me marie, aie un autre bébé, réussisse dans la vie, mais que je pleure sous leur toit, ils avaient l'air de s'en moquer complètement. Mes parents avaient vraiment des comportements contradictoires parfois, et j'avais du mal à les comprendre. Je m'étais assise à table face à Felix, mais mes sourires se faisaient très rares. Je ne pouvais pas sourire en ayant encore à l'esprit ce qui venait de se passer dans le salon. Je n'avais en aucun cas envie de sourire à mon père après ce qu'il avait osé dire à Felix. Il m'avait extrêmement déçue. Il voulait veiller sur moi, me protéger, mais justement, j'étais entre de bonnes mains et en adoptant une telle attitude, il risquait de faire fuir Felix. Or son rôle n'était pas de le faire fuir au contraire, mais de l'accepter et de le respecter parce qu'il avait le mérite de rendre sa fille heureuse. Sa fille et sa petite fille, qui n'avait jamais été aussi joyeuse depuis qu'elle avait retrouvé son papa. Finalement, je me disais qu'heureusement que Carlie n'avait pas pu venir, elle aurait été choquée par cette ambiance. Ou peut-être qu'il aurait fallu qu'elle vienne, parce que mon père n'aurait peut-être pas osé faire ces réflexions devant elle. En tout cas, il manquait quelqu'un à cette table. Carlie me manquait déjà. La joie de vivre et les nombreuses blagues dérangeantes de ma fille auraient suffit à me redonner le sourire.
Mon père avait vite oublié la petite dispute qui avait coupé court l'apéritif. Il changea de sujet en demandant à Felix si j'avais moi aussi fait la rencontre de ses parents. L'altercation qui s'était produite avec sa mère n'était rien à côté de celle que Felix avait indirectement subi avec mon père. J'avais envie de lui répondre que oui, cette rencontre s'était en tout cas bien mieux passée que celle-ci, mais je me retenais. Je ne voulais pas mettre de l'huile sur le feu, il y en avait déjà assez eu comme ça. « Tout se passe bien sinon avec Carlie ? Vous vous entendez bien ? » J'étais soulagée. Nous étions repartis sur les rails, et l'atmosphère commençait presque à se détendre. J'avais même réussi à sourire à Felix, ravie que cette rencontre reparte sur de bonnes bases. « Elle ne t'en a pas trop voulu de l'avoir laissée seule tout ce temps ? » Et c'était reparti ! Je levai les yeux au ciel avant de le regarder avec insistance, n'en revenant pas qu'il fasse encore allusion à l'erreur passée de Felix. « Papa... » Je le priais d'arrêter ce cinéma tout de suite. A force, j'avais le sentiment qu'il cherchait à le faire culpabiliser, à le pousser à bout, peut-être même à l'éloigner de moi. Cette rencontre était peut-être une mauvaise idée, c'était peut-être trop tôt. Au fond j'espérai que Felix m'aimait suffisamment pour laisser ces accusations lui passer au-dessus, et ne pas m'en vouloir une fois rentrés à la maison. « Mais c'est une simple question Neela. » Et quelle question embarrassante, encore une fois ! Son regard se reporta sur Felix, attendant qu'il réponde à toutes ses questions. Mon père était très méfiant, trop méfiant même envers l'homme que j'aimais. Il ne voulait pas faire confiance à sa fille, et avait l'air de douter sérieusement de la sincérité des sentiments de Felix. Il devait aussi penser que le petit ami de sa fille n'était pas assez sérieux et mature pour avoir une vie de famille. Je trouvais cela vraiment déplacé de sa part, mais au moins, c'était direct. Il voulait mettre les choses à plat, mais en contrepartie, il se mettait Felix à dos. Il le connaissait à peine, et déjà il cherchait la petite bête avec lui. J'avais vraiment envie de partir d'ici, pour le bien de Felix du moins. On ne pouvait pas dire que je lui avais fait un cadeau en lui proposant de rencontrer mes parents...
Sujet: Re: C'est aujourd'hui que tout se joue. • Neela Jeu 23 Mai - 14:50
J'imaginai déjà les questions de Carlie quand nous irions la rechercher dans la soirée... Elle allait nous bombarder de questions, enfin surtout moi, pour savoir comment j'avais trouvé papi et mamie, et comment eux m'avaient trouvé. Et actuellement, je ne savais pas trop quoi répondre. Heureusement, il me restait encore quelques heures pour trouver ces réponses aux futures questions de ma fille, mais aussi dans le meilleur des cas pour améliorer la situation qui restait assez tendue avec les parents de Neela. Alors que sa mère était partie dans la cuisine non loin de là, et pouvait donc entendre notre conversation, son père sembla tirer un trait sur l'altercation qui s'était déroulée au salon et vouloir repartir sur de bonnes bases. « Tout se passe bien sinon avec Carlie ? Vous vous entendez bien ? » J'avais à peine ouvert la bouche pour lui répondre qu'il enchaîna sur une autre question, qui me fit perdre l'espoir que la situation s'était améliorée. « Elle ne t'en a pas trop voulu de l'avoir laissée seule tout ce temps ? »
Étonné par sa nouvelle question lourde de sens, j'avais fermé la bouche, comme s'il m'avait tellement pris de court que je n'arriverai même pas à y répondre. Je me mordis légèrement la lèvre, comme pour détourner mon attention de cette conversation qui devenait de plus en plus insoutenable, et ainsi garder mon calme. Neela tenta de le raisonner. C'était une simple question apparemment. Et quelle question ! Sous-entendu, avait-elle eu la réaction d'une adolescente rebelle qui, découvrant soudainement son papa, lui avait lancé un immense “J'te déteste !” ? Heureusement que non. En tous cas, j'essayai de garder mon sang-froid, de ne pas m'énerver, parce que de toute façon cela ne servirait à rien qu'à créer une nouvelle rumeur d'homme qui ne sait pas se contrôler, et donc laisser libre cours à l'imagination du papa qui pourrait se dire "si ça se trouve, tu vas t'énerver contre elle un jour, et la frapper” etc etc. Cependant, il fallait aussi que je me défende, parce que je commençai à en avoir marre de ses sous-entendus, et je voyait que ça énervait Neela également.
« Tout se passe très bien. Et non elle ne m'en a pas voulu. Elle était heureuse de me connaître, et moi aussi d'ailleurs. Et elle n'était pas seule non plus, puisque Neela a été une super maman et l'est toujours aujourd'hui. »
Clair, net, précis... Dans la tête du papounet ! J'avais affiché un grand sourire sûr de moi, puis avais jeté un regard à Neela. Elle avait vraiment été à la hauteur pendant toutes ces années, et Carlie avait toutes les qualités possibles, que chaque parents rêverait pour sa fille. Elle était la petite fille parfaite, ma petite fille parfaite. Je savais combien la situation avait pu être difficile pour Neela, et en ressortait donc avec encore plus de mérite. Un soudain bruit de vaisselle attira mon attention, et je compris que sa mère nous écoutait attentivement, et qu'elle avait voulu reprendre ses activités culinaires comme si rien ne s'était passé.
« Et toi Neela, tu trouves qu'il se débrouille bien avec Carlie ? »
Cet homme avait-il une double personnalité ? Alors qu'il paraissait ravi de me voir apparaître sur le pas de sa porte, il nous bombardait maintenant de questions aussi gênantes les unes que les autres. Je ne doutai pas de la réponse de Neela, puisqu'elle m'avait déjà dit elle-même qu'elle trouvait que je me débrouillai bien dans mon nouveau rôle de papa, mais il aurait au moins pu lui poser cette question quand je n'étais pas là... Après tout, ils pouvaient penser ce qu'ils voulaient : ce qui m'importait était que Neela et moi soyons ensemble, avec Carlie, et que nous formions une petite famille idéale.
Sujet: Re: C'est aujourd'hui que tout se joue. • Neela Jeu 23 Mai - 17:41
« Tout se passe très bien. Et non elle ne m'en a pas voulu. Elle était heureuse de me connaître, et moi aussi d'ailleurs. Et elle n'était pas seule non plus, puisque Neela a été une super maman et l'est toujours aujourd'hui. » Le regard noir que j'envoyais à mon père s'était soudainement adouci en entendant Felix me complimenter par rapport à mon rôle de mère. Woaw, il venait de me toucher en plein cœur. Il est vrai que je m'étais beaucoup sacrifiée pour en arriver là, et donner une éducation, une vie exemplaire à Carlie, alors toute marque de reconnaissance, et surtout venant de Felix, me touchait particulièrement. Mon attention se reporta alors sur lui, et je lui souriais en signe de remerciement. Il est clair que nous étions des parents formidables et à la hauteur pour Carlie, malgré tout ce qui avait pu nous arriver par le passé. A présent nous étions tous les trois réunis pour de bon, et rien ni personne ne pourrait détruire notre magnifique famille.
Tout en écoutant la question de mon père, je plongeai un instant mes yeux dans ceux de Felix face à moi. En fait, je ne les avais pas quitté depuis qu'il m'avait félicitée. « Tu n'as pas à t'inquiéter pour ça. Felix est le père idéal pour Carlie, il me le prouve tous les jours. » Et je le pensais sincèrement. Tout comme la réponse précédente de Felix, celle-ci était claire, nette et précise. J'espérais qu'elle serait suffisante pour lui clouer le bec une fois pour toutes. Si j'avais pu embrasser Felix, je l'aurais fait, mais cela aurait été de la provocation vis à vis de mon père. A défaut de pouvoir l'embrasser, je continuai de le regarder amoureusement. Depuis plusieurs secondes je ne l'avais pas lâché des yeux, simplement pour lui faire comprendre que je l'aimais profondément, que je le soutenais à cent pour cent et que donc il n'était pas seul pour affronter les questions désagréables de mon père. Si l'intention de ce dernier était de faire fuir Felix, je n'allais pas longtemps rester l'adorable fille qu'il connaissait. Il croyait sérieusement que j'allais le laisser faire ? Le laisser détruire notre couple, notre famille que nous avions mis tant de temps à consolider ? Hors de question. « Tous les jours, mais depuis une semaine ! Enfin, Neela, ce n'est pas sérieux. Pardonne moi Felix mais tu es jeune, tu as quoi … vingt-cinq ans c'est ça ? Tu te retrouves avec une fille de dix ans à élever .. je veux dire, l'envie de sortir t'amuser avec tes amis jusqu'à pas d'heure, de profiter de ta jeunesse ne passe pas au dessus ? » Il avait demandé cela d'un ton méfiant, pour la énième fois, et il osait y inclure un 'ce n'est pas sérieux' qui voulait tout dire. Mon père se moquait de notre couple, il semblait même nous dévaloriser. En plus, il se permettait de faire mine qu'il connaissait approximativement l'âge de Felix, alors que je le lui avais clairement précisé, et plusieurs fois avant cette rencontre. Tout ceci montrait clairement qu'il le dénigrait, et pas à moitié. Il m'insupportai. Si j'avais su, j'aurais profité de cette journée de repos pour la passer seule à seule avec mon petit ami, elle n'aurait pas été perdue. Maintenant, il avait une image négative de mes parents, enfin surtout de mon père, qui lui avait vraiment tout gagné ! Mon visage prit soudain un air inquiet. C'est vrai, la jeunesse de Felix avait probablement été en partie gâchée à cause de l'annonce de l'existence de Carlie. Cela dit, il ne m'avait jamais fait part qu'il regrettait de ne pas avoir assez profité de sa jeunesse, nous n'avions jamais vraiment abordé le sujet, alors j'avais un peu peur qu'il me l'avoue aujourd'hui. Même si c'était le cas, je me disais qu'au fond, après tout ce que nous avions vécu ensemble depuis quelques semaines, il ne pouvait pas vraiment affirmer qu'il regrettait de nous avoir retrouvées, Carlie et moi.
De la cuisine, ma mère avait dû écouter toute notre conversation, mais jusque là elle s'était abstenue d'intervenir, trop occupée à cuisiner sûrement. Finalement, elle sortit de la pièce pour apporter l'entrée sur la table, et poser une main sur l'épaule de mon père, signe qu'il était temps pour lui de mettre fin à cette comédie ignoble. « Arrête … Je crois que si Felix vient nous rencontrer aujourd'hui, c'est qu'il tient à Neela et que c'est sérieux entre eux. Sinon il ne le ferait pas. N'est-ce pas ? » dit-elle en accordant un sourire à Felix. Ah, ma mère faisait enfin preuve de bon sens ! Elle avait pas mal de défauts, de petites manies parfois énervantes pour son entourage, mais à côté de ça, elle était une bonne mère. Je lui tendis un petit sourire plein de gratitude. Elle se mettait de notre côté, laissant mon père seul avec ses faux mauvais pressentiments, ce qu'il n'avait d'ailleurs pas trop l'air d'apprécier. J'avais vraiment l'impression désagréable que nous étions deux adolescents en couple qui se présentaient leurs parents respectifs, et mon père, derrière toutes ces questions, avait l'air de nous donner des leçons. Leçons que je n'appréciais guère recevoir de sa part. J'étais certes sa fille, mais j'avais trente-deux ans, je savais quelle fréquentation était bonne ou mauvaise pour moi. Avec Felix nous n'étions ensemble depuis une semaine, c'était pour l'instant fragile et tout nouveau, mais il y a un début à tout. Pourquoi ne pas nous prendre au sérieux et ne pas vouloir abandonner l'idée que notre histoire ne rime à rien ? Ce qui était certain c'était que si mon père continuait sur cette lancée pendant tout le repas, Felix allait à son tour perdre patience et être forcé de paraître désagréable pour se défendre. Ma mère prit sa place à côté de moi, et commença à faire le service, tandis que je voyais bien que mon père attendait quand même une réponse.
Sujet: Re: C'est aujourd'hui que tout se joue. • Neela Jeu 23 Mai - 20:09
Neela me renvoya un compliment sur mon rôle de père, un rôle tout nouveau auquel je pensais avoir du mal à m'habituer, mais cela s'était passé beaucoup mieux que je ne l'avais prévu. Outre le choc de l'annonce faite par Neela dans le petit bar d'Arrowsic, j'avais encore ruminé pendant deux ou trois jours le fait que j'avais maintenant une fille, une fille de dix ans, que j'avais donc eu à dix-sept ans, avec une femme qui m'était complètement inconnue à l'époque. En fait, je me demandai surtout comment j'annoncerai cela à mes parents... Et j'avais raison de m'inquiéter. Bien qu'ils étaient impatients de rencontrer Carlie et Neela, je m'étais pris une belle soufflante. Comme quoi, même à vingt-sept ans, les parents peuvent encore avoir une certaine autorité. J'avais eu le droit à tous les sermons possibles : "Mais t'es inconscient ou quoi ?", "Et comment tu vas faire maintenant hein ? Parce que tu peux compter sur moi pour pas te laisser passer à côté de l'éducation de ta fille Felix ! Tu m'auras aux fesses pendant des années encore s'il le faut, mais tu ne la laissera pas tomber encore une fois”, “Mais pourquoi t'es parti ? On t'as élevé comme ça ? À mettre les filles enceintes et à t'en aller comme un voleur en les laissant dans la... bref tu m'as compris” Ça, c'était pour mon père, assez énervé qu'un enfant de notre famille idéale ait enfreint quelques règles, notamment celle qui consistait à éviter d'avoir des enfants en étant encore un adolescent. Pour ce qui était de ma mère, c'était plutôt : “Mais... Mais c'était quand ta première fois mon chéri ?”, “Tu... Tu couches souvent avec des inconnues comme ça rencontrées dans un bar ?”. Bref, des questions gênantes, qui ne concernaient que moi mais dont ma mère voulait à tout prix connaître la réponse. Le père de Neela se chargea de poursuivre ce genre de remarques.
Oui j'étais jeune pour avoir une fille de dix ans, oui j'avais envie de voir mes amis. Et alors ? Je les voyais dès que possible, un peu moins qu'avant c'est sûr, mais ils avaient très bien compris la situation et le fait que je ne puisse pas sortir aussi souvent, et encore moins “amener Carlie avec moi”, comme l'un d'eux l'avait proposé. La mère de Neela revint de la cuisine en posant les entrées devant nous. Elle se rangea enfin de notre côté et, tout comme ma petite amie, je lui adressai un sourire reconnaissant. Mais son père ne semblait pas s'arrêter là. Il me regardait toujours avec insistance, désirant probablement une réponse claire et immédiate. Et il commençait à m'énerver. J'avais peur de sortir de mes gonds et de devenir un peu trop agressif. Ce ne serait pas quelque chose à faire, cela ne ferait qu'envenimer la situation. Je me contentai d'une réponse assez sèche.
« Vingt-sept ans. J'ai envie de voir mes amis, comme tout le monde je pense. Mais je les vois la journée, quand Carlie est à l'école et que Neela travaille, quand moi je suis en congé ou que j'ai terminé mon travail. Parfois je m'accorde une soirée, Neela fait la même chose. C'est une simple question d'organisation entre vie de famille et vie professionnelle. Et c'est du sérieux. Bon appétit.
Je commençai doucement à toucher à mon entrée, pensant qu'en mangeant, j'aurais peut-être moins de questions. J'étais toujours patient, poli, calme... Mais j'avais aussi un assez fort caractère qui consistait à encaisser les coups et les paroles qui ne plaisaient pas forcément. Au bout d'un moment, ce fort caractère ressortait en une sorte d'agressivité que je maîtrisais plus en moins en fonction de la situation. J'espérai juste pouvoir me contenter de cette réponse sèche que j'avais donnée, sans que mes mots ne dépassent ma pensée.
Sujet: Re: C'est aujourd'hui que tout se joue. • Neela Ven 24 Mai - 0:17
Visiblement, mon père n'avait pas l'air d'apprécier l'arrogance avec laquelle Felix avait répondu à sa question. C'est vrai que son intervention avait été froide et directe, mais c'était tout à fait approprié. Mon père l'avait fixé un long moment en fronçant les sourcils. Et oui, il n'avait plus dix ans, il savait se défendre et trouver les bons mots pour le remettre correctement à sa place. Ce qui avait l'air d'étonner mon père. Je m'étais raclée la gorge avant de demander à mon père : « On peut changer de sujet maintenant si ça te dérange pas ? » Je crois que ça aurait arrangé tout le monde, et évité que la table ne se transforme en champ de bataille. Malheureusement, il continuait de le dévisager, et ne me prêtai aucune attention, comme s'il n'avait pas entendu ma question. Mon père lançait un regard menaçant à Felix qui signifiait clairement 'tu vas voir toi, tu vas pas t'en sortir comme ça, petit con !' « Inutile d'être aussi désagréable. Bon appétit ! » Alors là, je ne savais plus où me mettre... Je passai une main sur mon front, lassée du comportement de mon père. C'était trop tard, j'avais beau m'interposer, mon père était déterminé à foutre cette rencontre en l'air. Quoiqu'il arrive à présent, Felix aurait une mauvaise image de mon père. Comment s'entendre avec lui alors qu'il avait été exécrable dès la première rencontre ? Comment oublier la tension qu'avait provoquée cette visite ? J'avais l'impression que mon père cherchait à défier Felix, comme s'il ne le croyait pas capable d'être un bon père, et un petit-ami sérieux. Ma mère me regardait d'un air désemparé, se demandant ce qu'il allait se passer, moi aussi. Elle lança un petit 'bon appétit', pratiquement inaudible à tel point elle était gênée. J'avais peur que ce repas, qui devait être un moment agréable à la base, ne se transforme en règlement de compte. Cependant, je voyais mal Felix devenir agressif envers mon père. Pourtant, il l'aurait mérité, je me demandais même comment il réussissait à garder son calme face à un tel énergumène. Personnellement, je me connaissais, et savais qu'à sa place, je n'aurais pas toléré cette attitude. En même temps, mon caractère était tel que je démarrais souvent au quart de tour, et ce n'était pas forcément la meilleure des solutions dans ce genre de cas, j'en avais eu la preuve plusieurs fois dans ma vie. Un silence insoutenable s'installa, seul le bruit des couverts résonnait dans la pièce. Je n'avais pas faim, mais me forçai quand même à manger, tout comme Felix.
En relevant la tête de mon assiette, je sentis une odeur de brûlé frôler mes narines. Je me disais intérieurement que ma mère avait dû oublier un plat dans le four, jusqu'à ce que je vois de la fumée surgir derrière Felix. « Maman, je crois que le rideau est en train de brûler... » Ah, je sentais tout à coup que l'envie fréquente de ma mère de poser des bougies parfumées un peu partout dans la maison allait lui passer, et définitivement. Elle avait eu la bonne idée d'en mettre une à deux centimètres du rideau bordant la fenêtre, c'était donc prévisible. « Oh mon dieu ! » s'écria t-elle en se levant d'un bond, faisant sursauter tout le monde. Mon père et Felix s'étaient immédiatement retournés pour observer la scène, et surtout la réaction de ma mère. Je l'avais vue prendre son verre de vin, et j'avais ouvert de grands yeux, effrayée. Ma mère et l'improvisation, c'était vraiment pas ça. Elle était tellement paniquée qu'elle aurait été capable de vider une bouteille de vodka entière sur le rideau si cette bouteille était tout ce qu'elle avait eu sous la main sur le moment. « Mais non, de l'eau ! » Je n'avais même pas eu le temps de me lever qu'elle était déjà dans la cuisine en train de remplir un récipient d'eau. Je trouvais d'ailleurs qu'elle mettait pas mal de temps à effectuer l'opération, vu l'urgence de la situation. Un verre d'eau aurait par exemple suffit à éteindre la flamme qui commençait à endommager sérieusement le tissu. Mais non, pas pour ma mère, qui cru préférable de dompter le feu en balançant une marmite d'eau entière sur le rideau, tout ce qu'elle avait trouvé sous sa main quoi. C'était toujours mieux que le vin. La flamme était bien éteinte, il n'y avait plus à s'inquiéter pour ça. Le sol par contre ressemblait maintenant à celui du Titanic. Elle avait littéralement inondé la pièce... « Ouh, qu'est-ce que j'ai eu peur ! » s'exclama t-elle en nous regardant tous d'un air complètement ahuri, posant une main sur son cœur et laissant pendouiller la marmite dans l'autre. On aurait dit qu'elle avait failli faire un arrêt cardiaque, elle était méconnaissable. Jamais je ne l'avais vue dans un tel état de choc.
Spoiler:
Bah quoi ? Il fallait bien que je fasse quelque chose de ces bougies !
Sujet: Re: C'est aujourd'hui que tout se joue. • Neela Ven 24 Mai - 20:19
Désagréable ? Moi j'étais désagréable ? Bon d'accord, j'avais peut-être répondu un peu trop sèchement à ses questions... Mais de nous deux ce n'était pas moi qui n'avait presque pas confiance en ma propre fille, au point de faire passer un test bourré de sous-entendus et d'accusations à son copain. Je ne comprenait toujours pas pourquoi il s'acharnait sur moi... J'avais laissé Neela, et indirectement Carlie, c'est vrai, mais je pense m'être déjà bien fait réprimandé par tout le monde autour de moi : mes parents, mes amis les plus proches qui mêlaient colère face à mon geste et excitation à l'idée de voir la bouille de Carlie, et maintenant les parents de Neela, et surtout son père. Sa mère semblait vouloir elle aussi calmer le jeu et faire cesser cette conversation qui devenait de plus en plus énervante, pour moi comme pour Neela je pense. Je remarquai plusieurs fois son regard à la fois exaspéré et inquiet, et j'avais essayé de mettre un terme à tout ça par ma réponse crue. Ça n'avait pas marché... En tout cas, ça aurait pu être la fin de toute cette histoire, mais je ne pouvais pas laisser son père me faire cette remarque sans rien répliquer. Il me cherchait. J'avais même l'impression qu'il le faisait exprès pour tester mes réactions, pour voir si j'allais m'emporter vraiment à un certain moment, et cela serait peut-être déterminant pour son avis sur moi. J'avais à peine avalé une bouchée de mon entrée que je repris la parole, soudainement très inspiré et me laissant aller à ce que je ressentais, parlant donc sans vraiment réfléchir à mes paroles, simplement en exprimant mes sentiments.
« Je ne suis pas désagréable, j'essaie juste de me défendre face à vos questions pleines d'insinuations. Je pense que vous avez pas mal de questions qui vous travaillent, alors si vous permettez que j'y réponde une fois pour toute : j'aime Neela, plus que tout, j'aime Carie, plus que tout également. Oui je regrette d'être parti il y a dix ans, et je m'en veux toujours, même si Neela m'a pardonné. C'était une erreur de jeunesse on va dire. Vous pouvez donc me confier votre fille, puisque je ne la laisserai jamais tomber. Est-ce que j'ai répondu à toutes vos questions et vos inquiétudes ? »
J'avais soudainement changé de comportement, tentant d'être plus aimable, et moins aigri que tout à l'heure. Mais en même temps, je gardai ma franchise habituelle. Je n'avais pas l'habitude de créer et surtout de vouloir des conflits. J'étais toujours persuadé que je pouvais bien m'entendre avec son père, si lui aussi y mettait du sien et essayait de comprendre un peu situation, au lieu de considérer que j'avais toujours dix-sept ans, qu'il avait le dessus sur moi et que je n'étais pas sérieux et mature. Il me prenait encore pour un enfant, je le savais, persuadé qu'il pourrait me dire ce qu'il voulait et que je m'écraserai comme un élève qui ne répond jamais à son professeur. Sauf que ça avait beau être mon éducation, ce n'était pas vraiment mon caractère. Et le caractère reprend toujours le dessus. J'avais à peine terminé ma phrase et mangé une tomate dans mon assiette que Neela souleva le fait que le rideau était en train de brûler. Je me retournai brusquement en voyant sa mère se lever. J'écarquillai les yeux en la voyant se diriger vers la fenêtre avec son verre de vin. Euuh... Je n'eus le temps de rien dire, Neela me devança en lui disant de faire ça avec de l'eau. Sa mère repartit dans la cuisine, remplissant une sorte de grand seau. Ça prenait un temps fou, et les flammes grandissaient sur le rideau. Je me tournai de nouveau vers la table à la recherche d'eau, je regardai autour de moi, mais n'en trouvais pas. Finalement, elle lança le seau sur le rideau et le feu s'éteignit. Si j'avais vraiment voulu avoir l'âme d'un poète, j'aurais trouvé une signification à ce feu : le feu en tant que notre conversation plutôt mouvementée avec le père de Neela ; et la fin de ce désastre comme un retour au calme, un père plus compréhensif et qui avait compris que cela ne servait à rien de s'inquiéter pour sa fille. mais je remarquai pour le moment que la mère de Neela paraissait bien choquée par ce qui venait d'arriver. Elle avait la main posée sur son cœur et respirait bruyamment.
« Vous allez bien ? ... Je vais vous aider à nettoyer tout ça. »
Je me levai de ma chaise et allait vers sa mère et la fenêtre, essayant tant bien que mal de ne pas marcher dans l'eau et donc de ne pas en rajouter un peu partout.
Spoiler:
Tu m'as fais rire avec ton feu xD Non mais on pourrait écrire un bouquin avec tout ce qui leur arrive, on pourrait l'appeler “Anthologie de nos journées pourries” mdr Je sors de cours de lettres, je suis fière de la signification abstraite que j'ai trouvée au fait de balancer un seau d'eau sur un rideau xD
Sujet: Re: C'est aujourd'hui que tout se joue. • Neela Ven 24 Mai - 22:37
Felix se leva pour demander à ma mère si elle allait bien. Vu sa tête, je crois qu'elle ne savait même pas elle-même. « Oui … je ... je crois. » Elle avait l'air complètement déboussolée et le regard dans le vide, comme si elle venait de voir un fantôme ou de faire un malaise. Oui, sa jolie maison avait bien failli partir en fumée à cause d'une bougie parfumée, elle était visiblement en train d'en prendre conscience. En fait, je me rendais compte que le petit nuage gris plein de poisse avait touché toute ma famille, il nous avait même attaqués sur plusieurs générations. « Maman t'es sûre que ça va ? » Elle hocha la tête en me rendant la marmite, mais je voyais bien qu'elle était encore toute chamboulée, et je ne pouvais pas m'empêcher de lancer un sourire amusé à Felix. Il devait se demander dans quelle famille il était tombé, le pauvre ! « Il faudrait vraiment que tu arrêtes avec les bougies, c'est une vraie addiction là ! » lui conseillais-je en riant, ce qui n'avait pas l'air de la détendre davantage. Elle finirait bien par s'en remettre tôt ou tard... Je pataugeai un peu dans l'eau jusqu'à arriver dans la cuisine pour prendre des éponges et un sceau. Je les donnai ensuite à Felix et à mon père pour qu'ils m'aident à nettoyer les dégâts. J'avais voulu solliciter ma mère, puis finalement, en observant l'expression de son visage, j'avais décidé de la laisser se remettre doucement de ses émotions, c'était préférable. Immédiatement, nous nous dépêchions d'éponger toute l'eau qui s'était déversée dans la pièce avant qu'elle ne finisse par arriver dans le salon. Ma mère s'était assise à la table, perdue dans ses pensées. Alors que j'étais en train d'essorer mon éponge dans le sceau, je souris à Felix qui faisait la même chose en face de moi. Il venait chez mes parents pour la première fois, et le voilà au ras du sol en train de faire le technicien de surface avec mon père dans la maison. La situation aurait bien pu me déclencher un fou rire, mais je me contentais d'afficher une mine fort amusée. « Ça, c'était pas au programme ! » Je lui accordais un sourire crispé, signifiant que j'étais gênée qu'il soit obligé de faire ça chez mes parents. Ce n'était pas vraiment son rôle. Pourtant, nous pouvions remercier ma mère, parce que grâce à elle, cette tension entre mon père et Felix qui avait atteint son paroxysme venait de s'apaiser d'un coup.
Quelques secondes plus tard, mon père s'approcha de lui pour lui glisser un : « C'était tout ce que je voulais entendre Felix. » Pour une fois, son ton était devenu beaucoup plus doux. Dommage qu'il avait fallu en arriver là... Enfin, mon père prononçait le cessez-le-feu entre lui et Felix. Oui, cessez-le-feu, c'était le cas de le dire, et ma mère s'en était chargée à sa manière. Bref, il avait répondu à la question de Felix, un peu tard, mais il y avait répondu quand même, et avec un mince sourire. Que demander de mieux ? Certes, il aurait pu lui en parler d'une autre façon, et surtout dans d'autres conditions, mais le principal était qu'il semblait enfin rassuré. Finalement, je m'étais redressée pour aller vider le sceau d'eau dans l'évier de la cuisine, et à peine étais-je entrée dans la pièce que j'entendis mon père poursuivre : « Excuse-moi si je t'ai agacé, mais tu sais, je veux pas qu'elle souffre une seconde fois, je tiens tellement à elle et puis je connais Neela, elle le supporterait difficilement. Je compte vraiment sur toi pour la rendre heureuse. » Agacé ? Le mot était faible, mais au moins, il reconnaissait son manque de respect envers Felix. Il n'avait pas vraiment tort sur le fait que j'accepterai difficilement, voire même extrêmement difficilement de devoir mettre un terme à notre relation, mais Felix était un être humain, il pouvait très bien ne plus m'aimer un jour, et dans ce cas, je l'accepterai, du moment qu'il soit heureux. Oh, je connaissais mon père, même si Felix venait de le rassurer sur le fait qu'il ne comptait pas s'amuser avec mes sentiments, il continuerait de douter. C'était plus fort que lui. Après tout, il le connaissait depuis à peine une heure, et je savais que ce qu'il attendait, c'était des preuves. Parce que jusqu'à présent, mon père n'en disposait d'aucune susceptible de lui faire croire que ce garçon qui se présentait là était sérieux et capable d'assumer durablement une telle relation avec sa fille. J'ignorai quand il cesserait enfin de douter de tout ça, mais songeai qu'il allait sûrement se rendre compte de la bonne foi de Felix avec le temps. En tout cas, ce n'était pas les inquiétudes de mon père qui allaient me dissuader de continuer ma vie avec Felix, loin de là.
Ma mère nous avait plusieurs fois proposé de nous aider, mais chacun notre tour nous lui affirmions qu'elle devait rester assise pour l'instant. Le rideau était déjà brûlé, la salle à manger inondée, il ne manquait plus qu'elle tombe dans les pommes ! Finalement, avec l'aide de Felix et de mon père, le sol de la pièce fut rapidement sec, et nous pouvions enfin retourner à notre entrée. Enfin, avant, je m'étais chargée d'éteindre toutes les bougies qui brûlaient encore dans la maison. Avec la chance que nous avions dans cette famille, une seconde allait bien encore enflammer quelque chose au cours du repas, alors mieux valait prévenir que guérir. J'étais retournée à table, en espérant que la malchance n'allait pas encore nous frapper. « Un peu plus et ma maison était réduite en cendres ! » s'exclama ma mère, qui semblait reprendre ses esprits petit à petit. « Oui, heureusement que tu es arrivée avec ta marmite d'eau maman, tu nous as sauvé la vie ! » plaisantais-je en la regardant. Une fois que tout le monde eu terminé de manger, elle débarrassa les assiettes, et je la suivis dans la cuisine pour l'aider à apporter la suite.
Spoiler:
T'es trop forte ! Tu vois finalement en écrivant un rp tu révises ton cours en même temps, c'est formidable !
Sujet: Re: C'est aujourd'hui que tout se joue. • Neela Sam 25 Mai - 13:13
Sa mère n'avait pas l'air très bien. Elle finit par aller s'asseoir à table tandis que nous étions à trois à éponger le sol et à essorer nos éponges dans le grand seau qui avait servi à éteindre le feu. J'arrivai face au seau en même temps que Neela. Ça n'était peut-être pas prévu au programme, mais ça avait au moins permis de mettre un peu d'animation et de détendre par la suite l'atmosphère, puisque nous unissions nos forces pour sécher le sol ! J'étais en train d'essorer mon éponge quand j'adressai un petit clin d'œil à Neela.
« Ça aurait pu être plus excitant dans d'autres circonstances. «
C'est dans ce genre de moments que l'on pouvait voir que Neela m'avait terriblement manquée pendant toute cette semaine, et que je n'avais qu'une seule envie : passer mon temps à l'embrasser et l'avoir contre moi. Son père arriva derrière moi. C'était tout ce qu'il voulait entendre. J'écarquillai de nouveau les yeux. Je réalisai finalement qu'il parlait de mon petit monologue d'avant l'incident du rideau et non pas de ce que je venais de dire à Neela. Cette dernière s'en alla dans la cuisine pour vider le seau qui était plein aux trois-quart. Nous en avions enfin terminé avec le tsunami ! « Excuse-moi si je t'ai agacé, mais tu sais, je veux pas qu'elle souffre une seconde fois, je tiens tellement à elle et puis je connais Neela, elle le supporterait difficilement. Je compte vraiment sur toi pour la rendre heureuse. »
Le rendre heureuse : c'était bien mon intention. Je ne voulais que son bonheur, je voulais la protéger... Bref, en à peine quelques semaines, elle était tout pour moi. J'avais tellement changé en si peu de temps, délaissant pas mal mes anciennes habitudes de dragueur et d'accro aux petites aventures, que certaines de mes amis me disaient que j'étais “cul-cul”. C'était toujours agréable... je ne suis pas cul-cul, je suis juste amoureux. Cela ne faisait pas très longtemps que je connaissais vraiment Neela, que nous étions ensemble, mais j'étais déjà persuadé que notre histoire aller durer... pour le plus grand bonheur de Carlie, et le mien aussi ! Je pris Neela par le bras lorsqu'elle revint de la cuisine pour l'attirer à mes côtés.
« Ne vous inquiétez pas pour ça ! Elle n'est pas prête de se débarrasser de moi ! »
J'affichai un grand sourire, ravi que la situation se soit enfin améliorée et calmée. Nous étions finalement retournés à table. Traçant des petits ronds avec mon doigt sur la nappe d'un air innocent, je jetai un petit regard à Neela tout en souriant.
« Ça me rappelle une certaine personne qui s'est faite arrosée au champagne... N'est-ce pas Neela ? »
Je la revoyais au restaurant. Un peu comme dans les films, je voyais le plateau se pencher au ralenti, puis les coupes se briser en mille morceaux. Ce le moment, j'étais entre étonnement et peur. Mais avec du recul, cette situation était plutôt amusante car elle représentait bien le petit nuage de poisse qui volait au-dessus de Neela... et au-dessus de sa famille aussi apparemment.
Sujet: Re: C'est aujourd'hui que tout se joue. • Neela Sam 25 Mai - 17:50
Me débarrasser de Felix, il fallait vraiment que je sois inconsciente pour vouloir une telle chose ! Apportant le repas avec ma mère, je m'étais ensuite assise à table, et Felix prit la parole. « Ça me rappelle une certaine personne qui s'est faite arrosée au champagne... N'est-ce pas Neela ? » Je ris doucement en le regardant faire une petite allusion à notre dernière soirée au restaurant, soirée qui avait été vraiment romantique, mais cependant bourrée de petits obstacles qui n'avaient pas manqués de nous faire rire. Heureusement, ma mère n'avait pas éclaboussé Felix en jetant cette énorme quantité d'eau sur le rideau pourtant juste derrière lui. Il y avait échappé cette fois-ci ! Ah, l'atmosphère se détendait enfin, je me sentais beaucoup plus à l'aise, et avait même retrouvé le sourire. « Oh oui. Il faut qu'on vous raconte... Felix et moi on est allés dîner au Jack's lounge la semaine dernière, et un abruti s'est levé de sa chaise sans regarder autour de lui. Le pauvre serveur qui arrivait juste derrière lui est évidemment rentré dedans avec son plateau... Plateau qui portait nos coupes de champagne, coupes de champagne qui se sont écrasées sur nous, enfin surtout sur moi. » J'avais plutôt bien résumé la scène. D'ailleurs, évoquer tout ça m'avait donné une soudaine envie de parler, et de raconter toutes nos péripéties à mes parents, mais j'étais un peu trop vite partie sur ma lancée. « Et plus tard dans la soirée, je me suis coincée ... » 'les cheveux dans la braguette de Felix', voilà ce que j'étais censée dire, mais je vis que Felix ouvrait de grands yeux inquiets en face de moi l'air de dire 'ah non mais tais-toi là par contre !' … Je m'étais donc stoppée quelques secondes, le temps de comprendre où il voulait en venir, et heureusement je réalisa à temps que je m'apprêtai à raconter quelque chose d'assez gênant, quelque chose que mes parents n'avaient pas forcément besoin de savoir. Neela ou la reine des boulettes. Heureusement que Felix et moi étions habitués à communiquer rien qu'avec les yeux, et que nous nous comprenions parfaitement de cette façon ! Effectivement, il était temps que je m'arrête là. Je n'aurais d'ailleurs même pas dû commencer, mais c'était trop tard. Malheureusement, mes parents attendaient la suite impatiemment, tandis que je lançais un sourire crispé à mon amoureux. « Tu t'es coincée quoi dans quoi ? » demanda mon père, légèrement amusé par la situation. Je n'étais pas sûre qu'il ai déjà tout compris, mais en tout cas, il avait l'air d'humeur taquine tout à coup. Ma mère, elle, s'était arrêtée de manger pour m'écouter attentivement. Bien trop peu inspirée sur le moment pour trouver une autre suite à ma phrase, je m'étais contentée de dire : « Heu … heu non rien en fait. » Je ne tenais pas vraiment à ce que mes parents s'imaginent mes ébats avec Felix, alors j'en étais restée là, un sourire immense aux lèvres. Je revoyais la scène dans sa chambre où je déboutonnais doucement les boutons de sa chemise, jusqu'à ce qu'une mèche de mes cheveux s'emmêle dans sa braguette alors que je m'attaquais au tout dernier d'entre eux. Si j'avais raconté ça à mes parents, ils se seraient intérieurement demandés pourquoi j'étais descendue aussi bas, en auraient très vite fait leur propre interprétation, et inutile de dire que je serais automatiquement devenue aussi rouge qu'une écrevisse. Je ne pouvais pourtant pas m'empêcher de sourire en me remémorant ce moment inoubliable de la soirée, et surtout la douleur que m'avait fait subir Felix en arrachant d'un coup sec la fameuse mèche pour que nous retournions enfin à notre occupation.
Nous dégustions tous le plat de ma mère, et il y eu un silence durant lequel je cru que je m'étais sortie de mon propre pétrin. « Et donc après ça tu étais trempée Neela ? » Mon dieu, mon père avait décidé de détendre l'atmosphère, mais pour le coup il en faisait vraiment trop, et j'étais mal à l'aise. « Ah oui complètement ! Mais ça a vite séché ! » Je lui tendis un sourire naturel, n'ayant pas pensé une seule seconde qu'il interpréterait autrement cette réponse. « Oui, je me doute... » dit-il doucement le sourire aux lèvres tout en jetant un regard à Felix à côté de lui. Je relevais la tête vers mon père, la bouche entrouverte. Qu'était-il en train d'insinuer encore derrière ce 'je me doute' ? Une chose était sûre, il allait s'entendre à merveille avec le père de Felix, parce que tous les deux avaient à peu près le même sens de l'humour, toujours assez porté sur la chose d'ailleurs... Ma mère, légèrement prude sur les bords, le frappa avec sa serviette après avoir affiché une mine outrée. « Oh ! L'écoutez pas ! » ce qui ne perturba pas plus mon père, qui éclata de rire subitement comme s'il s'était retenu depuis une demie-heure.
Spoiler:
Ça se dit coach, et ça donne même pas l'exemple ! mais t'inquiète c'est très bien ! Moi c'est vraiment pourri par contre désolée
Sujet: Re: C'est aujourd'hui que tout se joue. • Neela Dim 26 Mai - 11:45
J'aurais même rajouté, en plus d'abruti, crétin. Bien qu'il s'était excusé, le client qui avait renversé le plateau semblait plutôt être sur le point de se prendre un bon fou rire plutôt que de se sentir réellement gêné par la situation. Neela avait bien résumé cela, je re-visualisais bien la scène. Il s'était passé tellement d'aventures durant cette soirée, des aventures qui semblaient n'arriver qu'à nous, enfin à Neela surtout, qu'elle était bien partie pour raconter plusieurs anecdotes plutôt drôle. Il y a encore quinze minutes, nous n'aurions même pas osé lancer ce genre de conversation. Neela recommença une nouvelle histoire... mais j'ouvris grands les yeux, lui faisant comprendre qu'elle ne devait surtout pas avouer ce dont elle allait parler. Disons que la situation dans laquelle elle s'était coincée... les cheveux dans ma braguette... était plutôt intime... Neela me lança un sourire un peu forcé, mais son père relança la conversation. Ah. Coincée euh... Qu'est-ce qu'elle aurait pu se coincer d'autre que ses cheveux dans ma braguette ? Alors qu'elle avait stopper la conversation, ou du moins tenté de la stopper, je me décidai quand même à donner une réponse à ses parents pour essayer de diminuer les soupçons.
« Euuh... en fait elle s'est coincée la main dans la porte de ma chambre. »
Je réalisai ensuite que ce que je venais de dire n'était pas forcément la bonne solution. Ma chambre. Bien vu Felix. Comment augmenter les insinuations douteuses. Pourtant, ses parents ne semblèrent pas relever. Enfin pas ce que je venais de dire en tous cas. « Et donc après ça tu étais trempée Neela ? » Et Neela qui répond encore par l'affirmative... Je lui adressai un nouveau regard un peu étonné, ayant fortement envie de me cacher sous la première chose qui serait près de moi. Son père me regarda avec un petit sourire plein de sous-entendus et j'essayai d'éviter son regard. Bien qu'il se prit un coup de serviette sur la tête, il éclata de rire et en rajouta une petite couche en gardant un grand sourire.
« Et donc, tu étais trempée dans sa chambre ? C'est bien ça ? »
Mon Dieu... Comment allait-on se sortir de là ? Son père trouvait toujours des choses à rajouter, bien que sa mère lui donnait des coups, plus ou moins discrètement, pour essayer de le faire arrêter. Je me raclai la gorge, l'air de rien, plantant ma fourchette dans mon assiette. Telle mère telle fille : les reines des boulettes et des situations gênantes ! Mais je les aimais quand même mes deux princesses. Cherchant un autre sujet de conversation, je finis par me souvenir de notre petite virée à la plage avec mes parents.
« Le lendemain, quand on est allés chez mes parents, elle m'a d'abord poussé dans la mer, et ensuite elle m'a essoré sa robe sur la tête. »
J'adorai la taquiner. Je lui avais adressé un regard à la fois complice et choqué par son geste, alors que je ne l'étais pas du tout. Enfin je l'étais sûrement un peu sur le moment, quand même...
Sujet: Re: C'est aujourd'hui que tout se joue. • Neela Dim 26 Mai - 18:31
'Coincé la main dans la porte', aurait amplement suffit. Ah, si Felix commençait à s'y mettre lui aussi, on était pas sortis de l'auberge ! Surtout que pour se coincer la main entière dans la porte, il fallait vraiment en vouloir... Finalement, je m'étais rendue compte que plus on en disait, et moins on s'en sortait. « Et donc, tu étais trempée dans sa chambre ? C'est bien ça ? » Révoltée par le comportement de gamin de mon père, j'avais posé mes couverts brusquement. « Papa ! » Je me demandais quel âge il avait dans sa tête pour en arriver à faire toutes ces insinuations. Même moi je n'avais pas l'esprit aussi mal placé que lui, et je me demandais d'ailleurs où il allait chercher tout ça, parce que ce n'était pas ma mère qui devait l'inspirer beaucoup à ce niveau là. A croire que l'extinction du feu sur le rideau l'avait complètement transformé. Il était passé du papa aimable comme une porte de prison au papa joueur et presque sympathique en une minute. Voulait t-il remonter dans l'estime de Felix ? En tout cas, si tel était le cas, il s'y prenait plutôt maladroitement.
Felix faisait exprès d'en rajouter, et à l'écouter, c'était moi la coupable sur toute la ligne. Je lui répondis en ouvrant la bouche, scandalisée mais en même temps amusée par sa façon de se victimiser devant mes parents. Il voulait jouer ? Nous allions jouer. « Mais il l'avait mérité... » lançais-je à Felix en le regardant avec insistance et complicité tout en affichant un petit sourire. Oui, si je l'avais poussé gratuitement dans l'eau, l'essorage de ma robe sur la tête, lui, il l'avait mérité, et il le savait. Il avait failli mettre à l'eau notre plan 'Carlie doit attendre que nous soyons qu'à trois pour lui annoncer qu'on est ensemble' en m'appelant 'chérie' juste devant elle. Heureusement aujourd'hui elle était au courant, et la vie était devenue beaucoup plus simple pour elle comme pour nous. « Tu lui as essoré ta robe sur la tête ? Mais Neela tu étais nue sur la plage ? » Mon père faisait semblant de ne pas comprendre que je m'étais non pas retrouvée nue mais en sous-vêtements, il tournait toujours les choses de façon à nous mettre mal à l'aise, moi et Felix. Finalement, Carlie n'était pas là, mais mon père avait pris sa place, il se chargeait pour elle de nous tourmenter. Vu son sourire moqueur, j'avais bien deviné qu'il avait encore envie de nous titiller, mais cette-fois ci j'avais décidé de rentrer dans son jeu pour espérer y mettre fin. Je poussai un long soupir, puis pris un air plus sérieux pour oser lui répondre : « Oui on aime bien avec Felix, c'est notre truc … Ça te pose un problème ? » Là, je ne voulais même pas jeter un œil à Felix, j'imaginais déjà la tête qu'il devait faire de là où il était, et ce qu'il devait penser. Le sourire taquin de mon père s'estompa aussitôt, il ne s'était probablement pas attendu à ce genre de réponse venant de sa fille. Je l'avais complètement scotché sur place. Cependant, j'avais oublié ma mère, qui venait juste de mettre une bouchée de viande dans sa bouche. « Mais enfin on t'as pas élevée comme ça ! » Ma mère gobait vraiment tout ce qu'on lui disait. La sainte-ni-touche refaisait surface, et j'avais dû mettre fin au suspens plus tôt que prévu avant qu'elle ne s'étouffe. « Je plaisante maman, calme toi... » Elle fut rassurée, mais apparemment choquée par l'image que j'avais pu lui envoyer de notre couple. Non, le naturisme n'était pas trop notre tasse de thé.
Je pensais avoir mis un terme à cette comédie ridicule, mais mon père, comme nous en avions d'ailleurs pris l'habitude, en avait décidé autrement. « Felix, tu t'es défendu j'espère ? » demanda t-il en se retournant vers lui. « Il faut pas te laisser faire tu sais... » Mon père me lança un regard accusateur l'air de dire 'elle est coriace celle-là il faut se méfier'... Merci beaucoup papa ! Quel père protecteur en effet, il était vraiment exemplaire ! Felix affichait une mine fière, apparemment satisfait que je sois devenue la grande méchante de l'histoire aux yeux de mon père. Décidément, ils se mettaient tous contre moi maintenant, sans que je comprenne pourquoi. Je les regardais tour à tour, un peu perplexe et faisant semblant d'être vexée. J'attendais impatiemment la réponse de Felix avec un petit sourire amusé en coin, et ne le lâchais pas des yeux. Allait-il continuer de comploter contre moi avec mon père ? Ce repas était vraiment un cirque, on aurait dit des enfants se chamaillant à la cantine, changeant de bouc-émissaire toutes les minutes.
Spoiler:
Ah je t'ai pas dit ? Je suis la fille de Sofia Coppola en fait ! xD La grosse blague
Sujet: Re: C'est aujourd'hui que tout se joue. • Neela Dim 26 Mai - 21:07
Neela avait finit par hausser un peu le ton histoire de calmer son père. J'avais eu une ou deux fois envie de le faire, mais étant donné que je venais de me réconcilier avec lui, j'ai deviné qu'il valait mieux éviter de faire garçon autoritaire face aux parents de sa copine. Il se calma un peu. Parfois, il me faisait penser à mon père, qui ne nous avait pas non plus vraiment aidé la dernière fois, alors que nous essayions de trouver une excuse et une histoire valable pour que Carlie ne nous croit pas ensemble, et simplement sortis d'un spectacle où nous nous étions endormis. J'avais d'ailleurs profité de ce petit répit pour changer la conversation, en “accusant” Neela de m'avoir essoré sa robe sur la tête lorsque nous étions allés à la plage avec mes parents. J'étais en train de boire lorsque Neela répondit à la question de son père. Je failli recracher ce que j'avais dans la bouche. J'hésitai en réalité entre rire de la situation, car j'avais su détecter l'ironie dont elle avait fait preuve, et prendre réellement une mine étonnée. J'avais plutôt opté pour la deuxième solution, craignant un peu la réaction de ses parents. Oui, nous étions adeptes du naturisme ! Nous adorions nous promener nus dans la plage... Je lui avais jeté un regard qui lui demandait clairement pourquoi elle avait répondu cela, mais elle ne me regarda pas.
« Ne vous inquiétez pas, vraiment. Je suis plus tendance plaid triple épaisseur parfois que naturisme. Et puis j'ai rien mérité du tout ! C'était mignon en plus... »
J'affichai un petit sourire sûr de moi. Après tout, bien que peu frileux, j'avais souvent un plaid qui traînait sur mon canapé. Ce sourire s'était vite dissipé en mine enfantine attristée. Après tout, je l'avais appelée “chérie”, et on peut même interpréter le fait que je regardais à travers sa robe blanche, devenue transparente sous l'effet de l'eau, par un regard terriblement amoureux. Ce qui n'était pas totalement faux. Son père me demanda si je m'étais défendu. Je gardai cette mine triste pour lui répondre.
« Je n'ai même pas eu le temps, elle a filé tout de suite avec ma mère ! Mais même si j'avais eu le temps, je la laisse toujours tout faire. »
Je souris doucement en regardant Neela. En fait, je l'aimais tellement qu'elle pouvait vraiment tout faire... depuis seulement une semaine, mais tout faire quand même. Et puis je n'étais pas du tout le genre de copain ultra possessif qui empêchait sa copine de sortir car il avait peur qu'elle ne se fasse draguer par le premier garçon qui venait. J'étais jaloux, mais pas possessif. Disons qu'un homme qui la collait un peu trop aurait sûrement affaire à moi.
« Impose-toi mon garçon ! Mais bon, c'est vrai que les femmes... Les femmes... »
Il jeta un regard à sa propre femme, un regard plutôt complice et amoureux. Il fallait avouer que les couples encore amoureux et pas sur le point de divorcer étaient plutôt rares de nos jours... Autant en profiter ! Et puis j'espérai que cela durerait entre Neela et moi. C'était même certain. Elle était la femme de ma vie.