“ It's about a girl who is on the cusp of becoming someone.. A girl who may not know what she wants right now, and she may not know who she is right now, but who deserves the chance to find out. „

« Dis maman, il est où papa ? » J’avais à peine 8 ans alors que je posais cette question à ma mère qui me regarda avec un vague sourire. De toute évidence elle n’était pas très heureuse que je lui pose cette question et elle mit d’ailleurs du temps pour me répondre. Sans doute était-elle en train de réfléchir à la meilleure façon de me dire quelque chose. Je continuais de la fixer droit dans les yeux attendant sa réponse. J’avais un petit visage d’ange, on me le disait souvent en tout cas lorsque j’étais petite et il faut dire que mon comportement futur ne pourra que me faire continuer à avoir ce surnom. Mais enfin nous n’en sommes pas encore là. Nous étions devant la télévision ma mère et moi et celle-ci venait d’ailleurs de reporté son regard sur le téléviseur et j’en venais à me demander si elle allait me répondre ou simplement se taire et continuer à regarder la télévision. Elle finit par retourner son visage vers moi et elle m’approcha d’elle avec son bras tout en me disant. « Ton père est parti pour quelques temps, il ne reviendra sûrement pas ma chérie ! » Je regardais alors ma mère avec mon petit air innocent et je fronçais les sourcils. « Il est parti avec la dame qui est venue l’autre jour avec lui ici ? » « Oui exactement ma chérie. » « Mais pourquoi il nous a laissée toute seule, c’est qui cette dame ? » Je ne me rendais pas compte que je commençais à poser un peu trop de questions, mais en même temps c’était l’âge pour ça.. Toujours demander pourquoi et attendre des réponses précises. Ma mère savait bien que j’aimais toujours savoir pourquoi les choses se passaient ainsi et en règle général elle avait toujours su me répondre, mais cette fois-ci elle ne semblait pas vraiment avoir envie de me répondre et à mon âge je ne comprenais encore pas vraiment pourquoi. « Ton père est heureux où il est maintenant, il en avait besoin et toutes les trois on va continuer notre petite vie sans problème, d’accord ? » « Mais je ne vais plus jamais le revoir ? » « Ca ma chérie c’est à ton père de décider, mais je suis sûre qu’il viendra te rendre visite à plusieurs reprises, il n’est pas parti si loin que ça il ne faut pas t’en faire. » Je regardais alors ma mère avec un petit sourire et puis je reportais mon regard sur la télévision. « Moi je suis sûre qu’il reviendra, il nous aime trop papa pour pas revenir de toute façon ! » Ma mère afficha un sourire et me caressa gentiment les cheveux. Elle n’ajouta rien et se contenta de sourire en regardant la télévision. Sans doute trouvait-elle mignon l’espoir que j’avais alors qu’elle savait très bien que ça n’allait pas se passer comme ça. En tout cas je continuais de regarder la télévision avec le sourire aux lèvres et ma mère me prenait dans ses bras. Un bruit se fit ensuite entendre. « Et voilà terminé mes devoirs. » Je tournais la tête et affichais un sourire, Heather ma grande sœur venait d’arriver dans le salon et elle s’assit de l’autre côté de ma mère afin de regarder la télévision avec nous.

Voilà ce à quoi ressemblait ma petite famille, mes parents ont divorcé alors que j’avais sept ans et il m’a fallu pas mal de temps pour comprendre que je ne verrais plus beaucoup mon père, ou plutôt il me fallut beaucoup de temps pour l’accepter, mais heureusement je finis par y arriver. J’allais passer le reste de ma vie avec les deux filles qui se trouvaient à mes côtés sur ce canapé. Ma grande sœur était comme un modèle pour moi et je m’entendais tellement bien avec elle que je ne pouvais pas du tout m’imaginer d’être séparée d’elle un jour. Et puis ma mère et bien c’était une femme forte avec beaucoup d’ambition, elle a toujours su ce qu’elle voulait et elle s’est toujours battue pour arriver au bout de ce qu’elle entreprenait. C’était donc également un modèle pour moi. A l’école j’ai toujours été très sage, je me faisais des amis très facilement, mais au final la seule personne à qui j’aimais parler c’était ma grande sœur qui m’a toujours énormément apporté. Et puis j’avais une certaine soif d’apprendre qui impressionnait ma mère. Je posais toujours énormément de questions et parfois sur des sujets dont je n’étais pas encore censé connaître la moitié. Mais j’ai toujours été comme ça, dès que quelque chose m’intéressait je me sentais obligée d’aller chercher plus loin, de poser des questions et en grandissant j’ai finis par apprendre à me renseigner par moi-même. Avec internet ou des bouquins, j’arrivais toujours à trouver mon bonheur et c’est comme ça que j’ai acquis une immense culture générale ainsi que mon intelligence. Mais c’est aussi comme ça que je suis devenue beaucoup trop curieuse et suivant pour quoi je peux vous assurer que ce n’est pas un avantage. Mais enfin j’étais comme ça, je devenais peu à peu une petite intello, ma grande sœur n’était pas vraiment comme ça elle, elle avait 2 ans de plus que moi et quand elle a commencé à arriver à l’adolescence elle ne travaillait plus vraiment pour ses cours et a commencé à se rebeller, si on peut dire ça comme ça. Je ne comprenais pas vraiment ce qui lui prenait. Pour moi il n’y avait rien de très embêtant dans l’école, mais ma sœur préférait passer du temps avec ses amis. Elle commençait en plus à avoir un petit copain. Un type pas très louche à mon avis, mais enfin si cela faisait son bonheur je ne pouvais pas vraiment dire quelque chose. Je l’écoutais me raconter ses expériences, j’avais 12 ans et j’étais choquée de l’entendre me dire qu’à 14 ans elle avait déjà fait sa première fois avec son petit copain actuel. C’était tout de même incroyable. Et moi et bien j’étais effrayée par tout ceci… Je ne savais pas du tout si j’avais envie de ce genre de vie. Sortir avec ses potes, coucher avec des garçons ! Ça m’effrayait et je préférais me plonger dans mes bouquins plutôt que de penser au jour où ce sera mon tour de grandir.

“ There's always going to be bad stuff out there. But here's the amazing thing - light trumps darkness, every time. You stick a candle into the dark, but you can't stick the dark into the light. „

« Alors t’aime toujours autant l’école Aniyah ? Et puis comment les petites fêtes avec tes potes ? » C’était ma grande sœur qui me posait ces questions. J’avais quinze ans et pour elle c’était l’âge où il fallait commencer à sortir, faire ses petites expériences, s’éclater avec ses potes, etc. En même temps elle n’avait pas tout tort ! Je remarquais bien que les autres de ma classe n’étaient plus aussi concentrés en cours qu’avant depuis quelques temps. Leurs notes étaient en train de descendre en piqué, mais ils s’en fichaient tous, eux ce qu’ils voulaient c’était s’amuser. Je fronçais alors les sourcils en regardant ma grande sœur qui semblait très impatiente que je lui raconte mes petites aventures. Je relevais alors le bouquin que j’étais en train de lire, c’était un livre sur l’anatomie, une passion que j’avais découvert il y a de ça peu de temps, tout ce qui touche au corps humain et à la médecine me fascinait et je me voyais donc dans l’obligation d’en apprendre d’avantages à ce sujet. C’était encore ma curiosité qui parlait. Je n’étais pas comme tous les autres, beaucoup me prendront pour une intello qui ne pense à rien d’autre qu’à ses études et ils auraient raisons de penser ça, c’était exactement celle que j’étais. Ca m’était égal qu’on puisse penser ça de moi en plus, tout ce qui m’importait c’était que moi je me sente bien dans ma peau et c’était comme ça que je m’éclatais. Je n’avais pas besoin de sortir, de boire jusqu’à vomir, de faire des heures de shopping pour m’acheter des milliers d’habits et de chaussures. Je n’avais pas besoin de regarder les mecs, d’en tomber amoureuse et de me lancer dans je ne sais quelle histoire d’amour. Non tout ceci ne m’intéressait absolument pas et apparemment pour la plupart des personnes de mon entourage c’était difficile à comprendre. « Oui Heather, j’aime toujours autant l’école et je ne fais pas de petites fêtes avec mes potes, ça ne m’intéresse pas ! » Je levais mon regard vers ma sœur qui me regardait avec des yeux ronds. « Bah ça alors Aniyah, t’es vraiment pas comme les autres toi ! Et c’est quoi ce que tu lis là ? » Je regardais à mon tour ma sœur avec des yeux ronds, j’étais étonnée qu’elle puisse s’intéresser à ce que j’étais en train de faire alors qu’elle venait de découvrir que sa sœur n’était qu’une petite intello qui ne veut pas sortir faire la fête. « C’est un livre sur l’anatomie humaine ! » « T’as déjà des cours là-dessus toi ? » Je laissais échapper un petit rire. « Non bien sûr que non, ça m’intéresse voilà tout ! » Ma sœur se contenta d’acquiescer et ça me fit plaisir de voir qu’elle n’ajouta rien. Elle acceptait voilà tout et c’était ça qui était le plus important pour moi. Oui car ma sœur est quelqu’un de très précieux à mes yeux et puis je ne voulais absolument pas qu’elle me déteste simplement à cause de ça. « Alors apprends-moi tout ce que tu peux sur les hommes ! » Je rigolais à nouveau et je partis dans un petit monologue qui apparemment fit beaucoup rire ma sœur et qui en même temps la captivait. Lorsque j’avais terminé elle sourit et me dit. « Merci petite sœur, tu m’as appris pleins de choses aujourd’hui ! Et ce week-end, tu veux bien sortir avec moi ? Une virée entre sœur et si ça ne te plaît pas on rentre, promis ! » J’hésitais un instant et je finis par accepter. Ca ne coûtait rien et puis je pouvais bien lui faire ce plaisir.

« Sérieux Aniyah ?! T’étais vraiment bourrée samedi soir ? » Je regardais Roman avec un petit sourire en coin. C’était mon meilleur ami, celui à qui je raconte tout sur tout et le seul qui est vraiment comme moi ! Un intello qui ne pense qu’à ses études et qui n’a pas spécialement envie de sortir faire la fête. On se faisait souvent des soirées DVD ensemble ou alors on se retrouvait à la bibliothèque pour étudier et discuter en même temps. Je passais toutes mes journées à ses côtés, en même temps il est dans la même classe que moi et je ne pouvais donc certainement pas l’éviter. De toute façon je n’en avais pas envie. Roman était un garçon vraiment génial, jamais il ne me jugera pour quoi que ce soit et puis lui au moins n’a rien à dire sur le fait que je ne veux pas faire la fête ou je ne sais quoi puisqu’il n’est pas mieux que moi. Ce lundi-là je n’avais donc pas pu m’empêcher de lui raconter ce qui s’était passé ce week-end avec ma sœur. « Bah c’est Heather qui m’a proposée de sortir avec elle et puis c’est ma sœur j’avais bien envie de passer un moment avec elle ! Elle m’a fait goûter de l’alcool et puis sans vraiment m’en rendre compte j’ai trop bu et j’étais mal ! » Mon meilleur ami fronça alors les sourcils et secoua la tête. « T’as fait ça pour ne pas passer pour une fille inintéressante auprès de ta sœur ? » « Mais pas du tout, ma soeur respecte mes choix, elle m’a simplement proposé une soirée et voilà ! Parce que tu penses que je suis inintéressante toi ? » Je le regardais droit dans les yeux, essayant de comprendre ce qu’il essayait de me dire. Il eut alors un peu un air affolé et il s’empressa de me répondre. « Non bien sûr que non, bien au contraire ! Mais enfin… Ca t’a plu ce genre de soirée ? Tu vas recommencer. » Je baissais le regard sur mon livre qui était ouvert devant moi et puis je regardais à nouveau mon meilleur ami. Nous allions bientôt commencer le lycée, dans notre entourage tout le monde avait déjà fait une tonne de fête et seulement un petit groupe ne connaissait pas cette façon de vivre. Moi ça m’était égal, j’aimais bien les études et puis je n’éprouvais pas le besoin de sortir jusqu’à présent. Et puis il y a eu cette soirée avec ma sœur dans un bar d'Arrowsic. Je n’ai pas vu le temps passé, je n’ai pas remarqué tous les verres que je buvais et je suis rentrée en racontant un tas de connerie à ma sœur et en zigzaguant au lieu de marcher droit. Heureusement pour moi je n’avais pas vomi, autrement je n’imagine pas ce que je pourrais penser de cette soirée aujourd’hui. Je relevais mon regard vers mon meilleur ami avec un petit sourire en coin. « Je dirais que c’était une bonne expérience, mais ça ne me donne absolument pas envie de recommencer. Vu comme t’es le lendemain, je ne vois pas du tout à quoi ça sert de faire ça. » En voyant le sourire qui illumina le visage de mon meilleur ami je compris que c’était ce qu’il souhaitait entendre. J’avais fait une bonne expérience, ça j’en étais tout à fait consciente et je ne regrettais pas de l’avoir fait. Au moins maintenant j’étais sûre et certaine que ce n’était pas le genre de vie que je souhaitais, pas pour le moment en tout cas. Les études sont beaucoup trop importantes pour moi et je m’amuserais peut-être plus tard ou alors jamais… Ca m’était égal de toute façon puisque ce n’était pas ce qui m’importait le plus.

“ If you have a sister and she dies, do you stop saying you have one? Or are you always a sister, even when the other half of the equation is gone ? „

Le temps passait, j’avais bientôt seize ans et le lycée approchait à grand pas. Ma sœur ne cessait de me répéter à quel point j’allais m’y plaire. Elle s’était fait des amis tellement rapidement et bien évidemment elle faisait partie du groupe des Cheerleaders. Rien d’étonnant vous me direz. Elle était heureuse, ça se voyait et moi je l’étais aussi, mais à ma façon. C’était fou comme nous pouvions être totalement différente et pourtant rester toujours aussi proche. Ma sœur était celle à qui je racontais tout et puis elle en faisait de même avec moi. Ma mère en savait aussi énormément sur notre vie, elle était bien seul depuis que papa était parti, mais heureusement depuis quelques mois elle fréquentait un nouvel homme qui me paraissait très sympathique et idéal pour elle ! En tout cas je l’espérais. Elle méritait d’être heureuse, ça c’était certain. J’avais encore de la peine à accepter le départ de mon père, d’ailleurs je ne lui parlais plus vraiment… Il avait refait sa vie, tant mieux pour lui et de toute façon il ne s’occupait pas vraiment de ma sœur et moi alors je ne voyais pas pourquoi nous devrions faire l’effort d’en prendre. Bref, ma vie se passait merveilleusement bien, jusqu’à ce fameux samedi. J’aurais tout donné pour revenir un arrière et empêché tout ça, mais c’était comme ça, il fallait l’accepter. C’était un vendredi soir, je me rendais au cinéma avec mon meilleur ami Roman. Nous ne savions pas encore quel film nous allions voir, mais on trouverait bien notre bonheur et puis ce qui m’importait le plus c’était de le voir lui voilà tout. Beaucoup de gens ont toujours pensé que nous étions en couple, après tout on était tout le temps fourré ensemble et ça aurait pu être la vérité. Mais personnellement je n’éprouvais pas le moindre sentiment à son égard et d’après ce que j’ai compris ce n’était pas son cas non plus. C’était donc parfait, une véritable amitié fille/garçon qui était faite pour durer toute la vie – ou en tout cas le plus longtemps possible. A peine arrivée devant le cinéma que mon portable se mit à sonner dans mon sac. C’était ma mère. Je fronçais les sourcils, c’était plutôt rare qu’elle m’appelle, surtout qu’elle savait où je me trouvais… Je levais les yeux vers Roman qui se demandait sans doute ce que j’attendais pour répondre et je finis par décrocher. « Oui, maman ? » Un petit sanglot retentit alors à l’autre bout du film et je sentis la panique commencer à monter. Pourquoi pleurait-elle, qu’est-ce qu’il se passait ? Pour le moment elle ne prononçait toujours aucun mot et je ne pus m’empêcher de la presser un peu. « Quelque chose ne va pas ? » Elle finit par articuler quelques mots. « C’est Heather… Elle a eu un accident ! Elle est à l’hôpital » Mon visage se décomposa en l’espace de quelques secondes et Roman sembla comprendre que quelque chose n’allait pas puisqu’il m’attrapait ma main libre pour m’entraîner vers sa voiture. Je tremblais comme une feuille et je finis par dire. « J’arrive tout de suite ! » Je grimpais alors dans la voiture de Roman et je m’empressais de lui expliquer la situation. En moins de dix minutes je me retrouvais à l’hôpital. Ma mère se trouvait dans la salle d’attente et elle m’expliqua ce qu’il s’était passé. Elle devait se rendre à une fête, ça je le savais déjà et le jeune homme qui devait la conduire a fait un malaise au volant, apparemment il se droguait. Un grave accident a suivi tout ceci bien évidemment et ma sœur était entre les mains des médecins. Apparemment elle était dans un état critique. Puis le silence s’installa. Roman m’avait accompagné et il m’attrapa la main et je m’assis à côté de ma mère. Il n’y avait plus qu’à attendre…

La pluie tapait sur les parapluies des personnes présentes dans le cimetière. Je me trouvais devant un trou et le cercueil était gentiment en train de descendre dans la tombe. Je regardais ma mère, celle-ci pleurait et moi je regardais cette scène sans montrer aucune émotion. Je ne sais pas vraiment pourquoi, peut-être parce que je ne réalisais pas encore ce qu’il se passait. En fait, je me repassais encore en boucle dans ma tête ce qu’il s’était passé à l’hôpital. Des médecins avaient courus dans les couloirs de l’hôpital alors qu’on venait de nous dire cinq minutes avant qu’Heather allait se remettre gentiment. Une nouvelle chute et c’était celle de trop. Quelques minutes plus tard on nous annonçait son décès. Là aussi j’étais restée complètement sans voix face à cette annonce. Ma sœur était morte, était-ce vraiment possible ? Elle qui était tellement heureuse de vivre, elle qui adorait tellement la vie et qui avait encore tellement de choses à vivre. Le jeune homme qui conduisait la voiture est venu s’excuser auprès de ma mère et moi. Je ne sais pas vraiment ce que ma mère en a passé, je me suis dit d’abord que c’était un beau geste de sa part, pas tout le monde n’aurait eu le courage de faire ça et puis j’avais fini quand même par lui en vouloir. Ma sœur était morte à cause de lui en même temps, je ne pouvais pas lui pardonner ça comme ça, surtout qu’il était totalement responsable vu qu’il prenait de la drogue et c’était ce qui avait mené à son malaise. Tous ces moments tournaient en boucle dans ma tête alors que ma sœur arrivait finalement à sa place, le fond de ce trou où elle allait y rester pour l’éternité. Je baissais mon regard et ma mère s’approcha, prenant une poignée de terre et elle la jeta sur le cercueil. C’était à mon tour à présent. Je m’approchais doucement du petit tas de terre et je plongeais ma main dedans, prenant la plus grosse poignée que je pouvais. Je regardais ensuite le cercueil bien placé au fond de ce trou et je respirais profondément. Je tendis ensuite mon bras au-dessus du cercueil et je laissais glisser entre mes doigts la terre. Je me frottais ensuite les mains et je me retournais doucement. Ce simple mouvement suffit à me faire trembler, je ne sentais plus mes jambes et j’étais persuadée que j’allais m’écraser sur le sol. Mais deux bras forts vinrent m’attraper et quelqu’un me serra alors dans mes bras. « Ça va aller Heather, je suis là. » C’était mon meilleur ami bien évidemment et pour la première fois depuis la mort de ma sœur je fondais en larme. Tout devenait tellement réel soudainement et je n’arrivais tout simplement pas à l’encaisser. Qu’allais-je bien pouvoir faire sans ma sœur ? Elle qui était toujours si contente de passer du temps avec moi, elle qui a insisté pour me faire découvrir un peu la vie. Je ne pouvais pas avancer sans elle, c’était impossible… Et pourtant il le faudrait bien ! Je n’avais plus le choix. Mais pour le moment j’avais le droit de faire mon deuil, j’avais le droit de pleurer, d’être désagréable, de ne plus m’occuper de rien et de penser pour quelques jours, quelques semaines même, à ma sœur et seulement à elle. Puis je me déciderais à me relever et avancer, il le faudrait bien. Mais il me faudra du temps pour ça, beaucoup de temps.