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| Sujet: Bizarre, vous avez dit bizarre ? Sam 23 Mar - 22:16 | |
| Qui vit sans folie n'est pas si sage qu'on croit Depuis mon arrivée dans cette ville, j'avais un peu progressé au niveau social. J'avais quelques amis, plus ou moins proches, et grâce à une petite annonce, j'avais aussi une colocataire – ô combien charmante – qui n'était certes pas du genre à frayer avec n'importe qui (or, pour l'instant, je suis n'importe qui), mais qui faisait une présence chez moi. C'était sympa. Lorsque je m'étais retrouvée seule après le déménagement, au-delà des préoccupations financières, je m'étais rapidement rendue compte que vivre seule n'était pas du tout un truc pour moi. Même si je me donnais un genre rebelle attitude, il n'en restait pas moins que j'avais toujours vécu avec une tierce personne, que ce soit en squatte chez un ami, chez mon père ou chez ma sœur (les bienfaits des longues études...). Par le fait, je m'étais souvent ennuyée au milieu de mes bouquins, dans une ville inconnue. Désormais, tout était un peu différent, je n'avais toujours pas de nouvelles de ma sœur, mais je sortais de chez moi sans craindre de la rencontrer car je connaissais des tas d'autres habitants de cette bonne vieille Arrowsic. Le Maine avait son charme, c'était calme. Trop parfois, ce qui n'était pas le cas de tous les habitants...
« Téa! » Justement, celle-ci, elle est tout sauf calme. Entre nous, elle est même parfois complètement jetée. C'est pour ça que je l'adore. Ou qu'elle me tape sur les nerfs. Tout dépend du jour, de l'heure, de l'endroit, et du nombre de verre. Si j'avais pris la grave décision de ne plus sortir/coucher avec tout ce qui bougeait, cela ne voulait pas dire pour autant que je refusais de boire et de m'amuser, je m'imposais seulement une certaine... décence. Finir nue dans la rue, chassée par sa propre sœur - avec ou sans raison, là n'est pas la question -, ça vous change une femme. Au moins un peu. « Bah alors, tu traînes ? Qu'est-ce que tu fiches dans le parc ? Le manque d'inspiration t'a fait croire qu'il te fallait de l'air frais ? » Vu comme ça, j'avais peut-être l'air désagréable, mais si j'avais voulu l'être, j'aurais dit de toute autre parole. Là, je me moquais juste gentiment. Téa était une originale, elle croyait dans l'art. Je n'étais pas certaine de la suivre sur cette voie, pour moi, l'art est une marque de l'évolution d'une civilisation sur un temps donné, une sorte de passage imposé pour que l'humanité prouve qu'elle a jalonné la terre, l'a peuplé, voire dominer. L'art est un message, pas une fin en soi. Téa n'était probablement pas de mon avis, je m'étais cependant gardé de lui poser la question. De même que j'évitais de demander si elle était venue avec une bombe de peinture dans le sac dans l'espoir de faire des graffitis sur les murs des toilettes publiques. Il y a des questions qu'on ne pose pas, même aux amis, et dans ce cas précis, le second degré sauve toujours la face. Au demeurant, je ne doutais pas que Téa me donne les raisons de sa présence dans le parc, de même que je devrais bien finir par expliquer ma propre présence en ces lieux incongrus. Deux belles filles seules en milieu d'après-midi qui devraient normalement bosser sur des projets, tout ça... et non, elles étaient dans le parc ! Bah ouai, nous sommes des nanas bizarres. Mais c'est pour ça qu'on s'aime (quand on ne se déteste pas). |
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