Il était là, face à eux, criant encore Où est-elle?. Personne ne savait. Tout le monde courrait. Personne ne s'arrêtait pour lui répondre. Et lui, il était incrédule, incapable de bouger, incapable de s'en aller du danger. Il observait chaque personne, chaque visage, chaque frayeur. Il interpellait les gens, mais encore une fois, personne ne répondait. Non. Il ne lui est rien arrivé. Elle va bien. Elle est avec le petit. Elle est à l'hôpital. Elle n'est pas là. Il essayait de se consoler comme il pouvait. Et puis, il sentit quelqu'un le pousser. Quelqu'un venait de poser ses mains sur lui. Il baissa les yeux. Personne. Mais il sentait toujours ses mains sur son torse. Elles étaient chaudes, et toutes douces. Elles inspiraient le bonheur ces mains.
Gesticulant, Mattia commença à délaisser les bras de Morphée, et un sourire se dessina légèrement sur ses lèvres. Il revenait petit à petit à la réalité en sentant sur lui ce contact qu'il avait tant espéré de nouveau avoir. Ouvrant les yeux, il aperçut Ella, à moitié dévêtue. Son sourire se fit beaucoup plus franc, beaucoup plus grand. Ce n'était qu'un cauchemar. Un putain de cauchemar. Ella était là. Bien là. Bien vivante. « Salut Champion. ». Et elle vint lui déposer un baiser. « Salut ma belle! » Il répondit à son baiser, par un autre, avant de la serrer un peu plus fort dans ses bras, conscient de la chance qu'ils avaient. Ils allaient biens. Tout les deux. Aucun des deux n'était revenu, blessé de cette fusillade. C'était le plus important. Mattia se mit à l'observer, un sourire sur les lèvres, tout en caressant ses cheveux. Elle était belle. Elle était magnifique. Elle était celle qui avait le plus compté à ses yeux. Elle était l'unique amour de sa vie. Toutes celles qu'il avait eu avant ne comptait pas autant. Pourtant, ils n'ont pas été si longtemps ensemble. Ils ont été plus longtemps séparés qu'ensemble, pendant ces sept mois et demi durant lesquels Lleyton grandissait dans le ventre d'Ella. Et malgré tout ce que Mattia avait dit, avait fait, elle comptait bien plus à ses yeux. Elle était l'unique. Celle pour qui il changerait tout.

En l'admirant de la sorte, c'était ce qu'il se disait. Ils étaient tellement proches l'un de l'autre, à cet instant précis qu'il se demanda encore une fois comment il avait pu la laisser s'échapper. Il l'embrassa, louchant presque pour pouvoir être sûre de la voir. Ne pas fermer les yeux pour ne pas faire s'échapper ce bonheur éphémère. Pour être sûr que ce ne soit pas un rêve. Un rêve furtif, un rêve érotique, un rêve non réel. Mais non. C'était bien réel. Il vivait un rêve éveillé. La jeune fille se reblottit contre lui, et lui, il la serra dans ses bras, caressant avec sa main le ventre de la jeune fille. « Tu as dormi avec moi ou tu t’es glissé dans mes draps ce matin ? ». Il se mit à rire doucement. Honnêtement, il n'aurait pas pris le risque de se faufiler dans les draps de sa belle, la veille au soir. « T'es folle.. Je tiens à nos vies; j'ai attendu qu'Ash parte au lycée pour venir ici.. Tu dormais comme un bébé. » Il lui sourit, la dévorant littéralement des yeux. Ce n'était pas par manque d'envie qu'il ne s'était pas glissé hier soir dans sa chambre. Disons surtout qu'il tenait à sa peau, et à celle d'Ella. Avec tout ce qui s'était passé, Ashton considérait Ella comme un bébé. Aux yeux de Mattia, il n'y avait pas un doute quant à sa réaction ; ce serait la même que neuf mois auparavant..

Le tennisman se releva légèrement, s'appuyant sur son coude, se mettant ainsi sur le côté pour observer la demoiselle. Sa main vint caresser son visage. Qu'elle était belle! Elle était encore plus belle maintenant que quelques temps avant. Peut-être était-ce parce qu'il avait eu peur de la perdre.. Il sourit, et approcha sa tête de la sienne, pour venir lui loger au creux de son cou un baiser. Il lui embrassa ainsi le cou, remontant petit à petit jusqu'à ses lèvres. Il humait sa bonne odeur. Il avait tellement rêvé de ça. De sentir de nouveau son parfum naturel... Ses baisers n'en finissaient plus. Il se décida enfin d'arrêter lorsqu'il arriva près de l'oreille d'Ella. Sa décision était prise. Il fallait maintenant qu'il lui en fasse part. « J'ai quelque chose à te dire.. » Et plutôt que de continuer sa phrase, de continuer dans son idée, il vint l'embrasser. Encore et encore. Caressant toujours de sa main libre les épaules de celle qui était devenue une belle jeune femme.

Ce petit moment de tendresse, Mattia en avait rêvé. Il avait cessé de croire que ce serait possible en voyant croître de jour en jour le ventre d'Ella. Elle était passée d'une taille de guêpe à une taille de cachalot. Sans qu'il puisse rien y faire. Sans que le destin ne veuille lui rendre sa petite taille. Et puis, pof. Elle avait expulsé le truc qui poussait en elle. Le petit bébé. Le petit Lleyton. Rien qu'en pensant à ce prénom, Mattia souriait. Il n'était pas anodin. Il n'était pas rien ce prénom. Il ne lui avait pas demandé directement, mais il le savait d'avance; pourquoi Ella avait choisi ce beau prénom pour son fils.

Il sentait la main d'Ella parcourir presque tout son corps. Et lui, il ne cessait de découvrir toutes les parties hautes de sa peau. Son cou. Son menton. Sa bouche. Sa joue. Ses lèvres effleuraient sa peau, et coulaient sans cesse. Il se sentait heureux. Là comme ça. A sentir la jeune fille à ses côtés. A humer son odeur naturelle. Cette odeur, elle lui avait manqué. Il faudrait un jour qu'il lui demande quel était son parfum. Son gel douche. Ce qu'elle mettait sur elle. Juste pour savoir quelle odeur lui faisait tant tourner la tête. Il était encore en train de l'embrasser lorsqu'il se sentit dériver sur le côté. Se retrouvant avec quelqu'un sur lui. Ella était juste au dessus. Il souriait, espérant qu'elle se baisse un instant. Il désirait tellement l'embrasser. Sentir de nouveau sa peau sur la sienne.
Voeu exaucé! Ella se rapprochait de lui, et vint l'embrasser, caressant ses cheveux. Et lui, il posait ses mains sur le bas de son dos, remontant petit à petit, frottant ses mimines contre elle. « Qu’est-ce tu voulais me dire ? ». Il l'observa. Elle avait un large sourire. Lui aussi. Discuter. Ce n'était peut-être pas ce dont il avait le plus envie là, maintenant. Comme Ashton n'était pas là, il avait d'autres idées en tête. « Ne me dit pas que tu pars en tournoi ce soir parce que là je te séquestres pour te garder rien que pour moi. ». En entendant ces mots, Mattia ne put s'empêcher de sourire d'avantage, jouant d'un de ses sourires taquins. « Ah ouais? » dit-il, amusé. « C'est tentant. » Oui. Quoi de mieux que de se faire séquestrer par la femme que l'on aime? Oui. J'ai bien dit Aime. Aimer. Il l'aimait. Il n'avait de toute façon jamais cessé de l'aimer. Alors, passer ne serait-ce que quelques jours, enfermé avec elle, seuls dans une chambre ne l'ennuyait pas du tout. Ca le tentait même. Ca lui donnait de folles envies. « Mais ce n'est pas ça que j'avais à te dire. »

Et aussitôt, ni une, ni deux, il fit un effort -jouant de ses supers abdos- pour relever son torse, et venir embrasser la jeune fille. Avec ses mains, il l'entraina tout contre lui. Projetant sa poitrine contre son torse. Et l'embrassant. Encore et encore. Quand il était en sa compagnie, en tête à tête avec elle, il avait l'impression de ne savoir faire que ça. Puis, il la lâcha un peu. Il avait besoin de se reposer. De ne pas être essoufflé pour parler. Mais cette fois, il n'avait aucun sourire sur le visage. Il regardait sérieusement la jeune fille. Observant chaque trait de son visage. Il délaissa même ses hanches pour venir caresser doucement sa joue. Passant son index de sa tempe à son menton. « J'ai eu très peur de te perdre Ella. » Il continua de caresser son visage, dévorant chaque centimètre carré de sa peau, plongeant son regard dans les magnifiques prunelles de sa bien-aimée. Il avait besoin de ce contact. Il avait besoin de la sentir là. Comme pour se dire que tout cela était bien réel; qu'il était de nouveau avec elle. Ensemble. Mais aussi pour se dire que Liam ne l'avait pas tué. Qu'elle ne faisait pas partie de toutes ces victimes.
Il déglutit, et observa encore Ella. « J'ai beaucoup pensé à toi.. Et à Lleyton. » Une de ses mains descendit sur son épaule, s'amusant cette fois à caresser cette partie de son corps. « Je t'aime »

Il le savait bien que partir loin d'elle allait être dur. Surtout après tout ce qui s'était passé. Les changements dans leurs vies, leurs prises de conscience respectives allaient rendre le départ beaucoup plus dur. Il savait aussi d'avance qu'Ella ne pourrait pas se plaindre, qu'elle ne pourrait pas mettre des mots sur son envie de le revoir. Ashton s'en rendrait compte, et comprendrait de suite ce qui se passait entre les deux. Alors, il comprenait que la jeune fille avait envie de le séquestrer. Etre aux mains d'un ange pareil lui plaisait. Il n'avait même pas besoin qu'elle le séquestre. Il pourrait rester, lié à elle-même, juste parce qu'il en avait envie. Et donner l'excuse de cette séquestration à Michael. « Tu risques de regretter d’avoir dit ça, tu sais ? ». Il rit doucement, la regardant se mordiller les lèvres. Comme quand elle avait une petite idée derrière la tête.

Il l'embrassa alors. Encore et encore. Avant de retrouver son visage sérieux. Et de lui raconter sa peur. Qu'il avait pensé à elle et au petit. Il vit bien que cette dernière pensée, cette pensée pour le petit bout la mit mal à l'aise. Elle s'était arrêtée. Avait cessé de le caresser. Elle l'avait observé avec ces grands yeux marrons. Pensant sans doute qu'il délirait. Syndrome post-traumatique peut-être. En tout cas, il reprit la parole, sans se soucier de son inquiétude et lui dit ces trois mots. Ce Je t'aime. Ces mots n'étaient pas anodins. Ces paroles ne l'étaient pas du tout.. Il l'aimait comme un fou. Les sept mois et demi passés séparément les avaient encore plus rapprochés. Du moins de son point de vue. Il l'aimait encore plus qu'avant. Il avait encore plus envie de la sentir à ses côtés. Il avait encore plus envie de la toucher et de prendre conscience de sa présence.
A l'entente de ces mots, la jeune fille lui fit un de ses magnifiques sourires dont elle seule avait le secret. Le sourire qui faisait craquer Mattia. Leurs lèvres se posèrent de nouveau les unes sur les autres, et à son tour, elle lâcha ces fameux mots. « Je t’aime aussi. ». Être aimé par Ella, c'était sans doute ce qu'il y avait de plus beau sur cette terre. Elle l'embrassa dans le cou; il répondit ensuite par un baiser avant de s'interrompre quand elle reprit la parole. « J’ai ressenti la même chose j’ai jamais eu aussi peur de te perdre. ». Observant le visage doux de la jeune fille, Mattia lui fit un petit sourire, presque timide. D'un côté, il était ravi de l'entendre dire ça, mais de l'autre, ces mots lui faisaient repenser au drame de ce jour-là. Combien de personnes étaient mortes? Les journaux, les médias ne cessaient de le dire, mais lui, il zappait cette information. Il coupait la radio ou la télévision dès qu'il entendait le sujet. Il préférait éviter d'en entendre parler. Son esprit le lui rappelait déjà suffisamment. « Et j’ai jamais été aussi heureuse que Lleyton soit né prématurément, vraiment. ». Il hocha la tête doucement, de bas en haut. Il la comprenait. Il la comprenait vraiment. De son doigt, il parcourut encore une fois la tempe, la joue, et le menton d'Ella. Evitant de regarder son ventre. Evitant d'imaginer le pire. Ironie. Il y a une semaine, le pire, c'était que Lleyton soit né prématurément. Depuis deux jours, le pire, ça aurait été qu'il naisse plus tard. « Enfin, on est là, on est ensemble, c’est ce qui compte pas vrai ? ». Cette fois, son sourire se fit plus grand. Oui, c'était ce qui comptait. Qu'il soit ensemble, elle et lui.

Il l'approcha un peu plus d'elle, et commença à l'embrasser de nouveau, parcourant sa peau comme si il la découvrait pour la toute première fois. Puis, d'un petit geste, il la fit basculer sur le côté, et se faufila, cette fois, sur elle. Ses mains s'appuyant sur le matelas, il l'observa un instant. « Ce qui compte c'est qu'on soit ensemble, oui. » et une fois de plus, ses lèvres se rapprochèrent de la jeune fille, et il l'embrassa dans le cou. Tout en se sachant près d'elle, Mattia ne cessait d'avoir en tête cette petite fille. La gamine que Jaxson avait sauvé. Cette gamine de sept ans dont la mère avait été tué. A sept ans, elle avait déjà quitté l'innocence, et s'était retrouvée brutalement dans le monde des adultes. Sans rien demander. Elle n'avait peut-être, à l'heure actuelle, plus aucun parent sur qui compter.
Se redressant, et trouvant appui sur ses mains, Mattia reprit la parole. « Tu sais, je me sens pas capable d'être père. C'est trop dur pour moi. Je me vois mal gérer une carrière, et élever un gamin. Alors ne pas du tout m'impliquer auprès de lui, c'est plus simple. Je verrais rien de ses toutes premières fois. Je n'entendrais pas ses premiers « areuh », ni ses premiers mots. Je n'verrais pas ses premiers pas, ni sa première frappe dans une raquette, ni ses premières brasses. Je ne verrais rien de tout ça, et je risque pas de le décevoir.» Son visage était sérieux. Son esprit bien trop occupé par la gravité de la situation pour monter un quelconque autre signe. C'était fou comme la vie vous remettait en question. Avec ce qui s'était passé, avec ce taré de Liam qui avait buté tant de gens, avec cette petite gamine de sept ans dans ses pensées, la réalité l'avait frappé de plein fouet. Ce n'était pas vrai. L'important n'était pas qu'il soit ensemble elle et lui. Parce qu'ils n'étaient plus seuls maintenant. Il n'y avait plus de Mattia ou de Ella. Ni de Mattia et Ella. Maintenant, ils étaient trois; Ella, Mattia, et Lleyton.
Mettant son doigt sur la bouche d'Ella pour qu'elle évite de parler, il murmura alors. « C'était égoiste de ma part, Ella. » Il se tut un instant avant de reprendre. « Avec tout ça, j'ai réfléchi. J'ai eu peur que ce connard t'ai tué, et que Lleyton se retrouve seul. » Il était direct cette fois. Il avait un but. « Ce gamin doit grandir avec une maman et un papa. Et moi, j'ai plus envie de l'abandonner... Je veux être un père pour Lleyton. Je veux lui donner cette chance de grandir avec nous.» Il s'interrompit un instant, observant Ella. Il n'osait pas sourire. Pas tant qu'Ella lui ait répondu. « Si tu es d'accord bien sûr. » Elle avait le choix. Si jamais elle ne voulait pas de lui, il serait terriblement déçu. Mais il le comprendrait. Parce que jusqu'à maintenant, il n'avait pas montré une seule fois qu'il était capable d'être père. Bien au contraire.

Plus il regardait Ella, plus il se disait qu'il avait été idiot. Un pur idiot. Vouloir renoncer à cet enfant était la pire chose qu'il avait faite. Il avait décidé du sort de cet enfant ; vivre sans père. C'était ironique de sa part, sachant que lui, il avait détesté vivre sans père. Il avait vécu une enfant dès plus heureuse jusqu'à ce que ce cancer frappe sa famille. Là, il avait vécu sans père, avec une mère à moitié folle, moitié dépressive, et avec un beau-père détestable. En décidant de laisser cet enfant, il aurait pu lui faire vivre la même vie que lui; comme son horrible adolescence. Si jamais Ella avait décidé de devenir chaste, Lleyton n'aurait pas eu de figure paternel. Hormis Ashton. Et si jamais Ella avait décidé de retrouver quelqu'un, peut-être aurait-il été un type bizarre. Et là, Lleyton aurait pu être entre de mauvaises mains. Il aurait pu laisser son fils devenir comme lui. Plus il y pensait, plus il s'en voulait.
En disant tout ça, Mattia voyait bien qu'Ella ne comprenait pas. Elle le regardait avec des yeux qui faisaient mal. Un regard qui disait Je sais tout ça, arrête. Mais lui, il continuait, expliquant tout. Racontant tout. Il ne voulait pas la blesser; il voulait au contraire la rendre heureuse. Et pour ça, il ne savait pas comment le faire sans la blesser un peu. Pour son bonheur. Il fallait qu'elle l'écoute, qu'elle ne parle pas, que ses oreilles restent grandes ouvertes. Même si ces mots lui faisaient mal. Elle regardait, apparemment sans comprendre. Jusqu'à ce qu'il lui dise qu'il voulait être un père pour leur enfant. Pour son fils. Là, ses yeux s'agrandirent. Elle avait même cessé de lui caresser le dos. Elle restait immobile. Aucun trait sur son visage ne s'afficha. Elle ne souriait même pas. Et pendant un instant, Mattia se demanda si il avait bien fait. Si il ne lui en avait pas demandé de trop, après tout le mal qu'il lui avait fait. Tous les mots horribles qu'il lui avait balancé. Tous ces Je veux pas de lui qui lui avait dit. Il l'avait blessé; énormément. Il en était conscient. Et maintenant, peut-être que du coup, elle lui en voulait. Beaucoup. Ca expliquerait pourquoi aucun sourire ne se lisait sur son visage.

« Mattia, tu es sûr que c’est bien ce que tu veux ? Je voudrais que tu dises ça pour me faire plaisir ou parce que tu culpabilises tu vois ? ». Il l'observa un instant, déstabilisé. Bien sûr que non il ne disait pas ça pour lui faire plaisir. Il ne prendrait pas une telle décision qui pourrait bouleverser sa vie juste pour ces beaux yeux. Même si il l'aimait beaucoup. Et puis, oui, il culpabilisait un peu. Mais ce n'était pas la raison principale. Il voulait vraiment s'occuper de cet enfant. Il voulait vraiment être papa. Sans doute le plus beau rôle de sa vie.
Mattia l'observait, secouant doucement la tête pour lui dire non. Et puis là, Ella passa sa main dans ses cheveux et retrouva son sourire. Un sourire magnifique. « Si c’est vraiment ce que tu veux alors sache que je suis plus que d’accord, tu feras de moi la plus heureuse des mamans. ». Là, il crut qu'il allait défaillir. Littéralement. La peur qu'il avait ressenti jusqu'à maintenant s'était en un instant évaporée. Le sourire d'Ella l'avait revigoré. Elle le voulait. Elle n'allait pas dire non. Elle avait juste été surprise. Il pouvait comprendre; lui-même se surprenait encore. Son sourire à lui s'élargissait à vue d'oeil. Ses petits yeux bleus restaient rivés sur celle qui était devenue une jeune femme. Il pouvait être père. Il pouvait faire son rôle. Sans doute le plus beau rôle de sa vie.

En une seconde, sa tête se rapprocha de celle d'Ella, et il enfouit sa bouche dans le cou de la jeune fille. « Alors sois heureuse Ella. » Et il l'embrassa, parcourant le cou de la maman. Maman. Papa. Jamais il n'aurait cru qu'il allait l'accepter. Accepter d'être papa. Accepter de ne plus être le noyau du monde. A dire ces mots à Ella, il en avait eu les larmes aux yeux. C'était peut-être aussi pour ça qu'il n'osait pas relever la tête, et la gardait enfouie près de son cou. Pour ne pas qu'elle voit ses yeux humides, envahis par l'émotion. Il l'embrassa. Ravi. Heureux. Mais anxieux. Une chose venait de naitre dans son esprit. La peur. Une autre peur que celle qu'il avait ressenti avant. Une peur encore plus grande. Encore plus anxieuse. Alors, doucement, il releva la tête et l'observa. Il se glissa sur le côté, portant sa tête avec l'une de ses mains, et de l'autre caressant la jeune fille. De sa joue à son cou. « Il faut juste que tu me fasses une promesse Ella. ». Et là, il se rapprocha d'elle pour l'embrasser, cette fois sur ses lèvres.

Six mots. Six mots, et il était au comble du bonheur lui aussi. Si on lui avait dis sept mois auparavant qu'un jour, Ella et lui seraient de nouveau ensemble, il ne vous aurait pas cru. Il n'aurait jamais pu pensé une seule seconde qu'il allait décider de prendre soin de son fils. De l'élever. De faire de lui un homme en le guidant dans les plus grandes étapes de la vie. Il était content, heureux, qu'Ella accepte. Qu'elle ne dise pas non. Elle aurait pu. Après tout le mal qu'il lui avait fait. Mais au lieu de cela, son sourire était de nouveau au rendez-vous. Ses yeux pétillaient. Et elle eut ces six mots; ces six mots qui vous font ravir. « Pour être heureuse, je le suis. ». C'était peut-être ça le bonheur; avoir sa propre famille. Une femme qu'on aime. Un enfant qu'on chérie. Toujours est-il que les deux tourtereaux là nageaient dans le bonheur. Le Bonheur avec un grand B.
Dans cet univers merveilleux, il y avait cependant une ombre au tableau. Alors, se détournant, et se remettant sur le côté, il lui demanda de lui faire une promesse. Ca pouvait paraître ridicule, comme ça. Mais à ses yeux c'était très important. Ella caressait son visage; il sentait sa douce main sur lui. Il avait envie de croquer cette chair, de l'embrasser, de la sentir. Et encore une fois, ils dérivaient dans leur bonheur. Leurs lèvres étaient attirées; ils n'y pouvaient rien. Il ne pouvait se contrôler. L'embrasser, sentir sa peau contre la sienne, c'était impossible à gérer. Il en avait envie. Plus qu'envie. Et quand enfin ils arrêtèrent de s'embrasser, il ressentit presque un manque. Surtout que là, il fallait qu'il parle sérieusement. Il ne pouvait pas lui demander de s'occuper de Lleyton sans lui demander de faire cette promesse. Pour le protéger lui. Lui et elle. « Une promesse ? Celle de ne jamais engueuler Lleyton en l’appelant par son nom complet ? C’est vrai que j’ai peut-être un peu forcé la dose. ». Il se mit à rire. Chaque prénom de cet enfant lui plaisait. Surtout que chacun de ces prénoms avait une importance à leurs yeux. Dès qu'il avait lu son patronyme complet, il en avait eut les larmes aux yeux. Lleyton Ashton Casey Jaimie. Pour Ashton qui avait pris soin d'Ella, et de Mattia. Pour Casey, son père génial qui était parti bien trop tôt. Pour Jaimie, le père d'Ella. Il n'y avait que pour Lleyton dont il avait un doute; même si il avait bien une petite idée qui le ravissait.
Secouant doucement la tête tout en la regardant, Mattia caressa tendrement sa joue. Non. Non. Il n'allait pas lui faire cette promesse. Après tout, peut-être qu'énumérer tous ces prénoms était un moyen pour les parents de se déstresser quand ils étaient énervés par leur rejeton. « Ils sont parfaits ces prénoms.. » Il sourit, l'embrassant de nouveau sur sa bouche. Puis, petit à petit, reprenant tout son sérieux, il s'arrêta. Elle vint lui caresser, à son tour sa joue, avant de l'embrasser aussi. « Plus sérieusement, dis-moi ce qui te tiens tant à cœur ? ». Ce qui lui tenait tant à coeur. C'était exactement ça. Si Ella ne lui ferait pas cette promesse, si elle ne jurait pas, il aurait toujours au fond de son ventre cette peur. Il n'y pouvait rien. Des années en sa compagnie, la compagnie du monstre, lui avaient ancrés de mauvaises idées. Il était horrifié d'avance. Effrayé à l'idée qu'à son tour il puisse réagir comme ça. Parce qu'il serait fatigué, énervé, ou pire, parce qu'il aurait bu.
Couché sur le côté, sa tête reposant sur sa main, Mattia l'observa un instant en silence. Parce qu'il ne faisait pas nuit, parce qu'Ella pouvait voir l'expression de son visage, il avait beaucoup plus de mal à se lancer. « Je veux - ce n'était pas négociable – que tu me promettes que si un jour je ne suis pas correct avec Lleyton, tu m'abandonnes. » Il s'interrompit et l'observa, les yeux dans les yeux. C'était plus qu'important pour lui. « Si ça arrive, je veux que vous partiez tout les deux. » Loin. Sans s'occuper de lui, le connard qui aurait fait du mal. Il posa sa main libre sur son visage, et avec son pouce caressa sa joue. Ses yeux restaient rivés vers elle. Ils la dévoraient. Se rapprochant doucement, il murmura encore ces quelques mots avant de poser ses lèvres sur les siennes. « S'il te plait Ella. » Il savait qu'elle comprendrait. Mais il savait aussi qu'imaginer ça serait impensable pour elle. Mais il en avait besoin de cette promesse.

Il voulait qu'elle le lui promette. Il voulait avoir une motivation supplémentaire. Une chose à perdre supplémentaire pour si un jour, il devenait comme lui. Si il devenait aussi salaud, aussi méchant, aussi violent que lui, il voulait tout perdre. Son fils. Sa femme. Quitte aussi à ne plus avoir de toit. Il avait besoin de cette 'menace' planant au-dessus de sa tête. Si il déviait, si il perdait tout ces repères et faisaient du mal à ceux qu'il aimait, il voulait se retrouver seul. Quitte à supplier, pleurer Ella de rester. Il voulait absolument qu'elle ne tranche pas; qu'elle reste sur ses positions, et s'en aille. Tant pis pour lui. De toute façon, si un jour il devenait comme ça, il ne la méritait pas. Ni elle, ni Lleyton.

En l'embrassant, il sentit Ella distraite. Elle ne semblait pas comme d'habitude, elle semblait dans ses pensées, pas prête du tout à accepter son idée. Alors, il s'arrêta. Continuant à lui caresser le visage avec son pouce, mais cessant de l'embrasser. Son regard était plongé dans le sien. S'il te plait Ella. S'il te plait. S'il te plait. Et puis Ella vint poser sa tête dans le creux de son cou, venant enfin l'embrasser. Il se laissa faire, espérant de tout cœur qu'elle lui dise ces fameux trois mots. Je te promets. Mais au lieu de cela, il entendit d'autres mots sortir de sa bouche. « Je… enfin.. .qu’est-ce tu entends par « pas correct » parce que je ne pourrais pas renoncer à toi, à nous, pour rien… je pourrais priver Lleyton d'un père pour rien. ». Quelque peu déçu, Mattia l'observa en silence. Caressant doucement le ventre de la jeune fille cette fois-ci, posant son regard sur elle, perdu. Qu'est-ce qu'il pouvait bien lui dire? Qu'il avait peur de finir comme son beau-père? Un alcoolo prêt à tout pour être le chef de la maison? Il allait lui répondre quelque chose quand il l'entendit de nouveau ouvrir la bouche. « Je…Je peux te jurer que si tu deviens violent avec Lleyton, je partirais, même si je suis persuadée que ça n’arrivera pas. ». Là, il releva les yeux vers elle et l'observa. Elle, pleine de tendresse, lui caressant son visage. Lui, content de l'entendre dire ces mots. « Oui ça je te le promets… ». Je te le promets. Mieux qu'un oui je le veux. Mieux que n'importe quel autre mot.
Un sourire réapparut sur son visage. Mince. Faible. Mais bien présent. Il repoussa Ella sur le côté, et vint se remettre juste au-dessus d'elle. Bon sang ce qu'elle était belle! Son regard plongé dans le sien, il murmura quelques autres mots. « Moi, je te promets d'essayer. » De ne pas être comme lui. Elle, elle disait qu'elle était persuadée que ça n'arrivera pas. Lui, il n'en était pas si sûr. Dans l'éducation, il n'avait eu que ce modèle en tête. L'autre était bien trop loin, il était bien trop petit pour s'en rappeler. Alors, lui, il avait peur de reproduire le même schéma. Même si il savait ce que ça faisait. Le mal que ça engendrait, les coups et les pleurs. Il se rapprocha d'elle, l'embrassant, et glissant de temps en temps quelques autres mots. Comme ce « Merci. » suivit de près par ce « Je t'aime ». Je t'aime. Il le lui disait souvent. C'était la deuxième fois aujourd'hui. Il fallait mieux le dire, plusieurs fois que pas du tout. La vie ne tenait qu'à un fil. Liam leur avait appris ça avant de mourir.
Parce qu'il avait de la chance de l'avoir, parce qu'Ella était bien en vie, parce qu'elle avait fait un magnifique bébé, Mattia la désirait plus que tout. Il caressait son corps, même son ventre -endroit qu'il avait tant hait ces derniers mois-, l'embrassait partout. Ses lèvres. Sa joue. Son cou. Il remonta sa couverture au-dessus de ses épaules, les laissant tout les deux dessous. Puis, il s'arrêta. Il avait encore une question. « J'ai encore une chose à te demander. » dit-il, le regard rivé vers elle, avec ce petit air sérieux qu'il avait avant. Et puis, il se mit à lui faire un petit sourire. Il voulait la faire paniquée, mais c'était trop dur. Rester sérieux était impossible. Surtout que là, ce n'était pas quelque chose de vital.

Comment pouvait-il promettre de ne jamais lui ressembler? Il ne le pouvait pas. Simplement parce qu'encore aujourd'hui, il y repensait, et que cette peur se faisait chaque jour de plus en plus grande au fur et à mesure que l'idée de devenir papa grandissait dans sa tête. Et maintenant qu'il avait le bénédiction d'Ella pour ne plus être que Mattia Jarvis, tennisman mais Mattia Jarvis, tennisman, petit ami d'Ella Clarke, et papa de Lleyton, cette peur était encore plus grande. C'est pourquoi, il se sentait obligé de lui promettre qu'il allait tout faire pour ne pas lui ressembler. Pour ne pas être une pourriture de plus dans ce monde de brutes. Et il était heureux de voir qu'elle-même avait accepté que si un jour, il devenait violent, qu'elle s'en aille, avec Lleyton. Loin. Qu'elle le laisse seul. Qu'elle le laisse se démerder. Qu'elle l'abandonne. Quitte à ce qu'elle refasse sa vie, ailleurs, avec quelqu'un de mieux. « Tu vas y arriver… ». N'y avait-il que lui qui semblait ne pas croire en lui? Probablement. Elle affichait un de ses si beaux sourires, très rassurants.

Et après, ils se lancèrent dans un partage corporel. Mattia ne cessait de la toucher. Sentir son corps si près de lui l'émerveillait. Il sentait son odeur, il touchait son corps; Elle était bien vivante. Bien là. Présente en chair et en os. Elle ne faisait pas partie de ces quarante -voire plus- victimes. Liam n'aura pas eu 'le plaisir' de gâcher la vie de tout le monde. Il n'aura pas eu la sienne. Lleyton avait encore une maman. Mattia avait encore son amoureuse. « Je t’aime ». Ils ne cessaient de se le dire. Comme pour croire à leurs rêves éveillés. Comme pour bien se rappeler que la vie est bien trop courte.

Et puis, Mattia voulut lui redemander quelque chose. Taquin, son sourire avait disparu et les traits de son visage étaient devenus beaucoup plus sérieux. Mais il ne resta pas longtemps, comme ça, à l'observer, avec son air grave. Un sourire réapparut, et il apperçut en quelques secondes le visage d'Ella changer du tout au tout. En un mouvement, elle le repoussa. Se remettant au-dessus de lui. Balançant la couette loin d'eux. Faisant frissonner Mattia. L'embrassant encore et encore. Leurs lèvres étaient attirés; ils n'y pouvaient rien. Comme deux aimants, ils n'avaient pas d'autres choix que de s'embrasser. Ses mains passaient de ses cheveux à son corps. Se baladant sur ses abdos, et sur son horrible ventre. Et lui, il caressait toujours la jeune fille, posant ses deux mains à son tour sur son ventre. Le ventre. Mattia détestait cette partie du corps. Pour lui, et sa cicatrice. Pour elle, et le bébé qu'il contenait. Mais maintenant, il apprenait de nouveau à l'aimer. Il l'apprivoisait.
Finalement, Ella cessa de l'embrasser, laissant Mattia sur sa faim. Il en voulait encore plus. Elle souriait, avec ce petit sourire coquin, celui qui ne donne qu'une seule envie. « Qu’est-ce que tu voulais me demander ? ». Et elle l'observait, de telle façon qu'il avait l'impression que jamais ils n'avaient eu ce petit aparté. Qu'ils étaient restés tout le temps dans leurs conversations. Elle remit la couette en place, au-dessus d'elle; Et lui, il restait sur sa faim. Mince! Pourquoi avait-il mis ce sujet sur le tapis? Pourquoi avait-il fallut qu'il lui dise qu'il avait encore quelque chose à demander? Ca aurait pu attendre. Parce que là, maintenant, il avait autre chose en tête; il avait envie de faire l'amour avec elle. Pour la toute première fois depuis de nombreux mois. Alors, il fit mine de râler. « Rho Ella.. On aurait pu ne pas s'arrêter là.. » et là, son sourire se fit taquin. Il lui montrait ce à quoi il avait envie. Là. Maintenant. Avec elle. Dans ce lit. Pendant qu'Ashton n'était pas là.

Mais parce qu'il n'était pas vieux, qu'il pourrait facilement se reprendre, Mattia se mit à sourire, et joua de ses abdos pour venir l'embrasser sur sa bouche. Un petit baiser. Comme ça. Il reposa alors sa tête sur l'oreiller, et l'observa un instant, posant ses mains sur ses hanches. « Je voulais juste savoir pourquoi to- il s'interrompit deux secondes, se reprenant aussitôt- notre fils s'appelle Lleyton.. » Il avait bien son idée en tête. Et si c'était ça, il n'en revenait pas de l'incroyable copine qu'il avait.

Ella était sadique. Elle s'amusait à le chauffer, à se mouvoir dans les draps de telle sorte qu'il n'ait qu'une envie. Il sentait l'excitation venir. Et plus encore lorsqu'il sentait la douce peau de son corps frôler le sien. Elle l'embrassait. Elle passait ses mains dans ses cheveux, sur tout son corps, et lui faisait de même. Jusqu'à ce qu'elle finisse par rebondir sur la question qu'il voulait lui poser. Raté. Ce n'était pas pour maintenant. Il le lui fit remarquer, disant qu'ils n'auraient pas du s'arrêter là. Et elle, elle lui offrit alors un de ses sourires dont elle avait le secret. « Je sais… ». Tout en jouant encore avec lui. Elle était sadique. Elle s'amusait avec, et il était sûr que d'ici peu, elle voulait savoir cette question, et qu'elle s'interromprait, encore une fois. Son sourire innocent sur les lèvres, elle ne paraissait pas pour autant sainte aux yeux de Mattia.

Mais à la voir agir comme ça, avec ce petit air taquin, Mattia craqua. Il sourit lui aussi, l'embrassant, et lui demandant enfin ce qu'il voulait savoir. Plus vite il saurait, plus vite ils repartiraient au septième ciel. De toute façon, Ella était têtue; elle ne voudrait pas continuer sans savoir. En tout cas, il buta sur le notre. Il fallait qu'il s'y habitue. Qu'il se fasse à cette idée. Qu'il était papa. Qu'il avait un fils. Son fils. Leur fils. A Ella et à lui. Mais il se rectifia aussitôt, faisant sourire alors Ella comme jamais elle n'avait sourit. Son visage était illuminé. Ses yeux brillaient de bonheur. Et elle vint l'embrasser, posant ses lèvre sur les siennes. Elle semblait heureuse, et lui il frissonnait de bonheur. Quand enfin, elle se redressa -au grand désarrois de Mattia qui rêvait de prolonger ce baiser-, elle afficha un air surpris. Faisant froncer doucement les sourcils de Mattia. « Je suis sûre que tu le sais déjà... ». Lleyton. Lleyton. Lleyton. Dès qu'il avait su le prénom de ce petit bébé, il avait de suite imaginé quelqu'un. Un certain australien.« Eh bien il s’avère que j’ai un petit ami passionné de tennis et que je l’écoute quand il parle de tennis… et… ». Elle expliquait la chose d'une façon tellement peu ordinaire que Mattia en fut encore plus surpris. Il ne s'était pas attendu à cette raison. Il le savait, il l'avait imaginé, mais il pensait que ce n'était que le fruit du hasard. Qu'Ella aimait juste ce prénom. Mais pas qu'elle l'avait fait exprès. « Dans tous les joueurs que tu as pu me citer au tennis, j’ai craqué sur ce prénom. Et c’est vrai qu’à mes yeux c’était comme créer un lien avec toi. ». Et elle baissa les yeux. Mattia lui n'en revenait pas. Ses yeux restaient rivés sur elle. Il se demandait si il ne rêvait pas.

Déglutissant, Mattia observa un instant la jeune fille, avant d'enlever l'une de ses mains de sa hanche pour lui relever la tête. Il voulait croiser son regard. Il voulait lui montrer à quel point il la remerciait, et à quel point il était désolé. Il voulait lui montrer comme il était sincère. Comme il s'en voulait pour tout ce qu'il avait fait. Caressant avec son pouce le visage d'Ella, il gardait un air grave. « je ne sais pas comment te remercier. Je peux juste te dire que je suis vraiment désolé pour tout ce que je t'ai fait Ella. Vraiment désolé. » Il l'avait envoyé valser, et elle, elle avait appelé leur fils avec le même prénom que celui qui, en 2001, avait émerveillé Mattia en lui faisait découvrir son jeu, à la télévision. Elle avait tenu à faire ce lien. Elle n'avait pas dénigré Mattia. Malgré tout ce qu'il avait dit, et tout ce qu'il avait fait.
La jeune fille se rapprocha de lui et vint l'embrasser à nouveau. Il sentit sa main dessiner son corps, et lui, il épousa la forme du sien. Heureux. Il était en plein extase. C'était ça le bonheur. Caressant doucement le corps de la jeune femme devant lui, il l'embrassa, murmurant ces quelques mots. « Il a déjà une graine de champion, notre fils. » Et il sourit. Avant de l'embrasser de nouveau. Notre fils. Cette fois, il n'avait pas eu de mal à le lui dire. Il embrassa ses lèvres, dérivant petit à petit, et venant poser ses lèvres sur son cou. Durant tout ce moment se sensualité, il ne cessait de laisser échapper quelques phrases. « Tu es exceptionnelle. ». Il posa ses mains de nouveau sur ses hanches, remontant doucement sur son ventre. Là où il y avait Lleyton. Retrouvant petit à petit son humour, il finit par ajouter, en souriant. « Et ça fait plaisir de voir que je ne parle pas pour rien. » Elle l'écoutait quand il parlait. Même quand il parlait de tennis. Il se mit alors à sourire. Il allait faire sa vie avec elle. Elle lui donnait tellement. Ses yeux bleus plongés dans son regard, il se mit de nouveau à l'embrasser. Il voulait atteindre le septième ciel là. Quoi qu'il l'avait peut-être déjà atteint en étant à ses côtés..

Je m'excuse Ces mots avaient faillit sortir de sa bouche. Il s'était repris à tant, se souvenant encore de la fois où il l'avait sorti à Ella. Elle était dans les vappes; elle venait d'accoucher de la septième merveille du monde, et elle avait eu le courage de lui dire que ces mots n'existaient pas. Qu'on ne s'excusait pas de cette façon. Mais lui, malgré cette faute linguistique, il y tenait. Elle avait beau dire tout ce qu'elle voulait, lui dire que ça ne servait à rien, il avait envie de lui dire. Encore et encore. Qu'il était désolé. Parce que pour la première fois de sa vie, il était vraiment, et sincèrement, désolé. Il s'en voulait d'avoir faillit faire cette connerie. La plus grosse de sa vie. Abandonner femme et enfant. Pour quoi? Pour sa carrière. Par peur. Alors, encore une fois, il le lui dit, lui annonça qu'il était désolé, et la remerciant pour ce qu'elle avait fait. « Tu le fais déjà en étant là, avec moi, en posant tes mains sur mes hanches, tu n’as pas à être désolée, crois-moi. ». Elle souriait. Lui, il souriait aussi, mais quelque peu perdu. Il avait fait du mal à Ella, et elle qu'avait-elle fait? Elle avait offert un prénom de champion de tennis à son fils. Celui d'un ex-numéro un mondial. Le prénom de quelqu'un qui avait dirigé la vie de Mattia. Voir sa rage de vaincre sur l'écran l'avait conditionné à jamais. Il avait envie d'être comme lui. Ce Lleyton. Et Ella avait imprégné son fils d'une tâche indélébile de son père. Quelle femme aurait fait ça? Pas beaucoup sans doute.. Il aurait plutôt compris qu'elle le haisse, qu'elle donne le prénom qu'elle désirait à son enfant, et qu'une fois que celui-ci soit en âge de comprendre, elle lui aurait raconté des conneries plus horribles les unes que les autres sur son géniteur. Cette façon d'agir, il aurait pu la comprendre. Mais là, savoir qu'Ella l'avait encensé plutôt que de le blasphémer le rendait heureux. Heureux et plus que jamais amoureux.

Il ne cessait de caresser son corps, comme si il le découvrait petit à petit. Ca faisait tellement longtemps qu'il n'avait pas senti cette douce peau qu'un simple contact le faisait frisonner de plaisir. Elle et lui. Dans le même lit. Ensemble. Rien que ces mots le rendaient heureux. Ils s'embrassaient, se délaissaient petit à petit de la réalité. Plus Mattia sentait ses lèvres contre les siennes, plus il avait l'impression d'être dans un rêve. Un magnifique rêve. Il ne voudrait pas se réveiller de celui-là, il ne voudrait pas retourner à la réalité, et devoir, s'espacer d'Ella d'au moins un mètre. Pour Ashton. Durant leur relation charnelle, Mattia ne pouvait s'empêcher de lâcher quelques mots. Des mots qu'il avait grandement envie de lui dire. Des mots qui étaient encore plus beau dans un moment de jouissance. « Je t’écoute toujours, mais, là, je suis d’avis qu’on se taise. ». Elle l'avait murmuré, avec un petit sourire taquin sur le visage. Il eut un léger rire. Vu le regard, vu l'expression de son visage, nul doute qu'elle avait une idée bien précise en tête. Souriant, Mattia lâcha alors un simple « Comme tu voudras » en glissant doucement un baiser sur ses lèvres. Son sourire se fit à son tour plus taquin, beaucoup plus coquin, et posant ses deux mains sur les hanches de la jeune fille, il la bascula sur le côté. La chatouillant doucement, avant de venir lui embrasser le cou. Il remit alors la couette au-dessus d'eux, comme pour se couper du monde, tout en respirant tendrement le parfum de la jeune femme. C'était sûr; le septième ciel, ils l'avaient déjà atteint. Là, ils allaient viser le huitième, et nul doute qu'ils allaient le trouver.