Sujet: Je sais les noms des nuages. Ven 1 Mar - 20:05
Freddie Freeloader
« Je sais qu'un jour je ne me réveillerai pas. »
identity, please
nom : Freeloader. Ҩ prénom : Freddie. Ҩ âge : 44 ans. Ҩ origines américaines. Ҩ statut civil : marié ; il vit dans la grande maison de son épouse Barbara, 32 ans. Une jeune femme rousse aux tâches de rousseur partout sur le ventre, les jambes, le visage, les bras, le dos, infestée comme la peste ; aux yeux marron noisette et aux dents du bonheur. Peut-être est-ce la ressemblance flagrante avec la mère de Freeloader qui a fait succomber l'homme sous sont charme. Elle avait 15 ans quand ils se sont rencontrés et Freddie 27. Ҩ occupation : tératologue en tératologie, science des monstres. Ҩ avatar : Tennessee Williams. Ҩ crédits : The Shape of the Journey.
◮ ◮ ◮ honesty is all i need
Quand j’étais petit, j’étais très amoureux de ma mère. Aussi, avec mon père, était-ce difficile… Il n’était pas méchant comme les autres pères, je veux dire, il ne frappait personne, il ne buvait pas, il ne baisait pas sa secrétaire, rien de ce genre, ce type-là même une voiture… il ne se l’achetait pas, il faisait attention à ne pas avoir une voiture trop… trop neuve, ou belle, il aurait pu mais il ne le faisait pas, je ne crois pas qu’il avait un plan précis, il ne faisait pas comme ça c’est tout, il ne faisait rien de tout ça, et c’était justement le problème, tu comprends ? Le problème il venait de là… parce que ces choses-là il ne les faisait pas, pas plus que des centaines d’autres, il conduisait la caravane, c’est tout, voilà ce qu’il faisait, comme si la vie l’avait offensé, et qu’il s’était retiré au volant qui était comme une défaite, sans aucune envie de sortir de là, c’était comme un trou noir, un tourbillon de malheur, et la tragédie, la vraie tragédie, le cœur de toute cette tragédie c’est qu’il nous a entrainés tant qu’il a pu dans ce trou ma mère et moi, il ne faisait que ça, nous attirer là-dedans, avec une constance miraculeuse, chaque moment de sa vie, chaque instant, chacun de ses gestes consacrés à une démonstration obsessionnelle d’un théorème assassin, le théorème que s’il était comme ça c’était pour nous deux, pour ma mère et pour moi, c’était ça le théorème, pour nous deux, parce qu’on était là nous deux, par notre faute à nous deux, pour nous sauver nous deux, dans cette caravane, pour pour pour, toute la sainte journée à nous rappeler son théorème idiot, toute sa vie avec nous ça n’a été que le geste ininterrompus et harassant, qu’il accomplissait en plus délibérément de la façon la plus cruelle et la plus insidieuse possible, c’est-à-dire sans jamais prononcer un mot, sans que jamais on en parle, jamais il ne parlait de ça, il aurait pu nous le dire, clairement, mais il ne l’a jamais dit, pas un mot, et ça c’était terrible, c’était cruel, ne jamais rien dire, mais te le dire toute la sainte journée, par la façon de tenir le levier de vitesse, et tout ce qu’il voyait sur la route, ou même par la façon de se faire couper les cheveux, et toutes ces foutus choses qu’il ne faisait pas, et sa tête quand il te regardait… c’était cruel ce genre de choses tu peux en tourner fou, et je tournais comme ça, fou, j’étais un petit garçon, un petit garçon ça ne peut pas se défendre, les enfants c’est des carnes mais pour certaines choses ils n’ont pas de défense, c’est comme les frapper, qu’est-ce qu’il peut faire un enfant, il ne peut rien faire, je ne pouvais rien faire, juste sortir de là fou, alors un jour ma mère m’a pris et m’a raconté l’histoire d’Eva Braun. C’était un bel exemple. La fille d’Hitler. Elle m’a dit que je devais penser à la fille à Eva Braun. Puisqu’elle, elle y est arrivée, tu y arriver toi aussi, elle m’a dit. C’est bizarre comme argument, mais ça se tenait. Elle m’a dit que quand il s’est suicidé, à la fin, avec une capsule de cyanure, elle s’est suicidée avec lui. Parce qu’il y a toujours quelque chose de bon même chez le pire des pères, elle disait. Et il faut apprendre à aimer ce quelque chose-là. Moi je réfléchissais. J’imaginais en quoi Hitler pouvait être bon, et je me racontais des histoires autour de ça, genre lui qui rentre à la maison le soir, fatigué, et il parle d’une voix basse, et il s’assied devant la cheminée, en fixant le feu, fatigué à en mourir, et moi, Eva Braun donc, hein ? Une petite fille avec des tresses blondes, et des jambes toutes blanches sous ma jupe, je le regarder sans m’approcher, de la pièce voisine, et il était si splendidement fatigué, avec tout ce sang qui lui coulait de partout, superbe dans son uniforme, il suffisait de rester là à le regarder un peu et le sang disparaissait, et dessous tu voyais seulement la fatigue, une merveilleuse fatigue, que je restais là à adorer, jusqu’au moment où il se tournait vers moi, et me voyait, et me souriait, et se levait, avec sur lui toute cette fatigue éblouissante, et il venait jusqu’à moi, et il s’accroupissait à côté de moi : Hitler. Des trucs fous. Il me disait quelque chose à mi-voix, en allemand, puis avec la main, la main droite, lentement il me caressait les cheveux, et ça peut sembler terrifiant mais cette main était douce, et chaude, et délicate, elle avait comme une sagesse en elle, une main qui peut te sauver, et ça peut sembler dégoûtant mais une main que tu pouvais aimer, que tu finissais par aimer, tu finissais par penser que c’était beau qu’il y ait la main droite de ton père, douce, posée sur toi. C’est ce genre d’histoires-là, que je me faisais passer par la tête. Pour m’entrainer, tu comprends ? Eva Braun c’était ma salle de gym. Avec le temps je suis devenue très fort. Le soir je fixais mon père assis sur les marches de la caravane pendant que maman jouait de la trompette tout doucement à côté et en même temps loin de nous – je fixais mon père jusqu’à ce que je voie Hitler assis sur les marches de la caravane pendant que maman jouait de la trompette tout doucement à côté et en même temps loin de nous. Je gardais bien l’image fixe quelques instants, je m’en imprégnais à fond, puis je la brouillais et je revenais à mon père, à son vrai visage : mon Dieu qu’il avait l’air doux, tout cette fatigue… et moi amoureux de ma mère, je ne fus plus jaloux.
- CRB, bonjour. - Bonjour, est-ce que Diesel est arrivé ? - Qui ? - Okay, il n’est pas encore arrivé… - Ici c’est le CRB, mademoiselle. - Oui, je sais. - Vous avez dû vous tromper de numéro. - Non, non, c’est bien ça, écoutez-moi maintenant… - Mademoiselle… - Oui ? - Vous êtes à la CRB, c’est le référendum « Mami Jane doit-elle mourir ? » - Merci, je sais. - Alors voudriez-vous avoir la gentillesse de me donner votre nom ? - Mon nom n’a aucune importance. - Il faut que vous me le donniez, c’est la procédure. - Okay, okay… Barbara… mon nom c’est Barbara. - Mademoiselle Barbara. - Oui, mademoiselle Barbara, et maintenant si je peux… - Mami Jane doit-elle mourir ? - Pardon ? - Il faudrait que vous me disiez ce que vous en pensez… si Mami Jane doit mourir ou non. - Bon dieu… - Vous savez de qui il s’agit, n’est-ce pas ? Qui est Mami Jane ? - Bien sûr que je le sais, mais… - Voyez, il faudrait juste me dire si vous pensez que… - Vous voulez bien m’écoutez juste un instant ? - Bien sûr. - Voilà, soyez gentil, regardez autour de vous. - Moi ? - Oui. - Ici ? - Oui, là, dans la pièce, ça me ferait plaisir oui. - Okay, je suis en train de regarder. - Bien. Est-ce que vous voyez par hasard un garçon avec la tête rasée qui tient par la main un autre très grand, mais vraiment grand, une sorte de géant, avec des chaussures énormes, et une veste verte ? - Non, je ne crois pas. - Vous êtes sûr ? - Oui, je suis sûr. - Bien. Alors ils ne sont pas encore arrivés. - Non. - Okay, alors je voudrais que vous soyez bien sûr d’une chose. - Oui ? - Ces deux-là, ils ne sont pas méchants. - Non ? - Non. Quand ils arriveront ils se mettront à tout démolir, et probablement ils prendront votre téléphone et ils vous l’entortilleront autour du cou, ou un truc comme ça, mais ces deux types ne sont pas méchants, vraiment pas, c’est juste que… - Mademoiselle Barbara… - Oui ? - Ca vous ennuierait de me dire votre âge ? - Quatorze ans. - Quatorze ans ? - Treize… pour être exacte, treize. - Ecoute, Barbara. Est-ce que ta maman est là près de toi ? - Ma mère est partie il y a quatre ans, maintenant elle vit avec un professeur qui étudie les poissons, les habitudes des poissons, un ethnologue, pour être précis. - Je suis désolé. - Vous n’avez pas à être désolé, c’est la vie, on n’y peut rien. - Vraiment ? - Vraiment. Vous ne croyez pas ? - Si, je crois que c’est la vie… je ne sais pas exactement, j’imagine que c’est la vie. - C’est fichtrement ça. - Tu as treize ans, n’est-ce pas ? - Demain j’en aurai quatorze, demain. - Splendide. - Splendide. - Bon anniversaire, Barbara. - Merci. - Tu vas voir, ça va être splendide d’avoir quatorze ans. - J’y compte bien. - Félicitations, vraiment. - Merci. - Il n’y a pas ton papa dans les parages, hein ? - Non. Il est au travail. - Bien sûr. - Mon père travaille pour l’armée. - Splendide. - Tout est toujours splendide pour vous ? - Pardon ? - Tout est toujours splendide pour vous ? - Oui… je crois que oui. - Splendide. - C’est-à-dire… ça m’arrive souvent, quoi. - C’est une chance. - Ca m’arrive même dans les moments les plus étranges. - Je crois que c’est une chance, vraiment. - Un jour j’étais au musée, celui au nord près de la pizzeria et le garage – j’ai toujours trouvé cet endroit bizarrement placé, on voit bien que le bâtiment est précieux, avec ses fioritures au toit, mais on pouvait très bien, aussi, passer sans savoir que c’est un musée ; si on ne faisait pas attention on ne le verrait pas, que c’est un musée, peut-être à cause de la pizzeria et du garage. Le musée doit être le plus petit du monde, comme Arrowsic doit être la ville la plus petite du monde, mais pas assez pour être un village, Arrowsic à un doigt d’être un village mais ce n’en est pas un, c’est une ville, très petite, ridicule même, mais pas assez pour être un village, elle reste une ville qui voudrait se faire passer pour un village, et c’est pour ça qu’elle est la plus petite du monde. Je ne sais pas comment j’y suis arrivé, je crois qu'on finit tous à Arrowsic par hasard, on n’y va pas à Arrowsic, on y finit. Je suis arrivé ici parce qu’il fallait bien que tôt ou tard la caravane s’arrête. Mon père a pris un autre train, abandonnant la caravane. Drôle d’histoire. Un dimanche comme les autres il a pris un autre train. Il était là en train de jouer, sous l’escalier roulant quand une dame toute couverte de bijoux et un peu pompette aussi lui est tombée dessus. Il jouait When we were alive et elle s’est mise à danser, devant tout le monde, ses sacs de courses en main, l’air béat. Ils ont continué comme ça pendant une demi-heure. Et puis elle l’a embarqué avec elle, elle l’a embarqué une fois pour toutes. Tout ce qu’il a dit, lui, à la maison, c’était : j’ai pris un autre train. Là, pour être sincère, j’ai recommencé à l’aimer un peu, parce que c’était comme une libération, je ne sais pas, il s’était même peigné vaguement à la latin lover, avec la raie bien dessinée au milieu de ses cheveux blancs, et une chemise neuve, et sur le moment je me suis mise à bien l’aimer, un instant en tout cas, c’était comme une libération. J’ai pris un autre train. Des années de tragédie domestique effacées d’une phrase de rien. Grotesque. Mais des tas de fois c’est comme ça, et presque tout le temps : on découvre qu’à la fin, on a souffert comme des bêtes et c’était inutile, c’était ni juste ni injuste, ni beau ni moche, c’était simplement inutile, et tout ce que tu peux dire à la fin c’est ça : c’était une souffrance inutile. Un truc à devenir fou, si tu y penses, mieux vaut ne pas y penser, le mieux c’est ne plus y penser, plus jamais tu comprends ? Et dans la ville la plus petite du monde, le musée du petit du monde. Cette fois ils faisaient une exposition sur l’évolution ; on y voyait quelques squelettes, dans mon dos il y avait le crâne d’une baleine. C’est immense ça prend tout un mur. Et les orbites aussi, elles sont immenses et noires, et dans mon dos, collés à mon dos. On aurait presque dit qu’elle me regardait, la baleine, pendant que moi, je fixais ce lapin étrange. C’était un lapin, un simple lapin, au premier abord, peut-être un peu gros. Il avait les yeux fermés, on ne voyait pas son sourire, ses oreilles étaient déposées délicatement sur son corps, endormies pour toujours, sur lui dans son bocal, comme une couverture. Il avait l’air paisible, aussi. Quelque chose, dans ces yeux fermés peut-être. Je n’ai d’abord pas compris pourquoi il l’avait exposé, pourquoi on l’avait mis dans ce récipient comme un légume, avec ce liquide qu’on devinait épais, Dieu seul sait combien de temps il était resté conservé là, et malgré la couleur jaune ou verte que le conservateur lui donnait, il y avait quelque chose de serein, on aurait presque pu deviner le blanc de son pelage, je ne sais pas, quelque chose dans ses yeux fermés, peut-être. Mais ça ne m’aidait pas à comprendre pourquoi il était là, et puis finalement. Finalement, j’ai remarqué sa cinquième patte. J’étais resté là, perplexe, à le regarder dans les yeux, dans les yeux vous imaginez Barbara ? Il avait une cinquième patte et moi ce n’est pas ce que je regardais, c’était ses yeux. Fermés, comme deux lignes ; il était mignon ce lapin, mais il avait une cinquième patte. Je me suis reculé un peu, et j’ai enfin vu la pancarte Tératologie. Et à côté de moi, cette vieille dame qui, avant de voir le lapin, voyait la cinquième patte et peut-être que moi aussi, j’aurais vu ça avant l’animal si j’avais repéré la pancarte avant. Je regardais tout ça et c’était clair que la seule chose à penser c’était à dégueuler, mes enfants, un truc à dégueuler tellement c’était triste, et au lieu de ça ce qui m’est arrivé pendant que j’étais dans le musée et que la vieille dame s’était maintenant tournée vers les squelettes de deux agneaux accrochés l’un à l’autre comme enlacés, comme un ; c’est que j’ai pensé Dieu que c’est beau, avec même quelque part une petite envie de rire, zut alors ce que c’est beau tout ça, mais tout, jusqu’au dernier monstre, ceux-là même qui m’ont fait me spécialiser en tératologie dans mes études de médecine et prendre ce boulot d’un été de réceptionniste - tout était bigrement beau. Absurde, non ? - Bizarre. - Ca fait honte de raconter ça. - Pourquoi ? - Je sais pas… les gens ne les racontent pas, d’habitude, ces choses-là… - Moi j’ai bien aimé. - Arrête… - Non, vraiment, surtout l’histoire du plus petit du monde… - La ville qui voulait se prendre pour un village. - C’est ça. - Comme un géant qui voudrait se tasser et rentrer dans la trop petite voiture. - Marrant. - Sûr. - Sûr. - Barbara ? - Oui ? - Je suis content que tu aies téléphoné. - Eh, non, attends… - Je suis là. - Comment tu t’appelles ? - Freddie. - Freddie. - Je m’appelle Freddie Freeloader. - Freddie Freeloader. - Oui. - Et il n’y a personne qui est en train de t’enrouler le fil du téléphone autour du cou, hein ? - Non. - Tu te rappelleras, quand ils viendront, qu’ils ne sont pas méchants ? - Tu verras qu’ils ne vont pas venir. - N’y compte pas, c’est sûr qu’ils arrivent. - Et pourquoi est-ce qu’ils devraient arriver, Barbara ? - Diesel adore Mami Jane. Et lui il mesure deux mètres et quarante-sept centimètres de haut. - Splendide. - Ca dépend. Quand il est très en colère ça n’est absolument pas splendide. - Et en ce moment il est très en colère ? - Tu le serais toi aussi si on faisait un référendum pour tuer Mami Jane, et que Mami Jane était ton idéal de mère. - C’est juste un référendum, Barbara. - Diesel dit que c’est complètement une arnaque. Ils ont déjà décidé depuis des mois qu’ils vont la tuer, ils font ça juste pour sauver la face. - Peut-être qu’il se trompe. - Diesel ne se trompe jamais. C’est un géant, lui. - Géant combien ? - Géant pas mal. - Moi un jour j’étais avec une femme, elle pouvait smasher dans le panier sans même se mettre sur la pointe des pieds. - Vraiment ? - Mais son métier c’était déchirer les billets dans un cinéma. - Tu l’aimais ? - C’est quoi cette question Barbara ? - Tu as dit que tu étais avec elle. - Oui, on était ensemble. On a été ensemble pendant vingt-deux jours. - Et ensuite ? - Je ne sais pas… tout ça était un peu compliqué, tu comprends ? - Oui… pour Diesel aussi tout est un peu compliqué. - C’est la vie. - Son père a dû lui faire construire des chiottes sur mesure, ça lui a coûté une fortune. - Je te le disais, tout est un peu compliqué. - C’est sûr. Quand Diesel a essayé d’aller à l’école, là-bas, à la Taton, il y est arrivé le matin… - Barbara ? - Oui. - Excuse-moi un instant, Barbara. - Okay. - Reste en ligne, d’accord ? - Okay. Je mis la ligne en attente. Puis je me tournai vers le monsieur, qui, debout devant ma table, était en train de m’observer. C’était le chef du département Développement et Publicité. Il s’appelait Bellerbaumer. Il faisait partie de ces gens qui sucent la branche de leurs lunettes. - Monsieur Bellerbaumer ? Monsieur Bellerbaumer s’éclaircit la voix. - Monsieur, vous êtes en train de parler de géants. - Tout à fait. - Vous téléphonez depuis douze minutes et vous parlez de géants. - Douze minutes ? - Hier vous avez allègrement conversé pendant vingt-sept minutes avec une employée de la Bourse qui à la fin vous à proposer de l’épouser. - Il ne savait pas qui est Mami Jane, j’ai dû… - Et la veille vous étiez resté suspendu à ce téléphone pendant une heure onze à corriger les devoirs d’un bougre de gamin qui vous a donné comme réponse : pourquoi ne faites-vous pas crever Ballon Mac ? - Ca pourrait être une idée, pensez-y. - Monsieur, ce téléphone est la propriété de la CRB, et vous êtes payé pour dire une seule et maudite phrase : Mami Jane doit-elle mourir ? - J’essaie de faire de mon mieux. - Moi aussi, et c’est pourquoi je vous licencie, monsieur Freeloader. - Pardon ? - Je suis contraint de vous licencier, monsieur. - … - … - … - … - Monsieur Bellerbaumer ? - Je vous écoute. - Ca vous ennuie si je finis mon téléphone ? - Quel téléphone ? - Ce téléphone. Il y a une fille en ligne, qui attend. - … - … - Finissez votre téléphone. - Merci. - Je vous en prie. - Barbara. - Allô ? - Je crois que je vais devoir raccrocher, Barbara. - Okay. - On vient de me licencier. - Splendide. - Je n’en suis pas si sûr. - Au moins ils ne vont pas t’égorger. - Qui ? - Diesel et Poomerang. - Le géant ? - Le géant c’est Diesel. Poomerang c’est l’autre, celui qui n’a pas de cheveux. Il est muet. - Poomerang. - Oui. Il est muet. Il ne parle pas. Il entend mais il ne parle pas. - Ils les arrêteront à l’entrée. - En général on ne les arrête pas, ces deux-là. - Barbara ? - Oui ? - Mami Jane doit-elle mourir ? - Qu’ils aillent se faire foutre. - « Ne sait pas. » Okay. - Tu peux me dire une chose, Freddie ? - Je dois y aller, maintenant. - Juste une. - Dis-moi. - Cet endroit, là, ce musée… - Oui… - Je me disais que j’aimerais bien faire mon anniversaire là-bas. - Comment ça ? - Demain… c’est mon anniversaire… on pourrait aller là-bas, peut-être qu’il y aura encore la vieille dame. - C’est une drôle d’idée Barbara. - Toi, Diesel, Poomerang et moi. C’est moi qui invite. - Je ne sais pas. - C’est une bonne idée, je te jure. - Peut-être. - 85. 56. 74. 18. - C’est quoi ? - Mon numéro, si ça te va tu m’appelles, okay ? - On ne dirait pas que tu as quatorze ans. - Si on veut être exact, je les ai demain. - C’est vrai. - Alors d’accord. - Oui. D’accord. - Barbara ? - Oui ? - Salut. - Salut Freddie. - Salut. J’appuyai sur le bouton bleu et coupai la communication. J’eu un peu de mal à enfiler mes affaires dans mon sac, c’était un sac jaune, avec marqué dessus Sauvons la planête des ongles de pieds vernis. Je pris aussi les photos encadrées de Walt Disney et d’Eva Braun. Les sept autres demoiselles me regardaient, muettes, pendant que les téléphones sonnaient dans le vide, congelant des indications précieuses sur l’avenir de Mami Jane. Ce qu'il avait à dire, Freddie Freeloader le dit en ôtant ses tennis et en enfilant ses chaussures pointues et cirées. - Donc, pour la petite histoire, dans un moment entreront par cette porte un géant et un type sans cheveux, muet, ils casseront tout et ils vous étrangleront avec les fils du téléphone. Le géant s’appelle Diesel, le muet Poomerang. Ou le contraire, je ne me rappelle pas exactement. En tout cas : ils ne sont pas méchants. La photo d’Eva Braun avait un cadre en plastique rouge, et un petit pied derrière recouvert de tissu, et repliable : pour le faire tenir debout, à l’occasion. Elle, Eva Braun, avait effectivement le visage d’Eva Braun. « Compris ? » « Plus ou moins. »
be yourself.
Et bien bonsoirrr, nous accueillons ici ce soirrr, Marie, 16, Littéraire et non-anglophone. Oui en effet j'aime beaucoup les titres en français. J'aime aussi beaucoup Tennessee Williams, c'est étrange, Patti Smith dans son auto-bio ceci dit en passant, résume bien ce que je veux dire : « L'amour à sens unique que je lui portais était aussi réel que les plus vraies de mes expériences. » Lundi dernier (25.02.2013), toi-même tu le sais, ça faisait 30 ans qu'il est mort, maintenant ça fait 30 ans et 5 jours. Souvent, on ne me comprend pas. Souvent, je m'en fiche Alexandre aime bien quand je dis toi-même tu le sais. J'aime lire des blogs, j'aime Alessandro Barrico, j'aime Raphaël, j'aime Satie, j'aime Explosions in the Sky, je croyais être la seule à connaître mais en fait non, d'ailleurs ceci dit en passant, je fais comme toi Raina, en connexion spirituelle si on veut, je mets EITS en chanson. J'aime Alain Bashung aussi. S'il devait y avoir une réponse E ce serait Alain Bashung. Je viens de me faire lyncher par Raina & Alexandre mais je préfère ne pas vous dire pourquoi...
Elles sont méchantes.
Très méchantes...
Moi, je vous aime.
J'aime aussi qu'on lise ma fiche, souvent plus élaborée que mes RPs parce que c'est censée être la première impression qu'on donne et donc il faut la soigner, si on veut espérer une suite. Souvent, les présentations ne sont pas lues. Souvent, je comprends pourquoi.
Dernière édition par Freddie Freeloader le Mar 5 Mar - 23:36, édité 5 fois
Sujet: Re: Je sais les noms des nuages. Ven 1 Mar - 20:13
oh my !! c'est bien la toute première fois que je le vois sur un forum dis donc pour de l'original, ça l'ai très franchement et j'ai hâte de découvrir le personnage bienvenue ici !
Sujet: Re: Je sais les noms des nuages. Ven 1 Mar - 21:28
Merci à tous les deux, ça me fait très plaisir que Freddie vous intéresse
Et j'avais très envie de vous faire partager ça tiens (<= dent cassée après lynchage )
En discutant avec le 4ème potentiel futur arrivant de notre groupe :
Citation :
RAINA : Ouais, je pense que quelqu'un de classe dans le groupe ça nous ferait pas de mal en fait... MOI : Et moi je suis une merde ? ALEX : Toi t'es vieux.
Voilà voilà... je vous l'avais dit elles sont méchantes !
Sujet: Re: Je sais les noms des nuages. Dim 3 Mar - 13:23
mon dieu, tennessee c'est juste f*cking good de le voir sur un forum, rohlàlà. puis le personnage m'intrigue, j'aime beaucoup ta présentation personnelle et gosh, j'ai hâte de lire ton histoire pour voir si un lien est possible entre Sutton & lui, parce que le métier quoi bienvenue parmi nous, au fait.
DOUBLE-COMPTE : jona & louis. MESSAGES : 8067 ARRIVÉE : 07/03/2012 LOCALISATION : à l'hôpital.
Sujet: Re: Je sais les noms des nuages. Mar 5 Mar - 23:10
T'excuses pas, dis. Tu m'pardonnes si je m'en occupe demain ? Je tombe de fatigue là et je préfère me délecter de ta plume à tête reposée J'ai hâte de lire tout ça en tout cas