Ella B. Clarke et Neela D. Owens

Les amis sont les anges qui nous soulèvent quand nos ailes n'arrivent plus à se rappeler comment voler.

   

Mon petit bout de chou me comblait de bonheur. C'était bien simple, depuis qu'il était là depuis seulement deux jours, je n'avais d'yeux que pour lui, et Felix aussi d'ailleurs. Nous étions tous les deux complètement gagas avec ce petit, et mon fiancé se débrouillait très bien pour dire que c'était ses tous premiers pas en tant que jeune papa. On aurait même dit qu'il avait fait ça toute sa vie ! Bien qu'il avait fallu que je lui apprenne certains gestes au départ, Felix commençait déjà à ne plus avoir besoin de mon aide pour changer les couches d'Adam ou encore pour lui donner son biberon. Franchement, j'adorais le regarder faire, même si les gestes n'étaient pas très sûrs, c'était un vrai plaisir, d'autant qu'on sentait vraiment qu'il était heureux et fier d'être père. Évidemment, nous avions un peu moins de temps pour Carlie qui de toute façon commençait à être suffisamment grande pour se débrouiller seule et faire pas mal de choses du quotidien, mais elle n'avait pas l'air de s'en plaindre. Si notre fille avait pu nous faire la tête pendant une longue période par rapport à l'arrivée de son petit frère, là, elle se montrait plus calme et compréhensive, un peu comme si cette nouveauté l'avait finalement apaisée. Bref, toute ma petite famille se portait bien, et du coup, Felix et moi étions sur petit nuage. J'avais de la chance, beaucoup de chance. Je savais que ce n'était pas le cas de tout le monde à Arrowsic, notamment pour Ella, l'amie la plus précieuse que je pouvais avoir dans le coin. Elle avait perdu son père récemment, et donc son moral n'était pas au beau fixe ces temps-ci, contrairement à moi. Malgré tout le bonheur que je pouvais avoir, j'étais particulièrement affectée de cette disparition. Bien que je n'avais jamais rencontré cet homme, c'était le père de la femme à laquelle je tenais le plus après ma fille et ma mère, alors forcément, cet événement m'avait fait de la peine. Tout ce qui touchait Ella me touchait aussi, et je me sentais concernée par ce qui lui arrivait. Je me mettais à sa place, même si je ne pouvais sûrement pas comprendre ce qu'elle pouvait ressentir parce que perdre un parent ne m'était heureusement jamais arrivé. Je partageais pourtant sa souffrance, sa tristesse, et justement, je lui avais proposé de passer à la maison cet après-midi. Déjà, pour lui présenter Adam qu'elle n'avait vu qu'à la maternité le lendemain de mon accouchement, pour parler de ses ressentis par rapport au décès de son père, pour lui demander si elle voulait bien devenir la marraine d'Adam et puis accessoirement, j'en profiterais pour lui annoncer que désormais, Felix et moi étions fiancés. Mon but n'était absolument pas d'étaler tout mon bonheur devant elle qui vivait actuellement une sale période, mais je savais qu'Ella serait heureuse pour moi, que cela lui ferait du bien de savoir que son amie nageait en plein bonheur. Cet après-midi là, Felix était au journal, j'étais donc seule à la maison avec le bébé puisque Carlie était à l'école. L'accouchement m'avait pas mal fatiguée, mais peu importe, j'étais toujours ravie de voir Ella.

Il devait être quinze heures trente lorsque la sonnette retentit. Adam venait juste de terminer sa sieste, c'est pourquoi je l'avais pris dans mes bras pour aller jusqu'à la porte que j'ouvris en arborant un grand sourire. Comme d'habitude, je lui réservais toujours un accueil très chaleureux. « Ella ! » Dire que la dernière fois qu'elle était venue ici, c'était pour me voir en pleurs devant mon test de grossesse. Aujourd'hui Dieu merci les choses avaient bien évolué. Je m'approchais pour lui faire la bise, caressant la petite joue de Lleyton qui avait bien grandi depuis le temps, et la laissais entrer. « Je suis contente que tu sois là ! Comment tu vas ? » A peine m'avait-elle répondu qu'Adam se mit à pleurer dans mes bras. Je l'embrassais doucement sur le front tout en refermant la porte, puis posa mon regard sur Ella en souriant. « Je suis désolée, c'est que c'est l'heure du biberon tu comprends ! «  Et oui, monsieur avait faim après la sieste, c'était bien normal. Et d'ailleurs, j'avais bien une petite idée de qui aurait l'honneur de lui donner le biberon, s'il voulait bien.
   

Codes par Wild Hunger.

Je fermais les yeux un instant. Je voulais simplement sentir l’eau bercé mon corps. Je voulais me sentir flotter. Je voulais reposer mon âme un instant. Il y avait des jours comme celui-là où la douleur m’envahissait. Des jours où je me demandais pourquoi, comment. Des jours où les questions les plus obscures n’avaient pas de réponses. Et où le doute m’envahissait. Où l‘obscurité m’envahissait. J’avais l’impression que les ténèbres s’abattaient sur nous et que seul notre amour donnait la force à nous sourires de briller encore. Et qu’en serait-il si on s’essoufflait ? Si un jour, se battre ne faisait plus partie des options ? Tout simplement, si j’abandonnais. Est-ce que quelqu’un serait là pour allumer la lumière et faire fuir les fantômes ? Y avait-il une fin à la souffrance ? La vie était-elle toujours comme cela ? Une lutte pour ne pas oublier de sourire ? Etais-je capable de la mener ?

Je remontais rapidement à la surface, découvrant alors les yeux de mon coach sur moi. « Tu es en avance. ». Je lui offrais un maigre sourire. « Je prenais la température. ». Il haussa les épaules, bien loin d’être dupe. Mais ne posa pas la moindre question. Lui, il me prenait tel que j’étais sportive mais, avant tout humaine. « Ne t’épuise pas inutilement. ». Ne t’épuise pas inutilement. J’avais envie de lui dire que j’étais d’ores et déjà épuisée. Épuisée de me battre Épuisée de chercher à comprendre l’impossible. Épuisée à tout faire pour aller mieux et m’effondrer à la moindre note de guitare. Mais, je n’allais pas lui dire ça. Non, j’affichais un sourire avant d’oublier qui j’étais. La femme. La petite-amie. La mère. La sœur. Je n’étais plus aucune d’elle. J’étais simplement une nageuse. Et je me concentrais sur mon seul désir de perfection. La natation synchronisée était ma seconde peau. Je l’avais toujours su. Mais les épreuves de ces dernières années l’avaient révélé. Je m’étais relevée et forgée à travers ma passion.

Cependant, tout n’allait pas de travers pour tout le monde. Et c’est pour cela que cette après-midi j’avais accepté d’aller voir Neela. La voir dans son bonheur avec son petit Adam. Elle rayonnait de bonheur. Même à la maternité alors qu’elle était épuisée je l’avais vu. Mattia était au travail. Ashton aussi. Alors autant en profiter. C’est donc avec Lleyton dans les bras –malgré ses protestations parce qu’il voulait marcher- que je me rendais chez mon amie. Ma plus précieuse amie.
A peine avais-je eu le temps de sonner que déjà Neela m’ouvrait la porte. Adam dans les bras et un immense sourire sur le visage. « Ella ! ». Je lui rendais son sourire avant de lui faire la bise. Lleyton lui fit aussi un sourire quand elle lui caressa la joue. Je posais le regard sur son fils. Il était magnifique. J’aurais bien dit que ça me rappelait les débuts avec Lleyton mais comment dire ? Les choses c’était passé un peu différemment. Quelques jours après mon accouchement, j’étais encore persuadée d’avoir perdu mon bébé. Et Lleyton se battait jour et nuit contre la vie et la mort. Oui, autant ne pas y repenser. Adam était en plein forme. Et un magnifique petit garçon. « Je suis contente que tu sois là ! Comment tu vas ? ». Je relevais les yeux vers elle, sans quitter mon sourire. « Ça me fait aussi plaisir de te voir et ça va et toi ? Pas trop fatiguée ? ». Neela n’eut pas le temps de répondre que déjà le petit bout se mettait à pleurer.

La porte refermée, Neela embrassa son fils sur le front. « Je suis désolée, c'est que c'est l'heure du biberon tu comprends ! ». Je me mis à rire. Oui, pour comprendre, je comprenais ! J’étais toujours dans cette période avec Lleyton. Même s’il mangeait il fallait toujours le nourrir et le matin, il ne se passait pas du biberon. « Oh c’est quelque chose que je connais bien et tu m’en veux pas si je laisse Lleyton courir dans ta jolie maison ? Non parce que monsieur commence à bouder là. ». En effet, dans mes bras, il recommençait à donner des coups de pieds pour que je le pose. Ce que je ne tardais pas à faire. Il commençait à faire son poids le bonhomme. Et au fond, ce n’était pas trop mal qu’il marche. Ça lui permettait de se dépenser un minimum et de me laisser l’espoir qu’il dorme. Enfin bon, il s’était mis à suivre Neela dans la cuisine, visiblement très intrigué par Adam.

Lleyton n’avait qu’une hâte, poser les pieds au sol et courir. Il était pire que son père et moi réunis, c’était certain. Il débordait d’énergie ce petit. « Oh non je ne t'en voudrais pas va ! Laisse-le gambader ce petit ! ». Hop, ni une ni deux, je posais Lleyton sur le sol et il ne tarda pas à quitter mes jambes. Oui, sait-on jamais que je le rattrape. Il se mit à suivre Neela partout où elle allait, captivé par le petit Adam. Enfin, après avoir chauffé le biberon, je m’installais au salon avec Neela. « Et oui, toi aussi tu as été aussi petit ! ». Lleyton éclata de rire comme à chaque fois qu’on lui parlait. Enfin non, rectification, pas à chaque fois. Quand il se prenait une soufflante, c’était les larmes. « Bébé, bébé, bébé ! ». Il tapait dans ses mais en regardant Adam sous mon air attendrit. C’était la période des premiers mots, alors forcément j’étais gaga. « Oui mon cœur, c’est un bébé, il s’appelle Adam. ». Il se mit à rire à nouveau avant de répéter bébé. Et dire que Lleyton n’était déjà plus un bébé mais un bambin comme disait si bien le pédiatre. J’avais vraiment du mal avec ça.

Neela commença à nourrir Adam avant de me regarder avec un grand sourire. « Tu veux le lui donner ? ». Je n’avais même pas besoin de mots, un hochement de tête et un sourire. Bien sûr que j’acceptais de nourrir ce petit ange. Lleyton me regarda avec intérêt, peu habitué à me voir avec un autre que lui dans les bras. « Moi, maman, moi ! ». Il me regardait avec ses grands yeux en venant s’agripper à mes jambes. Je le regardais avec un sourire amusé sans pour autant détourner mon attention d’Adam. « Tu es un grand garçon Lleyton, ce n’est pas l’heure du biberon pour toi. ». Il fronça les sourcils avant de se détourner sans insister.  Il n’avait sans doute pas compris grand-chose si ce n’est que c’était un non pour le biberon et pour qu’il vienne sur mes genoux.

En tout cas, Neela était resplendissante. Elle avait l’air tellement heureuse et elle ne tarda pas à le confirmer. « Si tu savais comme je suis heureuse... ». J’affichais un large sourire, ça faisait plaisir à entendre. J’aurais aimé en dire autant. « Je vois ça, tu es radieuse…et c’est en partie grâce à toi ! ». Pour la fin de ma phrase, je regardais Adam avec un air gaga. Devenir maire était magique et merveilleux. Forcément, elle coulait sous le bonheur. « D'ailleurs ... ». Elle me montra alors sa main qui portait une sublime bague. Tellement sublime que ça ne pouvait pas être autre chose qu’une bague de fiançailles. Je restais un instant sans mot avant de réaliser. « Oh mon dieu ! C’est bien ce que je crois ? Vous allez vous marier ? ». Se marier… ça devait un sujet dans l’air du temps. Oui, je pensais forcément à ma conversation avec Mattia. Enfin soit, elle allait se marier avec Felix, unir sa famille. « Oh félicitation, je suis tellement heureuse pour vous ! ». Je lui aurais bien sauté dans les bras si ce je n’étais pas en train de nourrir Adam. En tout cas, mon excitation avait dû surprendre Lleyton parce que lui qui jouait avec des magazines se retourna vers moi. « Tion ! Tion ! Maman, tion ! ». Je riais doucement, il avait dû confondre attention et félicitation mais soit, c’était trop chou.

Neela affichait fièrement cette magnifique bague à son doigt. Ils allaient se marier ! Je ne pouvais pas être plus heureux pour eux. Leur couple allait à merveille. Ils étaient heureux, amoureux. Leur histoire était définitivement extraordinaire. Ils étaient faits pour être ensemble. « Il semble que cela fasse partie de nos plans, oui. ». Elle se mit à rire légèrement. Elle avait de la chance de connaître un tel bonheur. Il fallait qu’elle en profite. Ça vie avait presque l’air d’un conte de fée et c’était tout ce que je lui souhaitais. « Merci … Je ne sais pas quand ce sera prévu, mais, c'est prévu. ». J’affichais un large sourire, peu importe quand, je serais là pour elle.  « Je serais là dans tous le cas ! Mais tardez pas trop hein ! ». Je riais légèrement. Je n’étais pas connue pour être très patiente. Bien au contraire. Maintenant qu’elle m’en avait parlé, j’allais attendre cet évènement de pied ferme. Bon ça me laissait le temps d’en parler à Mattia. Et d’envisager que peut-être, éventuellement, s’il voulait, il pourrait venir. Enfin bon fallait aussi que j’en parle à Neela et Felix en fait… ouais, finalement, ça pouvait attendre !

En tout cas son petit Adam en avait déjà fini de son biberon. On papotait, lui, il mangeait ! « Et ben, t'as une sacrée descente avec Ella mon amour ! ». Je le regardais, attendrie. Je ne savais si d’habitude il mangeait si vite mais en tout cas, il avait été adorable. « Je te le reprends, monsieur doit faire son rot ! ». Je lui redonnais Adam sans tarder, histoire que le petit soit bien le plus rapidement possible. « J'ai quelque chose à te demander Ella. Felix et moi on se demandait si tu voulais bien être la marraine d'Adam ? ». Je regardais Neela avec d’immenses yeux ronds, surprise de ce qu’elle me demandait. Je n’avais pas du tout pensé qu’elle me le demanderait, à moi. « Oh bah oui… ça me ferait très plaisir ! ». J’affichais un immense sourire maintenant la surprise passée. Oui ça me faisait très plaisir d’être la marraine de ce petit bout. Surtout que je pourrais être présente pour lui. Je n’avais aucune raison de refuser. « Je m’y attendais pas, c’est une belle surprise que tu me fais là. ». Quelque part, ça mettait un peu de joie dans ma vie. Au milieu de l’ombre il y avait des bonnes choses. Le bonheur de Neela me faisait du bien. Et qu’elle m’y inclut un peu dedans m’aidait.

Je posais mon regard sur Lleyton qui jouait sans franchement se soucier de nous puis sur Adam qui s’endormait. On avait des fils merveilleux. Ils étaient une raison suffisante pour se battre dans la vie.