Sujet: entre ciel et terre. ☞ sully. Jeu 13 Jan - 15:18
Il y a diverses manières d’anticiper les choses : se dire qu’elles se passeront sans aucun embarras, de la manière la plus naturelle possible et celle où l’on se compliquera constamment la tête pour chercher un problème là où il n’y en a pas. Ma relation avec Sully, je l’envisageais plutôt de la première façon. Je connaissais le terme exact qui définirait notre relation le plus justement et pourtant, quelques fois, je me surprenais à penser davantage. Pas de l’amour, loin de là même, mais une sorte d’alchimie naissant un peu plus à chaque fois que j’ai l’occasion de le voir, de l’entendre parler et de savoir qu’il ne se trouve pas si loin de moi que ça. Absent pendant deux ans, je me demande aujourd’hui comment est-ce que j’ai pu faire pour rester éloigner de lui aussi longtemps. J’aurai pu lui retourner la question. Cependant, la réponse m’effraie. En fait, nous avons tous tendance à laisser des questions en suspens de peur de recevoir une réponse déplaisante, qui détruirait en quelque sorte toutes les illusions que l’on se fait. C’est ainsi. Le fonctionnement même de la vie des Hommes qui ne savent pas quoi faire de leur existence, donc ils passent leur temps à se la compliquer. J’en avais décidé autrement de mon côté. Seulement, parfois, la réalité nous rattrape et ces questions qui restent sans réponses nous laissent un vide immense dans la poitrine.
Je ne connaissais nullement les pensées de Sully. Parfois, il m’arrivait de le regretter car au moins, j’aurai le mérite de me sentir beaucoup moins perdue. Malheureusement, je suppose qu’il n’y a personne possédant ce don. Ce n’est pas si exceptionnel que ça, mais l’obtenir pour une durée de vingt-quatre heures, je ne crois pas que ça puisse se refuser. En même temps, c’est une nouvelle expérience. Savoir ce que les autres pensent de vous sans jamais vous l’avouer, j’ignore si c’est encourageant. S’ils ne le disent pas, il y a donc une part de mauvais dans ces pensées. Alors, en attendant de les découvrir ou plutôt, qu’ils me les disent, je me contentais simplement de ce que nous avions. Nous étions proches, certainement oui. J’avais pour habitude de lui dire pas mal de choses sur moi et lui également. Notre relation se définissait de cette manière. Il y a toujours eu cet attachement l’un à l’autre, cette ambigüité une fois de temps en temps. Je m’en tenais pourtant toujours là. Aujourd’hui, je commençais tout juste à en connaître un peu sur Arrowic. Après avoir eu le droit à une visite du musée, je lui avais demandé une petite ballade en bateau en compensation. Disons qu’il pouvait bien faire ça pour moi, surtout parce que j’avais pris la peine de me renseigner sur les horaires, sur la location d’un bateau pour la journée. Certes, ce n’était pas le temps idéal pour ce genre de promenade et ce n’est pas non plus un bateau de luxe – donc pas de grande cabine – mais ce serait amplement suffisant. Du moins, je l’espérais.
Je patientais alors sur le ponton depuis une dizaine de minutes. Sully n’était pas particulièrement en retard, bien au contraire. J’avais pour habitude d’arriver toujours en avance parce qu’on ne sait jamais ce qui pourrait arriver. Un peu superstitieuse, en effet. Les écouteurs dans les oreilles, je laissais la musique déferler doucement. Une mélodie qui raisonnait en moi comme une évidence. Elle me permet juste de m’évader parfois, quand j’en ressens le besoin. Lorsque je suis heureuse, j’ai tendance à écouter des mélodies tristes et quand je ne le suis pas, également. On soigne le mal par le mal à ce qu’il paraît. « Iseult, je suis désolé pour mon retard. » Au début, je n’avais pas compris qu’il s’agissait bien de lui. Notamment parce que je n’entendais pas grand-chose, le volume étant à son maximum. Je sentis ensuite une présence près de moi, ce qui me poussa à me retourner presque immédiatement. Un mélange de peur car ça aurait pu être n’importe qui et d’enthousiasme. J’étais bien contente que ça ne soit que lui. « Tu m’as fais peur ! » Sans plus attendre, je le pris dans mes bras et l’embrassa sur la joue. « Tu vas bien ? »
Sujet: Re: entre ciel et terre. ☞ sully. Jeu 13 Jan - 22:12
Il y a des personnes qui font partie intégrante de vous, dont vous ne pouvez vous passer pour aucune raison. Leur simple absence vous est insupportable. La vie sans eux ne vaudrait pas la peine d'être vécu. Pour moi, Iseult faisait partie de ces personnes-là. Peu de personnes pouvaient prétendre en faire partie. J'étais populaire au lycée ainsi qu'à l'université, j'étais le genre de gars sympa, qui était ami avec tout le monde. Mais ma confiance, il fallait la mériter. Les vrais amis sont rares, et un ou deux font l'affaire. Car les vrais amis sont là pour tout, dans le meilleur comme dans le pire, et vous n'en avez pas besoin de cinquante pour vous sentir bien. Savoir que l'on peut compter sur une seule personne, rien qu'une seule, c'est déjà énorme. Quelqu'un qui pourrait mourir pour nous, et inversement. Oui, je pourrais mourir pour Iseult. Elle signifiait tout pour moi. Il y avait ce lien entre nous, ce lien indescriptible. Ca ne relevait pas de l'amour, non. Etre amoureux, ce n'est pas ça. Mais c'était bien plus que de l'amitié, c'était certain. Ce que je ressentais pour elle s'amplifiait un peu plus chaque jour, pourtant, je savais pertinemment que ce n'était pas de l'amour. Mais il y avait bien quelque chose. Mettre un mot dessus ? J'en étais incapable. Je profitais juste de l'instant présent, de sa présence à mes côtés. J'avais perdu tellement de temps. Deux ans. Vingt-quatre mois. Plus de quatre-vingt seize semaines. Sept cents trente jours. Dix-sept milles cinq cents vingt heures. Un million cinquante-et-un milles deux cents secondes. C'était long, trop long. Pendant tout ce temps, j'avais ressassé son visage rempli de larmes, me sentant coupable d'avoir été la cause de son chagrin. C'est fou le peu de temps qu'il lui avait fallu pour prendre une telle place dans ma vie. J'avais préféré couper tous les ponts avec elle. Ca avait été la meilleure chose à faire. Du moins, je l'avais pensé. Par la suite, je n'avais plus été aussi sûr de mon choix. Puis un beau jours, elle était réapparue, à ma porte. J'avais d'abord cru rêver. Je m'étais fait à l'idée - douloureuse - de ne plus la revoir. Mais elle était venue me retrouver. Depuis, ma vie avait complètement changé. J'étais plus heureux que jamais, et je profitais de tous les instants en sa compagnie. Il n'y avait que ça à faire, et attendre de voir comment évolueraient les choses.
Arrowsic n'était pas New York, c'était même l'opposé. D'ailleurs, la première fois que j'avais posé les pieds à New York, j'étais terrifié. Ce n'était pas l'ambiance tranquille de ma ville natale. J'imaginais donc très bien qu'Iseult pouvait se sentir légèrement larguée à Arrowsic. Pour quelqu'un habitué aux grandes villes, ça devait lui sembler vide. C'est pour cette raison que j'avais décidé de lui faire visiter la ville. Cela l'aiderait à s'intégrer, et de plus, nous passerions du temps ensemble. Même si nous aurions trouvé autre chose sans cette visite, je n'en doutais pas. Il y a quelques jours, je l'avais forcée à venir au musée. Elle m'avait légèrement boudé, mais c'était une étape importante pour connaître l'histoire de la ville. Aujourd'hui, c'était elle qui avait choisi le programme : une balade en bateau. J'avais réussi à me libérer de mes obligations d'avocat. Le beau temps n'était pas au rendez-vous comme je l'avais espéré, mais tant qu'il ne pleuvait pas des cordes, ça irait. Et un ouragan pouvait souffler, tant qu'Iseult serait à mes côtés, tout irait bien. Arrivant à l'endroit prévu, je regardais l'heure à ma montre. J'avais quelques minutes de retard, mais rien de remarquable. Mais en voyant Iseult déjà là, je grimaçais, pensant alors être plus en retard que je ne le pensais. « Iseult, je suis désolé pour mon retard. » dis-je alors qu'elle était dos à moi, ignorant totalement qu'elle ne pouvait pas m'entendre, pas complètement du moins. Je posais une main dans son dos, et elle se retourna. « Tu m’as fais peur ! » Je fis une petite moue pour m'excuser et posais mes lèvres sur une de ses joues. « Tu vas bien ? » me dit-elle après m'avoir relâché. Je lui souris. « Parfaitement bien maintenant que tu es là. » Je souris innocemment. Lui dire le bien qu'elle me faisait venait naturellement, je n'avais pas besoin de taire mes sentiments. Elle était tout pour moi, pourquoi le lui cacher ? Bon, je devais avouer que je pouvais en jouer parfois, mais ce n'était qu'occasionnel. J'entendis le grognement du marin censé conduire le bateau. Je regardais Iseult et fit un geste de gentleman. « Après vous, mademoiselle. » Je lui tendis une main, pour l'aider à grimper dansle bateau, pas vraiment stable.
Dernière édition par Sully Blackwell le Mer 26 Jan - 20:28, édité 1 fois
Sujet: Re: entre ciel et terre. ☞ sully. Dim 16 Jan - 2:58
Parfois, vous savez, on s’efforce de vivre au jour le jour, sans essayer de se poser mille et une questions, qui en principe, n’ont aucun sens. Mais dans le fond, si elles sont posées, c’est bien parce qu’elles ont le mérite de nous intéresser. Je m’étais souvent demandée ce que pensait Sully à mon sujet. J’aurai pu jouer les désintéresser, faire comme si rien ne m’intéressait alors qu’en réalité, il s’agissait de tout le contraire. Je n’étais pas imprévisible. N’importe qui me connaissant un minimum saurait ce que j’attends exactement de lui. Un peu comme une évidence. Mais honnêtement, je mentirais en disant que celle-ci n’est pas difficile. J’avais justement peur d’en savoir trop, de savoir que ce qu’il pense de moi n’est rien d’autre que des sujets négatifs, que peut-être, je ne suis pas la plus parfaite des jeunes femmes d’Arrowsic. Qu’à force de vouloir tout savoir, je me trompe sur toute la ligne. Il ne s’agirait pas là d’une amitié, mais de quelques sentiments refoulés. Dure réalité. Même si je le savais, je n’irai pas jusqu’à lui dire. Certainement pas. Je craindrais tellement que mon cœur se retrouve en mille morceaux, je serais capable de prendre la fuite avant qu’il ne puisse dire quoi que ce soit, le cœur tambourinant dans ma poitrine au rythme d’une musique électro. Je l’ai déjà rêvé cette situation là, comme si elle était vouée à se dérouler réellement. Je me rappelle le souffle court, les larmes se perdant contre mes joues et mes cheveux en bataille, trempés à cause de la pluie battante. Evidemment, il avait fallu qu’il pleuve dans ce fameux rêve. Je m’étais ensuite réveillée, le front en sueur et les battements de mon cœur en mode avance rapide. Un cauchemar, je ne pouvais pas qualifier cela comme étant rêve alors que je désirais le contraire. Rien que ça. Ce n’était pas grand-chose. Mais une grande illusion pour la pauvre personne que je suis. Ma meilleure amie, la seule personne qui était censée me comprendre, m’expliquer, me parler et aussi me soutenir, avait préféré prendre la fuite. Pas dans un autre pays, non, ni même dans une autre ville. Pire que ça encore. Elle s’était enfermée dans une bulle dans laquelle elle ne voulait pas me laisser entrer et j’en avais souffert suffisamment longtemps. Je l’avais laissé tomber, certes. Mais c'est ce qu’avait aussi Sully et j’étais parvenue à lui pardonner. Ou peut-être qu’une partie de moi lui en veut toujours d’avoir laissé pour compte une partie de moi, qui, aujourd’hui, ne demande qu’à s’ouvrir à lui.
Retour à la réalité, retour à Arrowsic, retour à une nouvelle vie. Je n’étais certainement plus la même depuis mon arrivé dans cette petite ville. J’étais venue dans l’unique but de pouvoir le voir et fière de moi, j’y étais parvenue sans grandes difficultés. En même temps, tout le monde est capable de faire le tour de quelques ruelles, d’une grande place et de quelques habitations. Puis, on ne peut pas le nier. Sully n’est pas un homme dont on peut se ficher. Lorsque l’on passe à côté de lui, on est bien obligé de remarquer son allure d’homme sûr de lui, qui n’a rien à envier à personne. Je l’enviais moi-même. Si fragile, si naïve, si illusionniste. Je m’en voulais d’être ainsi. Etre moi-même, je ne sais pas, c’est si tragique dans mon sens. La musique dans les oreilles, je me laissais entièrement bercer par sa douce mélodie en espérant qu’elle puisse être éternelle. J’aurai voulu jouer du piano, ou peut-être du violon, ou les deux. Mais je n’ai jamais pris le temps de le faire bien que j’en aurai eu l’occasion. Je me souviens de la fois où mon père m’a amené à un récital. Aujourd’hui, je suis persuadée que cette petite fille avec des étoiles dans les yeux n’étaient pas qu’un reflet dans le miroir. Il s’agissait bien de moi. L’un des rares moments passés en compagnie de mon père. Je le regretterai presque. En attendant, je fus surprise par l’arrivée de ce cher Sully, qui, sans le vouloir probablement, m’avait quelque peu effrayé. Ca aurait pu être n’importe qui. A New-York, j’avais surtout appris à me méfier de tout et de tout le monde, plus précisément. Le contact de ses lèvres contre ma joue me fit légèrement sourire. Je n’étais pas peu fière d’avoir ce genre d’opportunité alors que d’autres en rêveraient probablement. Nous étions amis. Ou nous disions l’être. « Ca va, ne sois pas aussi charmeur que ça avec moi. » Peut-être qu’au fond, j’aimais ça finalement. Ce genre d’attention touchait un point sensible en moi, indescriptible. Tout comme le terme exact que je mettrais à celle-ci. Finalement, le marin nous fit savoir qu’il était temps de monter dans le bateau, réservé spécialement pour nous deux. Je lui pris donc la main quand il me l’a offerte, salua rapidement le marin d’un geste de tête et prit place sur le pont. J’ai toujours aimé la brise du vent frais, celle qui vous caresse délicatement le visage comme pour lui donner un aspect soyeux. « J’aime vraiment Arrowsic. J’y découvre tellement de choses passionnantes. » Je ne disais pas cela pour lui faire plaisir, parce qu’il est né ici. Je le pensais sincèrement et ces paroles sortaient du fond de mon cœur. « Tout est si calme, les gens sont vraiment accueillants et je ne sais pas, je me sens comme chez moi, comme si je m’étais trompée depuis le départ. Je n’ai plus envie de retourner à New-York même si je sais parfaitement bien que je dois rendre des comptes. Je suis partie sans rien dire, pas même à mon père alors qu’il a toujours été là pour moi. Je crois que je l’ai déçu. » Il y avait une once de nostalgie dans ma voix, véritablement également. J’ai toujours agi en connaissances de causes, parce que je savais qu’en sortant beaucoup, il se poserait des questions quant au temps qu’il m’accorde. J’ai bien peur cependant, que cela n’ait jamais suffit à attirer son attention suffisamment. Aujourd’hui, si je suis loin, ce n’est pas seulement pour recommencer une nouvelle vie, ni pour retrouver un ami qui m’est cher, mais bien parce que je lui lance un appel au secours. Je veux qu’il me remarque, sache enfin que je suis sa fille, que je ne suis pas qu’une lueur, un jour de pleine lune. Qu’il ne me voit pas comme le double de ma mère, comme le double de cette femme qu’il a tant aimé. Le bruit du moteur se fait soudainement entendre, tout comme le vrombissement du bateau. « Sully, je ne sais pas si je te l’ai déjà dit, mais tu m’as manqué pendant ces deux ans. Je me sentais, tu vois, comme vide. Inexplicablement, j’avais besoin de toi tous les jours. »
Sujet: Re: entre ciel et terre. ☞ sully. Mer 26 Jan - 20:27
Ne pas trop réfléchir, agir sur un coup de tête, ne pas se prendre au sérieux... Toutes ces expressions représentaient qui j'étais. Du moins, celui que j'essayais d'être. Ca avait toujours été le cas, depuis mon plus jeune âge. Je me suis un jour un peu trop pris au sérieux, avec une fille. Je suis tombé amoureux, comme un abruti, et elle a fini par me briser le coeur. Ce n'est pas pour ça que j'ai laissé tomber l'amour, bien au contraire. On dit souvent que les hommes sont moins romantiques, moins sensibles que les femmes. C'est faux. Pourquoi serait-ce le cas ? Je me donne entièrement à l'amour, lorsqu'il frappe à ma porte. Je l'attend toujours, d'ailleurs. Je n'ai pas peur de lui malgré mon échec. Mais depuis cette histoire, je réfléchis encore moins à ce qui se passe dans ma vie personnelle. Ma relation avec Iseult, par exemple. Elle était loin d'être simple, du moins pour un regard extérieur. Je n'y réfléchissais pourtant pas plus que ça. Ces mois à New York furent les meilleurs de ma vie. En quelques semaines, elle est entrée dans ma vie pour ne plus en sortir. Quand je suis parti, ça a été très dur, surtout de voir son visage aussi anéanti, ravagé par les larmes. Deux ans sans elle, c'était beaucoup trop long. J'avais ressenti un vide horrible, il manquait quelque chose à ma vie. C'est surtout en la voyant en face de chez moi, ce jour où ma vie a repris un sens, que je me suis aperçu du manque que j'avais ressenti. Je ne comprenais pas comment c'était possible d'être attaché à une personne que je n'avais connu que quelques mois, ni pourquoi elle était celle qui donnait un sens à ma vie. Mais je savais une chose, c'est que maintenant qu'elle était revenue dans ma vie, je ne pouvais plus imaginer ma vie sans elle. Alors non, je ne réfléchissais pas, je ne me prenais pas la tête pour essayer de mettre un mot sur notre relation. Elle était là, à mes côtés, et j'en profitais un maximum, tout simplement. Lui faire découvrir Arrowsic, passer du temps avec elle, profiter de sa présence, et ne pas penser à l'avenir, ou à ce que je ressentais. Voilà ce que je faisais depuis qu'elle était revenue dans ma vie. Cependant, je ne pouvais pas nier qu'il y avait quelque chose de spécial entre nous. Quelque chose que je n'avais encore jamais connu avec quiconque. Un lien nous liait, il s'était formé sans même que nous nous en rendions compte. Avant de pouvoir faire quoi que ce soit, c'était déjà trop tard. Nous étions pris dans ces sentiments qui ne nous quitteraient pas pendant un moment. Peut-être même jamais. Désormais, Iseult faisait partie intégrante de moi, et ce pour toujours. Quoi qu'il puisse arriver par la suite, nous étions liés pour toujours.
Rien que la vue de son dos me faisait un drôle d'effet. Pas le genre de sentiments amoureux qui se manifestaient, avec des papillons dans le ventre. Non, rien de tout cela. Je n'étais pas amoureux d'elle, même si je ne savais pas précisément ce qu'elle représentait pour moi. Je ressentais juste un bien-être immense. Comme si sa simple vue suffisait à faire envoler tous mes problèmes professionnels et relationnels. J'oubliais tout lorsque j'étais à ses côtés, je ne pensais qu'à nous deux et à l'instant présent. C'est ce que l'on appelait profiter. Et elle avait cet effet apaisant sur moi qui était désormais essentiel. Je m'approchais alors d'elle, pressé de la serrer contre moi, de sentir son souffle chaud près de moi. Qu'elle soit mienne pendant quelques instants, tout simplement. Oublier le monde qui nous entourait, c'était la seule façon d'être vraiment heureux, d'être pleinement comblés. « Ca va, ne sois pas aussi charmeur que ça avec moi. » J'esquissais un léger sourire, qui se voulait taquin et séducteur. Je n'avais jamais ignoré l'effet que je faisais sur les jeunes femmes, et j'avais tendance à en abuser. Il m'arrivait de m'exercer sur elle, mais en général, cela venait naturellement. Je ne jouais pas avec elle, je n'en avais pas besoin. Je l'invitais alors à monter à bord du bateau loué pour l'occasion. Je n'avais pas pu refuser une visite telle que celle-ci. Je l'avais traînée au musée quelques jours plus tôt, je devais bien lui faire plaisir maintenant. Et l'idée de me retrouver seul avec elle au milieu de l'eau, ça me plaisait. Enfin, seul... Avec le marin, bien sûr. Ni Iseult ni moi n'avions de permis de bateau, nous n'avions donc pas vraiment le choix. « J’aime vraiment Arrowsic. J’y découvre tellement de choses passionnantes. » Je la suivis sur le pont, appréciant l'air frais marin se déposer sur mon épiderme. « Je suis sûr que ma présence n'y est pas pour rien. » Elle se retourna vers moi et je levais les mains innocemment, souriant de plus belle. « Tout est si calme, les gens sont vraiment accueillants et je ne sais pas, je me sens comme chez moi, comme si je m’étais trompée depuis le départ. Je n’ai plus envie de retourner à New-York même si je sais parfaitement bien que je dois rendre des comptes. Je suis partie sans rien dire, pas même à mon père alors qu’il a toujours été là pour moi. Je crois que je l’ai déçu. » Je baissais la tête et me rapprochais un peu plus d'elle, afin de déposer une main dans le bas de son dos. Je savais le passé qu'elle avait avec son père, ayant travaillé avec celui-ci, et l'ayant rencontrée par son intermédiaire. Je savais ce qu'elle ressentait envers lui, et que ce n'était pas facile. J'aurais voulu l'aider, lui venir en aide. Mais faire face aux problèmes familiaux, ce n'était pas mon truc. J'avais grandi dans une famille tellement aimante et je ne connaissais pas tout ça, tous les conflits et les problèmes que l'on pouvait avoir. J'avais toujours l'impression que je ferais plus du mal que de bien en lui donnant des conseils, sachant que je n'avais aucune expérience. Alors elle savait que j'étais là pour elle, mais que je ne pourrais jamais faire plus. Et je crois que ça lui suffisait. « Sully, je ne sais pas si je te l’ai déjà dit, mais tu m’as manqué pendant ces deux ans. Je me sentais, tu vois, comme vide. Inexplicablement, j’avais besoin de toi tous les jours. » Le moteur du bateau démarra, et je regardais le paysage défiler lentement autour de nous. Je devais choisir mes mots comme il le fallait. Je ressentais exactement la même chose qu'elle. Il n'y avait pas de mots pour exprimer la grandeur de mes sentiments pour elle. « Iseult, je... Si tu savais comme j'ai mal vécu les deux ans sans toi. C'est comme si j'avais perdu la moitié de moi-même. Tu fais partie intégrante de ma vie, et je ne sais pas comment j'ai fais pour me passer de toi pendant tout ce temps. Quand je t'ai vu devant chez moi, j'ai ressenti un immense soulagement. J'ai trouvé une raison de me lever le matin. »
Sujet: Re: entre ciel et terre. ☞ sully. Sam 29 Jan - 22:11
L’amitié, l’amour, la fraternité, etc. J’y croyais plus que tout au monde. Certains penseront sans aucun doute que ma naïveté a atteins son point culminant. Il n’en est rien, cependant. J’imagine qu’il faut croire en ces choses-là parce que c’est ce qui nous permet de nous lever chaque matin, de se dire qu’il ne faut pas en terminer là juste à cause des autres, parce qu’ils ne donnent pas la chance de les vivre. Je n’avais jamais vécu d’histoire tragique, si ce n’est cette relation parfois tendue que j’entretiens avec mon père. Si, un jour, je devais regretter quelque chose ; c’est bien de ne pas lui avoir dis plus souvent que je tiens à lui, que je l’aime et que peu importe où nous en sommes, il reste à jamais mon père, celui qui a participé à ma venue au monde. J’aurai beau me plaindre de tous les maux, je ne serais jamais plus malheureuse qu’un autre. C’est une évidence. Alors en attendant, je me contente simplement de profiter de tout ce que l’on a à m’offrir, sans chercher à me plaindre, sans chercher à me trouver des soucis là où il n’y en a pas, sans en demander trop aux autres si ce n’est qu’ils n’aient jamais à me quitter, à partir, à m’oublier. L’oubli. Terrible sentiment quand on s’est constamment senti entouré. L’oubli, j’en ai peur. Peur comme si demain, on venait m’annoncer que tout ceux que j’aime vont disparaître sans aucune raison, beaucoup trop tôt, pour rien. Comme si demain, je mourrais. Comme si je n’avais pas le temps de vivre. Le néant, c’est probablement ce que je ressentirai. Non, je ne veux pas être oublié, je ne veux pas être celle que l’on efface de sa mémoire rapidement, donnant l’impression que rien n’a jamais compté. Je veux juste rester Iseult aux yeux des autres. Aux yeux de ceux qui prendront la peine de me regarder. Sully fait partie de ces personnes là. Pendant deux longues années, j’avais pensé qu’il serait facile pour lui de m’oublier à cause de la distance qui s’était instaurée entre nous, selon sa volonté. Je lui en ai sans doute voulu de nous faire supporter tout cela. Puis finalement, je me suis résolue à laisser tout filer, comme si ça n’avait aucune importance enfin de compte. Malgré tout ce que je pourrais dire à ce sujet, son absence me tuait un peu tous les jours. Ne pas lui parler, ne pas le sentir près de moi, ne pas l’entendre murmurer des mots affectifs. Plus jamais.
J’étais heureuse de l’avoir retrouvé. Pas un bonheur éphémère, qui pourrait me lasser. Non, c’était sur longue durée, incurable. Si j’en étais malade, j’espérai l’être jusqu’à la fin. Sans répit. Mais il avait raison sur une chose. Sa présence n’était pas pour rien quant au plaisir que j’éprouvais d’être ici. Jamais je n’aurai pu imaginer rester aussi longtemps quelque part, si ce n’est New-York. Un sentiment de culpabilité me prenait parfois. J’avais tout abandonné pour je ne sais quoi, j’avais fais irruption dans sa vie pour la seconde fois sans lui demander son avis. Au fond, je n’étais qu’une égoïste, ne se souciant guère de ce que les autres peuvent ressentir. En réalité, je m’efforce de donner tout ce que j’ai pour leur offrir le bonheur dont ils ont besoin. J’esquissais seulement un sourire comme réponse. Parfois, de simples gestes suffisent. Il allait devoir comprendre qu’en effet, il y contribuait grandement.
Une fois que le bateau démarre, je me prête volontiers au jeu des confidences. Je n’ai jamais été du genre expressif, alors me confier aux autres est une tâche qui s’avère bien souvent difficile. Il n’y avait que ma meilleure amie à l’époque. Je crois seulement qu’à force de la voir se détruire, j’ai fini par me terrer dans un silence de mort. Je n’attendais pas spécialement une réponse de sa part, mais en avoir une me semble être plutôt bon signe. Apparemment, je lui ai manqué. Je baissais un peu les yeux alors que j’avais passé deux bonnes minutes à le regarder. « Mais tu es quand même parti. » J’hochais les épaules, prenant appui contre la rambarde du bateau et je regardais le bateau prendre de la distance. « Je t’en ai jamais voulu ou peut-être un peu, mais ce n’est pas évident pour moi de savoir si j’ai une quelconque importance dans ta vie. Tu es parti, tu m’as laissé. T’aurais pu rester, me demander de partir avec toi. Mais pas me quitter comme ça. Comme si ça ne comptait pas. » Je parlais et à mesure que les mots sortaient, ma voix se cassait quelque peu. Je n’étais pas triste, je réalisais juste que j’avais passé ces deux ans à me poser des questions. Savoir si son départ était conséquence de je ne sais quoi. Avais-je mal agit à un instant précis ? Avais-je fais quelque chose de mal ? Ou tout simplement, avait-il réellement besoin de moi dans sa vie ? « Si tu t’étais retourné, tu aurais vu les larmes coulés. Je ne voulais pas te retenir. J’aurai juste voulu que tu reste sans que je te le demande. »
Sujet: Re: entre ciel et terre. ☞ sully. Dim 30 Jan - 21:11
Lorsque j'étais plus jeune, notamment durant mon adolescence, j'ai subi pas mal de remarques. J'étais populaire, étant le quaterback de l'équipe de football. Mais certaines personnes n'hésitaient pas à me dire le fond de leurs pensées sur mon comportement, sur mon caractère. La plupart des hommes ne montrent pas leur part de féminité, dirons-nous. Les garçons ont du mal à montrer leurs sentiments, et certains n'hésite pas à affirmer que les hommes se différencient des femmes dans ce sens-là, parce qu'elles sont beaucoup plus émotives, beaucoup plus sentimentales. J'ai toujours trouvé cette théorie idiote. Je ne suis pas d'accord avec cela. Nous sommes tous des êtres humains, et nous ressentons les mêmes choses. Les autres garçons du lycée riaient gentiment de ce côté de ma personnalité que j'assumais complètement. J'ai toujours accordé que très peu d'importance aux dires des autres. Puis bon, à l'époque, cela faisait craquer les filles, et elles étaient toutes à mes pieds. Mais ce n'est pas cela qui me motivait à être qui je suis. Je ne voulais pas me cacher, faire semblant. Je n'ai jamais réussis à mentir, qui plus est. Mais malgré cette sensibilité beaucoup plus développée chez moi, je ne pleure pas souvent. Ca m'arrive, bien entendu. Mais je n'aime pas ça, et ça ne fait pas partie de moi. Il est très rare que mon visage soit ravagé par les larmes. Les fois où cela m'est arrivé peuvent se compter sur les doigts d'une main. Iseult a été une des rares personnes à l'origine de mes larmes. Je ne me suis jamais remis de mon départ précipité. Je me rappelais de ses larmes, et le manque était insoutenable. Elle ne l'a pas vu. Lorsque je me suis éloigné d'elle, j'ai senti une larme. Je ne me suis pas retourné. Je savais que je ne supporterais pas de la voir anéantie, et je ne voulais pas non plus qu'elle me voit aussi mal. La quitter fut la décision la plus dure.
Aujourd'hui, tout ça était fini. Elle était de retour dans ma vie, pour mon plus grand bonheur. Nous n'avions jamais vraiment reparlé de ce qui s'était passé à New York, de notre séparation. Je n'en avais pas vraiment le courage. Je préférais largement profiter de sa présence à mes côtés, essayer de rattraper ces deux ans sans elle. C'était de ma faute, je le savais. Et je m'en voulais énormément. J'avais passé deux ans à penser à elle, à me demander ce qu'elle pensait de moi, par rapport à mon départ. Je savais que je lui avais fais du mal, et je me sentais coupable. J'avais regretté mon acte, mais même après deux ans, je ne voyais pas ce que j'aurais pu faire d'autre. C'était la seule solution, et je referais la même chose.
Lorsqu'Iseult me montrait sa fragilité, se confiait à moi, j'étais toujours là pour elle. Je savais qu'elle ne faisait pas cela avec tout le monde, et cela me touchait énormément. Je n'avais pas souvent les mots justes pour la réconforter, mais j'étais là, et j'espérais que ma présence compense ce manque. Lorsque je lui avais avoué ce que j'avais ressenti pendant ces deux ans, elle me regarda sans rien dire, pendant deux bonnes minutes. Je ne savais pas comment réagir. Je voyais qu'elle ne m'en voulait pas, mais je pouvais aussi percevoir une certaine tristesse. « Mais tu es quand même parti. » Je baissais les yeux, blessé. Je n'étais pas blessé par ses paroles, par ce qu'elle me reprochait. Mais je souffrais par rapport à mon geste. Ou plutôt, à mon non-geste. Je n'ignorais pas la douleur que je lui avais infligé, et je me détestais pour cela. « Je t’en ai jamais voulu ou peut-être un peu, mais ce n’est pas évident pour moi de savoir si j’ai une quelconque importance dans ta vie. Tu es parti, tu m’as laissée. T’aurais pu rester, me demander de partir avec toi. Mais pas me quitter comme ça. Comme si ça ne comptait pas. » A sa voix, je comprenais que ce n'était pas un reproche, ni même une souffrance toujours présente. Cependant, moi, je souffrais, d'une certaine façon. Repenser à ce moment-là ne me faisait jamais de bien. « Si tu t’étais retourné, tu aurais vu les larmes couler. Je ne voulais pas te retenir. J’aurai juste voulu que tu reste sans que je te le demande. » Je me retournais vers la mer, appréciant le vent marin se déposer sur mon visage. Je pris une grande inspiration. « Je sais que je t'ai fais du mal. Je ne devrais pas te le dire, je ne devrais pas me montrer si égoïste, car c'est moi qui suis le coupable dans cette histoire. Mais j'ai souffert, moi aussi. C'est vrai, j'aurais pu te demander de venir avec moi, mais je n'en avais pas le droit. Je ne pouvais pas te demander de tout plaquer pour moi. Je ne pouvais pas non plus rester à tes côtés, j'avais une vie à Arrowsic qui m'attendait. » Je parlais calmement, sans m'énerver, ou même avec une intonation qui se voulait défensive. Je ne me sentais pas comme si je devais lui rendre des comptes. Mais elle devait savoir. « Je n'ai pas arrêté de penser à toi pendant ces deux ans, à chaque seconde. Tu m'as énormément manqué, et le fait que tu viennes ici m'a fait énormément de bien. Je veux que tu saches que tu es une des personnes les plus importantes de ma vie en ce moment, et que jamais je n'ai pensé autre chose de toi. C'était une erreur de partir comme ça. Mais cela ne signifie pas que tu ne comptes pas pour moi. Bien au contraire. Et ton absence me l'a prouvée. » Je me retournais enfin vers elle et attendait qu'elle pose son regard sur moi avant de parler à nouveau. « Alors ne te demande plus si tu occupes une importance quelconque dans ma vie. Tu es la meilleure chose qui me soit arrivée depuis longtemps. »
Sujet: Re: entre ciel et terre. ☞ sully. Dim 30 Jan - 23:31
On peut s’imposer des milliers de choses. On peut s’imposer des milliers de souffrances, de maux, de larmes, de peine. Mais jamais, non, jamais on ne peut oublier ces moments-là qui nous paraissent souvent très courts, et qui restent néanmoins les plus importants de nos vies. Ces moments-là, je les garde dans un coin dans ma tête et j’y repense lorsque je ne me sens pas très bien, lorsque les larmes menacent de s’écraser contre mes joues pour on ne sait quelle raison. Si l’humanité va mal, j’ai aussi le droit de pleurer sans justification. Si je souffre, je veux souffrir en paix. Jamais je n’avais connu d’histoire d’amour tragique. Juste quelques aventures au lycée, peut-être une au collège, à l’occasion, mais rien de plus. Sully était arrivé comme un vent nouveau, un souffle d’air frais qui avait empli mes poumons d’une vitalité que je découvrais encore aujourd’hui. A chacun de ses mots, je retenais mon souffle. Il avait une façon de dire les choses, de les interpréter aussi que je restais sans voix. Puis, comme la plupart du temps je craignais de vivre un rêve, je le regardais de manière plus ou moins particulière. Je me défendais aussi de le toucher. Il trouverait certainement ce geste plus que déplacé. Pourtant, je me surprenais à en avoir souvent envie.
Je me contentais seulement de le regarder et de m'imaginer être entrain de lui caresser doucement la bras ou de passer ma main dans ses cheveux. Je me dis souvent que ce ne sont pas des choses que l'on fait avec ses amis, mais peut-être qu'au bout du compte, j'ai envie de plus que ça. Je n'avais jamais ressenti un manque aussi fort. Je voulais constamment le rejoindre, lui dire à quel point je lui en voulais en sachant pertinemment bien qu'une fois que je le verrais, tout cela sera bien vite oublié. Ce que j'avais fait en quelque sort en venant par ici. Nous étions dès à présent sur le bateau, sous le regard probablement quelque peu accusateur du marin qui nous accompagne. Je ne pouvais m'empêcher de lui parler, de lui dire ce que j'avais sur le coeur. Tout ce que j'avais gardé au fond de moi parait ressortir d'un seul coup. Je l'écoutais avec une certaine attention, le regard perdu vers l'horizon. Un sourire se dessina légèrement sur mon visage et je tourna les yeux en sa direction. " Je t'ai vraiment manqué alors ? " J'aurai pu dû dire tellement d'autres choses ou faire quelque chose. Le prendre dans mes bras, par exemple. " Merci Sully, ça me fait du bien d'entendre ça. Je crois que c'est justement ce que je voulais entendre de ta part pour ... je ne sais pas tellement en réalité. Juste oublier que la réalité sans ta présence a été difficile et que je serais stupide de ne pas profiter de l'instant présent. Tu es tout aussi important pour moi." Je pris doucement sa main dans la mienne, avec toujours ce même sourire sur les lèvres. " Mais maintenant, on ne se quittera plus jamais d'accord, peu importe ce qui se passera."
Sujet: Re: entre ciel et terre. ☞ sully. Sam 5 Fév - 20:22
Les mains moites, les papillons dans le ventre, les jambes qui tremblent... Tout le monde a un jour connu ces symptômes. Je pensais les avoir connus, lors de mon histoire avec Presley. Je découvrais des sentiments forts pour la première fois. Elle était mon premier amour, et elle sera toujours spéciale pour moi. Après notre séparation, j'ai connu plusieurs filles, des histoires plus ou moins sérieuses. Cependant, je ne pensais pas retrouver ces sentiments un jour. Je crois toujours en l'amour, oui. Mais pas à quelque chose d'aussi intense. Jusqu'à ce qu'Iseult entre dans ma vie. Elle a tout changé dans ma vie, du jour au lendemain, sans aucune intention de le faire. Ca n'a pas été si évident. On dit qu'on ne se rend compte de l'amour que l'on porte aux autres qu'une fois qu'on les a perdus. Je peux dire aujourd'hui a quel point c'est vrai. C'est cette absence qui m'a fait comprendre à quel point elle comptait pour moi, à quel point je ne pouvais me passer d'elle. Lorsqu'elle a sonné à ma porte, deux ans plus tard, j'ai ressenti tous ces sentiments. Alors oui, c'était différent de Presley, je ne les ressentais pas de la même manière. Mais c'était tout aussi intense, peut-être plus.
Je pouvais m'écrouler d'un instant à l'autre. J'étais conscient que mes jambes ne me supportaient plus très solidement. C'est l'effet qu'elle avait sur moi. Elle avait ce pouvoir. Elle aurait pu me demander de décrocher la lune que je l'aurais fait pour elle. J'aurais rendu possible l'impossible, juste pour ses yeux. Aujourd'hui, elle mettait son coeur à nu, elle me disait toutes ses peurs et tout ce qu'elle ressentait. D'un côté, j'étais heureux qu'elle se confit à moi, qu'elle ne fasse pas de non-dits. Mais de l'autre, je voyais sa souffrance. Elle n'était pas actuelle, car elle était passée à autre chose. Mais ses paroles me renvoyaient à ses larmes passées, et je me détestais pour lui avoir cause cette peine. Je n'avais jamais aimé la voir souffrir, et savoir que c'était de ma faute était insupportable. « Je t'ai vraiment manquée alors ? » Je lui jetais un coup d'oeil avant de reporter mon attention sur les paysages. « Plus que tu ne pourras jamais l'imaginer. » Je poussais à long soupir, plus pour me soulager que pour autre chose. Ces quelques phrases échangées avec elle ne m'avaient pas laissé indifférent. « Merci Sully, ça me fait du bien d'entendre ça. Je crois que c'est justement ce que je voulais entendre de ta part pour... Je ne sais pas tellement en réalité. Juste oublier que la réalité sans ta présence a été difficile et que je serais stupide de ne pas profiter de l'instant présent. Tu es tout aussi important pour moi. » Je me retournais vers elle et esquissa un sourire en retour au sien. Ca me faisait du bien d'entendre ça, savoir qu'elle ne m'en voulait pas du tout, qu'elle voulait profiter de ma présence. Car c'était exactement la même chose que je voulais. Lorsqu'elle me prit la main, je frissonnais légèrement. « Mais maintenant, on ne se quittera plus jamais d'accord, peu importe ce qui se passera. » Je regardais nos mains entrelacées, et serrais celle d'Iseult légèrement. « Qu'on m'achève sur le coup si j'ose un jour te quitter. » Je plongeais mon regard dans le sien, et peu à peu, mon sourire s'effaça. Ma main tenait toujours la sienne, et je sentais les battements de mon coeur s'accélérer. Je n'avais jamais pensé à Iseult de cette façon. Je l'avais toujours considérée comme une amie. Une amie spéciale, oui. Mais je ne m'étais jamais posé de question à notre sujet. Mettre un mot sur notre relation était chose impossible, j'en étais bien conscient. Mais jusqu'à aujourd'hui, le mot "amour" ne m'aurait jamais traversé l'esprit. J'étais maladroit, et je ne savais quoi faire. C'est comme si je n'avais jamais connu ça, comme si je ne m'y connaissais pas. Je n'arrivais pas à voir un signe de la part d'Iseult. Alors, je penchais la tête vers elle, laissant mes sentiments prendre le dessus, sans réfléchir aux conséquences. Mes lèvres se déposèrent lentement sur les siennes, et j'appréciais chaque secondes qui s'écoulèrent.
Sujet: Re: entre ciel et terre. ☞ sully. Dim 6 Fév - 13:15
Qu’on m’achève sur le coup si j’ose un jour te quitter. J’avais senti mon cœur s’abattre contre ma poitrine avec une telle force que je sentis tous mes membres perdre de leurs forces, ainsi que ma tête qui n’était plus à cet emplacement même. Je voulais me laisser aller dans les bras de quelqu’un, dans les siens en l’occurrence. Oublier le passé, ne pas me projeter dans l’avenir et ne vivre que l’instant présent. J’en avais oublié tout le reste, toutes les autres paroles parce qu’on pense à ce dont on veut bien penser en réalité. On dit ne plus se souvenir, mais ce n’est qu’un mensonge, une illusion que l’on veut bien se donner pour ne se rappeler que des bons moments. Malgré son abandon précoce, je prenais conscience que toute la possible rancœur, cette peur interminable de le voir s’en aller une nouvelle fois s’était évanouie aussi vite. Il n’y avait plus rien si ce n’est cette douce impression de bien-être au fond de moi. J’avais pressé sa main comme pour me réveiller ou bien, réaliser nettement que je n’étais pas entrain de rêver, que peu importe ce qu’il se passerait maintenant, une partie de mon être se retrouvera toujours avec lui. Je lui avais manqué, ce n’était pas anodin. Un bout de moi était en lui, peu importe lequel. J’en étais satisfaite bien que je ne voudrais pas le voir souffrir pour telle ou telle raison. « Aucune âme, même la plus mauvaise n’oserait t’achever. » La situation était plus ou moins particulière. Je ne voulais pas lâcher sa main et lui ne cherchait pas non plus à la retirer. Je sentais son regard posé sur moi tandis que mes yeux, eux, étaient posés contre ces mains qui formaient une sorte d’alliance, un lien encore inexplicable ou bien le début de quelque chose de nouveau. Tellement de possibilités mais chacun d’elle me donnait envie de sourire, peu importe ce que serait la conclusion de toute cette histoire. Finalement, je relevais la tête vers lui, sentant le regard du marin posé sur nous. Je m’en fichais un peu en cet instant, encore plus quand je sentis l’arôme délicat des lèvres de Sully se poser sur les miennes. Des centaines de sentiments m’envahirent l’esprit, un peu comme si je tombais amoureuse pour la première fois. Il y a d’abord cette vague de peur, puis celle de joie et le tambourinement douloureux dans les tempes. Ma main a finalement lâché prise pour aller se glisser sur son bras et remonter doucement contre sa nuque où j’appuyais davantage le baiser. Je ne sais pas très bien si c’est ce que je voulais, mais ça me faisait un bien fou et je n’avais nullement envie que ça s’arrête. Si je pouvais arrêter de respirer pendant de longues minutes, je serais certainement restée ainsi pendant un petit moment. Pourtant, il avait fallu mettre fin à tout cela. Je ne me sentais pas mal, ni même gênée de m’être laissée emporter de cette manière. J’espérais juste qu’il ne me repousse pas, qu’il puisse penser avoir fait une erreur alors qu’au fond de moi, je devais le désirer depuis un bon moment. Jamais encore je n’avais fais autant de kilomètres pour rejoindre quelqu’un juste pour une histoire d’absence, une histoire de manque. Il n’était pas simplement là pour combler un vide, mais bien pour faire partie de ma vie et peu importe ce que les gens en diront, rien d’autres ne seraient capable d’aller à l’encontre de tout ça. Il ne m’abandonnerait plus, j’en étais dès à présent persuadée. Cependant, il y a une phrase qui dit : ne jamais dire jamais. Alors si la peur reprend trop souvent le dessus, je garderai mes distances. Ce que j’ai toujours su faire. Néanmoins, je ne suis pas certaine d’en avoir le courage avec lui parce que depuis que je suis arrivée à Arrowsic, il est devenu une sorte de quotidien dont je ne pourrais me passer aussi rapidement. Chaque jour passé en sa compagnie me faisait comprendre que j’avais un cœur. Je détachais difficilement mes yeux de son visage parfait. Je ne savais pas grand-chose de sa vie ici, de son histoire, de ce qui lui était arrivé en deux ans. Tout comme il ignorait que les deux ans qu’il a passé loin de moi ont été un véritable enfer dans le sens où j’ai eu la sensation de tout perdre. Un peu comme si j’allais lâcher prise à n’importe quel moment. Ce qui n’était pas arrivé, fort heureusement.
Et maintenant ? Un silence doux venait tout juste de s’installer. Avait-il quelque chose à dire de plus ? Les mots sont-ils réellement nécessaire dans un moment pareil. Je le laissais alors faire tout ce dont il avait envie. Nous n’étions plus des enfants ou bien ces adolescents qui ne connaissent nullement ce que veut dire le mot amour, considérant plus ou moins celui-ci comme quelque chose de fort. Ca l’est, d’une certaine manière. Mais il ne faut pas prendre ce sentiment à la légère. Il entraîne bien d’autres choses, comme la dépendance, l’envie, le désir de l’autre. On devient vite accro. Pire qu’une drogue encore. Il est en même temps un remède à tous nos maux, mais en même temps sa principale raison. Un sourire niais sur les lèvres, je laissais le vent me caresser délicatement le visage tandis que mon rythme cardiaque retrouvait une cadence normale. Sa présence, cependant, ne me laissait pas insensible. Si j’avais la capacité de le garder auprès de moi pour toujours, je l’aurai fais avec un certain plaisir. « Quand il fera beau, il faudra revenir ici. J’aimerai bien me baigner. Cette fois-là, on se passera bien du conducteur. Ca ne doit pas être difficile de conduire un bateau. » J’avais dis cette dernière phrase en murmurant quelque peu. Je ne voulais pas non plus que le marin nous jette d’autres regards insistant comme il ne cessait déjà de le faire. Un rire nerveux se fit soudainement entendre. Je regardais Sully, un peu gênée. « Qu’est-ce que tu viens de me faire ? Je … je suis comme ces adolescentes qui connaissent leur premier baiser en étant persuadé que c’est le bon qui vient justement de le faire. »
Sujet: Re: entre ciel et terre. ☞ sully. Dim 6 Fév - 17:26
« Aucune âme, même la plus mauvaise n’oserait t’achever. » Il avait suffi de quelques mots pour que notre destin soit légèrement plus rassurant. Maintenant, je savais que nous resterions ensemble, pour toujours. Si une séparation devait un jour avoir lieu, ce ne serait pas volontaire. Pas si les sentiments que nous avions en ce moment demeuraient les mêmes. Bien sûr, on ne sait pas ce qui peut se passer. Quelque chose pourra peut-être tout chambouler entre nous. Mais pour l'instant, il n'y avait pas raison de s'inquiéter. Je n'étais pas du genre à me prendre la tête pour le futur, je vivais l'instant présent, et pour l'instant, je savais qu'Iseult était là, à mes côtés. C'était tout ce qui comptait à présent. Sa main dans la mienne, j'enfonçais mon regard dans le sien. Aucune fille ne m'avait fait cet effet-là. Je devenais tout doucement dépendant d'elle. Etre en couple avec elle, ça n'avait jamais été une option pour moi. Jamais je n'avais pensé à elle dans cette optique. Mais je savais, au fond, que je voulais plus que ce que nous vivions. J'ignorais comment assouvir mes désirs, car j'ignorais ce que je désirais. La seule chose dont j'étais certain, c'était qu'elle me faisait un bien fou, et que je ne pouvais plus vivre sans elle. J'avais essayé, une fois, et ça n'avait rien donné de bon. Je me suis voilé la face en croyant que je pourrais me passer d'elle. Et quand je m'en suis aperçu, il était déjà trop tard, des milliers de kilomètres nous séparaient. Les yeux dans les yeux, je revoyais ces deux ans défiler, et les sentiments que j'avais essayé de refouler refaisaient surface. Ma capacité à agir sans réfléchir se fit ressentir lorsque je déposais mes lèvres sur les siennes, délicatement. Je n'avais pas réfléchi aux conséquences avant mon geste, et j'étais incapable d'y réfléchir après, car les émotions que je ressentais était au-delà de la raison. Je n'avais pas pensé aux différentes possibilités. Ni à un rejet de sa part, ni à une quelconque réponse. Pourtant, c'est ce qui s'était passé. Elle avait lentement glissé son bras derrière ma nuque pour appuyer son baiser. Détacher mes lèvres des siennes fut plus dur que je ne le pensais. J'aurais voulu l'embrasser pendant des heures. Je ne savais pas trop ce que cela signifiait, mais je savais une chose : cela faisait longtemps que je ne m'étais pas senti aussi bien.
Le silence s'installa, mais il fut tout aussi délicieux que l'instant d'avant. On se remettait doucement de nos émotions, et j'étais trop déboussolé pour penser à ce qui venait de se passer. Au bout de quelques minutes, Iseult fut la première à briser le silence. « Quand il fera beau, il faudra revenir ici. J’aimerai bien me baigner. Cette fois-là, on se passera bien du conducteur. Ca ne doit pas être difficile de conduire un bateau. » Je souris à ses chuchotements et lançais un regard au conducteur. Il nous regardait, l'air exaspéré. Il devait sûrement voir cela tous les jours, et je comprenais ce qu'il pouvait ressentir, d'une certaine manière. Mais j'étais bien trop heureux, sur mon petit nuage, pour m'en soucier. Je reportais mon attention sur Iseult. « Qu’est-ce que tu viens de me faire ? Je… Je suis comme ces adolescentes qui connaissent leur premier baiser en étant persuadées que c’est le bon qui vient justement de le faire. » Ce fut à mon tour d'émettre un rire nerveux. Comment lui dire que je ressentais exactement la même chose ? « Ce n'est pas un mal. » J'esquissais un léger sourire. Je soupirais et regardais devant moi, face à la mer. « J'ignore ce qui vient de se passer, mais je dois dire que ça ne m'a pas laissé indifférent. Tu me rends complètement fou, et j'aimerais que ça ne soit pas le cas, parce que tu es devenue indispensable à ma vie, et je ne sais pas ce qui pourrait m'arriver sans toi. Sûrement rien de bon. » Je ne savais pas trop quoi faire maintenant ? Qu'était-on censés faire après un baiser comme celui-là, sachant qu'on ignorait tous les deux ce que nous représentions l'un pour l'autre ?