DOUBLE-COMPTE : Carlie. MESSAGES : 8680 ARRIVÉE : 07/09/2011 LOCALISATION : Dans le pays où on ne grandit jamais.
Sujet: J’imagine rien, j’espère. Ҩ Mer 21 Sep - 15:43
« Bon, aller, sort de l’eau et fais moi le plaisir de me ramener ce putain de certificat Ella. » Je souris bêtement. Ça doit être la vingtième fois qu’elle me le demande. Ce certificat. Je ne l’ai toujours pas. Je sors de l’eau. Mon coach me regarde. Elle a son petit air moqueur. Elle sait que je suis tête en l’air. Que si je n’y vais pas ce soir, je vais oublier. « C’est quand le prochain entraînement ? » Nous n’en avions pas parlé. Parce qu’en ce moment j’en faisais tous les soirs. Je négligeais mes devoirs scientifiques pour passer des heures dans l’eau chlorée. Officiellement, c’était parce que je ne me sentais pas prête. Pour la compétition. La vraie raison, c’est que j’en avais envie. Ça m’évitait de penser à mon avenir. « Quand tu m’auras ramener ton certificat. » Elle a un sourire malicieux sur les lèvres. Je baisse les yeux. Sans quitter mon sourire de petite fille. Je me précipite aux vestiaires. Il est tard mais, peut-être que Ross sera encore à l’hôpital. Je ne pense pas qu’il aura des rendez-vous -avec des patients-. Je n’espère pas. Enfin, encore faut-il qu’il y soit. Ross, c’est tout simplement le docteur Bradford. Il m’a vu grandir et avec le temps, j’ai appris à lui faire confiance. Je l’apprécie vraiment. En tant qu’homme pas uniquement en tant que médecin. Même si au niveau médical il est hors de questions que j’aille voir quelqu’un d’autre. Je file sous la douche. Ce certificat, ça sera un bon prétexte pour le voir. Il est toujours de bons conseils. Et je crois que j’en ai besoin.
J’avais oublié que l’été touchait à sa fin. Que les fins de journéed se faisaient plus fraîches. J’ai les cheveux qui dégoulinent encore. Je n’ai pas de veste. Tant pis, je choperais la crève. Ça ne me servira pas de leçon. Ça ne m’empêchera pas non plus de faire de la natation synchronisée. Pour que je me passe de ça il faut vraiment que je n’ai pas le choix. J’arrivais dans le hall, espérant que mon médecin ne soit pas encore parti. « Ella ! Encore les cheveux trempés ? C’est quoi cette tenue, tu vas tomber malade ! Ta mère va râler, d’ailleurs comment va-t-elle ? » Je me retourne vivement. Ce n’est pas Ross. C’est une femme, une amie de ma mère. J’ai oublié son nom. On s’en fou. Elle a quoi ma tenue ? Un jean taille basse et un t-shirt, c’est très bien. Enfin c’est sans importance. Elle tombe plutôt bien finalement. Elle au moins, elle sait où se trouve le docteur Bradford. « Elle va bien. Suffisamment bien pour râler en effet. Tu ne sais pas où se trouve le docteur Bradford ? » Elle me regarde, l’air déprimé par mes paroles. Ma mère râlera si elle veut. Je m’en fous un peu. C’est qu’une question d’habitude. « Au troisième étages jeune fille. » Je la remercie en souriant. Je monte en courant. Préférant les escaliers à l’ascenseur. Je trouve ça lent. Chiant. Et j’ai le dont pour tomber sur des personnes désagréables.
Arrivée en haut, j’observe. J’ai peur qu’il soit avec un patient. Je le vois sortir d’une chambre. Dossier à la main. Je n’ai pas eu à chercher bien loin. Heureusement. Je me serais perdue dans l’hôpital. Sans aucun doute possible. J’aurais été capable de me retrouver à la morgue. Ou dans je ne sais quel endroit écœurant. Un jour j’apprendrais. À me repérer. Mais, pas maintenant. J’inspire un grand coup avant d’aller vers lui. « Docteur Bradford… » J’affiche le sourire de celle qui a quelque chose à lui demander. Il le connaît bien ce sourire. Oui, malgré les années, je ne l’appelle pas par son prénom. Pas quand il y a autant de passage. Pas quand ses collègues sont dans le coin. Tout simplement parce que je n’ai jamais su si je pouvais me le permettre.
« DOCTEUR BRADFORD! On la perd! » « Putain! Donnez-lui une putain d'ampoule d'adré! » L'adrénaline: substance de choix injectée au patient en cas d'arrêt respiratoire, principalement. Ross ne travaillait que rarement en médecine d'urgence et ne s'y rendait que lorsqu'il était de garde ou que l'un de ses patients réguliers s'y trouvait, en fort mauvais état. Il n'avait donc pas à jongler entre les différentes techniques de réanimation, mais venait tout juste d'être apostrophé sur les lieux alors que le responsable avait dû s'absenter - ce qu'il avait pu faire grâce à la stabilité du patient, stabilité qui s'était finalement révélée être relativement précaire - et qu'il passait justement par là pour prévenir sa femme de son arrivée sans doute tardive ce soir-là au vu de tous les dossiers qui s'étaient accumulés sur son bureau au cours de la semaine. Témoin du rétablissement progressif de la patiente, le médecin soupira de soulagement et s'empressa de biper le responsable du service afin qu'il revienne au plus vite s'occuper de ses internes. Il ne put quitter les urgences qu'une heure plus tard - ce qu'il aurait dû prévoir puisqu'on le harcelait de tous les côtés lorsqu'il pointait son nez au rez-de-chaussée - et grimpa les escaliers pour rejoindre le troisième étage, là où se trouvait son bureau. Ross ne prenait que rarement l'ascenseur, n'aimant pas vraiment se retrouver dans un endroit aussi confiné. Au nombre d'aller-retours qu'il effectuait et qu'il effectuerait dans cet hôpital, il avait beaucoup de chances de se retrouver à l'intérieur lorsque ce dernier tomberait en panne, expérience qu'il préférait éviter.
Alors qu'il marchait d'un bon pas en espérant avoir le temps de retrouver la quiétude de son bureau et de fermer la porte afin de ne pas être dérangé, il en conclut qu'il devait être maudit. « Y'a la petite patiente de la 346 qui te réclame. » Avec un sourire, son collègue lui donna une tape sur l'épaule alors que Ross parvenait à sourire également en faisant demi-tour. Petite patiente parce qu'elle avait à peine cinq ans. Le médecin s'était lié d'amitié avec elle et la fillette avait pris l'habitude d'obtenir à peu près tout ce qu'elle voulait de lui, ne serait-ce qu'en faisant la moue et en demandant. Il poussa la porte de la chambre avec une douceur infinie et s'approcha du lit jusqu'à s'asseoir aux côtés de la petite princesse, les yeux grand ouverts. Dès qu'il s'installa auprès d'elle en lui prenant la main, ses paupières se fermèrent, comme rassurée par la présence réconfortante du médecin. Sans doute était-elle très fatiguée par les traitements qu'elle subissait puisqu'elle n'avait pas cherché à lui raconter sa journée en détails, chose à laquelle il n'était pas habitué. Les parents de la fillette ne pouvaient pas être jour et nuit à son chevet puisque les frais d'hospitalisation coûtaient cher et qu'ils se devaient de travailler un minimum afin de parvenir à joindre les deux bouts, mais Ross prenait le relais lorsqu'il était là et disponible, heureux de le faire. Ses lèvres touchèrent le front de la jeune malade lorsque sa respiration se fut apaisée et qu'il put ainsi affirmer qu'elle dormait. Quittant la chambre sur la pointe des pieds, il referma la porte derrière lui, maintenant envahi d'une certaine quiétude, accalmie qui ne lui permit pas de prendre conscience de ce qui l'entourait jusqu'à ce que son nom ressorte du lot des infirmières qui passaient et repassaient et des derniers visiteurs quittant les chambres pour rentrer chez eux. Se retournant vers celle qui s'était adressée directement à lui, il ne put que sourire davantage alors qu'il aurait pu parier avoir reconnu sa voix malgré le brouhaha.
« Ella ! Je suis content de te voir, tu as l'air en ... Non, en fait, tu vas tomber malade à te balader comme ça! » rit-il avant de poser une main protectrice sur l'épaule de la jeune fille, sa blouse blanche ouverte sur sa chemise impeccablement soignée. Détaillant néanmoins l'adolescente afin de s'assurer qu'elle allait bien, il en vint à la conclusion qu'elle n'était pas plus malade que lui et un sourire apaisant étira ses lèvres alors que ses traits même semblaient se détendre. « Qu'est-ce que je peux faire pour toi? J'imagine que ce n'est pas pour un billet d'exemption, n'est-ce pas? » demanda-t-il en boutade afin de la taquiner légèrement.
Ross se retourna vers moi. Je lui souriais grandement Non, ce n'était pas une infirmière qui avait besoin de ses services. « Ella ! Je suis content de te voir, tu as l'air en ... Non, en fait, tu vas tomber malade à te balader comme ça! » Je ris. Tout comme lui. Ce n'est pas le premier à me faire la remarque. Ça ne sera pas le dernier. Chaque fois que je sors de la piscine c'est la même chose. « Vous n'êtes pas le premier à me le dire ! » ça, il devait s'en douter. De toute façon j'en faisais toujours qu'à ma tête. Surtout quand ça concernait ma santé. Il posa une main protectrice sur mon épaule. Je lui souriais avant de le détailler. Toujours sa blouse blanche et une chemise impeccable. Il avait de l'allure dans cette tenue. Personnellement, en blouse de chimie je ressemblais déjà à un clown. En blouse de médecin je n'osais même pas y penser. Enfin, le docteur Bradford afficha un sourire détendu. Ce à quoi je répondais par un autre sourire. Comme d'habitude. « Qu'est-ce que je peux faire pour toi? J'imagine que ce n'est pas pour un billet d'exemption, n'est-ce pas? » Je riais. Il me connaissait bien depuis le temps. Il pouvait me taquiner avec ça. Vu le nombre de fois où je l'avais supplié pour ne pas être dispensée. Vu le nombre de fois où je n'en avais pas tenu compte, aussi. « Si un jour je viens pour ça, je crois qu'il faudrait m'interner. » Je souriais grandement. Comme un fumeur en phase terminale d'un cancer qui ne peut pas se passer de sa cigarette. Je ne peux pas me passer de mon sport. Je crois que même sur mon lit de mort je poursuivrais. Bon d'accord. Ce n'est pas ma seule passion. Si a soixante-dix ans je ne peux plus faire de la natation synchronisée, je n'en ferais peut-être pas un drame. Enfin, avec mes traits les plus enfantins, je me décide à lui répondre. « En fait, c'est plutôt l'inverse même, il me faudrait un certificat. » Inutile mais, obligatoire. Je n'ai jamais bien compris pourquoi. Et puis, j'ai envie de lui parler aussi. D'autre chose que de médecine. Enfin de certificat. Parce qu'à part grippe, angine et otite, je ne comprends rien. Donc oui, c'est la raison officielle.
Je regardais un peu autour de moi. Toujours plein de monde dans les hôpitaux. J’ai l’impression que ce lieu est en perpétuelle action. Que ce n’est jamais calme. Ça me rendrait dingue de travailler dans une telle atmosphère. En même temps, je n’ai pas le cerveau conçu pour. Les études scientifiques, même pas en rêve. Ils ont du courage tous ces gens. D’essayer de comprendre les sciences. Enfin, j’espérais qu’il me proposerait d’aller dans son bureau. Avec tout ce bruit, j’avais du mal à me concentrer sur une conversation. Comment fait-il pour ne pas ressortir les tympans en sang ?
« Si un jour je viens pour ça, je crois qu'il faudrait m'interner. » « Je m'occuperai de te trouver une infirmière qui te donnera au moins une coupe glacée par mois lorsque tu en auras envie! » fit-il en riant avant d'entraîner la jeune fille dans le couloir, une main toujours posée sur son épaule. Il aimait bien rire de la nourriture catastrophique de l'hôpital alors que lui-même y prenait souvent un repas à la vitesse de l'éclair entre deux consultations. Habitué du café dilué et des sandwichs plutôt secs, il n'avait rien à dire puisque comme le lui disait si bien sa femme, il n'avait qu'à préparer lui-même ses repas - ou la laisser faire, ce qu'il refusait obstinément afin de ne pas se retrouver avec des carottes et des poivrons - au lieu de se plaindre. Évidemment, elle avait raison, mais Ross préférait pousser un soupir et ne plus jamais parler des catastrophes alimentaires dont il avait été victime afin de ne pas se prendre la troisième guerre mondiale en pleine gueule. « En fait, c'est plutôt l'inverse même, il me faudrait un certificat. » « Oh. » Tout en détaillant la jeune fille d'un oeil méticuleux et professionnel, subtil surtout, il dut admettre qu'elle avait l'air en parfaite santé. Or, il devrait néanmoins se débarrasser de certaines formalités si elle voulait obtenir son papier.
Tout en l'entraînant en direction du secrétariat, il abandonna l'épaule de l'adolescente quelques instants afin de se diriger vers la femme assise derrière le comptoir. « Nicole? J'aurais besoin du dossier d'Ella Clarke s'il te plaît. » « Tu n'avais pas terminé tes consultations aujourd'hui? » « Oui. Mais ce ne sera pas long. Je te le ramène dans un instant. » fit-il avec un sourire alors que la dite Nicole haussait les épaules avant de se relever et de disparaître pour ne revenir que quelques minutes plus tard. « Merci. Allez, princesse, on a tout ce qu'il faut! » Prenant un pas un peu plus rapide afin de rejoindre son bureau, il tint la porte afin de laisser Ella passer après lui. Il s'appuya légèrement sur le devant du bureau en parcourant rapidement le dossier médical de l'adolescente, ne serait-ce que pour s'assurer qu'il ne soit pas passé à côté d'une visite importante lorsqu'il n'était pas à l'hôpital. Or, la jeune fille n'avait vu que lui - ou presque - depuis quelques années, ce qui sembla le rassurer. Lui faisant signe qu'elle pouvait prendre place sur le lit d'auscultation, dans la seconde partie de son bureau, il glissa délicatement le brassard autour de son bras afin de prendre sa pression artérielle, une formalité qu'ils voudraient bien évidemment voir étalée sur le certificat. Celle d'Ella s'était toujours trouvée dans la normale et s'il n'y avait pas de problèmes apparents au niveau de sa santé, il ne voyait pas en quoi elle pourrait changer, mais préférait tout de même s'y tenir.
Tout en gonflant à la poire l'appareil, il demanda à la jeune fille, avant de devoir faire ses lectures: « C'est pour tes compétitions? » Évidemment, Ross était au courant de la discipline d'Ella et il était même déjà allé la voir nager plusieurs fois lorsqu'il était libre. Il adorait voir les jeunes s'impliquer autant dans un sport et il savait que c'était le chemin idéal pour grandir en santé, du moment qu'ils ne se mettent pas à exagérer les heures de pratique en bousillant tout le reste. Le sommeil était tout autant important que le sport, mais il n'avait pas décelé chez sa protégée un manque flagrant de quoi que ce soit; elle lui avait toujours semblé en pleine forme.
« Je m'occuperai de te trouver une infirmière qui te donnera au moins une coupe glacée par mois lorsque tu en auras envie! » Il rit. Moi aussi. La bouffe de l'hôpital était écoeurante. Immangeable. Pour le peu de fois où j'avais eu à la subir. J'espérais sincèrement pour Ross qu'il ne subissait pas ça tous les jours. « Je crois qu'il me faudrait plus d'une glace par mois pour tenir, psychologiquement. » Je riais tout en continuant de me laisser entraîner dans les longs couloirs de l'hôpital. J'étais trop gourmande pour me contenter d'une glace par mois. Ma survie à l'hôpital serait vraiment difficile. Entre nous, j'espère ne jamais devoir y séjourner. Même si le personnel soignant est sympathique, ce n'est jamais cool d'être malade. Enfin, je confis à mon médecin que j'ai besoin d'un certificat. Il répond par un simple « Oh. » mais, il me regarde déjà avec son oeil expert. Pour un peu je me mettrais presque à virevolter pour lui montrer que tout va bien. Enfin, à ma connaissance je n'ai pas le moindre problème de santé. Je lui fais un grand sourire avant de le suivre.
On se retrouve au secrétariat. Il abandonne mon épaule. « Nicole? J'aurais besoin du dossier d'Ella Clarke s'il te plaît. » J'écoute vaguement la conversation. Je regarde plutôt autour de moi. Gauche. Droite. Internes. Patients. Médecins. « Tu n'avais pas terminé tes consultations aujourd'hui? » Je suis une chieuse qui lui rajoute des heures supplémentaires. Je me mords la lèvre inférieure tout en baissant les yeux. Je n'ai rien fait. Ce n'est pas moi. « Oui. Mais ce ne sera pas long. Je te le ramène dans un instant. » Non normalement ça ne serait pas long. Sauf s'il décelait un problème. On va espérer que non. Nicole disparue. Je me tournais alors vers mon médecin. « Je suis chiante, je vous ajoute du travail supplémentaire. » J'esquisse un sourire désolé.
Nicole revient. Elle tend le dossier au docteur Bradford qui le saisit. « Merci. Allez, princesse, on a tout ce qu'il faut! » Je lui souris avant de lui emboîter le pas. Direction son bureau. Il bloqua la porte afin de me laisser passer. Je lui souriais en guise de remerciement. Appuyé sur le devant de son bureau, je le voyais parcourir mon dossier. C'était étrange de se dire que toute votre vie médicale tenait là-dedans. Quelques feuilles pour résumer dix-sept années. J'imaginais qu'il y avait des dossiers bien plus épais que le mien. Et surtout bien moins simple. Je passais sur la table d'osculation. Il m'avait fait signe d'y aller. Il ne fallut que peu de temps pour que je me retrouve avec un brassard autour du bras. Contrôle de la pression artérielle. Ça ce n'était pas le genre de choses qui m'inquiétaient. Ma pression avait toujours été dans la norme. Pourquoi pas aujourd'hui ? « C'est pour tes compétitions? » Compétition. Rien que ce mot me faisait rêver. Ça me manquait. Trois semaines sans c'était tellement long ! Les entraînements, ce n'était pas pareil. Il n'y avait pas cette pression sur mes épaules. Le stress n'était pas là. Rater une figure n'avait rien de grave. En compétition, l'objectif c'était la perfection. Enfin, oui c'était pour ça le certificat. « Oui, je reprends dans moins de deux semaines ! » J'étais toute excitée rien qu'à cette idée. Ross connaissait ma passion, il était plusieurs fois venu nager. « En attendant je fais le plus d'entraînement possible. Ma mère commence à craquer, elle juge que je passe plus de temps dans l'eau qu'à la maison. » Elle n'avait pas tort. En ce moment, je n'étais chez moi qu'à six heures le matin et dix heures le soir. Les trois quarts du temps j'étais dans ma chambre à bosser jusqu'à m'endormir devant mes cahiers. Les autres soirs c'était baby-sitting. Et au milieu de ça, je trouvais le temps de voir mes amis ainsi que mon frère. C'était compréhensible qu'elle s'énerve.
Je regardais mon médecin. Léger sourire sur les lèvres. Pourvu qu'il ne se mette pas à dire que j'en fais trop. Je l'entends déjà suffisamment. Cette disquette. Après tout, il fallait bien ça si... je voulais en faire mon avenir ? Ça sonnait si faux. Je ne savais pas ce que je voulais. J'inspirais un grand coup. « Ross, t'as toujours voulu faire médecin ? » Je ne m'étais même pas aperçu que je l'avais tutoyé. D'où le fait je ne m'excusais pas. J'avais tellement ressenti le besoin de poser cette question qu'elle était sortie comme ça, naturellement. Je n'avais pas cherché à la reformuler. Je voulais savoir s'il avait su dès le début que c'était fait pour lui ou s'il avait douté. J'avais besoin d'éclairer mon cerveau. Je savais pertinemment que j'avais un choix à faire. Mais, je n'y parvenais pas. Mon frère me dirait de prendre le sport. Mes parents n'auront pas d'avis sur la question. Puis, je n'arrive pas à en parler. Ça reste bloqué dans ma gorge. Comme si je devais rester seule avec mes pensées. Je sais que si je parviens à parler à Ross de ce qui me tourmente j'aurais un avis objectif.
Sujet: Re: J’imagine rien, j’espère. Ҩ Sam 1 Oct - 18:39
« Je suis chiante, je vous ajoute du travail supplémentaire. » « Pour toi j'ai tout mon temps. » la rassura-t-il avec un sourire ravi. Après tout, Ross était médecin; les heures supplémentaires faisaient partie intégrante de son boulot et il le savait depuis le début. Ella était une adolescente épanouie, intelligente et passionnée, ce qui laissait le médecin ravi de voir qu'elle allait bien et qu'elle demeurait fidèle à elle-même. D'ailleurs, l'étude de son dossier ne lui fournit pas plus de renseignements que ce qu'il connaissait déjà et il préféra donc passer à l'examen afin d'en finir au plus vite avec ce genre de formalités. Après tout, Ella le connaissait peut-être, mais les visites chez le médecin n'étaient agréables pour personne - encore moins lorsqu'on n'avait absolument rien à signaler.
S'intéressant alors aux compétitions de la jeune fille, il eut un sourire en voyant son visage s'illuminer. « Oui, je reprends dans moins de deux semaines ! [...] En attendant je fais le plus d'entraînement possible. Ma mère commence à craquer, elle juge que je passe plus de temps dans l'eau qu'à la maison. » Baissant les yeux en riant légèrement, le médecin se concentra sur les mesures qu'il devait prendre et laissa le brassard se dégonfler jusqu'à ce qu'il puisse obtenir sa dernière valeur. Notant le tout dans le dossier d'Ella, il put enfin reporter son attention sur elle, détendu. « Il ne faut pas lui en vouloir, c'est normal qu'elle s'inquiète. Tu dors bien? Pas de surmenage? » demanda-t-il simplement en tirant du pied le tabouret qui se trouvait un peu plus loin pour s'y asseoir face à elle. Les jeunes avaient tendance à surestimer leurs capacités et il n'était pas rare de voir de jeunes sportifs atterrir aux urgences pour cause de déshydratation, de fatigue extrême ou de blessures non guéries et pour lesquelles ils n'avaient pas cru bon de suivre les conseils proposés par le médecin. Ils n'étaient pas stupides, bien sûr, mais l'amour d'un sport les poussait à faire toutes sortes de conneries et Ross était persuadé qu'Ella n'échappait pas à la règle. Sa pression était excellente et il ne voyait pas vraiment l'intérêt de lui faire passer une batterie de tests en sachant qu'elle se portait à merveille. Toutefois, une prise de sang aurait pu être en envisageable - et nécessaire - si la jeune fille s'était trouvée au niveau professionnel, ne serait-ce que pour s'assurer qu'elle ne prenait ni drogues, si stéroïdes, mais comme elle n'était pas encore à ce niveau, Ross avait l'intention de garder le contrôle le plus rapide et simple possible.
« Ross, t'as toujours voulu faire médecin ? » Surpris par la question de la jeune fille, il eut un sourire amusé, mais éteint en repensant aux dix premières années de sa vie. « Non, bien sûr. » débuta-t-il en pesant bien ses mots. « Gamin, je voulais être boxeur. » rit-il en reportant son attention sur le doux visage de l'adolescente. Boxeur ... Ce n'était pas étonnant quand on voyait dans quel genre de contexte il avait été élevé, d'autant plus que taper sur les autres s'était révélé être une manière de survivre relativement pratique. Le regard assombri par ces souvenirs, il en vint à se demander s'il réussirait un jour à faire suffisamment de bien pour effacer le mal qu'il avait pu faire. Il savait pertinemment qu'au sein de ce genre d'environnement, c'est vivre ou mourir et qu'il avait eu de la chance de s'en sortir indemne avec une bourse d'étude. Tout le monde n'avait pas cette chance et étudier la médecine avait été sa porte de sortie sur le monde extérieur. Poussant un soupir en prenant conscience de la présence de la jeune fille, il passa une main sur son front en haussant les épaules, retrouvant un sourire qu'il n'avait pas voulu quitter. « J'ai obtenu une bourse pour l'université et je voulais devenir cardiologue au début. Et j'ai changé d'avis! » avoua-t-il sans la quitter des yeux. « Mais toi, je te connais suffisamment pour savoir que tu ne m'as pas posé cette question-là par hasard. Quelque chose te tracasse? »
Ross baissa les yeux sur les mesures tout en riant. Je souriais grandement. J'étais tellement impatiente de reprendre. Rien que le fait d'en parler faisait que je ne tenais plus en place. Excitée comme une puce. Je comprenais que ça le fasse rire. Il griffonna dans mon dossier. Le résultat des mesures j'imagine. Étant donné qu'il ne disait rien et qu'il semblait plutôt détendu, je me disais que tout était en ordre. Tant mieux. « Il ne faut pas lui en vouloir, c'est normal qu'elle s'inquiète. Tu dors bien? Pas de surmenage? » Je souriais presque nerveusement. Surmenage ? Tout dépend de sa définition, tout est relatif. Il prend le tabouret pour s'asseoir en face de moi. « Eu... ça dépend de ce qu'on entend par surmenage mais, on va dire que non. » Sourire enfantin, comme pour l'attendrir. De toute façon il sait que je continuerais au même rythme. En plus, je ne pense pas faire du surmenage. Je ne manque pas de sommeil, c'est déjà pas mal, non ? Enfin... je crois que je ne manque pas de sommeil.
Par la suite, j'avais demandé à Ross s'il avait toujours voulu faire médecin. Cette question devait lui paraître un peu soudaine. Mais, j'avais vraiment besoin de lui poser. Il eut un sourire amusé même s'il semblait éteint. Je ne savais pas pourquoi d'ailleurs. J'espérais ne pas avoir touché une corde sensible. « Non, bien sûr. » Je le regardais avec surprise. Enfin quelqu'un qui avait eu d'autres objectifs. Enfin quelqu'un qui avait changé de chemin. Je pensais presque que ça n'existait plus. « Gamin, je voulais être boxeur. » Il rit et moi aussi, malgré ma surprise. Je l'imaginais mal se battre. Je le voyais vraiment comme un homme très doux, très attentif. C'était étrange de l'imaginer sur un ring. Je me demandais si la boxe avait été une passion, comme moi pour la natation synchronisée ou si on l'avait poussé à en faire et qu'il était bon. Je me demandais s'il pratiquait toujours. Mais, bon, je me voyais mal me montrer aussi indiscrète. Bien que la curiosité se lisait dans mon regard. De plus, son regard assombri m'en dissuada. Je faisais celle qui n'avait rien remarqué mais, je me demandais ce qu'il avait connu dans le passé. Il poussa un long soupir avant de passer une main sur son front, haussant les épaules. Il retrouva son sourire. Mine de rien, je souriais tout autant. « J'ai obtenu une bourse pour l'université et je voulais devenir cardiologue au début. Et j'ai changé d'avis! » Cardiologue ? J'étais de plus en plus curieuse. Il l'avait remarqué, c'était certain, étant donné qu'il soutenait mon regard. « Mais toi, je te connais suffisamment pour savoir que tu ne m'as pas posé cette question-là par hasard. Quelque chose te tracasse? » Un rire nerveux m'échappa. Grillé, en toute beauté. Il me connaissait trop bien. Mais, de toute façon je voulais lui en parler. C'était le moment. « Et bien, je suis censée faire un choix à la fin de l'année scolaire. Tout le monde me voit dans le sport et c'est vrai que j'aimerais beaucoup. Ma passion est toujours la même depuis le temps et je ne me vois pas vivre sans mais... » Je baissais les yeux, comme si c'était trop difficile à dire. Est-ce que j'avais le droit de remettre en cause mon avenir comme ça ? Je soufflais avant de poursuivre. « Mais, à côté de ça, j'ai une toute autre passion, à laquelle j'aimerais me consacrer aussi, l'écriture. » Je souriais timidement. C'est vrai que dit comme ça, les choses ne semblaient pas très réalistes. Autant pour l'un que pour l'autre. Le sport n'était pas le domaine le plus stable qu'il soit. Une blessure peut achever n'importe qui. Et puis, l'écriture, comment réussir dans ce domaine ? C'était tout de même un milieu bien compliqué. Mais, j'étais prête à prendre le risque. Je n'avais pas envie d'une carrière parmi tant d'autre je voulais faire ce qui me passionnait même si certain jugeait que je visais la lune.
Sujet: Re: J’imagine rien, j’espère. Ҩ Jeu 13 Oct - 18:25
En voyant l'air intéressé et curieux de l'adolescente, Ross eut un léger sourire avant de préciser: « Je n'ai jamais grimpé sur un ring, hein, tu ne risques rien ! Mais savoir se servir de ses poings, ça peut aider, parfois. » Et puis, posant un doigt devant ses lèvres en souriant légèrement, il ajouta: « Ne dis pas à ta mère que je t'ai dis ça... » Loin de lui l'idée de glisser de mauvaises idées dans la tête d'Ella, mais il avait ressenti le besoin de lui faire part que ce qu'on leur racontait depuis l'enfance n'était pas toujours exact. Pas dans tous les contextes, pas dans toutes les situations, en tout cas. À New York, la sélection naturelle faisait son oeuvre et Darwin aurait pu se retourner dans sa tombe en voyant à quel point la même espèce réussissait à s'entre-tuer pour le simple plaisir de se dire qu'on avait gagné. Gagné quoi? Rien du tout. La violence ne réglait jamais rien, c'est vrai, mais elle permettait à certains de s'en sortir et s'il n'avait pas un jour rendu les coups qu'on lui avait donné, il ne serait pas là pour lui donner le certificat qu'elle était venue chercher. Sa soeur ne serait sans doute pas là non plus. On apprenait aux enfants à se montrer patients et à ne pas se mettre à taper sur les autres lorsqu'il y avait un problème; or, ceux qui respectaient cette règle ne faisaient pas long feu dans le Bronx. Ce qu'on voyait dans les films n'avait rien d'amusant puisque la vérité s'y rapprochait beaucoup. Trop même.
Un peu perdu dans ses pensées, il dut faire un effort surhumain pour s'en détacher et reprendre le fil normal de la conversation en reportant toute son attention sur l'adolescente. « Et bien, je suis censée faire un choix à la fin de l'année scolaire. Tout le monde me voit dans le sport et c'est vrai que j'aimerais beaucoup. Ma passion est toujours la même depuis le temps et je ne me vois pas vivre sans mais... » Plissant légèrement les yeux en la voyant hésiter sur la suite de sa phrase, il posa son regard d'ébène dans le sien sans pour autant la brusquer et la pousser à poursuivre d'une manière ou d'une autre. Si elle avait décidé de lui en parler et si elle avait profité de ce certificat pour le faire, il n'allait certainement pas la forcer à tout lui raconter, mais il la connaissait trop bien pour se dire qu'elle puisse faire marche arrière. « Mais, à côté de ça, j'ai une toute autre passion, à laquelle j'aimerais me consacrer aussi, l'écriture. » « Oh ! Je vois. » fit-il simplement en passant une main amusée au creux de sa propre nuque. Il en profita pour détacher légèrement la cravate qui l'étoufferait bientôt et prit un moment de réflexion avant de répondre. Non seulement il n'avait absolument aucune piste pour l'y lancer, mais en plus, il ne voyait pas comment il pouvait décider à sa place. Toutefois, il était on ne peut plus touché qu'elle décide de lui en parler, à lui, bien que ce soit sans doute pour obtenir un avis extérieur sans avoir l'impression qu'il s'impliquait personnellement dans la chose. Il le savait bien, un parent voulait le bien-être de son enfant, coûte que coûte, et peu importait ses passions, souvent qualifiées d'utopiques. Pourtant, il n'avait pas l'impression qu'Ella soit ce genre d'adolescente à rêver d'un château et d'un royaume en tous points inaccessibles. Elle avait ses rêves, elle était jeune, et elle aurait toujours la chance de revenir sur ses pas si ça ne fonctionnait pas.
« Je sais ce que c'est. Quand on m'a demandé si je désirais me spécialiser et poursuivre mes études, j'ai dû laisser de côté mes ambitions de cardiologue pour suivre mon désir le plus profond. Même à vingt-cinq ans, ce n'était pas facile de décider. » Il n'avait pas vraiment su ce qu'il voulait réellement jusqu'à ce qu'il suive des médecins chevronnés et qu'il comprenne qu'il préférait communiquer réellement avec ses patients et non pas juste leur expliquer ce qui se passait, les voir une fois et les laisser filer. « Tu es jeune, Ella ... Mais, si tu le souhaites vraiment, je ne vois pas ce qui pourrait t'empêcher de faire les deux. » proposa-t-il en haussant légèrement les épaules. Posant les deux branches de son stéthoscope au creux de ses oreilles, il appuya légèrement sur le thorax de la jeune fille. « Prends une grande inspiration. » Dès qu'il fut assuré que tout allait bien, il ramena l'instrument autour de son cou et plongea son regard dans le sien. « Tu veux vraiment faire de la natation au niveau professionnel? Pas seulement comme loisir? Parce que si c'est vraiment ce que tu veux, fonce! Et rien ne t'empêche de changer d'avis par la suite. » ajouta-t-il avec un sourire en se reportant à ses propres expériences.
DOUBLE-COMPTE : Carlie. MESSAGES : 8680 ARRIVÉE : 07/09/2011 LOCALISATION : Dans le pays où on ne grandit jamais.
Sujet: Re: J’imagine rien, j’espère. Ҩ Ven 14 Oct - 21:11
J'étais affreusement curieuse. Je voulais vraiment en savoir plus sur Ross et la boxe. Il l'avait certainement remarqué. Il afficha un léger sourire avant de préciser. « Je n'ai jamais grimpé sur un ring, hein, tu ne risques rien ! Mais savoir se servir de ses poings, ça peut aider, parfois. » Ouais. Et puis chez les garçons c'était surtout une manie. Je n'avais qu'à regarder mon frère. Encore maintenant, il n'est pas rare qu'il se batte, pour un oui ou pour un non. Il avança un doigt, non loin de ses lèvres. Je riais. Ça me semblait tellement enfantin de faire ce geste mais, j'aimais ça. « Ne dis pas à ta mère que je t'ai dis ça... » Je riais à nouveau. « Motus et bouche cousue. » Je faisais un petit clin d'oeil. Il y avait peu de chances pour que j'en parle à ma mère. Premièrement, je n'en avais pas envie. Deuxièmement, elle m'énerverait à me dire que la violence ne résout rien. Troisièmement... eh bah c'était déjà pas mal. Bon, il est vrai que techniquement, la violence ne résout rien. Mais, parfois, c'est notre seule défense. Enfin à Arrowsic, je n'ai pas trop à craindre. Mais, je suis certaine qu'en dehors du Maine, plusieurs personnes se battent pour un peu de respect, pour un peu de paix. Enfin, j'en sais rien. J'imagine.
Enfin, je confiais mes pensées à Ross. Je lui confiais à moitié. J'avais peur de poursuivre. J'étais comme interdite. Ses yeux étaient légèrement plissés alors qu'il plongeait son regard dans le mien. Il ne me forçait pas à continuer. Il n'était pas de ceux qui insistaient. Et puis, il savait certainement que je n'étais pas du genre à faire machine arrière. Quoiqu'il en soit, sa façon d'être me donna le courage de continuer. Je lui avais dit que mon avenir me tracassait. Plus qu'il ne le devrait. Il passa une main dans nuque, visiblement amusé avant d'ajouter en toute simplicité : « Oh ! Je vois. ». Il desserra sa cravate. Il était visiblement en train de réfléchir. Je souriais timidement, mon regard se posant un peu partout. Mes mains. Ses mains. Les murs. Mes chaussures. Je fixais un peu près tout ce que je voyais pour fuir mes pensées. Sport. Écriture. Choix. J'en avais presque mal au crâne.
Finalement, mon médecin reprit la parole. « Je sais ce que c'est. Quand on m'a demandé si je désirais me spécialiser et poursuivre mes études, j'ai dû laisser de côté mes ambitions de cardiologue pour suivre mon désir le plus profond. Même à vingt-cinq ans, ce n'était pas facile de décider. » Je me demandais comment il avait réussi à savoir ce qui lui convenait le plus. Ce n'était pas chose facile après tout. Comment, à dix-sept ans, pouvais-je être certaine de ce que je voulais faire toute ma vie ? Je n'en avais pas la moindre idée. En fait, je crois qu'à tout âge, un choix est rarement simple. « Tu es jeune, Ella ... Mais, si tu le souhaites vraiment, je ne vois pas ce qui pourrait t'empêcher de faire les deux. » Ce qui m'en empêchait ? Le temps. J'aurais besoin de pouvoir le maîtriser pour faire deux carrières. Je ne pouvais pas écrire et penser à la coordination de l'enchaînement, aux erreurs faites à l'entraînement. Je ne pouvais réussir l'un que si je ne pensais pas à l'autre. Je n'arrivais pas à lier les deux. Enfin, à l'heure actuelle j'avais du temps pour pratiquer les deux mais, ça ne serait pas éternellement le cas. Je soupirais, mordant ma lèvre inférieure. « Disons que pour faire les deux j'aurais besoin de faire des journées de quarante-huit heures. Ça serait franchement cool si je le pouvais. C'est tellement simple de ne pas choisir. » Je souriais rêveuse alors qu'il prenait son stéthoscope. Je sentais l'objet sur mon Thorax alors qu'il me demandait « Prends une grande inspiration. » Je le faisais sans attendre. J'avais presque oublié qu'il s'agissait d'une consultation, à la base.
Peu de temps après, il remit l'objet à sa place initiale. Autour de son cou. Il plongea son regard dans le mien. Il m'obligeait ainsi à sortir de mes rêveries. Tant mieux. « Tu veux vraiment faire de la natation au niveau professionnel? Pas seulement comme loisir? Parce que si c'est vraiment ce que tu veux, fonce! Et rien ne t'empêche de changer d'avis par la suite. » Il me montra un beau sourire. Le miens était jusqu'aux oreilles. Si je le voulais ? Évidemment ! C'était quelque chose qui me faisait rêver depuis toujours. Je m'étais battue pour avoir le niveau. J'avais refusé de toucher à la cigarette pour ça. Je ne m'étais jamais laissé tenté par la drogue pour la même raison. Je fuyais les cuites pour assurer aux compétitions. Enfin, depuis toujours, je réglais ma vie en fonction de la natation synchronisée. Et j'avais toujours cette envie de passer pro. C'était mon univers à moi. « Oh ça oui ! J'en rêve depuis que j'ai commencé la natation synchronisée. » J'avais des étoiles dans les yeux. C'était LE sport qui me rendait vivante. « Mais, on nous donne tellement la sensation que nos choix sont irréversibles... du coup, je crois que j'ai peur de faire une erreur. » Et ça c'était pire que vrai. Je baissais timidement la tête. D'abord, on nous encourageait fortement à choisir un métier stable, qui rapporte suffisamment. Ensuite, on nous montrait par a+b que nos choix étaient définitifs alors que techniquement, à dix-sept ans, on a le droit de rêver, d'essayer, de se tromper, de se casser la figure et se relever. Enfin, je relevais soudainement la tête. « Et vous avez déjà regretté de ne pas avoir choisi la cardiologie ? » Je me mordais la lèvre inférieure pour mon indiscrétion, c'est que, ça m'intéressait vraiment.
Sujet: Re: J’imagine rien, j’espère. Ҩ Jeu 20 Oct - 19:58
« Disons que pour faire les deux j'aurais besoin de faire des journées de quarante-huit heures. Ça serait franchement cool si je le pouvais. C'est tellement simple de ne pas choisir. » Ross eut un sourire alors qu'il voyait bien qu'elle ne semblait pas avoir compris le principe qu'il tentait de lui inculquer. « Tu n'as pas le choix de prendre du temps pour toi, même quand tu seras une grande championne ! Et tu pourras t'adonner aux loisirs qui te feront plaisirs, mais tu auras en plus la chance de pratiquer un sport que tu aimes et ça, ce n'est pas donné à tout le monde. » ajouta-t-il simplement en haussant légèrement les épaules, comme si c'était clair - du moins pour lui - depuis le début. On ne pouvait pas se contenter de travailler, tout le temps, quand bien même ce travail se révélait être notre plus grand loisir, il fallait faire autre chose afin de ne pas sombrer et perdre tout intérêt. Curieux, il en profita pour lui demander sincèrement si son but dans la vie était de devenir une grande sportive et l'éclat qui anima ses prunelles sembla le lui confirmer sans même qu'elle n'ait à ajouter quoi que ce soit. « Oh ça oui ! J'en rêve depuis que j'ai commencé la natation synchronisée. Mais, on nous donne tellement la sensation que nos choix sont irréversibles... du coup, je crois que j'ai peur de faire une erreur. » Arquant un sourcil, intrigué par ce qu'elle avait à dire et décidément ravi qu'elle ait décidé de se confier, il prit un petit instant avant de répondre, tentant de trouver les mots qui ne la décourageraient pas, sans pour autant lui dire que tout était possible, qu'il suffisait simplement d'y croire. « Je pense que ce qui fait la différence entre un bon athlète et un excellent athlète, c'est ça. » Il avait posé sa main sur son propre thorax, au niveau du coeur. « Et ce n'est pas seulement dans le sport. Si c'est ce que tu veux le plus au monde, que tu travailles fort et que tu es prête à faire des compromis, tu y arriveras, Ella. Et dis-toi bien qu'il y aura toujours moyen de changer si ça ne te convient pas. »
« Et vous avez déjà regretté de ne pas avoir choisi la cardiologie ? » Posant son regard au creux du sien avec un petit sourire, Ross ne mit pas longtemps, cette fois, à trouver les mots. « Absolument pas. Je sais que la plupart de mes patients ne suivent pas toujours mes instructions à la lettre, mais j'ai une certaine forme de pouvoir, tout de même. » débuta-t-il avant de s'approcher légèrement en chuchottant. « Et j'adore le pouvoir. » Pouffant de rire, il déchira finalement la feuille qu'il avait remplie pour elle et signa illisiblement son nom tout au bas avant de la tendre en direction de la jeune fille. Il ne voyait pas pourquoi il s'attarderait pendant des heures à lui faire un examen qui ne changerait pas grand chose au final, d'autant plus qu'Ella était suffisamment grande pour lui expliquer clairement ce qui n'allait pas, si jamais c'était le cas. « Ça devrait faire l'affaire. » fit-il simplement avec un petit sourire avant de refermer le dossier médical de l'adolescente et de le poser sur le bureau, derrière lui. « Si jamais tu as besoin d'autre chose, n'hésite pas à passer. » ajouta-t-il avec un regard entendu, ne voulant aucunement qu'elle se prive de venir le voir de peur de le déranger. C'était son boulot de rencontrer les gens et de s'assurer de leur bien-être, mais il avait bel et bien pris la jeune Clarke sous son aile et ne comptait pas la laisser partir aussi rapidement.
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Sujet: Re: J’imagine rien, j’espère. Ҩ Mar 25 Oct - 20:04
« Tu n'as pas le choix de prendre du temps pour toi, même quand tu seras une grande championne ! Et tu pourras t'adonner aux loisirs qui te feront plaisirs, mais tu auras en plus la chance de pratiquer un sport que tu aimes et ça, ce n'est pas donné à tout le monde. » Il haussa les épaules comme si c’était évident alors que je comprenais seulement ce qu’il voulait dire. Je n’avais pas vu le problème sous cet angle. Il avait raison en plus. Je ne pouvais pas faire que du sport. Enfin, je ne devais pas faire que du sport. Après libre à moi de pourrir ma vie et ma passion en abusant mais, ce n’était pas mon but. J’acquiesçais vaguement d’un signe de la tête avant de sourire.
Il me demanda alors si je voulais vraiment devenir championne. Avec une évidence déconcertante, je lui répondais que oui. C’était vraiment ce que je voulais. J’avais simplement peur de l’erreur. Peur que mes choix soient irréversibles. Il arqua un sourcil avant de prendre un temps réflexion. Moi, je me repassais les discours que je pouvais entendre. Celui des mes parents. Celui de mon coach. Celui des profs. Celui de mes amis. Celui des amis de mes parents. Ils se rejoignaient tous en un point, l’échec n’est pas toléré dans la société actuelle. Je ne pouvais m’empêcher de croire qu’ils disaient n’importe quoi. On a le droit de se planter. De changer d’avis. Tant qu’on a ce qu’il faut dans le bide pour surmonter les obstacles dû à ce changement, qu’est-ce qui nous en empêche ? Aucune loi n’interdit l’échec. Et heureusement. Enfin, la voix de Ross m’extirpa de mes pensées. « Je pense que ce qui fait la différence entre un bon athlète et un excellent athlète, c'est ça. » Il posa sa main sur son cœur. Je l’observais, attentive.« Et ce n'est pas seulement dans le sport. Si c'est ce que tu veux le plus au monde, que tu travailles fort et que tu es prête à faire des compromis, tu y arriveras, Ella. Et dis-toi bien qu'il y aura toujours moyen de changer si ça ne te convient pas. » Je lui souriais grandement. Ses mots -et son geste- avaient leur impact dans mon esprit. Pour un peu, je lui aurais presque sauté au cou. Pas parce qu’il me disait ce que je voulais entendre. Mais, parce qu’il était objectif. Ses paroles étaient censées. « Merci. » c’est tout ce que je pouvais dire avec un sourire ravi.
Je me permettais d’être curieuse sur ses choix. Je voulais savoir s’il avait déjà regretté. Son regard dans le mien, je vis un sourire naître sur ses lèvres. Et cette fois, il ne prit pas le temps de réfléchir. « Absolument pas. Je sais que la plupart de mes patients ne suivent pas toujours mes instructions à la lettre, mais j'ai une certaine forme de pouvoir, tout de même. » Je souriais, amusée. J’étais de celle qui n’écoutais pas toujours les instructions à la lettre. Il s’approcha de moi pour me murmurer « Et j'adore le pouvoir. » Mon rire se mêla au sien. C’était agréable de pouvoir rire avec Ross. Il n’était pas froid comme médecin. Et c’était certainement pour ça que je ne voulais pas en voir d’autre. Et que je m’étais attachée à la personne qui se cachait derrière l’uniforme.
Il déchira la feuille après avoir griffonné, en bas. Il me tendit le bout de papier, que je prenais avec soin. « Ça devrait faire l'affaire. » c’est tout ce qu’il ajouta, avec un petit sourire. Moi je souriais grandement. « Ça fera l’affaire, merci. » il y avait plutôt intérêt à ce que ça fasse l’affaire. J’étais en forme, prête pour les compétitions. J’avais hâte, c’était inimaginable. Il ferma mon dossier avant de le reposer sur son bureau. « Si jamais tu as besoin d'autre chose, n'hésite pas à passer. » Il soutenu ses propos avec un regard clair. Je hochais la tête positivement. Je n’hésiterais pas, enfin pas trop. Parce que c’était Ross. Je sentais que je pouvais compter sur lui. Pour recevoir des conseils judicieux, comme aujourd’hui. Pour parler. Et aussi pour ma santé. « Je passerais, c’est promis. Et encore merci, pour le papier et pour m’avoir écouté. » Je me plongeais dans son regard, sincère.
Spoiler:
Le sujet est clos, non, qu'en penses-tu ? Sinon libre à toi de répondre et de le clôturer, je te laisse faire comme tu le sens