Allongée sur mon lit, je fixai le plafond comme si j'attend là un signe qui m'aiderait à me lever. J'étais presque encore alcoolisé de la veille, mais je pouvais encore gérer. Je connaissais mon degré de résistance et celui-ci était largement repoussable. Il y a quelques jours j'avais rencontrée une jeune fille, seule dans un bar de la ville. Ce qui m'a d'abord étonné, c'est qu'en la voyant, je n'ai pas forcément eu envie de la taper, ou de l'humilier. C'est un sentiment que je ressens envers tout le monde en principe. Deuxième sentiment , le vice ou comment vais-je pouvoir me servir de cette personne en face de moi. Étrangement, quand je l'ai vu, la partie vice est bien sûr arrivée, mais j'ai eu comme l'envie d'aller vers elle et de la connaitre. Pourquoi ? Car elle, c'était Abbey. C'était Abbey quand je lai connu. Aussi innocente, aussi belle. Son regard avait quelque chose qui me disais qu'elle était prise d'une tristesse qui était bien trop visible. J'avais été comment dire ... Troublée. Oui, c'est ç.Elle m'avais foutu un poignard en plein coeur, je n'arrivais plus à réfléchir, et ce n'étais pas à cause de tous l'alcool que j'avais ingurgité non. Elle m'avais tué sur place.

Aujourd'hui, j'avais donc dans l'idée d'y retourner, et qui sait, je la verrais peut-être finalement... M'ayant préparé, ayant cerné mes yeux de ce noir ébène que j'aimais tant, ayant dénudé mon corps grâce à ce slim troué, j'étais fin prête à sortir pour une nouvelle soirée. Arrivant au bar, j'entrai rapidement, saluant le barman. Je l'avais dans mes bottes, il faut dire que je venais souvent ici, et que je m'alimentait en coup d'un soir rémunéré bien sûr. Il commençait à comprendre qui j'étais, peut-être même que le prochain, ce sera lui. Et qui avais-je vu, seule, installée au comptoir, un type chelou à sa gauche, un vieux à sa droite, elle. L'inconnue. J'avais donc marché jusqu'à elle, et , ayant bousculé le type à l'allure flippante comme si c'était une vulgaire statue, j'avais intercepté Jack pour lui demandé deux vodka. « Tu sais, il faut être plus déterminée ! Enfin, c'est un conseil, si tu veux être servi un jour. L'Homme est un loup pour l'Homme. Alors grogne... » J'avais lancé ça d'un ton si clair, si calme, que moi même ça m'avait étonnée. J'avais ensuite croisé son regard... Si doux. Arf, que je détestais cette lueur dans son regard, ça me rendais malade.