Je devais probablement perdre la tête pour aller me réfugier dans les bras de Blake, celui qui avait frappé sa petite copine. Mais à présent je me sentais mieux, plus sereine. Blake n'était pas si mauvais. Il n'était pas dangereux ou complètement malade dans sa tête. C'était ce que je pensais à présent. Peut-être avais-je tord. Peut-être était-il toujours cet homme sombre et dur. Cependant, je croyais fortement que ce n'était qu'une façade, et qu'au fond c'était un homme bien. Je l'espérais, secrètement. « T’es sûre que… qu’elle n’a rien dit, ta… copine ? C’est juste pas possible que ça éclate comme ça. Comment cette salope de Rumour has it aurait pu savoir autrement ? » A vrai dire, je n'étais plus certaine de rien. Si Tonia avait balancé la rumeur ? En y réfléchissant bien, elle n'avait aucun intérêt à faire ça. Je l'avais accusé sans même chercher à comprendre. Cette rumeur m'avait tellement chamboulée, il faut dire. Je regrettais déjà amèrement mes paroles. Mais elle n'avait pas été tendre avec moi non plus. Je soupirai. « J'en sais rien du tout. J'ai du mal à imaginer Tonia envoyer un message à RUMOUR HAS IT. Mais la rumeur est bien là, alors peut-être qu'elle me ment. J'en sais rien, j'ai l'impression d'être dans une autre dimension. » Tout me paraissait irréel, comme une vague flottant dans le vent. « Fais attention à toi, mh ? » Je le regardai quelques instants, et hochai timidement la tête. Alors ainsi, Blake tenait toujours à moi ? C'était un peu difficile à croire, mais je crois que cela me plaisait. « Autant que ma chemise…, pour une fois que j’sortais le grand jeu… » Il sourit alors, avec tendresse. Un sourire qui, je pense, ne devait pas s'afficher tout le temps sur son visage sombre. Mais j'étais heureuse qu'il m'offre à moi ce joli cadeau. « Oh je suis vraiment désolé.. » Je m’éloignai de lui pour constater l'ampleur des dégâts. Effectivement, quelques tâches noires s'étaient incrustées dans le blanc de sa chemise. Je me sentais un peu confuse, je devais l'avouer. « Si ça peut te rassurer tu es toujours aussi beau. » dis-je, en essayant d'imiter un fébrile sourire. Blake avait réussi à me détendre et à me rasséréner, et pour ça, je lui en étais extrêmement gratifiante. « Ça va aller… ok ? Passe au-dessus de tout ça, autant que possible… J’imagine que c’n’est pas facile mais… ne laisse pas ces imbéciles gâcher ta soirée, & encore moins ta vie » « D'accord. » Je marquai un silence, avant de lui dire gentiment : « Merci Blake, pour ce que tu viens de faire. Vraiment. Je.. je te revaudrai ça, promis. » Et malgré tout ce qu'il s'était passé, à ce moment-là je ne pouvais ressentir pour Blake que de l'affection. Une très grande affection.

C'est alors que je sentis une main agripper mon bras maigre. Une voix s'adressa à Blake, et c'est là que je sus que c'était ma sœur qui me tenait le bras. J'adressai un dernier sourire à Blake avant de me laisser entrainer par Sheila. Je ne comprenais pas trop ce qu'il m'arrivait mais je me laissais faire. De toute façon, je n'avais pas envie de me débattre. J'étais trop fatiguée pour ça. « Arrêtes de pleurer un peu, tu ressembles à rien. » Alors ainsi j'étais vraiment horrible à regarder. Je me sentais tellement affreuse ! Mais Blake avait réussi à me calmer, ce n'était pas le moment de craquer à nouveau. « Oui je sais, j'arrête. » dis-je. Je suffoquais encore un peu, mais ça allait déjà beaucoup mieux. « Abbey, mets toi pas dans cet état ça rendra cette salope de Barbara encore plus heureuse de te faire du mal. Tu sais ça me fait mal aussi, tu connais mes problèmes de drogues et... j'suis retombée et j'suis pas fière. Mais relève ta tête. T'es une Strugatsky. » Je fronçai les sourcils. Je ne comprenais pas ce qu'elle voulait me dire. Ainsi, c'était Barbara qui avait envoyé cette rumeur ? Comment avait-elle pu me faire ça ? Je pensais que nous nous étions réconciliées pourtant. « Quoi ?! Barbara est à l'origine de tout ça ? » J'étais sous le choc. Je ne voulais pas le croire. Je portais alors mon attention sur Sheila. Elle avait été blessée, elle aussi. Mais elle, elle le gérait vachement mieux que moi. Encore une fois, je l'admirais pour sa force. Son incroyable force. « Je ne pensais pas que tu retoucherai à ces merdes un jour. Je crois que je ne suis pas bien placée pour te donner des conseils, mais j'espère vraiment que tu vas tout faire pour arrêter. Ça bouffe ta vie ces trucs-là. » J'essayais d'éviter son regard. J'étais passée par là moi aussi, et en parler s'avérait plus douloureux qu'autre chose. Je balayai la salle du regard. Tout le monde continuait à nous regarder. Nous étions comme des bêtes de foire, et c'était très frustrant. « Regarde-les, ils attendent tous quelque chose. Ils ont l'air si heureux d'assister à ce spectacle ! Ça me dégoute. Mais t'as raison, je suis une Strugatsky, et je vais pas leur faire le plaisir de m'effondrer. » Je ne savais pas si je disais ça pour elle ou pour m'encourager. « Je vais aller m'arranger aux toilettes, et essayer de me faire oublier un peu. » J'avais eu ma dose de drame pour la soirée. Pourtant, je savais qu'elle venait seulement de débuter. Mais comment allait-elle finir ? Rien que d'y penser j'en avais la chair de poule. « On se voit plus tard, peut-être. » J'imitai un bref sourire, avant de m'éclipser aux toilettes des dames.

Heureusement pour moi, il n'y avait personne. Tout le monde était bien trop occupé à chuchoter avec ses voisins dans la salle communale. J'essuyai mes larmes et mes traces de maquillage avec du papier toilette. Je n'étais pas magnifique, mais c'était déjà mieux. Alors que je m'apprêtais à mettre le papier dans la poubelle, je m'arrêtai devant une cabine quelques instants. Sans réfléchir, je fermai la porte derrière moi et enfonçai deux doigts dans ma gorge. Ça faisait mal, terriblement mal. Mon palais puait l'alcool et je n'avais presque rien mangé. Mon ventre se tortillait de douleur. Et pourtant, je me sentais soulagée. Tellement soulagée. J'avais l'impression d'être vide. Mais peut-être n'était-ce pas qu'une simple impression. Je m'assis alors par terre et respirai un bon coup. Il fallait que je sois forte. Je tirai la chasse d'eau, me rhabillai rapidement, et but quelques gorgées du robinet. Je contemplai mon visage pâle quelques secondes, avant de repartir dans les couloirs de la mairie. Et maintenant ? Qu'allait-il se passer ?

Fuir, courir, oublier. Trois mots qui résonnent en moi après ce qu’on vient de faire avec Levi. J’ai cédé encore. J’ai cédé pour la seconde fois et ça ne me rend qu’un peu plus dingue. Cette vague de désir, cette ivresse qui s’érige en moi dès que mon ex-mari est dans les parages. Ça me tue, ça me consume. Je marche vers l’entrée de la salle communale tirant sur ma robe pour l’ajuster. Je replace quelques mèches de ma chevelure à présent défaite. Je croise certains convives qui semblent déjà déserter les lieux. L’envie de rester n’est pas vraiment présente et j’espère sincèrement que Levi ne va pas revenir. Je veux l’éviter, l’oublier et surtout ne plus le croiser après ça. Je reviens au milieu des invités alors qu’un bras m’attrape. Je me retourne en sursautant croisant le regard de mon père. Il m’emmène un peu à part, tenant un verre de vin entre ses doigts. Je lève un sourcil de manière interrogative me demandant ce qu’il veut. Je n’ai pas envie de parler de mon ex mari, je n’ai pas envie de parler tout court. Un soupire s’en suit et il me regarde comme quand j’avais quatorze ans et que je venais de faire une connerie. « Qu’est ce qui s’est passé Siobhàn ? » Je le contemple sans rien dire, laissant mon regard se perdre vers les personnes présentes. Je stoppe un serveur qui passe avant de prendre une coupe et de l’avaler cul sec. Je me donne du courage sûrement pour affronter le fait que je suis à présent dans une situation qui va mal finir. « On a discuté. » Je mens. Encore, et encore. Je déteste mentir à mon père, ça ne me rend que plus mal à l’aise. Il se met à rire sûrement nerveusement avant de se rapprocher de moi. « Je ne savais pas qu’en discutant, ta robe se retrouverait dans cet état. » Il projette ensuite sur le bout de tissus qui est totalement froissé et défriché. Je me sens encore plus idiote. Je lui lance un regard lasse – presque vide tellement à ce stade plus rien n’a d’importance. « J’ai couché avec lui, voilà content papa. Ma vie déraille depuis le retour de Delmonte, content aussi ? » Il soupire et je n’attends pas une énième réponse de sa part. Je passe au milieu des habitants de la petite ville. Je souris à certains, en ignore d’autres. Je me poste près du bar, prenant un autre verre avant de me retourner. Je vois alors Abbey qui se dirige vers la sortie, déviant apparemment vers les toilettes. Parfait, le temps des explications a sonné. Si elle croit qu’elle va continuer longtemps à me faire croire qu’elle ne connait pas Levi alors qu’en fait ils se sont envoyés en l’air, elle se trompe.

Je finis mon verre avant de le laisser sur l’un des plateaux. Je prends la même direction qu’elle, m’adossant au mur du couloir juste au niveau des toilettes. Je l’attends, elle va finir par ressortir et on va parler. Je suis jalouse, folle de jalousie même si je fais croire le contraire à Levi. Je ne veux pas voir son sourire de satisfaction sur son visage, parce que je sais que c’est exactement ce qui arriverait. Je tapote nerveusement du pied. Un client de l’agence passe et me salue. Je me contente de lui sourire sans vraiment démarrer une conversation n’étant pas d’humeur du tout. La porte s’ouvre et Abbey en sortant – ne remarquant pas ma présence. Elle reprend la direction de la salle et mon dos se décolle du mur. « STRUGATSKY ! » Que je dis d’une voix froide. Rien que le fait de l’appeler par son nom de famille est une preuve parfaite de la colère qui sommeille en moi. Elle se retourne et la surprise se lit sur son visage. Je m’approche d’un pas lent. « J’ai adoré le regard que mon ex-mari, Levi t’as lancé. » Je marque une pause en la scrutant de haut en bas. « Tu sais celui qui dit, je me souviens comment je t’ai sauté y a quelques temps. » Je suis franche, presque odieuse. Je ne contrôle rien de toute façon quand il s’agit de Delmonte. Je le déteste de l’avoir baisé même si on était séparés. Abbey était une amie, un soutient pour moi. Je me sens mal de devoir agir ainsi avec et pourtant c’est plus fort que moi. « Je le connais tellement par cœur ce regard que ce n’est même pas la peine de nier. » Je soupire en laissant ma main se glisser dans mon cou. Je penche ma tête à droite puis à gauche. « Ce qui m’amène donc à ma question : Tu comptais me laisser parler encore longtemps de lui sans oser me dire que tu le connaissais, que tu le connaissais même très bien vu que vous avez couché ensemble ? » Je la regarde froidement avant de me reculer. « Putain Abbey. T’as préféré que je le découvre comme ça ? C’est vrai, c’est mieux. » Je suis triste d’en arriver là parce que je ne voulais pas de tensions avec elle mais découvrir ça comme ça c’est juste trop. J’aurais préféré qu’elle soit honnête, c’est ce qu’on est censé faire entre amies.

Alors que j'étais encore dans les vapes, j'entendis une voix féminine m'interpeller avec force. « STRUGATSKY ! » Oh, ce n'était pas très bon signe. Je me retournai alors, et je vis le visage énervé de Siobhàn droit devant moi. Il n'y avait aucune issue, aucune sortie de secours. J'étais coincée ici avec elle, et je ne pouvais pas prendre la fuite. Pas cette fois. Je ne dis rien et me rapprochai d'elle, timidement. Je savais très bien de quoi elle allait me parler et ça n'allait pas être une partir de plaisir, loin de là. « J’ai adoré le regard que mon ex-mari, Levi t’as lancé. » Elle était irritée, très irritée même, et je ne pouvais pas vraiment l'en blâmer. Je savais que tout était de ma faute, et je n'avais aucune excuse. Je restai donc muette, préférant attendre ce qu'elle allait me dire. « Tu sais celui qui dit, je me souviens comment je t’ai sauté y a quelques temps. » Je soupirai. Elle n'avait même pas eu besoin de RUMOUR HAS IT pour comprendre ça. Il faut dire qu'elle connaissait parfaitement bien Levi, ça ne devait pas être trop étonnant. Mais quelque part en moi, j'espérais qu'elle ne le découvre jamais. C'était mieux ainsi, je pense. « Je le connais tellement par cœur ce regard que ce n’est même pas la peine de nier. » A nouveau, aucune parole ne réussit à sortir de ma bouche. Je ne pouvais pas lui mentir plus longtemps. J'en avais déjà assez fait comme ça. Je me sentais honteuse, parce que Siobhàn était mon amie après tout, et je n'avais jamais réussi à lui dire la vérité. « Ce qui m’amène donc à ma question : Tu comptais me laisser parler encore longtemps de lui sans oser me dire que tu le connaissais, que tu le connaissais même très bien vu que vous avez couché ensemble ? » « Je ne sais pas Sio ! Franchement, j'aurais aimé te le dire. Mais je n'avais pas envie de te blesser, je n'avais pas envie de gâcher notre amitié qui commençait à naitre. » Son visage s'était durci. Elle n'était plus du tout celle que j'avais rencontré au bar. Il y avait de quoi, je devais l'admettre. « Putain Abbey. T’as préféré que je le découvre comme ça ? C’est vrai, c’est mieux. » Je me sentais idiote. Tellement idiote ! Elle allait me détester à présent. Mais comment pouvais-je faire pour régler tout ça ? J'avais l'impression qu'il n'y avait aucune solution possible. « Non c'est pas mieux, c'est pire. Si je ne t'ai rien dit, c'est parce que cette nuit ne signifiait rien. Strictement rien. J'étais bourrée, et je ne savais plus ce que je faisais. Levi est un très bon ami, et il ne se passera jamais rien. Je te le jure. » J'avais du mal à trouver les bons mots pour la rassurer, les bons mots pour la calmer. Je ne savais pas quoi lui dire, en fait. « Je ne voulais pas te blesser. C'est la dernière chose que je souhaite, sincèrement. Mais tout ça fait partie de mon passé, ça n'a aucune importance à présent ! » C'était ce que j'essayais de me faire convaincre, en tout cas. J'avais envie d'y croire, je pense. « Sache-que je suis désolé. Et si tu ne veux plus me parler à présent, je comprendrais. » Je baissai la tête. Cette soirée ne faisait que s'empirer. Je ne voyais plus la fin du tunnel.

La soirée commençait vraiment à devenir de plus en plus lourde, la raison pour laquelle j'avais accepté de me pointer ici ce soir même m'était retourné dans la gueule et dans cette d'Abbey. Qu'est-ce que les habitants d'Arrowsic avaient contre ma famille ? Ils voulaient prouver quoi ? Qu'ils n'avaient pas peur de nous ? Peut-être mais passer par l'intermédiaire de Rumour Has It c'est vraiment pitoyable. Enfin je dis ça mais j'dis rien hein. Alors que Barbara n'avait trouvé aucuns arguments afin de contredire ma déclaration, elle préférait me grimper dessus et m'arracher les cheveux. La pauvre femme, elle n'avait vraiment pas honte du ridicule. Je plantais donc mes ongles et lui foutu une gifle afin de la calmer un peu. Je ne l'avais jamais vu dans cet état et même si je l'a détestait plus que tout au monde, je n'avais pas envie qu'elle parte en couille et qu'elle fasse pitié. Dans le fond je me retrouvais dans elle, même si c'était une salope on avait un peu près le même caractère, deux pestes hypocrites, elle ne pouvait pas le contre dire. C'est surement pour ça qu'on se déteste autant. Bref, alors qu'elle criait dans tous les sens, je sentis une force me tirer. Que faire contre la force d'un homme. Ce fut Leandro, alerté par Graziella qui vint à me "secours" afin de m'éloigner de cette peste. Je n'avais d'autre choix que de le suivre sans quoi il m'aurait surement porté sur ses épaules. Leandro était comme la voix de la raison pour moi, c'était surement la seule personne que j'écoutais, il savait comment me prendre même si je détestais le fait qu'il me gueule dessus comme si j'étais sa fille. Les Dos Santos sont comme nos cousins, je les connais depuis qu'ils sont hauts comme trois pommes et même si j'étais plus vieille qu'eux j'ai toujours entretenu une bonne relation avec les deux petits. Leandro, surement excédé par cette situation m'ordonna d'aller voir Abbey qui était soi disant passant dans un état des plus pitoyable. Elle ne savait pas comment réagir à cette nouvelle et donc c'était foutu en pleurs. Elle était faible, elle était fragile et forcé par Leandro, j'allais lui apprendre à devenir plus forte, lui transmettre de mon caractère afin qu'elle s'affirme et qu'elle arrête de baisser les bras de cette manière.

C'est donc avec ma grâce et ma tendresse légendaire que je fis comprendre à ma petite soeur qu'il fallait qu'elle se calme parce que son état était pitoyable tout autant que son maquillage. « Oui je sais, j'arrête. » Sa voix était faible, elle venait juste de se calmer même si je sentais qu'elle n'allait pas bien. Je ne savais pas comprendre l'aider, moi je n'étais pas bien forte afin de réconforter quelqu'un, encore moins Abbey. Mais c'est sous le regard un peu strict de Leandro que je me lançais avec une moue boudeuse. Alors que j'étais en train de lui expliquer qu'il ne fallait pas qu'elle baisse les bras et qu'elle ne montre pas ses faiblesses, elle se mit à froncer des sourcils. « Quoi ?! Barbara est à l'origine de tout ça ? » Je fis un pas en arrière, dans ma tête c'était clair que c'était de la faute de Barbara et j'allais tout faire pour qu'elle paie ce qu'elle a bien pour nous faire. Même si c'est assez égoïste, elle allait quand même le payer. « Ouais, tu sais moi je m'en fiche, elle me déteste et c'est réciproque, mais toi t'es son amie. On ne trahi pas une amie, surtout de cette manière là. Le pire je crois c'est qu'elle n'assume pas. » Ma rage contre Barbara était telle que j'allais faire tout ce que je pouvais, m'associer avec n'importe quelles personnes afin de la faire souffrir à son tour. Enfin bref. Je regardais Abbey dans les yeux, elle était sous le choc. « Je ne pensais pas que tu retoucherai à ces merdes un jour. Je crois que je ne suis pas bien placée pour te donner des conseils, mais j'espère vraiment que tu vas tout faire pour arrêter. Ça bouffe ta vie ces trucs-là. » Je roulais des yeux. C'est vrai que ce n'était pas la meilleure personne pour me donner des conseils. Les Strugatsky avaient toujours eu des problèmes, à nous deux on avait porté tous les problèmes de la société sur notre dos. J'vous jure. « La faute à ta meilleure amie Barbara. » Je fis une moue, c'est vrai tous les problèmes venaient d'une base et cette base c'était elle. Elle voulait foutre ma vie en l'air mais elle était loin du compte, elle me connaissait bien pourtant, ma force de caractère prouvait que j'étais loin de me laisser marcher sur les pieds. Une chose essentielle que j'aurai voulu qu'Abbey ait aussi. « Regarde-les, ils attendent tous quelque chose. Ils ont l'air si heureux d'assister à ce spectacle ! Ça me dégoute. Mais t'as raison, je suis une Strugatsky, et je vais pas leur faire le plaisir de m'effondrer. » Je tournais le regard vers la salle remplie, des yeux étaient posés sur nous, les deux fautives ensemble rien de plus jouissant pour cette bande de cons. Je fronçais les sourcils et puis concentra mon visage sur la blondinette qui était en face de moi. « Demain ça tombera sur l'un d'entre eux, ils feront moins les malins. Comme on dit le meilleur est pour la fin. » J'aimais bien son optimisme mais cependant je n'étais pas totalement convaincue. Je ne savais plus très bien quoi penser, il y a quelques secondes elle était en train de pleurer sur l'épaule d'un inconnu et maintenant elle était prête à aller emmerder tout le reste de la ville. « Je vais aller m'arranger aux toilettes, et essayer de me faire oublier un peu. » J'arqua un sourcil. Je connaissais son passé et du coup cette phrase avait des sous entendus quand on sait qu'elle se faisait vomir quand elle avait tenté sa chance à New York. Certes, elle avait arrêté et changé de vie depuis mais on ne sait jamais, si j'ai pu retomber dans la drogue, elle aurait pu retomber dans ces anciens démons. « On se voit plus tard, peut-être. » Je lui fis un signe de la main sans répondre. Je n'étais toujours pas très convaincue, mais je n'allais pas la suivre aux toilettes, je préférais la laisser seule, elle en avait besoin. Au loin je fis un signe de la main à Leandro, il pouvait rester calme, j'avais rempli mon objectif.

J’étais pas violente, ce n’était pas mon genre et ça m’importait peu de l’être ou pas. Pourtant quand il s’agissait de Levi, la donne était tout autre. J’étais prise de pulsions me poussant à ne rien contrôler, à ne rien vouloir laisser passer. J’étais folle de rage, de jalousie surtout. Je sais très bien que Levi a pas du se contenter uniquement de sa main droite, ces derniers mois loin de cette ville. Mais, ce n’est pas pourtant que je peux l’accepter. Et la situation est encore plus grave parce qu’il s’agit d’Abbey, une amie. Je ne sais pas comment ils se sont rencontrés, ni même comment tout ça s’est passé mais les faits sont là. Je n’en reviens pas de sa façon d’avoir voulu cacher tout ça. Je me suis retrouvée ivre dans le bar où elle bosse, à me lamenter, à pleurer parce que Delmonte était de retour et que mes sentiments pour lui chamboulaient tout. Par la suite, on en a parlé encore et encore. Et ce soir, il aura suffit d’un regard, un seul et unique coup d’œil pour savoir ce qui avait pu se passer entre eux. Ça me rend folle de jalousie parce que c’est exactement le genre de truc qui m’énerve plus que n’importe quoi. J’apprécie Abbey, c’est une personne de confiance et une personne avec qui je ne devrais pas m’embrouiller. Pourtant, c’est ce qui se passe, c’est ce qui arrive parce que ça me tue qu’elle a pu penser même une seule seconde me cacher tout ça, me cacher qu’elle s’était tapée mon ex-mari même si on était divorcé. Elle semble surprise et assez désabusée de me voir dans cet état – surtout avec elle. Je passe une main contre mon ventre, essayant de me calmer mais ça ne marche pas. Je l’écoute me dire qu’elle est désolée, qu’elle aurait voulu me le dire mais qu’elle a préféré me protéger. Je l’écoute me dire que cette nuit ne comptait pas, que ça fait parti de son passé maintenant. Je l’écoute me dire qu’elle ne voulait pas gâcher notre amitié et que si je décidais de mettre un terme à celle-ci, elle le comprendrait. Je me mets à rire, tellement mes nerfs sont à vifs. « J’en ai rien à foutre Abbey, que ce soit le passé, que ça compte plus, que ce soit une erreur ou quelque chose comme ça. » Je la regarde en reculant alors qu’elle baisse le regard. Je serre les poings essayant de me calmer, de ne pas m’énerver davantage. « Si ce n’était pas important, tu me l’aurais dis. Si notre amitié comptait vraiment, tu l’aurais fais aussi. Tu m’as vu ivre dans ton bar, ivre au point de pleurer devant toi alors qu’on ne se connaissait même pas. Et par la suite, t’as commencé à apprendre lentement tout ce qui c’était passé entre lui et moi. Tu savais que je parlais de Delmonte et t’as pas estimé que tu devrais être honnête. » Je la fixe avant de m’approcher, ma main saisissant son menton pour qu’elle me regarde. J’aurais été blessée je pense qu’elle me le dise, mais pas fâchée contre elle, parce qu’on se connaissait pas à l’époque. Ce qui me rend colérique là dans la seconde, c’est que lui comme elles ont préféré comme si de rien n’était alors qu’on est amies. Je plante mon regard dans la sien ; la trouvant étrangement pâle, étrange tout court. Je soupire. « T’aurais pensé quoi je m’étais tapé ton mec, un temps, et qu’ensuite on aurait décidé de te le cacher en continuant par derrière de se voir comme des « amis » ». Je la fixe en baissant d’un ton, essayant de me calmer pour ne pas faire un scandale ici surtout si cette connasse de Rumor has it est dans les parages. Je me recule en la regardant dans les yeux. « Je suis blessée, parce que je me suis ouverte à toi alors qu’on se connaissait pas tant que ça et je me sens trahie. » Je la fixe les yeux brillants avant de m’adosser au mur posant mes deux mains sur mes hanches en prenant une profonde inspiration. Je me redresse en la fixant. « Et alors, vous vous voyez ? C’est ça ? En amis bien sûr mais vous le faite ? Il te parle de son mariage avec moi comme je le fais aussi ? Puis après tu fais des comparaisons ? » Que je demande d’un ton amer. « Je n’ai pas envie de ne plus te parler mais maintenant en sachant que t’es aussi son ami, j’aurais forcément l’impression que tu te retrouves entre lui et moi. » Je la regarde sans rien ajouter.

Ma situation était pour le moins délicate. Je m'étais fourré dans un sale pétrin. J'avais l'habitude, j'étais très douée pour me mettre dans ce genre d'embrouilles, mais là c'était différent. Une amitié était en jeu. M'attacher autant à Abbey pouvait sembler bizarre vu ce qu'elle m'avait fait subir, mais la blondinette était tout ce qu'il me restait. Je n'avais personne. Bambi avait disparu des radars, je n'avais pas vu Niallàn depuis un bon moment, je poignardais chaque jour un peu plus Evalee dans le dos, je n'étais plus la première personne que Melvin appelait lorsqu'il voulait faire la fête. Bref, je n'avais plus que des ennemis. Sauf Abbey. Abbey et cette fragile amitié renaissante. Et à cause de sa pétasse de soeur, notre complicité était mise à l'épreuve. Abbey avait tous les droits de croire que j'étais celle qui avait lancé cette rumeur. Combien de fois m'étais-je vengée pour des trahisons bien moins grave que celle qu'elle m'avait faite subir ? Combien de fois avais-je humilié, tourné en ridicule la moindre personne se mettant sur mon passage ? Combien de fois avais-je mal agi, sans aucun scrupule, aucun remord ? Un nombre incalculable de fois.

Oui, Abbey avait toutes les raisons de croire que j'étais celle qui avait contacté rumour has it pour balancer des rumeurs. Je ne pouvais pas lui en vouloir, je m'étais moi même forgée ma réputation de garce. Et pour couronner le tout, la cerise sur le gâteau que j'étais entrain de donner à Sheila, c'était mon secret. Mon secret révélé au grand jour. Certes, je n'avais pas tout raconté, mais c'était une piste très juteuse pour ma pire ennemie, et également soeur d'Abbey. Non seulement la rousse avait le pouvoir de piétiner notre amitié, mais en plus elle était sur le point de découvrir mon avortement pour le dévoiler à tout Arrowsic. Tout allait mal. Désespérément mal. Ce n'était plus Sheila que tout le monde regardait avec dégoût, mais bel et bien moi. J'étais sur le point de fondre en larme. Moi, Barbara la sanguinaire.

Je ne pu réagir à la gifle, ni aux paroles de Sheila. J'étais trop sonnée par mon désespoir. Jamais je n'aurais cru que la soirée tourne en ma défaveur, malgré la bombe lancée par rumour has it sur Sheila. Toujours sans réagir, je la vis se laisser entraîner par Léandro et aller réconforter sa soeur. Et surtout, je vis le rictus de tristesse se former sur le visage d'Abbey lorsqu'elle tourna son regard vers moi. Un regard qui signifiait qu'elle croyait sa soeur. Un regard qui signifiait que notre amitié venait encore de subir un sale coup dont elle ne se relèverait peut être pas. Incapable de soutenir ce regard de déception, je me retournais et passais mes mains tremblantes sur mon visage, essayant d'oublier tous ces chuchotements dans la salle à mon sujet. Je restai quelques secondes le regard tourné vers le mur, à ne rien voir sinon la peinture blanche. Lorsque je me retournais, j'étais de nouveau Barbie. Barbie la forte. J'allais voir Abbey. J'allais la convaincre que je n'étais pas l'auteur de la rumeur balancée par rumour has it. Je pris une grande inspiration et m'avançais vers l'endroit où elle s'était trouvée à peine une minute auparavant. Sauf qu'elle n'était plus là.

Paniquée, je fouillais la grande salle du regard, à la recherche de la blondinette. Mais depuis le début de la soirée, beaucoup d'habitants retardataire étaient arrivés, et bien qu'Arrowsic fut une petite ville, trouver quelqu'un parmi la foule s'avérait un peu difficile. Déterminée, je me dirigeais vers le micro utilisé une trentaine de minutes plus tôt pour le discours de Carole Shepard. Je montais sur la petite estrade, et les mains tremblantes, allumais le micro. « Bonsoir à tous. Très bonne soirée, n'est-ce pas ? petit rire paniqué. Pour ceux qui ne me reconnaissent pas, je suis Barbara Callahan. Je.. j'aimerais faire une petite annonce. Grande bouffée d'air. Abbey, je ne sais pas où tu es, je scrutais la salle de nouveau à la recherche de mon amie, je ne sais pas si tu m'entends, mais s'il te plait si c'est le cas, je t'en supplie, ne crois pas Sheila. Je.. je n'ai jamais envoyé cette rumeur. Je t'ai expliqué mon passé (a vrai dire j'avais plutôt menti, mais bon) tu dois donc comprendre pourquoi cela ne peut pas être moi, hein ? Crois moi, ta soeur veut simplement se mettre entre nous. Je t'ai pardonnée... n'oublie pas. Pourquoi alors voudrais-je te faire du mal ? Voix tremblante, petite pause gênée. Eum... voilà, c'est tout. Bonne soirée, tout le monde. » Je descendais de l'estrade, trébuchante, devant le regard interloqué d'une bonne centaine de personnes. Une soirée mouvementée dont j'aurais pu me passer.

Alors que le silence avait reprit le dessus, enfin le silence, plutôt les chuchotements des habitants qui critiquaient. Personnellement toute la pression était retombée, les gens ne me regardait plus, le sujet principal était ma pauvre soeur. En même temps entre moi et elle il y avait une marge, je m'en foutais royalement ce que pensait les autres à mon égard ce qui me donnait une force considérable contrairement à Abbey. D'ailleurs elle avait disparu de mon entourage et elle avait surement besoin d'être seule, de réfléchir et de se reposer un peu après cette soirée forte en émotion. Je ne voyais pas Raphaël non plus, peut-être qu'il avait décidé de bouger son cul et d'aller réconforter la femme qu'il aime, enfin c'est ce que j'ai compris. Bref, la soirée c'était relativement calmée, il y avait encore tout le monde. Je pouvais comprendre dans chaque regard qu'ils voulaient savoir comment la soirée allait terminer. Franchement, je m'étais assez affichée que se soit avec Barbara ou encore grâce à RHI. Soudain une voix vint me boucher les oreilles. Une voix assez faible, elle semblait paniquée, ne sachant pas quoi dire. Je me retournais, regardant la petite scène et observant cette salope de Barbara. « Bonsoir à tous. Très bonne soirée, n'est-ce pas ? Pour ceux qui ne me reconnaissent pas, je suis Barbara Callahan. Je.. j'aimerais faire une petite annonce. Abbey, je ne sais pas où tu es, je scrutais la salle de nouveau à la recherche de mon amie, je ne sais pas si tu m'entends, mais s'il te plait si c'est le cas, je t'en supplie, ne crois pas Sheila. Je.. je n'ai jamais envoyé cette rumeur. Je t'ai expliqué mon passé tu dois donc comprendre pourquoi cela ne peut pas être moi, hein ? Crois moi, ta soeur veut simplement se mettre entre nous. Je t'ai pardonnée... n'oublie pas. Pourquoi alors voudrais-je te faire du mal ? Eum... voilà, c'est tout. Bonne soirée, tout le monde. » Alors qu'elle venait de faire son speech pourri avec sa voix tremblante, la salle c'était éteinte. Enfin du moins plus personne ne parlait. On pouvait juste entendre un petit rire narquois. C'était moi qui venait de rire afin de me moquer de cette brune. Elle était pathétique. Enfin je levais mon pouce en l'air avant de m'approcher de la scène. De plus près c'était encore plus jouissif de comprendre que j'allais foutre en l'air sa seule amitié et sa vie. « Rentres chez toi, demain est un autre jour, ce que je veux dire c'est que demain tu n'auras plus d'ami et que ton petit secret sera révélé. Comment tu crois que les femmes d'Arrowsic vont te regarder après ça ? Quoique, j'crois que les hommes vont aussi te mépriser. C'est sûrement pour ça que Niallian est parti. » Je fis un sourire malin. La situation avait prit un autre tournant, comme on dit la roue tourne. Elle a voulu m'humilier, mais à l'heure d'aujourd'hui c'est moi qui est tout entre les mains. Tout cela c'était uniquement pour provoquer la petite brune, je n'étais pas sûre de vouloir dévoiler ce secret mais j'allais réfléchir très fortement. « Tu t'enfonces Barbie. Tu connais très mal les Strugatsky à ce que je vois. Abbey serait une imbécile de croire à ta flûte. De toute manière je suis là maintenant, tu risques de ne pas aller très loin. » J'arqua un sourcil avant d'afficher un sourire sur mes lèvres rosées. Je voulais qu'elle parte, elle n'avait plus rien à faire dans cette soirée, personne n'avait envie de croiser cette traînée.

J'étais vraiment tombée bien bas... J'étais devenue violente en tirant les cheveux de Sheila, avait manqué verser quelques larmes devant tout Arrowsic avant de réussir à me reprendre, et pour coroner le tout, j'avais dévoilé publiquement mes problèmes avec Abbey, me ridiculisant par la même occasion. Toutes (ou presque) les conversations s'était tues, laissant place à un silence gêné dans la salle. Silence seulement brisé par un ricanement. Je n'eu même pas besoin de détourner la tête vers l'une des seules personnes d'humeur à rire dans la salle pour savoir qui c'était. Sheila. La garce rousse. La sorcière de ma vie de Barbie. Les lèvres tremblantes, essayant tant bien que mal de contenir les gémissements qui demandaient à s'exprimer, je descendis de l'estrade en trébuchant.

Et déjà, Sheila s'avançait vers moi, pouce en l'air et sourire réjoui aux lèvres. Elle se délectait de mon malheur, et je ne pouvais lui en vouloir. Si elle avait été dans ma situation, j'aurais été aussi satisfaite qu'elle l'était. Comment la soirée avait pu virer à ce point là ? Je n'avais pas été visée par rumour has it, et pourtant c'était moi, la risée de tous. Je suppose que l'on ne récolte que ce que l'on mérite. A trop jouer à la garce, on se prend des tartes dans la gueule. C'est comme ça. J'aurais dû écouter les conseils de papamaman quand j'étais petite, et être une petite fille sage et obéissante.

« Rentres chez toi, demain est un autre jour, ce que je veux dire c'est que demain tu n'auras plus d'ami et que ton petit secret sera révélé. Comment tu crois que les femmes d'Arrowsic vont te regarder après ça ? Quoique, j'crois que les hommes vont aussi te mépriser. C'est sûrement pour ça que Niallian est parti. Tu t'enfonces Barbie. Tu connais très mal les Strugatsky à ce que je vois. Abbey serait une imbécile de croire à ta flûte. De toute manière je suis là maintenant, tu risques de ne pas aller très loin. » Mon coeur rata un battement lorsque j'entendis cette putain rousse prononcer le nom de Niallàn. Comment osait elle ? Mais après tout, elle avait raison. À mon plus grand désespoir. De un, j'étais déjà peu appréciée à Arrowsic, de deux, cela n'allait pas s'arranger après mes prouesses de la soirée, de trois cela faisait bien deux semaines que je n'avais pas vu Niallàn. J'avais tenté plusieurs fois de l’appeler, mais il devait surement filtrer mes appels. A vrai dire, depuis que j'avais fait la connerie, dans un moment de panique, de lui raconter que j'étais enceinte et qu'il avait découvert que ce n'était qu'un mensonge de plus, je ne l'avais plus revu. Il m'avait dit qu'il lui faudrait du temps. Pour digérer, oublier. Du temps il en avait eu. Peut être pas assez, ou peut être que ce temps lui avait permis de comprendre qu'il ne voulait plus de moi dans sa vie. Toujours était il que je n'avais aucune nouvelle, ni aucune idée de ce qui allait advenir de notre relation.

Je sentais les larmes monter, au fur et à mesure que je me rendais compte de toutes mes erreurs, et de ce qu'elles allaient me coûter. Je m'humidifiais les lèvres, incapable d'articuler un seul mot. Tout allait mal. Tellement mal. Je passais une main dans ma chevelure en expirant doucement, essayant tant bien que mal de me calmer et de retenir les larmes qui menaçaient de glisser sur mes joues. « Niallàn n'est pas parti. Il me laisse respirer. Il sait que j'ai besoin de liberté. Et si seulement c'était vrai... De plus, je me contrefiche du regard des autres, et ce depuis toujours, tu le sais bien. Pour finir, Abbey me pardonnera, même si il n'y a rien à pardonner, comme j'ai pu la pardonner pour ses coups bas. Tu crois qu'elle croira qui ? Sa droguée de soeur qu'elle déteste ou sa meilleure amie qui n'a jamais rien eu à se reprocher ? Dès qu'elle aura entendu ma version des faits, elle comprendra que je ne suis pas derrière cette rumeur de merde. Et je sais pertinemment que c'est toi qui est derrière tout cela, au passage. Ça te fait plaisir de m'accuser pour quelque chose que toi tu as fait ? Parfait, mais ça ne durera pas. » C'était du bluf, je n'avais strictement aucune idée de qui était derrière la rumeur lancée sur mon amie, mais que ce soit Sheila qui l'ai balancée ne m'aurai pas étonnée le moins du monde. C'était bien le style de la rousse. Certes, elle aurait surement préféré me faire tomber moi, mais Abbey était une cible facile. Sheila avait du sauter sur l'occasion, voilà tout. « Je vais prendre l'air. Mais fou toi bien ça dans le crane, sale garce : je ne fuis pas, je reviens bientôt pour te faire payer tout ce cirque. Tu ne me fais pas peur. » Je lançais un regard assassin, déterminé et fort à la rousse. Mais lorsque je me retournai pour marcher vers la sortie, ce regard avait été remplacé par des yeux larmoyants et des joues humides. Je faisais vraiment pitié, il fallait le dire. Et c'était surement ce que tout le monde pensait, alors que je sortais de la chaleur étouffante de la salle commune pour retrouver le froid mordant de l'extérieur.

Il fallait le dire, cette soirée était vraiment pleine de rebondissements. Alors que j'avais été moi même la cible de cette saloperie de rumous has it en compagnie de la blondinette qui portait le même nom que moi. Deux proies assez faciles, il fallait le dire mais c'est vrai que quand j'ai lu ce message j'ai été assez.. soulagée. Même si j'avais honte d'être redevenue une junkie, j'avais un autre secret que je ne voudrais pas que l'on sache. Abbey était dans tous ses états, d'ailleurs elle avait disparu de la circulation, chose qu'elle n'aurait pas du faire. Je connaissais bien ce genre de situation mais elle surement pas. Cependant il y eu d'autre moment plus réjouissant. Comme ce retournement, l'arroseur arrosé comme on le dit si bien. Alors que Barbara était assez contente de pouvoir me rabaisser comme elle tente de le faire depuis de nombreuses années c'est bien elle qui monta sur l'estrade afin de faire un discours aussi emmerdant que sa pauvre vie. Elle voulait quoi au juste ? Prouver qu'elle était innocente, qu'elle n'était pas dans le coup ? La pauvre, elle faisait tellement pitié. Alors qu'elle vint à la fin de ce speech ennuyant comme tout, je voulais qu'elle se sente encore plus mal. Je voulais tout simplement qu'elle ressente ce qu'Abbey ressentait. Ouais, pour une fois que je fais pas quelque chose égoïstement. Alors je lançais un petit rire narquois limite sadique. J'étais heureuse de la voir dans cette situation et je n'avais pas honte, je savais que si j'étais à sa place, elle aurait fait la même chose que moi. Finalement on fonctionne pareil. Je m'avançais vers elle afin de lui parler plus intimement, elle ne voulait pas que je balance des vacheries devant tout le monde, non je n'étais pas comme ça. Quoique, elle n'était plus à ça près, elle s'était tellement ridiculisée ce soir. Du même coup, j'en profitais pour lui parler du départ de Niallan, je me doutais bien qu'elle était touchée, poupée barbie aurait un coeur finalement ? Elle a perdu son Ken mais je comprend bien pourquoi il a fuit. Qui pourrait aimer ce genre de femme ? Quoique, je retire. Je voyais dans son regard qu'elle n'était pas la Barbara habituelle, je voyais bien que si elle aurait été seule, elle aurait sans doute fondue en larmes. « Niallàn n'est pas parti. Il me laisse respirer. Il sait que j'ai besoin de liberté. De plus, je me contrefiche du regard des autres, et ce depuis toujours, tu le sais bien. Pour finir, Abbey me pardonnera, même si il n'y a rien à pardonner, comme j'ai pu la pardonner pour ses coups bas. Tu crois qu'elle croira qui ? Sa droguée de soeur qu'elle déteste ou sa meilleure amie qui n'a jamais rien eu à se reprocher ? Dès qu'elle aura entendu ma version des faits, elle comprendra que je ne suis pas derrière cette rumeur de merde. Et je sais pertinemment que c'est toi qui est derrière tout cela, au passage. Ça te fait plaisir de m'accuser pour quelque chose que toi tu as fait ? Parfait, mais ça ne durera pas. » Mon sourire restait malgré tout sur mes lèvres. Elle est tellement prévisible. Comment je savais qu'elle voulait me faire porter le chapeau. Quel imbécile pourrait envoyer une rumeur sur lui-même ? Pas moi en tout cas, je n'avais pas que ça à faire de ma vie. J'avais un boulot. « Niallàn t'a laissé tomber, je le sais. Abbey ne me choisira peut-être pas, tu soulèves un point important, mais je serais toujours là pour lui rappeler qu'elle conne elle serait de te pardonner. J'te rappelle que même si on ne le souhaite pas, les liens du sang seront toujours là pas comme les liens du coeur. De toute manière je ne lui demande pas de choisir, si elle veut te pardonner soit c'est sa vie, si elle veut continuer à être une fille faible comme ce soir. » Le fait qu'elle m'accuse d'être l'auteur de ma propre rumeur me passait pas dessus la tête, je savais moi-même que je n'étais pas mêlée à cette histoire, juste la victime d'une ennemie. De toute manière le mal était passé, les gens autour de moi étaient passés à autre chose vu comme ils regardaient Barbara se taper la honte. « Je vais prendre l'air. Mais fou toi bien ça dans le crane, sale garce : je ne fuis pas, je reviens bientôt pour te faire payer tout ce cirque. Tu ne me fais pas peur. » Je haussais les épaules, elle avait comprit qu'elle n'avait rien à faire ici ? Franchement je n'étais pas sûre, je connaissais très bien cette brunette, elle n'était pas du genre à se laisser abattre comme ça, c'est peut-être pour ça que c'était ma meilleure ennemie. Je lui fis un signe de la main avant de mettre un joli sourire narquois sur mes lèvres. Je devais me préparer à sa vengeance mais je n'avais pas peur d'elle.

Oh pour rien Me dit-il d'un air innocent, il n'avait rien ajouté d'autre puisque c'est à ce moment-là que la vague de vibration, sonnerie s'abattit et tout le monde se rua sur son téléphone, bien entendu. et bien, ça ne fait que commencer. On dirait bien. La plupart des gens sont venus pour ça, je pense que maintenant ils commencent à regretter d'être là. Me répondit Nolan en me prenant par la taille, dire que c'était censé être une soirée pour la bonne cause et que ça ce déroulait comme .. comme si on se trouvait dans une foire et cela me rendait malade qu'une personne pouvait agir comme cela. Je laisse donc ma tête se poser sur l'épaule de mon mari, ce geste avait toujours eu tendance de me calmer et de me vider la tête. Les soirées caritatives c'étaient mon truc mais je savais que ce n'était pas le cas de la plupart des personnes présentes car comme le disait si bien Nolan, ils sont venus à cause de cette fille, de ces rumeurs.. j'allais répondre mais Ashton prit la parole Ils rigoleront moins quand viendra leur tour parce que j'ai bien peur que cette gosse en manque d'amour et bonne pour l'asile ne soit pas démasquée tout de suite tout en affichant le même sourire sournois que Nolan. Ils n'avaient pas tort, chacun d'entre eux, chacun d'entre nous, allaient à un moment ou à un autre avoir à faire aux rumeurs lancées par cette personne. Sûrement le genre de fille qui adore créer des histoires mais qui n'est pas assez courageuse pour assumer les conséquences de ses actes. En tout cas je suis d'accord, tant qu'on ne la démasque pas, elle continuera et elle pourra causer énormément de problèmes Je ne le cachais pas, cette fille ou qui que ce soit me rendait nerveuse et je n'aimais pas ça du tout mais je ne pouvais rien y faire c'était plus fort que moi. Au moins, je peux être certain qu'il ne s'agit pas d'Ella, elle est bien trop occupée avec les garçons pour s'intéresser à autre chose Un sourire ce dessina sur mes lèvres. Un peu sur-protecteur ? Dis-je pour plaisanter. En attendant une réponse, je jetais de rapide coup d'oeil dans la salle où tout le monde regardait tout le monde du coin de l'oeil pour tenter de savoir qui pourrait dire de tel chose, mais surtout qui pourrait parler de leurs petits secrets. Bonsoir à tous. Très bonne soirée, n'est-ce pas ? Pour ceux qui ne me reconnaissent pas, je suis Barbara Callahan. Je.. j'aimerais faire une petite annonce. Abbey, je ne sais pas où tu es je ne sais pas si tu m'entends, mais s'il te plait si c'est le cas, je t'en supplie, ne crois pas Sheila. Je.. je n'ai jamais envoyé cette rumeur. Je t'ai expliqué mon passé tu dois donc comprendre pourquoi cela ne peut pas être moi, hein ? Crois moi, ta soeur veut simplement se mettre entre nous. Je t'ai pardonnée... n'oublie pas. Pourquoi alors voudrais-je te faire du mal ? Eum... voilà, c'est tout. Bonne soirée, tout le monde. Désormais tous les regards étaient braqués sur cette fille qui venait de monter sur scène et si j'avais bonne mémoire il s'agissait de la fille qui se battait avec Sheila un peu plus tôt. A la fin de son spitch, je me retournais vers mes accompagnateurs Et voilà, les premiers dégâts n'ont pas mis longtemps à arriver. Dans une ville comme la nôtre, ça va faire des ravages ... Dis-je en secouant la tête.

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Citation :

But there's a side to you that I never knew, never knew. All the things you'd say, they where never true, never true, and the games you'd play, you would always win, always wiiiiiiiiiiiin.

Mes petits canards, je sais que je vous ai manqué. Mais ne vous en faites pas, je suis toujours là. J'ai juste pris un peu de temps à me rafraichir, mais rassurez-vous: la soirée est loin d'être terminée. Vous en mourrez d'impatience, je le sais. Ce post risque de déchainer les plus calmes d'entre vous. Faites comme si vous vous en fichez, si ça vous chante. Je sais que je suis en train de vous tourmenter, mes chéris. Acceptez-le.

J'ai récemment entendu que des tueurs à gage s'étaient installés à Arrowsic. Oh, je sais que vous avez peur, que vous tremblez comme des animaux fébriles. Et il y a de quoi. Vous ne connaissez pas ces gens-là : ils sont capables de tout. Même d'enlever une pauvre blonde peroxydée qui a volé la vedette à notre cher Jack. Alors ? Qui sont-ils ? A quoi ressemblent-ils ? Sont-ils dans la pièce ? Ou attendent-ils le bon moment pour apparaitre ? Votre voisin, ou même le serveur qui vous offre des verres de champagne peut porter une arme sous ses vêtements. Tout ce que je peux vous dire, c'est qu'ils sont au moins deux. Be careful guys. D'ailleurs, j'ai entendu que Fernando serait étroitement lié à ces deux personnes. C'est vrai qu'en regardant bien ce type n'est pas très net. Il se prétend espagnol alors qu'il n'a vraiment rien de caliente. Il a plutôt un air de fils à papa riche qui travaille dur pour rentrer à la Sorbonne. Moi je vous dis, va falloir surveiller ce gamin-là.

Tiens, tiens. Mais que vois-je ? La famille Dos Santos réunie, pour le meilleur et pour le pire. Si c'est pas beau ça. Trop beau même. Eux qui se disputent si souvent, ce comportement est-il normal ? Moi qui ait les yeux partout, je vous dis, chers lecteurs, qu'il y a anguille sous roche. Cette complicité ne cacherait pas un grand secret partagé ? Et si Graziella et Leandro étaient complices ? Complices de quoi ? Mais de la disparition de Merryl Dawn, bien sûr. On dit que la famille, c'est sacré. On dit aussi que les liens du sang sont les plus forts. Voyons voir comment ces deux-là vont réussir à prouver leur innocence.

Huuum, voilà une image dégoûtante que j'aperçois dans la pièce : Mattia et Ella s'embrassant et se murmurant des choses que je ne veux pas entendre. Ne sont-ils pas trop jeunes pour ça ? Justement, il parait qu'Ella a un penchant pour les hommes plus murs. Ça se comprend, madame a besoin d'être satisfaite, voyez-vous. Apparemment elle se serait même entichée de son professeur de littérature Nolan. Comprenez-vous, c'est sa matière faaaaaaaaaavorite. Le voilà d'ailleurs en compagnie de sa chère femme adorée un peu trop parfaite. Cette femme cache quelque chose, j'en suis persuadée. Mais je reviendrai sur elle plus tard, pour l'instant nous parlons d'Ella et de son professeur Nolan. Pauvre Mattia, s'il savait que sa copine préférait les intellectuels aux sportifs..

Oh, mais c'est bien ce très cher Rudy Gavennham qui vient de franchir le pas de la mairie ? Parlons de lui, d'ailleurs. Le fait qu'il travaille dans un magasin de lingerie me dit que quelque chose ne va pas chez lui. Non mais c'est vrai : quel homme censé irait travailler dans un lieu pareil ? J'ai entendu murmurer dans les cabines d'essayage qu'il ne serait en fait qu'un pervers parmi tant d'autres et qui passerait son temps à contempler vos dessous, mesdames. Je serais vous, je me méfierais plutôt de ce type.

Ça chuchote dans la salle, et c'est normal. Je viens de lancer une bombe atomique, et vous vous en rendez compte petit à petit. Alors, chers habitants d'Arrowsic ? Pensez-vous réellement que le monde dans lequel vous vivez était parfait ? Je vous apporte la preuve ce soir que non. Cette pauvre ville est peuplée de spécimens plus étranges les uns que les autres. Et parmi vous se trouvent les coupables de la disparation de cette pauvre Meryl. Alors, pronostics ? Serait-ce la famille Dos Santos, cachée derrière ce crime ? Ou serait-ce encore Rudy, le pervers tout fraichement démasqué ? Ou peut-être est-ce Fernando, qui ne dit vraisemblablement pas la vérité. Sans oublier les deux tueurs à gage qui se promènent librement dans la ville. Rien n'est sûr dans ce monde, mes pauvres bichons.

RUMOUR HAS IT, pour vous (des)servir.

PS : réactions attendues ici.

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« M'man, je peux aller au cinéma ce soir ? » Son regard se posa sur moi et elle pris son air exaspéré, puis souffla. « Teddy-Rose, je t'ai déjà dis que ce soir, il y avait une soirée caritative et que nous y allions. Tout les trois. Sans exception. » Génial. Je fis la moue et me tournait vers mon père avec mon regard de merlan frit, habituellement, ça fonctionnait. Habituellement. « Ne me regardes pas comme ça, ta mère à dis non, c'est non. Tu viens avec nous. » Une soirée caritative merdique. J'étais pour aider les plus défavorisés mais pas quand cela passait par des personnes malveillantes et riches. Je refusais catégoriquement de donner de l'argent à ces personnes, autant aller directement les donner en mains propres aux concernés. Enfin, le seul argent que j'avais était mon argent de poche qui s'élevait à 50$ par mois. C'était déjà pas mal, certes, mais pas assez pour participer à ce genre de projet ou encore m'acheter une tenue pour ce genre d'occasion. Bingo. Là voilà mon excuse. « D'accord, je veux bien venir mais j'y vais comment moi là-bas ? En jean, basket ? » Mes parents se regardèrent d'un sourire que je connaissais parfaitement bien. Oh les chenapans. Ils avaient prévus leur coup. S'ils avait prévus une tenue pour moi c'est que cela devait compter pour eux, non ? Mes parents ne m'offrait jamais rien, sans raison valable. Sauf pour mon anniversaire. Et à moins d'être attente d'un Alzheimer précoce, ce n'était pas mon anniversaire ou même ma fête. Nous étions tous les trois dans le salon, droit comme des cures dents, sans rien dire, à se regarder dans le blanc des yeux. « Bon, vous allez me dire ce que vous me cachez, oui ou non ? » Rester polie avec mes parents faisait parti de mes principes et non de mon éducation. Certes, on m'avait éduqué le respect mais de nos jours, peu de personnes l'applique réellement. Ils n'ont ni respect, ni principe, ni conscience, ni morale. Ce ne sont que des tas de chair et d'os sans cervelle, incapable de penser une seule minute aux autres. La plupart pensent à ce que cela leur apporterait. Le respect nous apporte quoi ? Le respect des autres, la dignité, on se sent bien et humain. Oui, on a le droit de dire des gros mots, des insultes, mais ne jamais être irrespectueux envers autrui, surtout nos aînés. Je n'ai jamais manqué de respect à quelqu'un, du moins, pas volontairement.


« Bonsoir à tous. Certains d’entre vous me connaissent, d’autres non. Je me présente, je m’appelle Carole Shepard, et je suis née à Arrowsic. Cela fait plusieurs années que je parcoure le monde avec mon ONG afin d’apporter aux enfants et familles pauvres tout ce dont ils ont besoin, et aujourd’hui je m’arrête à ma très chère Arrowsic. Tous les fonds versés à cette soirée caritative seront utilisés pour construire un puits dans une région pauvre du Kenya où l’eau se fait très rare. Je vous remercie infiniment de votre présence. Passez une bonne soirée. » Première chose que j'avais remarqué dans son discours : elle essayait d'installer un climat de confiance et de sécurité. Elle s'adressait aux personnes dans la salle comme si elle les connaissait, alors que ce n'était pas le cas. Deuxième chose : elle les brossait dans le sens du poil. 'Chère Arrowsic'. Lèche-botte. Troisième chose : elle essayait d'attendrir. L'eau se fait rare ? Où est passé l'argent des autres œuvres caritatives ? Tu l'as mis dans ton boule, vieille bique. J'observais ma mère qui, comme moi, avait vu clair dans son jeu. Elle bu sa coupe de champagne et pouffa. Finalement, elle m'avait donné la boîte contenant la robe qu'elle m'avait acheté. Elle était magnifique. Il n'y avait pas d'autres mots. Puis, elle n'avait pas oublié les talons, maman avait même pris le soin de me coiffer et de me maquiller. Ces temps-ci, elle faisait beaucoup plus attention à moi. Quelque chose la perturbait et je ne savais pas ce que c'était. Papa était serein lui, complètement à l'ouest, beaucoup trop occupé à penser à ses affaires en cours. « Bon, je vais me chercher à boire, on se retrouve à la fin de la soirée ? » Mes parents acquiescèrent d'un signe de tête et je me dirigeais vers un des nombreux serveurs de la salle. Ils étaient tous craquant, voir sexy. Ma robe avait l'avantage de me vieillir et je n'eus pas de mal à obtenir une coupe de champagne. J'attendais. J'attendais RHI et ses potins, peut-être qu'elle allait enfin nous révéler qui avait enlever Merryl Dawn, femme que je ne connaissais ni d'Adam, ni d'Eve mais dont j'avais entendu le prénom au lycée. Je bu une gorgée et regardais les personnes qui m'entouraient. Il y avait des visages familiers, d'autres inconnus. Je ne bougeais pas et attendais.


Enfin, elle se fit remarquer. Rumour has it. Elle déversa enfin son venin de vipère que j'appréciais beaucoup. Pourquoi ? Parce qu'elle donnait des informations précieuses, sur tout le monde, sauf moi. Et j'en étais bien heureuse. J'avais déjà assez de souci, je n'avais vraiment pas besoin qu'elle en rajoute. Je regardais rapidement les messages qu'elle avait envoyé au cours de la soirée et pour l'instant, rien ne m'intriguait. Des coupables dans la salle ? Peut-être bien. Et alors ? Ce n'est pas comme si on allaient tous se faire tuer. Il faudrait une bombe pour cela. Et à moins d'être aveugle ou totalement dénuée d'intelligence, je n'avais rien remarqué de tel dans la petite ville qu'était Arrowsic. Jusqu'ici, le pire crime qu'on ai commis est l'enlèvement de Merryl Dawn. Le pire. C'est bien triste. À Los Angeles, j'entendais parler de meurtre, de viol et de cambriolage. De nombreuses choses de ce style.

Spoiler:

Mais alors que j'étais en train de me faire engueuler par Siobhàn, la sonnerie de mon portable retentit dans mon sac et semblait attendre que je le regarde. Sans aucun doute, c’était RUMOUR HAS IT qui venait de poster sur son blog. D’ailleurs je remarquai que Siobhàn cherchait également son téléphone. Sans plus attendre, je lis le post et je ne pus m’empêcher d’imiter un visage surpris. Des tueurs à gage ici, à Arrowsic ? Ça me paraissait invraisemblable. Peut-être étais-je trop naïve. Et puis Fernando, ce prénom me disait quelque chose. Mais quoi ? Je jetai un dernier regard à Sio. Elle m’en voulait, et je ne pouvais pas l’en blâmer. Je me sentais affreusement mal mais je devais aller voir Leandro et Graziella. Je savais que j’allais devoir me faire pardonner, aussi. Je ne voulais pas la perdre. Je voulais dire quelque chose, n’importe quoi, mais aucun son ne put sortir de ma bouche. Alors je baissai le regard et partit dans la salle communale, honteuse. Je m’étais calmée, mais les quelques visages qui étaient posés sur moi me faisaient trembler. Il fallait que je me montre forte. C’est là que je les vis : les Dos Santos, accrochés sur leur portable. Je ne savais pas s’il fallait croire ce que disait RUMOUR HAS IT. Après tout, on n’était pas certain quant à la crédibilité de ses dires. Mais il faut avouer qu’elle était particulièrement intéressante. Elle attisait notre curiosité avec brio. J’imitai un faible sourire à Leandro et à Graziella. « Dites-moi que ce qu’elle dit est faux, s’il vous plait. Je ne peux pas croire que vous soyez des criminels. Puis de toute façon en prison vous ressemblerez à des clowns, n’est-ce pas hein ? » Je riais nerveusement. Je me sentais complètement paumée. Chaque personne qui était venue ici allait passer à la frappe. Et ça, c’était terrifiant.

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Ce soir, c’est la soirée caritative d’Arrowsic. Je décide d’y aller et pour une fois, je vais toucher à mon compte épargne. Ce compte qui prend pas mal la poussière ces temps-ci. Ce compte que je n’utilise que pour des choses importantes. La vie des africains et quelque chose d’important. Je veux aider, je veux que les conneries de mon père aient un impact positif sur le monde. Donc j’y vais et je n’hésiterai pas à vider un peu de mon compte pour une bonne cause. Je ne fais pas d'efforts spéciaux quant à ma tenue vestimentaire. Je sais que c'est une soirée habillé, mais je n'ai pas très envie de ressembler à un pingouin en mettant un super smoking avec de superbes chaussures, etc. Je suis très bien comme ça et je ne considère pas non plus que ce soit une tenue "décontractée". Enfin bref, au diable ma tenue, je suis la et c'est le principal.

Je ne me hâte pas, bien que je suis content de me rendre à cette soirée, je ne sais pas vraiment qui sera présent, si il y aura beaucoup de personne que je connais. En plus, depuis quelques temps, l'ambiance est plutôt électrique, depuis la disparition de Meryl Dawn dont tout le monde ne cesse de parler, les gens se méfient les uns des autres. J'entre dans la salle, et déjà, j'admire le monde présent. La salle est pleine, le tout Arrowsic s'est réuni pour l'occasion.

Du bruit, beaucoup de bruit. Et soudain, une voix au micro qui appelle au silence. « Bonsoir à tous. Certains d’entre vous me connaissent, d’autres non. Je me présente, je m’appelle Carole Shepard, et je suis née à Arrowsic. Cela fait plusieurs années que je parcoure le monde avec mon ONG afin d’apporter aux enfants et familles pauvres tout ce dont ils ont besoin, et aujourd’hui je m’arrête à ma très chère Arrowsic. Tous les fonds versés à cette soirée caritative seront utilisés pour construire un puits dans une région pauvre du Kenya où l’eau se fait très rare. Je vous remercie infiniment de votre présence. Passez une bonne soirée. » Tout ça, je le savais déjà, mais merci quand même Car'. Mon téléphone vibre. Une alerte. Une bombe. C'est Rumour as it, cette inconnue qui annonce une bombe pour la soirée. Cette inconnue qui croit être capable de tout chambouler. Bien sur, je ricane. Comme si une simple blogueuse pouvait faire un quelconque mal. Je range mon portable dans ma poche et je me faufile parmis la foule, saluant certains de mes amis présents. Puis, après l'étape des salutations vient l'étape rafraîchissement, je me dirige vers le bar et on me sert un verre. Pendant que j'attends ma boisson, mon téléphone vibre à nouveau. C'est elle, à nouveau.

Je lis le post et mon cœur manque un bond lorsque je lis mon prénom. Je ne suis pas si connu dans la ville, je ne me fais pas si remarquer pourtant. Et pourtant, les regards s'étaient tournés vers moi, j'étais celui sur qui les suspitions se porteraient. Je serai accusé de choses que je n'ai pas commis, j'en suis persuadé. Les regards se sont tournés vers moi. Certains m'interrogent, d'autres me fusillent du regard. Je vois Leandro et Graziella, eux aussi touchés par l'attaque. J'ai envie de fuir, je me sens mal, au milieu de ses jugements. Je ne sais même pas a qui RHI fait allusion lorsqu'elle parle de tueurs à gage. Je suis sensé en connaître. Mais bien sur. J'ai besoin de m'en aller. J'ai besoin de réfléchir. Je ne comprends rien. Je flippe. Et si réellement, cette fille avait des informations sur moi. Et si, vraiment, elle m'a percé à jour ? Je pars en courant. Je pars aux toilettes. J'ai besoin de me rafraîchir, de m'éloigner de la foule, d'attendre que ça passe. En espérant que ça passe.

Un immense jeu. Ils étaient tous plongés dans un jeu grandeur nature, avec des lumières virevoltantes pour éclairer leurs visages apeurés. Ici même dans cette salle communale se trouvait le coeur de ce jeu, le plateau. Tour à tour des candidats étaient sélectionnés parmi la foule, projecteurs braqués sur eux, et s'avançaient en criant à travers le public déchainé. C'étaient eux. C'était pour eux. C'était leur moment, leur gloire, l'instant de leur vie. Ils devaient faire face à ce présentateur pervers, à ses questions inquisitrices, à son sourire vicieux. Faire face aux regards des téléspectateurs, aux jugements critiques et aux huées. C'était le moment de leur vie.

Graziella avait toujours cru que son frère la protègerait de tout. Qu'il serait derrière elle, comme le gardien de son bonheur, à s'assurer que personne ne pouvait les atteindre. Elle avait toujours cru qu'ils étaient placés sous une bonne étoile, une de celles qui brillent si fort dans le ciel mexicain. Elle regardait son frère avec ce sentiment. Il avait arrangé progressivement les choses avec Sheila et Abbey et Graziella se sentait près de lui comme on se trouve dans sa chambre après un long voyage fatiguant. Et son portable vibra, plus fort qu'à l'ordinaire lui sembla-t-il. Machinalement elle l'empoigna au fond de son sac, elle en avait presque oublié toutes ces histoires avec RHI... Elle le lut. Une fois, puis deux. Puis une troisième. Elle s'arrêta avant la quatrième et la première chose qu'elle chercha des yeux fut ceux de son frère. Elle allait ouvrir la bouche, et puis réalisa que c'était inutile. Personne ne pouvait croire une chose pareille ! Elle parcouru la foule du regard, cherchant leurs coup d' œils hostiles. Toute sa vie. Elle avait passé toute sa vie dans cette ville. Elle n'avait jamais complètement ignoré la méfiance que certains habitants pouvait avoir à leur égard, eux les petits immigrés, mais ils avaient longuement prouvé leur attachement au sol américain. Elle vit Abbey arriver doucement vers elle et Leandro. Elle semblait bouleversée. « Dites-moi que ce qu’elle dit est faux, s’il vous plait. Je ne peux pas croire que vous soyez des criminels. Puis de toute façon en prison vous ressemblerez à des clowns, n’est-ce pas hein ? ». Graziella lui jeta un regard affecteux, et sans réfléchir son premier réflexe fut de l'entourer de ses bras. Abbey avait été son amie depuis très jeune, et elle savait mieux que personne à quel point les Dos Santos aimaient cette ville. « Abbey. Toutes ces histoires sont ridicules, on ne serait jamais capables de faire une telle chose. Il faut que tu nous fasse confiance. » laissa-t-elle échapper à son oreille, avant de s'éloigner d'elle de nouveau. Elle n'était pas vraiment en colère. Elle regardait Abbey et ne voyait qu'elle et son frère, elle n'avait même pas dans l'idée de regarder le reste de l'assistance. Elle voulait juste que personne ne cède à la panique. Et puis elle pensa à Fernando, qui était dans une situation peut-être pire que la sienne. Elle envisagea d'aller le voir mais elle ne voulait pas donner le cadeau aux autres d'être la fille qui fuit.

La première chose que Graziella fit en me voyant fut qu'elle me prit dans ses bras. Instantanément, comme ça. Et je devais l'avouer, ça me faisait énormément de bien. Je la regardai, inquiète. Mais elle semblait étonnamment calme. La rumeur ne l'avait visiblement pas ébranlée. Je fus alors soulagée. Je me sentais un peu bête, aussi. Moi qui avais complètement craquée en lisant le premier post de RUMOUR HAS IT, Graziella elle, était parfaitement sereine. J'étais trop faible, trop idiote je crois. Je crois aussi que je prenais les choses trop à cœur. Mais je n'y pouvais rien ; je ne pouvais pas m'en empêcher. Je soupirai alors, rassurée que tout allait bien pour eux. Je les enviais. Tout ça leur paraissait si anodin, si futile. J'aurais aimé trouvé la force pour réagir comme eux. « Abbey. Toutes ces histoires sont ridicules, on ne serait jamais capables de faire une telle chose. Il faut que tu nous fasse confiance. » Je souris à ses paroles, et acquiesçai d'un hochement de tête. « D'accord, je te crois oui, désolé. Je ne sais pas pourquoi j'ai pu pensé ça même une seconde. Elle m'a fait perdre la tête, je crois. » Je tentai d'imiter un sourire, fébrilement. Ce n'était pas facile. La foule, les rumeurs, tout ça. Je commençais à être fatiguée, mais je savais que tout ça n'allait pas se terminer aussi rapidement. A vrai dire, je me sentais comme un pauvre petit animal qui ne savait plus où donner du regard. Il y avait tellement de monde, c'était fou. Et parmi tous les habitants d'Arrowsic, je me sentais petite, trop petite. J'avais juste envie de disparaitre.

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